Me Xavier Autain, avocat de Sébastien Cauet, était l'invité de 22H Max après que deux nouvelles plaintes ont été déposées contre l'animateur pour viols et agressions sexuelles. Une première enquête préliminaire pour "viols sur mineure de plus de 15 ans et viols" avait été ouverte à la suite d'une plainte déposée le 18 novembre pour des faits qui auraient été commis entre 2014 et 2022.
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00:00 Bonsoir Maître Xavier Autain.
00:01 – Bonsoir.
00:01 – Merci beaucoup d'être avec nous ce soir en plateau,
00:03 vous êtes l'avocat de Sébastien Coé, dont je rappelle évidemment,
00:06 au préambule, on le disait qu'il est présumé innocent
00:08 et que cette enquête ne fait que commencer autour de vous la bande,
00:11 notamment, salut Jean-Pierre Colombiès qui est là avec nous ce soir,
00:14 ancien enquêteur de la police judiciale, Laurent Valligier,
00:16 qui est là également, journaliste d'investigation au magazine Marianne,
00:18 et Guillaume, notre consultant pour les justices,
00:20 qui est là, vous aviez décidé de contre-attaquer hier,
00:24 en déposant une nouvelle plainte, en dénonçant un chantage,
00:29 je vais le dire avec mes mots à moi, un chantage dont votre client aurait été victime,
00:32 le fait qu'il y ait maintenant non plus une, mais trois plaintes,
00:35 deux plaintes supplémentaires, c'est en tout cas confirmé ce soir par le parquet,
00:39 qu'est-ce que ça change pour vous ?
00:40 – On a déposé plainte la semaine dernière pour faux usage,
00:45 dénonciation calomnieuse, tentative d'extorsion de fonds en bande organisée,
00:49 faux usage parce qu'on a les preuves matérielles tangibles
00:52 de la fausseté d'un certain nombre de choses qui ont été dites ou produites
00:56 par cette plaignante, et je ne sais d'ailleurs pas si c'est la dame
01:01 avec laquelle il y a des contacts, tout ça n'est pas très clair.
01:05 – Celle dont on parlait à l'instant.
01:06 – Celle dont on parlait à l'instant, et qui est anonyme ou pas anonyme,
01:09 tout ça n'est pas d'une clarté absolue.
01:11 On a déposé plainte pour dénonciation calomnieuse,
01:13 c'est-à-dire dénoncer de faux faits,
01:15 on a déposé plainte pour tentative d'extorsion de fonds,
01:16 et dans ma plainte, dans notre plainte avec Simon Clévenceau,
01:19 car nous sommes deux avocats, nous avons annoncé dès jeudi
01:22 qu'il y aurait d'autres plaintes parce que nous savions
01:25 que dans le cadre de la tentative d'extorsion de fonds,
01:28 il y avait une montée en puissance avec une volonté
01:31 d'obtenir des fonds de la part de notre client.
01:34 On n'est donc pas très surpris, très surpris que aujourd'hui,
01:38 comme par magie, une autre plainte sorte avec, on peut le craindre,
01:43 les mêmes incohérences, les mêmes mensonges,
01:46 les mêmes défauts de preuve que la première.
01:48 – Alors on va prendre les choses dans l'ordre,
01:50 par rapport à ce qui vient d'être raconté là par Lisa Def,
01:53 ce qui est raconté par la première jeune femme qui accuse Coé,
01:57 qui a porté plainte contre votre client.
01:59 Vous vous dites, tout ce qu'elle raconte est faux pour vous ?
02:03 – Moi je dis que cela est faux, que ces accusations sont fausses,
02:06 après on en a saisi le parquet, une enquête préliminaire est ouverte,
02:11 une partie des choses qui doivent être dites dans un cadre judiciaire
02:14 et vous ne l'en comprendrez pas sur un plateau de télé.
02:16 – Mais évidemment votre client nie, il nie les faits, absolument,
02:19 ni les faits, mais vous dénoncez, je reprends vos mots,
02:24 des incohérences, des contradictions, incohérences sur quoi ?
02:27 Contradictions sur quoi ?
02:28 – Alors pour le coup là je ne dévoile rien d'un dossier judiciaire,
02:31 il suffit de voir les déclarations successives de cette dame dans la presse,
02:35 ou sur son compte Twitter, ou votre petit reportage,
02:40 ou ce qu'elle a dit un peu plus tard chez M. Hanouna,
02:43 pour voir que ce qu'elle dit, même dans le temps,
02:46 ne correspond pas, ni dans le temps, ni dans le mode opératoire,
02:49 ni dans les lieux, les incohérences elles sont la structure même de son témoignage,
02:54 au-delà du fait que nous avons des éléments concrets à opposer,
02:58 mais qu'on mettra en jeu dans un cadre judiciaire.
03:00 – Des incohérences sur les faits, sur les dates, surtout,
03:03 pour vous rien ne tient dans ce qui est dénoncé là, rien ne tient.
03:07 Il y a, je le disais, ces deux nouvelles plaintes,
03:10 est-ce que ce soir vous savez qui a porté plainte contre votre client à nouveau ?
03:15 – Alors vous avez une chance, vous, c'est que le parquet vous parle
03:17 et communique auprès de vous, alors qu'avec nous il communique assez peu le parquet.
03:20 – Oui, sauf que pour tout vous dire, ce soir nous ne savons pas qui.
