Parlement Hebdo - Mathilde Panot

  • l’année dernière
Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence de Mathilde Panot, Présidente du Groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, Députée du Val-de-Marne.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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Transcript
00:00 - Bonjour à tous.
00:10 Très heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro de "Parlement hebdo".
00:13 L'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16 - Nous accueillons cette semaine Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale.
00:20 Bonjour. - Bonjour. - Merci d'être notre invitée. - Merci à vous.
00:23 - Et à la une cette semaine, le projet de loi immigration examiné par la commission des lois de l'Assemblée nationale.
00:27 Les députés ont rétabli l'aide médicale d'Etat qui avait été restreinte par le Sénat.
00:32 Et ils ont également modifié l'article sur la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension.
00:38 L'Assemblée nationale a adopté jeudi deux propositions de loi portées par la France insoumise.
00:42 L'une pour créer une commission d'enquête sur la gestion des risques naturels en Outre-mer.
00:46 L'autre pour ouvrir des accueils physiques dans les services publics.
00:50 Et puis la mort du jeune Thomas Crépole dans la Drôme continue de faire réagir les parlementaires.
00:55 De nombreux députés et sénateurs ont dénoncé l'expédition punitive organisée en réaction à ce drame par des militants d'ultra droite dans un quartier de Romand-sur-Isère le week-end dernier.
01:04 Les députés ont donc poursuivi l'examen du projet de loi majeur de cette fin d'année, le projet de loi immigration.
01:11 En commission des lois, ils ont notamment réécrit l'article visant à améliorer l'intégration en ouvrant la voie à des régularisations de travailleurs sans papier dans les métiers en tension.
01:20 L'Assemblée nationale a par ailleurs réécrit certaines autres dispositions qui avaient été votées au Sénat.
01:26 Résumé de Stéphanie Despierre.
01:28 C'est le cœur du débat, la régularisation des sans-papiers qui travaillent dans les métiers en tension.
01:34 Cet article de la loi avait été profondément modifié par le Sénat.
01:38 Les députés ont voté une version de compromis proposé par le rapporteur Renaissance.
01:43 Cette régularisation ne sera ni un droit automatique, ni un pouvoir discrétionnaire du préfet.
01:49 Un dispositif de régularisation resserré qui correspond à des besoins économiques,
01:53 qui permettent aussi de tirer de l'illégalité et parfois de conditions inacceptables, de maltraitance, un certain nombre de ressortissants en situation irrégulière.
02:02 Le préfet pourra refuser de donner une carte de séjour si l'étranger menace l'ordre public ou ne respecte pas les valeurs de la République.
02:10 Un compromis qui ne satisfait ni la droite, ni l'extrême droite.
02:14 Le droit de veto sera très encadré, très difficile. Régulariser les métiers en tension, c'est amorcer une pompe inépuisable.
02:22 C'est la raison pour laquelle nous sommes résolument opposés aux dispositions de l'article 4 bis.
02:28 C'est un appel d'air, un appel d'air, et nous le maintenons.
02:32 Parce qu'en plus, là où c'est grave, là où c'est grave, c'est que vous êtes en train de prévoir la régularisation de gens qui n'ont pas respecté les lois de la République.
02:40 Pour la gauche, c'est tout sauf un compromis.
02:43 L'appel d'air n'existe pas, il est un mythe complet.
02:47 Et ça suffit que vous vous saisissiez et que vous glissiez vers cette idée.
02:52 Il est au fond le refus de regarder la réalité en face, de régulariser des travailleurs qui par ailleurs payent des impôts, payent des cotisations sociales,
03:01 mais ne peuvent pas payer leur loyer parce qu'ils ne sont pas capables de produire un titre de séjour.
03:05 Autre sujet inflammable, et chiffon rouge pour la droite, l'aide médicale d'Etat.
03:10 Le Sénat l'avait supprimée, au grand regret du camp présidentiel.
03:14 Les députés l'ont donc rétablie.
03:16 A l'inverse, dès le premier jour de débat, ils ont supprimé les quotas d'immigration économique que les sénateurs avaient instaurés.
03:24 Voilà Mathilde Panot, suppression des quotas d'immigration, rétablissement de l'AME.
03:29 Finalement, l'Assemblée nationale a refait un peu un texte proche de ce qui avait été proposé initialement.
03:35 Est-ce que vous saluez la volonté de la majorité de vouloir trouver un texte le plus équilibré possible ?
