• il y a 2 ans
Transcription
00:00 où tous mes flics sont toujours un peu borders,
00:02 et dans mes films autrement c'est pas intéressant.
00:04 Comme je le dis, dans la réalité, ils seraient tous en prison aujourd'hui.
00:07 Mais bon, là on fait de la fiction,
00:10 la fiction ça sert un peu à s'amuser,
00:14 et puis à dépasser un peu la réalité.
00:16 On a eu la chance d'être en immersion avec les policiers de la BRB de Marseille,
00:25 pendant plusieurs jours,
00:26 pouvoir leur parler, pouvoir discuter avec eux sur leur quotidien.
00:31 Essayer de capter aussi et de leur voler des gestes,
00:34 des mimiques de langage,
00:37 et puis ensuite préparation physique.
00:40 Oui c'était vraiment super, c'était une expérience super.
00:43 On est allé voir le bureau,
00:46 tout le monde était très très gentil,
00:48 ils nous ont montré tout,
00:50 on a vu les prisons, tout ça,
00:52 c'était très très intéressant.
00:54 C'était d'ailleurs un vrai bonheur de rencontrer les policiers ici,
00:57 et de savoir un peu comment ils travaillaient,
00:59 la manière dont ils se comportaient aussi,
01:01 pour s'inspirer, les observer,
01:03 et voir un petit peu le tempérament qu'ils ont,
01:05 c'était très intéressant.
01:07 C'est vrai que grâce à Olivier,
01:09 les gens de la BRB à Marseille nous ont ouvert la porte de leur bureau,
01:12 ont répondu à nos questions,
01:14 nous ont raconté un peu leur vie, leur travail,
01:16 et ça a été assez inspirant,
01:18 moi j'ai trouvé, et je pense que c'est ce à quoi on a essayé de rendre hommage,
01:21 consciemment ou inconsciemment,
01:23 c'est que c'est des petites familles,
01:26 ils font famille ensemble,
01:28 et ça se sent très fortement,
01:30 et c'est des gens qui bossent quand même sur des affaires énormes.
01:34 Moi je fantasme un peu tout ça,
01:36 mais en même temps, quand on voit les images,
01:38 moi j'ai eu accès à pas mal d'images,
01:40 parce que j'ai beaucoup de potes flics à la BRB,
01:42 qui nous ont beaucoup aidés aussi,
01:45 d'ailleurs des deux côtés,
01:48 d'anciens voyous et des copains de fille,
01:50 qui nous ont beaucoup aidés à la réalisation de la série,
01:55 qui m'ont montré les images,
01:57 et on est bien, on est bien calés dans les baskets.
02:01 Le plus choquant, c'est...
02:03 En fait, moi j'essaie toujours de rendre ça assez onirique,
02:07 pour que la violence passe mieux,
02:09 mais le plus choquant, comme je dis aujourd'hui,
02:12 quand vous voyez les images,
02:14 c'est surtout que ce sont des jeunes qui se tuent.
02:16 Donc voilà, moi à mon époque, quand j'étais flic,
02:18 le règlement de compte, c'était les mecs de 40, 35, 40, 50 ballets
02:22 qui s'allumaient la gueule.
02:24 Là aujourd'hui, c'est des gamins de 15, 16 ans, 17 ans,
02:27 le plus terrible, il est là.
02:29 C'est qu'ils ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actes,
02:33 et des conséquences.
02:36 C'est moi, voilà, ça qui me chagrine,
02:40 surtout, mais bon, c'est comme ça, c'est aujourd'hui.
02:47 On tournait sur une plage, pas loin d'ici,
02:50 c'était vraiment le tout premier jour de tournage,
02:52 et on devait faire semblant de jouer au foot,
02:54 et sur la première action, 30 secondes après,
02:57 je saute en l'air pour jouer au ballon,
03:00 et je me fracture toutes les côtes.
03:02 Et j'ai dû passer tous ces mois de tournage
03:06 avec les côtes en moins,
03:08 donc en fait, toutes les séquences, pour moi,
03:10 c'était un challenge de pouvoir dire mon texte,
03:13 et de respirer, voilà.
03:15 Donc voilà, le challenge, c'était ça, plutôt.
03:18 La scène de la fin, où vous me courez après,
03:21 c'est vrai que c'était...
03:23 C'est vrai, ça !
03:24 On a passé 2-3 jours à courir sur les quais,
03:27 et puis un peu dans le panier et tout,
03:29 donc c'est vrai que c'était...
03:31 Très tard.
03:32 Ouais, très tard, c'était du genre 20h-4h du matin,
03:34 donc c'est vrai que quand t'as fait 8h de course,
03:37 3 jours d'affilée comme ça, c'est vrai que c'est un peu épuisant,
03:39 mais bon, au final, le rendu est super,
03:41 donc on est contents, mais c'est vrai que sur le moment,
03:43 c'est un peu la gueule, quoi.
03:45 Donc ouais, beaucoup de course et tout,
03:47 mais c'est assez grisant de faire ça, c'est clair,
03:50 mais c'est de la prépa, et puis c'était très physique,
03:53 très très physique, comme d'habitude sur les films,
03:56 sur les séries d'Olivier, quoi.