03:22 Le parquet nous a confirmé, je vous donne toutes les informations que l'on a,
03:26 le parquet nous a confirmé qu'il n'y avait pas une, mais trois plaintes,
03:29 que ces trois plaintes sont désormais centralisées à Paris, si je puis dire,
03:32 gérées par la Brigade des mineurs, parce que Julie, que l'on vient d'entendre,
03:36 dit qu'elle était mineure au moment des faits qu'elle dénonce,
03:40 mais c'est tout ce que l'on sait, on ne sait pas qui sont les deux autres,
03:43 on ne sait pas, on sait que ce sont des plaintes pour viol, agression sexuelle,
03:46 mais on n'en sait pas plus, est-ce que vous aujourd'hui, vous en savez plus ?
03:50 – Alors moi j'ai lu l'article du Figaro, qui parle de trois plaintes,
03:54 dont deux prises par le tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse,
03:58 et dans le même article, la procureure de Bourg-en-Bresse dit
04:00 qu'elle n'est saisie que d'une plaignante, donc je vous avouerai que je ne sais pas
04:03 s'il y en a deux, s'il y en a trois, de qui il s'agit, de quoi il s'agit,
04:07 je me dis qu'on a bien fait de porter plainte pour tentative d'extorsion de fonds.
04:10 – Alors on va revenir sur cet aspect de tentative d'extorsion de fonds,
04:13 parce que c'est important, juste une chose Jean-Pierre Colombiès,
04:16 encore une fois on s'est l'enquêteur de la PGI,
04:18 vous avez eu à recueillir ces plaintes-là, ces témoignages-là, ces dénonciations-là,
04:24 comment ça se passe, quand on a d'abord une personne, puis deux, puis trois ?
04:29 – Oui, j'ai eu l'honneur de travailler dans une brigade
04:32 qui était spécialisée dans les agressions sexuelles et les viols,
04:35 et bien évidemment le travail des enquêteurs,
04:37 c'est de recueillir le maximum d'informations,
04:39 d'abord auprès de la plaignante, pour asseoir, consolider une version potentielle.
04:44 Il ne s'agit pas de prendre parti, le travail des enquêteurs n'est pas de prendre parti,
04:48 il est simplement, le travail des enquêteurs,
04:49 c'est celui de détacher le maximum d'éléments,
04:51 pour que la vérité, et seulement la vérité, émerge du travail
04:55 qui va être ensuite transmis et porté à l'évaluation du magistrat.
05:01 Moi ce que je trouve un peu sidérant dans cette affaire,
05:03 comme dans d'autres d'ailleurs,
05:05 c'est qu'on a une sorte de déballage médiatique
05:08 et qu'on attende que la justice se rende,
05:10 soit dans la rue, soit sur les réseaux sociaux,
05:12 et malheureusement trop souvent sur les plateaux télé, médias on va dire,
05:16 ou globalement, je ne fais pas de procès d'intention à qui que ce soit,
05:18 mais qu'on ait comme ça une sorte d'agora judiciaire
05:21 qui consiste à vouloir décréter quand elle dit la vérité ou pas.
05:25 On a des plaignants qui ne sont pas encore vraiment des victimes,
05:28 ils ne sont même pas du tout des victimes pour l'instant,
05:29 tant qu'il n'y a pas de sanctions judiciaires.
05:31 Je pense qu'il faut être très très prudent avant de s'avancer trop loin dans les hypothèses,
05:35 parce qu'il y a quand même, je dirais, la liberté et l'intégrité morale
05:38 des personnes qui peuvent être mises en cause,
05:40 parfois de façon très très aléatoire.
05:43 – C'est pour ça évidemment qu'on a rappelé la présomption d'innocence,
05:46 depuis le début, et comme on le fait à chaque fois,
05:50 mais on ne peut pas faire non plus comme si rien n'existait,
05:55 comme s'il n'y avait pas eu de plainte, comme s'il n'y avait pas de témoignage,
05:57 comme si par exemple NRJ qui a suspendu Cohen de son antenne,
06:01 comme si NRJ n'avait pas lancé d'enquête interne
06:04 avant même que nous ne parlions de ces affaires-là.
06:08 Vous comprenez bien que c'est notre métier aussi de parler de ces choses-là,
06:11 sans préjuger de quoi que ce soit,
06:13 et c'est pour ça qu'encore une fois, je le fais pour la troisième fois,
06:15 rappelez la présomption d'innocence.
06:16 – Justement, vous mettez le mot sur un gros problème,
06:18 c'est que la plainte, qui l'a lue ?
06:20 L'avocat de la Défense l'a lue, le parquet l'a lue ?
06:23 – Même pas, même pas par définition.
06:25 Nous en avons redigé une.
06:27 – Ça viendra, ça viendra, mais le parquet, entre les mains,
06:31 donc seul le parquet aujourd'hui a une vision à peu près,
06:34 pour l'instant primaire, de l'affaire.
06:36 Il y a plein de choses qui vont se passer,
06:37 des expertises psychologiques sur les déclarantes,
06:41 et puis un travail de confrontation bien évidemment qui viendra,
06:44 en son temps, à n'en pas douter.
06:47 Mais je veux dire, il est surtout important, impératif, de ne pas se presser,
06:50 de ne pas se précipiter dans quelque direction que ce soit,
06:54 parce que bien évidemment, il faut assurer la crédibilité, si c'est crédible,
06:57 si tout est avéré, il y aura un procès, il y aura une instruction
07:01 qui peut-être débouchera sur un procès, là je m'avance beaucoup,
07:03 vous avez raison, mais il y aura une instruction.
07:06 Donc moi je suis un petit peu sur la réserve
07:09 quand on veut pendre les gens tout de suite.
07:11 – Mais c'est évidemment pas l'intention de qui que ce soit.
07:14 Ici, je reprends vos mots,
07:17 notamment les mots du communiqué que vous avez publié hier,
07:20 vous parlez d'une calomnie orchestrée.
