« Préhistomania », plongée dans la Préhistoire. Les grandes expéditions, 1er épisode

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00:00 L'exposition "Prehistomania" s'inscrit dans une saison beaucoup plus large autour des arts de la
00:27 préhistoire et donc cette exposition est finalement le dernier volet de cette saison où on voulait
00:32 présenter les relevés d'art rupestre et d'art parietal pour montrer en fait comment les sites
00:39 à travers le monde ont été découverts et ont rencontré le public à partir des années 30 à
00:45 travers ces relevés qui ont pu voyager mais qui sont sur la planète entière et souvent difficile
00:51 d'accès. L'exposition présente vraiment des oeuvres inédites, certaines n'ont pas été montrées depuis
00:55 1933 à Paris donc on est vraiment sur des chefs-d'oeuvre de nos collections. Dans cette première
01:03 salle il y a très peu de lumière, le public voit des oeuvres surtout d'Afrique du Sud, d'Afrique du
01:08 Nord, de l'Europe paléolithique, néolithique et l'idée de cette première salle était aussi de
01:15 faire tout de suite une confrontation avec cet art des origines. Le relevé que nous voyons juste
01:20 derrière nous est un relevé de la Papouasie occidentale donc il fait partie de cet art
01:25 qu'on trouve en Indonésie. En Indonésie on a des sites depuis 45 000 ans, on voit des mains,
01:30 on voit des pieds, il a été fait par Albert Hahn et Albert Hahn était un releveur qui avait eu un
01:37 parcours assez incroyable puisqu'il était cinéaste, il était artiste aussi et aujourd'hui nous pouvons
01:43 aussi comparer avec les photos, on sait que pour arriver sur ces sites il y avait toute une panoplie
01:49 de gestion à mettre en place puisque ces endroits-là étaient très inaccessibles donc il fallait
01:55 arriver en bateau, en petite barque avec le matériel, il fallait escalader aussi donc nous
02:00 savons très très peu de choses sur qu'est ce que ça représente, peut-être un souffle vital de la
02:04 présence humaine avec ses mains et on se demande si nos ancêtres n'ont pas voulu laisser de la
02:09 marque de leur histoire sur ces parois. On ne peut comprendre le geste de l'artiste préhistorique que
02:15 en étant sur place, qu'en recréant, qu'en refaisant ce geste et effectivement les conditions
02:20 difficiles de ces expéditions et souvent matériellement c'était quand même pas simple
02:25 d'accéder à ces oeuvres-là, eh bien c'est se repositionner aussi comme un artiste moderne face
02:32 aux gestes de nos ancêtres et c'est intéressant par contre de voir que Gérard Bayou qui est une
02:38 autre figure emblématique qu'on présente dans l'exposition, lui va partir seul, contrairement
02:43 à toutes les autres expéditions où ils sont plusieurs, c'est une grosse logistique, en relote
02:49 c'est 30 chameaux qui l'accompagnent, 3 tonnes de matériel, il faut quand même transporter tout ça
02:56 dans des conditions extrêmement difficiles. Bayou lui, il va partir seul en fait et donc il va avoir
03:03 une approche complètement différente. La photographie, on l'a dit, effectivement ils
03:07 utilisent tous quasiment la photographie et ensuite c'est le dessin, différentes techniques de dessin,
03:12 des relevés sur place, certains relevés qui seront bien évidemment complétés après de retour en
03:17 France, mais du coup c'est intéressant de voir comment matériellement ils organisent aussi
03:22 leurs expéditions parce qu'on voit que dans le rendu des relevés même, eh bien finalement le
03:27 résultat n'est pas tout à fait le même et on voit qu'il y a des approches un peu différentes en
03:32 fonction finalement des expéditions. Ces relevés que nous voyons aujourd'hui, ils nous posent
03:37 beaucoup de questions. C'est l'oeuvre originale ? C'est une copie ? C'est une oeuvre d'art ? C'est un
03:42 document scientifique ? C'est plusieurs choses à la fois. Et dans cette première salle, on
03:47 voulait aussi que le public se pose cette question mais surtout qu'il s'émerveille. Ces relevés étaient
03:52 le seul moyen pour le public dès les années 30 mais aussi pour les artistes de voir les grottes
03:57 et les abris sur roches. La première mission où partent des femmes avec Léopoldo Vénus, c'est en 1928.
04:03 Dans la première salle, on voit beaucoup d'oeuvres de cette mission qui ont été faites au Lesotho,
04:07 au Zimbabwe, en Afrique du Sud. Et ces femmes avaient une expérience remarquable en tant
04:13 qu'artistes mais arrivées sur place, elles vont être confrontées à des endroits qui étaient
04:18 inaccessibles, à des endroits où il n'y avait pas de lumière, où il fallait peindre et trouver des
04:23 couleurs. Il fallait aussi copier la texture de la grotte. On voit aussi dans d'autres relevés dans
04:28 cette salle notamment une peinture du Lesotho de 1928 où on sait qu'il y avait déjà une partie de
04:34 la paroi qui avait complètement disparu. Or, se pose la question, est-ce que les artistes ont inventé
04:40 des détails ? On sait que pour certaines équipes, l'idée était d'être le plus précis possible.
04:46 Mais il y avait un grand souci de réalisme. Il faut se nourrir du passé pour à la fois comprendre
04:52 le présent et se projeter vers l'avenir. Et ça c'est vraiment, je pense aussi, le rôle des musées
04:57 et aussi de cette exposition, surtout ici au Musée de l'Homme. En appréhendant finalement cette
05:03 histoire globale, on se rend compte de où est-ce qu'on en est aujourd'hui et puis on peut se
05:07 questionner aussi sur que veut-on pour demain. Et c'est ça qui est intéressant. Cet art nous
05:11 apprend beaucoup sur nos origines et surtout c'est une période de temps qui est infinie puisque
05:17 c'est l'art le plus long qu'on a aujourd'hui. Avec les technologies, on peut aujourd'hui faire
05:22 des relevés sans abîmer les paroisses, ce qui n'était pas tout le temps le cas. On peut dater
05:26 les pigments, on peut dater les suites, mais on ne peut toujours pas saisir le sens de beaucoup
05:32 de ces gravures. Aujourd'hui c'est aussi l'objectif de l'exposition, nous ne faisons pas tout à fait
05:36 une exposition sur la préhistoire, mais plutôt qu'est-ce que le XXe siècle a fait de cette
05:41 préhistoire. Et l'idée était aussi de montrer que toute cette énigme de notre humanité, elle
05:47 continue à être saisie par des artistes qui essayent de continuer l'histoire de l'humanité.
05:53 Et c'est pour ça que c'est une exposition bien évidemment qui regarde ce passé plus ou moins
05:58 lointain, mais qui est aussi tournée vers l'avenir puisque l'idée c'est aussi de terminer l'exposition
06:04 en disant que tout ce travail là, aujourd'hui il existe encore scientifiquement, mais ça nourrit
06:09 aussi des artistes contemporains dans leurs réflexions, dans leur création actuelle, et que
06:14 finalement ce lien là il est très réel, très concret encore pour beaucoup de gens.
06:19 [Musique]
06:31 Sous-titrage Société Radio-Canada

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