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La 28ème Conférence des parties sur le Climat de l'ONU (COP 28) s'ouvre ce 30 novembre à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Les défenseurs de l'environnement, comme Bertrand Morvilliers, exigent des mesures concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique.

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Transcription
00:00 - Il est 8h16, bienvenue sur France 3 et France Bleu Normandie. L'heure de notre invité du 6/9 Didier, c'est Bertrand Morvillier,
00:07 médiateur scientifique au CPE Valais de Lorne, le centre permanent d'initiative pour l'environnement.
00:12 - Avec nous en studio Bertrand Morvillier, bonjour. - Bonjour.
00:15 - Les dirigeants mondiaux sont réunis à Dubaï. À partir d'aujourd'hui la COP 28,
00:19 8 ans après l'accord de Paris qui visait à atténuer le réchauffement climatique,
00:24 on espérait rester sous la barre des 2 degrés.
00:26 Vous leur donnez quelle note à nos dirigeants dans la capacité à tenir des engagements ?
00:30 - Il n'y a pas une très très bonne note, c'est-à-dire que l'accord de Paris de toute façon c'était un accord non contraignant,
00:37 donc qui ne supposait pas d'arriver avec un gros bâton sur les pays qui sortaient un petit peu des clous.
00:45 - C'est-à-dire les pays pollueurs pour dire les choses clairement ?
00:48 - Les pays pollueurs, donc la plupart des pays du monde on va dire les choses clairement.
00:54 - Mais on n'a pas progressé depuis 8 ans ?
00:56 - Alors on a progressé sur la conscience des choses, donc c'est déjà pas mal.
00:59 - L'opinion publique ou des dirigeants ?
01:01 - L'opinion publique, les dirigeants aussi, c'est-à-dire qu'il n'y a pratiquement plus maintenant de dirigeants
01:06 ou de responsables d'une façon générale qui sont dans le déni absolu, ce qui pouvait être le cas encore à Paris.
01:13 Il y avait encore un peu de travail à faire, c'est-à-dire qu'il y avait un certain nombre de responsables
01:18 qui considéraient que ce n'était pas tout à fait vrai, qu'il y avait de l'exagération,
01:22 que c'était pas... et donc c'est vrai que l'objectif était très très ambitieux, mais que...
01:28 - Si on doit donner une priorité à l'échelle de la planète, réussir à se débarrasser des énergies fossiles,
01:32 ce serait la première ?
01:34 - Euh... oui, non, pour moi non.
01:37 - Non ? Alors la mesure choc, idéale ?
01:40 - La mesure choc, ça serait de commencer... alors la mesure choc, si j'ai le droit de le dire,
01:45 ça serait de réfléchir sur le commerce mondial.
01:47 Or il se trouve que la COP, dans les articles de la COP 21, des COP d'une façon générale,
01:53 il y a le fait qu'il ne faut pas y toucher.
01:55 C'est-à-dire qu'il y a un article, un petit alinéa dans un coin qui dit,
01:58 il est hors de question, alors j'ai plus les termes précis, mais il est hors de question que,
02:01 par des mesures dilatoires, nous intervenions...
02:04 - Ça veut dire quoi ? On ferme des usines, on arrête les transports internationaux ?
02:07 - On ne ferme pas des usines, au contraire, on en ouvre.
02:09 Ça serait plutôt, dans ce sens-là, que ça irait, c'est-à-dire relocaliser chez nous,
02:14 chez nous et partout, ce n'est pas une question d'être chacun chez soi,
02:18 mais c'est l'augmentation du rachement climatique,
02:22 et le fruit de l'augmentation des échanges internationaux,
02:26 et d'un système qui favorise la circulation maximum de tous les produits.
02:33 Et donc, si la COP avait du courage, elle abrogerait cet article,
02:42 et elle s'attaquerait à ce qu'on appelle...
02:44 - Mais l'économie serait plombée, l'économie mondiale serait plombée ?
02:46 - Non. - Non ?
02:47 - Non. - On peut concilier les deux, d'après vous ?
02:49 - Tout à fait. C'est-à-dire que si, alors je ne vais pas revenir sur les vieilles lunes,
02:54 mais le monde de la grande croissance, alors je ne suis pas croissanciste pour autant,
02:59 mais le monde de la grande croissance qu'on a connu en Europe est un monde de l'économie locale,
03:04 c'est-à-dire que dans les années de ce qu'on appelle les "trente glorieuses",
03:09 l'économie était essentiellement locale,
03:12 c'est-à-dire que tous les produits que nous produisions, nous les consommions,
03:15 et les autres faisaient pareil.
