Sophie Béjean, rectrice de l'académie de Montpellier

  • l’année dernière
C'est le grand retour du redoublement.
Délaissé depuis quelques années, il va revenir au goût du jour.
C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'éducation, Gabriel Attal, parmi d'autres mesures, comme les groupes de niveau ou encore une classe préparatoire au lycée.
On en a parlé ce matin avant la rectrice de l'académie de Montpellier.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 le ministre de l'éducation l'a annoncé hier, parmi d'autres mesures, il va revenir au goût du jour.
00:04 La question qu'on vous pose donc, selon vous, le redoublement est-il efficace ?
00:08 Alors si vous avez redoublé, si vous n'avez pas redoublé, si vous avez redoublé et que ça s'est bien passé finalement après,
00:12 appelez-nous au 04 67 58 6000, ça donne quoi au niveau des résultats ?
00:17 - Ça donne qu'il n'y a absolument pas photo, puisque vous êtes une très très grosse majorité,
00:20 sur les 144 votants depuis hier, à répondre "oui c'est efficace le redoublement",
00:25 85% contre 15% qui jugent qu'il ne l'est pas.
00:29 - 04 67 58 6000, appelez-nous, dites-nous ce que vous en pensez.
00:33 Sophie Béjean, la rectrice de l'Académie de Montpellier, notre invitée ce matin.
00:36 - Bonjour Sophie Béjean. - Bonjour.
00:37 - Et appelez-nous aussi pour interroger la rectrice,
00:39 parce qu'il n'y a pas que la mesure concernant le redoublement qui a été annoncée hier par Gabriel Attal,
00:43 mais il y en a d'autres qu'on a découvert aussi et sur lesquelles on va revenir avec vous Sophie Béjean,
00:47 si vous avez des interrogations par rapport à certaines d'entre elles, c'est le moment de nous appeler.
00:51 Alors on va commencer par le redoublement qui est, c'est vrai, peut-être la mesure la plus spectaculaire,
00:55 la plus médiatisée, qui interroge peut-être le plus les gens aujourd'hui.
01:01 Ce redoublement abandonné depuis quelques années, à nouveau, les profs pourront être à la manœuvre.
01:05 Et seuls les profs, c'est bien ça ?
01:07 - Seuls les profs, mais dans le dialogue avec les parents.
01:11 Évidemment on a besoin d'impliquer les parents dans le parcours scolaire de leurs enfants,
01:14 donc il faut expliquer pourquoi l'enfant a des difficultés
01:17 et pourquoi finalement un redoublement peut être bénéfique dans ses apprentissages,
01:22 dans ses choix, la diversité des parcours scolaires qui se fera lui par la suite.
01:26 - Ça veut dire que c'était une erreur de l'avoir abandonné selon vous ?
01:29 - C'est un sujet de débat, y compris chez les scientifiques d'ailleurs,
01:35 puisqu'il y a des études qui montraient qu'effectivement trop de redoublements
01:39 pouvaient être inefficaces finalement pour la société.
01:43 Mais peut-être qu'on est allé trop loin.
01:46 Et puis il y a aussi des études qui montrent que dans les petites classes,
01:50 le redoublement peut être efficace, parce que si les savoirs fondamentaux en CPCE1
01:54 ne sont pas acquis, alors c'est tout le parcours scolaire qui va être en difficulté pour l'élève.
02:00 Donc dans les redoublements des petites classes,
02:03 le professeur est celui qui peut le mieux juger si l'élève va pouvoir suivre dans le passage à la classe suivante.
02:09 Alors bien sûr ce sera dans le dialogue avec les parents,
02:12 il ne s'agit pas d'en faire une mesure comme ça débridée,
02:16 mais au contraire bien sûr bien étudiée.
02:18 - C'est-à-dire que le secondaire sera moins concerné ?
02:21 Là vous dites le professeur, parce que c'est l'enseignant, primaire,
02:23 après le redoublement on sait comment ça se passait.
02:26 De notre temps, comme dirait l'autre, c'était souvent le conseil de classe qui décidait ou pas en fin d'année.
02:31 C'est un scénario qui sera à nouveau possible ou pas ?
02:33 - Ce que Gabriel Attal a dit, c'est que le dernier mot c'est "au professeur".
02:37 C'est-à-dire effectivement c'est eux qui sont en capacité de juger
02:40 si l'élève pourra suivre et réussir dans son parcours scolaire par la suite.
02:45 Parce que l'objectif c'est qu'il réussisse.
02:47 C'est pas de laisser passer un élève pour qu'il se retrouve en échec.
