Grand témoin : Olivier Marleix, Président du groupe LR à l'Assemblée nationale
GRAND DÉBAT / COP 28 : un accord vraiment historique ?
« Soyons clairs » par Valérie Brochard
Après deux semaines de débats animés, la COP 28 s'est achevée sur un consensus le mercredi 13 décembre 2023 à Dubaï. Un accord « historique », selon les mots de son président Sultan Ahmed Al-Jaber, avec des engagements dans de nombreux domaines. Le fonds « pertes et dommages » est concrétisé après son évocation lors de la COP27, le nucléaire apparaît pour la première fois dans le texte final, tout comme les énergies fossiles. Pour autant, certaines voix s'élèvent pour dénoncer un accord toujours insuffisant au vu des conclusions scientifiques, à l'instar des pays insulaires comme les îles Samoa. Ce sommet international doit-il être considéré comme un succès diplomatique et environnemental ou comme la répétition d'un monde qui agit trop lentement face au réchauffement climatique ?
Invités :
- Marjolaine Meynier-Millefert, députée Renaissance de l'Isère
- Julien Bayou, député écologiste de Paris
- Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC
- Sarah Roussel, chargée de campagne climat chez Greenpeace
GRAND ENTRETIEN / Olivier Marleix : loi immigration, jusqu'où le compromis ?
Lundi 11 décembre 2023, l'Assemblée nationale a approuvé, à la surprise générale, une motion de rejet préalable se rapportant au projet de loi immigration. Ce sont les voix des Républicains qui ont fait basculer le vote. Pour autant, l'harmonie affichée du groupe pourrait s'avérer de façade... Quel sera le positionnement des LR qui font partie de la commission mixte paritaire (CMP) ? Parviendront-ils à trouver un accord avec la majorité présidentielle ?
Grand témoin : Olivier Marleix, Président du groupe LR à l'Assemblée nationale
LES AFFRANCHIS
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
« Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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GRAND DÉBAT / COP 28 : un accord vraiment historique ?
« Soyons clairs » par Valérie Brochard
Après deux semaines de débats animés, la COP 28 s'est achevée sur un consensus le mercredi 13 décembre 2023 à Dubaï. Un accord « historique », selon les mots de son président Sultan Ahmed Al-Jaber, avec des engagements dans de nombreux domaines. Le fonds « pertes et dommages » est concrétisé après son évocation lors de la COP27, le nucléaire apparaît pour la première fois dans le texte final, tout comme les énergies fossiles. Pour autant, certaines voix s'élèvent pour dénoncer un accord toujours insuffisant au vu des conclusions scientifiques, à l'instar des pays insulaires comme les îles Samoa. Ce sommet international doit-il être considéré comme un succès diplomatique et environnemental ou comme la répétition d'un monde qui agit trop lentement face au réchauffement climatique ?
Invités :
- Marjolaine Meynier-Millefert, députée Renaissance de l'Isère
- Julien Bayou, député écologiste de Paris
- Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC
- Sarah Roussel, chargée de campagne climat chez Greenpeace
GRAND ENTRETIEN / Olivier Marleix : loi immigration, jusqu'où le compromis ?
Lundi 11 décembre 2023, l'Assemblée nationale a approuvé, à la surprise générale, une motion de rejet préalable se rapportant au projet de loi immigration. Ce sont les voix des Républicains qui ont fait basculer le vote. Pour autant, l'harmonie affichée du groupe pourrait s'avérer de façade... Quel sera le positionnement des LR qui font partie de la commission mixte paritaire (CMP) ? Parviendront-ils à trouver un accord avec la majorité présidentielle ?
Grand témoin : Olivier Marleix, Président du groupe LR à l'Assemblée nationale
LES AFFRANCHIS
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
« Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
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00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir, bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:09 Ce soir, l'architecte du rejet de la loi immigration. Bonsoir Olivier Marlec.
00:14 Bonsoir, bienvenue à moi.
00:15 Merci d'être notre grand témoin ce soir, patron des Républicains à l'Assemblée.
00:19 Elisabeth Borne vous a reçu ce matin à Matignon.
00:21 On va bien sûr en parler, négociation de la dernière chance.
00:25 Jusqu'où la droite est prête à faire des compromis ? Vous nous le direz tout à l'heure.
00:29 Dans la deuxième partie, notre grand débat ce soir vers la fin des énergies fossiles.
00:35 Les pays du monde entier ont approuvé à la COP 28 de Dubaï un accord qualifié d'historique.
00:41 Pétrole, gaz et charbon pour la première fois dans l'histoire des conférences sur le climat.
00:47 L'idée qu'il faille transitionner hors des combustibles fossiles est écrite noire sur blanc et chaque mot est pesé.
00:54 Alors qu'est-ce que ça va changer concrètement ?
00:57 En débat dans un instant sur ce plateau avec mes invités.
01:00 Enfin, nos affranchis ce soir, le parti pris de Yael Ghos, le billet Europe de Richard Verli et puis Bourbon Express.
01:06 L'histoire du jour à l'Assemblée à la fin de cette émission avec Stéphanie Despierre.
01:10 Voilà pour le programme. Vous me suivez Olivier Maralex ? Et bien ça vous regarde, c'est parti.
01:26 Il avait le sourire, Sultan Al-Jaber, le président de la COP 28, pas peu fier d'avoir arraché un accord sur la sortie progressive des fossiles à Dubaï tôt ce matin.
01:35 Après trois décennies de tergiversation autour de la cause principale du réchauffement climatique,
01:40 est-ce que ce compromis est le plus important depuis l'accord de Paris ?
01:45 Vous allez nous le dire, Marjolaine Meynier-Milfer, bonsoir.
01:48 Bonsoir.
01:49 Merci d'être avec nous. Vous êtes députée Renaissance de l'ISER, vice-présidente de la Commission du développement durable à l'Assemblée
01:54 et vous étiez à Dubaï à cette COP 28. Bonsoir, Julien Bayou.
01:59 Bonsoir.
02:00 Merci d'être là, députée écologiste de Paris. Bonsoir, Jean Jouzel.
02:03 Bonsoir.
02:04 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, climatologue, ancien président du GIEC.
02:08 Enfin, bonsoir, Sarah Roussel.
02:10 Bienvenue, vous êtes porte-parole de Greenpeace.
02:13 Olivier Maralex, bien sûr, vous intervenez quand vous le souhaitez.
02:16 Le grand défenseur du nucléaire que vous êtes, j'en suis sûre, a plein de choses à dire.
02:19 On va commencer par planter le décor. Cet accord, que contient-il et quelles sont les principales réactions ?
02:25 Soyons clairs, c'est avec Valérie Brochard, bien sûr.
02:29 Bonsoir, Valérie.
02:32 Bonsoir, bonsoir à tous.
02:34 Alors, Valérie, un accord, on le craignait, on craignait qu'il n'y ait rien, mais oui, un accord a bien été trouvé ce matin.
02:42 Et oui, vous avez raison, Myriam, ça partait pourtant très, très mal organisé.
02:46 Une convention internationale sur le climat au royaume des hydrocarbures, il fallait oser.
02:51 Une COP à Dubaï, donc, aux Émirats Arabes Unis, présidée par Sultan Ahmed Al-Jaber,
02:56 par ailleurs patron d'une société pétrolière, un président de COP,
03:00 qui accueillait à bras ouverts plus de 2500 lobbyistes des énergies fossiles.
03:05 Écoutez, on aurait voulu se moquer de la lutte contre le changement climatique, on ne s'y serait pas pris autrement.
03:09 Et pourtant, et pourtant, Myriam, voici ce qui a été conclu cette nuit.
03:14 Nous devons être fiers de notre réussite historique.
03:20 Vous avez entendu ? Un succès historique, des applaudissements, standing ovation pour cet accord.
03:26 Alors quoi ? Alors quoi ? Fermeture des usines à charbon, rebouche les puits de pétrole.
03:31 Qu'est-ce qu'il contient exactement, cet accord ? On va regarder d'un peu plus près.
03:35 Le texte appelle à transitionner hors des énergies fossiles,
03:40 dont les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée, équitable.
03:44 Ah oui, d'accord. On transitionne. Bon, ce n'est pas foufou.
03:48 Mais qu'à cela ne tienne, écoutez, les pays arabes, la Chine s'extasient,
03:52 toute la communauté internationale a signé cet accord.
03:55 Mais certains pays, évidemment, auraient préféré aller beaucoup plus loin.
03:59 Cela pourrait ne pas être suffisant.
04:02 Pourquoi ce texte n'est pour nous, en tant qu'Union européenne, en tant qu'Allemagne, qu'un point de départ ?
04:08 C'est un compromis raisonnable. Il est évident que j'aurais souhaité une formulation encore plus forte.
04:13 Et sans parler du tweet d'Emmanuel Macron, du président de la République,
04:17 qui salue une étape importante. Bon, on l'a connue plus enjouée.
04:22 Emmanuel Macron profite surtout dans son tweet de souligner que la France et une vingtaine d'autres pays
04:28 ont fait le pari du nucléaire. Un pari mentionné, appuyé dans l'accord de la COP28.
04:33 Et là, je peux vous dire, Myriam, que pour la ministre de la Transition énergétique, là, c'est historique.
04:38 Pour Agnès Pannier-Runacher, applaudie, dès demain, je la cite, le texte mentionne à plusieurs reprises
04:44 la contribution de l'énergie nucléaire à la lutte contre le changement climatique.
04:49 Donc, si je résume, dans cet accord, on trouve du nucléaire, une formule plus que timorée,
04:54 sur les énergies fossiles. Autant vous dire que le groupe écologiste, cet après-midi,
04:59 dans l'hémicycle à l'Assemblée, était très en colère. On les regarde.
05:02 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée. Le taux de CO2 dans l'atmosphère est le plus élevé
05:07 depuis 14 millions d'années. Sècheresse, incendie, inondation, la COP28 n'aura pas réglé le problème.
05:12 L'accord mentionne, certes, les énergies fossiles, mais pour lui accoler une terminologie floue,
05:17 Transitioning Away, pas d'objectif précis et daté, rien de contraignant,
05:23 ni sur l'arrêt de la consommation, ni sur l'arrêt de la production.
05:26 Alors, historique pour les uns, flou pour les autres, mais après tout, puisqu'on arrive à des avancées
05:31 même minimes au pays de l'or noir qui sait, on arrivera peut-être à la fin, la fin totale
05:36 des énergies fossiles pour la prochaine COP, la prochaine COP qui aura lieu en Azerbaïdjan,
05:41 pays producteur de pétrole et de gaz. Je vous laisse méditer là-dessus avec eux.
05:45 -Merci beaucoup. Merci, Valérie. Marjolaine Meynier-Milfer, vous parlez d'accord historique, vous ?
