Chaque vendredi Sacha Nokovitch, journaliste média à "L'Equipe", décrypte l'actualité sportive par la lorgnette médiatique.
Retrouvez "Le sport vu par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-sport-vu-par-les-medias
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00:00 Culture Média, tous les jours 9h-11h, sur Europe avec Thomas Hill, avec vos invités Thomas Soto et Marie Portolano.
00:05 Et place aux sports !
00:06 Et la raclette Richemont, la raclette qui nous trouve !
00:08 C'est pas du tout l'ouverture de la raclette, c'était il y a déjà quelques semaines !
00:11 C'est pas Richemont, c'est Grand Fré, Thomas !
00:13 On a perdu deux annonceurs d'un coup !
00:15 Notre partenaire qu'on salue également !
00:17 Et place aux sports dans Culture Média !
00:19 On retrouve Sacha Dokoïtz du journal L'Équipe et sa chronique Sports Média. Bonjour Sacha !
00:23 Bonjour les Thomas, bonjour à tous, et surtout bonjour Marie !
00:26 Salut Thomas !
00:27 Thomas, oui bien sûr !
00:28 L'habitude !
00:30 Salut Sacha !
00:31 Bonjour Marie, parce que Marie Portolano, vous nous manquez terriblement !
00:34 Mais ça fait plus de deux ans maintenant que vous avez décidé de quitter le journalisme de sport et Canal+ pour autre chose,
00:41 du divertissement, de l'info, un peu des deux.
00:44 Vous avez emprunté la voix finalement plutôt belle des deux Michel, Drucker et Denis Zaud,
00:48 de Denis Brognard et Mohamed Bouafsi, celle d'Estelle Denis et depuis la rentrée d'Isabelle Itur Buru.
00:53 Mais vous avez laissé un grand vide dans la façon de raconter le sport à la télé,
00:57 car comme dirait l'autre, le sport ce n'est que du sport.
01:00 Et vous saviez parfaitement faire passer le message, notamment dans cette émission.
01:04 Le Canal Football Club, le CFC, un grand démission.
01:09 Ça faisait 10 ans d'entendre cette musique !
01:11 Des bons souvenirs quand même !
01:12 Bons souvenirs, mais surtout c'est pas grave le football, on le sait, surtout Marie,
01:16 mais certains ont parfois tendance à l'oublier, pas vous.
01:18 On peut parler de foot avec passion, avec émotion, parfois avec sérieux,
01:22 mais surtout avec du recul et de la légèreté.
01:24 Et en passant de chroniqueuse du CFC à animatrice, patronne du CFC,
01:28 le Canal Sport Club, vous avez réussi à garder ce naturel.
01:31 Donc forcément, au moment de rendre une dernière fois l'antenne de votre émission,
01:35 il ne pouvait en être autrement.
01:37 J'avais dit que je pleurais pas, mais c'est pas sympa de faire ça.
01:41 Pardon, mais je vais pas réussir à dire au revoir.
01:43 Je vous jure, on a vraiment beaucoup rigolé.
01:45 On a vraiment beaucoup rigolé, c'était vraiment bien, pardon.
01:48 Vous aviez dit "ciao" au sport, Marie,
01:52 mais récemment, vous avez aussi quitté "X", "Bye bye X",
01:55 encore un regret pour nous, puisqu'à l'époque où ça s'appelait encore Twitter,
01:58 on aimait vous lire, on aimait voir répondre à la haine de gros beaufs machos subsodaux
02:02 par la vanne, par l'humour.
02:04 C'était souvent drôle, souvent efficace, surtout,
02:06 et un jour, vous m'aviez fait cette confidence.
02:09 Avant, je recevais des messages qui disaient "T'y connais rien, espèce de salope".
02:13 Un jour, j'ai juste reçu "T'y connais rien".
02:15 Je me suis dit "ça y est, c'est bon, il m'identifie plus comme une femme,
02:19 mais juste comme une merde, ça fait presque du bien".
02:22 - Voilà, c'est vous, c'est votre façon de dénoncer les choses.
02:25 Mais le sexisme et le harcèlement dans le journalisme de sport,
02:27 vous avez aussi su en parler sérieusement.
02:30 C'était en 2021, avec le documentaire "Choc",
02:32 "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste".
02:34 Il aurait d'ailleurs pu s'appeler "Je ne suis pas une salope",
02:36 tout simplement puisqu'il s'agit de dénoncer un système,
02:38 malheureusement, encore présent dans bon nombre de corps de métier.
