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Les joueurs de League of Legends se croient supérieurs à la moyenne ! C'est à cause d'un biais cognitif, le biais de supériorité illusoire.
Transcription
00:00 "Je suis fort, mais si je perds, c'est la faute des autres."
00:03 Cette phrase pourrait être le nom alternatif du jeu vidéo League of Legends.
00:07 Aucun besoin d'avoir déjà joué à ce jeu pour comprendre cette vidéo,
00:11 et elle va nous servir à tous dans la vie quotidienne.
00:14 D'ici quelques minutes, vous saurez à la fois comment vous protéger d'un effet de supériorité qui nous touche tous,
00:20 mais aussi comment l'utiliser à votre avantage pour réellement devenir le meilleur dans vos objectifs.
00:29 Si on demande aux conducteurs américains s'ils pensent mieux conduire que la moyenne,
00:32 93% répondent que oui, ils conduisent mieux.
00:35 Normalement, on devrait bien sûr avoir 50% de oui et 50% de non,
00:39 mais ce résultat de surestimation n'est pas étonnant.
00:41 Oubliez les voitures, car pour traiter le sujet d'aujourd'hui, on va utiliser le jeu vidéo.
00:46 Celui qui va nous intéresser, c'est le type de jeu vidéo où le joueur n'est pas seul,
00:50 mais où il va pouvoir se comparer aux autres.
00:52 Et c'est là que League of Legends rentre en jeu.
00:54 League of Legends est actuellement le plus grand représentant du jeu vidéo compétitif,
00:59 l'eSport.
01:00 Pour le présenter rapidement aux gens qui ne le connaissent pas,
01:02 League of Legends est l'un des jeux vidéo les plus joués au monde.
01:06 Au moins une centaine de millions de personnes y a déjà lancé une partie.
01:09 Les championnats du monde de League of Legends
01:11 sont un événement regardé par des millions de personnes dans le monde.
01:14 Très peu de sports peuvent se vanter d'avoir de tels chiffres.
01:17 Une partie de League of Legends, c'est un véritable match.
01:20 Deux équipes de cinq joueurs s'affrontent durant 30 minutes sur un terrain toujours identique.
01:25 Le but est de défendre sa base et de détruire celle de l'adversaire.
01:29 Jusque là, vous me suivez.
01:30 Avec ses plus de 163 personnages différents, chacun en compétence unique,
01:35 le jeu est très complexe et demande beaucoup de temps pour être maîtrisé.
01:39 À haut niveau, les équipes qui s'affrontent sont exactement comme toute équipe de sport de haut niveau,
01:44 c'est-à-dire des joueurs professionnels qui se connaissent,
01:46 s'entraînent ensemble et font des stratégies ensemble.
01:49 Mais ce n'est pas du tout comme ça que la majorité des gens jouent.
01:52 Et c'est là que ça devient intéressant.
01:55 Pour rendre le jeu viral et accessible au plus grand nombre,
01:58 les développeurs ne pouvaient pas se permettre de forcer les gens
02:01 à toujours devoir se trouver eux-mêmes une équipe de cinq personnes,
02:04 avec des rôles complexes et spécifiques à chacun,
02:06 juste pour faire une partie.
02:08 C'est trop contraignant.
02:09 Ainsi, le mode de jeu le plus joué dans League of Legends,
02:12 c'est le mode de jeu où même en étant tout seul chez vous,
02:15 vous cliquez sur "trouver une partie"
02:17 et c'est l'algorithme du jeu qui se charge de constituer votre équipe
02:20 et celle de vos adversaires à base d'inconnus qui seront différents à chaque partie.
02:25 C'est très pratique.
02:26 Et surtout, pour que ce ne soit pas déséquilibré,
02:29 l'algorithme du jeu cherche à vous constituer un match
02:32 qu'avec des gens qui ont un niveau de jeu estimé équivalent au vôtre.
02:36 Pour ce faire, il utilise un système de classement
02:39 qui vous compare avec les millions de joueurs de votre région.
