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Champion de France de rallye pour la 5ème fois, Yoann Bonato et son copilote Benjamin Boulloud nous offrent une séance de dérapages contrôlés. L'ancien procureur général de Grenoble Jacques Dallest nous plonge dans les coulisses des affaires criminelles non résolues. Carine Mastrodonato, designer d'intérieur, nous livre les bienfaits des couleurs...

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00:00 Avec Giltrinia Résidence, vous êtes confortablement installés pour regarder si on parlait.
00:29 Bonjour à tous, bienvenue dans "Si on parlait", l'émission qui vous donne la parole chaque jour pour savoir ce qui se passe près de chez nous.
00:35 Et aujourd'hui, avec nos invités, on va s'offrir une leçon de pilotage et de dérapage contrôlés.
00:42 On va plonger dans les coulisses des affaires criminelles non résolues et on mettra un peu de couleur vive dans notre intérieur.
00:49 Et pour parler de ces sujets, j'ai à mes côtés le meilleur pilote et le meilleur copilote de France, Johan Bonato et Benjamin Boulou.
00:58 Bonjour à tous les deux.
00:59 Bonjour.
01:00 Bienvenue, champions de France des rallies, il y a quelques semaines.
01:04 On va en parler avec vous.
01:06 Bleu, blanc, rouge, c'est les couleurs de rigueur quand on est champion de France.
01:10 On va rajouter quelques-unes à la palette au cours de cette émission avec Karine Mastrodonato.
01:14 Bonjour Karine.
01:15 Bonjour Thibault.
01:16 Bienvenue, designer d'intérieur et chroniqueuse pour Télé Grenoble quand elle n'est pas dans son agence de Mélan.
01:22 Vous allez nous égayer aussi un peu cette période hivernale en nous parlant de pouvoir des couleurs.
01:29 Eh bien non, un pouvoir des couleurs, mais on verra ça tout à l'heure.
01:32 Je ne sais pas si par contre lui va nous égayer avec ses histoires, mais je suis très content de le retrouver sur le plateau de Télé Grenoble.
01:38 Bonjour Jacques Dallest.
01:39 Bonjour Thibault.
01:40 Bienvenue, ancien procureur général de Grenoble à la retraite depuis peu de temps.
01:46 Vous êtes un jeune retraité.
01:47 Si on veut.
01:50 Mais toujours très impliqué sur le sujet de la justice.
01:53 Vous participez régulièrement à des émissions de télé et puis vous continuez d'écrire.
01:57 Votre dernier livre sorti cette année, je l'ai là en main, Cold Case au pluriel, un magistrat enquête.
02:06 C'est aux éditions Mareuille que ce livre est sorti.
02:09 Un livre qui décrypte le travail d'enquête du magistrat justement sur les affaires criminelles complexes.
02:16 Oui, ce que j'ai essayé de faire, c'est de mettre par écrit un peu une expérience personnelle.
02:20 J'ai malheureusement connu un certain nombre d'affaires que je n'ai pas pu résoudre, d'affaires criminelles.
02:26 Et puis une réflexion que j'ai menée avec d'autres pour améliorer la façon dont la justice traite ces crimes anciens, ces crimes énigmatiques, dont malheureusement, on parle régulièrement dans l'actualité.
02:37 Alors un Cold Case pour nos téléspectateurs qui ne seraient pas forcément familiers du terme, c'est une affaire complexe dont l'issue est incertaine.
02:44 Vous n'allez pas me contredire sur cette définition ?
02:46 C'est une affaire criminelle, c'est-à-dire un meurtre ou un viol, donc les affaires les plus graves, qui ne sont pas résolues dans un temps qui est habituellement le temps ordinaire.
02:56 On résout les affaires assez vite la plupart du temps, mais un certain nombre reste énigmatiques. C'est encore une fois, dont on parle régulièrement.
03:03 Ce sont des constats d'échec pour la justice, tous ces Cold Cases ?
03:06 Oui, bien sûr, je l'ai connu moi-même. J'ai en souvenir plusieurs meurtres dont on n'a pas pu identifier les auteurs.
03:14 Donc c'est un échec pour la justice, un échec pour la société et c'est un drame pour les familles qui n'ont pas la solution, qui ne savent pas ce qui s'est passé réellement
03:23 et qui n'auront personne à faire juger dans cette affaire. Donc c'est vraiment quelque chose sur lequel on doit réfléchir et c'est ce qu'on a essayé de faire ces dernières années.
03:33 Alors j'ai vu dans votre livre qu'à peu près chaque année en France, il y a 850 crimes qui sont commis et sur ces 850, il y en a 150 à 200 qui ne sont pas élucidés.
03:44 Ça fait quand même d'année en année des milliers de meurtriers qui restent dans la nature.
03:48 Oui, c'est à peu près 20%. Alors dans ces crimes non élucidés, il y a ce qu'on appelle les règlements de compte. Là aussi, c'est malheureusement assez fréquent.
03:55 Là, c'est compliqué parce que l'auteur a prémilité son crime, mais on a aussi des crimes ordinaires sans solution. Il faudrait rajouter à ce chiffre aussi les disparitions inquiétantes.
04:07 Vous savez que chaque année, des personnes disparaissent. On en a connu un certain nombre, le petit Émile, la jeune Lina, etc.
04:13 Et on ne sait pas si ces personnes disparues ont fait une mauvaise rencontre, si elles sont toujours vivantes ou si elles ont été tuées.
04:19 Donc tout ça, c'est une problématique assez large qu'il faut mieux appréhender et qu'on essaye de mieux traiter par un dispositif qui a été mis en place il y a maintenant 18 mois avec un pôle spécialisé près de Paris, à Nanterre.
04:31 Est-ce que justement, le taux de résolution a tendance à augmenter avec les progrès, par exemple, technologiques ? Ça a un impact là-dessus ?
04:39 Certaines affaires que j'ai traitées il y a longtemps, je pense qu'aujourd'hui, elles seraient solutionnées. Pourquoi ? Parce qu'après le milieu des années 90, est apparu l'ADN, l'empreinte génétique que laisse l'auteur sur un crime, ce qu'on ignorait auparavant.
04:53 Et on peut penser qu'un certain nombre d'affaires aujourd'hui seraient résolues. Cette évolution scientifique permet d'avancer beaucoup parce que l'ADN a un intérêt, c'est qu'il est très résistant.
05:02 Même 20, 30, 40 ans après, on peut identifier le titulaire de cette ADN et peut-être avoir de quoi confondre l'auteur des faits.
05:09 Et ça, ça a été une révolution qui est bien utile aujourd'hui et qui n'est pas terminée parce qu'il va y avoir encore des évolutions assez impressionnantes.
05:17 Avec quelques cellules biologiques, on pourra bientôt avoir la morphologie de la personne, peut-être son âge. Donc ça sera une avancée considérable dans ces affaires criminelles.
05:26 On parle beaucoup dans les révolutions technologiques de l'arrivée de l'intelligence artificielle. Est-ce qu'elle pourrait résoudre des affaires que les enquêteurs n'ont pas réussi à solidariser ?
