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Le futur télescope européen au centre d'une conférence ce soir au centre André Malraux de Castelnau-le-Lez.
Ce telescope, actuellement en construction au Chili, à 3000m d'altitude et entièrement financé par l'europe, est destiné à devenir le télescope le plus puissant au monde.
En effet, son miroir de 39m de diamètre permettra de collecter quinze fois plus de lumière que les plus grands télescopes actuellement existants et fournira des images quinze fois plus détaillées que le télescope spatial Hubble qui constituait la référence jusqu'à 2021.
Julien Morin, chercheur au laboratoire Univers et Particules de Montpellier, animera donc la conférence de ce soir.
C'est à 20h30, ouvert au public mais sur inscription sur le site de la MJC André Malraux de Castelnau.

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Transcription
00:00 d'un futur télescope européen qui est actuellement en construction au Chili
00:03 et en est avec un chercheur de Montpellier, Julien Morin, qui est notre invité,
00:06 chercheur au laboratoire univers et particules de Montpellier, Guillaume.
00:09 - Bonjour Julien Morin. - Bonjour.
00:11 - Merci d'être venu nous rejoindre, vous êtes astrophysicien,
00:13 chercheur au laboratoire effectivement univers et particules de Montpellier,
00:15 vous animez ce soir une conférence ouverte au public à 20h30
00:20 à la MJC André Malraux de Castelnau,
00:22 vaut mieux s'inscrire, c'est ouvert à tout le monde,
00:24 mais vaut mieux s'inscrire sur le site de la MJC,
00:26 sur ce futur extra large télescope qui est actuellement en construction au Chili
00:30 et qui est vraiment un projet européen, en tout cas entièrement financé par l'Europe.
00:34 - Tout à fait, c'est bien ça, voilà, c'est vraiment les pays européens
00:36 qui se sont regroupés ensemble pour construire de grands télescopes au Chili
00:40 pour avoir finalement, être à la pointe de l'astrophysique.
00:42 - Pourquoi faire une conférence sur ce télescope ?
00:44 Parce que ça va vraiment être une révolution dans le monde de l'astrophysique ?
00:48 - Alors tout à fait, parce qu'il faut savoir qu'en fait
00:51 la caractéristique principale d'un télescope c'est son diamètre
00:53 et en fait jusqu'ici, les Européens ont accès à des télescopes
00:56 qui font au maximum 8 mètres de diamètre
00:57 et les plus grands télescopes au monde font environ 10 mètres de diamètre.
01:00 Et là on va faire un bond, on va passer directement à presque 40 mètres.
01:02 - 4 fois plus !
01:03 - Voilà, c'est vraiment impressionnant, on va vraiment avoir un télescope
01:06 beaucoup plus puissant, beaucoup plus performant que ce qu'on avait jusqu'ici
01:08 qui va vraiment, on pense, révolutionner l'astrophysique et la cosmologie.
01:11 - Et alors c'est un monstre qui est actuellement en construction
01:14 à 3000 mètres d'altitude au Chili, puisque
01:18 quand on le compare à l'Arc de Triomphe, c'est deux fois...
01:20 j'ai vu qu'il était deux fois plus gros qu'Arc de Triomphe à Paris.
01:23 - Alors tout à fait, c'est vraiment titanesque comme construction
01:26 et c'est vrai que l'Observatoire Européen Austral, l'ESO, qui construit ce télescope
01:30 a produit pas mal d'illustrations pour comparer au principaux monuments européens
01:34 ou même mondiaux et en fait le seul monument qui fait vraiment taille
01:37 face à l'ELT qui est plus grand, ce sont les pyramides de Gizeh.
01:40 - Ah oui en effet, ça donne une petite idée.
01:41 Donc il est construit sur le sommet du Cerro Armazones, à 3000 mètres d'altitude.
01:46 Construction lancée en 2014, ça devait s'achever l'année prochaine
01:49 mais ça a pris un peu de retard, 2027, parce qu'un joujou comme ça,
01:53 ça se fabrique pas en trois jours évidemment.
01:56 - Exactement, alors c'est vrai que c'est un télescope qui est énorme
01:59 mais aussi c'est ça qui fait que c'est extrêmement difficile,
02:01 c'est vraiment un défi à relever parce que ce télescope pèse des milliers de tonnes,
02:05 rien que le miroir fait plus de 100 tonnes
02:07 mais en fait il faut que tout ça soit ajusté extrêmement précisément,
02:10 il faut être capable de l'orienter un millième de degré près
02:12 et donc c'est ça qui fait que, et bien effectivement,
02:15 il faut vraiment... c'est vraiment un défi de construction,
02:17 il faut vraiment mettre en oeuvre des techniques très particulières
02:20 pour arriver à mener à bien ce projet.
