Les Matchs de Ma Vie avec Guillaume Warmuz

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Dans ce nouvel épisode, Guillaume Warmuz, l'iconique gardien du RC Lens, raconte les cinq matchs qui ont marqué sa vie à Darren Tulett.

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Sports
Transcript
00:00 Ladies and gentlemen, hello et bienvenue sur le podcast de Les Matchs de ma vie.
00:04 À travers cinq matchs de foot, notre invité parle de son amour pour ce sport
00:07 et nous ouvre ainsi sur quelques chapitres de sa vie.
00:10 Cinq matchs à raconter, beaucoup de bonheur à partager avec vous,
00:13 où que vous soyez, où que vous nous écoutiez.
00:16 Merci déjà de nous avoir choisis, c'est parti pour ce nouveau numéro de
00:19 Les Matchs de ma vie, avec moi Darren Tulett et notre invité aujourd'hui qui est...
00:23 - Guillaume Varmus.
00:24 - C'est une bonne réponse Guillaume, ravi de t'avoir avec nous.
00:27 - Ravi d'être là Darren, très heureux.
00:30 - Un petit mot sur ta carrière de joueur avant de se lancer sur ta liste.
00:34 Gardien de but, tu es champion de France en 1998 bien sûr,
00:37 avec le Racing Club de Lens, club où tu as passé 11 saisons
00:41 et pour lequel tu joues 427 matchs toutes compétitions confondues,
00:46 ce qui fait de toi un joueur chéri par le peuple sang-et-or
00:49 et ce qui explique pourquoi tu n'auras jamais à payer ta bière à Lens.
00:53 - Exactement.
00:54 - Tu avais débuté avec Louan-Cuizot en Ligue 2 et tu as terminé avec
00:58 L'Ice Monaco après un passage en Bundesliga pour deux saisons,
01:02 avec le Brossier d'Ortmund, il y avait un petit passage à Londres aussi
01:05 du côté des Gunners. En quelques mots Guillaume,
01:07 et avec un petit peu de recul aujourd'hui, comment tu décris cette carrière
01:11 professionnelle de 26 ans ?
01:13 - C'est vraiment une carrière qui n'était pas prévue au départ,
01:16 j'ai envie de dire, c'est le rêve d'un enfant et il a dépassé le rêve de l'enfant.
01:21 Je regardais les matchs à la télévision, l'équipe de France,
01:23 j'avais envie d'être professionnel comme tous les enfants qui aiment le foot,
01:26 qui ont ça en eux. Et puis je me suis donné la chance et puis aussi avec la réussite
01:30 et le travail de pouvoir atteindre cet objectif. Et finalement,
01:34 non seulement j'ai réussi à l'atteindre d'être professionnel, mais je l'ai dépassé
01:37 parce que je me suis approché des tout meilleurs. Donc c'est vraiment
01:40 20 années exceptionnelles et surtout que de bons souvenirs dans ma carrière professionnelle.
01:44 - Quelques souvenirs, j'espère en avoir sur ce podcast avec, je peux te tutoyer Guillaume ?
01:51 - Oui, d'ailleurs. - Depuis le temps qu'on se connaît.
01:53 Alors, sans plus attendre, c'est parti pour les matchs de la vie de Guillaume Varmus.
01:56 Match numéro un, Guillaume, quel est ton choix et pour quelles raisons ?
01:59 - Le match numéro un, c'est Séville 1982, France-Allemagne,
02:03 demi-finale de la Coupe du Monde. C'est le premier match structurant
02:07 qui va me marquer à jamais dans l'histoire de ma vie et dans l'histoire
02:12 de le rapport avec le football de haut niveau et l'équipe nationale.
02:16 J'ai 12 ans, il fait beau, je me souviens, et on est tous heureux
02:20 de regarder cette demi-finale. Et le match commence.
02:24 On est inquiet parce que l'équipe de France, jusqu'à présent, n'a pas encore réussi
02:30 de grandes performances au niveau international, même si c'était
02:33 les Just Fontaine bien avant, mais bon, c'était très loin.
02:35 Et pour moi, j'ai 12 ans et je regarde ce match, étant passionné de football.
02:41 Voilà, tout simplement. Donc, les équipes rentrent sur le terrain
02:43 et je ne sais pas encore que ce match va complètement bouleverser ma vie.
02:47 - À ce point-là ? - Oui, à ce point-là.
02:49 Parce que c'est vrai que c'est la première demi-finale depuis 1958.
02:52 Effectivement, quand on n'avait même pas la télé, on avait du mal à suivre.
02:55 Donc, en 1982, c'est vraiment un événement que l'équipe de France
02:58 est en demi-finale d'une Coupe du Monde. Les plus jeunes qui nous écoutent,
03:02 pour eux, c'est normal que la France ait au bout des tournois.
03:05 Mais à cette époque-là, en 1982, c'était vraiment un événement, ce match.
03:09 - Deux événements. Le premier, c'est que la télévision n'est pas comme aujourd'hui.
03:13 C'est-à-dire qu'on n'a pas autant de matchs. On ne sait pas tout ce qui se passe
03:16 sur la planète football. Donc, on s'est structuré uniquement
03:19 pour les matchs de très, très haut niveau. Et là, on est en demi-finale
03:22 de la Coupe du Monde. La nation France a éteint tout ce qu'il y avait autour
03:26 du téléviseur. Et il n'y a que la télévision et toute la famille.
03:28 On est là sur le canapé et on voit les équipes qui rentrent.
03:32 - Et donc, qu'est-ce que ça donne ? - Et donc, le match débute.
03:36 La première chose qu'il faut considérer, c'est l'atmosphère du match,
03:42 l'agressivité allemande. On savait très bien que les Allemands ont été allemands,
03:47 j'ai envie de dire. Nous sommes extrêmement mal menés.
03:52 Et le premier tournant de ce match-là, c'est d'abord l'agression de Schumacher
03:56 sur Patrick Battiston. J'ai envie de dire, le premier événement qui reste marquant,
04:02 c'est cette sortie incroyable. Et on voit Battiston complètement groggy,
04:06 qui a son point fermé. Et ça, ça me marque. Je suis marqué par cette image.
04:11 - Oui, c'est quand même fou. Quand on le revoit aujourd'hui,
04:14 on a du mal à comprendre déjà que le carton rouge n'est pas sorti par M. l'arbitre,
04:19 parce que c'est quand même scandaleux ce qu'il a fait.
04:22 J'ai revu récemment le doc qu'avait fait l'ami Hervé Matou, justement,
04:26 par rapport à ça. Il a appelé ça "les beaux perdants".
04:30 Mais c'était fascinant d'en parler avec Battiston 40 ans plus tard,
04:35 et avec le gardien de l'Allemande Schumacher.
04:37 - Oui, Schumacher aussi a témoigné, parce que ce n'est pas facile pour lui.
04:39 - Oui, il a essayé. Mais en même temps, les joueurs de l'équipe de France à cette époque
04:43 parlent souvent, quand ils racontent ce match-là, que les Allemands étaient effectivement
04:47 presque surexcités. Ils ont douté d'une prise de je ne sais pas quoi,
04:52 mais que certains joueurs étaient bien au-delà de ce qui est normal.
04:55 - Il me semble même que d'ailleurs Schumacher, je ne sais pas, dans un livre où il avait écrit,
04:58 je pense qu'il avait avoué avoir pris une substance illicite, je crois.
05:02 - En tout cas, il était dans un état. - Il était dans un état.
05:05 Ils étaient très, très énervés, très, très excités.
05:08 Et cette sortie me marque pour toujours, à 25 mètres du but, une violence.
05:15 Et surtout, ce qui caractérise, c'est qu'il ne joue absolument pas le ballon.
05:18 C'est ça qui est complètement fou. Et donc, et derrière, le ballon vient mourir juste à côté.
05:24 Et voilà, donc ça, c'est le premier tournant, j'ai envie de dire, de ma vie,
05:28 de ma vie de footballeur. - Ah oui, à ce moment-là,
05:30 parce qu'il y a un partout après les 90 minutes. - C'est ça.
05:33 - Et puis, la prolongation. - Alors ça, c'est le premier tournant.
05:36 Donc, on se dit un partout, voilà, il y a déjà un premier tournant,
05:40 parce qu'il y a comme déjà une grande injustice.