05:36 Elle est déjà utilisée pour notamment appréhender des dossiers qui font des milliers de pages. Il faut une technologie, il faut l'informatique.
05:42 Elle aide aussi pour brasser des milliers de données téléphoniques, etc. Donc c'est déjà utilisé. Mais ça va être aussi un apport considérable pour l'avenir.
05:52 Une affaire criminelle, c'est énormément d'informations. Et dans ces informations, il y a peut-être un élément clé. Et comment arriver à le distinguer ?
06:00 La technologie est d'une utilité formidable. Il faut aussi que l'être humain soit aidé par la science. Même si c'est l'être humain qui décidera au final, il lui faut le secours d'une technologie qui est en pleine évolution.
06:12 Donc je pense que des colcailles qu'on ne peut pas résoudre en 2023, dans 10, 20, 30 ans, on pourra les résoudre.
06:18 Il faut les garder au chaud, si je peux me permettre cette expression.
06:22 Il faut les garder au chaud et on doit ça aussi aux familles qui sont dans la souffrance, dans l'attente de leur apporter peut-être une réponse à leur question.
06:29 Qui a tué mon fils, ma fille ? Où est ma fille ? Qu'est-elle devenue ? Je pense que la société doit ça. Et puis ça peut aussi, accessoirement, éviter des erreurs judiciaires.
06:39 Ne pas se tromper de coupable. Ça aussi, c'est quelque chose d'important. Voilà. Donc nous sommes dans une continuité. Les choses ne seront pas les mêmes dans 20, 30 ans, comme aujourd'hui.
06:49 Elles sont différentes d'il y a 20 ou 30 ans.
06:51 Alors vous avez consacré, on peut le dire, votre vie au crime, Jacques Dallest. Avant d'être procureur général, vous étiez juste d'instruction.
06:59 Qu'est-ce qui vous a attiré vers ces actes criminels qui, a priori, comme ça, ne sont pas forcément très attractifs ?
07:05 Oui, quand je vais dans des salons du livre, je rencontre souvent des auteurs de Polard qui parlent savamment du crime. Ils ne savent pas ce que c'est.
07:11 Ils n'ont jamais vu un crime ni un criminel. Moi, j'en ai vu beaucoup. Malheureusement, je suis allé sur ce qu'on appelle des scènes de crime, des gens tués.
07:19 Et j'ai rencontré un certain nombre de criminels, puisque j'ai dû les interroger. Donc ça m'a donné une certaine connaissance.
07:25 Et d'ailleurs, j'en déduis une chose assez fondamentale, c'est que n'importe qui est capable de commettre le pire. Le criminel, ça peut être n'importe qui.
07:32 C'est ce qui déroute souvent. Et ça m'a toujours intéressé de connaître un peu la psychologie humaine, savoir que derrière une façade, qu'on peut tout savoir,
07:40 il y a une réalité qui peut être plus sordide, quelqu'un qui n'est pas forcément un assassin, mais qui peut être quelqu'un de violent, qui peut être un violeur, etc.
07:48 Et ça, la société est à l'apparence, mais il y a aussi les coulisses. Et les coulisses m'ont toujours beaucoup intéressé.
07:54 J'ai noté une phrase, vous dites "les meurtriers sont souvent d'une banalité affligeante". Même les serial killers, qu'on imagine dans l'inconscient...
08:03 Regardez la tête de Monique Olivier, qui est en train d'être jugée, qui a déjà été condamnée pour des meurtres. Elle fait tout à fait ordinaire.
08:10 Fournirait, avait une tête tout à fait banale. D'ailleurs, les jurés, quand ils arrivent, quand ils voient l'accusé dans le box,
08:16 ils imaginent quelqu'un qui est là pour un acte atroce avec une tête atroce. Mais non, il est tout à fait ordinaire.
08:21 Et vous le voyez, dans l'actualité, on est très surpris. C'est notre voisin, il a tué toute sa famille. C'était un monsieur gentil, etc.
08:27 Le criminel nous renvoie à notre propre image. Rares sont les tueurs en série, heureusement, ou les tueurs à gage.
08:34 Et c'est la société qui, dans toute organisation, secrète un moment des gens qui passent à l'acte parce que, sous la colère, pour se venger,
08:42 pour différentes raisons. C'est la vie en société.
08:45 J'ai appris en lisant votre livre qu'il y a une prison en Alsace qui regroupe tous ces grands criminels que vous avez assistés,
08:51 Francis Solm aussi, Guy Georges, Nordal-Lelandais. Ils sont tous dans la même prison ?
08:56 Je les ai rencontrés. J'ai passé deux jours dans cette prison à Ennsisaim, en Alsace, qui est une maison centrale où il y a 200 détenus,
09:02 condamnés à des très longues peines. Une cinquantaine sont condamnés à perpétuité. Et on y met là-bas, notamment, les plus grands tueurs en série
09:09 et d'autres criminels un peu célèbres, comme Nordal-Lelandais. Et ces gens-là, je les ai rencontrés. Et quand vous les voyez au détour d'une coursie,
09:18 vous y voyez encore une fois des gens à peu près ordinaires. C'est difficile de voir en eux des assassins abominables.
09:24 Les trois que vous citez, Fourniret, Francis Solm et Guy Georges, ont tué plus de 30 personnes à eux trois. 30, 40 personnes.
09:32 Et vous voyez des individus qui vaquent à leurs occupations. On a du mal d'imaginer que ces personnages-là aient pu commettre des telles atrocités.
09:41 Et c'est d'ailleurs la difficulté pour la justice de juger des années après, quelquefois, quelqu'un, de revenir sur le moment de l'acte,
09:50 que peut-être seul l'accusé connaît, parce que la victime est décédée, et reconstituer le passé et trouver une peine la plus juste.
09:59 C'est un exercice difficile auquel d'ailleurs tous les citoyens sont conviés, puisque tout le monde peut être juré de cour d'assise.
10:06 – Vous citez Nandal Lelandais, c'est peut-être celui que vous connaissez le mieux, l'auteur du crime de la petite Maïlis en Isère.
10:12 C'était en août 2017. Vous étiez l'avocat général au cours de son procès qui s'est tenu à Grenoble au début de l'année 2022.
10:20 Un procès fleuve, 23 000 pages de dossiers. On parlait parfois de la petite info qui se cache dans beaucoup de paperas.
10:27 C'était le dernier procès de votre carrière, Jacques Dallest.
10:31 – Oui, ce procès a duré trois semaines. C'est terminé en février 2022.
10:34 Énormément d'affluence, d'ailleurs très bien, beaucoup de jeunes sont venus.
10:38 Et ma dernière réquisition, c'était la réclusion criminelle à perpétuité.
10:43 C'est ce que j'ai demandé à la cour d'assise, qui a condamné Nandal Lelandais à cette peine.
10:47 Et voilà, maintenant, je pense que ça a mis fin à ce processus terrible qui a fait deux victimes.
10:52 La petite Maïlis, sa famille, et puis le caporal.
10:55 Voilà, et donc c'est un moment fort de ma carrière.