03:17 - On va fermer la fenêtre sur le monde, on va ouvrir la fenêtre régionale, la Normandie, en 2050,
03:21 pourraient-elles subir des conséquences du réchauffement climatique, par exemple la montée des eaux ?
03:26 - Alors elle le connaît déjà. - Est-ce que le littoral est menacé ?
03:29 - Oui, oui, oui, je confirme. Je confirme.
03:32 - Les inondations qui sont arrivées dans le Nord, ça peut nous arriver ?
03:35 - Oui, un petit peu différemment, parce qu'on n'est pas complètement configurés comme le Nord.
03:40 C'est-à-dire que le Nord, il y a quand même des très très grandes espaces de marécages intérieurs
03:43 qui ont été construits.
03:46 Donc nous, nos grands marécages intérieurs, c'est les marais du Marais Quarantan, Marais de la Dive,
03:50 donc ceux-là, ils sont assez peu construits, mais il y a toute la zone littorale où on a construit,
03:54 dans les marais, sur ce qu'on appelle les marais arrière-littoraux,
03:57 comme Deauville, comme Cabourg, comme Courseul,
04:00 et là, c'est vrai que c'est des constructions qui sont très souvent à terme les pieds dans l'eau.
04:06 - C'est des constructions qui sont quasi au niveau de la mer ?
04:09 - Oui, au niveau, voire presque en dessous, oui.
04:11 - L'eau monte, elles sont menacées, ces zones-là, il faut qu'il y ait un signal d'alarme de tirer chez les politiques ?
04:18 - Tout à fait. C'est-à-dire que ça commence à venir,
04:21 mais le problème, c'est que c'est plus par rapport à ce qui est déjà construit.
04:24 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on... - Faudrait déconstruire ?
04:27 - Alors, il faudrait qu'on choisisse.
04:30 C'est-à-dire qu'il faudrait qu'on dise, il y a des endroits qu'on peut essayer de préserver.
04:33 Les Hollandais savent le faire, par exemple.
04:35 Il y a des endroits, parce que pour des raisons patrimoniales, tout ce qu'on veut,
04:39 et puis il y a des endroits, oui, ça pourrait être la solution, en effet.
04:44 - Envisagez donc de faire un pas en arrière en termes d'immobilier.
04:48 Il y a un projet qui vient, ZAN, Zéro Artificialisation Net,
04:52 il y a une levée de bouclier des politiques, du milieu économique,
04:56 en disant "non, on a encore besoin de construire, de se développer".
04:59 Il va dans le bon sens, ce projet ?
05:01 - Il va dans le très bon sens. Le problème, c'est qu'on l'a annoncé un peu trop tôt.
05:04 - Il faut le faire accepter, maintenant ?
05:06 - Il faut le faire accepter. Je pense que le déni du climat est maintenant effacé,
05:11 enfin, tout le monde a compris, et que maintenant, il y a ce combat-là,
05:14 qui est un combat parallèle, c'est pas du tout des choses différentes.
05:18 - Mais vous pouvez entendre l'argument, on a besoin de continuer à construire
05:21 pour la croissance économique, la croissance démographique également.
05:24 - Oui, oui, oui, mais quand on voit ce qu'on a gagné,
05:28 et quand on voit comment sont organisées les zones qu'on construit,
05:32 on pourrait les organiser différemment.
05:36 Il y a des surfaces absolument délirantes qui sont artificialisées encore aujourd'hui,
05:42 et je ne suis pas sûr que la croissance soit du même ordre,
05:46 que ce soit la croissance démographique ou la croissance économique.
05:49 Donc c'est aussi une question d'organisation.
05:51 On est dans un modèle, et nos politiques s'imaginent, ce qui est logique,
05:56 que ce modèle doit perdurer, donc on va continuer à grandir, etc.
06:00 - Merci beaucoup Bertrand Manvilliers,
06:04 "Debout les vaches, la mer monte", ça peut paraître étonnant,
06:07 c'est une série de podcasts en collaboration avec France Bleu Normandie,
06:10 et vous avez fait des projections sur à quoi pourrait ressembler
06:13 notre Normandie en 2050.
06:16 Je vous le conseille, c'est disponible sur francebleu.fr.
06:19 C'était notre invité France Musée, ce matin, bonne journée !
06:21 - Merci Bertrand.

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