• l’année dernière
Transcription
00:00 À partir du 38 et plus, on est mannequin grande taille.
00:02 En fait, toutes les femmes sont grande taille, si on en croit les critères de la mode.
00:07 J'ai déménagé aux États-Unis en plein boom du mouvement plus size
00:11 et body positive aux États-Unis, qui n'avait pas du tout commencé en France.
00:15 Et c'était assez fou parce que, du coup, je me retrouvais dans un monde
00:18 complètement différent que je ne connaissais pas,
00:20 où les femmes aimaient leur corps, où les femmes s'acceptaient,
00:23 où les femmes s'encouragaient entre elles.
00:25 Au bout de deux mois, j'ai participé à un casting d'une marque énorme aux États-Unis
00:29 et donc ils cherchaient leur prochaine égérie grande taille, on va dire.
00:31 Ils m'ont choisie, je suis partie à LA, j'ai fait leur shoot,
00:34 donc j'avais des billboards, j'étais sur des magasins.
00:38 Je fais aussi bien beaucoup de commercial, des marques de grande distribution.
00:42 J'ai fait un défilé ETAM, qui à ma taille était complètement improbable.
00:46 Et dans la vitrine d'Argiling pendant des mois,
00:49 voir mon corps sur une vitrine en France, c'était assez fou.
00:51 Je me baladais dans la rue petite en regardant ces vitrines
00:54 avec que des femmes minces dessus.
00:55 Et c'est ça qui a participé à me faire me sentir aussi très mal dans ma peau.
00:59 Cette année, je crois qu'on a eu une grande taille
01:02 dans toute la Fashion Week dans quatre villes différentes.
01:05 C'est un problème parce que du coup, il y a un manque de représentation.
01:08 J'ai l'impression qu'on revient au début des années 2000,
01:10 où c'était la mode de la maigreur, du "jean taille basse avec les os qui ressortent".
01:13 Les magazines de mode font partie des influenceurs
01:16 principaux dans le monde de la mode.
01:18 Ils refusent de prendre cette responsabilité.
01:21 Je me rappelle quand j'étais petite,
01:23 il y avait le spécial rond d'une fois par an, par exemple,
01:25 dans certains magazines en juin général, avant l'été.
01:28 Mais tout le reste, ça ne parlait que de minceur, que de maigreur.
01:31 N'importe quelle fille à qui tu parles, elle va te dire que les magazines de mode
01:35 ont participé à son manque de confiance en elle, à son image négative de la femme.
01:39 Et donc, voilà, je pense qu'il y a une responsabilité
01:41 qui n'a jamais été prise par les magazines et qui ne sera peut-être jamais prise.
01:45 Et ça, c'est très, très triste parce qu'en fait, ils ont un pouvoir
01:48 tellement important qu'ils n'assument pas du tout.
01:50 Quand j'ai commencé dans la mode, il y a 10-12 ans,
01:53 je sentais une énorme différence.
01:55 C'est-à-dire qu'on était un peu traité comme des sous mannequins.
01:58 Donc, on nous regardait à peine.
02:00 On était un peu tout le temps derrière les autres.
02:03 Voilà, c'était un peu... On était un peu accessoire.
02:05 Maintenant, je ne trouve pas qu'il y ait de différence.
02:08 En tout cas, personnellement,
02:10 je ne vois pas de différence quand je suis en taf ou dans les castings.
02:14 Je n'ai pas l'impression de me faire traiter différemment.
02:17 Et au contraire, des fois, j'ai l'impression qu'ils sont plus sympas.
02:21 Pas forcément par pitié, mais plutôt parce qu'en fait,
02:24 en vrai, les mannequins grand taille sont souvent plus sympas
02:27 juste parce qu'elles mangent, je pense, beaucoup.
02:29 Et du coup, elles sont de bonne humeur plus souvent.
02:33 Et du coup, les gens les traitent mieux.
02:34 Je pense qu'en s'agit des mannequins, le plus important,
02:37 c'est de garder un corps et un poids assez réguliers.
02:41 Parce qu'on ne peut pas faire le yo-yo parce que sinon, avec les clients,
02:44 c'est compliqué parce qu'on est en fait vendu à une certaine taille.
02:48 Au niveau de la rémunération, je pense que ça dépend énormément du pays.
02:52 Par exemple, aux Etats-Unis, je pense qu'on est rémunéré à peu près pareil.
02:56 La plupart des mannequins, on va dire pour des marques de grande distribution.
03:00 Après, quand on part dans la mode très pointue, tout dépend du nom, en fait.
03:04 Donc, si on est très, très, très connu, on est rémunéré énormément plus,
03:08 qu'importe si on soit grande taille ou pas.
03:09 En France, sûrement pas.
03:11 Mais oui, aux Etats-Unis, je pense.
03:12 Si j'étais restée à Paris, ma carrière n'aurait sûrement pas décollé.
03:16 À Paris, je pense qu'il y a vraiment un décalage énorme sur comment on voit les femmes,
03:20 l'acceptation de la taille et de la différence, et aussi des opportunités de carrière
03:23 qui sont plus que limitées à Paris, surtout quand on est mannequin grande taille.
03:27 On n'a pas d'envie en France de faire évoluer l'image de la femme,
03:31 l'image du corps, l'acceptation de soi.
03:33 C'est vraiment des choses qui ne sont pas du tout prioritaires, en fait, ici.
03:37 Et j'ai l'impression que la maigreur fait vendre toujours en France.
03:41 *BIP*

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