10:58 Et je suis heureux d'avoir terminé avec cette affaire un peu hors norme.
11:01 – Oui, là on parle du meurtre d'une enfant de 8 ans.
11:04 C'était très médiatisé, cette affaire. Le procès également à Grenoble.
11:09 Est-ce que quand on est magistrat professionnel, on peut être gagné par l'émotion ?
11:13 Comme j'imagine tout le public qui assistait à cet événement.
11:17 – Même si on a vu beaucoup de crimes et de criminels, on reste tous des êtres humains.
11:22 On a nos émotions, on a les moments de colère, de fatigue aussi.
11:27 Mais il faut essayer de les masquer à titre professionnel,
11:31 pour être le plus professionnel possible. Mais ce n'est pas toujours simple.
11:35 Et quelquefois, et on reproche à la justice, quelquefois une trop grande froideur.
11:38 C'est ce que nous disent les familles des victimes.
11:41 On n'est pas reçus par la justice, on est mal reçus, on nous parle de façon très sèche.
11:45 Et c'est un effort qu'on doit faire et qu'on doit aux familles qui sont touchées par des drames terribles.
11:50 C'est aussi une leçon qu'on doit aussi apprendre dans les tribunaux,
11:54 de se dire "attention, derrière le professionnel, il y a un être humain".
11:57 Et l'être humain ne doit pas être mis de côté,
12:01 parce qu'il y a une relation qu'on doit instaurer avec la famille,
12:05 et qui a besoin d'être écouté, entendu.
12:08 – Il a été, vous l'avez dit, condamné à perpétuité, Nordahl Lelandé.
12:11 Pourtant, il risque de ne pas finir sa vie en prison et de ressortir un jour ou l'autre ?
12:16 – Alors, condamné à perpétuité, il a une période dite "incompressible" de 22 ans,
12:21 pendant laquelle il ne se perd aucune permission de sortir, aucune libération conditionnelle.
12:25 Quand cette période sera achevée, il peut possiblement prétendre à une libération conditionnelle,
12:30 mais elle sera facultative, ce n'est pas automatique, ce sera une commission qui aura à le décider.
12:34 Beaucoup de grands criminels sont morts en prison, je pense à Émile Louis, à Fourniret.
12:39 – Qui était déjà âgé. – Déjà âgé, lui il est plus jeune.
12:42 Tout condamné a vocation à sortir de prison, ce qui est évidemment…
12:45 – Même à perpétuité.
12:46 – Même à perpétuité, ce qui est évidemment très mal compris par la population, par les victimes,
12:51 mais c'est la loi et dans toutes les prisons du monde, c'est à peu près la règle.
12:55 Quand il y avait la peine de mort, ce n'était pas le cas.
12:58 Même une peine à perpétuité peut être à un moment, peut amener à la libération de la personne.
13:03 Mais sous condition, évidemment.
13:05 – Pour revenir au titre de votre livre, "Colques", vous l'avez évoqué,
13:09 c'est un pôle qui s'est créé basé à Nanterre.
13:13 À votre initiative, Jacques Dallest, de regrouper tous ces affaires ?
13:16 – Oui, j'avais proposé au ministère de la Justice de réfléchir à tout ça.
13:19 On m'a confié la présidence d'une commission et on a rendu un rapport
13:23 dans lequel on préconisait la création de juges spécialisés.
13:26 Pourquoi ? Parce que les juges ordinaires sont pris par les affaires ordinaires.
13:30 Celles dont on parle dans l'actualité, les urgences.
13:32 Et ces affaires anciennes, on a du mal à les traiter.
13:35 Et depuis mars 2022, fonctionnent à Nanterre un pôle d'une douzaine de personnes,
13:40 de juges et de procureurs, qui ne font que travailler sur ces affaires anciennes.
13:43 Dans la région, on a l'affaire de la tuerie de Chevaline, 2012,
13:47 qui est maintenant traitée par Nanterre.
13:49 La disparition de Cécile Valin en Savoie,
13:51 une jeune fille qui a disparu il y a une vingtaine d'années, qui est aussi à Nanterre.
13:54 Et donc c'est une très bonne chose d'avoir des gens dont tout le temps
13:57 est consacré à ces affaires, qui demandent un gros investissement,
14:00 une grosse relecture. Et pour ça, il faut être détaché d'affaires courantes.
14:06 Et des fois aussi de l'investissement financier.
14:08 On voit des images de reconstitution de la tuerie de Chevaline.
14:11 Il y a eu quatre morts sur une route des Bouges en septembre 2012.
14:15 La justice a dépensé plus de 500 000 euros, rien qu'en expertise sur ce dossier.
14:20 Oui, la somme a dû se dépasser, parce que c'est des dossiers énormes,
14:23 avec beaucoup d'expertise technique, technologique,
14:26 avec des moyens sollicités nombreux, qui sont coûteux.
14:30 Les expertises ADN sont très coûteuses. Et ça, c'est une leçon importante.
14:34 En France, on a tendance à se critiquer, se dénigrer.
14:37 Mais en France, on ne compte pas la dépense. On ne regarde pas la dépense.
14:40 C'est budget illimité quand on est magistrat ?
14:42 Quand c'est pour des affaires de cette gravité, oui.
14:45 Et ça, c'est une chose qu'il faut rappeler.
14:47 On ne peut pas opposer à la famille. Ah ben, ça coûte trop cher.
14:49 Si on est sur une demande d'investigation qui est utile,
14:52 même si elle a un coût, elle sera faite.
14:55 On peut se dire, à quoi ça sert, si on n'a pas trouvé dans les premières années,
14:59 de continuer 10, 15, 20 ans après.
15:02 Et pour autant, parfois, ça bouge.
15:05 En 1986, une jeune Niséroise, Marie-Thérèse Beaufanty, mère de famille,
15:09 est tuée à Ponchara l'an dernier,
15:12 alors que l'affaire avait été classée depuis très longtemps.
15:14 Son meurtrier suspecté, à l'époque, a été de nouveau interrogé par la gendarmerie.
15:19 Il a fini par avouer le meurtre, 36 ans après.
15:22 C'est exceptionnel ou c'est des choses qui arrivent plus fréquemment qu'on le croit ?
15:26 Des choses de cette nature arrivent.
15:28 Ce qui peut arriver aussi, c'est que l'auteur, des années plus tard,
15:30 est obligé de reconnaître les faits parce que son ADN parle.
15:33 C'est l'affaire du Grélet qui a mis fin à ses jours,
15:36 qui avait été confondue par son ADN des années plus tard,
15:38 après des crimes commis en 1986 également.
15:41 Là, il n'y avait pas de preuves sur l'affaire Beaufanty.
15:43 C'est lui qui a avoué.
15:45 Il a désigné l'endroit où il avait caché le corps.
15:47 On l'a retrouvé, des fragments de corps, le crâne notamment, plus de trois mois après.
15:50 Je pense que pour la famille, c'est une satisfaction.
15:52 Puisqu'il faut aussi savoir que Sissi, l'intéressé, n'a pas pu commettre d'autres crimes.