05:51 -Bah oui, moi, je le pense, parce que vous avez introduit quand même en disant que ça faisait 30 ans
05:56 qu'on tergiversait sur les énergies fossiles et que là, pour la première fois, on inscrit les énergies fossiles
06:00 dans un texte qui est signé par près de 200 pays dans le monde et vous l'avez dit,
06:06 alors avec un peu d'ironie, moi, je ne rejoins pas cette vision ironique-là, mais dans un pays
06:11 qui, justement, a fait sa richesse sur le pétrole, donc aller au cœur d'un pays comme ça,
06:18 qui, effectivement, s'engage pour dire "OK, on accepte qu'on va faire une transition
06:23 et sortir des énergies fossiles", c'est quand même historique. Alors, c'est sûr que ce n'est pas
06:27 la fin du match, mais c'est quand même un moment qu'il faut applaudir. Moi, je pense que c'est quelque chose
06:33 qu'il faut qu'on ait en règle commune avec les enjeux climatiques, c'est qu'il faut qu'on fête nos victoires
06:37 et que le lendemain, on reprenne le boulot. -Victoire !
06:40 -Aujourd'hui, c'est le jour d'une fête. -Jean-Josel, c'est vrai que le terme utilisé,
06:43 il n'y a pas la sortie, le fameux "phasing out", qui était un peu tabou, notamment pour les pays pétroliers.
06:50 Donc, la "transitioning away", c'est "on transitionne hors d'eux", "on s'éloigne", bref, c'est une trajectoire
06:56 qui est montrée. Ça ressemble quand même à une sortie progressive qui est actée, ça, c'est pas rien, non ?
07:02 -Oui, tout le problème... -Avec toutes les fossiles ensemble.
07:05 -Oui, bonsoir. Tout le problème, c'est le problème de la sortie progressive,
07:09 c'est-à-dire qu'on va délibérément vers les 3 degrés.
07:12 Bien sûr, ce qui est affiché dans le texte reconnaît l'urgence,
07:17 le pic des émissions en 2025, nécessité de diminution de 43 % en 2030, 60 % en 2035,
07:25 tout ça, c'est très bien. La réalité, c'est quoi ? C'est que les producteurs de fossiles nous disent
07:32 que les émissions vont augmenter d'ici 2030, qu'on n'atteindra pas le pic avant 2030.
07:37 C'est bien ça, le problème. La transition, il n'y a aucun objectif,
07:41 aucune ambition dans cette transition.
07:43 Bien sûr, dire qu'on va sortir en 2050, ça va être difficile...
07:49 -Donc la neutralité carbone en 2050, vous n'y croyez pas ?
07:52 -Comment ? -On n'y arrivera pas, pour vous.
07:55 -Là, actuellement, on est... Disons, il faut bien comprendre que c'est aujourd'hui,
08:01 entre aujourd'hui et 2030, qu'on décide du climat de l'après-2050,
08:04 globalement, les 10 prochaines années. L'Europe a introduit cette notion
08:08 des 10 années importantes. -On va y venir.
08:11 -La réalité, c'est que les pays producteurs, enfin, les pays du secteur fossile,
08:16 ne l'entendent pas à cette horaille. Ils nous annoncent que la production
08:20 va continuer à augmenter. C'est quand même bien cela qu'il va y avoir
08:24 de nouveaux investissements, alors qu'on a plus que 6 ans d'émissions
08:28 en rythme actuel, c'est-à-dire qu'en 2030, on aura tout utilisé,
08:33 notre capacité, disons, d'utiliser des combustibles fossiles.
08:39 Donc c'est assez terrible, quand même.
08:41 -Loin d'être historique pour vous, Julien Bayou.
08:44 C'est quand même un signal. On sait bien qu'elles ne sont pas contraignantes,
08:48 mais il y a quand même des mots suffisamment forts pour que,
08:51 ensuite, les industries, les marchés financiers s'alignent.
08:54 Il y a un élan, c'est ça, ça sert à ça, aussi.
08:57 -On est obligés de dire que c'est mieux que si c'était pire.
09:00 Si je regarde à quelques jours d'intervalle, on a cru au fiasco.
09:04 Ça a été dit, organiser cette COP chez un Etat pétrolier,
09:07 ça peut ressembler à une mauvaise blague.
09:10 Les Etats pétroliers ont fait leur lobbying.
09:13 -L'Arabie saoudite a laissé passer ce mot de transition.
09:16 C'était pas rien, non ? -Vous pouvez imaginer
09:18 que ça échoue complètement. Or, on a terriblement besoin
09:21 d'accords, de ces cadres multilatéraux.
09:24 Mais il n'empêche que, si on regarde à quelques jours,
09:27 on dit "ouf, il y a un accord", si on regarde à 20 ans,
09:30 parce que c'est il y a 20 ans que Jacques Chirac, pour la France,
09:33 a dit à Johannesburg "la maison brûle".
09:35 -C'est des grands mots, il faut mettre les pétroliers à la table.
09:39 -Imaginez le degré d'ambition qu'il faille 20 ans
09:42 pour nommer les coupables. -COP pour rien, pour vous ?
09:45 -En fait, on aurait dû, aujourd'hui,
09:48 acter la fin des énergies fossiles.
09:51 Je voudrais juste dire un mot.
09:53 La France, là-dedans, joue un double jeu.
09:56 La ministre de l'Énergie, Agnès Pernier-Runacher,
09:59 dit "oh là là, indignée qu'on découvre
10:02 "que le pétrole fait son lobby",
10:04 elle n'est pas capable de dire non à Total,
10:06 qui multiplie les projets climaticides en Ouganda ou en Tanzanie.
10:09 Elle n'est pas capable de dire non à Vermilion Énergie,
10:12 en Gironde, pour huit forages pétroliers nouveaux.
10:15 La France, elle-même, Emmanuel Macron peut bien twitter...
10:18 -Il peut balayer devant sa porte. -Mais y compris pour être crédible.
10:22 En face, les pays vous disent "tu le fais pas chez toi".
10:25 -C'est rare pour Greenpeace.
10:27 Deux jours avant, c'était la douche froide pour toutes les ONG.
10:31 Personne n'imaginait que l'ensemble des énergies fossiles,
10:34 pas seulement le charbon, comme à Glasgow,
10:36 aussi le pétrole et puis le gaz, dans un même accord.
10:40 Il faut rappeler quand même que c'est un consensus.
10:43 Si quelqu'un n'est pas d'accord parmi les pays du monde entier présents,
10:47 ça fait tout capoter.
10:48 Pour vous, le verre est à moitié plein ou vide ?
10:51 -Alors nous, on est clairement, pour nous, sur un bilan mitigé.
10:54 C'est-à-dire qu'on est assez d'accord pour dire qu'il y a un cap
10:58 qui a été franchi avec cette mention de toutes les énergies fossiles
11:01 dans le texte de COP et pas seulement du charbon,
11:03 comme ça avait été le cas à Glasgow.
11:05 On parlait seulement de la réduction de notre dépendance au charbon.
11:08 Donc il y a un cap qui a été franchi,
11:10 un signal assez fort politique qui est envoyé.
11:12 Mais ce n'est pas l'accord historique que nous attendions
11:15 de cette COP, qui est la COP du bilan mondial, on le rappelle.
11:18 -Le bilan des accords de Paris.
11:20 -Les accords de Paris, qui s'inscrivent dans une actualité
11:23 où les événements climatiques extrêmes se multiplient,
11:26 on l'a vu cette année.
11:27 L'urgence est là, il faut agir maintenant.
11:29 Ce n'est pas l'accord historique dont les pays en développement
11:32 ont besoin.
11:33 On est dans un texte où, comme on le disait,
11:35 il y a une vague mention d'une transition
11:38 vers autre chose que les énergies fossiles.
11:41 Pas de trajectoire, pas d'objectif commun.
11:43 -Il y a les 10 ans, ça, c'est les Européens,
11:46 la décennie cruciale qui vient.
11:49 Comment comprendre les effets concrets
11:52 que peuvent avoir ces 10 ans dans cet accord,
11:55 sachant qu'il faut le rappeler,
11:57 rien n'est contraignant dans ces COP ?
11:59 -Si les 10 ans avaient vraiment de l'importance,
12:01 nous devrions nous attendre.
12:03 L'idée de ce bilan mondial, c'est de repartir
12:06 sur des bases plus ambitieuses, d'ici 2025.
12:09 Si c'était pris au sérieux par les pays producteurs
12:12 de combustibles fossiles,
12:14 et au premier rang, la Chine et les Etats-Unis,
12:17 on devrait avoir des propositions très ambitieuses d'ici 2025.
12:21 Je crains qu'on ne les ait pas, j'aimerais bien.
12:23 Je voudrais souligner que du point de vue de la diplomatie,
12:26 c'est un véritable succès.
12:28 J'ai vécu avec la délégation française
12:31 pendant la première semaine,
12:33 il n'y avait pas ce pessimiste.
12:35 La première semaine, les négociateurs
12:37 sont dans leur couloir, ils ne font pas de compromis,
12:40 mais on sait très bien que ça se joue
12:42 au moment du segment ministériel.
12:44 -C'est drôle, parce que les climatologues
12:46 sont plutôt sceptiques,
12:48 votre collègue Masson Delmotte également.
12:50 François Gemmene, qui est votre collègue du GIEC,
12:53 lui, spécialiste des migrations,
12:55 lui, il a le côté plus optimiste,
12:57 c'est-à-dire qu'il dit qu'il y aura forcément des effets,
13:00 parce que le monde regarde, les entreprises regardent,
13:03 les marchés financiers regardent.
13:05 -Et donc, ça permet quand même un asséchissement, non ?
13:08 -Je le crois également.
13:10 Je dis que c'est une étape importante.
13:12 J'ai repris le...
13:14 Disons, je partage aussi ce que dit Agnès Pannier-Renacé
13:18 en disant que du point de vue négociation,
13:21 diplomatie multilatérale, c'était un succès.
13:24 Tout cela, c'est vrai, mais je redis que les pays particuliers,
13:28 les pays, disons, le gaz, le pétrole, le charbon,
13:31 eh bien, il n'y a pas vraiment...
13:33 Ce pic en 2025, on ne l'aura pas.
13:35 On l'aura peut-être en 2030, et encore, c'est pas sûr.
13:38 Donc, du point de vue du climatologue,
13:40 nous allons peut-être baisser vers les 3 degrés.
13:43 -Les 1,5, déjà, c'est mort ?
13:45 -Le signal d'investissement, on comprend que ça envoie
13:48 un signal d'investissement, mais ce qui se passe sur le terrain,
13:51 c'est tout le contraire.
