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Regardez le replay de notre conférence "Demain, la silver économie" organisée le 7 décembre avec Silver Alliance et retraite.com et le soutien de BoursoBank, La France Mutualiste et Oui Care avec Serge Guérin (sociologue), Guillaume Richard (président fondateur Oui Care), Xavier Prin (directeur marketing et communication BoursoBank) et Isabelle Le Bot (directrice générale La France Mutualiste).

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Transcription
00:00:00 Voilà, on va démarrer.
00:00:02 Bonjour. Bonjour à toutes et à tous.
00:00:04 Je suis Julie Joly, adressée générale de l'Obs.
00:00:06 Je suis ravie de vous accueillir dans les locaux du journal,
00:00:09 qui sont aussi les locaux du Monde, du groupe Le Monde,
00:00:12 de Télérama, de Courrier, du HuffPost.
00:00:15 On aime beaucoup cet immeuble.
00:00:16 D'ailleurs, on se disait, là, que si vous souhaitiez visiter
00:00:20 éventuellement un peu les locaux avant de partir,
00:00:22 il y a des, je pense, des amis qui pourront lever la main
00:00:26 qui seront disponibles pour vous faire visiter en petits groupes.
00:00:29 Donc je vous le dis, après la conférence,
00:00:31 ce sera un plaisir de vous montrer comment on travaille.
00:00:34 Juste un petit mot pour vous dire qu'on est ravis
00:00:35 parce que ce cycle Silver Economy, c'est une première pour nous,
00:00:40 mais c'est surtout un sujet sur lequel l'Obs, en fait,
00:00:43 travaille depuis très longtemps.
00:00:45 Donc on est contents, enfin, de réconcilier
00:00:46 ce qu'on fait comme travail et les gens qu'on accueille
00:00:50 dans les locaux, et notamment les entrepreneurs
00:00:52 et les entreprises qui travaillent sur ce sujet-là.
00:00:54 Pourquoi c'est important pour l'Obs,
00:00:56 cette révolution qui arrive ?
00:00:58 Parce qu'en fait, vraiment, on est face à un choc démographique,
00:01:02 et je pense que vous le direz très bien,
00:01:03 et Benjamin le dira encore mieux que moi,
00:01:04 mais surtout, on est dans un changement de paradigme
00:01:07 de société extrêmement profond
00:01:09 qui nous intéresse à tous les titres, nous, l'Obs,
00:01:11 parce que le journal est ancré dans la société
00:01:13 et est vraiment observateur des tendances,
00:01:16 parce qu'on est là aussi pour dénoncer éventuellement
00:01:18 les dénis, les tabous.
00:01:21 Et ce n'est pas pour rien que c'est ici,
00:01:22 dans le journal qui a fait le manifeste des 350.000
00:01:26 et le manifeste des 343, qui a été le journal aussi
00:01:28 qui a travaillé sur la fin de vie, sur la famille, la société,
00:01:32 qu'on est très heureux d'accueillir ce sujet
00:01:34 sur l'accompagnement des Français,
00:01:37 qui donc, en 2030, sont 30 % à avoir 60 ans.
00:01:41 C'est vous, c'est nous, c'est nos amis, c'est nos parents.
00:01:44 Qu'est-ce qu'on fera avec eux ?
00:01:46 Et ce qui nous intéresse encore plus à l'Obs,
00:01:47 c'est qu'il nous semble que cette révolution
00:01:49 replace l'humain au centre,
00:01:51 puisque ces sexagénaires et plus
00:01:55 sont d'abord, évidemment, des humains
00:01:58 qui remettent le lien au centre,
00:01:59 mais aussi des gens qui, sans doute plus que nous,
00:02:02 aujourd'hui, nous font préfigurer le monde
00:02:05 tel qu'il devrait être, un peu plus durable,
00:02:07 un peu plus stable, un peu plus dans l'entraide
00:02:10 et dans l'écoute les uns des autres.
00:02:11 Donc on est très heureux de vous accueillir,
00:02:14 de vous écouter, de vous entendre,
00:02:15 et ensuite de partager avec nos lecteurs, évidemment,
00:02:17 le compte-rendu de ce qui sera dit aujourd'hui.
00:02:20 Donc je laisse la parole à Ludovic,
00:02:23 qui me laisse l'appeler Covid,
00:02:24 parce qu'il sait que je vais avoir prononcé son nom.
00:02:26 Donc il le fera tout seul.
00:02:27 Et à tout à l'heure.
00:02:29 -Merci, merci beaucoup.
00:02:33 Je voudrais déjà quand même remercier Julie
00:02:35 et puis tout le magazine l'Obs.
00:02:36 Peut-être pour raconter un peu la jeunesse,
00:02:38 c'est vraiment une histoire qui arrivait un peu par hasard,
00:02:42 où on se voyait pour un partenariat
00:02:44 qui n'était pas du tout celui-ci.
00:02:45 Et puis on a essayé de réfléchir à ce qu'on pouvait faire en plus.
00:02:47 Et voilà, avec Benjamin qui est là,
00:02:49 on avait imaginé un petit peu ce format
00:02:52 qui était initialement les 12 travaux
00:02:54 de la transition démographique,
00:02:55 parce que l'idée, c'est vraiment de travailler sur des secteurs.
00:02:58 Donc là, aujourd'hui, on a banque, assurance et les services.
00:03:00 Mais l'objectif, vraiment, c'est de pouvoir, à terme,
00:03:03 travailler sur tous les secteurs importants
00:03:04 de l'industrie française et de vraiment faire comprendre
00:03:07 à nos gouvernements et à nos politiques
00:03:09 la différence entre vous, qui êtes chef d'entreprise
00:03:12 et qui êtes vraiment au quotidien
00:03:14 sur la transition démographique,
00:03:15 et de montrer qu'il y a vraiment beaucoup de choses à faire
00:03:17 et que les professionnels ont aussi leur mot à dire
00:03:20 de comment faire cette transition démographique.
00:03:22 Et vraiment, sur Retraite.com, que je représente aujourd'hui,
00:03:25 j'ai quasiment tous les jours des questions de personnes
00:03:27 qui, concrètement, ont des vrais soucis,
00:03:29 alors au quotidien, à la fois pour préparer leur retraite,
00:03:31 mais aussi au moment du passage à la retraite,
00:03:33 et puis aussi et surtout, une fois qu'ils sont en retraite,
00:03:35 il y a un vrai paradigme, une vraie rupture psychologique,
00:03:39 puisque passer du monde du travail au monde de la retraite,
00:03:41 c'est un monde qui est pas seulement financier,
00:03:44 c'est un monde psychologique, c'est beaucoup d'interrogations.
00:03:47 Et l'objectif, c'est vraiment de voir comment les gouvernements
00:03:50 et comment les Français vont gérer cette transition démographique,
00:03:52 comment l'ensemble des secteurs ont aujourd'hui
00:03:55 un vrai sujet stratégique, économique, financier,
00:04:00 de voir comment le monde d'aujourd'hui
00:04:02 va se transformer demain dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans.
00:04:05 Alors, voir 20 ans, c'est peut-être un peu large,
00:04:07 mais ne serait-ce que de voir dans les 10 prochaines années
00:04:09 avec un monde qui change, avec l'intelligence artificielle,
00:04:11 avec les services, avec tout le panel
00:04:15 de ce qui se fait aujourd'hui en France.
00:04:18 Voilà, l'idée, c'est vraiment aussi de donner la parole
00:04:21 aux chefs d'entreprise et de pouvoir faire
00:04:22 cette transition démographique le mieux possible
00:04:24 et de le transmettre à nos politiques,
00:04:26 avec Aurore Berger, qui nous fera une gentille interview
00:04:29 d'un sujet qu'ils ont à coeur.
00:04:32 Je passe la main peut-être à Benjamin,
00:04:34 qui en travaille en collaboration sur plein d'autres sujets,
00:04:36 sur la transition démographique et sur le prix du bien-vieillir,
00:04:40 et du coup, du bien-vieillir en France.
00:04:42 -Bonjour, mesdames et messieurs.
00:04:47 Cher Julie, cher Ludovic.
00:04:48 Moi, j'ai écrit parce que je voulais pas dire de bêtise.
00:04:52 30%, c'est le nombre de Français qui auront plus de 62 000 trente
00:04:55 en France, comme l'a dit Julie.
00:04:57 54%, c'est le nombre de dépenses totales
00:05:00 qui sont faites dans la consommation française
00:05:02 par les Français de plus de 50 ans.
00:05:04 92%, c'est le nombre de Français
00:05:06 qui veulent vivre et vieillir à domicile.
00:05:09 77%, c'est le nombre de Français qui pensent
00:05:12 que le terme "bien-vieillir" est un terme marketing.
00:05:15 En réalité, on vieillit comme un peu.
00:05:17 Donc vous l'aurez donc compris, vous êtes toutes et tous
00:05:22 concernés par le vieillissement de la population,
00:05:24 à titre personnel comme à titre professionnel.
00:05:27 Nous pouvons d'ailleurs le dire haut et fort,
00:05:29 c'est un progrès social.
00:05:31 C'est une chance de vivre mieux plus longtemps.
00:05:33 Ceci étant dit, quand nous parlons des seniors,
00:05:36 nous avons une image négative avec, en mémoire des scandales,
00:05:39 notamment dans les maisons de retraite.
00:05:40 C'est vrai, mais cela représente 5 à 6%
00:05:43 des Français de plus de 60 ans.
00:05:44 Les autres qui font partie de ce tout cohérent,
00:05:46 notre société, sont relativement en bonne santé.
00:05:49 Ils consomment et ont des envies différentes des plus jeunes.
00:05:53 Nos produits et nos services ont-ils pris en considération
00:05:56 ces personnes, ces clients ?
00:05:57 Manifestement, pas assez.
00:05:59 Nous ne serions pas en train d'en débattre aujourd'hui.
00:06:02 C'est pourquoi nous devons apprendre à faire cette transition,
00:06:05 à vivre dans une société où il n'est plus de seniors
00:06:07 de 60 ans que de bébés.
00:06:09 Il faut que notre société fasse de cette longévité extraordinaire
00:06:12 des Français une chance.
00:06:14 In fine, une opportunité pour créer de la valeur,
00:06:16 des entreprises, des emplois, et tout ça non délocalisable.
00:06:20 Le vieillissement de la population doit nous préoccuper,
00:06:23 vous, dirigeants d'entreprises ou d'organisations,
00:06:26 quel que soit le secteur d'activité,
00:06:28 de la banque à la santé, du tourisme à la distribution,
00:06:30 du logement à l'agroalimentaire,
00:06:32 du transport au service à la personne.
00:06:34 Le vieillissement de vos clients doit vous préoccuper
00:06:36 tout autant que l'intelligence artificielle
00:06:38 ou le réchauffement climatique.
00:06:40 C'est un nouveau gisement de valeur,
00:06:41 c'est un lieu d'innovation où les entreprises
00:06:44 qui auront intégré ce défi pour en faire un axe de compétitivité
00:06:47 et de différenciation par rapport à leur marché
00:06:50 gagneront des parts de marché et, in fine, de la croissance.
00:06:53 Comprenons-nous bien, les clients seniors
00:06:55 ne sont pas à mettre à la marge de notre société,
00:06:59 c'est demain votre marge.
00:07:00 C'est la raison pour laquelle, en 2018,
00:07:03 nous avons lancé, avec Guillaume Richard
00:07:05 et le groupe Wicker, l'entreprise Silver Alliance,
00:07:07 convaincu que pour créer de la valeur,
00:07:09 nous devions nous allier à des entreprises
00:07:11 capables de répondre à toutes les attentes des Français.
00:07:14 Une des activités majeures de notre activité
00:07:17 chez Silver Alliance, c'est justement de vous aider
00:07:19 à faire cette transition.
00:07:21 Enfin, le vieillissement de vos clients
00:07:23 étant une véritable lame de fond pour notre économie,
00:07:27 créer un événement trimestriel avec l'Obs et Retraite.com
00:07:31 nous est apparu évident pour apporter des témoignages,
00:07:34 des éclairages, des signaux faibles,
00:07:36 des bonnes pratiques pour tirer profit de ce vieillissement.
00:07:39 Contrairement à ce que nous avons pu entendre,
00:07:41 le vieillissement de la population n'est pas un naufrage.
00:07:44 C'est une opportunité qu'il faut saisir.
00:07:46 Nous cherchons tous des relais de croissance,
00:07:48 et en même temps, nous voulons aujourd'hui
00:07:49 plus de sens dans notre économie.
00:07:51 Voilà une filière à fort impact. Merci beaucoup.
00:07:54 (Applaudissements)
00:07:56 -Merci.
00:07:58 Je propose qu'on regarde ensemble le témoignage d'Aurore Berger
00:08:02 en ouverture de cette conférence,
00:08:03 et ensuite, Arnaud Gonzague, rédacteur en chef adjoint,
00:08:06 viendra animer la conférence.
00:08:08 -Bonjour à toutes et à tous.
00:08:10 Je vous remercie déjà pour votre invitation à cette conférence.
00:08:13 Demain, la silver économie,
00:08:15 parce que ces thématiques sont au coeur de l'action de mon ministère,
00:08:18 le ministère des Solidarités et des Familles.
00:08:20 Je ne pouvais pas être présente aujourd'hui,
00:08:21 mais je tenais à vous adresser quelques mots.
00:08:24 Quelques mots pour rappeler d'abord des chiffres.
00:08:25 En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans,
00:08:28 et pour la 1re fois dans l'histoire de notre pays,
00:08:31 les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.
00:08:35 C'est donc un défi démographique sans appel,
00:08:38 et nous devons nous y préparer dès maintenant et collectivement.
00:08:42 L'avancée en âge, elle peut faire peur,
00:08:44 elle peut nous pousser au déni,
00:08:46 déni sur notre propre vieillissement,
00:08:47 celui de nos proches, de nos parents, de nos grands-parents,
00:08:50 et donc peut-être aussi déni collectif.
00:08:52 Mais il va être temps d'en sortir, sortir de ces peurs, de ce déni,
00:08:55 parce qu'il nous empêche de nous mobiliser à la hauteur de ce défi
00:08:59 auquel nous sommes tous, quoi qu'il arrive, confrontés.
00:09:02 Et puis surtout, l'avancée en âge, c'est une avancée.
00:09:05 Rien que sur le dernier quart de siècle,
00:09:07 l'espérance de vie des Français a progressé de presque 5 ans.
00:09:11 C'est donc un formidable gain de civilisation
00:09:14 qui a été rendu possible à la fois par les progrès de la médecine,
00:09:17 par notre modèle social qui s'est construit, vous le savez,
00:09:20 sur des solidarités entre les générations,
00:09:22 et personne ne saurait en être exclu en raison de son âge.
00:09:26 Cette révolution de la longévité, c'est donc finalement
00:09:29 une opportunité dont nous devons tous nous saisir,
00:09:32 parce qu'avoir une société plus engagée,
00:09:35 qui peut compter sur des solidarités renforcées entre les générations,
00:09:38 c'est possible grâce à cela.
00:09:40 Avoir une société plus inclusive, plus humaine,
00:09:43 qui soit adaptée finalement à tous nos concitoyens,
00:09:45 c'est-à-dire qui pensent dès le début les projets pour tous,
00:09:48 c'est une nécessité.
00:09:49 Et puis enfin, parce que c'est une société
00:09:51 qui va permettre de développer l'emploi
00:09:53 et de développer l'innovation,
00:09:55 et évidemment, la silver economy est partie prenante
00:09:58 pour enfin permettre de faire du vieillissement un vrai levier
00:10:01 de terrain d'innovation, de création de start-up,
00:10:03 de création de services,
00:10:05 et surtout de création d'emplois,
00:10:07 et dans tous les secteurs,
00:10:09 évidemment, commerciaux, publics ou non lucratifs.
00:10:12 Face à ce défi, l'État est pleinement mobilisé.
00:10:15 Vous l'avez vu, dans ce mois de novembre,
00:10:17 on a, je crois, marqué une nouvelle étape,
00:10:20 une vraie accélération.
00:10:21 Moi, j'ai souhaité, depuis ma nomination en 4 mois,
00:10:24 qu'on accélère tout.
00:10:25 D'abord, sur la stratégie interministérielle "Bien vieillir",
00:10:28 que j'ai pu présenter
00:10:30 avec de nombreux autres membres du gouvernement
00:10:31 le 17 novembre dernier.
00:10:33 Et c'est inédit.
00:10:34 C'est inédit parce qu'on est sortis
00:10:35 d'une stricte logique sanitaire et médico-sociale,
00:10:38 l'idée étant de mobiliser
00:10:40 tous les leviers à notre disposition, tout simplement,
00:10:42 pour que la France se prépare
00:10:44 et qu'elle soit prête
00:10:45 à relever le défi de la transition démographique.
00:10:47 Ensuite, la proposition de loi "Bien vieillir",
00:10:50 qui a été adoptée très largement à l'Assemblée nationale
00:10:53 le 23 novembre dernier,
00:10:55 et qui répond à des enjeux très concrets.
00:10:57 Très concrets, d'abord, pour les Français,
00:10:59 consécration d'un droit de visite
00:11:01 dans l'ensemble des établissements,
00:11:02 vous savez le traumatisme que ça a pu être pendant le Covid,
00:11:06 la création d'un guichet humain, unique,
00:11:08 pour faciliter toutes les démarches,
00:11:10 un fonds de soutien à la mobilité professionnelle
00:11:13 que j'ai annoncé doté de 100 millions d'euros
00:11:15 pour les aides à domicile.
00:11:17 Cette proposition de loi, elle porte surtout
00:11:19 un engagement majeur, un engagement que j'ai pris
00:11:21 et que la Première ministre a pu confirmer.
00:11:23 Enfin, enfin, une loi de programmation sur le grand âge
00:11:28 que je présenterai dès cet été
00:11:30 et qui sera votée avant la fin de l'année 2024.
00:11:33 Parce que pour préparer cette France nouvelle,
00:11:35 qui doit relever ce défi démographique,
00:11:37 nous avons besoin de toutes les forces vives,
00:11:39 et donc ça veut dire qu'on doit pouvoir consulter,
00:11:42 associer tous les groupes politiques,
00:11:43 toutes les associations d'élus,
00:11:45 toutes les fédérations du grand âge.
00:11:46 Évidemment, je sais compter sur l'engagement des entreprises
00:11:50 dans l'accompagnement d'un certain nombre de ces acteurs.
00:11:54 Et puis, les entreprises du secteur,
00:11:56 je sais qu'elles rencontrent malgré tout aujourd'hui
00:11:58 un certain nombre de difficultés.
00:11:59 Des difficultés à se déployer,
00:12:01 il n'y a pas d'interlocuteur unique,
00:12:03 en tout cas pas clairement identifié,
00:12:05 et comment concrètement s'informer, être accompagné, être conseillé.
00:12:09 Et puis, le grand public, je crois, n'identifie pas
00:12:11 d'opérateurs nationaux qui soient vraiment en charge
00:12:13 du sujet du vieillissement,
00:12:15 tant les enjeux sont malheureusement à la fois partagés,
00:12:17 c'est une bonne chose, mais sans doute trop éclatés.
00:12:20 Les pouvoirs publics manquent en clair
00:12:22 d'une instance de pilotage sur laquelle s'appuyer
00:12:25 pour définir une vraie stratégie
00:12:27 qui rassemblerait toutes les initiatives
00:12:29 menées dans le champ des personnes âgées
00:12:31 et qui donc donnerait de la visibilité et de la cohérence.
00:12:34 Nous devons donc aujourd'hui mieux structurer
00:12:37 cet écosystème du bien vieillir
00:12:38 pour enfin coordonner l'ensemble des initiatives existantes,
00:12:42 donner une vision, et puis dans tous les domaines,
00:12:44 scientifiques, sociaux, économiques, culturels,
00:12:48 sanitaires, médico-sociaux, évidemment.