03:58 Moi, c'est une ville où j'aime vivre, Marseille,
04:04 où j'aime être, et puis où j'aime tourner,
04:07 parce que...
04:09 Parce que décompose les caméras,
04:12 c'est un peu vulgaire ce que je vais vous dire,
04:14 mais la caméra, elle baisse avec la ville, quoi.
04:16 Dès que vous la posez, quelque part, c'est beau.
04:20 Donc je vous fais pas de...
04:22 C'est pas pour faire de la lèche avec les Marseillais,
04:24 mais moi j'adore Marseille, je suis...
04:26 Je vais habiter Marseille les deux tiers du temps,
04:28 à partir de décembre.
04:30 C'est une ville où je me sens vraiment très très bien.
04:32 On a tourné dans les quartiers Nord,
04:34 on a travaillé avec eux,
04:36 beaucoup des gens des quartiers Nord, d'ailleurs,
04:38 sont dans la série, ils font de la figuration,
04:41 on faisait bosser tout le monde,
04:43 il y avait de la sécurité,
04:45 tout le monde bossait, quoi,
04:47 donc il y avait vraiment un esprit de groupe,
04:48 ils étaient hyper contents qu'on soit là.
04:50 Ça s'est bien passé, après c'était bien chapeauté,
04:53 on n'est pas arrivé en terrain conquis,
04:55 c'était organisé,
04:57 et ça s'est bien passé.
04:59 Comme ça se passe, on s'est bien organisé.
05:00 Puis même, on a été plutôt bien accueillis,
05:02 en fait je pense que les Marseillais aiment Olivier Marchal,
05:05 et que pour le coup, moi,
05:07 tous les souvenirs que j'ai de tournages dans les cités,
05:09 c'était plutôt des trucs chaleureux,
05:11 les gens étaient contents qu'on soit là,
05:12 ils nous ont bien accueillis.
05:13 Nous, on les a traités comme des potes,
05:15 donc on les a intégrés,
05:16 ils ont fait la sécu,
05:18 il y en a qui ont joué leur propre rôle,
05:19 on est devenus potes,
05:21 les mamans, elles nous faisaient les pâtisseries orientales,
05:24 elles nous descendaient ça sur le plateau,
05:26 j'en ai même fait tourner une,
05:28 qui voulait nous inviter à manger du couscous,
05:31 et chez elle, mais moi je lui dis, on est 50,
05:33 on ne va pas venir chez vous à 50.
05:35 Et puis, ce qui m'a le plus touché,
05:37 c'est que quand on est resté à peu près une semaine à la Cité Consola,
05:40 et c'est quand on est parti que les gens,
05:42 ils nous ont applaudi aux fenêtres,
05:44 et ça, c'était hyper touchant.
05:45 90% du casting de cette série est marseillaise,
05:49 donc à partir de là,
05:51 tout s'est passé à la perfection.
05:53 Franchement, c'était incroyable,
05:54 ils étaient contents de nous recevoir,
05:56 nous, on était contents d'aller les voir,
05:57 on a lié de vrais liens,
06:00 et c'était vraiment, c'est une super ville pour ça.
06:03 Parce que quand vous arrivez à Marseille,
06:05 vous êtes apaisés,
06:07 contrairement à ce qu'on veut bien nous montrer dans les médias,
06:10 vous savez, c'est toujours les petits marquis de la presse parisienne
06:13 qui sont toujours très apeurés
06:15 de ce qui est loin d'eux, de ce qu'ils ne connaissent pas.
06:18 Ils décrivent ça, mais Paris,
06:20 il se passe dix fois plus de choses qu'ici,
06:23 personne n'en pense,
06:24 c'est la capitale, on n'a pas le droit d'y toucher,
06:26 les Olympiques arrivent en plus,
06:27 donc c'est vrai qu'à Paris, tout va bien, comme on le sait bien.
06:30 Donc je crois que c'est une des villes les plus invivables au monde en ce moment,
06:34 au niveau de la crasse, de la violence, l'agressivité,
06:37 des transports, du manque de bonheur surtout.
06:41 Il n'y a pas de lumière, il n'y a pas de joie,
06:43 on ne s'amuse plus à Paris.
06:45 Moi, ça fait 40 ans que j'y vis,
06:46 c'est pour ça que je pars, tous mes copains sont partis,
06:49 et malheureusement, mes enfants sont obligés d'y être encore,
06:53 mais autrement je les aurais amenés avec moi.
06:55 Mais voilà, c'est vrai que la violence et la noirceur,
06:59 c'est un peu inhérent aux gens policiers,
07:02 forcément, moi mon but, ce n'est pas de montrer Marseille,
07:05 ville violente, c'est une histoire que j'aurais pu difficilement faire à Bordeaux,
07:10 à Saint-Etienne ou à Grenoble.
07:12 Marseille, ce qui est bien, c'est que c'est tentaculaire,
07:14 c'est une grande ville, il y a beaucoup d'espace.
07:17 Donc, c'est...