02:42 Le classement est assez simple.
02:43 Quand vous gagnez une partie, vous gagnez des points
02:45 et vous montez dans le classement,
02:47 ce qui vous fait jouer avec des gens de classement plus élevés,
02:49 rendant les parties plus difficiles,
02:51 et si vous perdez, inversement, vous baissez en classement,
02:53 les rendant plus simples.
02:55 Ainsi, le but de ce jeu n'est pas vraiment de simplement gagner des parties,
02:58 mais plutôt de monter le plus possible en classement,
03:01 car il est directement un reflet,
03:03 non seulement de si vous gagnez vos parties,
03:04 mais aussi de si vous gagnez des parties qui sont difficiles ou pas.
03:07 Le prestige d'un joueur de League of Legends
03:10 est très fortement corrélé à son classement.
03:12 Généralement, les joueurs de niveau professionnel
03:14 ont un classement individuel dans des paliers élevés,
03:16 qui représentent le top 0,1% des joueurs.
03:19 Pour faire un parallèle avec un sport physique,
03:22 c'est comme si vous pouviez jouer au foot quand vous voulez,
03:24 mais en étant tout seul,
03:25 et donc un système vous compose votre match
03:28 avec des inconnus à usage unique.
03:29 Oubliez votre club,
03:30 car votre classement et votre progression sont purement individuels,
03:34 et vous ne rejouerez normalement jamais
03:35 avec les mêmes coéquipiers ni adversaires.
03:37 Voyez-vous où est le problème ?
03:39 Le problème, c'est qu'on parle d'un jeu d'équipe.
03:41 Autant si dans une course de vitesse,
03:43 vous dépendez balai bien uniquement de vous-même et de votre détermination,
03:47 un match de foot, ça ne se gagne pas tout seul.
03:49 Vous pouvez marquer un triplé en finale de Coupe du Monde
03:51 et perdre le match.
03:52 Le principe même dans le sport d'équipe,
03:54 c'est de gagner avec le collectif.
03:56 League of Legends n'y fait pas exception.
03:58 Dans le 55 de League of Legends,
04:00 même si de votre côté, vous pouvez dominer l'adversaire face à vous,
04:03 si sur les autres endroits de la carte,
04:06 vous coéquipiez que vous ne connaissiez pas il y a 10 minutes
04:08 et que vous n'allez plus jamais revoir,
04:10 se font totalement rouler dessus
04:12 et que vous perdez la partie sans rien utiliser,
04:14 vous allez perdre en ayant une sensation d'injustice
04:16 et le sentiment de ne pas mériter cette défaite posée par votre équipe.
04:20 Non seulement la défaite devient extrêmement toxique,
04:22 car elle peut sembler décorrélée du niveau individuel,
04:25 mais en plus de ça, vous allez vous mettre à juger le niveau de vos coéquipiers,
04:29 car vous avez peur qu'ils soient moins bons que les adversaires.
04:31 Mais pourtant, le jeu essaye de vous aider à jouer stratégiquement avec vos coéquipiers,
04:38 même si vous ne les connaissez pas.
04:40 Les développeurs ont mis un chat de discussion à disposition dans la partie
04:43 qui permet de communiquer.
04:44 Le problème, c'est que rapidement,
04:46 ce chat a pris la réputation de devenir un lieu d'insulte.
04:49 Pas un endroit où on insulte son adversaire, non.
04:52 Au contraire, il est bien souvent très respecté,
04:54 mais plutôt un endroit où on se fait insulter par les membres de sa propre équipe.
04:58 On rentre dans une ambiance encore plus toxique,
05:00 où au moindre pas de travers, petite erreur,
05:02 au lieu que votre équipe se dise que vous êtes tous ensemble et qu'il faut vous soutenir,
05:06 non, vous allez avoir un joueur de votre équipe qui va vous insulter.
05:10 Et cette personne qui vous insulte,
05:11 si elle perd la partie, elle va considérer que c'est vous le responsable
05:15 et qu'en règle générale, les joueurs de son classement sont mauvais,
05:18 qu'ils perdent trop à cause d'eux et l'empêchent de progresser.