00:12:50 Je vais réunir très prochainement l'ensemble des acteurs
00:12:53 afin de lancer cette mission
00:12:54 que je confie au professeur Bertrand Fougère
00:12:57 de manière à ce qu'on crée beaucoup plus de coopération,
00:13:00 beaucoup plus d'interministérialité
00:13:02 au coeur de cette approche,
00:13:03 parce que nous devons répondre à un défi plus grand que nous,
00:13:07 qui est le défi démographique.
00:13:08 Et puis, face à cette révolution de la longévité,
00:13:11 absolument inédite,
00:13:13 j'ai la conviction que c'est en nous engageant tous
00:13:15 que nous transformerons réellement, évidemment, notre société.
00:13:19 Alors, vous l'avez vu, je l'espère,
00:13:20 vous pouvez compter sur ma détermination,
00:13:22 mon engagement et mon énergie,
00:13:23 mais je souhaite surtout pouvoir compter sur les vôtres
00:13:26 et pouvoir compter sur l'ensemble des acteurs de la filière.
00:13:29 Alors, merci à vous.
00:13:30 Très belle rencontre, et je compte sur votre mobilisation.
00:13:33 -Eh bien, voilà, je parle après la ministre.
00:13:43 Merci. Bonjour.
00:13:45 Merci d'être là, merci d'être si nombreux.
00:13:46 J'appelle sans plus tarder à ce micro,
00:13:48 enfin, à cet estrade, Serge Guérin.
00:13:51 Installez-vous ici, Serge.
00:13:52 Je vais juste remettre ma poche.
00:13:54 Avec vous, bonjour. Merci d'être avec nous, Serge.
00:13:59 Avant d'entamer une table ronde
00:14:02 où on va vraiment examiner des cas très concrets d'entreprises,
00:14:06 comment est-ce qu'elles se préparent
00:14:07 à des transitions démographiques, etc.,
00:14:09 on a souhaité vous inviter ici, Serge,
00:14:11 parce que vous êtes un des rares spécialistes
00:14:13 de la question du vieillissement en France.
00:14:14 Il n'y en a pas tant que ça.
00:14:16 Vous êtes sociologue,
00:14:18 vous êtes directeur du Pôle santé à l'Inse,
00:14:21 et vous avez écrit, entre autres,
00:14:23 "La silver génération" et "La silver économie pour les nuls".
00:14:26 Les nuls, c'est nous. Non, je plaisante.
00:14:29 Non, mais ça veut dire pour les gens qui sont en train,
00:14:32 qui ont la curiosité de découvrir tout ça.
00:14:36 Et ce qui est intéressant, c'est que vous avez un regard,
00:14:38 vous qui êtes un regard de sociologue sur cette question-là.
00:14:40 Et la première question que je voulais vous poser,
00:14:42 c'est, on parle parfois...
00:14:44 Enfin, on a l'impression que c'est vraiment
00:14:45 le vieillissement de la population,
00:14:46 quelque chose qui inquiète, qui inquiète beaucoup.
00:14:50 Et voire certains parlent d'une crise démographique.
00:14:53 Comment vous qualifiez cette évolution démographique ?
00:14:59 Est-ce que pour vous, c'est une crise ?
00:15:01 -Bonjour à tous. Je dirais que c'est d'abord une chance.
00:15:04 C'est d'abord une chance à titre individuel.
00:15:06 Bazar de sort, on vit plus longtemps.
00:15:08 C'est quand même génial.
00:15:10 En 1900, l'espérance de vie était de 46 ans.
00:15:12 Aujourd'hui, à peu près, femmes-hommes confondus,
00:15:14 82 ans.
00:15:15 -J'ai 46 ans.
00:15:17 En 1900, c'était...
00:15:19 -C'était terminé. Salut.
00:15:21 -On va peut-être terminer la matinée, quand même.
00:15:24 -Donc oui, on pouvait aller jusqu'à 46 ans et demi,
00:15:26 dans certains cas.
00:15:27 Mais quand même, le premier élément, c'est ça.
00:15:29 C'est cette notion de longévité.
00:15:32 D'ailleurs, souvent, les termes, on sait bien,
00:15:34 ça a du sens et parfois...
00:15:36 Il y a aussi du politiquement correct avec les termes.
00:15:38 "Je ne suis pas chauve, je suis un déficient capillaire."
00:15:40 Vous voyez, tout de suite, c'est pas les mêmes éléments.
00:15:42 Mais comme disait Camus, mal nommer les choses,
00:15:46 ça ajoutait de la misère au monde.
00:15:47 Et c'est vrai que si on dit vieillissement,
00:15:50 si on dit société et la longévité,
00:15:52 tout de suite, c'est plus sympa.
00:15:54 Donc il y a aussi quelque chose comme ça.
00:15:56 Et ce qui est vrai, un enfant qui naît aujourd'hui, un bébé,
00:15:59 il y en a de moins en moins qui naissent,
00:16:02 c'est amusant. Quand j'ai commencé à travailler sur le sujet,
00:16:04 on disait, oui, alors il y a un senior qui naît
00:16:06 toutes les 37 secondes
00:16:07 et il y a un bébé toutes les 42 secondes.
00:16:09 Donc il y a un écart.
00:16:10 Sauf que maintenant, c'est toujours toutes les 37 secondes,
00:16:12 à peu près, mais c'est toutes les minutes pour le bébé.
00:16:15 Donc on voit aussi que l'écart s'élargit.
00:16:17 Donc voilà. Premier élément, c'est une chance
00:16:19 à titre individuel
00:16:21 et c'est une question à titre collectif.
00:16:24 Puisque la question, c'est souvent...
00:16:26 Benjamin l'a redit, on voit toujours le vieillissement
00:16:29 comme étant les gens qui ont d'énormes problèmes
00:16:31 et qui doivent être accueillis.
00:16:33 Je dis bien accueillis et pas placés.
00:16:35 Accueillis dans des lieux qu'on appelle, par exemple,
00:16:37 des maisons de retraite.
00:16:38 Dans des lieux adaptés pour cela.
00:16:40 Mais on va penser à cela. Et c'est bien d'y penser.
00:16:42 Mais c'est 5, 6 %.
00:16:44 Le gros de la population, c'est comment elle va continuer
00:16:46 justement à avancer en âge, à évoluer, à vieillir
00:16:50 jusqu'au dernier jour. C'est ça, l'enjeu.
00:16:52 Et comment on organise une société
00:16:54 où, simplement, on vit plus longtemps.
00:16:56 C'est-à-dire qu'on a finalement plus de chances
00:16:59 de faire des choses intéressantes.
00:17:01 On a aussi plus de chances de faire des conneries, après tout.
00:17:03 Voilà. Mais n'empêche que c'est ça.
00:17:04 Et c'est vrai que c'est mal pris en compte.
00:17:07 On n'en a pas envie.
00:17:08 Pour l'anecdote, vous êtes très jeunes,
00:17:09 mais vous vous souvenez peut-être d'un garçon
00:17:11 qui s'appelle d'ailleurs toujours François Hollande.
00:17:13 -Ca me dit un truc. -Ca vous dit un truc.
00:17:14 Et qui a été candidat à une élection présidentielle.
00:17:17 -Je crois qu'il l'a gagné. -Oui, oui.
00:17:20 Et il disait à l'époque, pendant la campagne,
00:17:22 "Je serai le président de la jeunesse."
00:17:23 Et je lui avais dit, "C'est sûr qu'être président de la vieillesse,
00:17:25 "c'est moins vendeur."
00:17:26 Et donc, comme il a eu l'humour, ça l'avait fait rire.
00:17:28 Mais il y a cet élément-là.
00:17:30 Or, pourquoi être que président de la jeunesse ?
00:17:32 C'est président de l'ensemble et d'entre autres
00:17:34 des gens qui prennent de l'âge.
00:17:35 Sachant qu'en plus, les jeunes en question,
00:17:37 un jour, et c'est tout ce qu'on peut leur souhaiter,
00:17:39 c'est d'être vieux.
00:17:40 Parce que si vous n'êtes pas vieux, c'est que vous êtes mort avant.
00:17:42 C'est quand même aussi...
00:17:43 Mais on a du mal, en effet, à transformer cela
00:17:45 comme quelque chose de très positif.
00:17:46 -On a l'impression, vous dites, François Hollande,
00:17:48 c'est décrété le président de la jeunesse,
00:17:49 mais on a l'impression que beaucoup d'entreprises aussi
00:17:51 se disent des entreprises de la jeunesse.
00:17:52 On a l'impression que c'est pas forcément un public
00:17:56 qu'elles vont aller chercher, nous, dans les médias.
00:17:58 On sait que la publicité n'aime pas trop un lectorat trop âgé
00:18:02 parce qu'il serait moins féru de nouvelles technologies,
00:18:06 moins féru de nouveautés en général.
00:18:08 Qu'est-ce que vous en pensez de tout ça ?
00:18:09 C'est un public vraiment difficile à attraper, ce public-là ?
00:18:13 -Le premier élément, en effet, il y a les entreprises,
00:18:15 il y a toujours, en marketing, il faut rajeunir.
00:18:18 Rajeunir le public. Voire, pire, rajeunir la cible.
00:18:21 Toujours un côté, on lui tire dessus, la cible.
00:18:23 J'ai toujours été un peu surpris par les termes.
00:18:24 Et c'est vrai que... Et parfois, on rajeunit.
00:18:26 Mais ton produit, il est acheté par tout le monde,
00:18:29 voire par des gens relativement âgés.
00:18:31 Donc pourquoi rajeunir quelque chose
00:18:33 qui ne concerne pas des gens très, très jeunes, par exemple ?
00:18:36 Ou même dans le domaine des jouets.
00:18:38 Je crois qu'il n'y a aucun acteur de jouets dans Silver Alliance,
00:18:40 mais ça va venir.
00:18:41 Un tiers des jouets sont achetés par des retraités.
00:18:45 Pas seulement pour jouer avec, il arrive qu'ils les offrent.
00:18:49 Mais n'empêche que...
00:18:50 Et en effet, c'est-à-dire qu'on veut rajeunir, rajeunir...
00:18:52 -C'est intéressant. Quand on est fabricant de jouets,
00:18:53 paradoxalement, c'est intéressant de toucher les personnes âgées.
00:18:58 -Absolument. Et par exemple, de se dire, tiens,
00:18:59 il faudrait aussi que dans les vendeurs,
00:19:01 il n'y ait pas que des gens de 17 ans et demi
00:19:03 qui vendent à des gens de 77 ans et demi,
00:19:05 mais aussi des gens plus âgés, y compris parce qu'ils peuvent parler.
00:19:08 "Ce jouet-là, vous aurez peut-être du mal à l'attraper, vous."
00:19:10 "Je sais, j'ai le même problème." Et ainsi de suite.
00:19:12 Et du coup, on va aussi discuter de manière plus facile.
00:19:14 Donc c'est vrai que c'est prendre en compte
00:19:16 que le marché, il est beaucoup plus large
00:19:18 et que plus de 50 % des achats sont faits par des plus de 50 ans.
00:19:21 Donc c'est un peu bête de réduire de la moitié son marché potentiel.
00:19:26 -Est-ce que vous diriez que c'est un public qui est globalement...
00:19:28 Évidemment, on fait des grandes généralités,
00:19:30 parce qu'on a tous bien compris que c'était un public
00:19:31 qui était très varié, très vaste, évidemment.
00:19:35 Mais est-ce que vous diriez que globalement,
00:19:36 il est assez technophobe ? C'est vrai, ça ?
00:19:38 -Non, c'est complètement con.
00:19:41 En plus, pour l'anecdote, j'étais sur une émission de télé
00:19:45 et la personne, c'était quelqu'un qui avait créé son entreprise
00:19:48 et qui avait la soixantaine.
00:19:49 Et elle disait "Oui, mais alors avec mon ordinateur..."
00:19:51 La personne, le journaliste, l'animateur, disait
00:19:53 "Mais vous savez utiliser un ordinateur ?"
00:19:55 Elle avait 62 ans.
00:19:57 Ca fait plus de 35 ans que les ordinateurs sont là.
00:20:00 Cette dame-là aurait échappé en 35 ans à tout ordinateur.
00:20:03 Donc à un moment donné...
00:20:04 En effet, alors oui, on peut, je sais pas moi, à 75 ans,
00:20:07 avoir moins de plaisir qu'à 15 ans d'un changement de logiciel.
00:20:11 Mais parfois, à 25 ans, on a déjà moins de plaisir.
00:20:14 Parce que pourquoi renouveler et ainsi de suite.
00:20:16 Donc il n'y a pas de technophobie particulière
00:20:20 à partir d'un certain âge.
00:20:21 Pourquoi pas, mais là, c'est plus des problèmes cognitifs.
00:20:23 Mais sinon, il n'y a pas de problématique particulière.
00:20:26 Ou peut-être que l'inverse,
00:20:28 c'est que sans doute que les gens plus âgés...
00:20:30 On en avait parlé quand on s'était rencontrés,
00:20:32 c'est la notion du bon sens.
00:20:33 Parfois, le bon sens des gens, c'est de dire
00:20:35 "Mais qu'est-ce que ça m'apporte de plus, ce changement ?
00:20:37 "Il faut que je m'y refasse, il faut que je recomprenne
00:20:39 "pour un gain d'usage qui est epsilonesque,
00:20:43 "voire même qui est inférieur."
00:20:44 Parce que parfois, c'est plus compliqué qu'avant.
00:20:46 Donc les gens, mais il y a des gens très jeunes aussi
00:20:49 qui fonctionnent exactement pareil,
00:20:50 on va dire "Je le fais si ça a un intérêt.
00:20:53 "Sinon, pourquoi je changerais de version
00:20:54 "alors que finalement, ça va être plus compliqué,
00:20:56 "plus onéreux, ainsi de suite."
00:20:57 Après, c'est le marché de l'informatique qui sait faire ça.
00:21:00 Mais globalement, il n'y a pas spécialement de technophobie.
00:21:02 C'est plus une question sociale, mais très souvent,
00:21:05 en fait, on veut cacher les enjeux sociaux
00:21:09 ou les enjeux culturels à travers des enjeux générationnels.
00:21:11 C'est toute l'histoire de la guerre des générations.
00:21:13 Il n'y a pas de guerre des générations.
00:21:14 Il y a des différences sociales, des différences culturelles,
00:21:16 ainsi de suite, et on va dire "Non, c'est une question d'âge."
00:21:17 Mais non, c'est une question d'origine,
00:21:19 c'est une question de situation sociale
00:21:21 bien plus prégnante qu'une histoire d'âge.
00:21:23 -Une histoire d'âge.
00:21:25 On a tout à l'heure entendu...
00:21:27 On était assis ensemble et on a entendu Robert Berger
00:21:29 qui parlait d'un guichet humain.
00:21:31 Elle a employé cet adjectif qu'on emploie...
00:21:33 Autant le guichet unique, on l'entend très souvent,
00:21:34 autant le guichet humain, on l'entend pas très souvent.
00:21:36 Mais en même temps, j'ai l'impression que ça fait un peu écho
00:21:38 à ce que vous disiez dans l'OPS,
00:21:39 c'est-à-dire que ce qui compte, le fameux bon sens dont vous parlez,
00:21:43 ce qui compte, c'est moins, finalement,
00:21:44 le déploiement complexe des technologies
00:21:46 que les entreprises doivent garder en tête
00:21:48 qu'il y a de l'humain derrière
00:21:50 et qu'elles doivent aussi s'adapter à, peut-être,
00:21:54 faire du présentiel, faire...
00:21:56 Comment dire ? Tenir compte de la complexité humaine.
00:21:59 -Oui. Alors, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
00:22:01 Je suis un guichet humain.
00:22:02 Le truc est quand même pas très vendeur.
00:22:04 Mais en tout cas, oui, que l'humanité reste...
00:22:06 Mais il y a des gens très jeunes
00:22:08 qui ont aussi envie d'avoir un contact humain.
00:22:10 C'est pas qu'une histoire d'âge.
00:22:12 C'est vrai que là, il y a quelque chose...
00:22:13 A la fois, nos sociétés sont de plus en plus complexes
00:22:17 et de moins en moins performantes, il faut quand même le dire.
00:22:19 Il y a quand même des problématiques autour de ça.
00:22:21 C'est comment on simplifie quand vous avez un problème,
00:22:24 quand votre parent a fait une chute et ainsi de suite.
00:22:26 C'est un compliqué incroyable pour trouver les bonnes personnes,
00:22:30 pour trouver les bonnes aides, et ainsi de suite.
00:22:32 Donc c'est aussi quand on arrive à simplifier les choses,
00:22:35 qui sera un gain absolument pour tout le monde,
00:22:37 qui réduira aussi sans doute nos angoisses,
00:22:39 y compris nos angoisses neurologiques.
00:22:41 Et c'est vrai que la question, c'est en effet...
00:22:44 Bien sûr qu'on a besoin de digital.
00:22:45 Il n'y a aucun sujet là-dessus.
00:22:46 Il ne s'agit pas du tout de dire que ce n'est pas bien
00:22:48 ou quoi que ce soit, mais comment ça vient au service
00:22:50 et comment, finalement, ça prend en compte d'abord les usages
00:22:54 avant...
00:22:55 -C'est peut-être ça, l'humain.
00:22:56 C'est de comprendre d'abord comment vous allez fonctionner
00:22:57 face à tel ou tel service plutôt que de savoir
00:23:00 dans quels cas technologiques on va vous mettre, en quelque sorte.
00:23:03 -Un petit peu moins d'ingénieurs et un petit peu plus d'écoute.
00:23:06 -Un peu plus de sociologues aussi.
00:23:09 -Pourquoi pas. Oui, pourquoi pas.
00:23:10 Mais en tout cas, il y a un petit truc autour de ça.
00:23:13 Finalement, on va trouver une application qui est géniale,
00:23:16 mais qui est géniale parce qu'on l'a développée.
00:23:18 Mais alors, je disais, elle sert vraiment à quoi ?
00:23:20 Et puis qui l'utilise et puis comment ?
00:23:21 Et c'est pour ça qu'il y en a beaucoup qui ne marchent pas.
00:23:23 Après, il y en a, évidemment, qui marchent.
00:23:25 Les seniors, ils sont comme les autres, ils ne sont pas idiots.
00:23:28 Si c'est utile et si c'est accessible en termes économiques,
00:23:32 pourquoi pas ?
00:23:34 Si ça apporte un gain, si ça permet une facilité.
00:23:37 Quand il y a des années, globalement,
00:23:39 toutes les collectivités ont décidé de supprimer les marches
00:23:42 quand on prenait un bus ou autre,
00:23:45 c'était un gain d'usage énorme.
00:23:47 C'était plus facile.
00:23:48 Et pour les autres aussi.
00:23:49 Personne dans notre pays qui aime bien faire des manifestations,
00:23:53 je ne crois pas qu'il y ait eu de manifestation
00:23:54 de gens disant "on veut des marches dans les bus".
00:23:56 Là, c'est...
00:23:58 Et souvent, d'ailleurs, quand on fait quelque chose
00:24:00 qui améliore la vie des plus fragiles ou des plus âgés,
00:24:03 finalement, elle améliore la vie de tout le monde.
00:24:05 Donc là aussi, il y a une notion d'intergénération d'usage.
00:24:08 -C'est ça. Dernière question.
00:24:09 Qu'est-ce que vous pensez de cet adjectif "vieux", "les vieux" ?
00:24:13 Parce que c'est un terme qu'on n'emploie plus,
00:24:16 parce qu'il est jugé péjoratif.
00:24:18 On s'est parlé un peu au téléphone, etc.
00:24:20 Vous l'employez assez tranquillement, vous.