15:57 C'est aussi important de confondre quelqu'un
16:00 parce qu'une personne en liberté peut tuer de nouveau.
16:02 Ça peut arriver.
16:03 Donc, socialement, on a besoin de cela, de ne pas se dire
16:06 "l'affaire est ancienne, on la clôture".
16:08 Non, ce n'est pas possible.
16:10 Après, le temps qui passe, c'est un temps qui joue en faveur de l'auteur.
16:13 Les témoins disparaissent.
16:14 Même l'auteur peut disparaître d'une mort naturelle.
16:18 Mais c'est plutôt à l'honneur de la France et d'une démocratie judiciaire
16:21 de mettre des moyens pour ne pas s'avouer vaincu.
16:24 Ne pas renoncer en disant "c'est trop ancien".
16:27 Et si on était concerné soi-même, on ne conserverait pas
16:30 que l'affaire du meurtre de son fils, de sa fille,
16:32 elle soit clôturée comme si c'était une affaire sans intérêt.
16:36 C'est plutôt à l'honneur de la France.
16:38 Et moi, je suis content d'y avoir participé à mon niveau avec d'autres.
16:41 Et peut-être que tout n'est pas terminé.
16:43 Le processus va se poursuivre.
16:44 On va sans doute encore s'améliorer dans la résolution des affaires anciennes.
16:48 Je lève un petit point sur l'affaire Bonfanti.
16:50 On a, 36 ans après, identifié le meurtrier.
16:53 Il a avoué.
16:54 Et pour autant, la justice ne va pas le juger.
16:57 C'est trop tard.
16:58 On ne peut pas le dire.
16:59 La Cour de cassation a rendu hier un arrêt qui a cassé une décision
17:03 de la Chambre d'instruction de Grenoble.
17:05 On avait considéré, nous, à Grenoble, que l'affaire n'était pas prescrite
17:09 parce que l'intéressé avait dissimulé le corps de sa victime.
17:12 Ce n'est pas l'analyse que fait la Cour de cassation.
17:14 Mais pour autant, l'affaire va être rejugée à Lyon.
17:17 Et on verra ce que décidera la Cour d'appel de Lyon.
17:20 Je pense que quand on a affaire à quelqu'un qui a dissimulé son forfait,
17:25 je pense qu'il ne doit pas bénéficier de la règle traditionnelle de la prescription.
17:29 On est sur une disparition, en fait, qui s'avérait être un crime.
17:32 Affaire à suivre, comme tu l'as dit.
17:34 Affaire à suivre, tout à fait.
17:35 En tout cas, pour ceux qui sont intéressés par le monde judiciaire,
17:39 il y a énormément de gens.
17:40 On le voit avec le succès des émissions de télé.
17:42 Vous participez régulièrement à Jacques Dallest en tant que témoin
17:45 à ces émissions autour des faits divers.
17:47 Ça intéresse une grande partie de la population.
17:51 Cold Case, c'est une approche différente, plus technique.
17:54 On voit les coulisses de l'enquête d'un magistrat
17:57 et toutes les étapes qui peuvent être abordées
18:00 dans des dossiers d'affaires criminelles souvent complexes.
18:04 Les tribunaux, vous l'avez dit, sont occupés par beaucoup d'affaires courantes.
18:08 Parmi ces affaires courantes, il y a les infractions automobiles
18:11 pour tous ceux qui se prennent pour des pilotes de rallye.
18:14 Alors, je vous rassure, toutes les images que l'on va voir maintenant
18:17 ont été réalisées, on va dire, dans le respect de la loi.
18:20 Parce qu'on a avec nous deux champions de pilotes automobiles,
18:32 enfin un pilote et son copilote.
18:36 Pour rassurer Jacques Dallès, vous avez tous vos points.
18:39 C'était en tout cas une très belle transition, je l'ai trouvé,
18:42 qui nous a mis très à l'aise sur le début de cette petite interview.
18:45 Donc merci Thibault, on est prêt là.
18:48 Ce n'est pas évident de passer de la justice au rallye,
18:51 mais tu as éluné ma question. Tous les points sur le permis ?
18:54 Tous les points sur le permis.
18:55 Bon, ben voilà, ça c'est une bonne chose.
18:57 Donc Johan Bonato, champion de France de rallye,
18:59 Benjamin Bouleau, le copilote, champion de France également de rallye.
19:04 Et je précise, sous le regard de Jacques Dallès,
19:07 que vous conduisez en dehors des circuits et des compétitions,
19:10 vous conduisez très bien puisque vous avez tous vos points
19:12 et que vous ne buvez pas d'alcool au volant.
19:15 Le champagne, il est réservé uniquement pour fêter les titres.
19:18 Exactement, et puis on ne roule que sur des routes fermées quand on roule vite,
19:20 on n'est pas sur des routes ouvertes.
19:21 Effectivement, sur la rallye.
19:22 Alors ça, ce sont des images de votre victoire,
19:25 votre cinquième titre de champion de France des rallyes,
19:28 je crois que c'était après le rallye des Cévennes,
19:30 il y a quelques semaines.
19:31 Ce qui fait de vous, Johan, le pilote le plus titré
19:36 du sport mécanique français en rallye.
19:38 Votre premier titre, c'était en 2017,
19:40 donc vous l'avez quand même enchaîné.
19:42 Sur une voiture, une petite voiture, j'ai envie de dire,
19:46 la C3, qui est une citadine que beaucoup de Français connaissent.
19:52 J'imagine que la vôtre est un peu améliorée.
19:54 Oui, c'est une Citroën C3, en tout cas la base, c'est celle-ci.
19:57 En rallye, on a vraiment besoin d'utiliser une voiture qui est issue du commerce,
20:00 et la marque se sert de la promotion du sport automobile
20:04 pour en faire une bonne publicité.
20:06 Ils ont décidé de booster une petite C3
20:09 pour en amener une vraie voiture de course qui est très performante.
20:12 La petite C3, elle est comme ça quand même, une fois que vous l'avez aménagée.
20:16 Sur les championnats de France de rallye,
20:19 on peut avoir tout type de voiture ? Il y a des critères ?
20:22 Oui, elles doivent être homologuées par le constructeur,
20:25 elles doivent être issues de la série, comme je le disais.
20:27 Donc, toutes les voitures sont susceptibles d'être préparées
20:30 par un constructeur pour la course automobile en rallye.
20:33 Ce qui n'est pas le cas forcément en Formule 1 ou sur les circuits.
20:36 Il y a une autre différence avec la Formule 1,
20:38 c'est qu'en Formule 1, le pilote est tout seul dans son paquet,
20:41 et que là, en rallye, vous êtes deux, c'est obligatoire le copilote ?
20:44 En rallye, oui, c'est indispensable.
20:46 C'est vraiment 50/50, il y a le pilote qui fait son boulot
20:49 et il y a le copilote qui lui dit aussi comment faire son boulot.
20:52 Donc, l'un sans l'autre, ça ne fonctionne pas.