05:20 Et je n'en rajoute vraiment pas.
05:22 Les joueurs qui restent bloqués à un classement après plusieurs parties
05:25 sont qualifiés de joueurs stuck,
05:26 voire même hard stuck au bout de milliers de parties,
05:29 et c'est très banal.
05:31 En fait, la majorité des joueurs qui jouent souvent à ce jeu
05:33 ont des centaines de parties à leur actif
05:35 et restent globalement au même classement.
05:37 Mais ce n'est pas cohérent.
05:39 Comme je vous l'ai dit,
05:40 les joueurs de niveau pro n'ont aucun mal à monter aux rangs les plus élevés,
05:43 même dans ce mode de jeu.
05:45 C'est bien la preuve que même dans un jeu d'équipe,
05:47 à la longue, c'est le niveau individuel qui fait la différence.
05:50 Tout simplement car des parties, on peut en faire des centaines.
05:53 Même si en effet, certaines parties ne peuvent probablement pas être gagnées,
05:56 même en jouant parfaitement,
05:58 à cause de nos coéquipiers qui eux jouent très mal.
06:00 Chaque joueur à l'impact suffisant pour à la longue,
06:03 statistiquement, gagner plus de parties qu'il n'en perd s'il joue bien,
06:07 et donc monter.
06:08 Un joueur niveau diamant,
06:09 s'il crée un nouveau compte et qu'il joue en bronze,
06:11 à force de jouer, il va monter pour se retrouver à nouveau en diamant,
06:15 qui est son vrai niveau.
06:16 Et ce, même avec des coéquipiers qui sont en bronze.
06:18 Si Kilian Mbappé était envoyé jouer des matchs de niveau amateur,
06:22 on ne le verrait pas rester bloqué,
06:23 dire "c'est trop dur, mes coéquipiers me font perdre",
06:26 les insulter et pleurer.
06:27 Non, il serait clairement au-dessus de tout le monde,
06:29 et gagnerait la majorité de ses matchs sans problème.
06:32 Il ne faut pas oublier que les adversaires ont le même niveau que nos coéquipiers,
06:35 donc si on trouve nos coéquipiers mauvais,
06:37 nos adversaires le sont aussi,
06:39 vu que chaque joueur joue avec des gens qui ont factuellement le même classement que lui.
06:43 Si un joueur est bloqué à un classement,
06:44 il est peu probable que ses coéquipiers fassent statistiquement plus d'erreurs que lui.
06:48 Le joueur a raison quand il constate que ses coéquipiers font des erreurs et meurent,
06:52 mais pourtant, ils n'en font probablement pas plus que lui-même.
06:55 Le problème, c'est qu'un joueur va bien plus remarquer les erreurs des autres que les siennes.
06:59 Cela ne vous rappelle rien ?
07:02 Si 93% des conducteurs pensent mieux conduire que les autres,
07:05 c'est parce que sur la route,
07:07 ils s'attardent bien plus sur les erreurs de conduite des autres que sur les leurs.
07:10 Quand on fait soi-même une erreur,
07:13 son impact est acceptable pour nous,
07:15 car on sait que cet événement ne reflète pas à lui seul toutes nos compétences.
07:18 Mais si un inconnu la voit et nous juge,
07:20 son jugement est bien plus critique,
07:22 car son cerveau va utiliser cet événement pour extrapoler nos performances entières,
07:26 et on juge de la même façon les autres.
07:28 C'est ce qu'on appelle le biais cognitif de représentativité.
07:31 On juge intégralement un individu sur ce qu'on sait de lui,
07:33 et quand on ne connaît d'un autre que ses erreurs,
07:36 on les considère inconsciemment comme représentatifs de la personne.
07:39 Mais il y a aussi un biais qui fait qu'un individu attribue bien plus facilement ses réussites à lui-même,
07:43 et ses échecs aux autres.