05:43 Il y a quelqu'un qui est par terre, on l'agresse.
05:45 Nous qui sommes le football léché, comme les Brésiliens, on les technique,
05:49 Tigana, Giresse, Platini, enfin voilà, tout.
05:52 Et puis derrière, on se fait agresser, on se fait détruire, quoi.
05:55 Donc ça, c'est le premier effet marquant.
05:57 Et le deuxième, c'est ensuite la prolongation.
06:00 La prolongation, elle est exceptionnelle. Jusque 2-1, Giresse,
06:06 3-1, c'est complètement fantastique ces 3-1.
06:10 J'ai encore des frissons et je me rappelle, on est tous levés,
06:13 sautés sur le canapé, enfin bon, on était en finale, quoi.
06:16 - Oui, normalement, à 3-1, on a une prolongation,
06:20 parce qu'effectivement, 3-1 a marqué ce but sublime.
06:23 Alain Giresse avec sa joie écolique. - Voilà, il est comme ça.
06:26 - Mais voilà, les Allemands sont allemands, un peu trop.
06:31 Et ils sont revenus dans une froideur.
06:34 C'est Rummenigge qui rentre, je me souviens très bien.
06:36 Et les commentateurs n'étaient pas comme "oh là là", ils le disent très bien.
06:39 Non, non, voilà. Et puis finalement, avec rien, ils reviennent.
06:43 3-2, 3-3. Bon, alors évidemment, ça reste un match de légende.
06:49 Quand on se place du côté allemand, c'est normal.
06:51 Mais du côté français, pour nous, moi, le match arrête à 3-1,
06:54 parce qu'on est qualifié, on va en finale.
06:56 Et ensuite, on suit la dramaturgie, j'ai envie de dire, des tirs au but, quoi.
07:03 - Et c'était la première fois dans l'histoire de la Coupe du Monde
07:05 qu'un match est décidé sur une séance de tirs au but.
07:08 C'était une nouveauté. Donc vous n'avez jamais vécu ça.
07:11 - On n'a jamais vécu ça. Il n'y a pas si longtemps, dans les années 60-70,
07:15 c'était à la pièce, avant que...
07:17 C'est pas si vieux, finalement.
07:20 Et là, c'est au tir au but, quoi.
07:22 Après, évidemment, on peut toujours dire tout sur tout.
07:25 Je me souviens, Maxime Boussis, qui...
07:27 Et puis après, on peut dire un tel joueur d'Allemagne.
07:32 Jean-Luc, aussi, Thori, il en avait parlé.
07:35 Il est extrêmement malheureux, déchiré, de ne pas avoir pu réaliser,
07:39 alors qu'il était plutôt très performant sur les tirs au but.
07:41 L'histoire s'écrit comme ça.
07:43 - Oui, c'était effectivement très lucide et triste à la fois,
07:46 quand il en parle, Jean-Luc Thori, le gardien de but de l'équipe de France
07:49 à cette époque-là, qui a fait un arrêt.
07:52 Mais pour le reste, il n'avait pas l'air bien dans ses votres...
07:55 - Il commence très bien, il fait l'arrêt.
07:57 Et après, on se dit, ça va aller, on avance encore,
08:00 comme on va le faire.
08:02 Et puis, finalement, c'était Anik Stopira, voilà, il y a Schumacher.
08:06 On avait dit l'Allemagne, tout ça.
08:07 Après, on peut toujours dire tout sur tout.
08:09 Les poteaux carrés, rectangles, triangles, tout ce qu'on veut.
08:11 Mais à l'arrivée, l'Allemagne, elle se qualifie.
08:13 Et ça, c'est...
08:16 Le coup, là, je me souviens, je suis...
08:19 L'arbitre siffle la fin, c'est pas possible.
08:21 C'est impossible.
08:23 C'est-à-dire que non seulement on est plus fort,
08:25 non seulement on a mieux joué, non seulement on a mené,
08:27 et en plus, on ne va pas en finale.
08:28 Pour moi, c'est incompréhensible, quoi.
08:30 J'ai 12 ans, je m'en vais dans ma chambre, je pleure,
08:33 et je dis, c'est pas possible.
08:35 C'est quoi, c'est quoi, ça, quoi ?
08:37 Ça me marque à jamais.
08:38 - Ce sens d'injustice. - Oui, c'est ça.
08:40 - 12 ans, effectivement.
08:41 Donc, tu étais avec qui pour regarder ce match ?
08:43 - J'en suis tout de ma famille.
08:44 - Oui, toute ma famille. - C'est-à-dire ?
08:46 - Il y avait mon père, ma mère, et puis ma petite soeur aussi.
08:49 On était tous les quatre.
08:51 Et à la fin, moi, je suis parti, m'enfermé dans ma chambre,
08:54 j'ai claqué la porte.
08:56 Et j'ai dit, "Vous ne voulez plus jamais me parler !
09:00 Laissez-moi tranquille, souffrir en paix, laissez-moi, laissez-moi seul."
09:05 Et non, ce match marque ma jeunesse
09:08 et marque mon adolescence, vraiment, pour toujours.
09:11 - C'est un moment fort en famille, vécu avec la famille.
09:15 Est-ce que tu étais déjà un petit joueur de foot à 12 ans ?
09:19 - Oui, à 12 ans, c'est là où j'ai commencé, dans mon petit club à Blonzy,
09:23 c'est là où j'ai rencontré...
09:24 C'est une bascule en même temps,
09:25 c'est là où j'ai commencé à rencontrer un entraîneur
09:27 qui va bouleverser ma vie,
09:28 où je suis passé, comme tous les gamins du foot amateur,
09:32 s'entraîner une fois le mercredi après-midi.
09:34 Lui, il est arrivé, on s'est entraîné lundi, mardi,
09:36 il a réformé ça comme un centre de préformation, en fait.
09:39 Ça se jouait là en même temps.
09:42 Donc là, on commençait, je commençais à m'intéresser de très près au foot.
09:46 - Est-ce que tu étais déjà un gardien de but à cette époque-là ?
09:48 - Oui, j'étais déjà gardien de but.
09:49 En fait, j'étais gardien de but de bonheur à 6 ans,
09:52 non pas que j'étais bon, parce que j'étais le plus grand, cher Darren.
09:56 Et donc, l'entraîneur de l'époque me demande et me dit
09:58 "Est-ce que ça ne t'intéresserait pas d'être gardien ?"
10:00 En fait, au départ, je voulais, comme tout le monde, marquer des buts.
10:03 Et comme j'ai un caractère plutôt sympa, j'ai dit "Oh, pourquoi pas ?"
10:07 Et puis, je ne sais pas, j'ai été dans les buts, ça m'a bien plu, j'étais bien.
10:11 Et puis du coup, je suis resté.
10:13 Il a bien fait de me proposer cette situation.
10:15 - Mais dans un premier temps, parce que tu es le plus grand.
10:17 - Parce que je suis le plus grand.
10:18 - Parfois, on met le plus grand devant.
10:20 - Plus grand devant.
10:21 - Pour marquer des buts.
10:22 - On en met le plus grand soit dans les buts, soit en défense centrale, soit en attaque.
10:25 Au bout, il m'a dit "Bon, ben voilà, va derrière."
10:27 Bon, ça n'a rien changé au départ.
10:28 On a pris autant de buts.
10:30 - Par exemple, quand tu regardes le match en tant que jeune gardien de but,
10:35 il y a aussi peut-être un prisme pour toi, parce que tu le vois de ce poste-là aussi.
10:42 - Oui, exactement. Je vois des deux gardiens de buts, en fait.
10:45 Je suis quand même choqué de ce qu'a fait Shumar à Batistan.
10:50 Et puis, je vois aussi toute la détresse de Jean-Luc Eto'oui qui voulait être le héros,
10:55 et qui finalement ne l'est pas.
10:57 - Et à la maison, avec papa, maman et ta petite sœur, tu as dit ?
11:03 - Ma petite sœur, oui.
11:04 - Tu es le seul sportif ou est-ce que dans la famille, le sport a une place importante ?
11:08 - Non, mon père a joué jusqu'à l'âge de plus de 30 ans, 35 ans.
11:14 Il était gardien de but aussi.
11:16 - Ah, quand même !
11:17 - Oui, gardien de but. Il a joué un petit peu aussi dans le champ comme ça,
11:21 mais il était gardien de but jusqu'au niveau régional un peu.
