Le gardien de but Jessy Moulin a mis un terme à sa carriére de gardien de but. Une idylle commencée à l'âge de 13 ans avec l'AS Saint-Étienne. Il a longtemps été la doublure de Stéphane Ruffier chez les Verts avant une dernière saison (2020-21) comme titulaire.
Il nous raconte en toute intimité une carrière longue de plus de 24 ans.
Il nous raconte en toute intimité une carrière longue de plus de 24 ans.
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00:00 [Musique]
00:10 Jessy Moulin, gardien LSESE.
00:12 [Claquement de doigts]
00:13 [Musique]
00:28 Je vivais à Montélimar avec mes parents,
00:31 enfin dans un petit village à côté de Montélimar, les Tourettes,
00:34 où je jouais au foot.
00:35 J'ai joué au foot là-bas pendant quelques années.
00:38 Ensuite, je suis parti à Montélimar à l'UMS pendant 8 mois.
00:43 Et puis, on a fait un tournoi en salle avec l'UMS.
00:47 On a été invité à Bourg-Saint-Maurice.
00:49 Et il y avait la Sainte-Étienne, il y avait plein de clubs.
00:51 Il y avait l'OM, Lyon, je m'en rappelle.
00:56 Et j'avais fini meilleur gardien du tournoi.
00:59 Sainte-Étienne avait demandé mes coordonnées pour faire des essais.
01:01 J'ai fait deux essais.
01:03 Vraiment, les essais…
01:05 Enfin, je suis monté la première fois,
01:07 à la limite, on n'a pas pu jouer au foot à cause du temps.
01:09 Tant moi, il pleuvait, tu vois.
01:10 C'était vraiment la caricature de Sainte-Étienne, tu vois.
01:13 Un peu comme l'échec qui est monté.
01:15 On est arrivé, pam, l'eau et tout, machin.
01:18 Il pleuvait, il y avait des cordes.
01:20 Donc, je suis remonté une fois.
01:21 Et puis, c'était très bien passé, les essais.
01:23 Et puis, ils m'ont de suite dit qu'ils voulaient que j'intègre
01:26 les centres de formation la saison prochaine.
01:28 Donc, j'ai eu quelques premiers essais.
01:31 Je crois que c'était en février.
01:32 Le deuxième, c'était deux, trois mois plus tard.
01:34 Donc, il fallait que je prenne une décision assez rapidement.
01:36 Ça a été dur.
01:37 Ça a été dur parce que j'étais à la maison avec mes frères.
01:40 Ça a été très dur pour tout le monde que je parte,
01:43 y compris pour moi, bien sûr.
01:45 Mais, voilà, au début, au fond de moi,
01:48 je n'avais pas très envie de quitter le confort de la famille.
01:52 Et puis, j'ai des collègues, dont un copain qui se reconnaîtra,
01:56 si il voit la vidéo, qui venaient me réveiller le matin.
01:59 Parce que ça m'a tellement secoué que pendant une semaine,
02:02 je ne suis pas allé à l'école.
02:04 Ma mère disait que c'était pour se reposer et tout.
02:06 Elle prenait soin de moi, disait non, mais c'est pour te reposer,
02:09 ne t'inquiète pas, tu as une grosse semaine, machin.
02:11 Mais en fait, j'étais paumé.
02:13 Il fallait prendre une décision.
02:14 À 13 ans, tu prends une décision qui change ta vie,
02:16 de partir à 200 km de chez toi,
02:19 où tu sais que tu ne vas pas avoir la même vie,
02:22 que tu ne connais pas, tu ne sais pas où est-ce que tu atterris vraiment.
02:25 Et j'avais un collègue, le grand frère d'un collègue qui jouait,
02:30 qui venait me réveiller le matin et qui me disait,
02:32 "Hey, Jesse, on rêve tous d'être à ta place,
02:35 donc prends une décision maintenant, la porte est encore ouverte,
02:39 il faut que tu passes."
02:40 Il me rappelle, il me prenait l'image de la porte ouverte,
02:44 qu'il fallait que je m'infiltre dedans.
02:45 Je me rappelle, j'étais à l'école,
02:47 j'étais assez bagarreur et une bagarre de trop.
02:50 La prof convoque ma mère au collège et elle lui dit,
02:53 "Mais qu'est-ce qu'il veut faire votre fils plus tard ?"
02:55 Elle avait dit "footballeur".
02:56 Elle me l'avait ressorti en classe,
02:57 elle m'a dit, "toi tu vas être footballeur, mais tu n'y arriveras jamais."
02:59 Du coup, je voulais être footballeur,
03:01 donc il fallait que je parte,
03:02 il fallait que je prenne mon courage à deux mains.
