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00:00 [Musique]
00:12 Salut à tous et bienvenue sur BeinSport pour votre salon VIP de Champions.
00:16 Salut Clara ! Salut Claire, salut tout le monde !
00:18 Notre invité du jour a été champion du monde et champion d'Europe.
00:20 Il a même remporté deux ligues des champions avec la Juve et avec...
00:24 Marseille ! Évidemment !
00:25 Devenu sélectionneur des bleus, il est encore champion du monde.
00:30 Didier Deschamps est notre légende de salon VIP de Champions.
00:32 Allez, venez !
00:33 [Musique]
00:40 Didier, merci beaucoup de nous accorder un petit peu de temps aujourd'hui.
00:44 On va parler beaucoup de vous, de votre carrière, de vos meilleurs souvenirs.
00:48 Vous êtes le troisième à avoir réussi à gagner la Coupe du Monde en tant que joueur et sélectionneur
00:53 après Mario Zagallo et Franz Beckenbauer.
00:55 Le seul Français.
00:56 Est-ce que vous avez conscience d'avoir accompli quelque chose d'exceptionnel, peut-être d'unique ?
01:01 Sincèrement, non, je le sais puisqu'on me le dit, on me le répète occasionnellement.
01:08 Donc, ça veut dire qu'on n'est pas beaucoup de personnes.
01:13 On n'est que trois à la table à pouvoir manger ensemble.
01:15 Mais non, ce n'est pas ça que je retiens.
01:19 Parce qu'il y a toujours, le plus important, c'est ce qu'il y a à venir.
01:24 Mais ça, on ne pourra pas me l'enlever.
01:27 Donc, je fais partie avec ces deux autres illustres personnages du football français.
01:32 C'est une fierté, bien évidemment, mais je ne me réveille pas le matin en pensant à ça spécialement.
01:38 Vous qui êtes plutôt réservé, assez timide, comment vous avez géré la notoriété ?
01:43 Non ? Je me trompe ?
01:45 Si, si, si.
01:46 Discret peut-être, timide, ça dépend.
01:48 Je vais le refaire.
01:49 Oui, oui.
01:50 Vous le réservez discret, comment vous avez géré la notoriété qui accompagne forcément les titres qui arrivent ?
01:57 Avec la plus grande discrétion possible même aussi.
02:03 C'est compliqué parce qu'il y a eu, enfin c'est compliqué, ce n'est pas désagréable,
02:07 mais bon, il y a eu une bascule avec la première victoire en 98 où le sportif et le footballeur,
02:15 il a basculé un peu dans la catégorie, même beaucoup dans la catégorie people.
02:20 Bon, certains de mes collègues ont fait tout ce qu'il fallait pour qu'on passe dans la catégorie people aussi.
02:25 Moi, j'ai gardé la même vie avec les mêmes personnes.
02:29 Donc, voilà, ça a été des moments de joie incroyables à pouvoir partager,
02:36 mais ce n'est pas ça qui a changé ma façon de vivre au quotidien.
02:40 Votre carrière, on va la détailler, mais tout d'abord les cinq dates marquantes avec Clara.
02:45 Didier, dans mes cinq dates, il n'y a que le verbe remporter.
02:52 En 1993, vous remportez la Ligue des Champions avec l'OM, victoire 1 à 0 face au Milan AC.
02:58 En 1996, vous remportez la Ligue des Champions avec la Juve, finale gagnée 4 tirs au but à 2 après un match nul 1 partout face à l'Ajax Amsterdam.
03:06 En 1998, vous êtes un des héros qui remportent la première Coupe du monde française face au Brésil, 3 à 0.
03:13 En 2000, vous remportez l'Euro face à l'Italie, victoire 2 à 1 grâce au but en or de Trezeguet.
03:19 En 2018, vous êtes le héros qui amène l'équipe de France sur le toit du monde une nouvelle fois, champion du monde en tant que sélectionneur.
03:27 Finale remportée 4 à 2 face à la Croatie.
03:30 Je ne sais que les plus grosses victoires.
03:34 On ne peut pas toutes les sortir, mais celle-là c'est important, très important.
03:38 Vous avez une vitrine de trophées chez vous ?
03:40 Elle est bien remplie, merci.
03:43 Il y a notamment deux Ligues des Champions, Clara l'évoquait, la première que vous décrochez c'est avec l'OM en 1993.
03:51 Est-ce que pour vous c'est une fierté que ce soit toujours le seul club français à avoir gagné cette récompense ?
03:58 Non, ce n'est pas une fierté. À jamais le premier, on le saura à tout jamais.
04:02 Mais ce n'est pas pour être à jamais les derniers non plus.
04:05 Malheureusement, en 1993, ça fait quelques années qu'il n'y a pas eu d'autres victoires, que ce soit de l'OM ou d'autres clubs.
04:13 Non, je ne suis pas contre ça.
04:16 S'il y avait eu d'autres victoires ou s'il y a d'autres victoires, ce sont des victoires qui s'accumulent.
04:23 C'est comme celle de 1998, elle n'est pas en opposition à celle de 2018.
04:27 Vous ne c'est toujours à jamais le premier ?
04:30 Peut-être pas, j'ai commencé très tôt.
04:33 Là, en l'occurrence, oui, sur ces deux victoires-là, que ce soit en 1993 et en 1998,
04:40 même si j'ai eu l'immense bonheur de gagner de nouveau la Ligue des Champions, après avec la Juventus de Turin.
04:48 Mais j'ai perdu pas mal de finales aussi, malheureusement.
04:51 Le sacre contre l'OM a 30 ans, un petit peu plus.
04:55 Qu'est-ce que ça a changé au moment où vous rentrez à Marseille ?
05:00 C'est le Sud, avec cette ambiance de folie, d'être sur le toit de l'Europe.
05:07 C'était démesuré, bien évidemment.
05:11 Avec la folie qui s'est emparée de toute la ville, ça a duré plusieurs jours, plusieurs semaines.
05:17 Notre retour au stade Vélodrome, ça a été quelque chose de fabuleux.
05:21 Je me rappelle encore, on était en approche, il y avait énormément de gens dehors.
05:26 Je me demandais pourquoi ils n'étaient pas rentrés dans le stade.
05:29 Le problème, c'est que le stade était déjà plein.
05:32 Déjà quand on avait atterri à Marignane, il y avait du monde partout, perchés sur les lampadaires.
05:38 La démesure, comme dans toutes les villes du Sud, dans tous les pays, en Italie c'est pareil,
05:44 quand il y a eu du succès du côté de Naples.
05:47 À Marseille, c'est fabuleux, quand on gagne.
05:50 Quand on ne gagne pas, c'est plus compliqué.
05:52 C'est inversement proportionnel ?