11:23 Donc, c'est lui qui m'a un peu transmis ce goût d'être gardien.
11:26 Je n'étais pas, comment dire, une forme d'école assidue pour devenir gardien,
11:31 mais il était gardien, donc ça a aussi un peu orienté ma pensée.
11:34 Et le fait qu'il le soit, c'est pas anodin non plus.
11:38 Et puis, ma sœur a fait du judo à un très bon niveau aussi.
11:41 Elle a fait les championnats, jusqu'au championnat de France, quand elle était plus jeune.
11:46 Donc, on a quand même une famille de sportifs.
11:48 - D'accord. Et papa et maman, ils faisaient quoi ?
11:50 - Alors, mon père, lui, il était chauffeur routier.
11:54 Et puis après, il est monté en grade, il est devenu responsable, agent.
11:58 Après, il était chef. Il a terminé comme ça.
12:00 Et puis, maman a été secrétaire.
12:02 - D'accord. Et c'était quel genre d'enfance à nous décrire ?
12:05 Parce que vous êtes né, tu es né à Saint-Vallier, dans le département de Saône-et-Loire.
12:10 - C'est ça.
12:11 - Région Bourgogne-Franche-Comté, le 22 mai 1970.
12:15 C'était quel genre d'enfant, alors ?
12:17 - Alors, je souhaite à tous les enfants d'avoir eu l'enfance que j'ai eue.
12:20 C'est des enfants, donc c'est le bassin minier.
12:23 Alors, c'était déjà un peu prémonitoire et prédisposé pour aller à Lens.
12:27 Mais c'est un bassin minier vers Montsour-les-Mines, où il y a eu beaucoup d'ouvriers.
12:31 Il y a eu des ouvriers à la mine.
12:34 Mon oncle qui est décédé, mon grand-père, mais mes deux grands-pères ont travaillé à la mine.
12:37 Et donc, c'est plutôt une ambiance d'ouvrier, c'est le prolétariat.
12:40 Et du côté paternel, et puis du côté maternel, c'était à Blanzy.
12:45 Il y avait une verrerie, donc pour faire du verre, qui n'existait plus.
12:50 Mais il y avait toute la structure de la verrerie, un peu comme dans, pas comme les corons,
12:53 mais un peu dans l'idée où les ouvriers étaient les uns à côté des autres.
12:57 Ils étaient vraiment structurés par la verrerie.
13:00 Et donc, moi, je suis arrivé là.
13:02 Et le mardi soir et le mercredi, ma grand-mère maternelle me gardait.
13:05 Et on avait tous les gamins du quartier, on jouait tout le temps au foot.
13:07 Donc, c'était une ambiance vraiment génialissime.
13:10 Enfants heureux.
13:11 Heureux, vraiment.
13:12 Simple et heureux.
13:13 Je vois dans tes yeux.
13:14 Oui, carrément.
13:15 Les bons souvenirs qui reviennent.
13:17 Deux ans plus tard, pour le match numéro 2, Guillaume, au Vélodrome de Marseille.
13:22 C'est encore une demi-finale.
13:23 Oui.
13:24 Mais cette fois, c'est l'Euro, bien sûr.
13:26 L'Euro qui est organisé en France.
13:28 Et les Bleus vont affronter le Portugal pour une place en finale ce 23 juin.
13:32 C'est ça.
13:33 Jour d'anniversaire de gentil gamin et de Jean-François Domeg.
13:36 Pourquoi tu as choisi ce match-là ?
13:38 Parce qu'une fois de plus, il structure mon adolescence.
13:41 Donc là, j'ai deux ans de plus.
13:43 Donc, j'ai un peu plus de duvet qui pousse sur les joues.
13:47 Tu vois.
13:50 Mais ce n'est pas ça l'essentiel.
13:52 L'essentiel, ce n'est pas là.
13:55 C'est que je me souviens d'abord, je te remets le contexte.
13:58 On est au mois de juin et mes parents, alors peut-être qu'on en parlera après,
14:03 mais je le dis déjà, mes parents sont invités chez des amis et ils font un barbecue.
14:07 Et tout le monde, ils sont dans une ambiance, je ne sais pas,
14:11 mais moi, j'ai qu'un seul objectif, c'est de voir la demi-finale.
14:15 Et je me retrouve, donc tout le monde est dehors, il fait très, très beau,
14:18 à être seul, à manger.
14:20 On m'amène les... Il ne faut pas me déranger, parce que c'est la demi-finale.
14:24 Et je suis seul à regarder la demi-finale.
14:25 Ah oui ?
14:26 Oui, oui.
14:27 Tout le monde est autour, il fait beau, je crois qu'il doit y avoir une piscine.
14:30 Oui, il garde un oeil chaud.
14:32 Oui, voilà, c'est ça.
14:33 Ils ne sont pas comme toi.
14:34 Ils ne sont pas comme moi.
14:35 Bon, demi-finale, l'Euro, ok.
14:36 Moi, non, mais je dis non, on ferme tous les volets et tout, moi.
14:39 Voilà, je suis dans le canapé, j'ai un plateau sur les genoux
14:42 et je suis prêt pour la demi-finale.
14:44 Donc, déjà, tu te mets le contexte.
14:45 Tu as quand même ta saucisse et tout ça.
14:46 C'est ça, j'ai ma saucisse et tout, mais restez loin, laissez-moi.
14:49 Et donc, je me souviens très bien, il y a du vent, il y a du vent au vélodrome.
14:54 Il y a beaucoup de vent, je me rappelle très bien, quand les équipes rentrent sur le terrain.
14:57 Et c'est parti pour France-Portugal, voilà.
15:00 Et encore une fois, ça débute et les Portugais nous posent d'énormes problèmes.
15:08 Ils ouvrent le score, on a un mâle de chien à revenir.
15:13 Et puis, ça recommence et à quelques minutes de la fin, je me dis, c'est pas possible.
15:17 On va se faire encore éliminer en demi-finale alors qu'on a encore la meilleure équipe.
15:21 Et c'est là où Jean-François Dumergue dit, selon ce qu'a dit le reportage,
15:30 il dit à Michel Platini, "pousse-toi, je sens bien", et boum, deux partout.
15:34 À coup franc.
15:35 Mais c'est vrai que dans ce match, il y a tellement d'éléments.
15:39 Pour ceux qui n'ont pas vécu, parce que ça dépend de la génération,
15:43 mais ce match-là, il fait partie des meilleurs matchs de l'équipe de France dans l'histoire.
15:49 Et au niveau "entertainment", on peut dire divertissement,
15:52 mais allez revoir ce match, c'est un match de fou.
15:54 Ça va d'un but à l'autre, il y a des performances formidables partout.
16:00 J'ai revu un Luis Fernandez qui faisait des kilomètres.
16:04 Gentilgana, on va en dire après, mais quand il déborde pour centrer en train pour Michel,
16:09 c'est un truc de grand malade ce qu'il fait, le Gentilgana.
16:11 C'est extraordinaire ce match, Luis Portugal était très fort aussi.
16:14 Il était dans une ambiance, mais survolé du vélodrome, c'était magique.
16:18 Complètement, je me souviens parfaitement.
16:20 Et d'ailleurs, pour te dire à quel point j'étais happé par ce match,
16:25 c'est que j'enrageais, j'enégalise, magnifique.
16:30 Et donc là, la prolongation se lance et je dis "c'est pas possible".
16:35 Gentilgana sur le côté droit de Stade de l'Europe, il centre, Michel frappe,
16:39 et là j'ai le plateau.
16:41 Et au moment, c'est pas une légende, c'est vraiment la légende,
16:45 mais c'est dans ma légende aussi.
16:46 Au moment où Michel frappe, il tape sous la barre et il rentre, je me lève.
16:51 Et là, on entend un énorme "bidding bam, boum, baf".
16:54 Non seulement le plateau tombe et je casse, c'était une table basse en verre.
17:01 J'étais invité, tout le monde vient voir ce qu'il se passe.
17:04 Tu vois, c'est comme quoi ça marque vraiment le football.
17:09 La France est qualifiée.
17:11 La France est qualifiée.
17:12 Au bout de cette prolongation, et toi tu as cassé la table basse.
17:15 Voilà, c'est pas grave.
17:16 La saucisse a volé.