13:53 Les événements climatiques se multiplient,
13:55 mais nous, on se russe sur le gaz de schiste américain,
13:58 c'est le terminal métallier au Havre
14:00 qui a été inauguré il y a pas longtemps,
14:02 sur le gaz azerbaïdjanais.
14:04 Nous finançons nous-mêmes l'effort de guerre contre l'Arménie.
14:07 C'est notre allié.
14:08 On paye à l'Azerbaïdjan de quoi envahir l'Arménie.
14:12 Les inondations se multiplient,
14:14 les effets du dérèglement climatique sont connus,
14:17 mais on a des signaux un peu dans les terres, dans le flou,
14:20 comme ces grandes conférences qui sont nécessaires.
14:23 -Qui sont nécessaires ? -Nécessaires.
14:25 -L'écologiste que vous êtes les considère comme nécessaires ?
14:28 -Absolument. -C'est important de le comprendre.
14:30 -On pourrait considérer que ça ne sert à rien.
14:32 -On pourrait avoir ce sentiment que ça ne sert à rien,
14:35 mais sinon, ça ne se discute pas.
14:37 Ou alors qu'entre G8 ou pays riches,
14:40 les Etats insulaires, les pays pauvres
14:42 ont absolument besoin de ce cadre.
14:44 Et d'ailleurs, maintenant, c'est l'enjeu de l'adaptation
14:47 qui va venir.
14:48 -Justement, sur l'adaptation, ça fait partie des limites.
14:52 Le manque de financement, le fonds perté d'hommage,
14:55 tout le monde a dit la première semaine, formidable.
14:58 Enfin, les premiers pays du Sud,
15:00 les plus pauvres, les plus impactés par le réchauffement,
15:03 ceux qui n'ont absolument pas beaucoup émis de gaz à effet de serre,
15:07 vont pouvoir enfin être compensés.
15:09 Mais quand on regarde les montants,
15:11 alors là, franchement, c'est pas au niveau 400 millions de dollars,
15:15 c'est faible pour compenser les dommages.
15:18 Comment on peut expliquer ça ?
15:20 -C'est un travail en étapes.
15:23 La première étape, c'était d'avoir un fonds qui serait créé,
15:26 mais dont tout était à construire.
15:28 -Les quêtes sont restées vides pendant des années.
15:31 Il fallait l'abonder davantage.
15:33 -Là, on a un amendement.
15:35 C'était une des bonnes surprises de la COP.
15:37 Les accords sont arrivés très vite sur ce sujet.
15:39 Personne ne s'attendait à ce que ça arrive aussi vite.
15:42 Ça a été salué de manière assez massive
15:44 par les journalistes internationaux qui suivent la COP
15:47 en disant qu'on ne s'attendait pas à des résultats aussi rapides.
15:50 -Encore faut-il avoir des moyens.
15:52 -C'était une manoeuvre diplomatique.
15:54 -C'est ce que dit le président de la République.
15:57 -Le sujet des financements, c'est toujours un sujet
16:00 qui est cristallisant dans les COP.
16:02 Il y a toujours cette opposition nord-sud
16:04 avec des pays en développement qui disent
16:06 que ça fait des années qu'on vous demande les financements
16:09 pour opérer notre transition énergétique,
16:11 nous adapter au changement climatique
16:13 qui nous impacte en premier alors qu'on est les moins responsables
16:16 et faire face aux pertes et dommages qu'on subit déjà.
16:19 -Les victimes de la montée des eaux,
16:21 les victimes des canicules de la désertification.
16:24 -C'est un fonds dans lequel les contributions
16:27 sont à l'ordre de 600 millions de dollars,
16:29 alors qu'on parle, pour les pertes et dommages,
16:32 de 500 milliards par an d'ici à 2030.
16:34 C'est largement insuffisant.
16:36 -Jean Jouzel ?
16:37 -Ce que je voulais dire, c'est que la signature,
16:40 la concrétisation du fonds les premiers jours
16:42 a joué un rôle intéressant.
16:44 Ça rétablit un certain degré de confiance
16:46 entre pays développés et pays en voie de développement
16:49 et ça, c'est important.
16:51 Il faut rétablir cette idée de solidarité
16:53 et le fait, je crois que ça a été très astucieux,
16:56 de la part d'Aljaber, de l'annoncer au départ,
16:59 ça a quand même, je pense, joué dans la durée
17:01 un rôle plutôt positif.
17:03 -Alors, il y a le fonds sans financement à la hauteur
17:07 et puis il y a le triplement dans les énergies renouvelables,
17:11 les investissements.
17:13 A quoi peut-on s'attendre ?
17:15 Est-ce qu'on va avoir des vases communiquants
17:17 où, comme Jean-José le pense,
17:19 on va continuer les fossiles
17:21 tout en faisant des renouvelables à côté ?
17:23 -Ça, ça a toujours été la problématique,
17:25 quels que soient les sujets sur l'énergie,
17:27 malheureusement, on a l'impression qu'on n'arrive pas
17:29 à les substituer, mais qu'on les additionne.
17:31 Et donc ça, c'est effectivement le sujet très important
17:34 sur lequel il faut qu'on soit vigilant.
17:36 Et d'ailleurs, on a parlé de sobriété aussi dans cette COP.
17:39 C'est nouveau aussi, pardon, mais il faut le souligner.
17:42 Et donc, effectivement, de dire qu'on va tripler
17:46 les énergies renouvelables et le nucléaire
17:49 pour arriver justement à dire
17:51 qu'on allait en contrepartie baisser les énergies fossiles,
17:54 alors je veux bien qu'on joue sur les mots,
17:56 parce qu'entre le "transitioning away from fossil fuels",
18:00 qui était la formule validée,
18:02 versus le "phase out",
18:04 honnêtement, moi, j'ai une ancienne prof d'anglais,
18:06 la distraction entre les deux,
18:08 on est quand même très proche des sujets.
18:10 -C'est la sortie progressive.
18:12 -On est quand même...
18:14 -Je sais que chaque mot compte, mais c'est quand même...
18:17 -Le mot n'y est pas.
18:18 -Oui, mais honnêtement, ça dit quand même la même chose.
18:21 Et ça dit qu'on est en train de se détourner de ça
18:23 et qu'on est rentré, comme l'a très bien souligné...
18:26 -Mais ça veut dire aussi...
18:27 -On est rentré dans l'ère post-fossile.
18:29 -Que les énergies décarbonées.
18:31 -Et c'est acté à l'endroit où les gens ont le plus milité
18:34 pour les fossiles, alors même qu'ils venaient de recevoir
18:37 un courrier hyper pressurisant, trois jours avant,
18:39 pour expliquer qu'il fallait surtout pas,
18:41 que c'était brutalisant, cette transformation hors fossile,
18:44 que l'ensemble des pays...
18:46 -Vous dites qu'on est dans le post-fossile.
18:48 Vous êtes d'accord avec Ursula von der Leyen ?
18:50 -On est en train d'y rentrer.
18:52 Je suis pas la seule à le dire.
18:54 Quand on regarde les réponses internationales,
18:56 tout le monde se félicite de cet accord historique.
18:59 Et franchement, quand on est à la COP,
19:01 on se rend compte qu'on a un décalage
19:03 entre la vision qu'on peut avoir en France...
19:06 Je peux la partager, parce que le climat,
19:08 c'est vraiment une schizophrénie permanente.
19:10 On se félicite des avancées qu'on a
19:12 et on se dit le lendemain, il faut y retourner,
19:14 parce qu'on n'est pas assez loin.
19:16 C'est toujours ce va-et-vient, mais je pense que,
19:18 vraiment, ce soir, et devant les gens qui nous regardent,
19:21 il faut fêter les victoires, je le répète.
19:23 Sans ça, on crée du désespoir chez les Français,
19:25 qui ont l'impression que tout ça ne sert à rien,
19:27 que les COP ne servent à rien,
19:29 alors que c'est absolument essentiel qu'elles aient lieu.
19:31 -Il faut aussi la cohérence.
19:33 -Ca veut dire aussi que les énergies décarbonées,
19:35 comme le nucléaire, vont progressivement,
19:37 je dis bien progressivement,
19:39 remplacer les fossiles.
19:41 Ca, vous le saluez ?
19:43 Est-ce que vous saluez la pression qu'a posée la France,
19:45 avec d'autres, bien sûr,
19:47 il y a 20 pays au sein de la COP,
19:49 qui ont fait en sorte que le nucléaire soit dans l'accord ?
19:52 -D'abord, je partage le scepticisme un peu ambiant.
19:55 C'est-à-dire que, évidemment,
19:57 ça n'est pas un grand exercice de diplomatie mondiale,
19:59 c'est jamais évident d'arriver vers des éléments
20:02 tangibles et contraignants.
20:04 Je vais demander aux monarchies pétrolières
20:07 d'organiser une COP,
20:09 c'est un peu comme demander aux dindes d'organiser Noël.
20:11 Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait des mesures contraignantes.
20:13 -Le renard était dans le poulailler.
20:15 -Après, symboliquement, c'est un engagement important.
20:18 La réalité, c'est qu'à l'heure où on parle,
20:20 je parle du contrôle des ministres spécialistes,
20:22 les énergies fossiles,
20:25 c'est 80 % du mix énergétique mondial.
20:28 On se rend bien compte que la pente, elle est raide,
20:31 si on veut rattraper le temps.
20:34 Pour moi, le nucléaire est une des réponses.
20:37 Je trouve très bien qu'elle soit dedans.
20:39 C'est aussi la reconnaissance que la réponse
20:44 à la lutte contre le réchauffement,
20:47 elle vient de réponses technologiques.
20:50 -On y vient. On va vous montrer.
20:52 -Du progrès technologique. C'est mon point de vue.
20:54 -Les technosolutions. On va vous montrer un sujet
20:56 sur ce qu'on appelle la capture du carbone,
20:58 le stockage du carbone, tout à l'heure,
21:00 pour donner une réponse.
21:03 C'est dans l'accord.
21:04 Sur le nucléaire, est-ce qu'une COP réussie
21:06 peut promouvoir le nucléaire ?
21:08 -C'est pas très sérieux. Je parle sous le contrôle
21:10 de Mme Broussel, mais j'entends "énergie décarbonée".
21:13 C'est sûr que l'EPR de Flamanville, qui ne marche pas depuis 10 ans,
21:16 c'est décarboné, ça ne produit rien.
21:18 Il faut apprendre à faire sans.
21:20 Quand on annonce un parc gigantesque d'éolien offshore,
21:24 ça, c'est du concret.
21:26 En quelques années, vous pouvez avoir des mégawatts.
21:28 -Vous savez qu'on pourra pas faire cette transition
21:31 avec uniquement du renouvelable d'un coup d'un seul.