05:54 C'est la girouette avec le Mistral, on passe d'une extrême à l'autre très rapidement.
05:59 L'action à la haine.
06:01 Si je vous demande deux souvenirs, le meilleur souvenir de cette compétition en 1993 et le pire, ce serait quoi ?
06:07 Le meilleur, évidemment, c'est quand on est à Munich,
06:11 et de soulever cette Coupe d'Europe aux grandes oreilles, comme on l'appelait.
06:16 Parce que ça matérialise tout ce qu'on voulait faire, l'objectif de notre président Bernard Tapie,
06:24 le désir très fort aussi de tous les supporters marseillais.
06:32 Le pire, je pense que dans cette année-là, c'est une défaite à domicile contre Nantes.
06:44 Ça ne nous arrivait pas souvent de perdre.
06:48 On était restés assez longuement dans le vestiaire,
06:52 et là Bernard Tapie avait été plutôt agressif par rapport à cette défaite.
07:00 Marseille est en lice cette saison en Ligue Europa.
07:03 Est-ce que le coach Gattuso peut emmener son équipe jusqu'au bout ?
07:07 Est-ce que vous pensez que ça peut être une bonne saison pour l'OM ?
07:09 Oui, pourquoi pas. C'est tout le mal que je lui souhaite.
07:13 Tout dépendra de ses joueurs.
07:15 Quand vous êtes coach, je ne veux pas minimiser l'importance d'un coach,
07:20 mais ça en va à tous les joueurs.
07:22 La première victoire, c'est le mérite des joueurs.
07:25 Le coach, après l'entraîneur, en bénéficie aussi.
07:31 Mais la route est longue et périlleuse.
07:35 Forcément, jouer la Ligue des Champions, ça prend beaucoup d'énergie.
07:39 Je pense que jouer les autres Coupes d'Europe, c'est-à-dire le jeudi,
07:43 c'est encore plus problématique, surtout avec les matchs le week-end d'après.
07:49 J'ai connu ça à Marseille, c'est très difficile cet enchaînement.
07:54 Vous soulèverez une autre Ligue des Champions avec la Juve en 1996.
07:58 Qu'est-ce que ça avait comme saveur différente, cette deuxième Ligue des Champions ?
08:04 Beaucoup de différences.
08:06 Il y avait une normalité. Non pas qu'on ne l'ait pas fêtée et qu'on ne l'a pas appréciée.
08:11 Quand vous êtes à la Juve, même si ça remontait,
08:14 malheureusement la dernière victoire c'était lorsqu'il y avait les incidents au Ezel.
08:19 Je ne sais pas si c'est le fait de jouer chez nous puisqu'on jouait à Rome,
08:24 mais c'était une normale logique qu'on soit champion d'Europe.
08:29 Nous, on se rendait bien compte de ce qu'on réalisait,
08:33 c'est une institution, il y avait tellement de titres et une histoire derrière.
08:39 C'était notre devoir de l'être.
08:42 Je dirais que le terme est une forme de normalité,
08:46 alors que ça ne doit pas être quelque chose de...
08:48 C'est exceptionnel.
08:49 Oui, mais bon...
08:50 Des joueurs qui rêvent toute leur vie de remporter la Ligue des Champions.
08:53 Oui, et puis on a eu l'occasion les deux années d'après d'y être aussi en finale
08:56 et de ne pas la regagner puisqu'on l'a perdue en 1997 et 1998.
09:00 Cette année 1996, vous gagnez contre la JAC-SAM,
09:03 tenant du titre au tir au but.
09:05 Vous n'avez pas tiré.
09:06 Non.
09:07 Vous auriez aimé ?
09:08 Non, non, non.
09:09 Enfin, si j'avais été obligé, mais il y en a d'autres qui sont...
09:12 Des sports volontaires ?
09:13 Vous ne prétendez pas ?
09:14 90 minutes plus 30 minutes, les jambes elles sont fatiguées.
09:18 Non, je n'aime pas cet exercice-là.
09:20 C'est un exercice très particulier.
09:22 Est-ce qu'aujourd'hui, en tant que sélectionneur,
09:24 vous mettez un point d'honneur à le travailler ?
09:26 Ça, on m'a posé souvent la question.
09:28 Mais vous le travaillez, pourquoi pas ?
09:30 À l'entraînement, il n'y a personne...
09:31 Est-ce que ça se travaille ?
09:32 Ça peut.
09:33 Ça peut, mais vous n'arriverez jamais à recréer les conditions dans un match.
09:39 Et l'importance d'un match, si c'est une finale,
09:42 le côté émotionnel, le fait du public,
09:44 le fait si vous tirez premier, deuxième, troisième, quatrième ou cinquième,
09:48 si vous avez pénalty d'avance ou de retard.
09:52 Donc, après, le geste en lui-même.
09:55 À l'entraînement, j'en ai tiré. J'ai jamais raté à l'entraînement.
09:58 En match, je n'ai pas tiré. Il y en a qui se sentent.
10:01 Après, c'est des choix.
10:02 Et puis, même entre ce que vous pouvez prévoir
10:05 et la dernière finale, série de tirs au but,
10:10 entre ceux qui étaient prévus de la tirer et ceux qui l'ont tiré,
10:13 ils n'étaient plus sur le terrain.
10:15 Comme quoi, si on prend les cinq meilleurs tireurs et ils s'entraînent,
10:19 après, d'en tirer un, deux, trois, quatre...
10:22 Pourquoi pas ?
10:23 Je ne suis pas persuadu que ça amène grand-chose,
10:26 mais c'est comme mon avis.
10:27 C'est pour ça que je ne fais pas des séances spécifiques de pénalty.
10:31 Ça n'a pas arrivé en fin de séance que les offensifs restent,
10:35 qu'ils peuvent tirer des coups francs, des pénalty,
10:37 mais je ne fais pas des séances que pour tirer des pénalty.
10:41 Quel serait votre favori pour remporter la Ligue des champions ?
10:44 Si vous prenez un 6-7 club, ils ont l'ambition légitime de pouvoir la gagner.
10:51 Il n'y en a qu'un qui la gagne, mais 7-8,
10:54 vous prenez entre les Espagnols, les Italiens, Paris, bien sûr,
11:01 les Allemands, vous retrouvez les mêmes équipes.
11:04 Eux, leur ambition, c'est d'être champions d'Europe.
11:06 Quand vous êtes quelqu'un de chanceux, je me dis si je dois me niser sur une équipe.
11:09 Oui, bien sûr, j'ai que de la chance.
11:11 J'aimerais bien me niser sur la bonne équipe.
11:14 La bonne équipe, je ne suis pas trop bon en pronostic.