17:17 La saucisse a volé, mais là pour le coup, c'est pas grave.
17:19 Tu n'as pas grandit, j'espère.
17:21 Non, non, non.
17:22 La France est en finale.
17:24 C'est ça, c'est plus important.
17:25 Retournez à votre barbecue.
17:27 Et la France qui va gagner l'Euro 84 à la maison avec un Platini,
17:32 effectivement, 9 buts en 5 minutes.
17:34 Exceptionnel.
17:35 Franchement, il faut lui rendre hommage.
17:36 Je veux dire, Michel Platini, il a marqué aussi.
17:39 C'est pour ça que je cite aussi l'équipe de France qui a structuré ma jeunesse.
17:43 C'est que lors de l'Euro, il a fait plaisir à son peuple, le Saint-Étienne,
17:47 les Verts, il avait mis 3 buts.
17:49 Je me souviens, c'était complètement exceptionnel.
17:51 L'équipe de France a été vraiment phénoménale.
17:54 Et un Joel Batts dans les buts, très fort.
17:56 Joel, très, très fort.
17:57 C'est le début du...
17:59 J'ai envie de dire, on ne bascule pas encore dans le football moderne,
18:02 peut-être qu'on le connaît aujourd'hui, mais c'est le début d'un autre football.
18:05 Joel Batts, très, très léger, très, très...
18:10 Il confirmera 86 aussi, deux ans après, un énorme mondial.
18:15 Donc, vraiment, il m'a...
18:17 Le dessin que j'ai fait d'ailleurs dans mon bouquin, c'est lui.
18:20 Il m'a beaucoup intéressé, j'ai envie de dire, quand j'étais jeune.
18:24 84, champion d'Europe, l'équipe de France.
18:28 Et toi, tu as 14 ans, donc.
18:29 Et on est où par rapport au foot ?
18:31 Alors là, justement, j'ai cet entraîneur qui est arrivé,
18:33 Christian Larrièpe, qui est décédé il y a peu de temps,
18:35 qui lui, pour te situer le personnage,
18:37 à Montsoulimine, à l'époque, ils étaient en Ligue 2.
18:40 Et lui, il faisait partie du groupe professionnel.
18:43 Et il avait eu...
18:44 Bon, il ne jouait pas toujours titulaire, pour ne pas dire pas souvent.
18:48 Mais il avait l'opportunité d'aller faire un essai ailleurs, à Cannes,
18:51 dans d'autres...
18:52 Et ses parents venaient d'acheter, comment dire, un magasin.
18:56 Et à l'époque, les parents, on devait suivre un petit peu
18:59 ce que les parents décidaient un peu pour nous.
19:01 Et ses parents lui avaient un peu refusé d'aller faire,
19:03 de tenter sa chance, parce que le foot n'était pas encore aussi réussite qu'aujourd'hui.
19:08 Et donc, lui, il est arrivé, il était extrêmement frustré,
19:10 parce qu'il n'a pas pu aller le faire.
19:11 Donc, il a quitté le club, après même pas 30 ans,
19:13 quitté le club de Monceau, quitté son professionnalisme.
19:15 Et ça nous est tombé, ça m'est tombé dessus, à Blanzy,
19:18 juste à côté, dans la banlieue.
19:19 Et lui, il est arrivé, il a dit, bon, on s'entraîne comme lundi, mardi, mercredi.
19:23 Il venait me chercher au collège, donc voilà, vers spécifique,
19:26 le lundi, le mardi spécifique, mercredi avec l'équipe.
19:29 Vendredi, la veille de match, plus le match,
19:31 donc c'était comme une pré-formation.
19:33 Et donc, 14 ans, là, j'étais en plein dedans.
19:36 Et pour preuve, c'est qu'en 86, deux ans plus tard,
19:39 on sera champion de Bourgogne devant la J.O. Cerf de Giroux,
19:42 qui était là, qui hurlait sur le cou, "Wouah, wouah !"
19:45 Le petit club de Blanzy, c'est historique, on en a battu la J.A.
19:48 qui était le club pro, quoi, parce que grâce à Christian,
19:51 qui nous a vraiment développés.
19:52 Donc, pour te situer le contexte, j'étais dans cette idée-là, déjà.
19:55 Donc, tu avais déjà la notion, peut-être, que ça allait être ta carrière ?
19:59 Alors, pas encore, mais ça a basculé à partir de ce moment-là.
20:03 C'est à ce moment-là où, à 14 ans,
20:05 on a pris une réelle disposition de comprendre qu'on avait des qualités.
20:10 On a gagné deux tournois internationaux, entre 14 et 16 ans.
20:13 Et ensuite, on a été champion de Bourgogne devant la J.A.,
20:17 donc pour un petit club amateur.
20:19 Et après, moi, j'ai passé tous les tests à l'INF,
20:21 parce que l'INF, c'était l'école la plus réputée à l'époque
20:23 pour les gardiens de but.
20:24 Elle était à Vichy, après, elle a basculé à Clairefontaine.
20:26 C'était le début des centres de formation,
20:27 comme on connaît maintenant dans l'excel.
20:29 Et donc, j'ai fait passer tous mes tests, et j'ai réussi.
20:33 Et puis, voilà, donc ça s'est enclenché.
20:34 Donc, c'est le moment structurant où je suis en phase de me dire,
20:38 ah oui, tout m'intéresse dans le gardien de but.
20:41 Et à la maison, on te soutenait, ou est-ce qu'on était plutôt,
20:44 genre, fais tes études et cherche un job plus sérieux que le foot ?
20:48 Exactement, c'est très bien.
20:50 Alors, quand ça a commencé vraiment à partir,
20:53 donc là, un peu plus tard, à 16 ans,
20:54 donc là, je sors de la troisième, il faut rentrer au lycée.
20:58 Donc, mon père était...
20:59 Bon, s'il n'avait pas voulu que je tente ma science,
21:01 il m'aurait dit, ben non.
21:02 Mais il a pris le journal, il a dit, ben tu vois,
21:04 ça, c'est les gens qui n'ont pas de travail.
21:05 Il dit, chez nous, il n'y a pas de chômeurs.
21:07 Donc, il a dit, si tu n'y arrives pas, il faut que tu fasses autre chose.
21:11 Donc, bon, ben, OK, papa, d'accord.
21:14 La maman est toujours un petit peu plus cool.
21:16 Elle a dit, bon, ben, quand même, essayez, tout ça.
21:18 Donc, ma maman, elle a dit...
21:19 Donc, mon père ne m'a pas laissé ne pas tenter ma chance,
21:21 sinon, je ne y serais pas.
21:22 S'il m'avait dit...
21:23 S'il avait été comme Christian en disant, ben non, non, tu restes et tu vois.
21:25 Donc, l'autre cas de figure, c'était, si je n'étais pas pris à l'INF,
21:31 moi, j'avais travaillé les étés comme mécanicien.
21:33 J'étais... J'aimais bien la mécanique et tout ça.
21:36 Donc, j'aurais voulu être mécanicien sur un porte-avions.
21:39 Voilà. C'était mon métier.
21:41 C'est ça que j'aurais voulu faire.
21:42 D'accord. C'était la...
21:43 C'était ma filière bis.
21:45 Et donc, la maman, elle m'avait déjà tout inscrit au lycée
21:47 si je n'étais pas pris à l'INF ici pour pouvoir suivre.
21:50 Et puis, finalement, donc voilà.
21:52 Donc, le papa a dit, ben, voilà.
21:53 Donc, j'avais le choix entre réussir ou réussir.
21:55 Ben, j'ai réussi.
21:57 Ah, ben, tu as bien fait, alors.
21:59 On va faire un saut en avant maintenant pour le match numéro 3 sur ta liste.
22:04 Parce que maintenant, on est le 6 avril 1997.
22:09 Et ce n'est pas un match du Racing Club de Lens, donc, que tu vas nous raconter.
22:14 Mais c'est plutôt un match italien.
22:16 Une rencontre de Serie A entre le Minoassi AC Milan et la Juventus
22:21 au stade mythique de San Siro.
22:23 Pourquoi tu veux nous parler de ce match-là ?
22:25 Ça se dirait, Darren, il y a très peu de gens qui savent ça.
22:28 Mais puisque tu es là et que tu es venu me voir,
22:32 donc je vais te dévoiler un secret.
22:35 Enfin, un scoop.