02:21 - Et pourquoi le Chili est en altitude ?
02:23 Parce que d'abord il y a moins de pollution lumineuse,
02:25 il y a moins de poussière aussi parce que l'air est extrêmement sec
02:27 et alors j'ai vu que ce télescope allait permettre de fournir des images
02:30 15 fois plus détaillées que par exemple
02:32 ce que l'ancien télescope spatial Hubble permettait de voir.
02:35 - Tout à fait, puisque en fait le niveau de détail qu'on peut obtenir
02:38 c'est directement lié à nouveau au diamètre du miroir primaire,
02:41 à la taille du miroir primaire
02:42 et donc le télescope spatial Hubble ne faisait que 2,42 mètres de diamètre,
02:45 le télescope spatial James Webb, donc on a beaucoup parlé récemment,
02:48 fait 6,5 mètres de diamètre et là donc on passe à 39 mètres,
02:52 donc c'est vraiment effectivement un niveau de détail impressionnant.
02:54 - Il y aura 798 segments de miroirs pour former ce miroir primaire.
02:58 Alors qu'est-ce qu'on va pouvoir voir, Julien Morin, expliquez-nous.
03:01 - Alors il y a beaucoup de projets scientifiques,
03:03 bien sûr tous les astrophysiciens, les cosmologistes en Europe
03:05 sont prêts dans les starting blocks déjà pour utiliser ça.
03:08 Si on essaie de citer quelques cas importants
03:10 qui justifient vraiment la construction d'un télescope aussi grand,
03:13 un qui m'intéresse beaucoup ce sont les exoplanètes,
03:15 donc les planètes extrasolaires, c'est-à-dire des planètes qui sont en orbite.
03:18 - On en a déjà découvert quelques-unes là depuis tout à l'heure.
03:19 - Voilà, tout à fait, on en connaît plus de 5000 de nos jours.
03:21 Et donc ce sont des planètes qui sont en orbite autour d'autres étoiles que le Soleil.
03:25 Donc jusqu'ici on a été dans une phase beaucoup de découverte,
03:28 de caractérisation d'orbite, et là en fait ce qu'on commence à pouvoir faire
03:32 déjà de manière efficace avec les télescopes au sol actuel,
03:34 avec James Webb, c'est de commencer à étudier leurs atmosphères.
03:37 Et donc avec l'ULT, ce qu'on veut faire c'est caractériser l'atmosphère
03:40 de planètes qui ressemblent à la Terre.
03:41 Donc là c'est vraiment ça l'idée, de voir est-ce qu'on trouve des jumelles de la Terre en quelque sorte.
03:45 - Pouvoir aussi voir, identifier en visuel, parce que là c'est vraiment du visuel en plus ce télescope,
03:50 contrairement par exemple peut-être à James Webb qui lui,
03:53 est un télescope qui analyse les ondes d'après ce que j'ai compris.
03:56 - Alors on a un peu les deux techniques qui sont utilisées effectivement dans les deux cas.
04:00 On a à la fois ce qu'on appelle de la spectroscopie,
04:03 donc comme vous le disiez on analyse les ondes,
04:04 on décompose la lumière comme le fait un peu un arc-en-ciel,
04:06 puis en fonction de la répartition de cette luminosité,
04:08 en fonction des différentes couleurs, on analyse l'atmosphère.
04:10 Et puis pour les deux instruments, que ce soit James Webb ou l'ULT,
04:13 on fait également de la coronographie, c'est-à-dire qu'on masque la lumière de l'étoile,
04:16 qui est beaucoup trop lumineuse, qui ne s'empêcherait de voir la planète,
04:18 et qui permet donc de voir la planète en orbite autour.
04:20 Donc ça pour les deux télescopes qu'on a,
04:22 mais dans les deux cas c'est beaucoup plus performant avec l'ULT qu'avec le James Webb.
04:24 - Est-ce que ça pourra permettre de voir des galaxies qu'on n'a pas réussies,
04:27 lointaines, très lointaines, donc très anciennes,
04:30 qu'on n'aurait pas réussi à voir par exemple ni avec Hubble ni avec James Webb ?