20:54 Donc, on a besoin d'être deux, la discipline fonctionne à deux,
20:56 on a besoin d'avoir des notes, des informations sur la route,
20:58 puisqu'on ne connaît pas forcément très bien les terrains sur lesquels on évolue.
21:01 Donc, on a besoin d'avoir toutes les informations que seul le copilote dispose.
21:04 - Travail d'équipe, travail de confiance aussi.
21:07 Benjamin, avec Johan, vous vous connaissez depuis très longtemps.
21:10 - On se connaît depuis l'âge de 10 ans.
21:13 - Vous conduisiez déjà à l'époque, non ?
21:15 - Non, à l'âge de 10 ans, en fait, on ne conduisait pas.
21:17 Mais par contre, on faisait beaucoup de ski de compétition
21:20 dans nos stations respectives.
21:22 Et en réalité, on a commencé à se rencontrer à ce moment-là.
21:25 On a après évolué ensemble à travers le ski jusqu'à l'âge de 18 ans.
21:31 Et puis, on s'est associés dans la voiture de course à ce moment-là.
21:36 - Alors, si vous vous demandez quel est le rôle de Benjamin quand Johan conduit,
21:41 je vous propose d'embarquer avec quelques secondes.
21:43 Écoutez, vous allez voir, c'est assez impressionnant.
21:45 Moi, j'ai du mal à tout comprendre.
21:47 - Très étroit à droite, 120, plus rue, mont d'accord.
21:50 Et gauche en 30 minutes, sortie, frein pour le point 170.
21:54 - Droite 170, sur gauche 120 plus.
21:57 Sur droite 130, milie, pour 30 mètres.
22:00 Gauche 170.
22:02 Gauche 170, sur droite 120 plus.
22:05 Sur gauche 120, plus, plus, pour 30 mètres.
22:08 Droite 100.
22:10 Droite 100.
22:12 Sur gauche à fond, frein pour le point 130.
22:14 Non, non.
22:15 - Bon, c'est clair pour vous, Johan, tout ce que vous dit Benjamin.
22:21 Parce que ça part un peu du jargon vu de l'extérieur.
22:23 - Oui, il vaut mieux que ce soit bien clair d'ailleurs.
22:25 Parce que quand on peut mélanger une note, ce qui peut arriver,
22:27 si une note, on ne la comprend pas très bien
22:29 ou s'il y a une erreur dans la note que j'ai prise en reconnaissance,
22:31 ça peut clairement nous faire sortir de la route.
22:33 Donc oui, c'est important de bien comprendre ce qu'on nous dit
22:35 et de bien l'interpréter sur le terrain.
22:37 - S'il se trompe, droite à la place de gauche, etc.
22:41 Vous lui faites une confiance aveugle et c'est l'accident ?
22:44 - Alors droite, gauche, si je vois que ça tourne à gauche
22:46 et qu'il m'annonce droite, je ne suis quand même pas complètement fou non plus.
22:49 Je vais quand même suivre la route.
22:50 Par contre, s'il se trompe d'angle, mais l'erreur, elle peut être de plusieurs sources.
22:54 Ça peut être moi qui ai fait l'erreur à la prise de note pendant les reconnaissances.
22:57 C'est-à-dire que je n'ai pas bien imaginé l'angle du virage dans lequel on allait se situer.
23:01 Ça peut être une erreur de lui quand il écrit ses notes.
23:04 Ça peut être une erreur de lui quand il les dit par rapport à ce qu'il est en train de lire.
23:06 Et là, ça peut nous faire sortir de la route, clairement.
23:09 - Et pourquoi on a besoin d'avoir ces infos-là ?
23:11 Quand on est pilote, on voit la route, on voit les virages ?
23:13 - Non, les virages, on ne les voit pas tous.
23:14 Et puis, on ne sait pas forcément, dans une partie par exemple très rapide,
23:17 des virages qui vont s'enchaîner en aveugle.
23:19 C'est-à-dire quand on ne voit pas la sortie du virage,
23:20 et on ne sait pas ce qu'il va y avoir derrière.
23:22 Savoir un virage, si on peut le passer à fond,
23:23 ou si derrière, il y a une épingle et qu'il faut commencer à freiner.
23:26 Donc c'est tous des éléments qu'on a besoin de savoir pour aller vite et en sécurité.
23:29 - Benjamin, vous êtes pilote aussi, quand vous n'êtes pas à côté de Johan ?
23:34 - Non, alors moi, je pilote bien mes skis.
23:36 Par contre, la voiture... - Pas du tout.
23:38 - C'est quand même très compliqué à conduire.
23:39 Enfin, ça reste quand même des voitures d'un haut niveau.
23:42 Pour conduire ce genre de voiture, il faut quand même avoir une grosse expérience.
23:46 Moi, je me suis spécialisé dans mon domaine, entre guillemets, de copilote.
23:49 Donc ça, je le maîtrise.
23:50 Je pense que Johan, s'il se mettrait à ma place, il aurait du mal.
23:53 Parce que c'est en fait une équipe.
23:56 Donc moi, je ne suis pas capable de faire ce qu'il fait,
23:58 mais il ne serait peut-être pas capable de faire ce que je fais.
24:01 Donc en réalité, moi, j'ai les sensations, je pense,
24:05 qu'il se rapproche de ce qu'il se ressent,
24:07 mais toujours dans mon rôle de copilote.
24:12 - Vous avez la chance de partager, d'être à côté du meilleur pilote de rallye de France.
24:16 Est-ce qu'on en profite ou on est concentré sur ses notes
24:19 et on ne regarde même pas la route ?
24:20 Comment ça se passe ?
24:22 - On est devenus les meilleurs.
24:24 Parce que finalement, au départ, on ne l'était pas.
24:26 Donc on s'est construit avec le temps.
24:29 Et c'est vrai que, bien évidemment, c'est une grande fierté d'avoir réussi ensemble
24:32 et d'en être là aujourd'hui.
24:34 Maintenant, celui qui aurait dit qu'on en serait là aujourd'hui,
24:38 je pense que personne, même si cette aventure, on y a cru à 100%
24:44 et on a tout fait pour en arriver là,
24:46 aujourd'hui, c'est juste génial d'avoir réussi à faire ce qu'on a fait.
24:52 - Vous profitez un peu des sensations, quand même, pendant les courses ?
24:55 - Je crois qu'on est même drogués à ça, dans le sens où, en fait,
24:59 l'adrénaline, la pression qu'il y a dans une voiture de course,
25:01 l'énergie qu'on y met, le stress, la dangerosité de l'activité,
25:05 fait qu'on est quand même à la limite de l'adhérence,
25:09 à la limite de la vitesse à chacun des virages.
25:12 Donc, en fait, c'est quelque chose qui est saisissant.
25:18 Et aujourd'hui, on prend énormément de plaisir à faire ce qu'on fait
25:22 parce que c'est fait de manière intelligente,
25:25 dans le sens où on n'est pas non plus des fous du volant,
25:29 comme on pourrait l'imaginer, par rapport au fait que tout est maîtrisé,
25:32 tout est calculé. Cette année, on a fait beaucoup de courses
25:37 et on n'est jamais sortis de la route en prenant beaucoup de risques pour gagner.