22:37 Donc, si tu veux, comme mon nom ne l'indique pas,
22:40 j'ai des origines italiennes.
22:42 C'est-à-dire que Varmus, mon grand-père, est arrivé avant la Deuxième Guerre mondiale,
22:46 de Pologne.
22:48 Donc, Varmus, c'est d'origine polonaise.
22:50 Et ma grand-mère, elle s'appelle Elena Gotardi.
22:53 Elle n'est pas polonaise, mais ils sont arrivés.
22:55 Donc, il y avait des Italiens et des Polonais.
22:57 Et donc, moi, j'ai ce mélange entre la Pologne et l'Italie.
23:00 Et j'ai beaucoup fréquenté, quand j'étais jeune, j'avais des amis italiens.
23:04 Et on était tous supporters de la Juve.
23:07 Voilà, là, je le dis clairement, là, je me lance.
23:10 Et ce match est un match...
23:14 Alors, pour te situer, on va suivre la Juve et Michel Platini, évidemment.
23:17 Et puis, j'ai toujours un oeil sur la Juve.
23:19 Je suis presque obligé, quoi. C'est viscéral, si tu veux.
23:22 Donc, je reste très discret. Je ne mets pas mon maillot, tout ça.
23:25 Parce que je dis, ben non, je suis très neutre.
23:27 Mais en fait, pas du tout. Je regarde tout le temps.
23:29 Exactement.
23:30 Et donc, si tu veux, c'est un match qui est complètement historique.
23:33 Il y a Zizou, enfin, il y a Vieri, il y a Peruzzi, que j'aimais beaucoup dans les buts.
23:39 Alors qu'en face, il y a Marcel Desailly, il y avait Christophe Dugarry qui jouait.
23:44 Barresi, Simonet, qui met le but, d'ailleurs, Marco.
23:50 Christophe, il a deux, trois occasions.
23:52 Mais Peruzzi fait un match exceptionnel.
23:54 Mais surtout, c'est le score.
23:56 Le score, il est... Alors que c'est la grande équipe de Milan.
23:59 Et dans le match, il n'y a rien qui dit que la Juve va gagner 6-1.
24:04 Mais ils sont tellement réalistes que ça reste un match mythique.
24:09 Et j'ai pris ce match-là parce que j'avais mon ami Xavier Méride qui jouait avec moi à Lens,
24:15 qui, lui, était un acharné du Milan.
24:17 Et pas plus tard que là, il y a très peu de temps, avec les anciens de Lens,
24:20 il m'avait un petit peu chambré en parlant de... Parce que la Juve avait perdu contre le Milan l'année dernière.
24:27 Donc là, c'est un petit peu pour le rappeler aussi, que historiquement, il faut toujours se méfier.
24:32 Au-delà de cette blague-là, c'est un match complètement référence.
24:37 Et il m'a marqué parce que j'ai beaucoup aimé ce grand match à San Siro.
24:43 Et surtout, ce résultat complètement avec Lippi qui était sur le banc.
24:47 Oui, c'est ça. Effectivement, il y avait Lippi, le petit cigale, le manteau en cuir.
24:54 C'était mes années, j'adorais.
24:57 Si tu veux, l'équipe du dimanche qui a été créée,
25:04 qui nous a emmenés voir les matchs à l'étranger,
25:09 où tu connais si bien, Dain, toutes ces émissions.
25:12 C'était un peu plus tôt, dans les années 90, quand j'ai 21 ans.
25:19 J'ai loupé absolument aucune émission.
25:23 Et le calcio que je ne connaissais pas m'a complètement...
25:27 Je me suis retrouvé, philosophiquement, à travers, moi gardien, l'aspect tactique, défensif.
25:33 Non pas la destruction, l'anti-jeu, pas ça, mais juste le coulissage.
25:38 L'aspect purement défensif, ça m'a beaucoup marqué.
25:40 Je me suis inspiré, j'ai vraiment ce genre de football que j'aime beaucoup.
25:45 Tu as choisi ce match, le Milan 1, la Juve 6, effectivement.
25:50 Le 6 avril 1997, c'est la fin de Sacky et de la règne de Milan,
25:55 qui avait été champion quatre fois sur les cinq dernières années.
25:58 C'est le début de la domination de ton club de cœur.
26:01 C'est la Juve qui va dominer le foot italien dans les années à venir.
26:05 Oui, complètement.
26:07 Après ton nom.
26:08 Oui, c'est ça.
26:10 Et puis il y a Zizou, le début de Zizou à la Juve, il met le pénalty.
26:13 Il a failli Rossi, de mémoire, il le dévie le ballon,
26:17 mais il rentre quand même, il met le deuxième but
26:19 et il doit sortir à la fin du match parce qu'il est un peu blessé, Zizou.
26:23 Où est-ce que tu regardes ce match-là ?
26:24 Parce qu'à ce moment-là, il faut rappeler que tu es quand même gardien de but du Racing Club de Lens.
26:29 Je regarde ce match-là, j'avais un ami à Lens,
26:33 et lui, il avait une espèce de... il trafiquait, je ne sais pas comment il a fait.
26:38 Il ne faut pas dire ça, on est tous honnêtes.
26:41 Donc, il avait réussi à me dégoûter toutes les chaînes de la chaîne italienne,
26:47 les chaînes privées et tout ça.
26:48 Donc, moi, quand j'arrivais, je me mettais tous les matchs du calcio, j'avais trop en direct.
26:53 Donc, tu te souviens d'avoir regardé ce match en direct ?
26:56 En direct, complètement.
26:58 En direct, et puis je me suis regardé plusieurs fois aussi.
27:00 C'est un match qui est très très frais dans ma mémoire parce qu'il n'y a rien qui le prédispose.
27:03 Au contraire, on est encore dans le Reign Saki,
27:06 on se dit, il y a Marcel Decailly, ça va être compliqué.
27:09 Boban, Savicevic, Marco Simonet, enfin voilà, on se dit, la Juve, ça va être compliqué.
27:13 Et finalement, ça bascule à 6-1.
27:16 Qui aurait pensé que Guillaume Barmuz allait mettre ce match entre le Milan et la Juve dans les matchs de sa vie ?
27:22 Oui, vous écoutez les Matchs de ma vie, le podcast de BienSport,
27:25 où notre invité raconte les cinq matchs de foot qui ont le plus marqué sa vie.
27:28 On arrive au match numéro 4 de Guillaume Barmuz, notre ami,
27:31 ancien gardien du but, champion de France avec la Racing Club de Lens en 1998.
27:36 Guillaume qui a sorti un livre en octobre intitulé "Ma vie sera ici".
27:41 Pourquoi ce titre, Guillaume, et d'où est venue la motivation pour écrire ?
27:45 Ce titre, en fait, est un dessin que j'avais fait quand j'avais une dizaine d'années,
27:49 la période dont on vient de décrire.
27:51 Et ce dessin, justement, on voit,
27:55 c'est Joel Batts que j'essaye de représenter dans le but.
27:58 Et c'est comme une espèce d'idée, on pourrait presque parler de prémonition,
28:04 d'un enfant qui pense et qui espère que sa vie sera ici.
28:09 Mais ce n'est pas simplement une espérance, c'est comme si en moi j'avais envie d'écrire ça.
28:13 Et puis finalement, pour expliquer le pourquoi du livre,
28:19 ça c'est juste la trame qu'il y a dans le livre, c'est-à-dire que ma vie est vraiment ici.
28:23 Elle s'est déroulée, on l'a dit, quand j'étais ado.
28:26 Et puis jusqu'à aujourd'hui où je suis encore et toujours présent dans le monde du football.
28:30 Donc vraiment, ma vie est là.
28:32 L'idée du livre, elle ne s'est pas imposée à moi naturellement.
28:35 C'est en fait un supporter de Lens, Alexandre Taillès,
28:39 qui m'avait envoyé un mail et m'avait demandé de faire la préface de son livre,
28:43 "L'opéra du peuple".
28:44 Lui, c'était au dos édité.
28:45 Le fait que je fasse sa préface en tant qu'ancien gardien de Lens
28:49 l'a aidé aussi à rentrer dans ses fraises, si on peut dire.
28:52 Et puis de fil en aiguille, il m'a posé ce que un jour vous avez prévu
28:56 de décrire quelque chose sur vous-même.