07:23 Qu'est-ce qui vous fait dire que ce qui est en train de se produire,
07:27 encore une fois, non plus une mais trois plaintes ce soir,
07:30 que tout ça pourrait être orchestré ?
07:31 – Et qui est le chef d'orchestre ?
07:33 – Merci Christophe, parti.
07:35 – Alors, M. Barbier, vous aurez noté que si on a déposé plainte,
07:38 c'est bien parce qu'on n'a pas tout,
07:40 et qu'on souhaite que la justice fasse son travail.
07:42 Et nous ne sommes pas des enquêteurs,
07:44 nous avons des éléments concrets matériels,
07:47 là aussi vous me permettrez de les réserver au parquet et aux enquêteurs,
07:50 qui nous démontrent qu'il y a effectivement une organisation
07:55 au vu d'obtenir sur des dénonciations calomnieuses,
07:58 la remise de fonds à un moment donné.
08:00 – Ça veut dire que, avant qu'il y ait ces plaintes,
08:03 avant qu'il y ait ces témoignages, avant que ça sorte,
08:06 parce que c'est par exemple l'Obs qui a révélé la semaine dernière la première plainte,
08:10 avant tout ça, pour parler concrètement,
08:13 des personnes se sont adressées à votre client
08:15 en essayant de récupérer de l'argent,
08:17 en lui disant "sinon il y aura telle ou telle dénonciation",
08:21 pour parler clairement des choses.
08:22 – Un avocat ne doit pas savoir se taire.
08:24 – Oui mais pour comprendre, quand on vous dit "tentative d'extorsion de fonds",
08:27 c'est bien ce que ça veut dire, je ne suis pas en train de fabuler,
08:30 c'est bien ce que vous êtes en train de dire ce soir.
08:31 – Moi je vous dis "tentative d'extorsion de fonds"
08:33 et je ne vous en dirai pas plus, encore une fois,
08:35 le droit de se taire appartient aussi à l'avocat,
08:37 et il doit parfois se taire pour laisser l'œuvre judiciaire bien avancée.
08:41 – Mais pour appuyer ce que vous dites là,
08:46 cette dénonciation d'une tentative d'extorsion de fonds,
08:48 votre collègue Maître Clémenceau, si je ne me trompe,
08:51 disait ce matin que par exemple, ce qu'on avait vu fleurir sur les réseaux sociaux,
08:56 c'est-à-dire de supposés échanges entre la plaignante qu'on entendait tout à l'heure
09:01 et supposément Coé, tout ça était démontage, c'était bidon.
09:04 Vous confirmez ça ?
09:06 – On a déposé plainte pour faux et usage.
09:08 – Mais faux et usage, ça cible ça ?
09:10 – Ça cible ça notamment, oui, bien sûr.
09:12 – Si vous le permettez, je vais juste faire une petite observation.
09:14 J'ai eu à prendre la plainte il y a quelques années de ça,
09:16 d'une personne qui déposait plainte pour viol contre une personne
09:20 qui occupait un certain milieu, qui était au premier plan des médias à un moment donné.
09:25 La plainte qui ensuite a été reprise par un certain média,
09:28 que je n'nommerai pas, n'avait rien à voir avec celle que j'avais prise.
09:33 Donc moi je me méfie toujours des interférences, si vous voulez,
09:35 entre l'acte judiciaire en lui-même et ce qui peut en être fait
09:39 au niveau de certaines personnes, tout simplement.
09:42 – Guillaume ?
09:43 – Sur cette affaire, il faut je pense encore une fois,
09:46 être extrêmement mesuré, extrêmement prudent.
09:50 J'entendais que vous disiez, après avoir dit que vous avanciez un peu,
09:53 que peut-être il y aurait procès etc.
09:55 Quand c'est-on ?
09:56 – Peut-être.
09:57 – Peut-être, et encore.
09:58 Dans ces affaires, la difficulté, quand il y a des accusations de viol,
10:02 c'est de prouver d'abord la matérité d'un rapport sexuel,
10:05 ensuite le vice du consentement, et très souvent quand ces faits-là
10:08 se déroulent dans un lieu clos, où ne sont présents que ceux qui sont partis à l'affaire,
10:13 c'est extrêmement difficile de prouver cela.
10:16 Et c'est pour ça que dans de nombreux cas, on part en non-lieu,
10:21 en absence de poursuite, parce qu'il est très difficile de prouver.
10:25 Et à la fin, qu'est-ce qui reste ?
10:26 Il reste une plaignante qui pourra dire ou qui dira
10:31 qu'il n'y a pas de vérité judiciaire, ou qu'en tout cas,
10:34 elle n'est pas reconnue en tant que victime.
10:36 Il y a une personne qui a été mise en cause,
10:40 si tant est qu'elle soit mise en examen, qui va dire qu'elle aurait été blanchie
10:44 par l'absence de poursuite ou un non-lieu,
10:47 et qui vivra avec un préjudice, qui est un préjudice réputationnel.
10:51 Donc tout le monde est mécontent,
10:53 et c'est toute la difficulté pour la justice d'avancer.
10:57 Donc là, effectivement, il va falloir observer comment la brigade de protection des mineurs travaille,
11:02 à quel moment il y aura audition, sous quel statut,
11:07 est-ce que M. Coé va être placé en garde à vue,
11:11 est-ce qu'après il sera poursuivi, mis en examen, on n'en sait strictement rien,
11:14 est-ce qu'il y aura une confrontation ? Peut-être.
11:16 Qu'est-ce qui en résultera ?
11:18 Tout cela est un temps long, c'est un temps judiciaire qui est un temps long.
11:21 Alors certes, l'opinion veut des réponses assez immédiates.