11:17 Je ne suis pas entraîneur d'aucune de ces équipes,
11:20 je vous aurais dit la mienne, mais ce n'est pas possible.
11:24 Vous pensez que c'est une bonne saison pour le Paris Saint-Germain ?
11:27 Elle est longue encore, on est qu'au mois de novembre.
11:31 De toute façon, la Ligue des champions, il y a le championnat, bien évidemment,
11:34 qui est le fil conducteur, où le départ en termes de points a été moins bon
11:39 par rapport à ce qui se faisait.
11:41 Puis la Ligue des champions, il y a cette première phase,
11:43 et puis après, il faut être de nouveau au pic de forme en mars pour arriver jusqu'au bout.
11:50 Mais le calendrier est bien chargé aussi.
11:54 Ce n'est pas être tout le temps, il faut être performant dans la phase de poule
11:57 pour être qualifié.
11:59 Et puis après, il y a le tirage au sort qui peut avoir aussi son importance.
12:04 Mais Paris est armé et en candidat aussi à ce titre de championneur.
12:09 Didier, vous avez commencé votre carrière à Bayonne.
12:11 C'est plutôt une terre de rugby.
12:13 Oui, mais on joue au foot aussi.
12:15 On joue au foot aussi.
12:17 Qui vous met vraiment cet amour du sport ?
12:20 C'est moi.
12:21 C'est vous ?
12:22 Ah non, je n'avais pas une famille de sportifs.
12:25 Si, mon papa était sportif, mais il jouait au rugby.
12:28 Il jouait au biarritz olympique en plus, qui est l'ennemi.
12:31 Non, moi, j'avais cette passion, je touchais un peu à tous les sports d'ailleurs,
12:35 mais par-dessus tout, le foot.
12:37 Et puis, j'ai pris ma première licence tardivement, puisque j'avais 12 ans.
12:42 C'était pour suivre mon meilleur ami.
12:45 J'étais à l'Aviron Bayonne, qui est un club omnisport.
12:48 Il y avait rugby, mais il y avait foot.
12:50 Mais sans idée de devenir footballeur professionnel.
12:53 Ce n'était pas dans mon esprit.
12:55 Vous vous faites remarquer par le FC Nantes,
12:57 qui a le meilleur centre de formation à l'époque.
13:00 Est-ce que vous vous êtes...
13:01 Un des meilleurs, parce que vous avez l'air d'être certain.
13:03 J'ai été sollicité par 8-9 clubs de première division, comme on disait à l'époque.
13:10 1 sur 2 donc ?
13:13 Oui, à peu près.
13:15 C'est énorme à 14 ans.
13:17 J'ai fait le fait d'être dans les sélections districts, sélections de ligues,
13:24 avec des compétitions.
13:25 Vous avez déjà les recruteurs qui sont là.
13:27 Mais j'avais surtout Bordeaux, qui me voulait absolument,
13:30 puisque c'était le club qui était le plus près de Bayonne.
13:32 Mais du coup, vous choisissez Nantes.
13:34 Oui, ça c'est moi qui ai choisi.
13:35 Mes parents m'ont laissé choisir.
13:37 Pourquoi vous avez choisi Nantes ?
13:38 Est-ce que vous vous êtes vite fait à cette vie nantaise ?
13:41 J'ai choisi Nantes parce que...
13:44 De part déjà les infrastructures,
13:48 qui étaient remarquables en ce temps-là,
13:51 elles le sont toujours d'ailleurs.
13:53 Et puis il y avait cette possibilité,
13:55 à partir du moment où j'ai choisi de rentrer en centre de formation,
13:58 c'est pour aller jusqu'à devenir professionnel,
14:01 il y avait un peu plus de possibilités,
14:03 parce qu'à Nantes, ils faisaient confiance à la formation.
14:07 Donc c'est surtout ça qui m'a amené à changer à Nantes.
14:12 Et parallèlement, on m'offrait la possibilité,
14:15 parce que je ne voulais pas arrêter mes études
14:17 et de pouvoir poursuivre mes études consensueusement.
14:23 Vous avez fait des études jusqu'où ?
14:25 Jusqu'au bac, mais je n'ai pas pu le passer,
14:27 parce que malheureusement déjà mon année de seconde s'est bien passée.
14:32 J'étais en première et j'ai déjà intégré le groupe au professionnel,
14:36 donc ça devenait compliqué avec les entraînements, les matchs, les stages.
14:41 Et puis après en terminale, je jouais,
14:43 donc j'ai forcément décroché, malheureusement.
14:48 Malheureusement quand même.
14:51 Oui, c'était un choix sûr.
14:53 On m'a bien fait sentir du côté de Nantes qu'ils m'avaient pris,
14:57 ce n'est pas pour être bachelier, mais pour être secondaire.
15:00 L'un n'empêche pas l'autre.
15:02 Et pourtant, je passais pas mal de temps,
15:05 mais c'était incompatible sincèrement de pouvoir suivre les deux avec le rythme,
15:11 plus les stages avec les équipes de France de jeunes.
15:16 La tête, elle n'avait pas la capacité à pouvoir suivre les deux.
15:21 Est-ce que déjà là-bas, vous aviez un caractère de leader ?
15:25 Je l'avais avant.
15:27 Et puis toujours ?
15:29 Après, moi j'ai une position là-dessus,
15:33 je pense que le leadership, vous naissez avec ou pas, ça se développe,
15:38 mais il y a trois possibilités,
15:42 vous êtes un leader ou vous êtes un suiveur ou vous êtes quelqu'un de neutre.
15:46 Et ça se fait pas en claquant des doigts,
15:48 celui qui a un caractère de suiveur, il va pas être leader du jour au lendemain.
15:54 Que ça puisse se développer après, de par l'expérience de vie,
15:59 c'est surtout quand on est vraiment jeune,
16:02 même avant l'adolescence, après l'adolescence.
16:06 Et voilà, je pense qu'on l'a déjà quand même en soi.
16:12 À Nantes, vous êtes un grand capitaine, à Marseille également.
16:16 Vous vous êtes intégré facilement à une équipe de stars,
16:19 dans laquelle on trouvait des papins, Francescolli.
16:22 Ça a été compliqué, déjà, vous m'avez posé la question, je n'ai pas répondu,
16:25 de passer de ma campagne Pays Basque à Nantes, la ville un peu bourgeoise,
16:32 ça n'a pas été évident, puis j'étais loin de ma famille,
16:36 j'étais à 600 kilomètres, dans ma chambre,
16:40 dans un centre de formation où vous êtes avec une vingtaine d'autres joueurs
16:45 qui sont plus âgés que vous, parce qu'ils peuvent avoir...
