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Éliane a 75 ans et elle a été endettée à 20 000€ après la crise sanitaire. Elle raconte les conséquences de son surendettement, qu'elle doit continuer à travailler à la retraite et comment elle s'en sort petit à petit grâce à l'association Crésus.

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Transcription
00:00 C'est pour ça que j'accepte de témoigner à visage découvert.
00:03 Ça me donne de l'émotion parce que je pense que c'est pour dépasser la peur du regard des autres.
00:09 Dépasser la honte, la culpabilité.
00:11 Oui.
00:14 Je vivais normalement sans trop dépenser,
00:19 mais je pouvais me payer des activités sportives, des petits week-ends, des vêtements.
00:24 J'adore les vêtements, ça allait.
00:26 Je me suis retrouvée en difficulté après le Covid
00:28 parce que j'ai perdu une grande partie de ma clientèle
00:32 qui ne voulait pas travailler en visioconférence.
00:35 Et ensuite, après le Covid, j'ai eu un piratage de ma carte bancaire
00:39 qui m'a mise en grande difficulté avec refus de la banque de me rembourser
00:44 pendant plusieurs mois et j'ai été remboursée au bout de sept ou huit mois d'un tiers.
00:49 Donc là, j'ai plongé littéralement dans l'endettement.
00:53 Votre dette, elle s'est élevée à combien ?
00:55 Un peu plus de 20 000 euros.
00:56 Comment on se rend compte qu'on n'y arrive plus ?
00:58 Quand on a du mal à payer son carburant, puis ses courses pour manger.
01:02 Alors moi, qui ai peur du manque en alimentation, c'était le comble.
01:05 Donc dès que je sentais que je n'avais plus beaucoup d'argent, j'achetais plein à manger.
01:09 Je devais faire attention à tout et surtout, j'étais tout le temps en train de négocier.
01:14 Est-ce que vous acceptez que je vous paye telle somme dans trois jours ?
01:18 Ou est-ce que vous acceptez de renégocier, comme pour ma voiture, de ne renégocier le prêt ?
01:23 Mais de renégociation en renégociation, ils sentent bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
01:27 J'ai toujours pensé que je pouvais me débrouiller toute seule,
01:30 que je pouvais m'en sortir,
01:34 que je faisais des actions pour essayer d'avoir plus de clientèle.
01:38 J'ai lâché le cabinet professionnel, je me suis mise à prendre des espaces de co-working.
01:45 J'ai vendu pas mal de choses, tous les meubles de mon cabinet,
01:48 plein de vêtements, plein de chaussures, pour survivre.
01:52 Ce n'est pas évident aussi de ne plus avoir de mutuelle
01:56 et également de faire une demande de mutuelle sociale.
01:59 C'est lourd, c'est difficile à accepter d'aller avec sa carte vitale
02:04 qui montre bien que vous faites partie des gens qui sont aidés par la société.
02:09 Je me repliais sur moi-même.
02:11 Déjà, j'évitais les sorties parce que je n'avais pas les moyens.
02:14 Et deuxièmement, je n'étais pas disponible à autre chose que ce que j'étais en train de vivre.
02:20 La tête dans comment je vais m'acheter ça, quand est-ce que je vais pouvoir payer ça.
02:25 Aussi, comment je vais rebondir.
02:27 Alors, ma famille était au courant, certains amis,
02:30 mais pas trop parce que ma famille, par exemple,
02:33 moi je me fais un point d'honneur, je ne veux pas que mes enfants me prennent en charge.
02:37 Ma fille est née, elle a trois enfants qui font des études,
02:40 je ne vais pas aller en plus dire "j'ai besoin d'argent à la fin du mois".
02:43 C'est impensable pour moi.
02:44 Et je tiens aussi à garder mon autonomie et donc, voilà, je me bouge.
02:49 Moi, je suis dans la logique de "je vais y arriver"
02:51 et à un moment donné, je suis obligée de me rendre à l'évidence.
02:54 En renégociant le prêt pour ma voiture,
02:57 j'ai eu affaire à une personne qui m'a indiqué l'association Cresus,
03:02 qui, l'association Cresus, m'a donné des informations,
03:05 m'a fait des propositions d'accompagnement que je n'ai pas tout de suite accepté
03:10 parce que j'étais toujours dans cette envie de m'en sortir toute seule.
03:14 Et petit à petit, je me suis rendue à l'évidence que je ne pouvais pas
03:18 et qu'en plus, en restant toute seule, je reste victime de moi-même.
03:23 Une fois que la procédure a été mise en route, tout est bloqué,
03:27 les créanciers reçoivent un courrier et...
03:31 j'ai pu souffler.
03:32 Le Cresus, il vous accompagne dans la procédure.
03:35 Après, c'est le tribunal qui va décider.
03:38 La décision du tribunal a été d'effacer le passif
03:43 et c'est une grosse libération, vraiment.
03:45 J'aurais dû le faire plus tôt.
03:46 Ma retraite me permet de payer mon loyer et les charges de ma location.
03:54 Mais après, je n'ai plus rien pour vivre.
03:55 J'ai pensé à déménager, mais ce n'est pas facile de trouver un appartement
03:59 si on n'a pas quelqu'un qui sert de caution.
04:02 Et ça, je n'ai pas envie de demander à mes enfants.
04:04 Et puis, le lieu où j'habite contribue à mon bien-être.
04:07 Je peux aller faire du kayak gratuitement, puisque j'ai mon canoë.
04:10 Je peux aller marcher dans la forêt, je peux aller faire du vélo sur la piste cyclable.
04:14 J'ai quelques clients en accompagnement coaching
04:18 et c'est ce qui me permet de vivre, de m'acheter à manger.
04:22 Je calcule maintenant un petit peu moins.
04:25 Je n'ai plus besoin de lutter contre la peur du manque et des appels de réclamation.
04:33 - Vous avez retrouvé votre vie d'avant ?
04:35 - Non, ça ne peut pas être comme avant.
04:37 Et je n'ai pas encore assez retrouvé de clientèle
04:41 pour me permettre de dire que j'ai une meilleure situation.
04:46 Je fais avec ce que j'ai, qui est minime, mais j'arrive à faire avec ce que j'ai.
04:50 Alors pour ça, je m'intéresse aux réseaux sociaux.
04:52 Je voudrais développer un accompagnement sur les réseaux sociaux, par exemple.
04:56 J'étudie ça de près.
04:58 - Ça vous va ce quotidien ?
05:00 - Pas tout à fait, mais on pourrait s'y habituer par contre.
05:02 C'est de la survie.
05:03 Je dois faire attention à tout, mais je n'ai plus ce poids.
05:07 Et c'est pour ça que j'accepte de témoigner à visage découvert.
05:11 Ça me donne de l'émotion parce que je pense que c'est pour dépasser
05:14 la peur du regard des autres, dépasser la honte, la culpabilité.
05:18 Oui, et vraiment transcender cette situation et dire
05:26 "Oui, je l'ai vécu et on peut en sortir, je suis en train d'en sortir là".
05:31 Et aussi pour dire à d'autres "Allez-y, faites-vous accompagner,
05:36 acceptez de demander de l'aide et acceptez d'être aidé".
05:39 *BIP*

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