02:51 Et par exemple, il y a une autre mesure qui a été indiquée par Gabriel Attal hier,
02:55 c'est que pour des élèves de 3ème qui n'auraient pas leur brevet,
03:00 alors effectivement ils ne pourront pas accéder au lycée.
03:03 - On va revenir là-dessus Sophie Bégeon dans un instant,
03:05 et sans doute après avoir entendu un premier auditeur ou une première éditrice,
03:08 mais je voudrais qu'on reste juste un instant sur le redoublement.
03:10 Vous avez pu entendre comme moi les syndicats d'enseignants,
03:12 ils sont pas très chauds quand même, or c'est eux qui vont décider.
03:15 Donc est-ce que ça va vraiment être suivi des faits cette annonce ?
03:17 - Il faut quand même rappeler que ces mesures ont été présentées
03:21 après une concertation très large qui a eu lieu pendant deux mois.
03:24 Le conseil scientifique de l'éducation nationale, l'inspection générale, un recteur,
03:30 ont animé cette concertation, les syndicats se sont exprimés.
03:35 Alors oui ça fait débat, ça fait débat parce qu'il y a des écoles,
03:38 il y a aussi des études scientifiques aux résultats différents,
03:41 mais ce que le ministre a choisi était très attendu en fait par beaucoup de professeurs.
03:47 - Ça pose aussi la question des moyens, parce que plus de redoublement,
03:50 bon ça va pas être spectaculaire j'imagine du jour au lendemain,
03:53 mais c'est aussi plus d'élèves par classe, du coup c'est mécanique, automatique.
03:58 - Alors plus d'élèves par classe, mais évidemment si on parle par exemple du premier degré,
04:03 vous savez que chaque année nous préparons la carte scolaire,
04:07 nous répartissons les postes et les moyens en fonction des évolutions démographiques,
04:11 parce qu'il y a plein d'autres raisons qui font évoluer les effectifs par classe.
04:15 On a quand même quelques objectifs, et notamment, rappelons-le,
04:18 parce que c'est aussi une continuité, en CP et CE1, les effectifs sont limités à 24 partout,
04:24 et en éducation prioritaire les classes sont dédoublées,
04:27 donc on a une douzaine d'élèves par classe.
04:30 - 04 67 58 6000, posez vos questions, n'hésitez pas.
04:34 Magali de Montpellier est avec nous, bonjour Magali.
04:37 - Bonjour, bonjour madame la rectrice.
04:39 - Alors, qu'est-ce que tu écoutes Magali ?
04:42 - Euh, ben, moi je, bon on a un ministre qui va de sa com' sur des annonces tout à fait évidentes
04:49 qui existent déjà et qui sont mises en oeuvre,
04:52 et ça c'est notre problème, moi j'ai quatre propositions à faire pour la mise en oeuvre,
04:58 du redoublement, de l'augmentation du niveau en masse, etc.
05:02 - Rapidement Magali s'il vous plaît.
05:03 - Oui, quatre propositions, pour remettre en place les RASED, les réseaux d'aide dans le premier degré,
05:08 avec des maîtres spécialisés pour le soutien scolaire et le soutien au comportement,
05:12 il faut réduire le nombre d'élèves à 20 élèves par classe en premier degré,
05:19 c'est évident pour pouvoir inclure tous les élèves différents au moins,
05:23 il faut former les professeurs et non plus recruter les professeurs
05:28 qui sont recrutés en demi-heure et qui sont contractuels,
05:31 et enfin il faut remplacer les professeurs à temps,
05:35 parce que les études montrent que c'est le manque de professeurs
05:38 qui fait que le niveau baisse aussi au niveau des élèves.
05:41 - Ok, merci Magali pour votre appel, bon ça fait beaucoup de choses !
05:44 - Oui, quelques réactions rapides,
05:46 bon d'abord le remplacement c'est une priorité,
05:48 on a mis des postes supplémentaires pour le remplacement,
05:50 particulièrement dans le premier degré, une organisation qui est plus fluide aussi,
05:54 c'est une priorité du gouvernement et une priorité pour nous.
05:57 Le nombre d'élèves par classe,
06:00 effectivement il y a eu un choix qui engage beaucoup de moyens de la nation,
06:04 rappelons-le, c'est la limitation à 24 en CP/CE1 mais aussi en grande section,
06:09 c'est le dédoublement des classes en éducation prioritaire,
06:14 et puis le recrutement, vous savez que le ministre a engagé une concertation aussi
06:18 sur le recrutement, sur le concours pour devenir fonctionnaire, enseignant fonctionnaire,
06:22 mais je rappelle que pour le recrutement des contractuels,
06:25 nous recrutons et particulièrement dans l'Académie de Montpellier,
06:28 je peux en être garante, avec évidemment un niveau d'études qui est acquis,
06:34 on ne recrute pas à n'importe quel niveau d'études, certainement pas en une demi-heure,
06:38 il y a un parcours de formation pour accompagner les enseignants,
06:41 et depuis l'année dernière on recrute les enseignants des néo-contractuels,
06:46 depuis le mois de juin, donc ils sont payés en juin, en juillet et en août,
06:50 pour se préparer dans leur parcours de formation avant de prendre une classe au mois de septembre,
06:55 donc ils ont des contrats de 15 mois, ce qui est aussi une garantie de qualité
06:58 pour ces enseignants contractuels, qui sont peu nombreux dans le premier degré,
07:01 mais néanmoins présents avec nous.