00:24:23 Est-ce que vous pensez que c'est un terme
00:24:24 qu'il faudrait réhabiliter, "les vieux" ?
00:24:26 -Oui, c'est un peu...
00:24:27 Il y a quelques années, j'ai écrit un bouquin
00:24:28 qui s'appelait "Vive les vieux !".
00:24:31 Vive, quand même.
00:24:32 J'ai reçu des courriers, les uns disant "Ah, enfin qu'un qui dit vieux",
00:24:35 et d'autres, dans ce beau pays France, c'était
00:24:37 "Je vais porter plainte, vous êtes racistes."
00:24:39 Il y avait un peu eu des éléments.
00:24:40 Donc on voit quand même que c'est un peu compliqué.
00:24:43 Et oui, le terme "vieux", c'est...
00:24:45 Je ne sais pas, une vieille branche, ainsi de suite.
00:24:47 "Vieux" et donc "vieille" aussi.
00:24:49 -Vieux ou vieille.
00:24:50 Il faudrait faire l'inclusif avec un point au milieu.
00:24:54 -Non, je ne suis pas là-dedans.
00:24:56 Mais plutôt pour... Voilà.
00:24:59 L'universel.
00:25:01 Et justement, dans l'universel, c'est comment
00:25:02 on intègre les vieux avec les autres.
00:25:05 Et on fait avec les gens et pas pour.
00:25:07 Un des risques, c'est...
00:25:09 On ne va pas dire son âge, là.
00:25:10 On va lui expliquer ce qu'il faut faire.
00:25:11 Il y a quand même une tentation d'infantiliser,
00:25:13 on l'a vu au moment de la crise Covid,
00:25:14 de manière assez forte.
00:25:16 "Non, à votre âge, il ne faudra pas sortir de chez vous."
00:25:19 Il y avait une discussion.
00:25:20 C'est à 65 ans, à 70 ans qu'il faut interdire aux gens.
00:25:22 Déjà, on voyait que ce n'était pas très clair.
00:25:23 Puis vous imaginez le truc.
00:25:25 A 64 ans et demi, vous êtes dehors.
00:25:26 Un jour, vous avez 65 ans, vous avez les flics qui viennent.
00:25:28 "Non, non, c'est pour votre bien."
00:25:29 Vous voyez, il y a un côté un peu infantilisé.
00:25:31 Le terme "vieux",
00:25:33 oui, au nom de quoi il ne serait plus...
00:25:34 Si les gens ont envie d'utiliser...
00:25:36 Alors OK, le terme "senior" est un terme
00:25:38 qui permet un peu comme ça.
00:25:39 Mais ce qui a aussi l'intéressance, c'est de se dire que
00:25:41 "senior", c'est de 45 ans dont vous y êtes.
00:25:43 -Non, je ne sais même pas de quoi vous parlez.
00:25:46 -De 45 ans à 115 ans.
00:25:47 -Ce n'est pas 55, là ?
00:25:49 -C'est 15, mais globalement, par exemple,
00:25:51 c'était grâce à un garçon qui s'est...
00:25:54 Je ne sais plus son prénom de tête.
00:25:55 Vauquier, ça vous dit ? -Laurent.
00:25:57 -Laurent Vauquier.
00:25:58 Il était ministre du Travail, quelque chose comme ça.
00:26:01 Il avait fait les entretiens de mi-carrière dans l'entreprise.
00:26:02 Et c'était à 45 ans.
00:26:04 Du coup, les gens se sont dit "Waouh, ça sent le sapin."
00:26:06 Il y avait déjà un côté un petit peu comme ça.
00:26:07 Vous voyez, de 45 ans à 115 ans, ça serait "senior".
00:26:11 Donc on voit bien que c'est beaucoup trop large
00:26:13 et que, par ailleurs,
00:26:14 moi, j'ai beaucoup travaillé sur la question des générations,
00:26:16 évidemment, ou Karl Manheim, 1928.
00:26:18 Et aujourd'hui, je me dis, peut-être qu'en fait,
00:26:20 c'est pas du tout la bonne idée,
00:26:21 c'est que ça veut plus dire grand-chose, les générations.
00:26:24 De jeunes aujourd'hui qui ont la même âge,
00:26:26 on voit bien qu'ils peuvent avoir plein de choses
00:26:28 très, très différentes, voire très opposées.
00:26:30 Et des gens, je sais pas, qui ont 65 ans,
00:26:33 c'est pas du tout la même chose.
00:26:34 Vous êtes une dame de 65 ans qui a une toute petite retraite,
00:26:37 2 000 euros, qui vit à 70 km
00:26:39 de la première ville un peu importante.
00:26:41 Il n'y a pas d'équipement en santé.
00:26:42 Il y a des difficultés pour trouver des services
00:26:43 à la personne, ainsi de suite.
00:26:45 C'est pas la même chose que quelqu'un,
00:26:48 la même dame, qui est dans une grande ville,
00:26:51 qui a une retraite plus convenable
00:26:52 et qui a des équipements autour,
00:26:53 qui a du lien social, il y a des associations, ainsi de suite.
00:26:56 Donc c'est aussi, finalement, surtout ne pas...
00:26:59 Enfin, il s'agit pas de découper,
00:27:01 il s'agit de prendre en compte que l'âge ne nous résume pas.
00:27:04 D'ailleurs, il y a jamais un élément qui nous résume.
00:27:06 Enfin, ça, c'est les convictions que j'ai,
00:27:07 mais qui ne sont pas partagées.
00:27:09 Et on définit pas les gens juste par leur âge.
00:27:12 "Ah, toi, t'as 63 ans et demi, donc t'es comme ça."
00:27:14 "Bah non, j'ai 63 ans et demi."
00:27:16 "Et je t'emmerde, je fais d'autres choses,
00:27:18 "je vis ma vie, j'ai mon autonomie."
00:27:20 "Je peux même, à 63 ans et demi,
00:27:21 "recréer une entreprise, par exemple,
00:27:23 "ou décider de faire un trek, ou que sais-je,
00:27:25 "ou partir avec ma petite fille, enfin, j'en sais rien,
00:27:27 "ou m'engager dans telle ou telle association."
00:27:29 Il y a plein d'autres choses.
00:27:30 Et aussi, peut-être se rappeler qu'on change pas
00:27:33 parce qu'on a tel ou tel âge.
00:27:35 "Ah, bah, maintenant que j'ai 65 ans, je vais être comme ça."
00:27:38 Louis Aragon, poète, vous voyez ?
00:27:40 -T'as dit un truc.
00:27:41 -Louis Aragon disait que c'était avec les jeunes sceaux
00:27:43 qu'on fait les vieux cons.
00:27:45 C'est aussi qu'on a une continuité.
00:27:47 On a construit une vie toute notre vie.
00:27:50 Et bien sûr qu'on évolue, heureusement.
00:27:51 J'étais en débat un jour avec une jeune femme
00:27:53 qui avait fait un livre qui défendait la jeunesse.
00:27:55 Elle disait "On m'a dit que j'allais évoluer."
00:27:58 Et elle avait trouvé ça pas bien.
00:27:59 Je lui ai dit "Mais je vous souhaite d'évoluer."
00:28:01 "J'ai évolué."
00:28:02 Vous savez, parfois, on rencontre quelqu'un
00:28:04 pour dire "Ah, t'as pas changé."
00:28:06 Evidemment, on va pas dire "Putain, tu t'es pris un coup de vieux."
00:28:08 Parce que ça se fait pas, quoi.
00:28:09 Moi, c'est vrai, je prends pas de cheveux blancs, tout ça.
00:28:11 J'évite un peu le truc. Mais quand même.
00:28:13 Mais t'as pas changé.
00:28:15 -C'est pas sûr que ce soit si complet.
00:28:17 -On pense exactement la même chose
00:28:18 que celle où on pensait 40 ans avant ou 60 ans avant.
00:28:22 Alors déjà, j'ai utilisé un terme "penser".
00:28:24 Mais sans doute que penser est une manière aussi
00:28:26 d'éloigner les risques de maladies neurologiques, etc.
00:28:28 Mais voilà, en tout cas, on évolue.
00:28:29 La notion de génération, elle est beaucoup plus souple
00:28:31 ou beaucoup plus friable
00:28:32 qu'elle l'était il y a peut-être 20 ans.
00:28:35 -Merci infiniment, Serge Guérin.
00:28:37 Merci beaucoup.
00:28:38 (Applaudissements)
00:28:41 Merci. Je rappelle que vous êtes entre autres
00:28:43 donc auteur de plusieurs, de beaucoup de livres,
00:28:46 dont "Silver Generation" et "La silver est connue pour les nuls".
00:28:48 On a compris que c'était des livres qu'on pouvait lire
00:28:50 et qui sont tout à fait avenants et sympas à lire.
00:28:53 Et c'est pas hyper austère.
00:28:55 J'appelle maintenant sur cette estrade
00:28:57 Isabelle LeBod, Guilhem Richard et Xavier Prin.
00:29:01 Mettez-vous au milieu, Isabelle.
00:29:04 (Propos inaudibles)
00:29:07 -Merci à vous d'être là.
00:29:08 Cette table ronde, justement, sert maintenant
00:29:12 à ce survol lumineux de Serge Guérin
00:29:16 concernant ces questions-là.
00:29:18 Maintenant, on va aller voir les travaux pratiques,
00:29:20 si je puis dire.
00:29:21 On va examiner les stratégies,
00:29:23 celles d'entreprises de secteurs très diversifiées,
00:29:25 vous allez voir,
00:29:26 et qui affrontent à leur manière la silver revolution.
00:29:29 Comment est-ce qu'ils l'affrontent ?
00:29:31 Qu'est-ce qu'ils ont mis en oeuvre ?
00:29:33 De quoi l'avenir à moyen et long terme est-il fait ?
00:29:35 Voilà, pour en parler, j'ai le plaisir d'accueillir,
00:29:37 et je précise tout de suite avant de préciser
00:29:41 l'identité de nos invités,
00:29:43 que si vous avez des questions, des remarques, etc.,
00:29:45 pour saisir maintenant, parce qu'après nos échanges,
00:29:47 on essaiera de faire passer le micro dans la salle.
00:29:49 Mais j'ai donc le plaisir d'accueillir
00:29:51 immédiatement sur ma droite Guilhem Richard.
00:29:53 Bonjour.
00:29:54 Vous êtes président et fondateur du groupe Wicker,
00:29:57 qui est un groupe de services à domicile bien connu,
00:29:59 qui comprend notamment la marque O2, qui est bien connue.
00:30:02 Vous êtes aussi un des fondateurs de la Silver Alliance,
00:30:06 dont nous allons parler plus en détail.
00:30:08 J'ai le plaisir également d'accueillir Isabelle Le Bot.
00:30:12 Bonjour. Vous êtes donc directrice générale
00:30:14 de la France Mutueliste,
00:30:15 groupe de mutuelles des parcs retraite,
00:30:17 qui existe depuis 130 ans. Voilà.
00:30:19 Donc vous êtes vraiment au coeur des enjeux
00:30:21 de la transition démographique, on peut le dire.
00:30:24 Et enfin, nous aurons le plaisir d'entendre Xavier Prin.
00:30:26 Bonjour, Xavier. -Bonjour.
00:30:27 Vous êtes directeur marketing et communication de Boursobank,
00:30:30 la banque en ligne du groupe Boursorama,
00:30:33 qui est un petit jeune, pour le coup,
00:30:34 parce que vous avez 25 ans.
00:30:35 Enfin, Boursorama a 25 ans, donc vraiment,
00:30:37 vous n'avez que 25 ans.
00:30:39 Mais bon, les questions de génération,
00:30:40 tout ça, ne sont pas si importantes.
00:30:42 Ma première question s'adresse à vous, Guilhem.
00:30:45 Je rappelle que Wicker, ce sont 20 000 collaborateurs en France,
00:30:49 450 millions d'euros de chiffre d'affaires.
00:30:52 Et on se dit que vous, vous avez été sacrément malin.
00:30:54 Vous avez senti, il y a plus d'une décennie,
00:30:58 vous avez senti la tendance du vieillissement
00:31:01 de la population française, alors qu'en fait,
00:31:03 ODE, au départ, ce que vous m'expliquez,
00:31:04 c'était plutôt dirigé vers les actifs.
00:31:09 -Bonjour. Alors oui, effectivement,
00:31:11 j'ai créé ODE au millénaire dernier.
00:31:15 Et notre vision a toujours été
00:31:21 celle d'être positionné sur la qualité de vie,
00:31:24 l'art de vie.
00:31:25 Et on a commencé avec les actifs,
00:31:28 à qui on a proposé des services de garde-enfants,
00:31:32 de ménage, repassage.
00:31:34 Et puis, progressivement, on a étendu nos activités
00:31:37 à l'accompagnement de la personne âgée ou handicapée.
00:31:41 Et à chaque fois, avec une même vision,
00:31:45 qui est celle de porter attention.
00:31:47 Porter attention à nos collaborateurs d'abord,
00:31:50 parce qu'en fait, vous pouvez pas avoir de clients satisfaits
00:31:53 si vous n'avez pas de collaborateurs épanouis.
00:31:56 Parce que ça, c'est quelque chose qui est extrêmement important.
00:31:59 Si vous n'avez pas un collaborateur qui est heureux dans son métier,
00:32:02 qui a la banane quand il vient faire une prestation,
00:32:05 comment est-ce que vous voulez qu'il puisse bien effectuer son métier ?
00:32:10 -Surtout que lui, il n'est pas derrière un guichet.
00:32:11 Pour le coup, il vient chez vous, il entre dans...
00:32:13 -C'est pas un guichet humain, c'est un humain qui vient chez des humains
00:32:16 et qui, chaque jour, a à gérer des humains
00:32:18 qui n'ont pas forcément les mêmes humeurs tous les jours.
00:32:22 Et donc, il faut que vous soyez, vous, épanouis dans votre métier,
00:32:25 que votre métier ait du sens pour vous pour que vous le réalisez bien.
00:32:28 Et puis l'attention portée à nos clients,
00:32:30 qui fait qu'on s'intéresse à tout ce qui peut permettre
00:32:35 de bien grandir, bien vivre, bien vieillir.
00:32:40 Et c'est vraiment ça, c'est vraiment le...
00:32:43 la thématique centrale de notre groupe,
00:32:46 c'est l'attention portée à l'autre.
00:32:47 L'attention portée à l'autre, que ce soit un salarié ou un client.
00:32:52 Et c'est dans cet esprit qu'on a construit l'ensemble de nos offres.
00:32:55 Et par exemple, si je retiens un des éléments
00:32:59 qui est l'offre sur l'accompagnement de la personne âgée
00:33:03 ou handicapée,
00:33:07 quand on est arrivé sur ce secteur,
00:33:10 la prestation qui existait était une prestation de maintien à domicile.
00:33:15 Maintien à domicile.
00:33:17 C'est divulgué beaucoup de choses.
00:33:19 Maintien à domicile qui consiste à gérer
00:33:22 ce que l'on appelle les actes essentiels de la vie quotidienne.
00:33:26 Aider à se lever, à se laver, à s'habiller,
00:33:28 dans les fonctions d'évacuation, à manger, etc.
00:33:31 "Fonction d'évacuation", très joli terme.
00:33:33 -Oui, c'est là, vous gardez le.
00:33:35 "Fonction d'évacuation", c'est joli.
00:33:36 -Donc...
00:33:38 Et...
00:33:39 Voilà, c'était la prestation de base
00:33:44 qui est demandée par les conseils départementaux
00:33:47 pour permettre un maintien à domicile
00:33:49 avec des choses très aseptisées,
00:33:51 avec un nombre d'heures très détaillée
00:33:53 pour faire...
00:33:55 Tac, administration.
00:33:57 Et puis, il y a ça qui correspond à une demande.
00:34:00 Et nous, on a tout de suite dit,
00:34:03 si on vient,
00:34:05 ça sera pour apporter un autre regard,
00:34:07 qui est celui de la qualité de vie.
00:34:08 Et donc, on va créer une prestation
00:34:10 qu'on appelle le faire ensemble.
00:34:13 Et pourquoi le faire ensemble ?
00:34:15 Parce que c'est pas parce qu'on ne peut plus tout faire
00:34:19 qu'on ne peut plus rien faire.
00:34:20 Et notamment, même si on a des déficiences physiques,
00:34:27 cognitives,
00:34:29 on a toujours des envies.
00:34:30 Et on a travaillé, d'ailleurs, sur quelque chose
00:34:32 qu'on a appelé "Le livre de mes envies",
00:34:33 et sur tout le parcours et sur toutes les envies
00:34:35 qu'on peut continuer à avoir.
00:34:38 Et se sentir utile est une des choses
00:34:40 qui est absolument fondamentale.
00:34:42 Absolument fondamentale.
00:34:43 Et donc, on a tous fait, par amour,
00:34:47 cette erreur considérable
00:34:49 qui consiste à dire à une personne âgée,
00:34:52 "Laisse, je vais faire pour toi.
00:34:55 "Tu as tellement fait pour nous quand on était jeunes,
00:34:57 "je peux bien maintenant faire ça pour toi.
00:34:59 "Repose-toi, mamie."
00:35:01 Moi, j'ai fait ça des dizaines de fois.
00:35:03 "Repose-toi, mamie."
00:35:05 Le truc le pire que je pouvais faire.
00:35:07 Je l'ai fait par amour.
00:35:08 J'ai aucune mauvaise intention quand je disais ça.
00:35:11 -Vous l'avez placé dans une situation de passivité, finalement.
00:35:15 -Deux, t'es inutile.
00:35:16 "OK, je vais faire les trucs à ta place."
00:35:18 Et en fait, c'était vachement sympa, à la base.
00:35:23 "Laisse, repose-toi."
00:35:25 Aujourd'hui, elle a l'éternité pour se reposer.
00:35:27 Mais c'était pas ça dont elle avait besoin.
00:35:29 Ce dont elle avait besoin, c'était qu'on aille faire ensemble.
00:35:31 -Qu'est-ce que c'est, concrètement, le faire ensemble ?
00:35:33 C'est quoi, le faire ensemble ?
00:35:34 -C'est on fait avec les personnes,
00:35:37 plutôt que de le faire à leur place.
00:35:39 Par exemple, on va faire le repas ensemble.
00:35:41 On va même faire le ménage ensemble.
00:35:44 Et nous, on va faire les tâches les plus compliquées,
00:35:47 les plus dures, les plus physiquement éprouvantes.
00:35:49 Mais mamie, elle va pouvoir continuer,
00:35:51 ou papy, à épousser, à faire les poussières.
00:35:54 Et en même temps, ça fait revenir les souvenirs,
00:35:57 parce qu'en faisant les poussières,
00:36:00 elle va nettoyer le coq qu'elle a ramené du Portugal
00:36:03 en voyage de 64 avec papy.
00:36:05 Et ça ramène des souvenirs, etc.
00:36:07 Et puis on fait les choses ensemble, on est encore utiles,
00:36:09 on est là, on est intégrés.
00:36:11 Le truc, le pire, c'est d'être mis de côté.
00:36:14 C'est d'être mis de côté.
00:36:17 Et donc c'est pour ça qu'on a fait cette prestation de faire ensemble.
00:36:20 C'est pour ça aussi qu'il y a un certain nombre de choses
00:36:21 qu'on refuse de faire
00:36:23 dans des prestations qui sont d'une demi-heure.
00:36:25 Nous, on refuse les prestations qui font moins d'une heure,
00:36:27 parce qu'en fait, ça n'a pas de sens de faire une prestation.
00:36:29 -Vous estimez que ça va être de l'abattage, entre guillemets,
00:36:32 et qu'il n'y aura pas de libre-médias qui aura le temps de se créer.