11:25 Les victimes, évidemment, elles se déclarent comme telles,
11:28 donc elles veulent aussi une réponse immédiate.
11:31 Peut-être, mais ça c'est à vous de le dire, que votre client veut aussi une réponse immédiate.
11:34 Je ne sais pas.
11:35 - L'une des raisons pour lesquelles on a déposé plainte, c'est parce qu'on veut une réponse,
11:38 et mettre à jour, sur la base des éléments concrets, matériels qu'on a,
11:42 mettre à jour le stratagème qui a été mis en œuvre,
11:45 au fin d'extorquer des fonds à mon client.
11:47 - Vous dites stratagème, si j'emploie un mot plus commun, un complot.
11:51 Est-ce que vous imaginez un complot ?
11:53 - Oui, alors le mot complot est très teinté, nous en sommes d'accord.
11:56 Mais en tout cas, quelque chose d'orchestré, d'organisé, de concerté,
12:00 d'organisé dans le temps, avec une montée en puissance.
12:03 Oui, c'est ce que nous, nous avons identifié,
12:05 mais notre pouvoir d'investigation est par définition limité,
12:08 et il appartient donc à l'appareil judiciaire, à qui nous avons donné la main,
12:11 l'enquête préliminaire, elle débute.
12:13 - Orchestration dont les plaignantes ne pourraient-elles que des rouages,
12:17 des instrumentistes, et il y aurait au-dessus quelqu'un qui les pilote, qui les manipule ?
12:21 - Peut-être, peut-être.
12:23 - Vous n'exprimez pas ?
12:24 - Peut-être, je ne vous dirai pas, moi je sais des choses,
12:27 mais encore une fois, ce n'est pas forcément le lieu pour les exprimer.
12:30 - Laurent ?
12:31 - Oui, depuis la libération de la parole des femmes, le phénomène #MeToo,
12:35 il y a une trentaine de personnalités de la politique, des médias, du cinéma,
12:40 qui ont été sous l'œil du cyclone, en tout cas ciblées par des femmes
12:47 qui ont dit qu'elles avaient abusé d'elles, il y a longtemps souvent, ou pas longtemps.
12:55 Tous, à peu près tous, je regardais la liste,
12:58 à peu près tous ont commencé par déposer plainte pour dénonciation calomnieuse.
13:02 Pourquoi ? Parce que la dénonciation calomnieuse, ça a aussi un gros avantage,
13:05 c'est que ça permet de dire "c'est faux, on saisit la justice",
13:09 avec la certitude que de toute façon, il n'y aura pas de procès de dénonciation calomnieuse
13:12 après l'éventuelle résolution de l'affaire.
13:15 Donc c'est toujours du temps long la dénonciation calomnieuse.
13:19 Là, la difficulté, alors Maître Autain, il a le mérite d'être là,
13:24 puisque Maître Autain, il vient affronter ça en l'expliquant.
13:27 En général, c'est les communiqués qui annoncent des dénonciations calomnieuses, c'est tout.
13:30 L'originalité de la situation actuelle, c'est qu'ils déposent plainte pour extorsion de fonds.
13:35 - Tentative d'extorsion.
13:36 - Tentative d'extorsion.
13:37 - Ça n'a pas fonctionné.
13:38 - Parce qu'ils ont le sentiment d'avoir des éléments matériels
13:42 qui permettront d'établir qu'en amont des plaintes,
13:46 parce qu'aussi l'autre inconnu de ce soir, c'est qu'on ne sait rien des deux autres plaignantes.
13:50 - Absolument.
13:51 - Le Parquet dit que tout ce que dit Maître Autain jusqu'à présent,
13:54 ça tient avec une victime, des faits, une série.
13:58 Autant, s'il y en a trois, dont deux autres, dont vous ne savez rien,
14:01 c'est plus difficile de dire dès ce soir,
14:04 on est victime d'un complot de trois personnes dont deux, vous ne savez rien.
14:08 - Qu'est-ce que vous répondez à ça, Maître Autain ?
14:11 - Je vous dis qu'on a bien fait de déposer plainte pour tentative d'extorsion de fonds,
14:14 puisque quand on dépose plainte jeudi dernier,
14:16 on indique par les éléments matériels qu'on a,
14:19 qu'on sait que la montée en puissance va continuer avec l'arrivée d'autres fausses plaintes.
14:23 - Donc vous anticipiez ce qui va arriver.
14:24 - Bien évidemment.
14:25 - Vous parliez de fausses plaintes.
14:26 - Une des raisons pour lesquelles on anticipait ça,
14:28 c'est qu'on voulait que la réaction judiciaire, et pas simplement médiatique,
14:32 soit à la hauteur du danger dans lequel notre client est.
14:34 Car notre client est dans une situation très dangereuse,
14:37 il est accusé de choses très graves qu'il n'a pas commises,
14:40 et pour lesquelles la réponse judiciaire va mettre du temps,
14:42 là où la réponse médiatique l'a déjà condamné pour partie.
14:44 - Il y a une chose, on parlait tout à l'heure de la suite de l'enquête,
14:47 d'éventuelles confrontations, etc., qui pourraient arriver en fonction des décisions qui seront prises,
14:51 et par le parquet, et éventuellement par les juges d'instruction, etc.
14:54 Il y a une question toute bête qui va être posée à votre client,
14:58 c'est quel était le lien qu'il pouvait avoir entre lui,
15:03 la première plaignante que l'on vient de voir là, qui s'appelait Julie,
15:06 et les autres plaignantes ? Est-ce qu'il les connaissait, tout simplement ?
15:09 - Il y répondra, devant le juge ou devant les policiers.
15:11 - Mais vous ne répondez pas à la question aujourd'hui.
15:13 Pourquoi vous ne voulez pas répondre à cette question-là pour l'instant ?