21:33 -Je le dis juste comme ça. On nous parle de SMR et d'EPR,
21:36 donc je vais pas rentrer dans le détail,
21:38 et les nouvelles mini-centrales.
21:40 Il y a pas de prototype.
21:42 C'est-à-dire que ça relève du dogmatisme.
21:44 Il y a pas de prototype de SMR, les mini-centrales,
21:48 et on nous dit qu'on va en faire partout.
21:50 Il y en a pas.
21:51 Donc ça, c'est de la pensée magique.
21:53 -On a des sous-marins nucléaires qui marchent avec des SMR.
21:56 -On a des sous-marins nucléaires qui marchent avec des SMR.
21:59 -Le sous-marin marche avec des SMR,
22:01 et notre entreprise marche avec des SMR.
22:03 -Le seul SMR, il est russe, et il a connu une suite...
22:06 -On parle des petits réacteurs,
22:08 nouvelle génération, des petits réacteurs nucléaires.
22:11 -C'est juste que je trouve ça toujours aussi intéressant
22:14 de remettre les rapports de force.
22:16 On est dans une COP où il y a une vingtaine de pays
22:19 qui se sont alliés à ce triplement des capacités nucléaires,
22:22 alors qu'il y a plus de 100 pays
22:24 qui se sont alliés au triplement des renouvelables.
22:27 -La France est dans les deux.
22:29 -La France est dans les deux, évidemment.
22:31 Vous connaissez très bien la position de Greenpeace sur le nucléaire,
22:34 et je ne veux pas parler à la place de M. Jouzel,
22:37 mais les scientifiques le disent, pour maintenir la trajectoire...
22:40 -Ca dépend desquels, parce que Jean-Marc Jancovici, du Shift Project...
22:43 -Il faut baisser nos émissions de gaz à effet de serre
22:46 dans les 10 prochaines années.
22:48 Même le gouvernement nous dit que les centrales
22:50 ne verront pas le jour avant 2036.
22:52 On est complètement hors sujet par rapport à l'urgence climatique.
22:55 -Jean Jouzel, sur le nucléaire.
22:57 -Sur le nucléaire, je pense qu'il faut peut-être d'abord
23:00 voir les chiffres pour la France, et ceux à l'échelle planétaire.
23:04 Actuellement, à l'échelle planétaire,
23:06 le nucléaire, c'est 2 à 3 % de l'énergie finale,
23:09 même si on tripe à horizon 2050.
23:11 Dans le cas du renouvelable, c'est à horizon 2030.
23:14 Donc si on arrive, et il est clair que tripler à horizon 2050
23:18 ne fera que, disons, moins de 10 % de l'énergie.
23:22 Donc si on veut neutralité carbone à horizon 2050,
23:25 ce sera avec un développement massif du renouvelable.
23:28 C'est très clair.
23:29 Ca ne veut pas dire que...
23:31 Je ne suis pas si opposé au nucléaire,
23:33 mais je pense que je mets l'accent toujours
23:36 sur la nécessité de développer le renouvelable.
23:38 En France, la position est un peu différente.
23:41 Disons que le nucléaire, c'est 25 % de l'énergie.
23:44 -Le modèle français fait figure d'exception.
23:46 -On reste lié au fossile, actuellement.
23:48 -Dernier point.
23:49 -Même qu'entre le gaz en énergie de transition,
23:52 ce qui est axé à la COP,
23:54 et le nucléaire comme énergie de transition
23:56 et de soutien à la transition énergétique,
23:58 mon choix est fait.
23:59 Le nucléaire, c'est clair que ça ne produit pas de CO2.
24:02 -C'est pas réaliste.
24:03 -C'est pas réaliste.
24:04 -Ca, c'est un peu taquin.
24:06 -Excusez-moi.
24:07 -Dans la logique, aujourd'hui, ça produit le nucléaire en France.
24:11 La démonstration, on la vit tous les jours.
24:13 -20 milliards d'euros pour une centrale qui ne marche pas,
24:16 ça fait cher le mégawatt-heure.
24:18 La centrale CIVO, plus jeune que moi,
24:20 qui est à l'arrêt parce qu'il y a des problèmes de maintenance
24:23 et de sécurité...
24:24 -On va pas faire uniquement le débat sur le nucléaire.
24:27 On a des centrales qui fonctionnent très bien.
24:30 -Si tout le pays du monde avait, grâce au nucléaire,
24:33 le bilan carbone de la France, on n'en serait pas là.
24:36 -Ne nous rions pas sur le gaz à Iserbelgenay.
24:39 Avec de la sobriété, la rénovation thermique,
24:43 on pourrait s'en passer.
24:45 -L'accord, mais aussi l'accent...
24:47 -On doit être vigilant pour qu'il soit aussi vert que possible.
24:50 -Cet accord qui met aussi l'accent sur les solutions technologiques,
24:54 à savoir la capture et le stockage du carbone.
24:57 Bonnes ou mauvaises solutions, avant de vous entendre,
25:00 de quoi parle-t-on précisément ?
25:02 Les explications de Maïté Frémont.
25:04 -Empilées sur ces étagères,
25:11 des plateaux remplis d'une sorte de sable.
25:14 Du calcaire, un minéral naturel au superpouvoir
25:18 qui se transforme en éponge pour absorber du CO2.
25:22 -Notre objectif, c'est d'éliminer
25:24 un milliard de tonnes de CO2 de l'atmosphère
25:27 chaque année à l'horizon 2035.
25:29 -A 15 000 km de là, en Islande,
25:32 cette usine aspire l'air ambiant pour capter le CO2
25:36 qui sera ensuite dissout dans de l'eau.
25:39 -Le dioxyde de carbone qui dissout dans l'eau
25:41 va arriver par ce tchio-là.
25:43 Jusqu'à rentrer dans le puits
25:46 où il va être injecté dans la roche volcanique
25:49 à une profondeur entre 800 et 2 km de profondeur.
25:53 -Le gaz est ensuite transformé en roche.
25:56 Avec cette technique,
25:58 l'usine aspire jusqu'à 4 000 tonnes de CO2 par an.
26:01 Autre procédé, cette fois en Allemagne.
26:04 Cette usine fabrique une étonnante poudre noire.
26:07 Le biochar est un charbon végétal
26:10 obtenu en chauffant des coques de cacao privées d'oxygène.
26:14 -Ce qui est très intéressant,
26:16 c'est que le biochar contient un haut niveau de dioxyde de carbone.
26:20 On capte le CO2 et on le fixe dans un produit stable
26:23 qu'on peut ensuite épandre dans le sol.
26:26 Ca constitue ainsi un puits de carbone efficace.
26:29 -En France, le biochar arrive à l'état expérimental à Lyon.
26:33 La captation de carbone est approuvée par les climatologues du GIEC
26:37 comme une voie indispensable pour atteindre la neutralité d'ici 2050.
26:43 -En 2050, nous estimons pouvoir arriver à environ 8 gigatonnes,
26:48 c'est-à-dire 20 % de capture et de stockage de CO2.
26:51 C'est-à-dire que c'est une technique, une solution
26:54 qu'il faut déployer massivement,
26:56 mais il restera toujours 80 % de CO2 qu'il faudra réduire.
27:00 -Un peu partout dans le monde,
27:02 des projets de capture de CO2 se multiplient,
27:05 mais les procédés restent très énergivores
27:08 et le modèle économique suspendu au prix du carbone.
27:12 -Jean Jouzel, qu'en pensez-vous de ces technosolutions ?
27:17 -Oui, je pense que ce qui est évoqué dans l'accord,
27:20 c'est plutôt le piégeage du stockage du carbone
27:23 à la sortie d'une centrale, disons,
27:26 et son stockage dans le sous-sol ou dans l'océan.
27:30 C'est bien ce dont on parle surtout.
27:32 Il y a des manières plus vertueuses, la minéralisation,
27:35 le piégeage direct.
27:36 Moi-même, je suis très impliqué sur le biochar.
27:39 C'est une bonne façon, car l'intérêt du biochar,
27:42 c'est qu'il reste très longtemps dans le sol.
27:45 Il améliore la productivité du sol.
27:48 On ne peut pas mettre toutes les méthodes
27:51 de piégeage stockage du carbone...
27:53 -Mais comment il faut les regarder, ces technologies-là ?
27:56 La capture, le stockage, c'est un complément utile
27:59 ou c'est quasiment du remplacement ?
28:01 -Non, c'est un complément au mieux.
28:03 Et disons, pour moi, le principal point...
28:06 Alors, disons, le stockage végétal,
28:08 comme le biochar, est tout à fait vertueux, je pense.
28:11 Le stockage dans les minéraux, comme ça se fait,
28:14 on l'a vu en Islande, c'est aussi assez vertueux.
28:17 Mais le stockage, disons, à la sortie d'une centrale,
28:20 il vaudrait mieux éviter d'émettre, disons, ce gaz carbonique.
28:24 Pour moi, il y a un problème éthique, avant tout.
28:27 C'est-à-dire que, disons, nous, aujourd'hui,
28:30 on va émettre du gaz carbonique sans trop se préoccuper
28:33 et demander à nos enfants, pour moi, c'est plutôt aux petits,
28:36 de le piéger dans 20 ans.
28:38 Au mieux, même si ça marchait,
28:40 ça marcherait sur peut-être 10 %, on voit bien,
28:43 le milliard de tonnes, c'est de l'ordre de 5 % des émissions actuelles.
28:47 Eh bien, disons, c'est quand même un problème éthique,
28:50 c'est quand même extrêmement égoïste de notre part
28:53 de faire ça, de notre part, collectivement.
28:55 C'est-à-dire qu'on va émettre, on ne fait pas d'efforts,
28:58 on va émettre des tonnes dans 20 ans,
29:00 parce qu'au mieux, ça marchera dans 30 ans.
29:02 -Pourtant, l'accord conseille son utilisation, sa promotion.
29:05 -Je ne suis pas hostile, mais il faut bien mettre ça en tête.
29:08 La meilleure façon, c'est de diminuer les émissions.
29:11 -Marjolaine Ménier-Mitterrand ?
29:13 -Je trouve que la position de la ministre Agnès Pénier-Lachez
29:16 est assez claire. La question du captage,
29:18 c'est pour ce qu'on n'arrive pas à décarboner par ailleurs.
29:21 C'est pour le carbone résiduel.
29:23 Aujourd'hui, vraiment, on aurait tort d'explorer des solutions
29:26 pour aller capter le carbone résiduel.
29:28 -Sauf que dans l'accord, c'est pas si simple.
29:30 Le document final conseille son utilisation
29:32 pour les secteurs dans lesquels il est difficile,
29:34 c'est tout ce qu'il y a écrit, de faire baisser les émissions.