04:34 - Tout à fait, donc ça c'est vraiment aussi un des autres objectifs,
04:36 c'est d'aller très loin dans l'univers, de repérer des galaxies,
04:39 de détecter et d'étudier des galaxies qui sont très loin,
04:41 et donc qui se sont formées, qu'on les observe telles qu'elles étaient,
04:45 peu de temps après le Big Bang.
04:46 Et l'idée c'est vraiment de remonter aux premières galaxies, aux premières étoiles,
04:49 et de comprendre comment elles se forment, comment elles s'assemblent,
04:51 et quel est leur rôle dans l'évolution de l'univers.
04:52 - Alors moi il y a deux trucs qui sont fascinants dans l'univers,
04:55 c'est ce qu'on appelle la matière noire, on essaiera en dire un mot,
04:57 et les trous noirs.
04:58 Normalement ce télescope permettra de mieux observer les trous noirs aussi,
05:02 qui sont au centre des galaxies ?
05:03 - Tout à fait, et notamment c'est une des raisons de construire ce télescope au Chili,
05:06 en plus des qualités exceptionnelles du site que vous avez mentionné,
05:08 c'est qu'au Chili, on est placé idéalement pour voir le centre de notre galaxie,
05:12 - Où il y a un trou noir.
05:13 - Voilà.
05:14 Et depuis l'hémisphère nord, ce centre est toujours très bas sur l'horizon,
05:16 alors que là-bas on le voit vraiment, il cumule aux énis, très haut dans le ciel,
05:19 et donc pour étudier le trou noir central de notre galaxie, c'est l'endroit idéal.
05:23 - Et cette fameuse matière noire, qui constituerait je crois 80% de l'univers,
05:28 c'est-à-dire que toutes les planètes, les étoiles,
05:30 ce serait qu'une toute petite proportion de l'univers,
05:32 mais cette matière noire qu'on n'arrive pas à voir,
05:34 qu'on n'arrive pas encore à étudier, dont on n'arrive pas à identifier véritablement la nature,
05:38 peut-être qu'on arrivera à l'analyser avec ce télescope ?
05:41 - Alors en tout cas, on pourra mieux comprendre ses effets,
05:42 c'est pour ça qu'on l'appelle matière noire,
05:44 ou plutôt si on traduit exactement le terme anglais, matière sombre,
05:46 c'est-à-dire qu'en fait c'est quelque chose dont on détecte la présence par ses effets,
05:49 mais on n'arrive pas à l'identifier.
05:50 Donc il y a plusieurs pistes de recherche,
05:52 un des aspects c'est effectivement d'aller avec des télescopes plus puissants,
05:56 explorer comment l'expansion de l'univers se fait,
05:59 comment les galaxies tournent sur elles-mêmes,
06:01 et puis un autre aspect, c'est ce que font par exemple des collecteurs hittiens
06:03 au laboratoire d'univers et particules,
06:05 c'est de proposer des nouveaux modèles basés sur la physique des particules,
06:08 pour comprendre quelle pourrait être l'origine,
06:10 quelle pourrait être la nature de cette matière noire.
06:11 - Mais il faudra attendre 2027 pour ça, au moins 2027.
06:13 - Là c'est 2027, 2028, voire même les instruments de deuxième génération,
06:17 ceux sur lesquels nous, nous travaillons à Montpellier, arriveront en 2030.
06:19 - Par contre, on n'est pas obligé d'attendre 2027 pour venir vous écouter,
06:22 ce soir à 20h30, à l'administration André Malraux, à Castelnau,
06:25 c'est tout à fait fascinant, tout ça, merci Julien Morin en tout cas d'être venu nous en parler ce matin, merci.
06:30 - A retrouver sur notre site internet, francebleu.fr,
06:32 comme à chaque fois je le dis, mais c'est vrai,
06:34 tous les invités, vous pouvez réécouter les interviews en allant sur le site de la radio.
06:37 Il est 8h22, alors vous le savez, dans quelques jours,
06:40 les transports en commun deviennent gratuits pour tous les habitants
06:42 et les habitantes de la métropole de Montpellier,
06:45 on est à quelques jours du lancement,
06:47 du coup, mobilité, mode d'emploi, c'est très important,
06:50 C'est chaque matin avec Martin Baudrero pour savoir un petit peu ce qui va changer.

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