03:05 Et donc, c'est ce que j'ai fait.
03:06 J'ai débarqué à Saint-Etienne en 99,
03:09 en l'été 99, en moins de 13.
03:12 La première année, j'étais avec Baf et Timmy Gomis.
03:15 Après, j'ai été avec Mamadou Dabo,
03:19 Yoann Benalouane, des mecs qui sont sortis,
03:22 qui ont joué à la Saint-Etienne,
03:23 qui ont fait des belles choses à la Saint-Etienne.
03:27 Moi, quand j'étais au centre,
03:29 il y avait Jérémy Jeannot, Julien Sablé,
03:31 qui sortait du centre, qui était jeune pro,
03:34 avec qui je jouais,
03:36 et qui était le plus jeune de l'équipe.
03:38 Il sortait du centre, qui était jeune pro,
03:41 avec qui j'avais des contacts.
03:44 C'est vrai que nous, à l'époque,
03:45 c'était différent de maintenant, quand même, le centre.
03:47 Parce que j'entends des fois les gamins qui se plaignent,
03:49 mais ce n'est quand même pas pareil.
03:51 Parce que nous, on était au centre,
03:52 je me rappelle, on était une trentaine,
03:55 on était 45, je crois, au centre, deux gamins,
03:57 et on était une grosse vingtaine,
04:00 au même étage,
04:01 et de moins de 13 à moins de 17.
04:04 C'est-à-dire que les quarts d'âge,
04:05 quand tu as 13 ans, avec ceux qui ont 17 ans,
04:07 c'est énorme.
04:08 Il est énorme.
04:10 On était trois par chambre,
04:12 on n'avait pas de télé,
04:13 on n'avait pas de téléphone,
04:14 pas d'ordinateur, pas d'Internet.
04:17 Pour appeler papa, maman,
04:19 il fallait descendre à la cabine.
04:21 Donc, à la cabine, il y avait la queue.
04:23 Les grands de 17 ans, s'ils voulaient appeler,
04:25 ils venaient, ils raccrochaient.
04:27 Tu vois, c'est à mon tour.
04:28 C'était comme ça, c'était un peu la guerre, quoi.
04:31 Dans le centre, il se passait des trucs.
04:33 C'est la vie du centre, tu vois.
04:34 Je veux dire, je ne regrette rien.
04:35 C'est ce qui a fait aussi mon caractère.
04:37 Mais franchement, il y a aussi une sélection naturelle,
04:39 quand même, au centre.
04:40 Parce qu'il y en a un paquet qui ont craqué
04:43 et qui sont partis parce que c'était trop dur.
04:47 Il fallait quand même être accroché.
04:50 Quand tu avais des mecs qui rentraient le matin
04:52 dans ta chambre pour prendre ta veste de Noël,
04:54 qui étaient tout neufs,
04:55 qui disaient « Non, c'est moi qui la mets »,
04:56 tu vois, quand tu as 13, 14 ans, c'est dur.
04:59 Mais ça forge le caractère, c'est bien.
05:00 Parce qu'il faut se battre,
05:03 en sens propre comme en sens figuré.
05:05 Mais c'est ce qui fait le caractère aussi.
05:07 C'est ce qui a fait de moi, maintenant,
05:10 aussi un homme conciliant et bienveillant.
05:14 Je n'ai jamais reproduit ce que je n'ai pas aimé.
05:18 Je n'ai jamais reproduit ce que je retrouvais au centre.
05:20 Moi, j'étais le plus grand au centre.
05:22 C'était ventre qui glisse à poil dans les couloirs.
05:26 Ce n'était pas du tout la même chose.
05:28 Je n'avais pas la même approche avec les jeunes,
05:33 qui étaient plus petits.
05:34 Non, pas effacé du tout,
05:38 parce que j'adorais être sur le terrain.
05:39 Vraiment, j'ai toujours aimé m'entraîner, jouer.
05:43 J'ai toujours aimé ça.
05:44 C'était vraiment ce que j'aimais faire du sport
05:48 avec les collègues.
05:49 Oui, menordome, dans le sens où j'aimais vraiment gagner.
05:54 Même sur la moindre petite chose d'entraînement,
05:59 le moindre petit exercice, il fallait que je sois devant.
06:03 Et quand ça ne l'était pas, ça me permettait de progresser
06:07 et de m'arracher tous les jours au quotidien.
06:10 Les gens le savent, je suis quand même déconneur,
06:15 mais sur le terrain, je ne déconne que quand c'est le moment de déconner.
06:19 Quand il y a un exercice, c'est la compétition, c'est à fond.
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