29:37 -En France, on a une stratégie française qui est très claire
29:40 sur le fait que c'est uniquement la captation
29:42 pour le carbone résiduel dont on ne sait pas comment se débarrasser
29:45 quand on met en oeuvre toutes les autres solutions.
29:48 Il y a un certain nombre d'activités où on n'y arrive pas autrement.
29:51 La position française, ce sera probablement
29:53 un travail de lobbying sur les prochaines COP
29:55 que de faire avancer cette position-là
29:58 qui est assez précurseur sur la France
30:00 dans les négociations internationales,
30:02 dont on peut rappeler qu'elles sont extrêmement importantes.
30:05 -Ca va, Roussel ?
30:06 Greenpeace est favorable à la capture de carbone ?
30:09 -On appelle ça un mirage technologique.
30:11 Je rejoins beaucoup M. Jouzel sur la partie morale,
30:14 mais il y a aussi toute une question de budget.
30:17 Ce sont des technologies qui coûtent extrêmement cher à déployer.
30:20 Dans le cadre d'une COP, c'est une technologie
30:23 qui n'est pas accessible à tout le monde.
30:25 La France le fait, chouette, mais quitte des autres pays.
30:28 On est là dans une COP pour négocier
30:30 des réponses globales au changement climatique,
30:33 pas les réponses de quelques-uns, et des pays riches.
30:36 Ensuite, il y a cette question, pour moi,
30:38 c'est vraiment ouvrir la porte à continuer à brûler
30:41 du pétrole, du charbon et du gaz.
30:43 Il y a une forme d'hypocrisie, d'étournement et de diversion.
30:46 -Il y a un peu de diversion.
30:48 Si on prend avec le plastique,
30:50 il y a des initiatives intéressantes pour le récupérer dans la mer.
30:53 Tant mieux si ça se fait un peu.
30:55 Mais l'enjeu principal, c'est d'arrêter d'envoyer autant de plastique.
30:59 -Ca masque l'objectif principal.
31:01 -Il y a un risque, comme disait Mme Broussel,
31:03 que ça nous berce dans un statu quo confortable,
31:05 en espérant que ça finisse par fonctionner.
31:07 -On va s'arrêter là. On a vu les enjeux principaux.
31:10 -Il faut qu'on donne un rendez-vous important.
31:12 J'étais à la COP pour les journées 5 et 6 de décembre,
31:15 qui ont été le moment du lancement du "Building Breakthrough".
31:18 On a eu un représentant qui va donner un rendez-vous à Paris.
31:21 -En français, ça donne le bâtiment.
31:23 -C'était la stratégie secteur bâtiment
31:25 qui s'engage pour la transition.
31:27 A la COP de Glasgow, chaque secteur devait s'engager.
31:30 C'est le cas maintenant pour le bâtiment.
31:32 On donne un très grand rendez-vous à Paris,
31:34 qui sera un sommet international sur le sujet du bâtiment.
31:37 On attend 70 pays.
31:39 -La minute pub. Deux secondes.
31:41 -Ce que je trouve déprimant, c'est l'éco-anxiété.
31:44 C'est un grave problème dans notre société.
31:46 Il faut trouver des remèdes,
31:48 et je pense que ça passe par la recherche.
31:50 C'est enthousiasmant de voir des gens travailler
31:53 sur des solutions de réponse technologique,
31:56 dans le génie humain, pour trouver des réponses
31:58 autres que la décroissance.
32:00 -C'est l'action collective et individuelle.
32:02 -Merci beaucoup. Merci d'être venu faire ce bilan
32:05 de la COP28 à Dubaï avec nous.
32:07 Vous restez avec moi, Olivier Marlex.
32:09 Dans une dizaine de minutes, les partis prient de nos affranchis.
32:12 Ce soir, Yael Goh s'interroge.
32:14 Le président mépriserait-il le Parlement ?
32:17 Gros plan ce soir aussi avec Richard Verney,
32:20 dans son billet Europe, sur Victor Orban,
32:22 l'homme qui paralyse l'Union.
32:24 De quoi nous parlez-vous dans Bourbon Express ce soir ?
32:26 Des tensions entre les députés dans cette Assemblée
32:28 et des sanctions qui pleuvent.
32:30 On va voir ça, les amis, tout à l'heure.
32:32 Mais d'abord, on va parler de la droite,
32:34 des Républicains, avec vous, Olivier Marlex.
32:36 Vous êtes, je le disais, un des architectes
32:39 du rejet de la loi Immigration.
32:41 Lundi, dans l'hémicycle, un coup politique
32:43 qui plonge l'exécutif dans la crise,
32:45 crise politique.
32:47 Vous détenez une partie de la solution,
32:49 mais voulez-vous vraiment sortir par le haut
32:52 avec un compromis ?
32:53 On voit cela dans l'invitation de Thibault Hednock.
32:55 Interview juste après.
32:57 -Si on vous invite, Olivier Marlex,
32:59 c'est parce que vous êtes au centre du jeu politique en ce moment.
33:03 Ce matin, vous avez été reçu à Matignon
33:05 avec les autres ténors de votre parti,
33:07 les Républicains.
33:09 Une heure d'entretien avec la Première ministre
33:11 pour parler du projet de loi Immigration
33:14 et tenter de trouver un accord.
33:16 Olivier Marlex, si vous êtes à même de faire basculer la balance,
33:20 c'est que le président du groupe Les Républicains
33:22 à l'Assemblée que vous êtes a joué un coup de maître lundi dernier.
33:26 -Oui, monsieur le ministre, le débat doit se poursuivre.
33:30 Il doit se poursuivre, mais sur la base du texte
33:32 de fermeté proposé par le Sénat.
33:35 C'est le sens de la motion de rejet que nous soutiendrons.
33:38 -Votez la motion de rejet des écologistes.
33:41 Cette idée, loin d'être évidente, vous en avez la paternité.
33:45 D'abord, partagé sur le sujet.
33:47 -Le rejet préalable du texte, ça reviendrait
33:49 à ce que le gouvernement ne puisse poursuivre
33:51 la discussion de ce texte qu'à partir de la copie du Sénat.
33:54 C'est une solution assez tentante.
33:56 Après, on n'a pas forcément les mêmes motivations
33:58 que les écologistes, et un peu ce qui, à ce stade, me fait hésiter.
34:01 -Vous êtes finalement parvenu à convaincre
34:03 presque tous les députés de votre groupe de vous suivre.
34:06 Un pari réussi, mais un pari risqué,
34:08 car cette stratégie est à double tranchant.
34:11 -Il y a des millions de Français qui regardent les débats que nous avons.
34:15 Et des millions qui vont voir certains députés des Républicains
34:18 voter avec M. Luca, qui veut la régularisation
34:20 de tous les sans-papiers.
34:22 -Accusés d'incohérence et d'opportunisme
34:25 par le ministre de l'Intérieur, vous allez désormais devoir montrer
34:28 que vous n'avez refusé cette loi que pour en faire adopter une meilleure,
34:32 sans quoi les Français, majoritairement favorables à la loi,
34:35 pourraient vous en tenir rigueur.
34:37 Mais alors, quel texte êtes-vous prêt à voter ?
34:40 Cette question pourrait devenir un piège
34:42 pour l'unité de votre groupe politique.
34:44 -Si demain, on avait un texte d'une grande fermeté,
34:47 qui ressemble à celui du Sénat, évidemment, on pourrait le voter.
34:50 -Nous voulons débattre et adopter, dans son intégralité,
34:54 sans ajout, sans modification, le texte du Sénat.
34:58 -Alors, copie proche ou copie conforme ?
35:01 Intransigence ou souplesse ?
35:03 Olivier Marlex, quelle attitude allez-vous adopter
35:06 pendant les ultimes négociations sur la loi immigration ?
35:09 Au fond, êtes-vous vraiment prêt à un compromis ?
35:13 -Réponse ? -Oui, bien sûr.
35:15 Je crois que les Français attendent une loi sur l'immigration.
35:19 Ils attendent pas du "en même temps".
35:21 Ils attendent moins d'immigration,
35:23 une plus forte maîtrise de l'immigration.
35:26 Or, ce texte, qui prétendait apporter de nouveaux outils de fermeté,
35:30 "en même temps", proposait des régularisations massives.
35:35 Pour nous, c'est inacceptable.
35:37 Et en même temps, créait une nouvelle filière d'immigration
35:40 en permettant aux demandeurs d'asile
35:42 de travailler dès le premier jour de leur arrivée en France,
35:45 dès le dépôt d'une demande d'asile,
35:47 qu'elle soit justifiée ou pas,
35:49 et donc leur permettant de s'installer sur notre pays.
35:52 -C'est un compromis réclamé par les Français,
35:55 un sondage élabe du jour.
35:57 Il y aura une commission mixte paritaire,
35:59 elle se réunit lundi 17h.
36:01 Un compromis, ça veut dire pour garantir
36:03 ce à quoi vous donnez le plus, lâcher, par ailleurs.
36:06 Sur quoi vous êtes prêts à lâcher ?
36:08 -Le texte du Sénat est déjà le fruit d'une sorte de compromis,
36:11 puisque je rappelle qu'il a été voté
36:13 par les sénateurs Renaissance,
36:15 les sénateurs de la majorité d'Emmanuel Macron.
36:18 Les centristes du Sénat aussi l'ont voté.
36:21 C'est déjà un texte qui est issu d'un compromis.
36:24 -La version du Sénat, c'est la prendre ou la laisser ?
36:27 -Très bien, c'est un texte de fermeté,
36:29 un texte cohérent.
36:30 C'est cette version-là qui compte bien.
36:32 -Emmanuel Macron veut une solution avant Noël.
36:35 Cette CMP aura lieu très rapidement,
36:38 dès lundi 17h.
36:39 Qu'est-ce que vous pensez du calendrier ?
36:41 Est-ce qu'il est précipité ou pas ?
36:43 -Non, je pense qu'il fallait poursuivre.
36:45 En votant cette motion de rejet,
36:47 on ne voulait pas arrêter le débat,
36:49 on ne voulait pas le stopper.
36:51 Il y a des mesures importantes dans ce texte,
36:54 notamment les mesures qui permettent
36:56 l'expulsion des étrangers d'alinquants.
36:58 Je voudrais rappeler à monsieur Darmanin
37:00 qu'on les a déposées, je lui ai rappelé ce matin,
37:03 il y a un an, dans la niche des Républicains,
37:05 exactement les mesures qu'il nous propose.
37:07 Il nous a dit qu'il n'y avait rien à voir.
37:10 Evidemment, ces mesures-là, on est prêt à les voter,
37:13 mais on ne votera pas ça à n'importe quel prix,
37:16 s'il y a en même temps des régularisations.