16:47 Moi, je suis arrivé, je n'avais même pas 15 ans,
16:49 j'étais avec certains qui avaient 17, 18 ans,
16:52 et comme Robert Buzynski, le directeur sportif à l'époque,
16:56 en avait tellement dit sur moi, me l'ont fait un peu payer au départ.
17:01 Après, ils se sont rendu compte que j'étais quelqu'un de normal,
17:03 mais bon, on a tellement rabâché les oreilles,
17:06 il y a des chances ci, des chances là, moi je suis arrivé,
17:08 je n'ai pas compris ce qui me tombait dessus,
17:11 mais bon, ça fait partie de l'apprentissage et de la vie d'un centre de formation,
17:17 et la bascule, elle a été aussi difficile, de Nantes à Marseille,
17:22 avec des exigences encore plus élevées, parce que je n'étais pas préparé à ça,
17:27 je ne voulais pas spécialement partir au départ, après je n'ai pas eu le choix, puisque...
17:32 - De Marseille à Jules, c'était plus simple ?
17:35 - Oui, même si c'était encore...
17:37 Mais Marseille, ça m'a préparé aux exigences de la GUE,
17:42 mais j'ai eu moins de problèmes de...
17:45 Bon, je gagnais en maturité aussi, et en expérience,
17:49 mais de Nantes à Marseille, oui, la bascule est importante.
17:55 Ce n'est pas tellement dans la vie sociale, c'était plus sur le terrain,
18:00 et notamment avec Bernard Tapie, qui me...
18:03 Voilà, j'avais du mal à me... Il m'impressionnait un peu trop,
18:07 j'avais du mal à me libérer, d'ailleurs c'est pour ça qu'il m'a envoyé gentiment
18:12 faire mes études à Bordeaux pour me remettre,
18:15 et que j'ai assisté pour revenir, après j'ai passé le cap,
18:19 mais c'était compliqué.
18:22 - Est-ce que c'est votre plus belle aventure de joueur Marseille ?
18:26 - C'est difficile, toutes les aventures,
18:29 et à jamais reconnaissant au FC Nantes tout ce qu'ils m'ont apporté humainement,
18:34 et me préparer au monde professionnel.
18:37 Marseille, parce qu'il y a eu le succès,
18:40 voilà, après il y a un autre endroit où,
18:44 voilà, à la Juventus de Turin, où là,
18:47 je me suis retrouvé dans un environnement que je voulais.
18:51 Réellement, au quotidien, ce que j'attendais, j'ai tout trouvé là-bas.
18:55 C'est la gagne, il n'y a que ça qui compte.
18:58 Ce que je vous ai dit sur Marseille, en te faisant un match nul et perdre,
19:02 là-bas c'était la même chose, voire encore au-dessus,
19:06 mais ce qui n'empêchait pas d'avoir des relations humaines
19:10 à travers les titres, tous les titres qu'on a pu gagner.
19:13 Je me souviens de moments, notamment au moment des fêtes de Noël
19:18 pour les familles et les enfants des joueurs, c'était fabuleux.
19:23 Mais après, là-bas, c'est bien simple.
19:26 Ça doit être toujours le cas, mais ce n'est pas le seul club, il y en a d'autres.
19:31 Les gens font tout pour que vous soyez dans les meilleures conditions.
19:35 Vous ne pouvez pas arriver le week-end pour le match et dire
19:38 "oui, mais cette semaine j'ai eu un problème avec mon fils,
19:41 j'ai eu la machine à laver" ou quoi que ce soit.
19:43 Si vous n'êtes pas bon, c'est de votre faute.
19:46 Vous avez quoi que ce soit, quoi que ce soit,
19:49 n'importe quel jour, n'importe quelle heure,
19:51 il y a une personne qui est là pour vous résoudre le problème.
19:54 - Quand vous prenez votre retraite, est-ce que vous avez déjà dessiné
19:57 depuis de longs mois ou de longues années ?
20:00 Vous savez que vous allez être coach ?
20:02 - Non, je n'avais pas prévu ça.
20:04 J'avais prévu d'arrêter parce que mon corps,
20:06 même s'il me restait une année de contrat à Valence, en Espagne,
20:12 mais bon, mon corps, j'avais des signaux,
20:15 je devais commencer très tôt.
20:17 Continuer pour continuer, ça n'avait pas de sens.
20:19 Donc, j'avais décidé d'arrêter.
20:21 J'étais parti pour profiter un petit peu.
20:24 J'avais pris des engagements avec un média qui suivait le football à l'époque.
20:28 - C'est vrai que vous avez été consultant ?
20:30 - Je devais l'être pour Canapis.
20:32 À cette époque-là, j'avais signé un contrat
20:34 et puis j'ai eu la sollicitation ici du président Campora.
20:39 Donc, ça m'a mené à réfléchir rapidement
20:43 parce que ça devait être au mois d'avril, mai.
20:47 Et puis, voilà, j'ai basculé.
20:49 Je savais que j'avais à l'idée d'y venir, mais pas aussitôt.
20:53 Et puis bon, voilà, le train passe.
20:55 Je me suis dit, allez, je vais monter dans le train quand même.
20:58 - Je ne vais pas parler de chance, on est d'accord ?
21:00 - Oui ou non, ça fait partie.
21:02 Bon, après, il n'y a pas que ça non plus.
21:04 - On parle beaucoup de chance, mais vous créez en fait tous ces moments-là ?
21:07 - La chance, ça fait partie.
21:09 Après, le résumé qu'a la chance, oui, on peut l'avoir une fois.
21:12 Quand ça se répète plusieurs fois, voilà.
21:14 Après, ce n'est pas minimisé.
21:16 À un moment, quand on est dans le sport de haut niveau,
21:19 ça tient tellement à peu de choses.
21:21 C'est de tout faire pour que ça bascule du bon côté.
21:24 Et quand ça bascule du bon côté, tant mieux.
21:28 Mais c'est tout ce qui est fait avant pour arriver à cette bonne bascule.
21:33 - Didier, ne bougez pas.
21:34 Dans un instant, la suite de ce salon VIP de Champions reste avec nous sur BeinSport.
21:39 [Musique]
21:54 Merci d'être avec nous sur BeinSport.
21:56 C'est la suite de votre salon VIP de Champions exceptionnel
21:59 puisque nous avons la chance d'être avec Didier Deschamps.
22:02 - Le plaisir, la chance, on l'oublie en tout cas.
22:04 - Je vais refaire alors.
22:05 - Nous avons le plaisir d'être avec Didier Deschamps,
22:11 sélectionneur, carrière de joueur incroyable.
22:14 Mais Didier, est-ce qu'on vous connaît vraiment ?
22:18 - Non.
22:19 - Non, mais Clara, oui. Le portrait.
22:21 [Musique]
22:24 Didier, vous êtes un enfant de Bayonne.