03:41 Pas du tout. D'ailleurs, nous, on conteste même le fait qu'il y ait un annuaime texte d'immigration,
03:45 puisque c'est la 22e loi sur l'immigration depuis 1990.
03:51 Et contrairement à beaucoup d'autres lois, ces lois n'ont jamais été évaluées sur le bilan de ce qui avait été décidé lors de ces lois.
04:00 Pourquoi ? Parce que lorsqu'on parle d'immigration, la question n'est pas tellement de savoir ce que ça produit,
04:05 mais de montrer, notamment à l'extrême droite et à la droite, on le voit bien ici,
04:09 comment est-ce que le débat est tiré par ces idées qui sont propagées malheureusement très fortement dans le champ politique,
04:15 de montrer qu'on fait quelque chose pour dire qu'on a fait quelque chose.
04:18 Il n'y a pas de sincérité du débat pour vous ?
04:20 En fait, ce n'est même pas un problème de sincérité du débat.
04:22 C'est qu'il est en train de se propager par cette loi immigration des paroles qui sont des paroles xénophobes,
04:27 qui sont des paroles racistes. Je ne sais pas si vous avez entendu, par exemple, le sénateur Reconquête au Sénat,
04:33 qui expliquait que, par exemple, on ne pouvait pas naître comme un veau dans une écurie et devenir un cheval.
04:41 Je vous laisse apprécier la qualité de cette intervention.
04:44 Donc, vous avez des paroles racistes qui s'expriment comme ça,
04:49 et surtout, vous avez une absence totale de vision globale de ce qui est en train de se passer dans le monde.
04:54 Nous ne sommes pas, contrairement à ce qui est dit en France, sous un flux migratoire ou une submersion migratoire.
05:00 Je rappelle que la plupart des migrations dans le monde sont des migrations sud-sud,
05:04 avec des pays du sud, bien plus pauvres que les nôtres, qui accueillent beaucoup plus de gens que nous.
05:08 Ça, c'est la première chose.
05:09 La deuxième chose, c'est que l'extrême droite, la droite, et même parfois les macronistes,
05:13 qui sont les premiers à pointer du droit les exilés de ce pays,
05:17 eh bien, ce sont ceux aussi, et ce sont des hypocrites pour cela,
05:20 qui adorent les traités de libre-échange qui détruisent les agricultures vivrières,
05:23 qui acceptent que l'Etat fabrique des sans-papiers,
05:27 et c'est le problème avec la régularisation, on va en reparler,
05:29 mais notamment parce que, comme vous avez des corps préfectoraux qui ne peuvent pas suivre,
05:33 à la fin, vous vous retrouvez avec des gens qui étaient en situation régulière,
05:37 qui deviennent en situation irrégulière.
05:39 - Alors, selon vous, il n'y a pas de chaos migratoire,
05:41 mais quand même, quand certains étrangers dans notre pays,
05:44 qui sont condamnés pour des crimes ou des délits,
05:47 ne peuvent pas être expulsés car ils bénéficient de protection.
05:49 Est-ce que, selon vous, c'est un problème ?
05:51 - Mais, écoutez, vous avez plusieurs choses.
05:53 D'abord, il y a déjà des dispositions pour pouvoir expulser des gens
05:57 lorsque la loi n'est pas respectée.
05:59 Ça existe déjà. Il n'y a pas besoin d'une unième loi pour ça.
06:02 Ça, c'est la première chose.
06:03 Et j'aimerais qu'on ne parle pas juste des exilés, je le dis pas pour vous, évidemment,
06:07 mais pour le débat public général, seulement sur des gens qui seraient des délinquants,
06:12 qui viendraient en quelque sorte, parce que, je le dis, les personnes,
06:15 notamment sans-papiers, sont celles qui vont vous emmener vos colis,
06:18 qui sont celles qui lavent les bureaux, etc.
06:20 - Là, c'est sur les criminels et les délinquants, parce que certains ne peuvent pas être expulsés.
06:24 - Oui, mais en fait, pourquoi ils ne sont pas expulsables, généralement ?
06:27 Vous avez ce qu'on appelle le phénomène des "ni-ni",
06:29 ni expulsables, ni régularisables.
06:32 Je ne parle même pas des délinquants.
06:33 Je parle, en général, des personnes qui sont sans-papiers.