37:18 -Vous avez dit que vous n'aviez pas de rebis
37:20 sur la régularisation dans les métiers en tension,
37:23 au Céna, avec le pouvoir discrétionnaire du préfet.
37:26 C'est bon, ça ? -Oui.
37:28 -Si il y avait accord CMP, vous le voteriez derrière,
37:31 dans l'hémicycle ? -Oui, ça a l'air technique,
37:34 mais c'est radicalement différent.
37:36 Le gouvernement proposait un droit pour tous les clandestins
37:39 d'obtenir leur régularisation sous réserve de trois ans
37:42 de séjour en France et de huit mois
37:44 dans un métier en tension.
37:46 Ils avaient droit à leur régularisation.
37:48 On a sans doute des centaines, 200, 300 000 clandestins
37:52 qui remplissent ces conditions.
37:54 C'est inacceptable.
37:55 En revanche, permettre au préfet,
37:57 comme il peut déjà le faire aujourd'hui
37:59 par la voie de la circulaire,
38:01 de, au cas par cas, régulariser...
38:04 -Bravo, Bruno Retailleau.
38:06 -Le compromis trouvé au Céna est un compromis.
38:09 -Ca marche.
38:10 Elisabeth Borne vous a reçu ce matin.
38:12 Elle a repris en main les négociations
38:14 sur ce projet de loi, mettant à l'écart Gérald Darmanin.
38:18 Que vous a-t-elle dit précisément ?
38:20 -C'était d'abord pour nous écouter.
38:22 On lui a redit, avec Bruno Retailleau,
38:24 avec Alexiotti, qu'on ne voulait pas dur en même temps.
38:27 -Elle est prête à faire des concessions ?
38:29 -Je peux comprendre qu'elle avait une majorité à gérer.
38:32 Elle est chef de la majorité.
38:34 Je ne doute pas qu'elle saura se faire entendre
38:37 de sa majorité.
38:38 -Avec Gérald Darmanin, vous ne voulez plus parler ?
38:41 -Gérald Darmanin a franchi quelques limites
38:45 en disant que les députés, les Républicains
38:48 porteraient la responsabilité demain, etc.
38:51 -En cas d'attentat terroriste.
38:53 -Oui, c'est ça.
38:54 Nous avons l'élégance, à chaque fois qu'il y a un drame
38:57 dans notre pays de ne pas mettre en cause
38:59 sa responsabilité personnelle.
39:01 -Il vous a insulté ?
39:02 -Je ne sais pas, mais c'est profondément inélégant.
39:05 Ce n'est sans doute pas le ton sur lequel on cherche...
39:08 -Ca se passe mieux avec Elisabeth Borne ?
39:10 -Elle est plus respectueuse ?
39:12 -Le ministre de l'Intérieur a cette drôle de façon
39:15 de vouloir s'attacher les bonnes grâces
39:18 des députés individuellement et de les injurier collectivement.
39:22 Ca ne peut pas marcher, c'est pas la bonne méthode.
39:25 La première ministre est plus factuelle, technique.
39:28 -Le 49-3 a été apparemment exclu par le président de la République
39:32 sur ce texte.
39:33 Il l'a fait savoir lors d'une réunion à Huy-Clos,
39:36 hier soir, à l'Elysée.
39:38 C'est une très bonne nouvelle ?
39:40 -Oui, le président de la République a montré
39:43 qu'il était capable de changer d'avis,
39:45 et personne ne lui en tient jamais rigueur.
39:48 A priori, ça veut dire respect du Parlement.
39:51 On ne forcera pas la main du Parlement,
39:54 ni de sa majorité, ni de l'opposition.
39:57 Ca veut dire que nous avons la responsabilité, nous,
40:00 de trouver, effectivement, le corps.
40:02 -Ca veut dire qu'en cas d'échec de la CMP,
40:04 le gouvernement vous fera porter le chapeau.
40:07 -Ecoutez, on est prêts à avancer,
40:10 on connaît notre position, on est prêts à assumer
40:13 nos responsabilités.
40:14 -Bruno Retailleau va siéger dans cette commission mixte paritaire.
40:18 Vous êtes plutôt en position de force.
40:21 Pour vous, ce serait un échec s'il n'y avait pas de conclusion,
40:26 si elle n'aboutissait pas ?
40:28 -Ca va dépendre de la capacité de la majorité
40:31 à mettre tout le monde d'accord dans ses rangs.
40:34 On est totalement en accord avec les sénateurs et les Républicains.
40:38 On l'a dit, le groupe des Républicains, à l'Assemblée,
40:41 a pris une motion il y a 15 jours pour dire qu'on soutenait,
40:44 qu'on voulait le rétablissement...
40:46 -Je vous ai entendu dire, ou d'autres dans votre camp,
40:49 que le compromis du Sénat n'était pas assez dur.
40:52 -Il y a eu une motion votée l'unanimité par le groupe
40:55 disant qu'on veut le rétablissement du texte du Sénat.
40:58 Notre position est très claire.
41:00 Ce qui l'est moins, c'est qu'il semblerait
41:03 que les députés de la majorité ne veuillent pas
41:06 le texte que les sénateurs de la majorité ont accepté.
41:09 C'est là qu'il faut chercher l'incohérence.
41:12 -Vous savez qu'il y a des cavaliers législatifs
41:15 dans le compromis trouvé par le Sénat ?
41:17 -Je sais pas.
41:18 -Sur l'aide médicale d'Etat, notamment.
41:20 -Ni vous ni moi ne sommes membres du Conseil constitutionnel,
41:23 donc je ne serai pas présomptueux.
41:25 -C'est pas à vous, je vais apprendre,
41:27 que ça relève d'une loi de finances.
41:29 -On sait pas, le Conseil...
41:31 On dirait le Conseil constitutionnel.
41:33 On nous dit aussi qu'il y a des discussions sur la nationalité.
41:37 -Le droit du sol ?
41:38 -Non, oui, mais...
41:39 -Vous remettez en cause avec la fin de l'accès automatique.
41:42 -Le gouvernement a mis en son texte initial
41:44 des dispositions concernant le droit du sol à Mayotte.
41:47 La question de la nationalité...
41:49 -Vous ne serez pas les seuls à avoir des mesures
41:51 qui n'ont pas sa place dans ce texte.
41:53 -Il est normal que les questions de la nationalité
41:56 aient leur place dans le texte.
41:58 -Il y a pas trop de tambouis politiques, Olivier Marleix,
42:01 dans tout ça ?
42:02 Il y a pas trop de stratégie ?
42:04 Est-ce que c'est visible pour vos électeurs ?
42:06 -Une stratégie très claire, de notre part,
42:08 c'est le refus des régularisations massives.
42:11 On est entièrement d'accord.
42:13 C'est le refus de l'accueil massif des demandeurs d'asile.
42:17 On va sans doute arriver, cette année,
42:19 à 200 000 demandeurs d'asile.
42:21 Vous vous rendez compte ?
42:23 On était à 30 000 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy,
42:26 on est à 156 000 en 2022,
42:28 on va probablement terminer l'année à 200 000.
42:31 Il faut arrêter, c'est un dévoiement total
42:33 des règles de l'asile,
42:35 c'est une filière d'immigration clandestine,
42:37 et le gouvernement s'apprête à renforcer les droits
42:41 des pseudo-demandeurs d'asile,
42:44 des vrais faux demandeurs d'asile.
42:46 Donc oui, on assume parfaitement
42:48 d'avoir été d'une grande fermeté,
42:50 d'une totale fermeté sur ce sujet-là,
42:52 d'une certaine intransigeance qu'on m'a reprochée,
42:55 mais pour moi, c'est impossible de voter un texte
42:58 qui aurait aggravé la situation de la France.
43:01 Le gouvernement, M. Darmanin, a beaucoup plus communiqué
43:04 sur l'expulsion des 4 000 étrangers délinquants
43:07 que sur la régularisation de 300 000 clandestins
43:10 ou de l'accueil de centaines de milliers
43:13 de demandeurs d'asile supplémentaires.
43:15 Donc ils ne savent peut-être pas tout ce qui se joue
43:17 à travers ce texte, nous on le sait,
43:19 et on serait coupable d'accepter ces mesures
43:23 totalement laxistes.
43:25 Les Français, ils attendent un texte
43:27 qui permette la reprise en main de l'immigration,
43:29 pas le laissé-aller migratoire.
43:31 - C'est très clair sur la stratégie.
43:33 Il y a l'impasse possible sur l'immigration,
43:35 on verra ce que donne la CMP,
43:37 puis s'il y a un vote, ce qu'il donne dans l'hémicycle,
43:40 et puis il y a la crise politique.
43:42 Pourquoi vous n'appelez pas à la dissolution,
43:44 comme le RN ?
43:45 Est-ce que vous avez peur de revenir aux urnes ?
43:47 - C'est la responsabilité du président de la République.
43:49 Moi, ce que j'observe, c'est que cette Assemblée nationale,
43:52 elle a réussi à fonctionner depuis...
43:54 - Vous trouvez ? - Oui.
43:55 On a voté pas mal de textes.
43:57 - C'est ce que dit le gouvernement et la majorité.
43:59 - Je crois que le RN lui-même a voté 40 % des textes,
44:03 alors qu'il n'a pas beaucoup d'influence
44:05 et de capacité à les influencer.
44:07 Je pense que c'est un peu une posture, cette demande.
44:10 - C'est pas la peur d'être réélu à l'Assemblée ?
44:13 - Le RN, c'est plutôt une posture.
44:15 Ils n'ont pas envie d'anticiper,
44:17 ils rêvent de l'élection présidentielle.
44:19 - Ils ont raison, Mme Le Pen est en pole position.
44:22 - Qu'est-ce que vous feriez si vous étiez à la place d'Emmanuel Macron ?
44:25 - Pourquoi est-ce que je veux pas de dissolution ?
44:27 Je crois sincèrement que ça rendrait le pays encore plus ingouvernable.
44:31 Les sondages montrent qu'on aurait la même Assemblée nationale en pire.
44:34 - Vous auriez beaucoup de sièges à perdre ?
44:36 - Pardon ?
44:37 - Vous auriez des sièges à perdre ?
44:39 - Je suis pas sûr.
44:40 On est un peu tout en bas de la ligne de flottaison,
44:43 donc je pense pas qu'on puisse en perdre beaucoup plus.
44:45 Peut-être.
44:46 Il faut jamais être présomptueux face aux électeurs,
44:48 mais c'est la majorité qu'il y aurait beaucoup à en perdre,
44:50 sans doute, et on aurait une Assemblée qui serait tout aussi ingouvernable.
44:53 - Vous souhaitez gouverner,
44:55 vous souhaitez que votre futur candidat à l'élection présidentielle l'emporte.