00:36:34 -Bien évidemment, parce que même si, en théorie,
00:36:36 parfois une demi-heure peut suffire,
00:36:38 mais en fait, certains jours,
00:36:40 certains jours, la personne chez qui vous intervenez,
00:36:42 elle est en super forme, et d'autres jours,
00:36:43 elle n'est pas du tout en forme.
00:36:45 Et ces jours-là, c'est pas une demi-heure qu'il faut,
00:36:47 c'est une heure, une heure et demie,
00:36:48 parce qu'en fait, on ne peut pas la laisser comme ça.
00:36:51 On ne peut pas laisser la personne qui est en train de pleurer
00:36:56 en disant "Maintenant, je suis désolé, j'ai quelqu'un d'autre qui m'attend."
00:36:58 On ne peut pas faire ça.
00:37:00 Et donc il faut passer, il faut avoir un temps commun.
00:37:05 Et il ne faut pas non plus aussi que,
00:37:07 sous prétexte de bientraitance des personnes âgées,
00:37:09 on en revienne à de la maltraitance des intervenants.
00:37:12 Parce que si vous faites une journée,
00:37:13 vous avez 15, 20 prestations d'une demi-heure,
00:37:16 à la fin de la journée, c'est terrible.
00:37:18 -Passer votre vie d'une à l'autre, en plus.
00:37:20 -Vous passez votre temps d'une à l'autre,
00:37:22 vous courez d'une à l'autre, vous n'avez pas...
00:37:24 Et donc, et on revient à ce que je disais tout à l'heure,
00:37:27 c'est-à-dire qu'il faut que nos intervenants,
00:37:30 nos collaborateurs soient épanouis si on veut,
00:37:33 en face, que les prestations soient rendues
00:37:35 et soient qualitatives.
00:37:36 -Il y a une particularité, c'est qu'on sait qu'aujourd'hui,
00:37:38 il y a beaucoup d'entreprises françaises,
00:37:39 on en parle beaucoup en ce moment,
00:37:40 qui se font épingler parce qu'elles ne traitent pas très bien,
00:37:42 elles excluent un peu leurs salariés seniors,
00:37:44 comme dirait Serge Guérin, à partir de...
00:37:46 Moi, je pensais que c'était à partir de 55 ans.
00:37:48 Mais vous, vous avez une particularité...
00:37:49 -Au moins à partir de 55 ans, sinon je serais dedans.
00:37:51 -Bien, bien, bien, bien, déjà.
00:37:54 Le groupe Wicker, vous, vous avez une particularité,
00:37:57 je trouve, ce qui est intéressant,
00:37:58 qui est que vous recherchez, en fait, des salariés
00:38:03 plutôt ou plus âgés.
00:38:04 -Voilà. -Âgés.
00:38:05 Pour vous, c'est une opportunité, en quelque sorte,
00:38:07 et vous les recherchez.
00:38:10 -Tout à l'heure, Serge Guérin parlait d'un ministre
00:38:13 qui avait aussi, dans les choses positives qu'il avait faites,
00:38:16 il avait mis en place,
00:38:19 avec le cabinet Vigeo,
00:38:22 une analyse sur la place des seniors dans l'entreprise.
00:38:26 Et nous, on avait fait avec Vigeo justement ça,
00:38:28 et on s'était rendu compte qu'on embauchait
00:38:30 plus de 20 % de salariés de plus de 50 ans.
00:38:34 Et on s'était posé la question...
00:38:37 -C'est beaucoup par rapport au reste des entreprises ?
00:38:39 -Oui, c'est juste beaucoup.
00:38:42 Surtout en embauche.
00:38:43 -Ah oui, en embauche.
00:38:44 -En embauche.
00:38:45 C'est pas en présence...
00:38:46 -C'est pas en stock, c'est en fil.
00:38:48 -Tout à fait. Donc en embauche, on embauchait plus de 20 %
00:38:49 de personnes.
00:38:50 Et on s'était posé la question pourquoi ?
00:38:52 Parce qu'en fait, on n'était pas forcément pro-senior.
00:38:57 Mais juste, on ne faisait pas de discrimination.
00:39:01 En fait, on ne faisait pas de discrimination,
00:39:02 que ce soit sur...
00:39:03 Parce qu'on était très engagés, on est très engagés
00:39:05 depuis le départ sur toute forme de lutte
00:39:08 contre les discriminations.
00:39:10 Et donc on ne fait pas de discrimination
00:39:12 sur le sexe, sur la couleur de peau,
00:39:15 sur l'orientation sexuelle, sur l'orientation religieuse,
00:39:17 sur je sais pas quoi, etc.
00:39:19 Et pas non plus sur l'âge.
00:39:20 Et comme on ne fait pas de discrimination sur l'âge
00:39:22 et que la seule chose qui nous intéressait,
00:39:24 c'était les compétences et l'envie de travailler ensemble,
00:39:26 on s'est retrouvés, un peu comme M. Jourdain
00:39:29 faisait de la prose sans le savoir,
00:39:30 nous, on faisait de l'embauche de personnes seniors
00:39:34 sans le savoir.
00:39:36 Et puis, on a continué ça.
00:39:40 Aujourd'hui, juste pour info,
00:39:42 parce qu'en fait, c'est un truc qui m'a amusé,
00:39:43 c'est qu'on a 25 salariés qui sont nés avant 1950.
00:39:47 Je vais sur le calcul, ça fait plus de 73 ans.
00:39:50 On a 25 salariés actuellement dans nos effectifs,
00:39:53 dont certains qui font de la garde d'enfants,
00:39:58 qui font du ménage, alors du repassage.
00:40:00 On connaît particulièrement une super repasseuse
00:40:02 qui fait ça 15, 20 heures par semaine,
00:40:04 parce qu'en fait, ça la maintient en forme,
00:40:06 ça lui permet de continuer à se sentir utile.
00:40:09 Et puis, on en a même qui s'occupent d'autres personnes âgées.
00:40:11 Et d'ailleurs, en passage, en Australie,
00:40:13 il y a une entreprise qui s'appelle "The Grey Army Service".
00:40:16 -L'armée grise, des cheveux gris.
00:40:18 -Et en fait, ils n'embauchent que les personnes de plus de 50 ans.
00:40:21 Là, c'est une discrimination, c'est une autre forme d'examination.
00:40:24 -Ce qui est intéressant, c'est que par ailleurs,
00:40:27 on a l'impression qu'un monsieur qui a plus de 50 ans,
00:40:30 plus de 60 ans, qui arrive chez une personne âgée,
00:40:33 il sera nommé d'une forme de crédibilité
00:40:35 qu'aura peut-être pas une personne qui a 25 ans.
00:40:37 -Potentiellement, mais ça, c'est aussi une autre forme
00:40:38 de discrimination. -Oui, d'amener des attributs.
00:40:40 -C'est ce que disait tout à l'heure Serge Guérin
00:40:43 quand il parlait du vendeur au supermarché
00:40:45 qui peut s'adresser aussi à des grands-parents.
00:40:47 -En fait, ça donne un élément de plus, qui est de dire
00:40:50 "Moi, je connais aussi les choses dans la relation."
00:40:53 Et puis, effectivement, on a aussi...
00:40:55 Aujourd'hui, on recherche tout particulièrement,
00:40:57 en tout cas, on a une attention toute particulière
00:41:01 pour pouvoir proposer à des seniors
00:41:05 de vivre leur dernière expérience,
00:41:06 leur dernier challenge professionnel,
00:41:09 et si votre dernier challenge professionnel
00:41:10 était de devenir entrepreneur.
00:41:14 Et en fait, on est parti d'un constat
00:41:16 qu'on a vu avec un certain nombre de nos franchisés
00:41:19 qui nous rejoignaient, on a trouvé que le truc était vraiment malin,
00:41:22 ils nous rejoignaient pour aller développer
00:41:26 là où ils avaient envie de passer leur retraite,
00:41:29 donc dans leur village d'origine ou dans leur endroit de vacances,
00:41:33 en se disant...
00:41:35 Ils avaient anticipé le fait
00:41:37 qu'ils connaissaient plus personne de leur village d'origine
00:41:41 ou ils connaissaient pas grand monde
00:41:42 à part des potes de vacances sur le lieu de vacances.
00:41:46 Ils se sont dit "Tiens, je vais aller devenir entrepreneur
00:41:49 dans les salles et salles à personnes
00:41:51 dans mon village de Bretagne,
00:41:55 et ça va me permettre à la fois
00:41:58 de vivre un dernier challenge professionnel,
00:42:00 de me créer un réseau professionnel et social sur place,
00:42:03 et donc d'anticiper de façon extrêmement positive
00:42:07 ma retraite future."
00:42:09 -Donc ces personnes-là, vous les franchisez ?
00:42:12 -Absolument, on les accompagne
00:42:13 pour qu'ils deviennent entrepreneurs en franchise.
00:42:16 -Ce qui est intéressant, c'est que c'est souvent dans des zones
00:42:18 en plus qui sont un peu lointaines, probablement,
00:42:20 parce qu'après, on va plutôt passer sa retraite
00:42:22 dans un endroit plus calme.
00:42:23 -Ce n'est pas forcément les grandes villes.
00:42:26 Ce ne sera pas Paris ou Lyon ou Marseille.
00:42:29 -J'aimerais juste qu'on dise un mot
00:42:31 d'un des labels du groupe Wikia
00:42:33 qui s'appelle Autonomia et que je trouve intéressant,
00:42:36 parce que j'ai l'impression que c'est quelque chose
00:42:37 d'assez unique, me semble-t-il.
00:42:39 Qu'est-ce que c'est, Autonomia ?
00:42:40 -Absolument, on a plusieurs entreprises
00:42:41 qui sont assez uniques.
00:42:42 On a la Silver Alliance aussi, dont on pourra parler,
00:42:45 qui est un truc assez marrant.
00:42:48 Et Autonomia, c'est une entreprise
00:42:50 qui est dédiée à l'accompagnement
00:42:55 des personnes en perte d'autonomie
00:42:59 qui n'ont pas de proches aidants,
00:43:02 juste là, et donc l'entreprise va agir
00:43:06 en tant que proche aidant.
00:43:07 -C'est-à-dire que l'entreprise devient un aidant.
00:43:09 -Oui, l'entreprise ne gagne pas d'argent
00:43:11 sur de la mise en relation ou quoi que ce soit,
00:43:15 va gérer toute la coordination pour s'occuper,
00:43:18 pour permettre à la personne de bien vivre
00:43:19 à domicile.
00:43:20 -Gérer la coordination, ça veut dire gérer la paperasse,
00:43:23 appeler le médecin ?
00:43:24 -Tout, parce qu'en fait, pour pouvoir rester à domicile,
00:43:26 il faut adapter le domicile.
00:43:28 Donc il va peut-être falloir faire des travaux,
00:43:29 il va peut-être falloir faire
00:43:32 une chambre au rez-de-chaussée dans la maison,
00:43:34 il va peut-être falloir faire une salle de bain au rez-de-chaussée,
00:43:36 il va peut-être falloir modifier la salle de bain,
00:43:37 il va peut-être falloir faire des accès qui sont simplifiés.
00:43:40 Donc il y a des aménagements du domicile,
00:43:41 il va falloir pour cela faire des travaux.
00:43:43 Faire des travaux, ça veut dire trouver les artisans,
00:43:45 ça veut dire les suivre, ça veut dire suivre les chantiers,
00:43:46 ça veut dire évaluer le devis, etc.
00:43:49 Il va falloir aussi mettre en place toute une coordination
00:43:52 avec des personnes qui vont intervenir,
00:43:54 avec un ergot, avec un kiné, avec l'infirmière,
00:43:57 avec des services à domicile.
00:43:59 Il va aussi falloir potentiellement
00:44:01 aller chercher des financements, des aides.
00:44:04 Il va falloir aller travailler avec un système de VIAGé ou autre
00:44:09 pour permettre d'avoir les financements nécessaires.
00:44:11 Il va falloir peut-être mettre en place
00:44:14 un ensemble de gérons technologie, de la téléassistance, etc.
00:44:17 Et donc toute cette coordination que font les familles,
00:44:20 généralement, que font les aidants,
00:44:22 vous pouvez le faire si vous êtes
00:44:25 à quelques kilomètres de chez vos parents.
00:44:27 Mais en moyenne, aujourd'hui,
00:44:28 on habite à 273 kilomètres de chez nos parents.
00:44:31 -Ah oui.
00:44:33 -Quand vous habitez à 273 kilomètres,
00:44:34 ça commence à être un peu plus compliqué.
00:44:36 Quand vous habitez à 500 kilomètres, 1 000 kilomètres,
00:44:38 vous pouvez pas faire tout ça,
00:44:39 vous pouvez pas faire toute cette coordination.
00:44:41 Quand vous êtes en plus expatriés,
00:44:43 on n'en parle même pas.
00:44:44 Et donc, il y a un certain nombre de personnes âgées
00:44:47 qui sont placées en institution
00:44:48 parce qu'en fait, on n'a pas le temps,
00:44:50 on ne peut pas s'occuper
00:44:53 de mettre en place toute cette coordination.
00:44:54 Et donc Autonomia gère tout ça.
00:44:57 Là aussi, on se dit qu'on allait faire ça
00:45:00 parce qu'on a écouté des personnes âgées
00:45:03 et on a écouté aussi nos clients.
00:45:04 On a aussi écouté nos clients et certains de nos salariés
00:45:08 qui nous disaient la difficulté qu'ils avaient
00:45:10 à pouvoir gérer cette partie-là.
00:45:12 Au passage, par rapport aux salariés,
00:45:16 aujourd'hui, on fait énormément de choses
00:45:18 par rapport aux salariés qui sont jeunes parents.
00:45:21 Et ça, ça concerne 13 % des salariés.
00:45:23 Il y a 13 % des salariés
00:45:24 qui sont dans une situation de parentalité.
00:45:28 Il y en a 17 % qui sont dans une situation
00:45:30 où ils sont aidants de leurs parents âgés.
00:45:33 Et là, il n'y a pas grand-chose.
00:45:36 Le crédit impôt famille qui permet de prendre en charge
00:45:40 les berceaux, de faire pas mal de choses
00:45:42 pour les jeunes enfants,
00:45:44 il n'y a rien aujourd'hui sur les aidants
00:45:48 qui, pourtant, sont beaucoup plus nombreux
00:45:50 et seront de plus en plus nombreux.
00:45:51 Et donc ce point sur l'aidant,
00:45:53 c'est aussi quelque chose qui peut être extrêmement intéressant
00:45:55 et sur lequel on se penche assez fortement.
00:45:58 -Merci.
00:45:59 J'aimerais à présent vous entendre, Isabelle Le Bot.
00:46:01 Je rappelle que vous êtes directrice générale
00:46:03 de la France Mutualiste, Mutuelle Dépareille Retraite,
00:46:05 qui est, on peut dire, une institution.
00:46:08 En tout cas, une vieille maison, on va dire.
00:46:10 -Une vieille maison.
00:46:12 Et ce qui est intéressant, c'est que votre entreprise
00:46:16 est vraiment en train d'assister à quelque chose qui est historique,
00:46:21 à une espèce de tournant générationnel, historique.
00:46:24 Et vous êtes aux premières loges, si on peut dire.
00:46:26 -Alors, effectivement, de manière un peu plus globale,
00:46:30 déjà, nous, on a un vrai savoir-faire
00:46:32 sur les personnes âgées,
00:46:35 puisqu'on existe depuis 130 ans,
00:46:36 mais surtout, on a une moyenne d'âge de notre portefeuille
00:46:38 qui a plus de 70 ans.
00:46:40 Alors pourquoi ? Parce que nous, on est une maison
00:46:43 qui s'est créée notamment sur un produit
00:46:46 qui s'appelle la Retraite Mutualiste du combattant.
00:46:48 Alors, ça fait pas rêver comme nom.
00:46:49 -Le combattant ? L'ancien combattant ?
00:46:51 -Exactement, parce qu'en fait, on a accompagné,
00:46:53 d'un point de vue financier, tous les contagions d'Algérie.
00:46:56 Et c'est des gens qui, aujourd'hui,
00:46:57 ont à peu près 80 ans en moyenne.
00:46:59 Et donc, voilà. Donc on sait faire.
00:47:02 Alors après, il y a des choses... Et on a un vrai savoir-faire.
00:47:04 Alors là, quand j'entends tout ce que vous dites
00:47:06 sur la Silver Economist, on est des vrais précurseurs.
00:47:08 Et donc, surtout, on a développé un vrai savoir-faire
00:47:10 en termes d'accompagnement de nos adhérents.
00:47:13 Par exemple, on parlait du lien avec M. Guérin tout à l'heure,
00:47:17 du lien social, du relationnel, de l'importance du contact.
00:47:21 Nous, nos adhérents, ils ont le 0,6 de leur conseiller.
00:47:24 Et on a des réseaux qui se déplacent, en fait,
00:47:28 chez nos clients pour discuter avec eux,
00:47:32 pour être dans cette proximité.
00:47:33 Après, on en a aussi qui sont hyper digitaux,
00:47:36 et eux, ils peuvent tout faire sur le digital.
00:47:38 Et je vais vous donner un exemple important aussi.
00:47:40 C'est que, par exemple, alors nous, dans l'assurance,
00:47:42 on est toujours en train d'optimiser nos processus.
00:47:44 C'est un peu notre quotidien.
00:47:46 Et notamment nos bots.
00:47:48 Alors les bots... En plus, moi, je m'appelle le bot.
00:47:49 Enfin, nos bots.
00:47:51 -Les bots, c'est des robots.
00:47:52 -Et maintenant, on est capables, avec l'intelligence artificielle,
00:47:55 en fonction du ton que va employer l'adhérent
00:47:58 quand ils vont nous contacter, de déterminer son âge.
00:48:01 Et du coup, on peut adapter le débit
00:48:04 des personnes qui vont répondre ou des machines qui vont répondre,
00:48:08 le débit, même le...
00:48:11 Oui, c'est ça, le débit, le niveau de son aussi.
00:48:13 -Donc plus la personne est âgée, plus le débit sera...
00:48:16 -On va parler plus lentement et on va parler plus fort.
00:48:19 -D'accord.
00:48:20 -Autre chose, alors ça, c'est beaucoup plus basique.
00:48:23 Vous êtes, aujourd'hui, vous avez 80 ans,
00:48:25 vous recevez un contrat écrit en police 8.
00:48:28 Déjà, le contrat, souvent, il n'est pas hyper clair.
00:48:31 Ca, c'est tout notre talent.
00:48:34 -Les astérisques en dessous sont encore plus petits.
00:48:36 -Par exemple, on va écrire tous nos courriers en police 20.
00:48:40 Alors c'est basique, mais au moins, c'est de l'attention.
00:48:45 Et nous, finalement, notre rôle, en tant qu'assureurs,
00:48:48 c'est d'être dans cette attention.
00:48:50 Et l'autre point aussi qui me semble hyper important,
00:48:53 parce que souvent, on dit âgé, on pense personne âgée,
00:48:56 vulnérabilité, déconseillé financier, pas toujours au top,
00:49:00 on forme aussi nos réseaux à l'identification
00:49:03 de cette vulnérabilité, en fait.
00:49:06 On n'est pas des pousseurs de produits.
00:49:09 On est des gens pour accompagner l'épargne de nos adhérents.
00:49:13 Et ça, je pense qu'en termes de prisme et en termes d'approche,
00:49:16 c'est hyper important.
00:49:18 Ca, je dirais... Et en plus, voilà.
00:49:19 Donc nous, on a ce savoir-faire qui est là.
00:49:21 -Ce qui est pareil en votre cas, c'est que vous êtes donc une mutuelle,
00:49:23 donc vous appartenez à l'économie sociale et solidaire.
00:49:25 -Exactement.
00:49:26 -Vous n'êtes pas le nez rivé sur le chiffre d'affaires.
00:49:30 -Non, non, non. Et on n'est pas sur les dividendes.
00:49:33 -Les dividendes, etc.