28:58 Alors je n'avais pas vraiment pensé à ça.
29:00 Et puis il m'a dit, si vous voulez, moi je peux éventuellement vous aider.
29:03 Bon, ok, c'était resté dans l'idée.
29:04 Et puis finalement, le Covid était arrivé.
29:07 Et tous les mercredis soirs, pendant un an et demi, il m'a appelé.
29:10 Et puis j'ai commencé à raconter toute ma vie.
29:12 Voilà, comme on en a parlé succinctement.
29:15 Donc il m'a tout enregistré en word, il m'a tout mis ça.
29:21 Et une fois que j'ai dit ça, très bien.
29:23 Et puis il m'a dit, allez, on va essayer de voir s'il y a un éditeur, tout ça.
29:26 La vérité, c'est que je ne croyais pas trop, trop.
29:29 Enfin voilà.
29:30 Et puis finalement, il est allé chercher une grosse boîte Talent Édition
29:36 qui, c'était à Pâques, là, avril dernier, qui a dit, mais nous, ça nous intéresse beaucoup.
29:42 Ok, donc là, il ne me téléphonait jamais.
29:44 Toujours très respectueux, Alexandre.
29:45 Et à ce coup, il m'appelle plusieurs fois.
29:46 Je dis, qu'est-ce qui se passe ? Il a le feu dans la maison ?
29:48 Qu'est-ce qui se passe-t-il ?
29:50 Et finalement, non, c'est pour me dire que Talent Édition était très intéressé.
29:53 Alors c'était à Pâques, sauf qu'il voulait que je termine le livre avant le 31 août.
29:58 Donc je me suis mis vraiment à être écrivain, avril, mai, juin, juillet, août.
30:01 Pendant trois mois, je n'ai presque pas dormi, quatre mois.
30:03 Et donc le livre, c'est Alexandre qui me l'a résumé ma vie.
30:07 J'ai pris tout, parce que ça m'a beaucoup aidé.
30:10 Tout ce qui était vraiment raconté.
30:13 Et c'est moi qui ai mis la plume dans mon livre.
30:15 Donc l'écriture, elle est de moi, avec l'aide d'Alexandre.
30:18 Je lui remercie parce que sans lui, ce livre n'aurait pas vu le jour.
30:21 Et c'est moi qui ai mis toute la trame dedans.
30:24 Quel plaisir as-tu pris à écrire ?
30:26 C'était franchement fantastique. Vraiment.
30:28 J'ai beaucoup aimé. J'ai beaucoup aimé.
30:30 Je me suis mis à lire sur le tard, après ma première blessure à 27 ans.
30:37 Je me suis beaucoup mis à la lecture.
30:41 Mais je n'avais jamais pensé écrire.
30:45 Ça m'a mis la pression, le fait d'être compressé.
30:48 Ça ne m'a pas inhibé, au contraire.
30:51 Je me suis isolé.
30:54 Et puis j'ai raconté l'histoire avec mes mots, avec mes phrases,
30:57 avec le sens de moi-même.
30:59 J'ai beaucoup aimé faire ça.
31:00 Félicitations.
31:01 Merci.
31:02 Ma vie sera ici.
31:03 Guillaume Varmuz, si vous ne l'avez pas encore, allez acheter ça.
31:06 Pour vous ou pour offrir, pourquoi pas.
31:08 On est au quatrième match maintenant.
31:11 Sur ta liste, M. Varmuz.
31:13 C'est lequel et pour quelles raisons ?
31:15 Le quatrième match, c'est la finale de la Coupe du Monde, me semble-t-il.
31:19 Le 12 juillet 1998, France-Brésil.
31:23 France-Brésil.
31:24 Tu es où ?
31:25 Je suis dans mon canapé jaune en cuir à Lens.
31:30 Forcément, il ne peut être que jaune, si tu veux.
31:36 J'espère que tu n'as pas laissé du sang.
31:38 C'est ça. J'avais un peu de jus d'orange.
31:42 C'est la finale et c'est complètement exceptionnel.
31:45 Deux choses, c'est que la première, c'est ma génération.
31:50 Ce sont des garçons avec qui j'étais en équipe de France Espoir.
31:53 J'aurais pu aussi faire partie d'eux, mais le choix était comme ça.
31:57 Et surtout, on est tous au bord de quelque chose d'espérance que la France,
32:04 qu'on trouve enfin après toutes ces années, qu'on vient de décrire dernièrement,
32:09 les Cévilles et tout ça, s'étend et c'est l'heure.
32:12 Et c'est cette génération avec un Zinedine exceptionnel qui nous fait basculer.
32:17 C'est un fait marquant, un de plus dans ma vie de footballeur.
32:23 Tu es à la maison avec qui ?
32:25 Avec la famille.
32:27 Tout simplement, famille restreinte.
32:30 Il doit y avoir...
32:33 Je dois être tout seul, je crois.
32:37 Je crois bien qu'en famille, mes enfants sont petits.
32:45 Non, mais je dis des grosses bêtises, puisque j'en ai qu'un, Mathieu, à 94.
32:49 Donc Lucas, à 99, n'est pas là.
32:51 Donc il a quatre ans, il doit être couché.
32:53 Sa maman, je ne sais pas.
32:54 Je crois que je suis tout seul à regarder la finale de la Coupe du Monde, me semble-t-il.
32:57 Et tu es champion de France avec le Racing Club de Lens depuis quelques semaines.
33:01 Est-ce que ça change ta façon de regarder cette finale ?
33:04 Oui, ça change, parce que je me dis que peut-être, j'aurais pu être le numéro 3.
33:12 Mais le sélectionnaire a fait des choix et c'est comme ça.
33:16 Mais je ne prends pas ça...
33:19 Je suis d'abord avec eux, j'ai envie de dire.
33:23 Et je me lève et je suis extrêmement heureux qu'on soit champion du monde,
33:28 mais vraiment du plus profond de moi-même.
33:30 Parce que ça marque enfin la juste place de la France dans le monde du football.
33:38 Et ça, moi, je suis complètement happé par cette dimension.
33:43 Après le reste, tu viens de le dire, je suis champion de France.
33:47 Si j'avais eu la possibilité de pouvoir faire mieux ou je ne sais quoi,
33:55 que dire de mieux ?
33:56 Je suis le meilleur gardien, enfin pas le meilleur, mais en tout cas, presque quand même.
34:00 Puisqu'on a fini premier, donc on peut considérer que j'étais le meilleur.
34:04 Parce qu'il y a Barthez et Lama qui sont les deux premiers.
34:07 Et derrière, il faut un gardien numéro 3.
34:09 Il y a Lionel, il a pris Lionel.
34:12 Après, il y avait Lionel, les deux de Lionel.
34:14 Lionel Charbonnier-Nettisier et moi.
34:16 Bon, ça aurait pu tomber sur moi et personne n'aurait crié au scandale
34:20 si le gardien champion de France avait été le troisième gardien.
34:22 Maintenant, le sélectionnaire a fait son choix et on le respecte.
34:25 Et il avait raison, puisqu'on était champion du monde.
34:27 Donc, je n'ai pas de, comment dire ?
34:29 L'amertume.
34:30 Non, je n'ai vraiment pas d'amertume.
34:32 La seule chose, c'est que je sais que c'est un choix et que j'aurais pu y être.
34:35 Il y a tout qui disait que j'aurais pu y être, mais c'est le choix et c'est comme ça.
34:39 Quand on regarde un match comme ça, parce que, évidemment, je ne peux pas comprendre.
34:44 Pour moi, c'est complètement différent.
34:46 En tant que journaliste ou en tant que spectateur, je regarde un match.
34:50 Toi, quand tu regardes cette finale, tu as peut-être même des potes qui sont dans le groupe.
34:55 Des gens avec qui tu as joué, à qui tu es affronté.
34:59 Ça doit changer quelque chose par rapport à ton regard.
35:01 Très simplement, Bichente, Azou, Manu Petit, Dzizou étaient à l'armée avec moi.
35:05 Bichente, on était en équipe de France Sport.
35:07 Faisait du Christophe Duguerre aussi.
35:08 C'est ma génération, quoi.
35:09 Donc, on était en espoir ensemble.
35:11 Après, chacun est parti.
35:12 On s'est rencontrés pas mal de fois sur les terrains.
35:15 Donc, c'est des gens qui sont…
35:17 Voilà, on se connaît.