06:36 Donc, ils ne sont pas expulsables parce que, soit les pays dont ils sont originaires
06:41 sont des pays considérés comme non sûrs,
06:43 et je pense que tout le monde ici est d'accord pour dire qu'on ne va pas renvoyer quelqu'un en zone de guerre,
06:48 où ils ne rentrent pas dans les critères de régularisation,
06:51 et ça, c'est l'autre problème,
06:52 et donc, vous vous retrouvez avec des situations où des gens vont passer jusqu'à 90 jours
06:57 dans des centres de rétention administrative,
06:59 souvent en n'ayant absolument rien fait, si ce n'est de ne pas avoir les papiers en règle,
07:02 et donc, vous vous retrouvez dans une situation qui est une impasse.
07:05 Donc, ce qui est promu, notamment par l'extrême droite, n'existe pas.
07:08 Vous savez combien ça coûte, une expulsion ?
07:10 - Il ne faut pas lever certaines protections, certains critères qui empêchent...
07:13 - Lesquels, par exemple ?
07:14 - Le fait qu'un étranger soit arrivé sur notre sol avant un certain âge, avant 13 ans, par exemple.
07:19 - Non, je pense que non.
07:21 - Même quand c'est un criminel.
07:23 - Mais bien sûr, lorsque vous avez un criminel, qu'est-ce que vous faites ?
07:25 Vous faites comme des criminels qui sont français,
07:27 c'est-à-dire que vous faites de la prison,
07:30 vous faites ce qui doit être fait dans la question des peines.
07:36 - Tout de même, est-ce que Mathilde Panot, un étranger...
07:39 - Un respect de l'état de droit, quoi.
07:40 - Est-ce qu'un étranger, dans ce cas,
07:42 puisqu'on parle d'état de droit, doit remplir certains devoirs
07:44 pour avoir le droit de vivre sur notre sol,
07:46 notamment parler un minimum notre langue
07:48 et respecter les valeurs de la République, de manière large ?
07:51 - Oui, c'est ce qui se passe déjà actuellement.
07:53 - Droits et devoirs.
07:54 - C'est ce qui est ajouté par le texte avec un examen de français, par exemple.
07:57 - Non, moi je ne suis pas du tout d'accord avec l'examen de français.
08:00 Je suis en radical désaccord avec ça.
08:02 Je vais vous dire, quelle est la réalité de beaucoup de familles
08:05 qui se trouvent sur notre territoire en situation irrégulière.
08:08 Moi, ça fait deux ans que je lutte aux côtés des travailleurs de chronopostes,
08:13 de Richebourg, donc qui sont par sous-traitance des travailleurs employés par la Poste.
08:19 Ce que le directeur de la Poste assume, puisqu'il explique que,
08:22 du fait de la concurrence, en quelque sorte, il faut faire en sorte que
08:26 les conditions de travail et les salaires soient tirées vers le bas
08:29 pour pouvoir faire en sorte de continuer ce qu'ils font.
08:32 L'État est actionnaire majoritaire avec la Caisse des dépôts de la Poste.
08:35 Donc, l'État sait ce qui est en train de se passer,
08:39 puisqu'il y avait déjà eu 73 régularisations en 2019,
08:43 connaît la situation et pourtant accepte que des entreprises par sous-traitance
08:48 comme la Poste emploient des travailleurs sans papiers.
08:51 Ceci s'appelle de l'exploitation.
08:53 Et moi, ce que j'ai envie de dire à celles et ceux qui nous regardent,
08:56 plutôt que de voir les exilés comme un problème,
08:58 c'est de dire que tout ce qui est fait pour les droits des personnes étrangères de ce pays
09:02 est quelque chose qui aide l'ensemble du pays.
09:05 Lorsque, par exemple, vous faites, ce que nous nous demandons,
09:07 la régularisation de tous les travailleurs sans papier,
09:10 alors cela remonte les conditions de travail et les salaires de tout le monde.
09:15 De même que sur l'aide médicale d'État,
09:17 l'aide médicale d'État est une politique de santé publique.
09:20 - Alors ça a été rétabli ?
09:22 - Heureusement, pour une fois, ils sont obligés de la défendre.
09:24 Enfin, l'aide médicale d'État, pour répondre à des mensonges,
09:26 c'est 0,4% des dépenses de santé.
09:29 Et sur les cas de fraude qui avaient été examinés, c'est 0,06% de 0,4%.
09:34 - Et alors pourquoi les Insoumis ne défendent pas l'article du projet de loi
09:38 qui prévoyait initialement une régularisation automatique des travailleurs sans papier
09:43 dans les métiers en tension,
09:44 alors qu'à gauche, des communistes, des socialistes et l'aile gauche de la majorité
09:47 défendent cet article initial ?