00:49:34 Donc vous avez cette possibilité de ne pas...
00:49:37 -Après, de manière plus globale,
00:49:39 quand vous parliez d'effet générationnel,
00:49:40 effectivement, quand on parle de transition démographique,
00:49:43 on parle forcément de planification.
00:49:45 Et donc on regarde un peu plus loin que 2024.
00:49:48 Et là, ce qu'on voit, on va assister à un phénomène
00:49:51 inédit dans l'histoire économique mondiale.
00:49:54 Donc là, aujourd'hui, juste un point.
00:49:57 Les gens de 65 ans...
00:49:59 En vrai, c'est des chiffres mondiaux,
00:50:00 mais je trouve que ça parle beaucoup.
00:50:01 Les gens de plus de 65 ans, aujourd'hui,
00:50:02 détiennent 45 % des actifs sous gestion.
00:50:05 Donc on parle toujours des investisseurs institutionnels.
00:50:07 -Quasiment la moitié de ce qui est actifs sous gestion.
00:50:09 -Exactement.
00:50:10 Et en 2040, ces personnes vont décéder.
00:50:15 Et on va assister à un transfert de richesse mondiale,
00:50:19 mais inédit.
00:50:21 On n'aura jamais vécu ça d'un point de vue historique.
00:50:24 Donc nous, en tant qu'assureurs VIP, il faut qu'on s'y prépare.
00:50:26 Alors ça peut être une opportunité,
00:50:28 mais ça peut être aussi une épreuve,
00:50:29 on va se le dire, entre nous.
00:50:31 Donc il faut qu'on soit d'autant plus
00:50:33 dans cet accompagnement et dans cette anticipation
00:50:37 pour pas voir les capitaux fuir.
00:50:39 -Fuir où, ça ?
00:50:41 -Bah j'en sais rien. Fuir, quoi.
00:50:42 Etre transférés, notamment aux jeunes générations,
00:50:46 parce que vous parliez tout à l'heure
00:50:47 de mix des générations.
00:50:48 Aujourd'hui, on a 4, 5 générations qui cohabitent en même temps.
00:50:51 Et on a des retraités qui, eux,
00:50:52 viennent un petit peu de la génération bénie,
00:50:54 ceux qui sont à la retraite aujourd'hui.
00:50:56 Ils ont vécu les 30 glorieuses.
00:50:57 Ils ont de l'argent.
00:50:59 Ils ont quand même épargné énormément.
00:51:02 Enfin, pareil, les 3 x 60, retenez ça.
00:51:05 Plus de 60 ans en France.
00:51:06 60 % des actifs immobiliers,
00:51:09 60 % des actifs financiers.
00:51:12 Donc les personnes, les retraités aujourd'hui,
00:51:15 c'est eux qui ont une arme redoutable entre les mains,
00:51:18 ils ont l'épargne.
00:51:21 Et ça, il faut pas l'oublier.
00:51:22 Et quand on parle de silver economy,
00:51:24 peut-être qu'on a un rôle à jouer
00:51:26 pour justement amener cette épargne
00:51:29 vers des projets de société
00:51:31 et vers des projets qui servent la communauté et la collectivité.
00:51:36 Parce que ces gens-là, en plus, ils en ont envie.
00:51:38 Ils savent qu'aujourd'hui,
00:51:39 ils sont dans une dynamique sociale et sociétale hyper importante.
00:51:44 Donc ça, c'est un point fondamental.
00:51:46 -Concrètement, parce que là, je comprends.
00:51:48 Qu'est-ce que vous pouvez, vous, la France Mutualiste,
00:51:51 aider à contribuer à faire avec ce tapis ?
00:51:54 -Déjà, les rassurer.
00:51:56 Parce que quand vous interrogez les gens,
00:51:59 ils sont aujourd'hui à la retraite et ils sont hyper angoissés.
00:52:03 Pourquoi ils sont angoissés ?
00:52:04 Ils sont angoissés pour leurs 25 prochaines années,
00:52:06 parce qu'on reste en moyenne, je crois, 25 ans à la retraite.
00:52:09 Et souvent, ça, c'est l'INSEE qui le dit,
00:52:11 la moitié du temps, on risque d'être en mauvaise santé.
00:52:14 Ils ont peur. Ils ont peur pour leurs enfants,
00:52:17 parce qu'ils savent que leurs enfants, ils vont avoir moins d'argent.
00:52:19 On a eu le débat sur les retraites l'année dernière.
00:52:23 Ils ont peur pour leurs petits-enfants,
00:52:25 parce que le marché du travail, il est compliqué.
00:52:28 Ils disent l'intelligence artificielle, tout ça,
00:52:30 qu'est-ce qui va se passer ?
00:52:31 Ils auront plus de boulot, ça va être horrible.
00:52:33 Et puis en plus, on rajoute les femmes là-dedans,
00:52:36 où c'est un sujet aussi, parce que les femmes, hélas,
00:52:38 elles gagnent encore 22 % en moyenne, de moins que les hommes,
00:52:41 et elles vivent plus longtemps à la retraite,
00:52:42 donc elles sont un sujet. Donc ils ont peur.
00:52:44 Et ils ont peur de quoi ? Ils ont peur de manquer d'argent.
00:52:47 C'est vraiment le sujet.
00:52:49 Quand on interroge les personnes à la retraite aujourd'hui,
00:52:50 on leur dit de quoi vous avez peur.
00:52:52 Ils disent qu'on a peur de manquer d'argent.
00:52:53 Pourquoi ils ont peur de manquer d'argent ?
00:52:55 Ils ont peur que les pensions baissent,
00:52:57 même s'ils sont fonctionnaires.
00:52:59 Ils ont peur de la dépendance,
00:53:02 parce qu'ils se disent, ce que disait Guillaume tout à l'heure,
00:53:05 ils ont peur que ça leur coûte hyper cher,
00:53:07 donc ils gardent leur argent.
00:53:08 Et donc ils font quoi ? Ils font de l'épargne de précaution.
00:53:10 Ils mettent sur les livrets bancaires...
00:53:12 Ça va faire plaisir à mon voisin.
00:53:15 -Vous aurez, la parole sera à la défense tout à l'heure.
00:53:19 -Ils mettent sur les livrets bancaires,
00:53:21 ils mettent sur des produits très, très peu risqués.
00:53:24 Donc il faut qu'on les...
00:53:25 Il y a une sorte de... Moi, j'appelle ça la crispation patrimoniale.
00:53:27 Il y a une sorte de crispation autour de ça.
00:53:29 On veut garder le magot, quoi.
00:53:31 Et comment est-ce que, nous, on peut les accompagner
00:53:34 en leur disant, ben voilà, nous, on va construire avec vous
00:53:36 un vrai accompagnement en termes d'épargne
00:53:39 pour que, quand vous aurez besoin de cet argent, il sera bien.
00:53:41 Et cet argent, il sera placé
00:53:43 aussi pour le bonheur de vos petits-enfants.
00:53:46 Donc on va le placer sur des produits verts.
00:53:48 On va donner du sens à cette épargne.
00:53:51 C'est ça, en fait, notre rôle.
00:53:52 Après, on peut inventer des produits.
00:53:54 Là, la loi PAC nous le permet de plus en plus.
00:53:56 Il y a l'épargne, il y a la rente.
00:53:58 Alors quand on parle d'assurance, on parle aussi de dépendance.
00:54:01 Aujourd'hui, on a des produits dépendance
00:54:02 qui sont offerts sur le marché où, finalement, vous payez.
00:54:04 Et puis si, par chance, vous êtes pas dépendants,
00:54:07 c'est de l'argent à fond perdu.
00:54:09 Peut-être qu'on peut réfléchir à des produits,
00:54:11 et ça, nous, on y réfléchit.
00:54:12 Je regarde mon patron des produits qui est là, c'est avec Simon.
00:54:15 On y réfléchit pour se dire, est-ce qu'on peut pas mixer,
00:54:17 épargne, dépendance, trouver des choses intelligentes ?
00:54:21 Donc ça, je dirais, c'est un petit peu les réflexions qu'on a
00:54:23 aujourd'hui pour accompagner, finalement,
00:54:26 nos adhérents et nos futurs adhérents
00:54:28 dans cette dynamique d'épargne.
00:54:30 Et l'autre point qui me semble important,
00:54:31 parce qu'on parle de transition en démographie,
00:54:33 mais parlons aussi de transition écologique.
00:54:36 Et quand on parle aujourd'hui de donner du sens à l'épargne,
00:54:39 nous, moi, j'estime,
00:54:41 en tant que mutuelle d'épargne-retraite,
00:54:45 qu'on a un vrai rôle à jouer là-dedans.
00:54:48 Et je pense que ça peut parler vraiment à nos adhérents
00:54:51 de faire ce lien-là, "j'épargne",
00:54:53 pour le bien des générations futures.
00:54:55 Et c'est ça, je pense, qu'il faut qu'on construise.
00:54:57 Alors c'est pas que du marketing, c'est ça, important.
00:54:59 C'est pas que du marketing.
00:55:00 -Ce qui est intéressant, je reviens sur ce que vous disiez tout à l'heure,
00:55:02 c'est qu'on est face à une transmission patrimoniale
00:55:06 qui est inédite dans l'histoire par son ampleur,
00:55:08 mais en fait, elle arrive déjà avant le décès des personnes,
00:55:10 c'est-à-dire que vous assistez à des transmissions
00:55:12 de grands-parents à petits-enfants,
00:55:14 voire à arrière-petits-enfants.
00:55:16 -Ça, c'est un point important, et c'est vrai que...
00:55:19 Parce qu'en fait, finalement, les gens, aujourd'hui,
00:55:21 quand ils héritent, ils sont souvent déjà à la retraite.
00:55:24 Et du coup, l'héritage, il sert à quoi ?
00:55:26 Il sert à payer la résidence secondaire
00:55:27 ou à la résidence tertiaire.
00:55:30 C'est un peu dommage, parce que c'est pas injecté dans l'économie.
00:55:32 Et donc effectivement, ce qu'on voit de plus en plus,
00:55:35 et ça, je trouve que c'est plutôt une bonne nouvelle,
00:55:37 c'est que cette génération-là peut refuser l'héritage
00:55:40 et passe finalement à la génération d'après.
00:55:43 Et donc, ça permet...
00:55:45 Enfin, c'est mieux, finalement, pour l'économie,
00:55:48 parce que ça va être à des gens plus jeunes,
00:55:49 du coup, qui vont investir, qui vont s'acheter leur maison...
00:55:52 -C'est ce qu'on appelle la donation.
00:55:54 -Ouais, exactement.
00:55:55 Et ce qu'il faut pas oublier, c'est que les personnes âgées,
00:55:57 je disais, elles ont beaucoup d'épargne,
00:55:58 mais elles épargnent beaucoup.
00:56:00 Les gens de plus de 75 ans, ils épargnent 25 %,
00:56:03 c'est 10 % quand on a 40 ans.
00:56:05 Donc voilà, ils ont le magot, et en plus, ils continuent à épargner.
00:56:08 Donc c'est important.
00:56:10 -Et ils épargnent 25 % parce que ce sont les actifs
00:56:13 qui prennent en charge toute la dépendance.
00:56:16 -Oui, c'est ça.
00:56:17 Paradoxalement, c'est ceux qui auraient le plus besoin d'argent
00:56:21 parce qu'ils sont encore actifs, etc., qui payent pour...
00:56:23 -Oui, à travers la location personnalisée d'autonomie.
00:56:26 -Ça, ça peut. Voilà.
00:56:27 -Juste petite question, quand même.
00:56:29 -Tout à fait.
00:56:30 -Je me tourne vers vous, à présent, Xavier Prin.
00:56:33 Je rappelle que vous êtes directeur marketing et communication
00:56:35 de Boursobank.
00:56:36 Boursobank, ce sont 5,5 millions de clients,
00:56:39 qui est connu parce que c'est une banque
00:56:40 qui est très accessible, peu chère.
00:56:43 La moins chère, peut-être.
00:56:45 -Depuis longtemps. -En ligne, voilà.
00:56:47 Et alors, justement, Isabel Le Bot avait commencé un peu à l'évoquer,
00:56:50 mais est-ce que c'est avantageux pour vous
00:56:53 de... comment dire ?
00:56:55 De séduire un public qui, a priori, sera plus prudent
00:56:59 dans ses choix boursiers ?
00:57:03 -Nous, on essaye de séduire tout le monde
00:57:05 et toutes les personnes et tous les Français.
00:57:09 Et juste pour commencer,
00:57:11 c'est marrant d'avoir invité Boursobank à ce débat,
00:57:14 parce qu'on a une image de banque pour les jeunes,
00:57:16 de banque digitale.
00:57:18 Et merci, c'est audacieux et c'est assez malin,
00:57:21 parce que si on regarde l'histoire de Boursorama,
00:57:24 de Boursobank,
00:57:25 on a commencé par des produits d'épargne et de bourse.
00:57:28 Donc nos clients, au départ, il y a 20 ans,
00:57:30 vous l'avez rappelé, c'était plutôt des seniors,
00:57:33 parce que c'est des gens qui ont de l'argent,
00:57:34 qui avaient de l'argent à investir en bourse.
00:57:36 Ensuite, on s'est largement démocratisé
00:57:38 sur la banque au quotidien avec le moyen de paiement,
00:57:41 et c'est ce qui a fait que notre base client
00:57:43 a grossi très fortement.
00:57:45 On a acquis 1,5 million de clients l'année dernière.
00:57:47 Donc c'est essentiellement sur ces produits de banque
00:57:49 au quotidien, donc plutôt des jeunes et des trentenaires.
00:57:54 Et aujourd'hui, les 60 ans, chez Boursorama,
00:57:56 ça représente 10 % à peu près de la base client,
00:57:59 globalement, donc on se dit que c'est très peu.
00:58:01 Mais quand on connaît l'historique de Boursobank
00:58:03 et qu'on regarde plus spécifiquement,
00:58:05 on zoome sur les produits d'épargne,
00:58:07 comme je l'avais dit, ceux qui ont l'argent.
00:58:09 Donc là, évidemment, cette part de marché
00:58:10 est bien plus importante quand on regarde les PEA,
00:58:14 les plans d'épargne en action, les comptes-titres,
00:58:15 les plans d'épargne retraite individuelle,
00:58:17 les assurances-vie, etc.
00:58:19 Donc évidemment que c'est une cible extrêmement captive pour nous.
00:58:22 Et un dernier point là-dessus,
00:58:24 aujourd'hui, notre client, il a 35 ans en moyenne.
00:58:28 Donc en 2050, je voyais le 2049,
00:58:30 en 2050, il aura 60 ans.
00:58:33 Donc nos clients d'aujourd'hui sont les silver de demain.
00:58:36 Donc évidemment que c'est un point d'intention
00:58:39 extrêmement important pour nous.
00:58:42 On rentre en relation avec nos clients
00:58:43 sur une très longue période, en général, dans la banque.
00:58:46 Et nous, on veut pas déroger à cette règle.
00:58:48 -Ce qui est rigolo, c'est que vous avez rajeuni.
00:58:50 Vous avez commencé plutôt élevé dans la pyramide,
00:58:53 et vous avez rajeuni.
00:58:54 Et puis là, à priori, ça va tranquillement revieillir.
00:58:57 -Mais c'était une part extrêmement importante au départ.
00:58:59 Et donc ça veut dire quoi ?
00:59:00 Ca veut dire que, et ça a été dit tout à l'heure par Serge,
00:59:05 enfin, tout ce qui est débat sur est-ce qu'ils sont technophiles,
00:59:07 est-ce qu'ils sont impétents, et tout ça,
00:59:08 nous, on pense qu'à partir du moment
00:59:11 où vous offrez des bons produits pas chers...
00:59:15 Enfin, ils ont les mêmes préoccupations que tout le monde.
00:59:18 C'est le pouvoir d'achat.
00:59:19 Donc nous, on est la banque la moins chère depuis 16 ans,
00:59:21 et sur tous les produits, on essaye d'être le moins cher.
00:59:23 Le plan d'épargne-retraite individuelle chez Boursorama,
00:59:25 ça vous coûte moins de 20 % par an.
00:59:27 On a été assez disruptifs là-dessus.
00:59:29 Quand vous lancez ça, ça intéresse tout le monde,
00:59:30 et notamment cette population-là,
00:59:32 qui a les mêmes préoccupations que les autres.
00:59:34 Et si vous arrivez à faire des parcours simples
00:59:36 sur un téléphone ou sur un ordinateur,
00:59:38 il n'y a aucune raison que ça ne marche pas.
00:59:40 Après, il y a dans ces populations-là
00:59:45 des sujets cognitifs, des sujets dont on a parlé,
00:59:48 et donc, évidemment, il faut s'adapter en accessibilité.
00:59:51 Alors, tout ce que vous avez dit...
00:59:52 -Vous avez aussi des polices de caractère sur votre site.
00:59:54 -Exactement, mais c'est des sujets assez simples.
00:59:56 Et après, les nouvelles technologies,
00:59:59 et vous en avez un petit peu parlé aussi,
01:00:00 au travers de l'intelligence artificielle,
01:00:03 vont nous permettre d'ouvrir un champ du possible énorme
01:00:06 par une relation et un engagement du client,
01:00:09 beaucoup plus dans la conversation,
01:00:11 dans l'accompagnement, sans même avoir besoin de cliquer,
01:00:14 de faire ceci ou cela.
01:00:15 On va poser des questions à son téléphone,
01:00:18 et il va vous répondre de manière pertinente.
01:00:20 C'est des choses, évidemment...
01:00:21 Là, il faut se projeter un petit peu.
01:00:22 On n'en est pas encore aux conseillers
01:00:24 en gestion de patrimoine en intelligence...
01:00:28 Oui, mais on va y aller.
01:00:29 -Vous avez l'air assez confiant.
01:00:31 -Tout ça n'est finalement pas très compliqué.
01:00:33 C'est du temps, c'est des ressources, mais on y va.
01:00:37 Et quand on se met sur une horizon à 10, 20 ans,
01:00:41 on va y aller.
01:00:42 Donc ce qu'on fait aujourd'hui, nous, ça va être...
01:00:44 Effectivement, on investit beaucoup sur notre bot,
01:00:47 mais c'est encore quelque chose d'assez binaire
01:00:49 avec des réponses oui/non pour orienter le client,
01:00:52 mais il est très utilisé aujourd'hui.
01:00:54 C'est 60 % de nos conversations avec nos clients
01:00:56 qui se font par le bot,
01:00:58 avec 85 % de taux de succès dans les réponses.
01:01:01 -Les gens le savent que c'est un bot ?
01:01:02 -Oui, bien sûr.
01:01:04 C'est très clair.
01:01:05 C'est un tchat.
01:01:06 Et ça demande beaucoup de travail pour qu'il soit pertinent,
01:01:10 mais beaucoup de personnes,
01:01:11 plutôt que d'aller chercher tout seul sur le site
01:01:13 ou sur l'application mobile,
01:01:15 c'est quand même un tout petit écran à la fin.
01:01:17 Donc on préfère poser des questions
01:01:20 et rentrer dans une logique conversationnelle.
01:01:22 Et ça va sans doute plus vite.
01:01:24 Et donc, en toute autonomie,
01:01:26 on en a parlé un petit peu de la dépendance,
01:01:29 mais nous, le client, il est autonome,
01:01:32 il fait tout tout seul,
01:01:33 donc ça peut freiner,
01:01:35 mais il est libre de faire ce qu'il veut
01:01:37 depuis son canapé, sur son application notamment.
01:01:41 Mais on essaye de ne pas le laisser tout seul pour faire ça.
01:01:44 C'est-à-dire qu'on essaye de lui apporter
01:01:45 un maximum de contenu
01:01:48 pour qu'il puisse prendre sa décision
01:01:50 de manière libre et éclairée.