22:26 Vos parents sont des gens aimants.
22:27 Ils vous laissent piquer vos colères lorsque vous perdez.
22:30 On dit cabourudes chez vous, c'est ça ?
22:31 - C'est un peu ce que vous étiez.
22:33 - Ah, totalement.
22:34 Peu importe le jeu, vous voulez le trophée.
22:36 Vous êtes doué dans de nombreuses disciplines.
22:38 À Saint-Médard-en-Jaille, vous décrochez le titre
22:40 de champion de France d'athlétisme du 1000 mètres.
22:43 Mais c'est le foot qui vous passionne.
22:45 À 14 ans, vous êtes déjà capitaine de l'équipe de France minime,
22:48 ce qui vous vaut votre première interview dans Pif Magazine.
22:52 Mais ça suffit pour attirer les grands clubs français.
22:55 Le président Claude Besse et Didier Kouikou,
22:57 le directeur sportif, débarquent chez vous en limousine-cigare.
23:00 Ils demandent à vos parents combien vous voulez
23:02 pour que votre fils intègre notre centre de formation.
23:05 Je précise que c'est Bordeaux.
23:07 Vous choisissez seul votre destination.
23:09 Vos parents vous laissent libre de ce choix.
23:11 Et ce sera Nantes.
23:12 Et quelques années plus tard,
23:13 vous avez un des plus beaux palmarès du foot français.
23:16 Et toujours la même rage de gagner,
23:18 vous débutez la journée par une heure de gainage en statique.
23:21 Alors moi...
23:22 - Une heure ?
23:23 - Oui.
23:24 Moi, je me suis dit que c'était une légende.
23:25 Mais c'est vrai.
23:26 - On n'a pas le temps, mais je suis pas...
23:28 - Mais pourquoi une heure ?
23:29 - Mais pourquoi pas ?
23:30 Mais je m'arrête parce que...
23:31 - Mais comment vous faites, une heure ?
23:33 - Ça va, ça passe. J'ai de la musique.
23:35 - Il paraît que c'est les 10 minutes les plus dures.
23:38 - Les 10 premières, oui.
23:40 - Comment vous faites déjà pour arriver à 10 minutes ?
23:42 Parce que nous, on fait quoi ? 4 ?
23:43 - Non, mais je vous rassure, quand j'étais joueur,
23:45 je faisais 2 minutes, 2 minutes 30.
23:47 - Je fais 14 minutes, mais je bouge.
23:49 - Non, moi, je bouge pas.
23:50 - Bah, faut faire tous les côtés.
23:52 - Non, non, mais c'est devant.
23:53 Après, je m'achève.
23:54 Je fais 5 minutes, 5 minutes sur les obliques.
23:56 - Donc, une heure face, et après 5 minutes sur les obliques.
23:59 Mais ça fait tellement mal.
24:00 - Oui, mais...
24:01 - C'est le secret, donc. Bah, voilà.
24:03 - Ouais, le secret.
24:04 Ça verrouille bien le dos et les abdos.
24:06 Mais c'est Alexé, je le reconnais, mais bon...
24:08 Et je m'arrête parce que...
24:10 - Y a autre chose à faire, quoi.
24:11 - Je sais pas, je suis fatigué, mais bon, au bout d'un moment...
24:13 J'ai fini la discussion avec toutes les personnes que j'ai dans ma tête.
24:16 - Vous, vous arrêtez parce qu'ensuite, vous cherchez une proie pour le paddle.
24:19 Vous avez un terrain chez vous,
24:21 et vous recevez volontiers un copain prêt à en découdre.
24:23 Alors, votre adversaire préféré, c'est certainement votre fils Dylan.
24:27 Il joue bien, mais non, vous le battez.
24:29 Cyril Hanouna a pris sa rouste aussi.
24:31 Vous êtes également imbattable au jeu en ligne.
24:34 Vous êtes d'accord, vous jouez en ligne ?
24:36 - Oui, enfin... - Au paddle, etc.
24:37 - Un peu. - Si, si, si.
24:39 Et vous savez, c'est un peu, quand même...
24:41 - Limite. - Ça fait parler.
24:43 - Sauf quoi ? - Vous allez voir.
24:45 - Nathalie...
24:47 Nathalie, qu'est-ce que tu fais ?
24:49 - Chut.
24:50 - Nathalie, on est en plein boulot, là.
24:52 Regarde, y a Stomy Bugsy qui est là, y a tout.
24:55 Qu'est-ce que tu fais, Nathalie ?
24:56 - Je suis déconcentrée.
24:57 - Quoi ? Dis-moi, qu'est-ce que tu fais ?
24:58 - Je fais un ruzzle. - Ruzzle.
25:00 - J'ai encore peur.
25:01 - Comment ça, t'es déconcentrée ?
25:02 Bon, tu vas lui mettre une pâtée, à lui ?
25:04 - Non, non, elle gagne pas.
25:05 - On est en plein tournage, et l'autre, elle fait un ruzzle avec Didier Deschamps.
25:09 Mais c'est quoi, ce délire ?
25:10 Nathalie, s'il te plaît, moteur.
25:12 Stomy, s'il te plaît.
25:13 - C'est vrai. - C'est la réa, et elle peut rien faire.
25:16 On attend, quand même, on attend qu'elle finisse son ruzzle avec Didier, quand même,
25:20 pour que...
25:21 Pour que ça tourne.
25:23 Je trouve ça complètement dingue.
25:24 Bon, ben, on va demander le moteur, on va demander le moteur, tant pis.
25:28 Didier, ça suffit maintenant.
25:30 - Elle ne te gagne pas une partie.
25:34 - Si.
25:35 - C'est très rare.
25:36 - Rarement.
25:37 - Votre invincibilité se complique au poker.
25:40 Vous organisez des tournois à la maison, et là, il y a toujours le même vainqueur,
25:44 et ce n'est pas vous.
25:45 Allez-y, prononcez le nom du vainqueur.
25:48 - Il ne gagne pas tout le temps, mais il joue sans arrêt.
25:51 - Mais c'est qui ? Dites-le.
25:52 - Ça va vous faire mal, mais dites-le.
25:54 - Non, non, il joue très bien.
25:55 Mais d'habitude, il fait des tournois.
25:57 Moi, je ne fais pas des tournois et tout ça.
25:58 Là, c'est juste avec mon fils et ses copains.
26:01 - Effectivement, c'est la chaîne entre vos proches.
26:02 - Oui, tout à fait.
26:03 Mais il joue très bien, quoi.
26:04 Tant mieux.
26:06 - Vous êtes déprimé, ça lui arrive ?
26:07 - Ça m'arrive.
26:08 Mais je gagne aussi, quand il n'est pas là.
26:10 - Franchement, je ne sais pas.