15:15 - Parce que je considère que ce n'est pas le lieu.
15:17 Je considère qu'il y a un cadre judiciaire,
15:19 une enquête qui est confiée à la brigade des mineurs sur les plaintes,
15:23 une enquête qui est confiée à un autre service policier
15:26 sur la tentative d'extorsion de fonds,
15:28 et que ce sont ces services policiers qui vont enquêter,
15:31 et qu'on ne peut pas tout dévoiler.
15:33 On ne peut pas être dans une transparence absolue.
15:35 Ce serait dangereux pour le bon déroulement de l'appareil judiciaire.
15:39 - C'est une question qui va se poser très rapidement,
15:42 et c'est une question dont la réponse ne présage en rien
15:45 de ce qui a pu se passer ou pas.
15:47 - Oui, je sais, mais je considère moi, dans ma défense,
15:50 à l'inverse peut-être d'autres, je considère moi,
15:52 dans la défense que je conseille à M. Coe,
15:54 que ce débat-là doit rester dans le secret de l'enquête,
15:58 de l'instruction, s'il y en a une, mais je ne suis pas sûr qu'il y en aura une,
16:01 parce qu'on apportera, je crois, assez d'éléments
16:03 pour démontrer l'absence de sérieux des plaintes qui ont été déposées.
16:06 - Vous imaginez que ce sera placé sans suite bien avant ?
16:08 - Je pense que ça peut l'être.
16:10 - Ça l'a été pour le youtubeur Norman, par exemple.
16:13 Dans ce cas d'ailleurs, c'était la brigade de protection des mineurs
16:15 de la direction régionale de la police judiciaire parisienne
16:17 qui a enquêté la même, avec des enquêteurs très expérimentés
16:21 dans ce type d'affaires.
16:23 Oui, il n'y a pas d'instruction.
16:25 - Il faut expliquer une chose d'ailleurs, qui n'est pas un point de détail,
16:29 mais que forcément ceux qui nous regardent ce soir n'ont pas forcément en tête,
16:34 c'est que si c'est la brigade des mineurs qui enquête,
16:37 c'est parce qu'une des plaignantes, pas forcément les trois,
16:40 une des plaignantes dit qu'elle était mineure au moment des faits.
16:43 - Oui, parce que d'abord tout a été centralisé au parquet de Paris,
16:46 puisqu'il y a eu un dépaysement, puisqu'il y a eu deux plaignantes
16:49 qui sont relevées au départ de Bourg-en-Bresse.
16:51 Donc le parquet de Paris qui travaille, qui dirige l'enquête d'enquêteurs parisiens,
16:57 c'est évidemment plus pratique, plus cohérent.
17:00 Et puis vous avez à la brigade des mineurs des gens qui sont très expérimentés
17:04 et qui surtout savent traiter de dossiers très médiatisés.
17:08 J'évoquais la question du youtuber Norman,
17:10 mais c'est eux qui ont travaillé sur une affaire terrible qui est l'affaire Boutier,
17:13 pour laquelle il y aura très vraisemblablement un procès.
17:16 Et donc quand il y a des affaires qui sont des affaires très sensibles,
17:19 très médiatiques, avec des personnalités exposées médiatiquement
17:22 et plusieurs plaignants, plusieurs plaignantes, bon, ils savent faire.
17:26 Après, quand il y a une vérité qui émerge judiciaire
17:30 ou alors qu'il y a une absence de poursuite, j'évoquais le cas du youtuber Norman,
17:34 bon, il est encore dans le débat public, vous avez des personnes qui peuvent contester cela.
17:38 Mais le travail, en tout cas d'investigation, j'évoquais le cas de ce youtuber,
17:42 il a été mené, et sérieusement mené, par des professionnels.
17:45 Il est mené à charge et à décharge.
17:48 Et puis si la Défense veut, alors il n'y a pas d'instruction,
17:51 on ne vous a pas demandé des actes, mais en tout cas,
17:53 si vous voulez orienter aussi les investigations et suggérer des pistes aux enquêteurs,
17:58 évidemment que vous pouvez le faire, on est en France, on n'est pas aux États-Unis,
18:01 c'est pas un système accusatoire, et heureusement que les enquêteurs regardent
18:04 et étudient différentes pistes.
18:05 Donc si l'extorsion de fonds, la tentative d'extorsion de fonds,
18:08 devait être une piste à envisager, les enquêteurs seraient là pour regarder cela.
18:12 - Florent, je vous donne la parole dans une seconde.
18:13 Évidemment, vous êtes entouré ce soir, maître, de journalistes,
18:17 d'enceintes de la PSJ, d'avocats, de spécialistes, etc.
18:20 Et encore une fois, je vous remercie d'avoir accepté notre invitation
18:23 et de répondre à nos questions ce soir.
18:24 Dans l'article de la semaine dernière, l'article d'Évangeline Anison dans l'Obs,
18:28 qui révèle au grand public l'existence de la première plainte,
18:33 il est aussi question d'autres témoignages,
18:37 qui racontent une ambiance de travail dans la société dirigée par Coé,
18:43 avec un comportement qui est décrit comme très, très limite de sa part
18:48 d'anciennes salariés, d'anciennes stagiaires, etc.
18:51 Ça, il le conteste aussi formellement, Coé, aujourd'hui ?
18:53 - Alors ça, je ne suis pas sûr que ça relève du pénal,
18:55 je crois que ça relèverait peut-être du prud'homme, éventuellement,
18:57 je n'ai pas de compétences en cette matière,
18:59 et je ne crois pas qu'il y ait la moindre poursuite prud'homale
19:02 ou action prud'homale qui ait été mise en œuvre.