07:44 À l'école par exemple,
07:46 un examen important raté,
07:47 c'est parce que le sujet était dur cette année,
07:49 et que le correcteur a été méchant.
07:51 Une bonne note,
07:52 c'est parce que j'étais bon dans cet examen.
07:54 On peut toujours trouver des excuses à nos échecs,
07:57 mais ça c'est uniquement quand il faut se juger soi-même,
08:00 car quand on juge les autres,
08:01 on devient d'un coup bien plus objectif.
08:03 Et là c'est intéressant,
08:05 car ça veut dire que le jugement objectif,
08:07 on peut l'avoir,
08:07 juste on l'a beaucoup moins quand on se juge soi-même.
08:10 Les joueurs qui progressent dans League of Legends existent,
08:13 et ce ne sont pas ceux qui se plaignent de leurs coéquipiers.
08:15 Un joueur s'améliore quand il comprend que le niveau de ses coéquipiers dans sa partie
08:20 est la dernière de ses préoccupations.
08:22 Les coéquipiers sont tirés aléatoirement par un algorithme,
08:25 et changent à chacune des parties,
08:27 alors pourquoi se préoccuper d'eux ?
08:28 Le joueur qui veut avancer doit se concentrer sur le seul facteur commun à toutes ses parties,
08:33 et sur lequel il peut avoir une influence,
08:35 c'est-à-dire lui-même.
08:37 Le combat pour monter en classement,
08:38 c'est un combat contre soi-même.
08:40 Toute la vie est un combat contre soi-même.
08:42 Tout comme dans League of Legends,
08:44 des facteurs extérieurs peuvent sembler être responsables de nos difficultés
08:47 dans l'accomplissement de notre objectif.
08:49 Mais si on pense que les échecs de notre vie ne sont jamais vraiment de notre faute,
08:53 alors on ne peut pas faire ce qu'il faut pour que ces échecs ne se reproduisent plus,
08:56 et c'est comme ça qu'on rentre dans une boucle négative,
08:59 où on est bloqué et frustré.
09:01 Pour sortir de ce biais,
09:02 qui ne permet pas la réussite,
09:03 et qui même nous dégrade,
09:04 il faut arrêter de se concentrer sur les autres,
09:06 ou les facteurs extérieurs,
09:08 ou de se trouver des excuses.
09:09 Il faut prendre du recul,
09:10 et au contraire se demander
09:12 qu'est-ce qu'on peut améliorer chez nous,
09:13 à notre échelle.
09:14 Même si c'est toujours difficile de se dire que si on ne réussit pas un objectif,
09:18 le problème vient surtout de nous,
09:20 c'est pourtant la façon la plus saine d'aborder ce problème pour notre esprit.
09:23 La toxicité vient justement quand on ne se sent pas responsable de ce qui nous arrive,
09:27 et donc de notre vie.
09:29 Oui, croire en soi-même,
09:30 croire dans ses projets,
09:31 et croire qu'on peut accomplir de grands objectifs que les autres n'atteignent pas,
09:35 sont autant de conditions indispensables pour accomplir les objectifs difficiles.
09:39 Mais penser déjà savoir,
09:41 et être différent des autres,
09:42 alors même qu'on n'a pas encore atteint l'objectif visé,
09:45 est le meilleur moyen de stagner,
09:46 car c'est devenir aveugle de ce qu'on doit améliorer chez nous-mêmes.
09:49 La plus grande cause du maintien de l'ignorance,
09:51 c'est l'illusion d'avoir déjà la connaissance.
09:54 On ne réussit pas en devenant meilleur que les autres qui n'ont pas réussi,
09:57 on réussit en devenant meilleur que le soi-même,
09:59 qui n'a pas encore réussi.
10:01 C'est ironiquement,
10:02 en ne se comparant pas à la moyenne,
10:03 qu'un humain devient deux faits,
10:05 meilleur que la moyenne.
10:07 Ouf !
10:08 Je peux pas m'occuper de la caméra aussi !
10:10 On est pas bosseur on va mettre...

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