25:40 Donc, tout ce qu'on fait, c'est maîtriser.
25:43 - La séquence qu'on a vue précédemment a été issue du rallye du Mont-Blanc.
25:47 Vous avez remporté votre septième victoire sur ce rallye.
25:50 Yoann, en plus, devant vos enfants, qui étaient là pour vous accueillir.
25:53 - Oui, on avait les enfants à l'arrivée. C'était un moment très, très sympa.
25:56 C'est vrai qu'on n'a pas beaucoup l'occasion de les avoir sur les courses
25:58 qu'ils ont à l'école. Un petit peu la vie de famille à la maison
26:00 qui n'est pas toujours évidente sur les déplacements.
26:02 Donc, là, qu'ils soient là sur une épreuve plus proche du domicile des deux Alpes.
26:06 Donc, c'était très, très émouvant à l'arrivée.
26:08 - Vous avez une consommation de bouteilles de champagne quand même assez conséquente.
26:10 À chaque fois qu'il y a une victoire...
26:12 - Il ne sait jamais du très, très bon.
26:13 Quand celui qu'on a reçu en champagne, il n'a pas une grande valeur.
26:16 Dégustatif, en tout cas.
26:18 - Sept victoires, donc, au rallye du Mont-Blanc.
26:21 Vous aviez, à une époque, lancé une opération, un arbre, une victoire.
26:24 Enfin, une victoire, un arbre, plutôt. C'est toujours de l'actualité
26:26 ou finalement, vous avez repeuplé toute la France ?
26:29 - Non, on a rempli notre forêt.
26:31 On n'a plus forcément la place sur les terrains pour pouvoir le faire.
26:33 On en a planté une centaine, malgré tout.
26:35 - C'était à chaque spécial, quoi.
26:37 - Voilà, chaque spécial remporté par rallye, on s'était engagé à planter un arbre.
26:41 On a fait ça pendant presque deux ans.
26:43 Et là, du coup, on a arrêté cette année.
26:45 - Vous avez remporté six des neuf manches du championnat de France cette année.
26:49 Vous n'avez pratiquement rien laissé à vos adversaires.
26:52 Là, on voit, je crois que c'est le premier rallye, le rallye de Charbonnières, ces images.
26:55 - C'est le second rallye du championnat de France, effectivement.
26:57 C'est le premier qu'on a remporté cette année,
26:59 puisque le premier rallye au Touquet, on a terminé quatrième.
27:01 Donc, c'était un moment décisif dans le début de la saison.
27:04 Ça lançait le match. On était prêts, en tout cas, pour démarrer la saison du mieux possible.
27:09 - Alors, contrairement à un circuit, il n'y a aucune protection,
27:11 même si, évidemment, les routes sont fermées.
27:13 Donc, il faut piloter au millimètre.
27:16 À quelle vitesse de pointe on peut aller sur ce type de rallye ?
27:18 - Alors, les voitures de rallye ne vont pas très, très vite.
27:20 Ça va à 190, 192 km/h maximum.
27:24 Sauf qu'on est sur un environnement qui est plutôt étroit, non sécurisé, comme vous le disiez.
27:29 Donc, c'est vrai que ça peut être impressionnant.
27:31 C'est dangereux, clairement.
27:33 Mais, bon, on essaye de faire, en tout cas, les choses le plus en sécurité possible.
27:37 Les voitures sont très bien protégées, mais les éléments extérieurs, un peu moins.
27:40 - Ça vous est déjà arrivé, un crash tous les deux ?
27:42 - Pas qu'un, oui. - Pas qu'un ?
27:44 - On en a eu plusieurs. Ça fait partie du jeu.
27:46 C'est comme tomber en ski pour un descendeur.
27:48 C'est le moins souvent possible. Mais bon, malheureusement, ça fait partie du jeu.
27:51 Il faut savoir le faire, malgré tout. Il faut savoir l'encaisser et rebondir derrière.
27:55 - J'ai retrouvé une petite image qui date du rallye de Monte-Carlo, il y a quelques années.
28:00 Alors, ce n'est pas un crash, mais vous aviez perdu une roue ou un pneu.
28:04 Ça paraît assez incroyable, cette anecdote.
28:07 - On avait crevé dans la spéciale.
28:09 Et, en fait, le temps de changement d'un pneumatique en spéciale correspond environ à 1 minute 30, 1 minute 45.
28:15 Et on était suffisamment près de l'arrivée pour se dire, on ne change pas la roue, on roule à plat.
28:20 Donc le temps perdu par rapport au nombre de kilomètres restants sur la spéciale était plus intéressant que de s'arrêter et changer la roue.
28:26 Donc, effectivement, on arrache un peu l'aile, on ponce un peu la jante.
28:29 Mais sur le plan sportif, on était gagnant d'avoir fait ça.
28:33 - Vous faites... Alors, le rallye de Monte-Carlo fait partie du circuit mondial.
28:37 Vous faites régulièrement des incursions, tous les deux, sur le circuit international.
28:42 Cette année, vous êtes allé gagner un rallye au Canary, Benjamin.
28:46 Pour vous, il ne faisait pas très beau, quoi. C'est le compte d'aller si loin pour retrouver le mauvais temps sur route humide.
28:52 - Voilà. En fait, ça a été une course fantastique, fantastique parce qu'en fait, c'était la deuxième course du Shopper d'Europe des Rallyes.
28:59 Donc tout était lancé pour la construction de ce titre pour tous les pilotes.
29:05 Donc, en fait, il y avait une concurrence quand même assez élevée à l'international.
29:09 Cette course, on l'avait déjà fait deux fois.
29:12 Et c'est vrai qu'on a réussi à mettre tous les ingrédients de la performance grâce à la voiture qui était parfaitement bien préparée.
29:21 Nous, avec la connaissance du terrain, les choix de pneumatiques qui étaient adaptés par rapport aux conditions,
29:27 on a su sortir du lot et remporter cette épreuve avec quand même une certaine avance.
29:33 Donc c'est pour nous la plus belle victoire qu'on ait pu avoir à l'international.
29:39 - Ça donne envie, Johan, peut-être d'essayer d'exister au plus haut niveau mondial, d'aller titiller Sébastien Ogier, par exemple,
29:47 qui est le Français régulièrement champion du monde des rallies au niveau mondial ?
29:51 - Alors oui, ça pourrait éventuellement donner envie, mais on connaît la marche à franchir.
29:56 On connaît les contraintes budgétaires aussi pour arriver à... - Surtout financer le problème dans le sport auto.
30:00 - Oui, dans le sport auto, en fait, quand tu disposes des moyens financiers pour pouvoir faire les épreuves que tu as envie,
30:05 tu peux finalement faire le Monte Carlo avec Sébastien Ogier, Sébastien Loeb.
30:08 Tu n'as pas besoin d'avoir une qualification particulière pour intégrer ces courses-là.
30:13 Donc voilà, ça demande beaucoup de sacrifices financiers qu'on n'a pas pour pouvoir le faire.