26:11 - D'ailleurs, je ne l'invite plus.
26:12 Et je fais avec les copains...
26:13 - Il traîne par là.
26:14 - Avec le copain de mon fils, comme ça, j'ai un peu plus de possibilités.
26:18 - Personnellement, je préfère que vous perdiez au poker et que vous gagniez en foot.
26:21 - Oui, mais les deux ne sont pas incompatibles.
26:23 - Non, mais...
26:24 - C'est pas qui t'a choisi.
26:25 - Oui, bien sûr, c'est qui doit choisir, oui.
26:27 - Alors, on a parlé de votre carrière, Didier,
26:29 mais en parallèle du club, vous brillez avec l'équipe de France,
26:32 champion du monde 98, champion d'Europe.
26:35 Ce maillot, c'est le maillot qui vous a apporté le plus d'émotion dans votre carrière.
26:40 - C'est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma carrière professionnelle.
26:43 D'être... Voilà, de porter ce maillot pendant plus de 10 ans en tant que joueur.
26:49 Évidemment, d'avoir connu ces deux succès en 98 et en 2000,
26:55 mais il faut pas oublier qu'au départ, les deux premières Coupes du monde,
27:00 j'étais à la maison, je regardais devant la télé.
27:03 On l'oublie, là, on se moquait des Italiens qui sont éliminés deux fois de suite
27:07 pour les deux Coupes du monde, mais ça nous est arrivé à nous aussi.
27:10 Ça s'est mieux terminé, heureusement, avec cet enchaînement,
27:15 avec 98 et 2000, champion du monde et champion d'Europe.
27:18 - J'allais y venir, le petit point noir du Mondial 94 aux Etats-Unis.
27:22 Vous allez pouvoir vous rattraper en 2026 avec le Mondial Etats-Unis-Mexique-Canada ?
27:27 - Ça n'a rien à voir. On ne peut pas se rattraper d'être vice-champion du monde
27:31 de la dernière Coupe du monde et d'être battu au pénalty
27:35 entre être éliminé et ne pas participer à une Coupe du monde.
27:40 C'est le jour et la nuit, mais on ne peut pas se rattraper.
27:44 Il n'y a pas de revanche dans le sport et dans le football, encore moins.
27:48 Il y a des opportunités quand on joue une finale, quelle qu'elle soit,
27:51 avec les clubs ou avec l'équipe nationale.
27:53 L'équipe nationale, il y en a moins, bien évidemment,
27:56 mais c'est d'avoir un trophée en plus.
27:59 Et quand on gagne, on n'est pas rassasié.
28:02 Ça donne encore plus envie de gagner et d'avoir de nouveaux objectifs devant nous.
28:08 - Vous allez nous donner des belles émotions pour l'Euro 2024 ?
28:12 - On va planifier tout ça, mais je sais bien que l'attente est toujours aussi importante.
28:20 La barre a été placée très haute.
28:24 Dans le succès, le succès gomme tout, il efface tout.
28:27 Mais quand il y a un échec, on ressort des détails qui n'ont aucune importance.
28:32 C'est pour ça que je me suis permis de dire que j'ai connu le succès en 1998,
28:36 je l'ai connu en 2018 avec une autre génération.
28:39 Tout n'était pas rose pour autant.
28:41 Mais à partir du moment où il y a le titre, tout passe.
28:45 - Si on fait un petit point, championnat d'Europe qui va arriver dans les favoris,
28:49 d'après les experts, ce que je ne suis pas,
28:51 il y a l'équipe d'Angleterre qui serait la plus redoutable.
28:54 Vous êtes d'accord ?
28:55 - On les a rencontrés déjà la Coupe du monde.
28:57 Ils ont une très belle génération et qui gagne un expérience.
29:03 C'est très solide.
29:06 - La plus inquiétante serait celle d'Allemagne parce qu'elle reçoit ?
29:09 - Je ne sais pas si c'est inquiétant.
29:11 Ils ont une obligation.
29:12 Quand vous êtes pays organisateur, pour que ce soit un championnat d'Europe réussi,
29:16 on a connu ça.
29:18 Au moins être dans le dernier carré, voire un peu plus.
29:21 Qualitativement, cette équipe d'Allemagne a tout ce qu'il faut.
29:24 Est-ce qu'ils y arriveront ?
29:26 Si ils y arrivent et que nous on y est, c'est bon signe.
29:29 - La France sera en finale contre qui ?
29:32 - Vous m'en demandez.
29:34 Déjà, qu'on soit en finale, ce serait déjà très bien.
29:37 - Vous avez vu comment j'ai des belles ambitions pour l'équipe de France.
29:40 - Exigence, ce n'est plus de l'ambition.
29:43 On est qualifié, c'est normal.
29:45 On va au championnat d'Europe, on ne fait pas les matchs de poules.
29:47 On est déjà en finale.
29:48 - Vous avez très mal habitué, Claire.
29:50 - Oui, on a très mal.
29:51 Je sais, je disais ça à mes joueurs.
29:55 Pour faire une confidence, j'ai eu l'occasion de parler avec Fabien Gartier.
30:00 Je lui ai dit que c'était de sa faute et de la faute de ses joueurs.
30:03 Ils ont tellement passé la barre très haute que tout le monde les entendait.
30:09 Malheureusement, ça ne s'est pas joué à beaucoup de choses.
30:12 Mais ça s'est arrêté en quart de finale.
30:15 C'est toujours de ma faute, de toute façon.
30:17 Donc, ça va, je vis bien avec.
30:19 - Quand on gagne, c'est grâce à vous ?
30:21 - Non, c'est le mérite des joueurs.
30:22 Ça, il ne faut jamais l'oublier.
30:24 - Est-ce qu'on pourrait y voir Warren Zahiri-Emery ?
30:26 - Oui, oui, oui.
30:27 C'est une forte probabilité.
30:29 Il y a un vivier qui est très important.
30:32 Je ne vais pas me plaindre de ça.
30:34 Là, je suis chanceux, par contre, d'avoir autant de joueurs de très haut niveau à disposition.
30:39 Ils arrivent jeunes, très jeunes.
30:42 Mais j'aime bien les jeunes.
30:43 Je les ai toujours bien aimés.
30:44 C'est la date de naissance qui va me faire ne pas les prendre et attendre qu'ils arrivent à maturité.
30:50 Aujourd'hui, ils sont déjà prêts, puisqu'ils sont dans les plus grandes clubs.
30:53 - Donc, ça veut dire qu'on pourrait voir Kylian Mbappé et Zahiri-Emery faire l'Euro et les Jeux ?
30:59 - Ça, ce n'est pas de mon ressort.
31:01 Et personne ne pourra vous donner une réponse aujourd'hui.