09:49 - Parce que nous, nous défendons la régularisation de tous les travailleurs sans papier.
09:52 Je vais vous expliquer, il y a deux choses qui nous posent problème
09:54 dans la version qui est actuellement discutée.
09:58 La première des choses, c'est que les titres de séjour sont seulement donnés pour un an.
10:02 Si vous parlez à qui que ce soit en préfecture,
10:04 quel que soit le niveau de responsabilité des préfets jusque aux équipes,
10:08 vous comprenez que, vu le manque de moyens qu'ont les préfectures aujourd'hui,
10:12 eux-mêmes demandent à ce qu'on passe plutôt à des titres de séjour de 5 ans, de 10 ans,
10:16 qui permettent justement que l'État ne fabrique pas des sans-papiers
10:20 du fait de l'absence de réponses qui puissent être faites.
10:22 Ça, c'est la première chose.
10:23 La deuxième chose, c'est que vous allez avoir donc une liste de métiers en tension
10:27 qui, du jour au lendemain, pourra être changée,
10:29 et donc, du jour au lendemain, remettre des gens dans une irrégularité.
10:32 Et donc, vous avez, avec cet article-là, une idée d'un travailleur un peu jetable
10:37 qui serait utilisé, que nous réfutons.
10:39 Et donc, je le redis, nous nous battons pour la régularisation de tous les travailleurs sans papier.
10:44 Alors Mathilde Panot, l'ambiance est assez houleuse en commission des lois.
10:47 Durant l'examen du texte, le député insoumis, Hugo Bernalicis, a provoqué une altercation
10:51 avec un autre député, il lui a attrapé le bras.
10:53 Hugo Bernalicis demandait une suspension de séance pour pouvoir assister dans l'hémicycle
10:58 à la discussion de vos textes, LFI.
11:00 Est-ce que, pour vous, votre député a dérapé ?
11:03 Alors, Hugo Bernalicis s'est levé, a parlé fort, n'a été violent avec personne.
11:08 Ça, c'est la première des choses.
11:09 Deuxième chose, lors de notre niche parlementaire, il pose...
11:12 Attraper le bras, c'est pas violent.
11:14 Attraper le bras d'un collègue, c'est pas violent.
11:15 Écoutez, moi, j'étais pas là, parce que j'étais en niche parlementaire,
11:17 mais pour moi, Hugo Bernalicis s'est levé, a parlé fort, et a notamment exigé,
11:21 parce que ça, c'est une question de fond qui est posée,
11:24 la question de fond, c'est pourquoi est-ce que lors des niches parlementaires,
11:27 je rappelle que c'est le seul jour dans l'année dont on peut choisir l'ordre du jour,
11:31 il y a des commissions qui se tiennent en même temps, ça, c'est la première question.
11:34 Et puis, surtout, on avait commencé un texte qui dépend de la commission des lois,
11:38 et donc des commissaires aux lois, et il y avait un engagement à ce que ça soit arrêté
11:42 pour que tous les commissaires aux lois puissent être en hémicycle.
11:44 - Il risque une sanction, Hugo Bernalicis ?
11:46 - On verra.
11:49 - Vous savez, il y a Elbrun-Pivet, la présidente de l'Assemblée,
11:52 qui a donné le plus de sanctions de toute l'histoire de la Ve République.
11:56 - Alors, on va parler des textes, justement, qui étaient à l'ordre du jour,
11:59 puisque, effectivement, vous avez disposé de l'ordre du jour, de 9h à minuit,
12:05 et deux propositions de loi que vous avez défendues et ont été adoptées,
12:09 l'une pour créer une commission d'enquête sur les risques naturels en Outre-mer,
12:13 et l'autre pour réinstaurer un accueil physique dans les services publics,
12:16 adopté par 122 voix, contre 29 textes portés par Daniel Obono.
12:20 Écoutez.
12:21 - Les outils numériques sont porteurs de progrès dans de nombreux domaines.
12:25 Par contre, lorsqu'elles participent de politiques de restructuration budgétaire
12:30 et s'accompagnent du recul des implantations territoriales,
12:33 la numérisation des services publics conduit à des ruptures d'accès aux droits
12:38 pour une part non négligeable de la population,
12:40 notamment pour les personnes les plus précaires,
12:43 qui sont confrontées aux démarches les plus complexes.
12:46 - Votre texte a été adopté contre l'avis du gouvernement
12:48 qui rappelle que de nombreuses Maisons-France-Services ont été créées depuis 2019.