07:04 - Sophie Béjean, l'actrice de l'Académie de Montpellier,
07:06 est notre invitée ce matin, 0467586000 pour poser vos questions,
07:10 ou pour répondre à la question qu'on vous pose aussi depuis hier sur les réseaux,
07:13 selon vous, le redoublement est-il efficace ?
07:16 - Deux autres mesures sur lesquelles je voudrais qu'on s'arrête rapidement aussi, Sophie Béjean,
07:20 d'abord celle qu'on a découverte hier, la création de cette classe préparatoire au lycée
07:24 pour les élèves de 3ème qui ont échoué au brevet,
07:27 parce que le brevet va devenir obligatoire maintenant, pour passer en seconde,
07:30 si on a bien compris ce que disait le ministre,
07:32 création de cette classe prépa, c'est un peu comme le redoublement,
07:36 ça risque peut-être d'être vécu par certains comme un échec, non ?
07:39 - Alors, l'idée d'abord, c'est de faire du brevet une vraie exigence,
07:43 et que ce soit une motivation pour les élèves à travailler jusqu'à la fin de l'année de la 3ème,
07:48 avant ils pouvaient accéder au lycée finalement, qu'ils aient ou pas leur brevet,
07:51 donc là il y a quand même une motivation forte,
07:53 et puis aussi une pression bien sûr qui sera faite par les enseignants,
07:57 à espérer avoir de meilleurs résultats, en tout cas c'est une exigence légitime.
08:02 Deuxième chose, effectivement, pour ceux qui n'auront pas leur brevet,
08:06 il y aura un parcours adapté, donc c'est pas forcément des classes dédiées
08:11 où on remettrait tous ensemble... - Oui, on ne mettra pas tous ceux qui ont échoué au brevet ensemble,
08:15 à part les autres, en disant "bon maintenant, objectif, ça va se passer différemment".
08:19 - Oui, ça dépend aussi de leur souhait et leur vœu pour le lycée,
08:23 ceux qui veulent s'orienter vers la voie professionnelle,
08:25 qui est une voie qui devient attractive, il y a plus de motivation des élèves,
08:30 des parents de demandes pour les formations professionnelles, c'est une bonne chose.
08:35 Pour ceux-là, il peut y avoir la solution des 3ème prépa-métiers qui existent déjà,
08:40 et puis pour les autres, effectivement, on va se préparer, on a le temps,
08:44 pour organiser au collège des parcours adaptés,
08:49 pour remédier à leurs difficultés en français, en maths, selon le cas.
08:52 - Ces élèves qui seront dans ces classes préparatoires,
08:55 referont une partie du programme de 3ème ?
08:57 - Oui, probablement, ils referont une partie du programme de 3ème,
09:00 mais avec un renforcement là où ils ont eu des difficultés.
09:03 - Et deuxième chose, avant de prendre un deuxième appel, rapidement,
09:06 les groupes de niveau, ça, ça peut susciter aussi des inquiétudes,
09:09 à la fois chez les enseignants, pour les raisons qu'on connaît,
09:11 chez les parents aussi, en se disant, est-ce qu'il n'y a pas déjà
09:14 une présélection qui va se faire entre ceux qui seront dans certains groupes de niveau,
09:18 ceux qui n'y seront pas ?
09:19 - Alors, ce n'est pas une remise en cause de ce qu'on disait qu'était le collège unique,
09:23 c'est-à-dire que l'idée des groupes de niveau, c'est des groupes de besoin, en fait.
09:27 C'est-à-dire, ce sont des élèves qui, à un moment dans leur parcours scolaire,
09:30 ça peut être en 6ème, déjà, on le fait un petit peu,
09:33 parce qu'il y a des cours de renforcement en mathématiques et en français
09:36 en classe de 6ème depuis cette année,
09:38 on va faire un groupe de niveau, et pour les plus faibles,
09:41 des élèves avec un effectif limité à 15,
09:45 et donc la capacité d'aider plus individuellement
09:48 et de revoir les connaissances, les compétences qui n'ont pas été acquises avec eux.