01:01:52 Et donc ça passe par beaucoup de webinaires
01:01:54 où on fait appel à des experts
01:01:56 pour venir échanger avec lui en vidéo sur des sujets.
01:02:00 On essaie de faire beaucoup de pédagogie,
01:02:02 on agrège un nombre de contenus invraisemblable
01:02:04 chez Boursorama,
01:02:05 ce qui est un des piliers, d'ailleurs,
01:02:07 de Bourso depuis l'origine.
01:02:09 Donc voilà.
01:02:12 Oui, pour répondre à votre question,
01:02:13 oui, c'est une population...
01:02:14 -Je reprends ma question initiale.
01:02:16 Est-ce que c'est une population
01:02:17 qui va avoir une gestion prudente ?
01:02:20 Peut-être un peu trop prudente pour une banque ?
01:02:24 -Le trop ou pas assez,
01:02:25 ça dépend vraiment de son profil, de ses objectifs.
01:02:28 Nous, on essaye juste d'expliquer,
01:02:30 de définir le profil de risque du client,
01:02:33 quel que soit son âge,
01:02:34 et d'investir en conséquence,
01:02:36 donc de pousser le produit
01:02:38 ou les bons supports d'investissement
01:02:40 en fonction de la prise de risque qu'il a envie de faire.
01:02:42 C'est vrai que globalement,
01:02:45 les personnes plus âgées et les femmes
01:02:49 ont tendance à avoir des comportements plus prudents,
01:02:52 mais franchement,
01:02:55 tenter d'obtenir un rendement de 5 %
01:02:56 tous les ans pendant 30 ans,
01:02:58 ça fait beaucoup d'argent à la fin,
01:02:59 et éviter les sous-brosseaux des marchés financiers,
01:03:01 c'est vraiment pas idiot.
01:03:03 Et nous, évidemment que ça nous intéresse,
01:03:04 parce que nous, on essaye d'engager nos clients
01:03:07 dans une démarche de long terme,
01:03:08 à commencer par faire de l'épargne de précautions
01:03:11 pour se mettre une petite réserve de trésorerie
01:03:14 disponible à tout moment,
01:03:15 et après, prendre un peu plus de risques
01:03:17 sur un horizon plus lointain.
01:03:20 Voilà. Donc ça, effectivement, ils sont plus prudents,
01:03:22 mais nous, ça nous va très bien,
01:03:24 notamment sur des produits de retraite.
01:03:27 -Parce que ça vous permet aussi de fidéliser.
01:03:28 C'est des gens qui vont pas...
01:03:30 -Excusez-moi, je ne peux pas te compléter.
01:03:32 Je pense qu'on a aussi un rôle en tant que banquier assuré
01:03:34 aussi sur l'éducation financière,
01:03:36 parce que ce dont on se rend compte,
01:03:37 c'est que finalement, les Français, en général,
01:03:40 ont un niveau d'éducation financière assez faible,
01:03:43 et c'est encore plus marqué chez les femmes,
01:03:45 ce qui est quand même dommage,
01:03:46 parce que comme je disais tout à l'heure,
01:03:47 elles ont moins d'argent à la retraite,
01:03:48 et en plus, elles vivent plus longtemps.
01:03:50 Donc je pense que là, on peut aussi avoir une place à prendre
01:03:53 pour être toujours dans cet accompagnement, finalement,
01:03:55 et améliorer cette connaissance qui est fondamentale.
01:03:59 -Et par exemple, le groupe...
01:04:00 Votre groupe participe à cette pédagogie-là ?
01:04:02 -Oui, on essaye.
01:04:04 Par exemple, on en parlait hier, pas plus tard,
01:04:06 avec Madiercom, on est en train de...
01:04:08 Alors c'est pareil sur les personnes âgées,
01:04:09 mais aussi, finalement, ce qu'on se rend compte,
01:04:11 c'est assez intéressant sociologiquement,
01:04:13 c'est que les épargnants d'aujourd'hui,
01:04:15 leurs descendants vont épargner de la même manière.
01:04:18 Et ça, c'est très...
01:04:20 Il y a une espèce d'atavisme autour de l'héritage
01:04:23 que je trouve assez intéressant.
01:04:25 Et du coup, nous, on essaye de parler aux petits-enfants,
01:04:29 et donc, par exemple, là, on fait un petit jeu de loi
01:04:31 pour expliquer ce que c'est l'épargne à un enfant de 10 ans.
01:04:34 Enfin voilà, donc on essaye...
01:04:35 -10 ans ? Ah oui, des 10 ans.
01:04:36 -On essaye de faire des choses comme ça,
01:04:38 parce que plus vous vous épargnez tôt, comme le disait monsieur,
01:04:40 plus vous pourrez être serein pour votre avenir et votre fin de vie.
01:04:44 Donc voilà, c'est un petit peu la logique.
01:04:47 -Dernière question, donc, Xavier.
01:04:49 -Sur les questions, parce qu'il faut qu'on s'y mette tous.
01:04:51 Et donc, nous, on fait ça depuis très longtemps.
01:04:53 -Qu'est-ce que vous faites, vous ?
01:04:55 -Nous, c'est la base de la base.
01:04:57 On est une banque,
01:04:58 mais on a aussi un portail d'informations financières
01:05:01 qui est boursorama.com.
01:05:02 Et donc, on a une quantité de contenus,
01:05:05 on a 70 fournisseurs de contenus sur toutes les thématiques.
01:05:09 On fait beaucoup de vidéos, on fait beaucoup de guides,
01:05:11 on fait beaucoup de simulateurs,
01:05:12 on fait beaucoup d'outils d'aide à la décision.
01:05:17 On a des outils aussi de gestion de patrimoine
01:05:19 sur le site et sur l'application.
01:05:23 Et on fait beaucoup de rencontres virtuelles avec nos clients
01:05:26 pour les accompagner, leur apprendre à mieux gérer leur argent.
01:05:30 Ca, c'est un peu l'ADN de Boursorama depuis 20 ans.
01:05:34 Et on fait appel à plein de gens
01:05:35 pour essayer de nous accompagner sur le sujet.
01:05:37 Il y a même un bourse au campus. -C'est un média.
01:05:39 -C'est un média, c'est une banque,
01:05:40 c'est une bestiole un peu particulière, c'est vrai.
01:05:42 Mais qui...
01:05:44 Enfin, voilà. Comme notre client,
01:05:46 tout le modèle est basé sur le fait que le client est autonome,
01:05:50 ce qui nous permet de lui rendre un maximum de valeur par le prix,
01:05:53 évidemment, tout ce qui va contribuer à l'aider
01:05:56 à prendre sa décision de manière, encore une fois,
01:05:58 libre et éclairée, comme je le disais tout à l'heure,
01:06:00 est fondamental dans notre modèle.
01:06:01 Donc, c'est toujours plus de contenu
01:06:03 dans des canaux, dans des formes qui, évidemment, s'élargissent.
01:06:07 Aussi, sur les réseaux sociaux, beaucoup aujourd'hui,
01:06:11 ce qui concerne peut-être un petit peu moins la cible, là...
01:06:14 Vous n'aimez pas le terme, mais...
01:06:16 Cette population-là, et encore.
01:06:19 Donc, voilà, nous, c'est natif, quelque part, cette éducation,
01:06:21 mais on n'en fait jamais assez.
01:06:23 Et pareil pour les...
01:06:25 Enfin, ce problème d'éducation financière,
01:06:27 il est notamment chez les jeunes et chez les femmes.
01:06:29 Et c'est aussi un axe de travail très fort chez Bourse aux banques,
01:06:33 parce qu'on est très...
01:06:34 D'abord, c'est par intérêt,
01:06:35 parce qu'il y a la moitié de nos clients qui sont des clientes
01:06:38 et qui s'occupent très mal d'elles parce qu'elles n'investissent pas.
01:06:41 Elles s'occupent très bien de plein de trucs,
01:06:43 mais individuellement, désolé, il y a une vraie lacune.
01:06:48 Donc, on essaye de faire...
01:06:49 -Je ne vais pas vous excuser.
01:06:50 -On essaye de faire plein de choses avec plein d'associations,
01:06:53 avec plein de médias sur les femmes et l'argent
01:06:58 qu'on met en avant dans nos vitrines
01:07:00 via notre banque et notre média.
01:07:03 Et les jeunes, c'est la même chose.
01:07:06 Donc, voilà, il y a plein de choses
01:07:07 qui vont être engagées en 2024 là-dessus
01:07:10 pour les aider, accompagner.
01:07:11 Et après, c'est compliqué.
01:07:13 -Après, il y a un truc aussi que je trouve important à dire,
01:07:16 c'est que nous, on raisonne,
01:07:19 que ce soit Xavier, moi,
01:07:21 avec nos rationnels d'assureurs, de banquiers, etc.
01:07:25 Et moi, de temps en temps, j'aime bien ce que vous disiez, Serge,
01:07:27 c'est qu'on se remet un peu dans la réalité.
01:07:30 Moi, j'ai un bon exemple, j'ai ma mère.
01:07:33 Donc, ma mère, elle a 82 ans, elle ne comprend rien à l'épargne.
01:07:36 Elle a un petit peu d'argent.
01:07:38 Et l'autre fois, elle me montre ces trucs,
01:07:39 je lui dis "Mais pourquoi t'as pris ça ?"
01:07:41 Il était tellement gentil, le conseiller.
01:07:44 Et finalement, il faut pas qu'on oublie ça aussi, en fait.
01:07:48 Et le côté émotionnel, relationnel, il est souvent très important.
01:07:52 Voilà, c'est juste une petite blague,
01:07:53 mais je la trouve intéressante.
01:07:55 -C'est inquiétant, un peu, aussi.
01:07:57 C'est un peu inquiétant, aussi.
01:07:58 -Mais elle n'est pas vulnérable.
01:08:00 Elle est vulnérable à la gentillesse.
01:08:02 Donc, on peut dire que c'est quand même, effectivement...
01:08:05 J'aimerais bien qu'on entre un peu
01:08:06 dans le plus moyen et long terme, maintenant.
01:08:09 On a parlé de vos stratégies.
01:08:10 Je reviens vers vous, Guillaume Richard.
01:08:11 On a parlé, en l'ouverture de cette matinée,
01:08:14 de la Silver Alliance.
01:08:15 Vous êtes un des membres fondateurs,
01:08:16 un des piliers de la Silver Alliance.
01:08:18 Qu'est-ce que c'est, au fond, la Silver Alliance ?
01:08:20 Voilà, c'est-à-dire que là, on a évoqué...
01:08:22 Mais, en fait, par quoi ça passe ?
01:08:24 À quoi ça ressemble ? Qu'est-ce que c'est que cette créature ?
01:08:26 -Alors, la Silver Alliance, c'est quelque chose
01:08:28 que j'ai imaginé dans le début des années 2010
01:08:31 et qui s'est concrétisé en 2017-2018, à peu près.
01:08:37 Le conseil est extrêmement simple.
01:08:39 C'est ce que j'ai dit tout à l'heure,
01:08:40 c'est que quand on intervient au domicile des personnes âgées,
01:08:42 parfois, on a l'impression
01:08:43 d'être un pansement sur une jambe de bois,
01:08:46 parce qu'en fait, en fournissant juste
01:08:47 des services à domicile,
01:08:49 on ne réussit pas à fournir tout ce dont la personne a besoin
01:08:55 pour bien vivre et bien vivre chez elle.
01:08:57 Et donc, on est seulement une des pièces du puzzle.
01:09:00 Il faudrait, en plus des services à domicile que nous proposons,
01:09:04 il faudrait de l'aménagement du domicile,
01:09:07 une douche adaptée, il faudrait un monte-escalier,
01:09:11 il faudrait des gérants technologiques,
01:09:12 il faudrait aussi des éléments sur mieux comprendre sa retraite,
01:09:17 il faudrait des éléments pour financer, etc.
01:09:21 Et être tout seul, on n'avait qu'une pièce du puzzle.
01:09:25 Et donc, on s'est dit,
01:09:27 on va s'associer avec les meilleurs acteurs du marché
01:09:31 dans chacun des secteurs
01:09:34 pour pouvoir tous, tous ensemble,
01:09:36 constituer le puzzle, parce que moi, j'ai une pièce du puzzle,
01:09:39 mais un acteur de la téléassistance
01:09:40 a une autre pièce du puzzle, un acteur santé a une autre pièce,
01:09:44 un acteur de l'aménagement du domicile a une autre pièce, etc.
01:09:46 Et donc, on s'est réunis
01:09:48 entre entreprises de la silver economy
01:09:54 complémentaires qui se reconnaissent tous.
01:09:57 Et donc, on a créé
01:09:59 quelque chose qui est, à ma connaissance, unique au monde,
01:10:04 qui est une alliance entre entreprises.
01:10:06 -Combien d'entreprises ?
01:10:07 -Aujourd'hui, il y a une petite quarantaine d'entreprises
01:10:11 qui vont toutes couvrir un champ complémentaire
01:10:15 qui permettent ce bien-vivre, bien-vivre à domicile.
01:10:18 Et avec...
01:10:20 Donc ça, c'est le côté pour les personnes âgées,
01:10:25 mais aussi le côté pour les entreprises.
01:10:26 C'est que les entreprises vont y trouver un intérêt
01:10:29 en se rassemblant au sein d'un club d'adhérents,
01:10:37 en se reconnaissant les uns les autres,
01:10:39 en partageant des bonnes pratiques,
01:10:41 en partageant des moyens de communication
01:10:42 et de commercialisation,
01:10:43 parce qu'en fait, on a tous les mêmes cibles, en l'occurrence.
01:10:48 On intervient tous auprès de ces personnes âgées.
01:10:51 Et une des énormes problématiques de la silver economy,
01:10:54 c'est le coût de commercialisation.
01:10:57 Quand vous commercialisez une géronde technologie
01:11:02 qui va aider à mieux vivre,
01:11:04 mais que votre produit coûte 15 ou 20 euros
01:11:08 et que vous devez le commercialiser
01:11:10 auprès de centaines ou de milliers,
01:11:11 de dizaines de milliers de personnes,
01:11:13 votre coût de commercialisation, il est monstrueux.
01:11:16 Et si vous pouvez le répartir et le mutualiser en se disant
01:11:20 "Tiens, il y a cette entreprise qui voit chaque année
01:11:24 "10 000 personnes âgées en direct,
01:11:26 "l'autre, elle en voit 5 000, l'autre, elle en voit 15 000..."
01:11:28 A la fin, tous ensemble, on en voit 200 000, 300 000, 400 000.
01:11:32 Et si on peut aussi dire
01:11:35 "Voilà, moi, je suis capable de vous apporter une pièce
01:11:39 "et il y en a des autres qui sont capables de vous apporter
01:11:40 "les autres pièces."
01:11:41 Ce sont des boîtes qui sont toutes hyper sérieuses,
01:11:44 qui font toute partie, à minima, des 3 meilleurs de leur segment.
01:11:48 -Elles sont un peu "labellisées" par vous.
01:11:49 -Elles sont "labellisées".
01:11:50 En fait, c'est un peu le truc de Sun
01:11:52 validé par les grandes marques de machines.
01:11:54 Nous, on est tous validés les uns par les autres.
01:11:56 C'est un peu comme dans la cité de la peur,
01:11:58 vous pouvez tromper... Enfin, vous pouvez tromper...
01:12:01 Bref, s'il y a 40 boîtes qui vous...
01:12:04 -Je pensais pas qu'on parlerait des nuls ce matin. Bravo.
01:12:07 -Si vous avez 40 boîtes qui vous valident
01:12:10 et qui disent "Ce sont des gens sérieux,
01:12:13 "vous pouvez leur faire confiance."
01:12:14 Et j'ai tellement confiance que je suis capable
01:12:16 de vous préconiser cette boîte aussi
01:12:18 parce que ce sont des gens sérieux.
01:12:20 Eh bien, ensemble, en fait, on fait ça.
01:12:23 Et puis, au fur et à mesure, on avance là-dedans.
01:12:26 On a aussi...
01:12:27 Benjamin, qui est mon associé en la matière,
01:12:30 a aussi derrière développé quelque chose
01:12:32 qui s'appelle "Rêve de seigneur"
01:12:33 parce qu'il n'y a pas d'âge pour rêver.
01:12:36 -C'est quoi, "Rêve de seigneur" ?
01:12:37 -En fait, ça permet d'exaucer des rêves
01:12:40 de personnes qui sont très seigneurs.
01:12:43 Il y a une personne qui a été volée avec des oies
01:12:47 et une personne qui a été faire un saut en parachute
01:12:51 à 82 ou 84 ans.
01:12:53 Voilà, c'est se dire qu'il n'y a pas d'âge pour rêver.
01:12:57 C'est pas parce que...
01:13:00 Il y a plein de choses qu'on peut faire
01:13:02 qui ne sont pas liées à l'âge.
01:13:05 On doit toujours avoir des projets.
01:13:07 D'ailleurs, il n'y a pas longtemps,
01:13:09 il y avait un ancien président de la République,
01:13:10 pas celui que vous avez évoqué,
01:13:11 qui faisait une vidéo qui était extrêmement intéressante là-dessus
01:13:14 sur...
01:13:16 Voilà, je vois ma mère, je lui dis que je vais me marier avec Carla.
01:13:20 Vous aurez reconnu le président, en l'occurrence.
01:13:22 Et ma mère, elle me dit "mais t'es trop vieux".
01:13:24 Je lui dis "mais non, il n'y a pas d'âge pour rêver,
01:13:26 il n'y a pas d'âge pour faire des choses,
01:13:27 il n'y a pas d'âge pour s'engager, il n'y a pas d'âge pour aimer".
01:13:29 Et il a raison, sur ce point-là, en tout cas.
01:13:32 Sur les autres, je vous laisserai à votre libre appréciation.
01:13:35 Mais en l'occurrence, se dire "il n'y a pas d'âge pour rêver,
01:13:38 il n'y a pas d'âge pour aimer, il n'y a pas d'âge pour avoir des projets".
01:13:41 Vous continuez à vivre tant que vous avez des projets,
01:13:43 tant que vous êtes utile, tant que...
01:13:44 C'est aussi tout le sens de ce qu'on a fait avec notre faire ensemble.
01:13:48 Tant que vous êtes utile,
01:13:49 tant que vous pouvez encore avoir des rêves, des projets, des envies.
01:13:54 Voilà, ça, c'est vachement important.
01:13:56 Ça, c'est vachement important.
01:13:58 Et donc, on a travaillé sur "Rêve de seigneur",
01:14:02 qui est aussi un des éléments, et puis on s'est dit...
01:14:06 Dans la Silver Alliance, il y a des entreprises qui sont plus grosses,
01:14:10 des entreprises qui sont plus petites et des start-up.
01:14:14 On a cet aspect d'entraide entre nous, de partage de bonnes pratiques,
01:14:17 parce qu'on n'est pas concurrents, aucun d'entre nous ne sommes concurrents.
01:14:19 -C'est ça. Vous ne vous cannibalisez pas les uns des autres.
01:14:21 -Pas du tout.
01:14:23 Et en fait, c'est quasiment que les entreprises françaises...
01:14:25 Donc, dans un premier temps, on s'occupe de la France,
01:14:28 et puis après, l'objectif, c'est de partir à la conquête du monde.
01:14:31 -Demain, le monde. -Oui.
01:14:32 -Pour le moment. -Et alors, ce qui est intéressant,
01:14:35 c'est que vous allez lancer aussi un fonds d'investissement.
01:14:37 -C'est ça. C'est-à-dire qu'on s'est occupé des start-up,
01:14:39 et on s'est dit, tiens, on va compléter l'écosystème
01:14:45 en permettant à certaines start-up de lever de l'argent
01:14:49 pour pouvoir continuer à se développer.