44:59 J'imagine, qu'est-ce que vous feriez dans Paris,
45:01 pareil, assemblée, avec, comme ça,
45:04 trois blocs qui ne peuvent pas avoir la majorité ?
45:07 - D'abord, pardon, mais cette Assemblée nationale,
45:09 elle est le résultat d'une politique.
45:11 Elle n'est pas née par hasard.
45:13 C'est une stratégie que je trouve un peu détestable,
45:15 de fracturation du pays.
45:17 Je lui reproche souvent de ne pas aimer le président de la République.
45:20 Ce que je lui reproche profondément, c'est, pour moi,
45:22 le président de la République est garant de l'unité nationale.
45:24 Il utilise le mot de temps en temps.
45:26 Mais qu'est-ce qu'il a fait depuis six ans ?
45:28 Il a beaucoup joué des fractures du pays,
45:30 parce qu'il ne voulait pas qu'il y ait d'alternative à gauche et à droite,
45:33 donc il a voulu pousser les électeurs de gauche dans les bras de M. Mélenchon
45:37 et pousser les électeurs de droite dans les bras de Mme Le Pen.
45:40 Ce petit jeu, il est mortel pour le pays,
45:43 il a fracturé le pays, et cette Assemblée nationale,
45:45 c'est le résultat de la politique de fracturation du président Macron.
45:49 -Peut-être une solution, un véritable contrat de coalition,
45:52 avec une liste de réformes que vous écririez,
45:54 Premier ministre LR, à Matignon ?
45:56 -Chacun a penché cette question au début.
45:58 -Vous n'entrerez jamais au gouvernement ?
46:00 -Non, on ne veut pas de cette responsabilité avec Emmanuel Macron,
46:03 sans avoir... On a été élus comme députés d'opposition.
46:07 Après, dans cette Assemblée, je crois que les Français ont...
46:11 Les Français, ils n'ont pas donné de majorité à Emmanuel Macron,
46:14 ils ont donné de majorité à personne d'autre,
46:16 ils ont mis le président de la République sous tutelle,
46:19 de l'Assemblée nationale. -Ca responsabilise
46:21 tous les groupes politiques. -Ils veulent l'obliger,
46:23 ils nous obligent à prendre nos responsabilités,
46:25 ils obligent le président de la République
46:27 à écouter, à respecter le Parlement.
46:29 C'est la volonté des Français à travers ces élections.
46:32 -On va continuer à en parler du Parlement dans les partis pris de nos affranchis.
46:35 Merci beaucoup, Olivier Marleix.
46:37 On va scruter cette commission mixte paritaire de très près.
46:39 Mais d'abord, nos affranchis, qu'on accueille tout de suite.
46:42 Yael Gouz de France Inter et Richard Verly de Blic,
46:46 quotidien suisse. Bienvenue à vous deux.
46:48 Installez-vous. On commence comme chaque soir par Bourbon Express.
46:51 L'histoire du jour à l'Assemblée, c'est Stéphanie Despierre
46:54 qui nous la raconte ce soir. Bonsoir, Stéphanie.
46:56 -Bonsoir. -Une histoire de climat.
46:58 Un climat délétère qui règne dans cette Assemblée nationale.
47:01 Ca avait été le cas pendant la réforme des retraites
47:03 et ça recommence avec la loi immigration.
47:05 Grosse montée de tension, évidemment, lundi.
47:07 Le rejet du projet de loi par la coalition des oppositions
47:10 a électrisé le palais Bourbon.
47:12 Hier, la tension était encore très perceptible
47:15 lors de la séance de questions gouvernement.
47:17 Broie, invective, à un moment, on n'entendait vraiment plus rien.
47:20 Et surtout, la présidente des députés écologistes
47:23 accuse même son voisin d'hémicycle, le député Renaissance,
47:26 Jean-René Cazeneuve, on le voit à l'image, de l'avoir menacé.
47:29 Il lui a lancé "toi, tu seras tendu à la libération"
47:32 pour avoir voté avec le Rassemblement national.
47:35 Alors, Myriam, nous n'avons pas les images ni le son
47:37 car tout ça s'est déroulé hors champ des caméras.
47:40 Mais Cyrille Chatelain explique que ça s'est produit
47:42 après son intervention alors qu'elle voulait expliquer
47:45 qu'elle était fière d'avoir rejeté cette loi immigration.
47:48 C'est quand elle s'assoit que le député Renaissance la prend à partie.
47:51 Je lui ai demandé de répéter ce qu'il a fait.
47:54 C'est-à-dire que ce n'était pas un propos qu'il a tenu une fois,
47:56 c'est un propos qu'il a tenu deux fois à mon encombre.
47:58 Et après, je le reconnais, je me suis mis en colère.
48:00 Mais une colère que j'estime légitime.
48:02 C'est-à-dire que mon propos a dû dire
48:04 que c'est une menace, c'est sexiste, c'est extrêmement violent.
48:07 C'est-à-dire que la tonte, c'est l'attaque à l'intégrité physique des femmes,
48:11 c'est l'humiliation publique et c'est une manière de dire aux femmes
48:15 "taisez-vous". Et donc, c'est une intimidation sexiste.
48:18 Plusieurs témoins ont confirmé la scène.
48:21 La présidente des écologistes a écrit à la présidente de l'Assemblée nationale
48:25 pour réclamer des sanctions contre le député Renaissance.
48:28 Jean-René Cazeneuve, qu'on a réussi à joindre,
48:30 confirme un échange avec Cyril Châtelain,
48:32 mais il dément formellement avoir tenu les propos qu'elle lui prête.
48:36 Oui, climat délétère depuis le début, en fait,
48:39 de cette discussion sur la loi immigration,
48:42 déjà en commission la semaine dernière avec une altercation.
48:44 Oui, c'était il y a dix jours.
48:46 Les députés ont failli en venir aux mains regardées.
48:48 Vous, c'est pour cette commission qu'on traite tous nos policiers.
48:53 Toujours.
48:54 C'est pas pour ça que c'est pas une histoire.
48:56 On va abolir la mort fée.
49:00 Je règle très bien la compte, elle sera passée.
49:04 C'est avec des routiers, là.
49:06 Mais c'est pas de...
49:08 Oh, il y a trop de gens, là !
49:10 Oh, il y a trop de gens, c'est ça !
49:13 Donc on reconnaît Gobernalysis.
49:15 On reconnaît Gobernalysis, qui donc a été sanctionné,
49:17 c'est officiel depuis ce matin,
49:19 par les instances de l'Assemblée nationale.
49:21 Il est privé pendant un mois de la moitié de son indemnité.
49:25 Alors les Insoumis dénoncent un deux poids deux mesures,
49:28 trop de sanctions à leur encontre,
49:30 et sur ce cas-là, une légitime défense parlementaire.
49:32 Il faut dire que ce matin, il y a eu une pluie de sanctions
49:35 décidée à la réunion de bureaux de l'Assemblée nationale.
49:38 Huit sanctions contre des députés de plusieurs parties,
49:41 pas que l'opposition.
49:42 Il y a eu même une députée écologiste, Sandra Rogol,
49:45 qui perd un quart de son indemnité,
49:47 car toujours en commission sur la loi immigration,
49:50 elle accusait le Rassemblement national
49:52 d'avoir jamais pris en compte les affaires de violences sexuelles
49:55 qui touchent le parti.
49:56 Elle répondait à une des accusations du Rassemblement national
49:59 qui expliquait que les écologistes étaient des amis
50:01 des violeurs du Hamas.
50:03 Alors on le voit, Myriam, ce climat est délétère, éruptif,
50:06 et le nombre de sanctions atteint des records.
50:09 Il y en a eu 16 entre 2017 et 2022.
50:12 Nous sommes à 145 depuis juin 2022.
50:16 145.
50:17 Alors la présidente de l'Assemblée espère que la salve du jour
50:20 calmera un peu tous ces esprits échauffés.
50:23 - Qu'est-ce qui se passe, Olivier Marleix ?
50:25 L'immigration, ça vous fait perdre les nerfs ?
50:27 - L'Assemblée nationale est malheureusement à l'image
50:29 de la radicalisation du pays,
50:32 par la fracturation de cette radicalisation.
50:35 La France insoumise prend une part particulière,
50:38 notamment dans le nombre de sanctions.
50:40 Je pense que c'est eux qui sont en haut des compteurs.
50:44 J'ai été collègue du Gobernalicis pendant six ans
50:47 en commission des lois.
50:49 Vous vous surprendrez en disant que c'est un garçon
50:52 pour qui j'ai du respect par ailleurs.
50:55 Il vaut beaucoup mieux que ça.
50:57 Mais là, on a eu une vraie crise d'hystérie de sa part
50:59 qui a duré un quart d'heure pour empêcher les débats.
51:01 C'est inacceptable.
51:03 Il vaut beaucoup mieux que ça.
51:05 Il était normal de sanctionner ce...
51:07 - Ce n'est pas le signe qu'il y a une forme de crise politique
51:10 à travers cette Assemblée qui est dans une forme
51:13 d'usure prématurée qu'il faut absolument changer
51:16 pour essayer de sortir.
51:18 - Il n'y a pas d'accélération avec ce texte.
51:20 - C'est la photographie de l'état de notre pays.
51:22 Regardez le nombre de crises depuis 2017.
51:25 Depuis qu'Emmanuel Macron est élu.
51:27 Depuis qu'il est élu, on a eu la crise des gilets jaunes,
51:30 la crise des banlieues.
51:32 On a accumulé les crises.
51:34 Je pense que cette espèce de...
51:36 Oui, le président de la République a dit
51:38 que les parlementaires étaient cyniques.
51:40 Malheureusement, il n'en a pas manqué depuis 2017.
51:43 Ce n'est pas pour rien dans cet nombre de crises de notre pays.
51:46 - Vous allez voir.
51:48 Emmanuel Macron est-il indifférent au Parlement ?
51:51 C'est votre parti pris ce soir, Gaël Gauss,
51:54 près de 20 mois après sa réélection.
51:56 - Oui, parce que la façon dont le président minimise,
51:59 mineure la crise qui a éclaté lundi
52:01 avec l'adoption de la motion de rejet préalable,
52:03 cette attitude interroge.
52:05 On est dans une forme de déni qui se décline en plusieurs nids.
52:08 C'est ni dissolution, la réaction,
52:10 il l'a confirmé à ses hôtes de la majorité
52:12 reçue hier soir à l'Elysée,
52:14 ni 49.3, ni retrait du texte.
52:16 Il veut même que ça finisse vite,
52:18 que ça passe ou ça casse lundi en commission mixte paritaire,
52:21 ni référendum, ni remaniement à chaud
52:23 puisqu'il refuse que Gérald Darmanin démissionne.