35:19 C'est comme ça, on ne va pas attirer Henri aussi.
35:21 J'ai une proximité avec eux.
35:25 C'est pour ça que je te dis que ce n'est pas quelque chose qui me laisse dire tout ça.
35:32 Non, pas du tout.
35:33 Au contraire, je suis avec eux parce que vraiment, c'est ma génération.
35:36 On a vécu des choses en espoir.
35:37 Et eux, c'est l'aboutissement.
35:38 Et en même temps, c'est le mien aussi.
35:40 Je sais que moi, je viens d'être champion de France.
35:42 Et eux, ils vont être champions du monde.
35:43 Je ne suis pas externe à ça.
35:45 Au contraire, je suis bien avec eux.
35:47 Alors, ça fait quatre matchs, Guillaume, que tu as choisis.
35:50 Pour l'instant, joueur de foot professionnel que tu es,
35:53 tu n'as pas choisi un match dans lequel tu as joué.
35:56 Qu'est-ce que ça nous dit de toi ?
35:58 Je ne sais pas.
36:00 Écoute, ça dit ce que je voulais te…
36:04 Pourquoi ces choix ?
36:06 Ce sont des choix qui ont structuré ma philosophie de joueur.
36:12 C'est un mot que tu emploies souvent, structurer.
36:14 Oui, structurer.
36:15 La structure, c'est quelque chose d'important dans ta tête.
36:18 Structurer, qu'est-ce que ça veut dire ?
36:20 Ça montre le… J'explique ça.
36:25 Ça montre ce que dit Arsene Wenger quand il dit que le football est souvent cruel, mais juste.
36:31 Donc, la structure, elle est là.
36:33 C'est-à-dire que Séville, c'est cruel, mais personne n'a volé la victoire de l'Allemagne.
36:38 Le 98, il n'y a rien… Ce qui est cruel, c'est le…
36:41 Il y a Ronaldo qui fait une épilepsie.
36:44 C'est cruel, mais il n'y a rien à dire puisqu'on gagne 3-0.
36:47 C'est juste.
36:48 Voilà.
36:49 Et donc, tous ces matchs-là sont en moi vraiment comme des jalons qui font avancer dans mon monde
36:58 et dans ma structure professionnelle.
36:59 Et dans l'amour du football, de ce que j'aime et de ce qu'il représente.
37:02 Et donc, le dernier match, c'est la souris sur le gâteau, Chardaren.
37:05 Enfin !
37:06 Ah ben oui !
37:07 Un match que tu as joué, Guillaume.
37:09 Et voilà, pour les supporters de l'Arsène-Claude de Lens, qui attendent ce moment, forcément.
37:13 Le dernier des cinq matchs qui ont plus marqué la vie de Guillaume Varmus,
37:17 on est à Wembley, dans le temple du football anglais.
37:22 C'est la Champions League parce que les Gunners, l'Arsenal, jouent à Wembley cette saison-là
37:27 en attendant d'aller dans le nouveau stade avec Arsène Wenger, effectivement.
37:31 Et donc, c'est Arsenal qui reçoit l'Anse pour cette saison de Ligue des Champions.
37:37 Le 25 novembre 1998, vous arrivez là-bas, à Les Lançois, en tant que champion de France.
37:43 Alors, raconte un peu tout ça.
37:45 Écoute, d'abord, j'ai envie de dire, j'ai fait un peu de pipe pour mon bouquin,
37:48 mais j'ai décrit ce moment complètement de façon particulière.
37:52 Donc vraiment, je prends mon temps et j'explique exactement.
37:55 L'arrivée en bus la veille, enfin pas en bus, mais l'arrivée, là on est en avion,
37:59 mais l'arrivée dans l'hôtel, typiquement britannique,
38:01 avec mon ami Smither dans l'H-Bond, Vladimir Smither.
38:05 Et le match en lui-même, c'est un match, c'est un tournant.
38:08 C'est un tournant pour si on perd, on est quasiment éliminé.
38:12 Et il y a plein de choses qui se jouent dans ce match-là.
38:15 Pourquoi je le mets en dernier ?
38:16 Parce que c'est le plus beau match de ma carrière,
38:21 dans le sens où d'abord, on joue en Angleterre, à Wembley, dans ce stade mythique,
38:28 où, c'est pas à toi que je vais apprendre ça, où le football is ball.
38:34 Le football est né là-bas.
38:36 Les Français n'ont jamais gagné à Wembley, jusqu'à ce moment-là.
38:41 L'équipe de France et toutes les... ont pris plutôt des tartes, des raclées anglaises,
38:47 des tartiflettes anglaises, ça n'est pas tartiflette, mais...
38:49 Tartes à la crème.
38:50 Tartes à la crème.
38:51 La crème anglaise.
38:52 La crème anglaise, exactement.
38:53 Et donc, on arrive là, dans ce contexte.
38:55 Et donc, ça, c'est le premier point, c'est que jouer déjà à Wembley,
38:59 c'est l'ancien Wembley, ça reste...
39:01 Mais si tu veux, c'est comme si c'était hier, c'est comme si j'y étais encore,
39:04 on sort derrière le but, là, avec Fred de Hussico derrière, et voilà.
39:09 Le match est d'une intensité incroyable.
39:13 On a affaire à Adam, Skyone, c'est pas toi que tu connais tout ça,
39:17 David Seaman, les légendaires d'Arsenal.
39:20 Alors certes, il y avait quelques absents, mais quand même, malgré tout,
39:24 on est le cas devant, il y a Euripa, Lohr, c'est quand même pas les petits joueurs d'Arsenal,
39:29 c'est pas les joueurs, les cheminots d'Arsenal, si tu veux.
39:33 C'est vraiment les Gunners, les vrais.
39:35 Et donc, on a fait un match incroyable.
39:37 Personnellement, je réussis tout, une sortie à 30 mètres devant un Elka,
39:42 des frappes où je bloque le ballon, je prends pas de but.
39:46 On gagne 1-0.
39:48 Et on devient, donc, il y a ce contexte où d'abord, on gagne...
39:54 Là où le football, c'est une symbolique qui est forte pour moi, dans mon histoire,
40:00 c'est dans mon destin, si on peut dire, c'est que je suis le premier Français à gagner à Wembley.
40:04 Voilà. Et ça, personne...
40:06 C'est ce que je mets dans le livre, je pourrais dire plus tard que j'ai fait ça.
40:10 Et puis derrière, il y a le match qui est incroyable.
40:12 Et voilà, Tony Vérez fait la même expérience à la fin.
40:15 Et on gagne à zéro, on ne prend pas de but, Darren.
40:17 On ne prend pas de but et on gagne à zéro.
40:19 J'ai revu le match, je l'avais en tête, mais je suis allé regarder les images de nouveau
40:23 et j'ai pu apprécier effectivement à quel point, toi, tu fais un match impeccable.
40:29 Tu es d'une solidité, d'une rassurance extrême.
40:32 Et rien ne peut t'arriver ce jour-là.
40:35 Parce que même à la fin, il y a Overmars qui veut te lobber.
40:38 Et toi, je ne sais pas comment tu as compris qu'il allait faire ça,
40:41 mais tu sautes comme un basketeur pour aller chercher le ballon,
40:44 je ne sais pas, à 12 mètres de la terre.
40:47 Non, mais c'était vraiment... Tu étais sur un nuage.
40:49 Et toute l'équipe, évidemment, a bien performé ce jour-là.
40:52 Oui, je te dis, c'est le meilleur match de ma carrière.
40:55 Je pense que j'en ai fait peut-être des meilleurs encore,
40:58 mais celui-là, il est parfait de bout en bout.
41:00 Parce que les interventions, elles sont propres et elles sont déterminantes
41:04 dans ce match complètement engagé.
41:08 Et puis c'est le lieu et le contexte qui veut ça, si tu veux.
41:11 Donc, c'est pour moi le match, le plus beau match de ma carrière.
41:16 Et c'est le match numéro un de ma carrière, sans problème.
41:18 C'est mon match de légende.
41:20 C'était un match formidable que les lanceurs ont adoré.
41:23 Ils étaient nombreux en plus à avoir fait le déplacement.
41:26 8000. Alors, je te dis, je retourne dans mon bouquin, mais j'écris tout ça.