01:14:51 Et puis le 3e pan qu'on est en train de créer aussi,
01:14:54 c'est un accompagnement, une cabine de conseil
01:14:58 sur cette transition démographique
01:15:00 et sur cet accompagnement sur la Silver Economy.
01:15:02 -Donc là, demain, vous allez conseiller toutes les entreprises...
01:15:05 -Notamment, on pourra, dans les entreprises de la Silver Alliance
01:15:08 et puis les entreprises qui sont intéressées,
01:15:10 tirer tous les enseignements que l'on peut avoir
01:15:13 sur cette économie du vieillissement
01:15:16 et cette transition démographique,
01:15:18 qui est au moins aussi importante que la transition écologique
01:15:20 dont tout le monde nous parle, mais la transition démographique,
01:15:22 c'est aussi une certitude qui va arriver.
01:15:23 On en parle beaucoup moins. -C'est certain.
01:15:25 Isabelle Le Bot, vous le disiez tout à l'heure,
01:15:29 votre groupe, c'est la France Mutualiste,
01:15:33 vous avez beaucoup de réseaux de proximité,
01:15:34 c'est très humain,
01:15:35 il y a une importance humaine que vous laissez, justement,
01:15:40 parce que c'est important.
01:15:43 L'arrivée de l'IA, pour vous, comment vous la voyez
01:15:46 dans votre travail, l'arrivée de cette numérisation, etc. ?
01:15:50 Avec votre clientèle, comme vous disiez,
01:15:52 qui est particulièrement âgée, est-ce que...
01:15:55 -En fait, on la voit à plusieurs manières.
01:15:57 On la voit, surtout, comme on en a parlé en début de séquence,
01:16:01 sur l'optimisation de nos process,
01:16:04 mais surtout, on la voit...
01:16:05 Moi, déjà, je déteste le mot "intelligence artificielle".
01:16:08 J'aime bien, parce que ça fait peur, en fait,
01:16:10 un espèce de truc.
01:16:11 En plus, vous regardez "Chad G. Beatty",
01:16:13 vous mettez des trois petits points,
01:16:14 on a l'impression que c'est quelqu'un de vrai qui vous répond,
01:16:16 c'est une espèce de mélange anthropomorphique.
01:16:18 Moi, je trouve que ça fait un petit peu peur.
01:16:20 Donc moi, j'aime bien parler d'algorithme.
01:16:21 Donc effectivement, on utilise de l'algorithme,
01:16:23 parce que finalement, l'intelligence artificielle,
01:16:24 c'est de l'analytique, ça ne couvre pas du tout
01:16:27 toutes les intelligences, notamment intelligence affective,
01:16:29 et ça, ça peut faire, par rapport aux personnes âgées,
01:16:31 c'est aussi quelque chose dont on se méfie, quoi.
01:16:33 Parce qu'on n'a pas parlé de la solitude,
01:16:35 on a parlé que des choses très positives,
01:16:37 mais aussi beaucoup de personnes âgées qui sont seules.
01:16:39 Vous avez une machine qui lui dit "je t'aime",
01:16:40 non, non, c'est pas la machine, en fait,
01:16:42 elle t'aime pas, la machine.
01:16:43 Enfin voilà, il faut faire attention, en fait.
01:16:45 Et pourquoi je dis ça ?
01:16:46 C'est qu'il faut faire attention à plusieurs...
01:16:48 Parce que les algorithmes, aujourd'hui,
01:16:49 en tout cas sur Earth, c'est un peu dans notre quotidien,
01:16:51 donc on en sort des modèles de tarification,
01:16:53 on en sort plein de choses,
01:16:55 il faut qu'on fasse attention au biais cognitif, quoi.
01:16:57 Et pas parce qu'on va avoir des seniors
01:17:00 qui vont moins sur Internet,
01:17:02 qui vont avoir des comportements peut-être moins identifiés, etc.
01:17:05 Il faut qu'on fasse attention à ce que nos modèles
01:17:07 ne deviennent pas des modèles discriminants.
01:17:09 Donc je pense qu'en tant qu'entreprise,
01:17:11 en tout cas, on a une réflexion chez nous...
01:17:13 -Plus concrètement, c'est quoi le biais cognitif ?
01:17:14 -Bah j'en sais rien, ça peut être des exemples...
01:17:16 Vous savez, on a tous entendu parler de Amazon
01:17:20 qui recrutait moins de femmes
01:17:21 parce que leur modèle de recrutement
01:17:23 faisait que les informations qu'ils avaient rentrées,
01:17:26 parce que l'intelligence artificielle, l'algorithme,
01:17:27 ils travaillent sur des données qui existent, en fait.
01:17:30 Et du coup, il faut qu'on fasse attention à ça.
01:17:33 Ça peut être une discrimination par l'âge,
01:17:35 une discrimination par le comportement, etc.
01:17:37 Et donc, il faut surtout pas laisser ça à la main d'AIDSI,
01:17:40 parce que là, on est morts.
01:17:43 Donc voilà, il faut vraiment qu'on ait dans les entreprises,
01:17:45 et nous, on y réfléchit, en tout cas,
01:17:47 à une espèce de comité transversal
01:17:49 autour de ces problématiques-là
01:17:51 pour que finalement, toute cette IA,
01:17:53 ces algorithmes, ils servent vraiment la cause
01:17:55 et qu'ils soient vraiment en accompagnement
01:17:57 d'une approche très humaine.
01:17:59 Voilà, c'est un petit peu l'affection qu'on a.
01:18:01 -Ce n'est pas l'algorithme qui décide tout ça.
01:18:03 -Et protection, faisant attention.
01:18:06 C'est un petit peu ça.
01:18:07 -Xavier Prince, si on réfléchit à longue échéance,
01:18:11 vous disiez, il va y avoir le vieillissement naturel
01:18:14 de votre clientèle.
01:18:15 Est-ce que vous avez, justement, des réflexions
01:18:18 pour les accompagner peut-être différemment ?
01:18:20 Parce qu'une relation longue,
01:18:22 c'est peut-être pas la même chose qu'une relation qui démarre.
01:18:25 Comment ça se passe chez vous ?
01:18:26 -Oui, il y a ça.
01:18:27 Puis il y a aussi l'IA.
01:18:28 Alors moi, je partage un peu la perception un peu négative
01:18:33 autour de ce terme-là.
01:18:34 Mais ce qui est, par contre, une certitude,
01:18:36 c'est que dans les 5, 10, 15 ans à venir,
01:18:38 ça va prendre une place considérable.
01:18:41 Et donc, nous, on commence déjà à beaucoup y travailler.
01:18:46 Alors on est dans un métier très chiant pour tout le monde.
01:18:49 Ca fait chier de parler de finances.
01:18:51 On n'a pas envie de s'en occuper.
01:18:52 Donc on a envie de trucs extrêmement simples.
01:18:54 On a envie d'en profiter.
01:18:55 L'argent, c'est pour le temps libre.
01:18:57 Et savoir où je dois investir, comment le faire, etc.
01:19:01 C'est pas forcément la première tâche
01:19:02 qu'on a envie de faire le week-end.
01:19:04 Et donc, on pense, nous, que pour ce...
01:19:06 En tout cas, dans ce domaine-là, ça peut apporter beaucoup
01:19:11 pour très rapidement analyser la situation du client,
01:19:16 son historique, tous ses comptes, etc.
01:19:18 Et en retirer une valeur immédiate rapide pour lui
01:19:22 avec une action à réaliser en 3 clics qui ira dans son sens
01:19:26 et qui lui fera gagner de l'argent ou lui apportera de la valeur.
01:19:30 Et ça, évidemment, que cet outil-là,
01:19:32 qui est d'une puissance colossale...
01:19:34 -Et qui n'est qu'à son début.
01:19:35 -Qui n'est qu'à son début.
01:19:37 Offre des perspectives extrêmement intéressantes.
01:19:39 Après, une fois qu'on a dit ça
01:19:41 et qu'on se met un peu les mains dans le cambouis,
01:19:42 on se rend compte de la difficulté de la tâche.
01:19:44 Evidemment, il ne faut pas laisser ça au DSI.
01:19:46 Il faut partir du besoin du métier ou du client
01:19:50 pour essayer d'y répondre avec des use case pertinents.
01:19:53 Mais ça, ça a demandé beaucoup de temps et on n'y est pas du tout.
01:19:56 Par contre, je vois pas, avec le temps,
01:20:00 ce qui nous empêcherait, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:20:02 d'avoir des conseillers en gestion totalement virtuels.
01:20:05 Mais quelque part, le client se fout qu'il soit virtuel,
01:20:08 sauf s'il lui prend des produits parce qu'il était sympa.
01:20:10 Mais à la fin des fins, pour servir l'intérêt du client...
01:20:12 -L'intelligence artificielle, elle va pas être sympa.
01:20:15 -A partir du moment où elle est sympa
01:20:17 et où elle prodigue un bon conseil, pourquoi pas ?
01:20:20 Donc nous, on est surtout là-dessus.
01:20:23 -Est-ce qu'il y a des questions, des remarques ?
01:20:25 Il est 10h02, donc nous sommes...
01:20:28 Madame, alors ça serait bien que vous parliez dans le micro
01:20:31 parce qu'il y a aussi des gens qui vont nous regarder en replay après.
01:20:34 Nous sommes extrêmement modernes dans cette entreprise.
01:20:38 Et donc, voilà.
01:20:39 -Bonjour. Je m'appelle Arabella Ignatieff.
01:20:46 Et en fait, je trouve ça très intéressant,
01:20:48 ce que vous êtes en train de dire.
01:20:50 Il y a une personne dont vous n'avez pas beaucoup parlé.
01:20:53 -Parlez bien dans le micro.
01:20:55 -Ce sont les aidants.
01:20:56 En fait, vous expliquez qu'ils sont autonomes.
01:21:00 OK, vous, personnes âgées.
01:21:01 Alors effectivement, il y a un côté un peu Lady Gaga,
01:21:06 au départ, de la vieillesse, assez sympa, style, cool.
01:21:10 Il y avait un magazine aux Etats-Unis.
01:21:12 En plus, ma mère a Ice & Mer.
01:21:15 Donc je vois vraiment les différents stages,
01:21:17 qui s'appelaient Zoomer.
01:21:19 Alors là, c'est tout ce que vous pouvez imaginer
01:21:23 de la femme âgée, mais dynamique.
01:21:28 Pas uniquement la femme, mais de plus de 80, sublimement belle,
01:21:32 qui va poser pour Vogue.
01:21:34 Vous voyez le genre.
01:21:35 Puis vous avez une autre partie, après les graduations,
01:21:40 où moi, j'appelle plus ça le côté Lady Gaga,
01:21:42 j'appelle ça Gagaland.
01:21:44 -Oui.
01:21:45 -Et entretemps, entre Lady Gaga et Gagaland,
01:21:49 déjà, entre Lady Gaga, vous aidez vos parents,
01:21:52 vous trouvez ça sympathique, vous trouvez ça super cool.
01:21:58 Et là, vous allez à la banque avec votre mère,
01:22:00 parce qu'elle se rappelle plus de son code de carte bleue,
01:22:04 et le directeur de la banque vous regarde,
01:22:09 et je n'en nommerai pas, c'est CIC,
01:22:12 et vous... Excusez-moi, c'est pas CIC, c'est LCL,
01:22:15 je me confonds.
01:22:17 Il vous regarde et dit...
01:22:18 -Vous aurez donc deux procès après.
01:22:21 -Votre mère, elle n'est pas capable de connaître son code.
01:22:25 Alors vous voyez, j'avais ma mère à côté,
01:22:27 j'avais l'air un peu...
01:22:28 Non, elle n'est pas capable, t'as pas compris.
01:22:31 Et si vous voulez, j'étais dans la même banque,
01:22:33 mais moi, en tant qu'étant naturelle,
01:22:35 quand je vois la manière dont ma mère est traitée,
01:22:38 je trouve ça...
01:22:40 J'ai changé de banque.
01:22:41 Je suis partie d'ailleurs au CIC.
01:22:43 Ca, c'est autre chose.
01:22:45 -Il a intérêt à bien se tenir, le CIC.
01:22:47 Ce qui est intéressant, ce que vous dites,
01:22:49 c'est qu'effectivement, c'est ce qu'on disait
01:22:51 au cours de ces échanges, il est important aussi
01:22:53 que les salariés comprennent
01:22:56 qu'il y a des nouvelles problématiques,
01:22:57 et qu'on peut bouger son code de carte bleue.
01:22:59 -Et que, par exemple, dans les banques,
01:23:01 il n'y a rien qui est fait pour les aidants naturels.
01:23:04 C'est assez spectaculaire.
01:23:08 Là, par exemple, ma soeur et moi, on est les deux aidantes naturelles,
01:23:11 on doit gérer le compte de ma mère.
01:23:13 Impossibilité de mettre les deux sur le compte de maman.
01:23:17 Alors si, ma soeur a la procuration,
01:23:19 mais parce qu'Internet ne fonctionne pas,
01:23:22 ça fait 7 ans que j'en parle dans les banques différentes,
01:23:26 et là, on me regarde comme ça.
01:23:27 Alors ça, c'est la 1re étape, Lady Gaga,
01:23:30 encore un peu drôle, style, tout ce que vous voulez.
01:23:33 -On sent que ça va devenir moins drôle, là, maintenant.
01:23:35 -Et alors là, vous avez l'autre étape.
01:23:38 Et alors... Ah oui, dans l'étape Lady Gaga,
01:23:42 on, justement, soi-disant, voit une entreprise
01:23:46 qui a un projet hyper brillant.
01:23:48 Je suis preuve de marketing aussi, donc c'est pour ça que ça me fait rigoler.
01:23:52 Et une montre pour arriver à tracer votre mère,
01:23:56 parce qu'elle peut se barrer, etc.
01:23:59 Alors là, la montre arrive, la montre de cette taille.
01:24:03 Le truc, il faut pas qu'elle sorte de chez elle.
01:24:06 Oui, mais le problème, c'est que maman,
01:24:10 elle sort de chez elle, et c'est là, moi, où j'en ai besoin.
01:24:13 Et donc, une catastrophe totale.
01:24:16 Je crois que, d'ailleurs, c'était un produit
01:24:19 qui avait été développé par une...
01:24:23 une start-up.
01:24:26 Attendez, réfléchissez.
01:24:27 Quelqu'un va pas mettre 10 kg sur son bras
01:24:30 pour arriver à être traqué, etc.
01:24:33 Il faut juste, vous voyez, être un peu logique.
01:24:35 Donc ça, c'est la première page, Lady Gaga, encore sympa.
01:24:40 Après, nous arrivons au gagaland.
01:24:41 Et alors là, c'est la merveille,
01:24:45 mais alors extraordinaire,
01:24:47 trouver un Ehpad pour ma mère,
01:24:50 avec des arnaques absolument incroyables,
01:24:55 des trucs inacceptables,
01:24:58 des...
01:25:01 Comment on appelle ça ?
01:25:02 Des portails
01:25:07 qui vous aident, soit disant, à trouver l'Ehpad parfait
01:25:10 pour votre mère.
01:25:12 Là, j'ai été obligée avec ma sœur
01:25:14 de partir en opération commando
01:25:15 après avoir mis ma mère dans un Ehpad,
01:25:18 parce que c'était maltraitance,
01:25:19 elle allait crever au bout d'un mois,
01:25:21 avec hôpital, etc.
01:25:25 Et ça, c'était un super conseil.
01:25:28 Donc là, finalement, elle est arrivée
01:25:31 dans une maison de retraite de la Fondation Rothschild,
01:25:33 on les remercie,
01:25:35 où elle a l'air d'être traitée comme elle peut être traitée.
01:25:38 C'est quoi ?
01:25:41 Non, non, non, vous inquiétez pas.
01:25:44 -On fait des classements Ehpad, oui.
01:25:45 -Alors justement, c'est grâce à votre classement Ehpad...
01:25:48 -Merci, madame. Applaudissements. Merci.
01:25:51 -Grâce à votre classement...
01:25:53 Parce qu'avec... Je vais vous dire, avec ma sœur,
01:25:55 on commençait à être désespérés.
01:25:56 -Lisez la presse, messieurs, dames.
01:25:58 -Grâce au classement de l'Obs...
01:26:01 -Non, tout ça n'est pas rémunéré.
01:26:04 -Et je vous jure, je l'ai même envoyé à la Fondation Rothschild
01:26:06 en me disant "Vous voyez, vous êtes très bien classés",
01:26:08 et tout, ils ont accepté maman.
01:26:10 Et ça a l'air de bien se passer pour l'instant.
01:26:13 Mais ce que je veux dire, c'est que vous vous retrouvez
01:26:16 dans des situations absolument hallucinantes,
01:26:21 où, par exemple, votre mère risque de crever
01:26:27 parce que ça fait plaisir à l'Ehpad,
01:26:28 que le médecin de l'Ehpad est le numéro 1,
01:26:31 et vous, vous savez pas, vous connaissez pas tous les Ehpad,
01:26:34 vous vous retrouvez à faire le boulot de tout le monde.
01:26:36 On vous explique.
01:26:37 Donc c'est important, les classements,
01:26:40 comme ce que vous avez fait, justement,
01:26:42 parce que là, ça a l'air de bien se passer,
01:26:44 ça a l'air du sérieux,
01:26:45 mais quand vous arrivez, que vous avez 40 000 Ehpad,
01:26:48 que vous êtes fille d'10 Ehpad, je me suis même faite en Belgique,
01:26:51 et tout, c'est l'enfer.
01:26:54 -Est-ce que nos interlocuteurs veulent répondre, peut-être ?
01:26:58 Parce qu'il y a un intéressant dans ce que vous dites,
01:27:00 à travers votre expérience,
01:27:02 c'est qu'on voit qu'il y a la théorie et l'adaptation,
01:27:05 puis il y a la réalité, et que la réalité, parfois, on peut rêver.
01:27:07 -Je vais juste, peut-être, effectivement,
01:27:09 sur la situation d'Aidan en entreprise,
01:27:11 plus que sur le rôle en tant qu'assureur,
01:27:13 je pense qu'effectivement, tous les DRH, aujourd'hui,
01:27:15 ont sur leur feuille de route de trouver des politiques
01:27:17 autour des Aidan.
01:27:18 Vous parliez des politiques "petites enfants savants",
01:27:20 nous, par exemple, on donne des jours de congés spécifiques, etc.
01:27:23 Et le point qui est important, c'est quand vous voyez un chiffre
01:27:25 qui m'avait interpellée il y a quelques années,
01:27:28 c'était sur les...
01:27:29 Parce que souvent, les Aidan, c'est les femmes, en fait,
01:27:31 et souvent, les filles aînées.
01:27:32 Pas de bol, je suis dans cette catégorie.
01:27:35 Mais c'est surtout, en fait,
01:27:37 quand on regarde les taux de dépression des femmes
01:27:39 de plus de 50 ans,
01:27:40 50 %, c'est lié au fait qu'elles soient devenues aidantes.
01:27:43 Donc c'est quand même un chiffre qui est assez...
01:27:45 C'est un chiffre qui fait peur, mais qui est marquant.
01:27:48 Et du coup, je pense qu'effectivement,
01:27:50 les entreprises ont un rôle pour accompagner.
01:27:52 Je disais à mon voisin tout à l'heure,
01:27:54 moi, j'ai connu, alors je fais partie des seniors, maintenant,
01:27:57 j'ai connu des entreprises au début,
01:27:59 moi, j'ai démarré à la BNP,
01:28:01 et à la BNP, il y avait des assistantes sociales
01:28:04 avant, dans les boîtes.
01:28:05 Et les assistantes sociales, elles avaient ce rôle-là,
01:28:07 finalement, quand les gens avaient des chocs personnels, etc.,
01:28:11 d'être accompagnants.
01:28:13 Donc là, il y a peut-être aussi dans les entreprises
01:28:15 des métiers à réinventer.