19:04 Donc qu'après, à un moment donné, un journaliste,
19:06 parce qu'il a envie de nourrir son papier,
19:08 aille chercher des choses, les fasse un peu mousser
19:11 et les présente avec un effet de masse,
19:14 ce ne sera pas la première fois, ce ne sera pas la dernière fois.
19:16 - Il y avait six personnes qui témoignaient, de manière anonyme ?
19:19 - Oui, dont j'ai cru comprendre une dame qui était à l'accueil
19:22 et qui disait qu'elle avait reçu des bouquets de fleurs
19:25 et que comme elle avait refusé de déjeuner avec mon client,
19:28 elle avait été licenciée, comme il n'avait pas ce pouvoir-là,
19:31 puisqu'il est d'une société extérieure, la société de radio.
19:35 Voilà, ça me semble...
19:37 Vous voyez, c'est des bouts de ficelle qu'on raccommode les uns avec les autres
19:39 et qui, à un moment donné, ont pour simple but de donner de l'espace
19:42 à un article qui n'en aurait pas si long.
19:44 - Je vous demanderais dans un instant,
19:46 comment est-ce qu'aujourd'hui la réaction de notre client,
19:48 et ce soir, quand il a découvert ces deux nouvelles plaintes,
19:50 mais je vous donne la parole, maître Roas.
19:52 - Oui, il y a quelque chose qui me dérange dans toutes ces affaires
19:54 et je le dis à chaque fois, c'est qu'on répète la présomption d'innocence
19:57 mais finalement, pourquoi M. Coé est suspendu de ses fonctions à la télé ?
20:02 Je veux dire, on l'a vu dans... - À la radio, en l'occurrence.
20:04 - On l'a vu notamment, vous voyez, dans l'affaire Harry Habitant,
20:07 il sortait à l'époque, il faisait la promotion, vous savez, du film...
20:11 - "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, numéro 3".
20:13 - "Numéro 2 ou 3", il a été complètement blacklisté.
20:17 On l'a vu avec Benjamin Mindy, le footballeur, je veux dire...
20:21 Le corollaire de cette présomption d'innocence voudrait que ces gens
20:25 continuent à travailler pendant que l'enquête suit son cours,
20:28 j'imagine que mon confrère, et c'est une question que je vais lui poser,
20:31 il a demandé à ce que, assez rapidement, son client soit entendu par les services de police.
20:35 Parce qu'il a tout à fait intérêt à être entendu le plus rapidement possible
20:39 pour s'expliquer, en tout cas, moi, c'est ce que je fais avec mes clients
20:42 - Vous vous confrontez à des affaires similaires.
20:44 - C'est ça, on a pris contact avec le TG de Bourg-en-Bresse,
20:46 mais c'est plus le bon interlocuteur.
20:48 Donc on apprend aujourd'hui que c'est Paris, donc on va bien évidemment faire ça.
20:51 Concernant Energies, Energies suspend Coé, mais suspend Coé en accord avec Coé,
20:57 parce que je crois qu'à un moment donné, il s'en prend tellement dans la figure
21:00 qu'il a besoin aussi de se poser, et que je ne suis pas sûr qu'il ferait bien son métier
21:03 avec toute la pression qui lui est imposée.
21:06 Donc, n'antagonisons pas forcément Energies et Coé, il reviendra, peut-être rapidement.
21:15 - Il veut revenir ?
21:17 - Il faut qu'il encaisse d'abord le coup, et puis une fois qu'il aura encaissé
21:20 et qu'on aura mis en place la défense, l'accusation contre ceux qui entendent
21:27 lui faire subir une extorsion de fonds, à ce moment-là, peut-être qu'il pourra revenir.
21:30 Une fois qu'il sera un peu apaisé, c'est difficile, vous le savez,
21:34 vous savez le batage médiatique que cela implique, vous savez la mise en cause,
21:37 il est accusé de crime, donc c'est compliqué, il se prend ça dans la figure,
21:41 il est abasourdi à un moment donné, donc est-ce que quand on est abasourdi,
21:47 on fait bien son métier au quotidien, je ne sais pas forcément.
21:49 - Comment est-ce qu'ils ont réagi, quels ont été ses mots ce soir
21:52 quand il a découvert ces deux autres complains ?
21:54 - Je crois qu'il est incrédule, mais encore une fois, depuis la semaine dernière,
22:02 on sait, on a compris par les éléments dont on dispose,
22:05 on a compris que ça n'allait pas s'arrêter là, d'accord ?
22:09 Donc voilà, et nous on l'a préparé en disant "attention, le batage médiatique
22:14 va peut-être prendre encore de l'ampleur et nous risquons d'avoir
22:17 d'autres accusations aussi fantaisistes et mensongères que la première".
22:21 D'ailleurs je ne sais pas, il a dit trois plaignantes,
22:24 et à la fois deux plaignantes au TG de Bourg-en-Bresse,
22:27 et quand vous entendez la procureure, elle ne parle que d'une plaignante.
22:29 - Sauf que les mots de la procureure étaient au moment où la première plainte a été déposée,
22:32 elle même disait "il y a eu une plainte". Visuellement, après cette première plainte,
22:34 il y en a eu une deuxième à Bourg-en-Bresse et en parallèle une troisième à Paris.
22:37 Est-ce que l'on comprend ce soir du déroulé des événements de ces derniers jours,
22:41 même pas de ces dernières semaines, de ces derniers jours ?
22:43 Voilà, il y a ces trois plaintes. Christophe, vous vouliez réagir ?