52:25 Grosso modo, ce ne serait qu'une péripétie,
52:27 circulée, il n'y a presque rien à voir,
52:29 pas une crise, et les éléments de langage
52:31 qui redescendent de l'Elysée
52:33 consistent à se dédouaner pour mieux cibler
52:35 l'irresponsabilité des oppositions,
52:38 leur "jeu du pire", je cite,
52:40 "le cynisme du PS et des LR".
52:42 En Conseil des ministres, il y a même eu cette phrase du président,
52:44 "le vote de lundi ne révèle pas l'existence
52:46 d'une majorité de substitution,
52:48 mais vise à bloquer le pays".
52:50 On en est là, 270 députés,
52:52 représentants du peuple,
52:54 réduits au statut de bloqueurs.
52:56 - Qu'est-ce qui vous gêne dans ce propos présidentiel ?
52:58 - Ca confirme l'incapacité du président
53:00 à intégrer la nouvelle donne de 2022.
53:02 Réélu, il est passé
53:04 à côté des législatives,
53:06 les fameux "100 jours, 100 SANS",
53:08 très bien raconté par mon confrère
53:10 Ludovic Vigognes.
53:12 Cette scène, rappelez-vous,
53:14 sur le tarmac d'Orly,
53:16 mi-juin, dans l'entre-deux-tours,
53:18 injonction du président,
53:20 "aucune voix ne doit manquer à la République",
53:22 comme si voter NUPES, LR,
53:24 RN ou autre chose étaient criminels.
53:26 Extrême centre,
53:28 totale personnification,
53:30 ce cercle de la raison contre tous les autres,
53:32 forcément déraisonnable. On connaît la suite.
53:34 Il devient le premier président réélu
53:36 avec une aussi faible majorité.
53:38 18 mois plus tard,
53:40 rien n'a changé, ou presque, dans sa conception
53:42 des forces en présence au Parlement,
53:44 alors que tout a changé par rapport au premier mandat.
53:46 Sur la loi Immigration,
53:48 le dépassement aurait pu fonctionner
53:50 en majorité absolue, mais il est dépassé
53:52 quand gauche, droite
53:54 et extrême droite retrouvent
53:56 ou accroissent leur poids politique.
53:58 Plutôt que du deux en un, il aurait dû faire
54:00 du un plus un, un texte
54:02 pour intégrer, la gauche aurait pu suivre,
54:04 un texte pour expulser, la droite
54:06 aurait pu soutenir. -Il ne tire pas
54:08 les leçons de cet échec ? -Pas à chaud.
54:10 Il met la pression, même,
54:12 pour que la CMP aboutisse
54:14 dès lundi soir, alors même qu'au Sénat,
54:16 à l'Assemblée, on le plaidait pour faire
54:18 une petite pause, pour mieux renégocier derrière.
54:20 Défiance, méfiance, c'est du déjà-vu
54:22 par le passé. Rappelez-vous,
54:24 le 49-3 sur les retraites et la censure
54:26 évitée à 9 voix près.
54:28 C'était son engagement de campagne,
54:30 c'était sa légitimité,
54:32 nous disait l'Elysée. Et puis,
54:34 il y a eu les CNR, les formats Saint-Denis
54:36 avec "chef de parti", pas les élus,
54:38 les conventions citoyennes, soit ce sont
54:40 des artifices, des inventions plus ou moins
54:42 éphémères pour contourner le Parlement.
54:44 Aujourd'hui, cette motion de rejet
54:46 lui revient en boomerang. Il est temps
54:48 qu'Emmanuel Macron intègre le législatif
54:50 à son logiciel exécutif,
54:52 c'est pas "j'impose" et "il ou elle dispose".
54:54 -Vous ne changez pas une virgule,
54:56 j'imagine ? -Pas une virgule,
54:58 je trouve ça... Non, c'est juste...
55:00 Dans le premier mandat, je crois
55:02 que tout le monde s'était accordé à reconnaître
55:04 que le président de la République avait un peu de mal
55:06 avec les corps intermédiaires,
55:08 peut-être même avec des premiers ministres
55:10 qui avaient trop de personnalité.
55:12 Evidemment, ça n'a pas changé.
55:14 Effectivement, il a du mal
55:16 à intégrer ce qu'est le rôle du Parlement.
55:18 Il y a besoin de respect,
55:20 d'écoute, si on veut arriver à construire des choses.
55:22 -Peut-être qu'on peut voir... -J'observe que la première ministre,
55:24 voilà, sans faire de bruit,
55:26 arrive peu ou prou
55:30 pour construire un peu cette...
55:32 -Peut-être, on vient de faire parvenir
55:34 cette information à l'instant,
55:36 qu'il y a de l'écoute
55:38 et un peu de respect dans les propos
55:40 de Bruno Le Maire dans un article au Figaro
55:42 à paraître demain, qui appelle
55:44 le gouvernement, enfin, en tout cas,
55:46 le Parlement, c'est évidemment les députés
55:48 de la Commission paritaire, à reprendre la version du Sénat,
55:50 ça va vous faire plaisir, avec deux bémols.
55:52 L'aide médicale d'Etat et l'accès
55:54 aux aides sociales, que vous avez considérablement
55:56 durci, 5 ans de résidence
55:58 en France au lieu de 3 mois.
56:00 C'est une bonne nouvelle pour vous ?
56:02 C'est une main tendue que vous pourriez saisir ?
56:04 -C'est ce que la majorité des gens entendent,
56:06 qu'il y a besoin que le texte du Sénat
56:08 était vraiment la bonne copie
56:10 de départ. -C'est une base
56:12 de compromis ? Le Sénat, moins
56:14 l'AME et l'accès aux aides sociales ?
56:16 -Il n'est pas membre de la CMP, voilà,
56:18 mais en tout cas, à partir du Sénat,
56:20 je retiens. -Allez, on termine
56:22 avec vous, Richard Verlis, Sommet européen
56:24 de Bruxelles, demain,
56:26 jeudi et vendredi, au menu
56:28 les négociations sur l'adhésion ou non
56:30 de l'Ukraine dans l'Union,
56:32 ce que refuse le Premier ministre
56:34 Viktor Orban, du moins s'il n'obtient pas
56:36 le déblocage de quelques dizaines
56:38 de milliards d'euros dus à son pays.
56:40 -Alors oui, si vous voulez savoir
56:42 comment va l'Union européenne, vous suivez
56:44 les déclarations de Viktor Orban, ce très
56:46 nationaliste Premier ministre hongrois
56:48 reçu à dîner à l'Elysée
56:50 au début décembre par Emmanuel Macron.
56:52 Au fond, il y a un seul mot d'ordre pour ce chef du gouvernement
56:54 qui fut autrefois un défenseur
56:56 des libertés et des droits de l'homme.
56:58 La Hongrie, d'abord. L'intérêt des Hongrois,
57:00 d'abord. Les fonds communautaires pour
57:02 Budapest, d'abord. Vous avez bien saisi,
57:04 tout est simple dans l'Europe de Viktor Orban.
57:06 La Hongrie a besoin du gaz russe,
57:08 alors pas question de se mettre à dos
57:10 Vladimir Poutine. Son parti de droite dure,
57:12 le Fidesz, qui est anti-immigrants
57:14 et réactionnaire, eh bien alors vive
57:16 Donald Trump, dont Orban souhaite
57:18 ouvertement le retour à la présidence des Etats-Unis.
57:20 Et puis il y a l'Ukraine, avec qui
57:22 les 27 doivent décider, ou non,
57:24 d'ouvrir les négociations d'adhésion.
57:26 Pour Orban, c'est non. Enfin !
57:28 Sauf si Bruxelles débloque les fonds gelés
57:30 pour non-respect de l'Etat de droit, c'est-à-dire mis sous tutelle
57:32 de la justice par l'exécutif
57:34 hongrois. Bienvenue dans l'Europe du
57:36 chantage. L'idée d'un destin commun
57:38 est totalement foulée aux pieds. Orban,
57:40 c'est le chacun pour soi et le détricotage
57:42 de la communauté de l'intérieur, en se servant
57:44 copieusement au passage et
57:46 sans même dire merci, alors que son pays
57:48 a grandement bénéficié de l'élargissement de 2004.
57:50 - Il faut donc dire oui à l'Ukraine
57:52 et ne pas l'écouter ? - Au contraire.
57:54 Le pire, en fait, c'est que Victor Orban et son
57:56 chantage tuent l'indispensable débat
57:58 européen sur l'Ukraine. Le Premier
58:00 ministre hongrois n'a pas tort lorsqu'il
58:02 alerte sur la déstabilisation agricole
58:04 qui résulterait d'une entrée de l'Ukraine
58:06 trop anticipée dans l'Union européenne. Il n'a peut-être
58:08 pas tort non plus lorsqu'il cible la
58:10 bureaucratie de Bruxelles qui confond parfois
58:12 ses intérêts avec ceux des pays membres de Rame.
58:14 C'est sa méthode de racketteur.
58:16 Au fond, pour Orban, Zelensky et l'Ukraine,
58:18 c'est une variable d'ajustement.
58:20 Un peuple se bat, un dictateur russe
58:22 veut abattre nos démocraties, mais
58:24 Orban, lui, joncle avec un total
58:26 cynisme. Il approuve les sanctions
58:28 si elles n'impactent pas son pays, il
58:30 cajole la Russie tout en bénéficiant de la
58:32 protection de l'OTAN. Victor Orban,
58:34 il joue parfaitement son rôle. C'est celui
58:36 d'un poison européen contre lequel nous
58:38 n'avons pas d'antidote. - Orban,
58:40 poison européen, l'homme de droite ?
58:42 Vous reprenez les mots ? - Non.
58:44 Moi, je ne reprocherai jamais à un chef
58:46 d'Etat ou de gouvernement de défendre
58:48 l'intérêt national de son
58:50 pays. Alors, évidemment, c'est
58:52 aux extrêmes de ce que la France a toujours
58:54 fait, qui défend toujours l'idée
58:56 européenne avant son propre intérêt national.
58:58 On a un peu une exception en Europe,
59:00 il serait temps d'ouvrir les yeux.
59:02 - Merci à vous. On s'arrête là. Allez,
59:04 merci. Vous avez été suspendus,
59:06 mais c'est fini. On s'arrête là, on va essayer
59:08 de regarder en coulisses ce qui se trame sur cette commission
59:10 mixte paritaire. Vous savez qu'LCP suit ça
59:12 comme le lait sur le feu. Merci,
59:14 Olivier Marlex, dans le fauteuil du Grand Témoin,
59:16 ce soir. C'est la fin de cette émission.
59:18 A voir ou à revoir sur la chaîne Youtube
59:20 de LCP. Soirée documentaire, à présent,
59:22 avec Jean-Pierre Grassin. Très bonne soirée.
59:24 A demain.
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