31:06 Au-delà de l'envie que peuvent avoir les joueurs.
31:09 Et de tout faire, que ce soit Thierry Henry, le président de la fédération, M. Diallo, la sphère politique, les seuls décideurs, ce seront les clubs.
31:23 - On a parlé beaucoup des victoires et des réussites.
31:26 - Parlez-moi des défaites, un peu.
31:28 - Juste pour savoir si la dernière défaite en finale de la Coupe du monde, est-ce qu'elle vous hante ?
31:33 - Non.
31:35 Ça fait mal, mais ça passe.
31:39 Parce que je ne peux rien y faire.
31:41 On peut tourner dans tous les sens.
31:43 Ça ne changera pas ce qui s'est passé.
31:46 Donc, j'ai une capacité à basculer encore plus rapidement que je le faisais.
31:51 - Ça vous remotive ?
31:53 - Ce n'est pas que ça me remotive.
31:56 Il faut l'accepter.
31:57 Ça fait mal, ça fait très mal.
31:59 Parce que ça ne joue pas à grand-chose.
32:02 Mais c'est ça le haut niveau.
32:04 C'est ce qui est important, le moteur.
32:06 C'est ce qu'il y a devant.
32:08 Si je n'ai pas ce moteur-là, si je n'ai pas la même énergie, la même passion,
32:12 si c'est diminué, ça n'a pas de sens.
32:16 Je ne continuerai pas pour continuer.
32:18 - Vous êtes en contrat jusqu'en 2026.
32:20 Est-ce que vous savez déjà ce que vous ferez après ?
32:22 - Ouh là ! Non, non.
32:24 Quand on est entraîneur ou sélectionneur, déjà il y a 6 ans, il y a 8 ans, vous m'aurez demandé.
32:29 Si je suis là, avant tout, c'est de parler des résultats que l'équipe de France a obtenus.
32:36 Je ne sais pas.
32:37 Mais je ferai quelque chose qui sera très bien.
32:41 - On ne vous doute pas.
32:43 - Oui, oui, oui.
32:44 Je ne me préoccupe pas.
32:45 Je n'ai pas ce souci-là.
32:46 Dieu merci, mais au football, j'ai cette liberté-là de pouvoir choisir.
32:51 Mais je ferai peut-être autre chose.
32:53 - Vous n'êtes pas tout seul aujourd'hui avec nous dans ce salon VIP de Champions.
32:57 On a de la chance.
32:58 - Ah, encore ?
32:59 - Oui.
33:00 - Non, là, c'est un privilège.
33:02 - Oui.
33:03 - Il a rien à refaire aussi.
33:04 Vous n'êtes pas tout seul, Didier, dans ce salon VIP de Champions,
33:07 puisque nous avons le privilège d'avoir votre adjoint.
33:11 - Bonjour.
33:12 - Bonjour, Guy.
33:13 Merci beaucoup d'être là.
33:14 - Comment ça va ?
33:15 - Comment ça va ?
33:16 - Comment ça va ?
33:17 - Ah, c'est vrai, on avait sauté.
33:18 - Ça va, ça va.
33:19 - Il est là.
33:20 - Allez, assis-toi.
33:21 - On a plein de choses à vous demander.
33:23 Déjà, est-ce que vous avez le même souvenir de votre première rencontre ?
33:26 - Ah, oui.
33:27 Heureusement.
33:28 - Oui.
33:29 - En 2000 ?
33:30 - Oui.
33:31 - Ce que je me rappelle surtout, c'est une petite discussion,
33:36 peut-être qu'il ne s'en rappelle plus, le jour de la finale,
33:40 le matin de la finale.
33:41 Petite discussion qu'on avait eue ensemble.
33:43 - Une discussion sur quoi ?
33:45 - Sur tout et rien.
33:46 - Voilà.
33:47 - Oh, là, c'est la lampe de bois.
33:49 Didier sort de ce corps.
33:51 - Vous vous en souvenez de cette discussion ?
33:53 - Oui.
33:54 - Ça t'a suffi ?
33:55 - Oui.
33:56 - C'était sur tout et rien ?
33:57 - Sur tout et rien.
33:58 Sur rien et tout.
33:59 - Et est-ce que c'est cette discussion qui a fait que vous avez eu un coup de cœur pour lui ?
34:03 Vous avez dit tiens, je veux travailler avec lui.
34:05 - Non, à cette époque-là, moi, j'avais mes tenues joueurs et lui, il faisait partie du staff.
34:12 - Mais est-ce qu'après, ça vous est revenu et vous avez dit tiens ?
34:14 - Non, il y a eu du temps depuis 12 ans.
34:17 - Il y a eu des années ?
34:18 - Non, non.
34:19 - 2009.
34:20 - 2009.
34:21 - Le temps passé, c'était avec lui.
34:22 - Oui, mais on s'est revus en 2007-2008.
34:24 Quand Didier était consultant sur une chaîne concurrente.
34:27 - Oui.
34:28 - Voilà.
34:29 Pour le football français, moi, c'était pour le football anglais.
34:32 Et puis, il y a eu quelques échanges et donc la possibilité de travailler ensemble en 2009.
34:39 - Comme il était disponible, j'avais besoin de quelqu'un.
34:43 - Alors, est-ce que vous avez des petits surnoms ? Chacun l'un pour l'autre.
34:47 Ah, c'est oui du côté de Guy.
34:50 J'ai vu le sourire.
34:52 J'allais dire une bêtise.
34:54 Non, non, entre nous, non.
34:56 On ne va pas rentrer dans l'intimité.
34:59 - Ça veut dire que vous donnez des surnoms à des joueurs ?
35:02 - Ça, ça peut arriver.
35:03 Non, non, là, c'est pour nous-mêmes par rapport à notre vie privée.
35:06 On peut avoir des surnoms.
35:08 - Il n'y en a aucun qu'on peut connaître.
35:11 C'est secret ?
35:12 - Oui, non.
35:13 - C'est mignon ?
35:15 - Oui.
35:16 - Je ne me dis plus que ce sera horrible.
35:21 - Moi, on m'appelle Dark Vador.
35:23 - C'est sympa, non ?
35:25 - Est-ce que vous avez des accrochages, parfois ?
35:29 Peut-être pour des compositions, pour des après-entraînements ?
35:33 - Alors, ça fait 14 ans qu'on travaille ensemble.
35:35 Je ne me souviens pas d'un accrochage.
35:38 Je me souviens qu'on n'a pas été toujours d'accord.
35:42 - Et heureusement.
35:43 - Voilà, heureusement.
35:44 - Je ne voudrais pas qu'il y ait toujours "oui".
35:46 - Mais un accrochage, non.
35:48 Non, non.