12:52 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
12:54 - La première chose, c'est que je crois que c'est une victoire très importante,
12:57 la victoire sur ce texte, y compris parce que les services publics
13:01 sont le patrimoine de celles et ceux qui n'ont rien dans ce pays,
13:04 et que la dématérialisation accompagnée, non pas juste toute seule,
13:08 mais accompagnée de la disparition des accueils physiques
13:11 et donc de la possibilité de parler à un être humain,
13:14 met gravement en danger l'égalité des citoyens devant la République.
13:18 On parle de 20% de personnes dans ce pays qui ont du mal à accéder aux services publics,
13:23 et je le rappelle, il y a 8 millions de personnes
13:26 qui sont en situation d'électronisme dans ce pays,
13:29 donc c'est un texte qui est extrêmement large.
13:32 Il se trouve que si cela a été adopté,
13:35 et d'ailleurs les macronistes n'ont pas osé voter contre,
13:38 si ce texte a été adopté, c'est parce que chacun sait
13:41 que cela répond à une réalité du pays,
13:44 et que ce soit dans des zones rurales, dans des quartiers populaires,
13:47 un peu partout, vous avez un effondrement du service public tel,
13:50 et une réduction du nombre d'agents des services publics,
13:54 qui fait que, je crois, ils n'ont pas réussi à empêcher
13:57 que cette proposition de loi passe.
13:59 J'en suis très heureuse, j'espère qu'elle passera au Sénat,
14:02 et qu'elle pourra s'appliquer réellement pour obliger
14:05 à avoir une réouverture des guichets physiques.
14:08 - Est-ce que vous avez des garanties de vos collègues sénateurs de gauche
14:11 qui pourraient reprendre votre texte ?
14:13 Et qu'est-ce que vous dites à la majorité de droite du Sénat
14:15 pour qu'elle l'adopte ?
14:17 - Alors, je pense que les Républicains, de par les territoires
14:20 où ils sont élus, sont aussi sensibles à cette question,
14:23 parce que, quand on parle de cette question
14:26 de problème d'accès au service public,
14:28 on va parler de la question de l'accès au minimum vieillesse,
14:31 on va parler d'allocations familiales,
14:33 de choses très concrètes d'accès à des droits,
14:36 et d'ailleurs de papiers pour les personnes aussi en situation irrégulière
14:39 qui y sont confrontées très durement.
14:42 Donc, nous, nous allons prendre contact avec les groupes du Sénat,
14:46 nous ne l'avons pas encore fait, puisque c'était une victoire
14:49 que nous avons vraiment arrachée.
14:51 - Inattendue pour vous, finalement ?
14:53 - On va dire que j'avais bon espoir de commencer la journée
14:57 par la victoire sur la commission d'enquête sur les risques majeurs
15:01 en Outre-mer, qui est là aussi un thème très large,
15:04 mais je n'étais pas sûre qu'on arrive ensuite à en arranger d'autres.
15:08 - Un mot sur cette commission d'enquête que vous souhaitiez,
15:11 on vous a entendu dans l'hémicycle, vous avez félicité
15:14 que l'Assemblée nationale adopte le principe de cette commission d'enquête
15:17 sur la gestion des risques naturels en Outre-mer.
15:20 En quoi ces risques sont-ils aujourd'hui mal gérés par l'Etat ?
15:23 On parle de tornades, de cyclones...
15:26 En quoi l'Etat a-t-il failli ?
15:28 - Alors, l'Etat a failli, mais en fait, c'est un débat de société
15:31 beaucoup plus large qu'on devrait mener.
15:33 Je crois qu'aucun Etat au monde aujourd'hui n'est à la hauteur
15:36 du plus grand défi de notre siècle, qui est le dérèglement climatique
15:40 et la crise écologique. Je le dis parce que comme génération humaine,
15:44 je ne parle pas là d'âge, mais comme génération humaine,
15:47 personne avant nous n'a eu à affronter un aussi gros problème
15:50 et une aussi grande rupture avec nos modèles de production
15:54 et de consommation. Et donc, ce à quoi sont confrontés
15:58 nos compatriotes ultramarins, c'est d'être en première ligne
16:01 du dérèglement climatique, parce que ce sont eux qui ont à la fois,
16:04 vous avez parlé de cyclones, mais aussi un risque sismique,
16:07 un risque volcanique, des sécheresses...
16:09 - Les risques sont plus forts en Outre-mer qu'ailleurs ?
