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00:00 Pourquoi les leaders antisystèmes ont-ils des coupes de cheveux atypiques ?
00:03 Javier Melei en Argentine, Donald Trump aux États-Unis, Boris Johnson au Royaume-Uni,
00:07 leurs points communs ? Bien vu.
00:09 Pour ces leaders populistes, souvent qui sont issus des milieux privilégiés,
00:13 c'est aussi une façon de mettre en scène une forme d'anti-élitisme
00:16 tant on sait que le populisme se construit évidemment sur l'antagonisme entre les élites et le peuple.
00:21 Ces dernières années ont vu les victoires de plusieurs leaders politiques
00:25 arborant des coupes de cheveux singulières et à tendance populiste.
00:28 Hasta la vista !
00:29 C'est-à-dire qu'ils critiquent le système et ses représentants.
00:31 Les derniers venus, c'est Javier Melei, le nouveau président argentin surnommé El Peluca, la perruque,
00:36 et Geert Wilders, le chef de l'extrême droite néerlandaise anti-immigration, anti-islam,
00:40 qui a gagné les législatives.
00:42 Loin d'être le fruit du hasard, leur coupe de cheveux fait partie d'une stratégie politique.
00:46 C'est une manière de se démarquer, de se distinguer,
00:50 d'induire une forme de transgression par rapport au code.
00:53 Si tant est que cela renvoie à des stratégies délibérées,
00:56 prémédité, ce que malgré tout on peut envisager,
00:59 tant aujourd'hui les stratégies de communication sont mûries.
01:03 Les cheveux longs, fournis, péroxidés, se distinguent dans la norme du paysage capillaire.
01:08 Une norme courte, propre, sobre.
01:10 Celle du personnel qui a fait de la politique un métier,
01:12 standardisant jusqu'aux façons de s'exprimer et de se présenter.
01:15 Le cheveu est donc un des rares espaces qui restent pour montrer de la personnalité.
01:19 À l'heure de l'égopolitique, marquée par l'individualisation et la personnalisation de la vie politique,
01:24 la légitimité, dans une large mesure, se construit dans l'écart, se construit dans la différence.
01:29 La différence, c'est celle entre eux et les élites.
01:32 Des élites qui sont chargées de tous les maux, jugées corrompues,
01:36 et un peuple qui est jugé vertueux et sain.
01:38 Boris Johnson l'a très bien compris.
01:40 Il a fondé son storytelling sur son côté anti-establishment et frondeur qui défie les bonnes manières,
01:44 en dépit de ses origines aisées et de son passage à la prestigieuse université d'Oxford.
01:49 L'Italie aussi a connu son leader anti-élite à la folle crinière.
01:52 Beppe Griot, un acteur devenu tribun.
01:54 Avec son discours provocateur, il voulait sortir de l'euro
01:57 et avait organisé une manifestation annuelle contre la classe politique,
02:00 nommée le V-Day pour Va Fancolo Day.
02:03 Quant à Millet en Argentine, c'est un anarcho-capitaliste qui veut passer les comptes publics à la tronçonneuse.
02:08 Alors pourquoi accorder autant d'attention à la coupe de cheveux ?
02:10 Eh bien parce que le physique, ça compte en politique.
02:13 L'image est même plus décisive que les propositions, selon ce qu'ont montré deux chercheurs en 2007.
02:17 Lorsque les panélistes créditaient Nicolas Sarkozy d'une qualité supplémentaire,
02:24 cela augmentait la probabilité de voter pour lui par 4.
02:27 En revanche, lorsque les panélistes adhéraient à un point de son programme,
02:31 cela n'augmentait la probabilité de voter pour lui que par 1,5.
02:34 De la même façon que s'afficher en train de courir met en scène sa combativité,
02:38 ou que faire un régime montre de la discipline,
02:40 avoir une coupe de cheveux originale montre qu'on n'est pas comme les autres.
02:44 C'est aussi une façon de faire parler de soi, à tout prix.
02:46 Andy Warhol l'avait bien compris, lu qui a passé sa vie à réfléchir sur la notoriété,
02:50 avec sa fameuse théorie du quart d'heure de gloire.
02:52 Il était devenu une icône à travers sa coupe de cheveux,
02:55 qui était une perruque, qu'il a vendue aux enchères en 2006, presque 11 000 dollars.
02:59 La démonstration que tout peut devenir une marque ou un mème en un instant, y compris une coupe de cheveux.
03:04 D'ailleurs, Geert Wilders arbore un look qui était au départ une plaisanterie dans sa vingtaine,
03:08 mais qu'il a gardé pour en faire une marque de fabrique.
03:10 Quant à Reinep Ler, ancien ministre du parti nationaliste estonien,
03:13 il figure aujourd'hui sur des t-shirts et au cœur de vannes sur Reddit.
03:17 Alors rien de nouveau dans le rôle du cheveux chez les gouvernants,
03:19 puisque déjà chez les rois mérovingiens, il était porté long comme symbole de pouvoir et de vitalité.
03:25 Même chose avec les perruques des rois, signe de respectabilité.
03:28 Avant que la sobriété ne reprenne le dessus,
03:30 et que les perruques ne deviennent un symbole des privilèges de l'ancien régime.
03:33 Est-ce que l'histoire se répétera ?
03:35 L'avenir le dira.
03:37 Sous-titres par Juanfrance.
03:39 [Musique]