41:30 Mais ce que je veux dire, il y a 8000 personnes dont on gagne.
41:34 C'est mon ami Smithy Arquisson pour mon autre ami De Beve au deuxième poteau.
41:38 Alors, on ne dira rien, mais on ne parle pas de la...
41:41 Il est légèrement en avance. Il aurait...
41:43 Bon, bref, il y a but. Donc, le seul remis n'a pas vu rien.
41:46 Et ce que je veux dire aussi, c'est que puisque toi, tu es là,
41:51 je vais dire une chose que j'ai vécu à la suite de tout ça.
41:56 C'est que... Donc, on termine, on gagne.
41:59 C'est la joie des vainqueurs, comme j'ai écrit.
42:01 Voilà, donc, on est tous, on se salue.
42:03 On va voir les supporters qui sont à l'opposé du tunnel.
42:07 Donc, on sort du tunnel de côté droit.
42:09 Donc, les supporters sont carrément à l'opposé du but du côté gauche.
42:12 Donc, derrière mon but, en deuxième mi-temps, on gagne.
42:15 On se salue, on prend le temps, on discute, on fait la joie.
42:18 On chante avec les lançois.
42:20 Donc, là, tu en as au moins pour un quart d'heure, 20 minutes.
42:22 Voilà, on retraverse le terrain dans l'autre sens.
42:25 Les stands se vident rapidement.
42:27 Bref, on rentre dans le vestiaire.
42:29 Et là, qui je vois ?
42:31 Monsieur David Seaman, qui attendait.
42:35 Je dis, tiens, il attendait quelqu'un, il parlait avec quelqu'un.
42:37 Mais non, il m'attendait, moi, pour me féliciter
42:42 et me dire que la victoire était en partie grâce à moi,
42:46 que j'avais fait un grand match.
42:48 Et il m'a demandé, écoutez bien, monsieur Taren, s'il vous plaît,
42:51 s'il pouvait changer son maillot avec le mien.
42:54 Monsieur David Seaman.
42:56 De toute ma carrière, j'ai écrit ça, réellement,
43:00 je n'ai jamais vu, vécu et je n'ai jamais subi,
43:03 si je peux dire, un geste aussi classieux de ma vie.
43:06 J'ai retrouvé après, quelques années après,
43:09 puisque j'ai fait six mois à Arsenal,
43:11 j'ai passé six mois merveilleux avec lui.
43:13 Mais je veux dire, ce geste-là,
43:15 je n'ai pas vu quelque chose de plus grand dans ma carrière.
43:18 C'est formidable.
43:19 Oui, vraiment.
43:20 Parce qu'en plus, comme tu dis, il a dû attendre quand même.
43:22 Après, le tour d'honneur, les champs avec les supporters,
43:25 il aurait pu aller...
43:27 Pas encore ça, mais j'ai mis dans le bouquin, j'ai dit,
43:30 imaginons, moi, que je sois à sa place,
43:33 que je gagne tout le temps, pas tout le temps,
43:35 mais la Première Ligue, je suis international anglais,
43:37 je suis mondialement connu
43:39 et je perds contre le petit qui ?
43:41 De Lens.
43:42 Tu vois ?
43:43 Je perds contre le petit qui ?
43:45 Quoi ? Lens.
43:46 OK, je caricature, mais c'est un peu ça quand même.
43:49 Je ne m'étais pas sûr du tout,
43:52 mais alors pas sûr du tout,
43:53 que moi j'attende 25 minutes,
43:55 que tout le monde passe pour saluer le gardien
43:57 et changer le maillot.
43:58 Vraiment, mais vraiment, je sais que bon,
44:00 c'est aussi dans mon intérêt d'être sympa et tout ça,
44:02 mais là, c'est juste de grandes classes mondiales
44:04 que je n'ai jamais vues.
44:06 Là, c'est quand même vraiment...
44:07 J'en parle d'ailleurs,
44:09 je suis toujours autant touché et ému
44:12 du geste que David m'a fait à ce moment-là.
44:15 Vraiment.
44:16 C'est un moment extraordinaire.
44:17 Et le maillot, il est où aujourd'hui ?
44:18 Il est là.
44:19 Je l'ai là, si tu veux, je pourrais te montrer.
44:21 Il est à la maison ?
44:22 Oui, oui.
44:23 Parce qu'on est, chers auditeurs,
44:25 chez Guillaume Veuve à Vannes aujourd'hui,
44:26 qui nous reçoit chez lui,
44:27 donc on va aller voir le maillot.
44:29 Il est là, il est là.
44:30 Avec grand plaisir.
44:31 Alors, Guillaume, tu n'as pas parlé
44:33 de ta petite période avec Arsenal, effectivement,
44:36 où Arsene Wenger te demande de venir jouer
44:40 un petit moment parce qu'il y avait des problèmes,
44:42 des gardiens blessés.
44:44 C'est ça.
44:45 Oui, les chabannes, c'était Casteljau.
44:46 Tu n'as pas parlé de Dortmund,
44:47 où tu as passé deux saisons...
44:49 Tu n'as pas parlé de la finale de la Coupe de la Ligue,
44:51 gagnée avec Lens en 1999 non plus.
44:54 Ça a été difficile de faire cette liste ?
44:57 C'était difficile de faire cette liste.
44:58 Si tu veux, je me suis...
45:00 Parce que cinq matchs, c'est peu.
45:03 Je te mets la trame de ma vie des matchs marquants.
45:07 J'ai compris.
45:08 Tu as compris ça.
45:09 Après, j'aurais pu faire la trame des plus beaux matchs
45:13 qui m'ont redonné le plus de joie.
45:15 Donc là, il fallait encore cinq autres.
45:17 Je peux te les donner.
45:18 J'aurais pu te mettre la Coupe Gambardella en 1988,
45:20 quand j'ai gagné avec l'INF, par exemple.
45:22 Le championnat avec Lens.
45:24 J'ai fait un choix.
45:26 Donc, j'ai fait un choix.
45:27 Je pense que c'est des matchs qui...
45:31 Ça paraît étonnant dans ce sens où je ne les ai pas joués,
45:35 mais pour moi, c'est comme si je faisais partie intégrante du match.
45:40 Tellement ça m'a ému, touché.
45:43 Donc, ça reste frais dans ma mémoire, comme tu peux le voir.
45:46 Et donc, ces matchs-là sont vraiment des matchs...
45:50 Matchs magnifiques.
45:52 On a pris beaucoup de plaisir à t'écouter, à raconter ces matchs-là.
45:56 Merci beaucoup, Gio.
45:57 Merci de nous avoir reçus.
45:59 Et puis, vive l'UFC, c'est ça ?
46:03 C'est l'UFM Maconais.
46:05 L'UF Maconais.
46:07 C'est ça, le club où le papa Antoine Griezmann et moi-même,
46:12 on est monté d'un R1 à Nationale 3,
46:14 on est maintenant en Nationale 2, un peu quatrième, cinquième,
46:16 mais on va continuer à jouer la montée.
46:17 Une belle aventure.
46:18 Oui, c'est sympa.
46:19 Rythme tes jours.
46:20 C'est ça, rythme tes jours, tous les jours, on s'entraîne.
46:22 C'est sérieux, Nationale 2, alors il n'y a que le monde...
46:24 Il n'y a que le nom amateur, mais les gars s'entraînent tous les jours.
46:26 Voilà, ça devient très sérieux.
46:28 C'est formidable.
46:29 Formidable.
46:30 Toujours avoir des belles aventures et des matchs mémorables à venir.
46:33 Ah oui.
46:34 Aussi, c'est ça qui est important.
46:36 On t'en souhaite plein, mon cher Gio.
46:38 Merci beaucoup, cher Darren.
46:39 Merci beaucoup de nous avoir reçus.
46:41 Merci à vous de nous avoir écoutés.
46:43 Et si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à partager avec vos amis,
46:46 c'est très important.
46:47 Et si vous n'avez pas aimé, vous pouvez toujours envoyer un lien à vos ennemis.
46:51 Vous commentez à 100 les bienvenus, comme toujours.
46:54 N'hésitez pas à nous donner 5 étoiles minimum sur la plateforme où vous nous écoutez.
46:59 À très vite pour un nouvel épisode de...
47:01 Les Matchs de ma vie !
47:02 Bye bye !
47:03 Ciao !
47:04 [Musique]

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