22:48 - Oui, mais c'est vrai que depuis le surgissement du phénomène #MeToo,
22:52 on a eu, au-delà des instructions complexes et du fait que la présomption d'innocence
22:57 était parfois foulée au pied, on a eu l'impression qu'il y avait un tohu-bohu
23:01 qui était à la charge contre les accusés. Ils étaient accusés, donc ils étaient coupables.
23:05 La plaignante avait forcément raison. Un certain néo-féminisme a instrumentalisé cela.
23:10 Et en effet, des tas d'affaires, vous avez cité Benjamin Mendy,
23:13 on pourrait citer Éric Brion, ont montré que quand la vérité judiciaire arrive
23:16 et qu'il y a non-lieu ou acquittement, qu'est-ce qu'on fait ?
23:19 Est-ce qu'on n'est pas en train d'assister au début du ressac du mouvement de balancier
23:23 qui créerait l'inverse, c'est-à-dire un tohu-bohu qui soit pour dire
23:27 "oui, mais forcément, puisqu'elle est plaignante, elle ment, puisqu'il y a eu des affaires où c'était faux"
23:31 ou "elle n'a pas les moyens de prouver". Je ne dis pas que c'est le cas dans cette affaire,
23:34 mais attention à ce mouvement de balancier des opinions qui après s'être repu
23:38 de ces repas d'ogres où on dévorait des accusés qui étaient de toute façon détruits
23:43 dans leur réputation, voire dans leur profession.
23:46 Maintenant, cet ogre qui est l'opinion va se dire "on va se repaître de celles qui accusent un peu trop vite
23:51 et on va leur faire un sort". Un peu comme si on importait le phénomène Johnny Depp.
23:56 Johnny Depp a été relaxé, il était peut-être parfaitement innocent,
23:59 mais on sait que dans la mécanique de cette victoire judiciaire pour lui,
24:02 il y a eu l'importance du tohu-bohu autour de ce cas.
24:05 Notamment ce que les réseaux sociaux ont fait résonner aux Etats-Unis
24:08 qui finalement a dû influencer aussi ceux qui ont jugé.
24:11 Et alors, si on engage notre société maintenant dans un mouvement de balancier
24:15 où pendant X années c'est à la charge des accusés condamnés d'avance
24:18 et puis après X années dans le discrédit des plaignantes discrédité d'avance,
24:23 ça ne va pas être très serein.
24:25 Le ressac, Laurent Valéry.
24:27 - Quand on a commencé l'émission, il y a eu deux viols en France.
24:30 Il y en a un toutes les 20 minutes.
24:32 Il y a une agression sexuelle toutes les 5 minutes.
24:35 - Et combien de condamnations ? - C'est une criminalité de masse.
24:38 - Et combien de condamnations ? - Ça c'est autre chose.
24:40 - C'est compliqué. - C'est vrai que les policiers...
24:42 Alors la brigade des mineurs de Paris, c'est le top du top pour enquêter là-dessus
24:45 parce que c'est des histoires, surtout quand elles sont anciennes,
24:48 extrêmement complexes à investiguer par définition.
24:51 Les policiers ne sont pas là en flagrant délit,
24:53 ils n'ont pas tous les éléments dans un parking ou dans une chambre à coucher.
24:56 C'est des dossiers difficiles pour lesquels, pendant des années,
25:00 la police et la justice n'ont pas été outillées.
25:03 Il suffit d'avoir assisté une fois dans sa vie à un procès pro-viol
25:06 pour se rendre compte à quel point c'est un cauchemar pour la victime,
25:09 en premier, pour la plaignante, disons.
25:11 Donc on n'a pas pris encore la mesure de tout ça.
25:14 Alors peut-être, oui, il y a une trentaine d'affaires médiatisées,
25:17 il n'y en a pas plus, il y en a une trentaine d'affaires.
25:20 Par rapport à ce contentieux général, ça reste homéopathique.
25:24 Alors oui, il faut probablement qu'il y ait beaucoup plus de policiers
25:28 en charge de ça, pour que ça aille plus vite.
25:30 Et il faut probablement que les policiers soient mieux formés à ces questions-là.
25:34 Et alors ils le sont, parce qu'il y a plein de paradoxes
25:36 quand vous prenez une histoire de viol.
25:38 Il y a plein de faux choses qu'il faut balayer.
25:42 Les policiers de la brigade des mineurs sont très formés à ça.
25:44 Mais c'est vrai que la justice, les assises, elles sont encombrées,
25:47 c'est très long, c'est mal foutu.
25:49 Et c'est vrai qu'on est face à une telle criminalité de masse,
25:53 c'est l'équivalent de la fraction routière des années 70.
25:58 Et ça, il faudrait le prendre en compte.
26:00 – On n'en est pas là, Jean-Pierre, je sais que vous voulez rallier,
26:03 vous le pouvez dans un instant, simplement,
26:05 on parlait tout à l'heure de l'état d'esprit de votre client maître ce soir.
26:08 Quand on va voir sur ses réseaux,
26:11 il semble vouloir montrer une certaine sérénité.
26:14 En tout cas, quelque chose d'apaisé.
26:17 – Je crois qu'il, comme il n'a rien fait,
26:21 il sait que l'ouragan médiatique va passer,
26:24 mais qu'à la fin, elle, lui, sera encore debout.
26:27 Et pour rebondir sur ce que disaient M. Barbier et M. Valdivier,
26:31 je crois que le danger de ces plaintes mensongères,
26:34 comme celle dont mon client est victime,
26:37 c'est qu'elles vont effectivement décrédibiliser
26:40 la parole de plein de femmes qui ont besoin d'être crues.
26:44 Et c'est extrêmement dangereux ce que font là,
26:47 ceux qui veulent lui extorquer des fonds,
26:49 c'est que l'atteinte qu'ils portent à la parole des victimes,
26:53 des plaignantes, cette atteinte va durablement, à mon avis, poser des problèmes.