01:28:16 -C'est pas le travail des RH de faire ça ?
01:28:18 -Oui, mais les RH, ils font aussi beaucoup d'autres choses.
01:28:21 Et du coup, voilà.
01:28:22 Donc je pense qu'effectivement,
01:28:23 les entreprises ont un rôle vis-à-vis des aidants,
01:28:25 et on y travaille tous pour accompagner
01:28:27 nos collaborateurs qui deviennent aidants.
01:28:29 En tout cas, c'est une priorité.
01:28:31 (Propos inaudibles)
01:28:34 -Oui, c'est possible.
01:28:35 Guillaume, vous voulez dire ?
01:28:37 -Un point extrêmement important sur l'aidance.
01:28:43 En fait,
01:28:45 dans l'aidance, il y a deux choses.
01:28:48 Il y a l'aimance, le fait d'aimer et le fait d'aider.
01:28:52 Et je pense qu'il est hyper important pour tous
01:28:57 de se dire qu'il y a une partie qui revient à la famille
01:29:00 et qui est celui de l'affectif,
01:29:03 et qu'il y a une partie qui doit revenir à des professionnels
01:29:05 qui est celui du technique.
01:29:08 De façon extrêmement concrète,
01:29:10 c'est pas parce que votre maman vous a fait
01:29:12 votre petite toilette intime quand vous étiez petits
01:29:15 qu'il faut que vous fassiez la sienne
01:29:17 quand elle devient dépendante.
01:29:20 C'est extrêmement destructeur psychologiquement
01:29:22 pour les deux parties.
01:29:24 Au passage, je vous laisse vous imaginer
01:29:27 avec vos enfants qui commencent... Non.
01:29:29 Donc ce point, il est absolument fondamental.
01:29:34 C'est-à-dire que nous, quand on devient aidant,
01:29:38 il faut accepter de se faire aider aussi.
01:29:41 On doit pas tout faire.
01:29:43 D'abord, on n'est pas formé pour tout faire.
01:29:46 Est-ce que vous savez comment gérer la prévention des escarts ?
01:29:49 Est-ce que vous savez comment faire pour porter correctement
01:29:51 une personne, pour la soulever correctement ?
01:29:54 Est-ce que vous savez comment réagir face à une situation
01:29:57 de dégénérescence cognitive
01:29:59 avec une personne qui commence à faire un peu n'importe quoi ?
01:30:02 Non. C'est pas parce que vous êtes la personne
01:30:05 qui aime le plus vos parents
01:30:10 que parce que vous les aimez, vous savez faire.
01:30:12 Il y a un savoir-faire, il y a des compétences
01:30:14 qui sont absolument nécessaires.
01:30:16 Et d'ailleurs, c'est le drame de notre profession.
01:30:18 Le drame absolu de notre profession,
01:30:20 c'est que tous, et tous ici,
01:30:24 on pense que parce qu'on est les personnes qui aimons le plus,
01:30:26 on est les personnes qui savons le plus.
01:30:29 On pense que parce qu'il y a 9 mois,
01:30:30 on a eu un moment de plaisir intense avec une autre personne,
01:30:34 9 mois après, on est devenus des parents.
01:30:38 Et on sait, parce qu'on est devenus parents,
01:30:40 on est les personnes les mieux placées
01:30:42 pour s'occuper de notre enfant.
01:30:43 Et parce que quand nos parents âgés deviennent vieux,
01:30:46 on est les personnes qui les aimons le plus,
01:30:47 on est les mieux placées pour s'en occuper.
01:30:50 Ou parce que c'est chez nous, on est les mieux placés
01:30:53 pour savoir faire son ménage, son repassage, leur pain, etc.
01:30:57 Et donc, comme on pense ça,
01:30:59 et qu'il y a un film qui a été le film
01:31:01 qui a fait le plus de succès au cinéma français,
01:31:06 qui explique ça, "Intouchables",
01:31:08 dans lequel vous avez une personne qui est absolument nulle en tout,
01:31:12 mais qui est super sympa,
01:31:15 qui devient la meilleure auxiliaire de vie ever.
01:31:18 -C'est ça. -Voilà.
01:31:20 Être sympa, avoir le savoir-être,
01:31:22 c'est l'alpha et l'oméga dans nos secteurs.
01:31:25 Mais non. Il y a un moment,
01:31:26 il y a des compétences professionnelles, véritablement.
01:31:29 Et comme, en fait, on pense tous...
01:31:31 Mais on le pense intrinsèquement, en fait.
01:31:35 On le pense fondamentalement.
01:31:36 On se dit, parce qu'on aime le plus,
01:31:38 on est les personnes les mieux placées.
01:31:41 Mais c'est pas parce qu'on aime le plus qu'on sait faire.
01:31:44 Il y a un moment, il y a de l'apprentissage,
01:31:45 il y a des compétences.
01:31:47 Et comme on se dit ça,
01:31:48 derrière, en fait, on ne reconnaît pas
01:31:50 dans les auxiliaires de vie,
01:31:51 on ne reconnaît pas aux gardes d'enfants,
01:31:54 on ne reconnaît pas dans tous ces métiers-là,
01:31:56 on ne reconnaît pas les compétences professionnelles
01:31:58 qui sont absolument nécessaires.
01:32:00 Or, ces compétences...
01:32:01 Et c'est pour ça que ce sont des métiers
01:32:03 qui sont peu valorisés
01:32:04 et dans lesquels on accepte beaucoup moins.
01:32:07 Ce qui est, au passage, complètement délirant.
01:32:08 On accepte de payer très cher
01:32:10 un plombier, un jardinier, etc.,
01:32:11 mais une auxiliaire de vie, non.
01:32:14 C'est le drame de notre métier.
01:32:18 Et à tel point, d'ailleurs,
01:32:20 qu'aujourd'hui, vos cheveux, même Serge,
01:32:25 vos cheveux sont protégés,
01:32:27 vos chiens sont protégés,
01:32:29 vos enfants et vos parents nageaient ne le sont pas.
01:32:32 C'est-à-dire que si je veux proposer mes services
01:32:34 en tant que coiffeur ou en tant que promeneur de chiens,
01:32:37 je dois obligatoirement avoir une qualification professionnelle.
01:32:41 -Même promeneur de chiens aussi ?
01:32:43 -Promeneur de chiens aussi. Vous devez obligatoirement
01:32:44 avoir une qualification professionnelle.
01:32:47 Vous ne pouvez pas exercer ce métier,
01:32:48 vous ne pouvez pas proposer vos services
01:32:49 si vous n'avez pas de qualification professionnelle.
01:32:52 Alors qu'aujourd'hui, en tant que particulier,
01:32:54 vous pouvez aller employer qui vous voulez dans la rue
01:32:58 pour s'occuper de vos parents âgés ou de vos enfants.
01:33:01 C'est-à-dire que personne ne vous protège. Rien.
01:33:03 Aucune protection. Rien du tout.
01:33:05 Vous pouvez aller employer Guy Georges,
01:33:07 vous pouvez aller employer Marie Dutroux,
01:33:08 vous pouvez employer qui vous voulez pour s'occuper,
01:33:11 parce qu'en fait, il n'y a rien,
01:33:12 il n'y a aucune compétence professionnelle,
01:33:13 il n'y a aucune vérification de casier,
01:33:15 il n'y a rien du tout.
01:33:17 Parce que comme on considère tous
01:33:20 que l'alpha et l'oméga, c'est un savoir-être, etc.,
01:33:23 eh bien, en fait, on peut permettre à n'importe qui.
01:33:26 Et d'ailleurs, quand vous allez à Pôle emploi,
01:33:27 on vous dit "Vous savez pas, vous avez aucune compétence professionnelle,
01:33:30 vous êtes occupé de vos parents âgés, OK, allez, hop,
01:33:33 vous allez pouvoir vous occuper des autres."
01:33:35 Mais ça, c'est extrêmement dommageable,
01:33:41 parce qu'en fait, ça ne valorise pas l'ensemble de ces métiers.
01:33:44 On ne reconnaît pas derrière les compétences professionnelles,
01:33:46 et c'est un combat qu'on doit mener, nous,
01:33:49 parce qu'aujourd'hui, le particulier employeur peut le faire.
01:33:51 Alors, bien évidemment, les entreprises,
01:33:53 les associations, toutes les organisations,
01:33:55 eux, ont obligatoirement
01:33:58 des personnes qui sont formées et encadrées,
01:34:00 mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
01:34:01 Donc, il faut vraiment séparer l'aidance de l'aimance,
01:34:05 garder pour soi le côté affectif,
01:34:07 parce qu'effectivement, on est,
01:34:09 on restera les personnes qui aimeront le plus
01:34:11 nos parents et nos enfants,
01:34:13 mais à côté de ça, il y a du technique,
01:34:15 il y a des compétences, il y a du savoir-faire,
01:34:17 et ça, il faut le confier à d'autres,
01:34:19 et il ne faut surtout pas hésiter à le faire.
01:34:20 Et il y a un bouquin qui est super intéressant,
01:34:22 qui a été écrit par Vincent Vallenduc,
01:34:24 qui est le médecin...
01:34:25 -Nous avons fait une soirée avec lui, Vincent Vallenduc,
01:34:28 comme vous pouvez voir en replay sur notre site.
01:34:30 -Il a écrit un très bon livre, "Ca a été un aidant".
01:34:32 -Et vous regardez, et dans ce bouquin qui est très bien fait,
01:34:36 où il explique sa vie où il est devenu aidant,
01:34:39 en fait, ça devient un parcours du combattant.
01:34:42 C'est très sacrificiel, en fait.
01:34:44 -Vallenduc est un médecin, il faut préciser.
01:34:47 Il a une compétence médicale.
01:34:48 -Et son papa qui...
01:34:51 En fait, les deux frères et le papa se disent
01:34:53 "On va accompagner maman jusqu'au bout",
01:34:55 qui, elle aussi, est atteinte d'un trouble Alzheimer,
01:34:58 et ils vont l'accompagner jusqu'au bout,
01:35:00 et son père va lui laisser sa santé,
01:35:01 et il va en mourir, son père.
01:35:03 Son père en meurt.
01:35:04 De tout ce...
01:35:08 En fait, ils y mettent tout.
01:35:09 Et les deux frères, c'est très sacrificiel, en fait.
01:35:12 Et parce qu'ils se disent "On va tout faire".
01:35:14 Et à un moment, il faut vraiment que Vincent aille très loin
01:35:18 pour expliquer à son papa "Mais papa, à un moment,
01:35:21 il faut que maman reste ta femme,
01:35:23 et tu peux pas te transformer juste en garde-malade".
01:35:25 -C'est ça.
01:35:27 -Ludovic.
01:35:29 -Nous sommes là.
01:35:30 -C'est exactement l'intérêt aussi de ce type de conférence.
01:35:33 (Propos inaudibles)
01:35:36 (...)
01:35:48 -Peut-être une dernière question.
01:35:50 Merci déjà pour ces échanges.
01:35:51 C'est vraiment un livre ouvert sur une expérience,
01:35:53 une expertise que vous avez chacun
01:35:55 sur des pôles de domaines avec une clientèle sénior,
01:35:58 une clientèle jeune, une clientèle sénior aussi,
01:36:01 avec un vrai panel.
01:36:02 Peut-être pour rebondir sur l'objectif peut-être
01:36:05 de cette table ronde et de l'Obs
01:36:07 et de cette transition démographique,
01:36:08 peut-être chacun, si vous aviez peut-être un élément
01:36:12 à proposer au gouvernement,
01:36:14 parce qu'aucun de ces éléments ne se fera
01:36:15 si derrière, les gouvernements ne poussent pas
01:36:18 derrière des lois et des projets de loi.
01:36:20 Quels seraient peut-être les éléments qui feront
01:36:21 que dans les 10 prochaines années,
01:36:23 on puisse avoir une transition démographique
01:36:25 plus sérieuse.
01:36:26 Plus sérieuse, c'est peut-être pas le bon mot,
01:36:28 mais en tout cas plus opérationnelle.
01:36:29 Une meilleure prise en charge.
01:36:30 Est-ce que dans vos domaines ou en tout cas
01:36:32 dans le domaine général,
01:36:33 il y aurait des pôles ou des éléments
01:36:35 qui feraient une bascule
01:36:37 pour qu'il y ait une transition démographique
01:36:39 de meilleure qualité pour les consommateurs,
01:36:41 pour les aidants et pour les seniors ?
01:36:42 -Guillaume.
01:36:44 -Alors, je le disais tout à l'heure,
01:36:46 le crédit impôt famille,
01:36:48 qui est un dispositif pour les entreprises,
01:36:51 aujourd'hui, n'est ouvert que pour la petite enfance.
01:36:55 Et je pense que ça serait tout à fait naturel,
01:36:58 sans coûter plus d'argent,
01:36:59 parce qu'en fait, c'est le même dispositif.
01:37:00 -Sans changer de nom, en plus, c'est aussi la famille.
01:37:01 -C'est exactement ça.
01:37:03 La famille, c'est permettre aux entreprises
01:37:06 de prendre en charge des systèmes de care management,
01:37:10 des systèmes d'accompagnement et d'information,
01:37:14 prendre en charge des conférences d'information
01:37:17 sur le thème "Au secours, mes parents vieillissent",
01:37:20 comment agir face à une situation
01:37:23 où on devient aidant de ses parents.
01:37:26 Je pense que ce sont des choses qui sont simples.
01:37:28 Ca me semble extrêmement important de communiquer là-dessus,
01:37:33 de pouvoir expliquer ça,
01:37:34 de pouvoir expliquer ce qu'a vécu Vincent Vallenduc
01:37:37 avec ses parents quand il est devenu aidant,
01:37:41 de déculpabiliser aussi,
01:37:46 en termes d'expérience personnelle.
01:37:48 Une de mes tantes s'était dit,
01:37:52 "Maman est en train de vieillir complètement,
01:37:54 "elle a des pertes cognitives,
01:37:56 "il faut que j'aille habiter avec elle,
01:37:59 "je vais me sacrifier, je vais aller habiter avec elle,
01:38:00 "ma petite maman, ça va être top,
01:38:01 "en plus, on va pouvoir retrouver ce truc merfi", etc.
01:38:05 Au bout de 6 mois, elle en était...
01:38:07 Quand est-ce qu'elle crève la vie ailleurs ?
01:38:09 Quasiment. Je caricature un peu, mais on n'en est pas loin.
01:38:12 Parce qu'en fait, c'est super dur.
01:38:14 C'est super dur.
01:38:15 Et donc, voilà...
01:38:19 On doit effectivement, c'est votre témoignage aussi,
01:38:21 on doit accompagner les Français
01:38:25 dans cet aspect de "comment est-ce que je deviens un aidant ?"
01:38:28 C'est pas quelque chose de naturel.
01:38:30 Comment est-ce que je deviens ?
01:38:31 Séparer l'affectif du technique,
01:38:37 et ça, c'est vachement important.
01:38:39 Parce qu'à partir du moment où on reconnaît aussi le technique,
01:38:41 on va reconnaître ce métier qui, aujourd'hui, n'est pas reconnu.
01:38:44 Et c'est normal qu'il soit pas reconnu,
01:38:45 parce que si n'importe qui peut le faire sans la moindre compétence...
01:38:47 -Ca aussi, peut-être, il faudrait souffler des choses au gouvernement.
01:38:51 -Comment est-ce qu'on accepte ?
01:38:53 Comment est-ce qu'on permet ?
01:38:54 -Ce qui est compliqué, c'est que comme c'est des métiers
01:38:55 où il est difficile d'embaucher,
01:38:56 si en plus, vous mettez des filtres à l'entrée, ça risque...
01:38:59 -Ca permettra justement de les faire reconnaître.
01:39:01 Parce qu'aujourd'hui, comment est-ce qu'on peut accepter,
01:39:04 encore une fois, comment est-ce qu'on peut accepter
01:39:06 que nos cheveux et nos chiens soient plus protégés
01:39:08 que nos parents âgés ou nos enfants ?
01:39:10 C'est du délire. C'est du délire.
01:39:12 Et derrière, quel est le niveau de reconnaissance
01:39:14 pour nos collaborateurs et pour ces gens qui font ce métier ?
01:39:17 On les fait applaudir à un moment quand il y a le Covid,
01:39:19 mais derrière, on ne les reconnaît pas.
01:39:21 C'est pas normal.
01:39:22 (Propos inaudibles)
01:39:25 -Isabelle Le Bot, avez-vous...
01:39:31 -Alors, moi, je vais être un peu plus rapide.
01:39:34 Je vais dire la 5e branche sur la dépendance.
01:39:37 Je pense que c'est un vrai sujet
01:39:38 qu'il faut vraiment remettre sur le devant du tapis,
01:39:41 parce qu'à un moment, il faut qu'on parle de ce sujet-là.
01:39:45 Après, je souscris à 100 % à ce que Guillaume vient de dire.
01:39:48 Et je pense que, en tout cas, d'un point de vue ressources humaines,
01:39:53 enfin, moi, là, je parle plutôt en tant qu'employeur,
01:39:56 effectivement, avoir des mesures accompagnantes
01:39:58 pour nos collaborateurs qui deviennent aidants,
01:40:00 je pense que c'est vraiment fondamental.
01:40:02 Et moi, je rajoute un autre point,
01:40:04 des quotas seniors, je sais pas,
01:40:06 en tout cas, se poser la question en termes de recrutement...
01:40:08 -En termes de recrutement, les quotas seniors ?
01:40:10 -Exactement.
01:40:11 Alors, nous, je sais qu'on en recrute pas mal.
01:40:13 On en est très contents.
01:40:15 Mais voilà, peut-être qu'il faut avoir une réflexion plus globale
01:40:17 sur les seniors en entreprise,
01:40:19 parce que quand on regarde les stats du chômage,
01:40:21 c'est quand même un sujet.
01:40:22 -Xavier ?
01:40:23 -Très rapidement aussi, je partage le dernier point
01:40:25 sur les seniors en entreprise.
01:40:26 Je pense qu'il y a des choses à faire là-dessus,
01:40:28 et plus spécifiquement sur les sujets d'épargne.
01:40:31 Mon conseil, ça serait d'être extrêmement vigilant.
01:40:33 Il y a beaucoup de débats en ce moment
01:40:34 sur la protection des personnes vulnérables,
01:40:36 et notamment des personnes âgées,
01:40:38 et faire très attention et s'enrebondir
01:40:40 sur ce que disait Serge au début.
01:40:42 Ne pas leur priver trop de liberté.
01:40:45 Parce qu'à quel âge on est vieux
01:40:46 et à quel âge on peut plus rien faire tout seul.
01:40:48 Et donc empêcher les gens de disposer de leurs ressources
01:40:51 et de leur épargne quand ils ont 65 ans,
01:40:54 il faut peut-être réfléchir un peu.
01:40:56 Et donc c'est compliqué, c'est une question difficile.
01:40:58 On a tendance aujourd'hui à vouloir assez loin
01:41:00 dans la protection et donc dans l'empêchement,
01:41:02 alors même que la maturité numérique
01:41:05 et l'autonomie des gens se renforcent.
01:41:06 Donc il faut faire attention à l'équilibre.
01:41:08 -Merci à tous les 3.
01:41:09 Merci beaucoup pour cette matinée.
01:41:12 (Applaudissements)
01:41:17 Alors Julie, Julie va vous dire un dernier mot.
01:41:19 -Merci à toutes, à tous.
01:41:22 Et encore une fois, ceux qui veulent faire un petit tour,
01:41:24 je sais pas s'il y en a des...
01:41:25 Voilà.
01:41:27 Très bien. Rejoignez-nous à l'entrée
01:41:29 et on va organiser ça.
01:41:31 Merci infiniment. Merci à vous.
01:41:33 (Propos inaudibles)
01:41:38 (...)
01:41:43 ...

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