30:16 Mais cela dit, on est déjà très heureux de faire ce qu'on fait là, faire du championnat d'Europe, faire du championnat de France.
30:21 Quelquefois, on a fait quelques manches au championnat du monde aussi.
30:23 Donc c'est ponctuellement des belles courses qu'on fait.
30:26 On est quand même très satisfaits de pouvoir faire ça déjà.
30:29 - Vous vivez tous les deux de votre passion. J'ai envie de dire de vos passions, parce que quand vous n'êtes pas au volant,
30:36 vous êtes sur les skis, parce que vous êtes tous les deux des moniteurs de ski, des pulls rouges.
30:40 Johan, on le voit en image, au Deux Alpes, dans sa station.
30:44 Et je crois que Benjamin ski en face à l'LP du US, toujours en oisant.
30:48 - C'est ça.
30:49 - Lequel des deux est le meilleur sur des skis ? Là, on peut comparer pour le coup.
30:53 - On pourrait qu'on fasse une course.
30:56 - Vous avez déjà eu l'occasion de rivaliser ensemble, j'imagine, quand vous étiez jeunes.
30:59 - Pendant longtemps, jusqu'à nos 18 ans à peu près, on a fait des courses l'un contre l'autre,
31:03 de 7 ans, 8 ans, jusqu'à nos 18 ans.
31:07 - J'ai vu que Benjamin était monté sur un podium de championnat de France chez les jeunes en ski alpin.
31:12 - Ça remonte à un certain temps, mais effectivement, je ne me rappelle plus exactement, parce que ça remonte un peu.
31:19 - Rassurez-vous, je n'ai pas les images.
31:22 - On a toujours aimé la compétition depuis qu'on est enfant.
31:26 - C'est vrai qu'en baignant dans le ski, on a pris ce virus de la compétition.
31:31 - On le vit encore aujourd'hui à 40 ans d'une autre manière, mais c'est ça qui nous a mis.
31:36 - Cet hiver, si on veut monter aux deux Alpes, on peut se payer Johan Bonato, champion de France des rallies, comme moniteur.
31:41 - Il faut passer à l'ESF, si j'ai un petit créneau de disponible, mais on est bien pris.
31:46 - L'objectif, c'est quoi ? Un sixième titre l'année prochaine ?
31:49 - On va essayer, on n'a pas encore vraiment finalisé ni monté notre programme 2024.
31:53 - Mais oui, dans la mesure du possible, si on peut repartir dans les mêmes conditions que cette année, essayer de jouer un sixième titre, ça peut être sympa.
31:58 - En tout cas, c'est un beau métier qu'on fait là. On en profite. On est entre guillemets au sommet de notre forme.
32:04 - Donc, on va essayer d'en profiter encore quelques temps.
32:06 - Bon, je souhaite d'en profiter. Est-ce que vous êtes des hommes d'intérieur, tous les deux ? Vous êtes chez vous.
32:11 - Oui, forcément. Moi, je range bien mes placards. Je range bien le lave-vaisselle. La déco, ce n'est pas mon truc.
32:18 - C'est peut-être plus le truc de Benjamin. Je sais qu'il aime bien, Benjamin, regarder décorer l'intérieur des voitures.
32:25 - Oui.
32:27 - C'est comme ça chez vous aussi ?
32:32 - Ce n'est pas comme ça, mais c'est vrai que j'apporte une attention particulière à bien assortir les choses.
32:38 - Donc, c'est vrai que je suis vraiment curieux de savoir me mettre au goût du jour.
32:42 - Bon, justement, on va finir cette émission avec Karine, qui va peut-être pouvoir vous donner d'autres idées que la boule à facettes.
32:48 Karine Mastrodonato, designer d'intérieur basé à Mélan, qui vient de temps en temps sur le plateau de Sion parler pour nous donner des conseils d'aménagement.
33:05 Parce que moi, je suis un peu comme Benjamin et Johan, je ne suis pas un expert en la matière, mais on a tous un petit chez soi qu'on aime rendre le plus agréable possible.
33:14 Après le noir des Colcaises, le bleu blanc rouge de nos amis champions de France, on va élargir la gamme, Karine, des couleurs, puisque les couleurs peuvent avoir une influence sur notre bien-être.
33:26 - Oui, bien sûr, la couleur, les couleurs ont une forte influence sur notre bien-être, nos comportements, notre nervosité.
33:35 Voilà, il y a plein de couleurs qui sont importantes à intégrer dans certaines pièces, certaines fonctions.
33:42 Et voilà, il faudra vraiment prendre en compte notre état émotionnel.
33:47 - Certaines pièces, donc, ça veut dire qu'on ne va pas mettre la même couleur dans une chambre, dans une cuisine, dans une salle de bain.
33:53 Qu'est-ce que vous nous conseillez, justement, par rapport au lieu de vie qu'on habite ?
33:57 - Oui, alors, par exemple, dans une chambre, si on a des troubles du sommeil, on a un insomniaque, on va conseiller le bleu clair, qui est, selon des études scientifiques,
34:07 ça a été prouvé que ça a un effet sédatif et anesthésiant.
34:11 Donc, on va privilégier cette teinte.
34:14 Après, dans les chambres, c'est vrai que le rose clair est aussi dominant, parce que c'est une couleur qui est apaisante et qui baisse la tension artérielle.
34:24 Donc, pour bien dormir, mieux vaut avoir moins de nervosité.
34:29 Et on a aussi les bruns qui sont... Voilà, là, les marrons, on est dans une teinte chaude.
34:34 C'est une teinte qui est rassurante, qui est assez neutre. On peut tout à fait aussi l'intégrer dans une chambre parentale.
34:40 Par contre, il y a une teinte qui est à éviter si on a du mal à dormir.
34:45 Ça va être le rouge, qui rend un peu les gens agressifs, on va dire, voilà, avec le fuchsia, parce que le fuchsia, dans le cercle chromatique, il se rapproche plus ou moins du rouge.
34:57 Donc, voilà, si on souhaite bien dormir, en tout cas, c'est des teintes qui sont à éviter.
35:01 - Jacques, vous êtes sensible à ça dans votre aménagement intérieur ?
35:05 - Pas de noir ni de rouge.
35:06 - Pas de noir ni de rouge.
35:08 - Ça, je peux comprendre.
35:10 Yoann, on a compris que, oui, tout ce qui est un peu clinquant, ça le fait, les couleurs un peu vives, non ?
35:16 - La voiture, elle est quand même assez vive. Il faut qu'elle ne se fasse remarquer quand même.
35:20 Donc, nous, on nous voit quand même arriver.
35:23 - Bon. Alors, Karine, vous avez apporté quelques illustrations colorées pour illustrer les bienfaits des couleurs.
35:31 On va commencer par le rose, qui est une couleur qui se prête à beaucoup de choses.
35:36 - Alors, oui. Alors, le rose, en fait, c'est une couleur qui est très douce, très apaisante, très sucrée.
35:43 Symboliquement, ça rappelle un peu la maternité, la tendresse, voilà, d'une très grande douceur.