16:11 - Bien sûr, bien sûr. Et puis en plus, vous avez beaucoup
16:13 des territoires ultramarins qui sont des territoires insulaires.
16:16 Pas tous, pas la Guyane, ce serait bien de le rappeler à Emmanuel Macron,
16:19 mais le fait d'être insulaire, la montée des eaux qui atteint
16:22 déjà certaines communes, je pense notamment en Martinique,
16:25 est un problème auquel ils vont être confrontés en premier.
16:28 Et donc, je suis très heureuse de cette commission d'enquête.
16:31 C'est à la fois pour réfléchir quel doit être le rôle de l'Etat
16:34 pour faire face et protéger nos compatriotes ultramarins,
16:38 qui sont en première ligne, mais c'est aussi des conclusions
16:41 et des recommandations de cette commission d'enquête
16:43 qui doivent aider le pays tout entier.
16:45 Parce que ce à quoi ils sont aujourd'hui confrontés,
16:48 nous y sommes déjà confrontés, mais nous y serons encore plus
16:50 confrontés à l'avenir en hexagone. Et donc, c'est en quelque sorte
16:53 faire oeuvre d'intérêt général et faire en sorte qu'on apprenne
16:57 de la France des océans.
16:59 Mathilde Panon a parlé du drame de Crépol et de ses suites,
17:02 puisque la mort du jeune Thomas continue de faire réagir
17:05 les parlementaires, notamment après l'expédition punitive organisée
17:09 en réaction à ce drame par l'ultra-droite.
17:12 C'était l'oukien dernier dans le quartier de la Monnaie,
17:14 à Romand-sur-Ézer. Retour sur les vives réactions au Sénat
17:18 et également à l'Assemblée avec les annonces du ministre de l'Intérieur
17:21 lors des questions au gouvernement.
17:23 Mardi, devant les députés, Gérald Darmanin affiche sa fermeté.
17:28 Il va dissoudre les groupuscules d'extrême droite,
17:31 auteurs de violences après la mort de Thomas à Crépol.
17:34 - Des moyens nombreux sont mis pour suivre les 1500 personnes
17:37 radicalisées de l'ultra-droite pour pouvoir les interpeller,
17:40 pour engager les procédures de dissolution,
17:43 comme je l'ai fait avec Génération Identitaire.
17:45 - Des sanctions bien accueillies au Sénat mercredi,
17:48 mais qui laissent un goût amer, sur les bancs de la droite d'abord,
17:52 pour Bruno Retailleau, la réponse du gouvernement n'est pas suffisante.
17:56 - Il ne faut pas que l'exécutif se réfugie derrière ces groupes
18:01 d'extrême droite pour échapper à la vraie signification de Crépol.
18:05 Quand vous écoutez les gens sur place, ce qu'ils veulent,
18:08 c'est que la France silencieuse, celle qui ne crée pas de problème,
18:11 celle qui élève ses enfants sans haine des Français,
18:14 puisse être reconnue et que justice soit faite.
18:17 - Pour la gauche non plus, la dissolution des groupuscules
18:20 d'extrême droite ne suffit pas.
18:22 Yann Brossat demande des sanctions d'inégibilité
18:25 contre ceux qui instrumentalisent ces groupes
18:28 et font de la récupération politique.
18:30 - Derrière ces mobilisations, il y a en réalité des donneurs d'ordre
18:34 et des responsables politiques qui créent ce climat de guerre civile.
18:38 Je vise par exemple Marion Maréchal, je vise Éric Zemmour,
18:41 je vise Marine Le Pen.
18:43 Le sang de Thomas était encore chaud que ces gens-là
18:46 passent leur temps à créer ce climat de guerre civile
18:49 et à faire du racolage électoral.
18:51 - La dissolution des groupuscules sera prononcée mercredi 6 décembre
18:54 lors du prochain Conseil des ministres.
18:56 - Mathilde Panot, est-ce que le gouvernement est assez ferme
18:59 avec ces groupuscules d'ultra droite ?
19:01 - Je crois que nous, on avait alerté dès 2019
19:05 en demandant une commission d'enquête sur notre droit de tirage
19:08 sur la question de la lutte contre les groupuscules d'extrême droite.