07:19 - Il y a la légende.
07:20 - Oui, voilà, et puis, il y a la légende.
07:24 Donc, il faut tourner sur les légendes, quoi.
07:27 Il faut s'en amuser, quoi.
07:29 - C'est quelqu'un qui aime ses comédiens,
07:32 qui les met dans des conditions adéquates pour pouvoir travailler,
07:36 même s'il est très exigeant, et ça, c'est tout ce qu'on recherche, en fait.
07:40 Vraiment, je ne dis pas ça parce qu'il est où, d'ailleurs ?
07:43 Il ne m'entend pas, de toute façon.
07:45 Il est vieux, donc il n'entend plus rien.
07:47 - Moi aussi, je dirais exactement la même chose.
07:50 Et en plus, j'avais vraiment l'impression que je peux lui faire confiance avec tout.
07:55 Il a un sentiment génial, je trouve, pour les scènes et pour les émotions.
08:00 - Puis Olivier Marchal a ce don de nous communiquer l'amour qu'il a pour nous
08:04 et nous responsabilise vachement.
08:06 Donc, on se sent en même temps...
08:08 On est à fond dans le taf et en même temps, on se sent hyper à l'aise.
08:11 C'est-à-dire que c'est vraiment...
08:13 C'est son génie, c'est de nous propulser comme ça,
08:15 de nous mettre dans des meilleures conditions.
08:17 Et puis, nous aussi, de notre côté, on a su...
08:19 On s'est très bien entendus, donc ça a été vraiment...
08:22 Je dirais même presque très facile, quoi.
08:24 On s'est vraiment très bien entendus.
08:26 - Moi, j'ai eu l'impression qu'on s'est marrés tous les jours pour des trucs...
08:29 Enfin, vraiment, on a joué comme des enfants, quoi.
08:32 Je peux pas vous dire mieux que ça.
08:34 C'était une joie.
08:35 Et c'est vrai qu'Olivier a ce talent d'instaurer ça.
08:38 Et là, on parle des comédiens,
08:40 mais en fait, c'est quelque chose qui était vrai sur tout le plateau.
08:42 Ça a été vrai avec les équipes techniques, ça a été révélé entre nous.
08:45 Je sais pas, même avec les mecs de la cantine.
08:47 Il y avait pas tellement de...
08:49 On a été une grande colo de vacances pendant 4 mois.
08:52 - C'est un mec incroyable pour les acteurs.
08:54 Je souhaite à tout acteur et actrice de pouvoir un jour travailler avec lui
08:58 parce qu'il est aussi d'une ancienne époque
09:00 où on fait attention aux acteurs,
09:03 où on fait attention aussi à une ambiance de tournage
09:05 parce que c'est long de tourner un film ou une série, encore plus.
09:10 Et il a toujours cette bienveillance de ramener quelque chose de frais
09:15 et de se dire qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier.
09:18 Et... Ouais, et puis il a une hypersensibilité
09:21 qui fait qu'on est toujours sous un regard bienveillant.
09:25 Et ça, je rejoins Jeanne, on peut toujours...
09:29 Voilà, on peut lui faire confiance tout le temps
09:31 et c'est ça qui est agréable.
09:33 On se sent en sécurité, quoi. C'est ça qui est cool.
09:35 - C'est un métier que j'adore.
09:37 Comme le dit Gérard Lanvin, moi je suis très pote avec Gérard Lanvin,
09:41 c'est le métier le plus formidable au monde dans le pire des milieux.
09:45 Donc ça veut dire que moi je me prends comme un artisan.
09:51 J'ai travaillé avec mon père à l'âge de 13 ans, il était pâtissier.
09:54 Je faisais la plonge, j'ai appris le métier de la pâtisserie avec lui.
09:58 Après j'ai été flic, j'ai travaillé en groupe,
10:02 j'ai travaillé sur des trucs évidemment beaucoup plus graves que ce que nous on fait.
10:06 En fait on fait que...
10:07 Si vous voulez, c'est un métier où on s'amuse et il faut le faire avec sérieux.
10:11 C'est un métier où on doit s'amuser sérieusement.
10:13 On fait effectivement des journées de 17-18 heures, mais comme vous, vous faites le vôtre.
10:18 C'est-à-dire que c'est sérieux, mais en même temps on n'est pas obligé de se poser des questions
10:22 auxquelles personne ne sait répondre.
10:24 Ou tout d'un coup vous allez vouloir poser la question, super intello, super machin.
10:29 En fait, chef d'orchestre, je fais attention à tout le monde.
10:33 Du papy figurant que je vais remarquer, qui est là dans le froid depuis 6h du matin,
10:40 qui attend et je vais aller le voir, lui mettre une couverture, ou le mettre au chaud.
10:47 Après les acteurs, c'est vrai qu'on fait le psy, il y a des acteurs qui doutent.
10:55 Vous voyez, je suis un papa, un papa, puis un grand frère, et puis surtout,
10:59 avant tout un déconneur, je ne me prends pas, on est là pour s'amuser.
11:04 [Musique]
11:07 [SILENCE]

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