35:49 Donc, c'est vrai que c'est une teinte qu'on préconise fortement pour les chambres.
35:55 Les chambres d'enfants aussi, pour les petites filles qui sont hyperactives, voilà, c'est prouvé que ça a apporté quand même de l'apaisement.
36:02 Dans les salles d'eau, salles de bain, ça réhausse le teint. Ça a un effet bonne mine. Donc, c'est fortement conseillé.
36:08 Et puis là, on voit dans les pièces de vis, dans les illustrations, les canapés, le plafond.
36:13 C'est une teinte qui est assez neutre et qui s'associe facilement avec d'autres couleurs.
36:18 - J'ai vu que c'était parfois utilisé dans les prisons de rose.
36:22 - Oui, dans des prisons qui sont basées à Berne, en Suisse.
36:26 Ça a été appliqué dans certaines cellules. Donc, ils ont appliqué du rose clair, vraiment des cellules tendance Barbie.
36:32 C'est vraiment ce rose-là. Et ça a eu un effet très bénéfique. Ça a calmé, ça a apporté un effet calmant.
36:39 Voilà. Et dans les cellules aussi psychologiques, on utilise beaucoup le rose.
36:44 Et dans d'autres structures comme les crèches ou les écoles maternelles ou dans les hôpitaux, c'est la couleur de l'espoir pour apporter, voilà, d'espoir à la guérison.
36:53 - J'ai pas l'impression qu'elles soient toutes roses, les prisons françaises. Jacques, vous qui les connaissez mieux, quoi ?
36:58 - C'est même un peu sombre pour beaucoup d'entre elles.
37:02 - Du rose, on passe à l'orange, qui est aussi une belle couleur.
37:05 - Oui. Alors, l'orange, c'est une très belle couleur chaude qui va apporter...
37:10 Qui va ouvrir à la communication et qui va apporter aussi... Qui va stimuler.
37:15 Donc c'est vrai que c'est une couleur qui est beaucoup utilisée dans les salles de sport, dans la communication.
37:20 Et là, comme on voit dans l'illustration, c'est une couleur qui symbolise la bienvenue.
37:27 Donc là, on va dans une chambre d'enfants, salle de jeu, ça va booster la créativité.
37:32 Donc c'est une teinte qui peut s'intégrer facilement dans beaucoup de pièces, dans les salles d'eau, dans les pièces de vie.
37:41 En parcimonie dans les chambres, puisque ça stimule. Donc comme je l'avais dit précédemment, il faut éviter certaines couleurs.
37:50 Mais elle est évitée aussi dans les open spaces, parce que vu qu'elle favorise la communication,
37:58 les open spaces, c'est des lieux qui ne sont pas cloisonnés et on peut vite du coup manquer de concentration, on va dire.
38:05 Je vais regarder quelle est la couleur de la rédaction, parce que nous on est en open space, mais je n'ai pas fait attention.
38:11 Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'orange chez nous, mais je vais quand même contrôler.
38:15 Bon, on passe de l'orange au vert. Là, le vert, on peut se lâcher quand on est automobiliste.
38:20 On remet les gaz. Le vert, toutes les photos qu'on voit, évidemment, c'est chez vous, Karine.
38:27 On ne l'a pas précisé, mais vous avez une grande maison avec beaucoup d'université.
38:30 Oui, j'ai beaucoup de pièces, je peux toutes les exploiter.
38:33 Le vert, c'est une couleur dont ça représente la nature, la sérénité, la tranquillité.
38:39 Après, dans les verts, bien sûr, on a plusieurs nuances. Par exemple, le vert sapin, le vert forêt, ça va être plus prestigieux, ça va représenter la prospérité.
38:47 Là, on a le vert montalot qui va plus représenter la fraîcheur.
38:52 On a les verts, versage, là, qui va représenter un peu plus l'élégance.
38:58 Mais bon, ce sont des teintes qui sont apaisantes, rassurantes et qui, pour moi, représentent aussi une teinte neutre,
39:04 donc qui peut s'intégrer avec beaucoup de couleurs. On peut faire des combinaisons de couleurs.
39:09 Le vert va aussi bien avec le bleu, le rouge. Voilà, c'est assez neutre.
39:16 Johan est très fort dans les verts de champagne.
39:20 - T'es en forme, là. - Allez, pour être à corps avec nos champions de France d'or.
39:26 Allez, on termine cette présentation de l'effet des couleurs avec le bleu.
39:31 - Oui, alors le bleu, c'est bon. Il y a différents bleus. Il y a les bleus plus soutenus, plus foncés qui vont représenter, on va dire, la loyauté, la justice, la vérité.
39:41 On a les bleus clairs qui vont représenter plus l'apaisement, la créativité, l'harmonie.
39:47 D'ailleurs, quand on est près d'un cours d'eau, donc ça peut être près d'une piscine ou près d'un... au bord de mer, on se sent tout de suite apaisé.
39:56 Donc après, on a différents bleus. Là, dans les visuels, on voit le bleu clin qui est un bleu très, très lumineux qu'on peut utiliser pour mettre en valeur, par exemple, un escalier, des portes.
40:06 Voilà, on a vraiment différentes façons de l'utiliser. Par contre, il est fortement déconseillé de l'utiliser dans les espaces, les cuisines.
40:15 - Pourquoi ? - Puisque ça coupe l'appétit. - Ah ouais ? - Et le bleu n'est pas une couleur naturelle dans l'alimentation. On a rarement du bleu dans nos assiettes.
40:24 - C'est vrai. - Les myrtilles. - Ouais, les myrtilles. Effectivement, pour les montagnards. Ça, c'est les montagnards qui parlent.
40:30 - Mais c'est pas une couleur qui est fortement préconisante, en tout cas pour cet espace. - Bon. Alors si vous voulez maigrir, par contre, vous peignez votre cuisine en bleu, votre salle à manger en bleu.
40:37 Vous n'avez pas rien d'autre à faire. Eh bien merci, en tout cas, Karine, pour ce petit déroulé des couleurs qui fait bon pendant cette période sombre de l'hiver.
40:47 Enfin, c'est comme ça. L'hiver, on ne va pas réinventer les choses. Le fond est noir. L'encre est rouge. C'est la couverture de Colquez, le livre écrit par Jacques d'Aleste,
40:59 qui est venu nous parler un peu les coulisses de son métier de magistrat. Je rappelle aussi que si vous voulez avoir plus d'infos sur la déco, Karine a un site Internet qui porte tout simplement son nom.
41:11 - Voilà, mon prénom et mon nom. Karine. - Karine. Voilà. Mastrodonato.com. Et puis qu'on retrouvera Yoann et Benjamin avec plaisir sur les pistes de l'Oisen cet hiver et au volant de leur voiture dès le mois de mars, à peu près.
41:24 - Dès le mois de mars, oui, c'est ça. - Dès le mois de mars, le début de la saison de Championnat de France de rallye.
41:29 Merci à tous d'être venus. On a un petit public aujourd'hui autour de cette émission. Je les salue aussi. Et puis on se retrouve très vite pour d'autres aventures.
41:38 (Générique)

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