19:11 Je crois non seulement que le gouvernement n'a pas pris la conscience
19:15 de ce qui est en train de se passer,
19:17 et notamment des seuils qui sont franchis dans notre pays
19:20 et du danger que représente l'extrême droite dans ce pays
19:23 avec des groupuscules qui se sentent en forte impunité,
19:27 notamment parce que par exemple, quelqu'un comme Monsieur Ciotti
19:30 a du mal à condamner l'expédition punitive raciste
19:33 qui a eu lieu à Roventuriser,
19:35 mais aussi parce que des responsables politiques,
19:37 je pense notamment à Monsieur Zemmour,
19:39 qui ne cesse d'expliquer que l'islam n'est pas compatible
19:41 avec la République française,
19:43 autorise ce type de parole.
19:45 Je rappelle qu'à Roventuriser, il criait "Islam hors d'Europe".
19:49 Donc il y a une forme d'impunité qui est en train de se créer
19:52 autour de ces groupuscules,
19:54 et il faut prendre la conscience de ce qui est en train de se passer.
19:56 Donc le fait que la justice puisse prononcer des dissolutions administratives
20:00 est une bonne chose.
20:01 Mais par exemple, je n'ai pas eu la réponse à une question
20:03 que nous, nous avons posée.
20:05 Comment se fait-il que ces nervis d'extrême droite
20:08 qui étaient à Roventuriser
20:10 se soient retrouvés en possession,
20:12 non seulement des noms et prénoms
20:14 des suspects de la mort de Thomas,
20:17 de leur adresse, de leur numéro de téléphone,
20:20 et de membres de leur famille ?
20:22 - Vous déduisez quoi ?
20:23 - Des fuites dans la police ?
20:24 - Il y a forcément eu des fuites quelque part
20:26 pour que des groupuscules d'extrême droite soient en leur possession.
20:29 - Des fuites dans la police ou peut-être de plus haut ?
20:31 - Je ne dis pas ça pour faire polémique,
20:34 je dis ça parce que ça doit nous interroger.
20:36 Et que c'est grave si des groupuscules d'extrême droite
20:39 peuvent avoir accès à ce type d'informations.
20:42 Et je vais vous dire, nous avons eu de la chance sur Roventuriser.
20:45 Parce que la population a fait preuve d'un sang-froid incroyable.
20:48 Mais cela peut tourner au drame.
20:50 Et lorsque, par exemple, nous avons à l'université
20:53 deux de Bordeaux,
20:55 Louis Boyard et Carlos Martins Milongo,
20:58 qui se retrouvent alors qu'ils font un meeting avec des jeunes,
21:01 à avoir 30 personnes d'extrême droite cagoulées
21:04 et avec des barres de fer devant le meeting qu'ils tenaient,
21:07 je le dis, nous passons des seuils qui sont très inquiétants
21:10 et nous devons en prendre la mesure.
21:12 Et nous, à chaque instant, nous nous battrons contre l'extrême droite,
21:15 mais aussi nous serons un rempart contre la haine
21:18 qu'ils essayent de propager dans le pays.
21:20 - Contre la haine, alors, quelques jours avant ces événements,
21:23 Thomas a été poignardé à mort alors qu'il assistait à un bal communal.
21:28 Est-ce que ce drame de Crépemble est le signe de deux Frances qui s'opposent ?
21:31 La France des quartiers contre la France des villages,
21:34 comme le dit notamment la droite et l'extrême droite.
21:37 - Non, il ne faut surtout pas rentrer dedans.
21:39 Déjà, je veux saluer la dignité incroyable d'une famille
21:42 touchée par un drame aussi profond que la mort de leur fils,
21:45 qui ont demandé instantanément lors de la marche blanche
21:48 qu'il n'y ait pas d'instrumentalisation de la mort de leur fils
21:51 et qu'ils puissent faire leur deuil correctement.
21:54 Si vous commencez à dire que c'est une opposition
21:57 entre la France des villages et la France des quartiers populaires,
22:01 tout comme essayent de le faire certains d'extrême droite,
22:04 aussi d'opposer, par exemple, nos compatriotes de confession musulmane
22:09 avec nos compatriotes de confession catholique,
22:12 avec nos compatriotes de confession juive
22:14 ou avec nos compatriotes qui, pour la grande majorité du peuple français,
22:17 n'ont pas de religion.
22:18 Alors, vous rentrez dans une forme de guerre civile
22:22 que veut instaurer et réinstaurer l'extrême droite,
22:24 aidée par la droite dans ce pays,
22:26 qui est très dangereuse.
22:28 Et je le dis à tout moment, comme responsable politique,
22:31 nous devons être les gardiens de l'unité de la nation.
22:34 - Et donc, pour vous, ce n'est pas une réalité,
22:36 puisque le ministre de l'Intérieur a parlé,
22:38 et bien, avec ce qui s'est passé, il l'a dit,
22:40 on a évité une petite guerre civile.