26:59 – Sauf qu'en disant "plaintes mensongères" ce soir,
27:01 vous vous exposez aussi, de fait, à une autre réponse judiciaire
27:05 de la part de celle qui attaque votre client aujourd'hui.
27:07 – Aucune difficulté à ça.
27:09 – Vous prenez ce risque-là ? – Tout à fait.
27:11 – Sûr de vous, vous prenez ce risque-là ? – Absolument.
27:13 – Qu'est-ce qui va se passer maintenant, Jean-Pierre Colombiès ?
27:16 Vous êtes, exactement, comment dire, dans une enquête comme celle-là,
27:22 encore une fois, que vous avez eu l'habitude de mener.
27:25 Les prochaines étapes c'est quoi ?
27:27 – Je peux réagir quand même ? – Allez-y, oui, vous avez raison.
27:30 Vous avez été quasiment mis en cause par Laurent Wallidier.
27:32 – Pas qu'un peu d'ailleurs, personnellement j'entends bien,
27:35 c'est l'institution qui a été mise en cause,
27:37 j'ai une réponse à faire qui est très simple,
27:39 c'est qu'on n'a tout simplement pas donné la priorité à ce genre d'enquête.
27:42 C'est vrai que les unités comme la Brigade des mineurs,
27:44 ils sont rompus à ce genre d'exercice, mais il n'y a pas que des mineurs,
27:48 il y a aussi des affaires de majeurs,
27:50 mais il n'y a pas suffisamment de brigades spécialisées.
27:52 Moi j'étais au sein de la brigade que j'évoquais au début du plateau,
27:56 il faut savoir que cette brigade a été supprimée du jour au lendemain
27:59 par décision politique de mise en place d'un nouveau dispositif
28:02 sur le secteur marseillais en l'occurrence.
28:04 Donc du jour au lendemain, il n'y a plus de brigade spécialisée
28:07 dans les agressions sexuelles et les viols.
28:09 Et c'est bien dommage, parce que nous avions une certaine expérience,
28:11 on n'était pas des surdoués de la PJ,
28:13 nous avions l'expérience des dites procédures,
28:15 et il faut aussi connaître un petit peu la vie,
28:17 ce qui rend les policiers plus efficaces,
28:19 en tout cas les enquêteurs plus efficaces dans ce domaine très compliqué.
28:23 - D'un mot la suite ?
28:25 - Des investigations, des recoupements,
28:27 le magistrat va certainement recouper toutes les affaires,
28:29 je suppose que ça va être fait, très certainement.
28:31 Et puis, oui, j'ai le sentiment quand même qu'on pourra difficilement
28:35 éviter, jouer l'évitement pour une confrontation,
28:38 qui sera nécessaire, même peut-être, probablement pour votre client.
28:41 - Votre client souhaite être confronté le plus rapidement possible,
28:45 justement, à celle qu'il accuse ?
28:47 - Je ne sais pas, je n'en ai pas parlé avec lui, je ne vais pas vous mentir.
28:49 Moi, je pense que ce sera indispensable,
28:51 dès lors que de toute façon, nous sommes mis en cause,
28:53 mais accusateurs aussi.
28:55 - Oui, de dénonciations calomnieuses, de tentatives d'exportation de fonds.
29:00 - Mais il faut aussi que l'enquête...
29:02 On est tentative d'exportation de fonds en bande organisée,
29:05 cela sous-entend la pluralité des auteurs.
29:07 Donc il faut aussi que des investigations avancent, avancent vite.
29:10 On a déjà une enquête préliminaire d'ouvert, donc nous,
29:12 on est assez content de ça.
29:13 Avance vite pour aller chercher et puis mettre un terme aussi
29:17 à ce qui est en train de se dévider,
29:19 l'entreprise délinquante qui est en train de se mettre en œuvre.
29:22 - Mais ce que vous décrivez là, c'est une enquête qui va durer des semaines,
29:25 des mois, vraisemblablement. - On peut le penser.
29:27 - Aujourd'hui, Coé n'est plus à l'antenne d'énergie,
29:29 il ne peut plus exercer son métier.
29:31 Vous le disiez, en partie parce qu'il a souhaité aussi
29:34 être sorti de l'antenne pour plus de sérénité.
29:38 Est-ce qu'il est prêt à quitter l'antenne pendant des mois et des mois
29:43 ou est-ce qu'il dit "mais je ne peux pas attendre la fin
29:46 de ces investigations pour revenir, il va falloir que je revienne avant".
29:50 - Le temps judiciaire n'est pas compatible avec la vraie vie,
29:56 donc ça va, d'accord ?
29:57 Donc il faut bien qu'à un moment donné, la vraie vie reprenne ses droits.
29:59 - Donc revenir plus vite que l'investigation.
30:02 - Sinon, on veut rester dans la présomption d'innocence
30:05 ou la suspension parce qu'il y a une suspicion.
30:09 Ça veut dire qu'on va attendre quoi ?
30:11 Un classement sans suite,
30:13 puis une plainte avec constitution de parti civil,
30:15 des années d'instruction,
30:17 une ordonnance de non-lieu,
30:19 un appel de cette ordonnance de non-lieu.
30:20 On est parti pour quoi ? 3, 4, 5 ans ?
30:22 Et donc mon client va attendre 5 ans que justice se passe ?
30:26 Ce n'est pas possible, c'est humainement pas possible.
30:28 Donc heureusement, le temps médiatique,
30:31 l'ouragan médiatique étant passé,
30:33 je pense que la vie reprendra ses droits.
30:35 – Merci Maître Autain, merci beaucoup d'avoir accepté ce dialogue ce soir.