09:54 Et puis pour ceux qui sont dans les autres groupes,
09:56 évidemment dans les effectifs normaux, d'avancer et d'avoir plus d'émulation entre eux.
10:00 - Mais vous comprenez ceux qui disent que ça peut être ressenti comme un échec aussi, de l'élève ?
10:03 - Ils ne seront pas enfermés, si je puis dire, dans un groupe de niveau,
10:08 puisqu'il s'agit de leur permettre d'acquérir ces compétences qu'ils n'ont pas eues.
10:11 Et dès que c'est bon, ils peuvent évidemment passer dans un autre groupe.
10:15 Donc il ne sera pas un groupe de niveau tout au long de la scolarité du collège.
10:18 - À la boissière, il y a Marie qui nous écoute et veut intervenir au 0467 58 6000.
10:23 Bonjour Marie !
10:24 - Bonjour, et bien ?
10:26 - Alors, on vous écoute.
10:28 - Alors voilà, je travaille avec des enfants et des jeunes,
10:31 donc je vais dans les écoles, les collèges.
10:33 Je voudrais dire simplement que le redoublement, on ne peut pas le généraliser comme ça.
10:38 Ça dépend des enfants.
10:40 Si l'enfant est mis dans la même situation que l'année précédente, il ne se passera rien de plus.
10:45 Et puis, moi qui travaille avec ces jeunes, par exemple, là il y a eu la rentrée,
10:49 je suis à Mogliou mais sur d'autres communes aussi,
10:52 je croise des jeunes, notamment des enfants d'une famille très en difficulté au collège,
10:56 et je me dis, mais ils ne comprennent vraiment pas, dans le matière scientifique notamment,
11:00 je ne trouve pas d'endroit pour qu'ils puissent être aidés,
11:04 hors ni du soutien aux payants.
11:07 Donc ces familles-là, il n'y aura rien de plus,
11:10 et elles peuvent redoubler, ils peuvent redoubler, ils ne peuvent rien.
11:13 Les deux jours au collège, je le sais,
11:16 mais deux heures, trois heures par semaine, ça ne suffit pas.
11:19 - Merci Marie pour votre intervention.
11:21 Justement, Marie, on va laisser la réactrice vous répondre par rapport à ces enfants,
11:27 pour qu'il n'y ait pas de solution, a priori.
11:30 - Deux réactions rapides.
11:31 Bon, d'abord, il ne s'agit pas de faire du redoublement généralisé.
11:34 Et évidemment, on fait confiance finalement aux professeurs,
11:36 parce que c'est eux qui connaissent aussi leurs élèves, les familles,
11:40 qui vont proposer des stages de réussite pendant les congés scolaires,
11:44 pour ceux qui ont des difficultés,
11:46 qui vont leur demander, s'ils sont au collège, de participer à devoirs faits,
11:49 qu'il y ait la possibilité d'être accompagnés pour faire le travail qu'on dit à la maison,
11:54 le travail en dehors de la classe,
11:56 et les aider à bien récupérer les notions qui n'ont pas été acquises.
12:00 Et puis, le redoublement, ce n'est pas une solution miracle.
12:03 Donc c'est bien un ensemble de dispositifs,
12:05 et qui sera proposé aux familles, discuté, et avec le dernier mot par professeur,
12:10 parce que c'est eux qui pourront dire si l'élève peut suivre dans la classe suivante.
12:14 Donc c'est quand même une confiance aux enseignants,
12:16 et ce message-là, c'est un message qui est bien entendu,
12:19 et qui est apprécié aussi des enseignants.
12:21 - Merci Sophie Béjan, rectrice de l'Académie de Montpellier,
12:24 d'être venue ce matin dans le 7/9, y compris pour répondre aux questions de nos auditeurs.
12:27 Je rappelle le résultat du sondage, il n'a pas bougé,
12:29 toujours 85% en faveur du redoublement ce matin.
12:32 Merci à vous, et bonne journée.
12:34 - Vous pouvez réécouter cette interview en allant sur francebleu.fr.
12:37 Un montpellierain dans le bureau d'Emmanuel Macron, cette semaine.
12:41 Hamza Arab, militant associatif dans le quartier du Petit-Bar à Montpellier,
12:45 porte-parole de la Caravane des Quartiers, a participé ce lundi au Palais de l'Elysée
12:48 à une réunion de travail avec Emmanuel Macron sur les quartiers et le racisme.
12:52 Qu'est-ce qu'il en ressort ? Qu'est-ce qu'il s'est dit ?
12:54 Il est notre invité, juste après les infos d'huit heures.
12:56 Ici Maxime.

Recommandée