22:42 Donc, ce n'est pas une réalité, cette opposition entre certains territoires ?
22:46 - Quand je vous dis que c'est grave ce qui s'est passé sur Romain Surizer,
22:49 tout comme, évidemment, le drame de la mort d'un jeune homme
22:52 aussi jeune que cela est terrifiant pour le pays,
22:56 quand je dis que nous avons échappé au pire sur Romain Surizer,
22:59 c'est parce que, justement, la question est de savoir...
23:02 - Les risques ?
23:03 - Oui, mais évidemment, mais vous avez vu
23:05 les paroles qui sont tenues dans notre République.
23:08 C'est très grave.
23:10 Donc, la question, c'est comment nous faisons peuple ensemble.
23:13 Moi, j'aimerais qu'on discute dans le pays,
23:15 de savoir comment est-ce qu'on fait
23:17 que tout le monde puisse avoir une vie digne
23:19 et que dans la 7e puissance économique au monde,
23:21 il n'y ait pas autant de pauvres dans ce pays.
23:23 Comment on fait face au dérèglement climatique,
23:26 plus grand défi de notre siècle.
23:27 Voilà ce qui devrait lier les gens entre eux
23:30 et repenser que ce qui nous lie entre nous,
23:32 c'est notre devise, liberté, égalité, fraternité.
23:35 - Comment vous expliquez, Mathilde Pannot,
23:37 l'ultra-violence de ces jeunes,
23:39 souvent très jeunes, qui arrivent en bande armée ?
23:42 Comment vous expliquez ça ?
23:43 - Venus de ces quartiers ?
23:44 - Malheureusement, ce n'est pas nouveau.
23:46 Pas venus de ces quartiers, en général, ce n'est pas nouveau.
23:50 Si vous lisez, par exemple, certains de vos confrères
23:52 qui racontent les 30 000 Apaches
23:55 qui, à un moment, s'est vissé à Paris
23:58 avec des phénomènes d'extrême violence,
24:01 c'était en 1900.
24:03 Donc, moi je pense...
24:05 - Vous comprenez comment arrêter ce genre de dérive
24:08 vers l'ultra-violence de gens très jeunes ?
24:10 - Bon, la première chose, c'est qu'il faut, un,
24:13 que justice soit faite lorsqu'il y a des drames.
24:15 Ça, c'est la première chose.
24:16 - Vous réclamez de la fermeté ?
24:18 - Moi, je réclame le respect de l'État de droit et la justice.
24:21 Voilà, je ne réclame pas de la fermeté particulière.
24:23 Je réclame le respect de l'État de droit.
24:25 La deuxième chose, c'est qu'il ne vous a pas échappé
24:28 que notre société est, en quelque sorte, malade de savoir
24:31 quel avenir on lui réserve.
24:33 Et moi, ce que je reproche au gouvernement actuel,
24:36 à Marine Le Pen, qui est en quelque sorte l'assurance-vie du système,
24:39 c'est de bloquer l'avenir,
24:41 de bloquer la perspective de pouvoir se projeter dans des choses.
24:44 Et donc, le fait, par exemple, que l'éducation n'ait pas assez de moyens dans ce pays
24:48 a des impacts concrets qu'on voit, malheureusement.
24:50 - Rapidement pour conclure, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti,
24:53 a été relaxé par la Cour de justice de la République.
24:55 Il était accusé de prise illégale d'intérêt.
24:57 Les Insoumis dénoncent un arrangement entre les parlementaires de la majorité et de la droite,
25:02 qui composait ces juges de la CJR.
25:04 Vous avez des preuves de cet arrangement ?
25:06 - Je vais vous donner ce que disait l'ancien président de la Cour de justice de la République,
25:10 Monsieur Parlos, devant une commission d'enquête dont il avait prêté serment.
25:13 Il disait "Je dirais que la Cour de justice de la République donne l'impression
25:17 que les affaires concernant les ministres s'y résolvent par de petits arrangements entre amis".
25:21 La décision qui a été prise de dire que les faits matériels étaient établis
25:25 pour dire qu'il y avait un conflit d'intérêts, mais de le relaxer,
25:28 est un bras d'honneur qui a été fait à la justice toute entière.
25:32 - Merci Mathilde Panot d'avoir été l'invité de Parlement hebdo.
25:35 C'est la fin de cette émission. On se retrouve très bientôt. Ciao ciao.
25:38 (Générique)

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