35:49 Par contre, ce qui me semble important, c'est que quand on n'est pas d'accord,
35:54 que ça ne se voit pas parmi le groupe de joueurs.
35:58 - Et comment vous faites pour le faire changer d'avis, alors, du coup ?
36:00 - Je ne vais pas le changer, je réfléchis.
36:02 Après, il nourrit ma réflexion.
36:03 - J'argumente.
36:05 - Moi, j'ai mes arguments.
36:06 À un moment, je dois décider.
36:08 Puis, c'est ma responsabilité.
36:09 Après, Guy le sait.
36:11 C'est décidé, on n'y revient pas.
36:14 C'est comme ça.
36:15 On y va.
36:16 - Oui.
36:17 - Et des fois, il a de bons arguments.
36:19 - Quel est votre...
36:20 - Et en plus, comme je suis son aîné...
36:22 - Oui.
36:23 - Ah, ça joue.
36:24 Vous avez 12 ans d'écart.
36:25 - Non, non, non.
36:27 - Ça ne se voit pas.
36:28 - Si, si, si.
36:29 - Voilà.
36:30 - Quel est votre rituel le plus étonnant ?
36:32 - Oh, putain.
36:33 - Oh là là.
36:34 - On pense au même.
36:35 - Oh là là.
36:36 - Vous pensez au même.
36:37 C'est bon, on dirait les amours.
36:38 - Non, non.
36:39 Vous savez, on passe beaucoup, beaucoup de temps ensemble.
36:42 - Un peu plus quand on était à Marseille.
36:44 - Oui, encore plus.
36:45 - Parce que vous êtes en train de dévancer la question.
36:47 - On pense à la même chose.
36:48 - Je pensais que vous, en posant la question,
36:51 que vous pensiez à quelque chose.
36:53 - J'ai une idée.
36:54 Moi, je pense à quelque chose,
36:55 mais j'ai l'impression qu'on ne pense pas tous à la même chose.
36:57 - Ah bon ?
36:58 - Le rasage ?
36:59 - On va vous le dire.
37:00 - Rasage ?
37:01 Non, ce n'est pas rasage.
37:02 C'est coiffeur.
37:03 - Oui.
37:04 Oui, d'accord.
37:05 - Il me rase le crâne.
37:06 Il me rase le crâne le jour du match,
37:08 le jour du premier match quand on fait un rassemblement.
37:10 - Avec un petit massage ou pas ?
37:12 - Non, mais exagèrez.
37:13 Je me substitue à sa tendre et chère épouse,
37:16 enfin, voilà, qui ne peut pas le faire.
37:19 Donc, voilà.
37:20 - Qu'est-ce que vous ne vous avez jamais dit
37:22 et que vous aimeriez vous dire ?
37:24 - Je ne sais pas s'il y a quelque chose
37:28 qu'on ne s'est jamais dit et qu'on voudrait se le dire.
37:30 - C'est une question pour toi.
37:31 - On a tellement de choses encore à vivre ensemble.
37:34 On en attendra.
37:35 On se dit.
37:36 On a cette capacité à se dire les choses,
37:40 même si avec le temps,
37:43 on n'a pas besoin de se parler pour se comprendre
37:45 sur certains sujets.
37:47 C'est beau, là.
37:48 - Là, il a causé.
37:49 - Mais un regard, ça suffit.
37:50 Et je sais qu'il pense la même chose que moi.
37:52 - Il a causé, là.
37:53 - Ça va vite.
37:54 - Guy, si je vous demande la plus belle qualité de Didier ?
37:57 - La chance.
37:59 - Il a répondu pour moi.
38:02 - Elle me l'avait citée 50 fois en 45 minutes.
38:05 C'est mon prénom.
38:07 - Avant la chance, je mettrai la compétence.
38:10 - Merci.
38:11 - Même question pour vous.
38:13 - C'est comme Guy.
38:14 Le 1er mot.
38:15 Le fidèle à Joachim.
38:16 Je sais qu'il n'aime pas ça.
38:17 Fidélité, oui, heureusement.
38:18 - Mais en remis, la fidélité, c'est quoi, sa plus belle qualité ?
38:21 - Non, moi, je l'ai prise au-delà de son caractère,
38:24 de la relation humaine que nous avons,
38:26 où on passe de très, très bons moments.
38:29 C'est la compétence ajoutée.
38:31 Et ça, c'est important pour moi.
38:33 - Donc, vous avez la même qualité.
38:34 - Le pire défaut de Didier.
38:36 - Le pire défaut de Didier.
38:38 - Là, il y a une photo, là.
38:39 Je sais pas si tu t'en rappelles.
38:41 - Là, comment on dit, ça ?
38:43 - Je me suis assagi depuis...
38:45 Mais je t'en veux.
38:46 Tu m'as rien dit, encore.
38:47 Tu m'avais rien dit.
38:48 - C'est un super souvenir, quand même.
38:50 - Le pire défaut de Didier, Guy, ce serait quoi ?
38:53 - Je cherche.
38:54 Je cherche, je trouve pas.
38:57 - Il va être rembêté, Didier, parce que...
38:59 - Demandez-lui, je vais réfléchir entre-temps.
39:01 - Alors, Didier, le pire défaut de Guy ?
39:03 - Je pense que ça vient un peu de ses origines.
39:06 - Tais-tu ?
39:07 - Ouais.
39:08 Je suis gentil, des fois.
39:10 - Mais vous, vous savez quoi ?
39:12 - Je sais pas ce que...
39:14 Il a quelque chose, il a quelque chose.
39:17 - Ouais.
39:18 Toujours pas de défaut à Didier Deschamps.
39:20 - Ça va venir.
39:21 - Ça va venir ?
39:22 On se refait une émission plus tard, parce que...
39:24 - C'est fini, là.
39:25 - J'ai des passions.
39:26 - Il me connaît bien de ne pas arriver.
39:27 Et c'est pas par pudeur ou par gentillesse.
39:29 Il arrive pas à me trouver un défaut.
39:31 - Incroyable.
39:32 - Et oui, mon deuxième prénom, c'est Parfait.
39:34 - Ça fait beaucoup de prénoms.
39:37 Chance, Parfait.
39:38 - Didier, on l'a mis...
39:40 Il est plus à bon.
39:41 - Merci beaucoup, Didier, d'avoir été avec nous
39:43 dans ce salon VIP de Champions.
39:45 C'est exceptionnel.
39:46 Merci, Guy, d'être venu nous confier
39:48 quelques petites anecdotes.
39:49 Et merci à vous de nous avoir suivis sur BeinSport.
39:51 On se retrouve très vite pour une nouvelle émission
39:53 avec Clara, évidemment.
39:54 Ciao.
39:55 - Sous-titrage Société Radio-Canada
39:57 ...

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