02:41 Plus de deux ans et demi après, vous avez quitté ce milieu,
02:44 mais vous y avez gardé des contacts, forcément,
02:46 et comme je sais l'importance que ce film a eu pour vous, pour vos consoeurs,
02:49 certains de vos confrères, avez-vous le sentiment qu'il y a encore,
02:53 aujourd'hui, dans le journalisme de sport, du sexisme et du harcèlement sexuel ?
02:57 - Alors, j'ai quitté les rédactions sportives,
03:00 donc je pense que non, je pense que ça avance,
03:03 et que ça ne fait qu'avancer, et que c'est tant mieux.
03:05 - Donc ça a été utile. - J'espère.
03:07 J'aimerais bien me dire que ça a été utile.
03:09 - Allez, pour finir, Sacha, vous vouliez nous parler de deux journalistes
03:12 du célèbre magazine américain "Sport Illustrated",
03:15 Drew Ortiz, c'est ça ? - C'est lui.
03:17 - Et Sora Tonaka. - On ne parle que d'eux depuis le début de la semaine,
03:20 vous les connaissez ces journalistes ? - Eh bien, j'avoue que non.
03:22 - C'est normal, ils n'existent pas.
03:24 - Ils auraient bien fait de pas pifoter.
03:26 - Je les connais très bien, je les connais très bien.
03:28 - Bravo, Sora. - Super journaliste.
03:29 - Et pourtant, ils ont écrit des articles de sport.
03:31 - C'est un ami.
03:32 - Ils ont écrit des articles de sport, ils les ont signés avec la photo à côté,
03:36 sauf que cette semaine, le site Futurisme a révélé qu'il s'agissait de robots,
03:40 et de photos récupérées sur des bases de données,
03:43 ce sont des articles rédigés, en fait, par une intelligence artificielle.
03:46 C'est en repérant des tournures de phrases plutôt étranges
03:49 que les vrais journalistes de Futurisme ont détecté l'arnaque.
03:52 Par exemple, le volleyball peut être compliqué,
03:54 surtout sans un vrai ballon pour s'entraîner.
03:56 Voilà, c'est du grand journalisme, en effet.
03:58 Sports Illustrated a renvoyé la faute, évidemment, c'est pas la direction,
04:02 c'est une autre agence qui est réservée en sous-traitance
04:05 à la rédaction des articles web.
04:07 Elle a immédiatement mis fin au contrat,
04:09 en promettant que ça s'arrêterait directement.
04:11 - Ça fait tout de même un petit peu peur, cette intelligence artificielle.
04:15 On imagine qu'il y a encore des limites à son usage dans les médias sportifs.
04:18 - Pour l'instant, en France, elle est officiellement utilisée,
04:21 c'est assumé depuis la rentrée, par TF1 et Amazon Prime Video
04:24 pour fournir rapidement les meilleurs moments d'un match,
04:27 des résumés en rattrapage.
04:29 Mais imaginez prochainement recevoir des analyses
04:32 très rapidement adaptées à vos équipes préférées,
04:34 des résumés sélectionnés selon vos goûts,
04:36 ou des notifications sur les performances de vos athlètes favoris.
04:39 Eh bien, l'IA peut potentiellement rendre le sport plus accessible
04:42 et plus captivant.
04:44 Mais la dépendance excessive aux données peut parfois...
04:48 - C'était discret ce changement de page, on l'a presque senti.
04:51 - Mais la dépendance excessive aux données peut parfois négliger
04:54 l'aspect humain du sport, les histoires émotionnelles,
04:56 les moments imprévisibles qui font sa magie,
04:58 tout ce qu'aime Marie Portolano.
05:00 Donc, trouver l'équilibre entre la précision des algorithmes
05:03 et la sensibilité humaine reste encore un défi
05:05 pour les professionnels du journalisme sportif.
05:08 - Eh bien, merci pour ce dernier éclairage, Sacha.
05:10 - Remercie pas trop vite, Thomas.
05:12 Vous oubliez la vérité, c'est pas moi qui ai rédigé la fin de cette chronique,
05:16 c'est l'intelligence artificielle.
05:18 Chad Jipiti, je lui ai demandé de rédiger la fin de ma chronique sur le sujet
05:21 et ça me fait un petit peu peur, je dois vous l'avouer.
05:24 - C'est impressionnant, c'était franchement votre meilleure chronique.
05:28 - Je vous avais dit que j'avais peur.
05:31 - Comme on dit à Paladis.
05:33 - Merci Sacha et on vous retrouve vendredi.