Une formule de Gérard Collomb ressurgit après sa mort et le drame de Crépol

  • l’année dernière
"Aujourd'hui on vit côte à côte, et je crains que demain on vice face-à-face": cette formule de Gérard Collomb a été beaucoup utilisée lors des hommages à l'ancien ministre de l'Intérieur après son décès, notamment à droite et à l'extrême droite, qui ont fait le rapprochement avec le drame de Crépol.

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Transcription
00:00 -Vous êtes politique, Mathieu Croissando,
00:02 et vous revenez ce matin sur le décès de l'ancien ministre
00:04 de l'Intérieur, Gérard Collomb, et sur l'une des petites phrases
00:08 qu'il avait prononcées au moment de sa passation de pouvoir.
00:11 C'était en 2018, une phrase quasiment prémonitoire.
00:14 -La situation est très dégradée.
00:18 Et le terme de reconquête républicaine
00:22 prend dans ces quartiers tout son sens.
00:26 Il faut une vision d'ensemble
00:28 pour recréer de la mixité sociale.
00:32 Parce qu'aujourd'hui, on vit côte à côte.
00:35 Et je le dis toujours, moi, je crains que demain,
00:38 on vive face à face.
00:41 -Situation dégradée dans les quartiers.
00:43 -"On vit côte à côte, et je crains que demain,
00:46 "on vit face à face." Cette phrase a été beaucoup utilisée
00:50 lors des hommages rendus à Gérard Collomb ce week-end,
00:53 notamment à droite et à l'extrême droite,
00:55 qui en ont fait la prophétie de Gérard Collomb.
00:58 On peut le voir avec Marion Maréchal, Marine Le Pen,
01:01 Eric Zemmour, qui ont cité ces propos.
01:03 Ils ont fait le rapprochement avec le drame de Crépol,
01:06 comme si c'était l'illustration que De France vivait face à face.
01:10 C'est un concert de louanges postumes
01:12 qui ne manque pas de sel, pour ceux qui ont peu de mémoire,
01:16 quand on se souvient des procès en laxisme, en bénie
01:19 ou en angélisme, que les mêmes instruisaient
01:21 contre Gérard Collomb. Cette phrase a une histoire.
01:24 Elle fait partie des formules que Gérard Collomb utilisait
01:28 pour déterminer la fracturation de la société.
01:30 Elle ne date pas de 2018, il l'avait rodée
01:33 dans un congrès du PS en 2015.
01:34 Un an plus tard, il incarnait l'aile droite du PS.
01:37 Il avait jeté son dévolu sur le jeune ministre de l'Economie,
01:41 Emmanuel Macron. Il a fait partie des "premiers marcheurs".
01:44 Il faisait partie des petites mains qui ont fourni des notes,
01:47 des phrases, au candidat, quand il rédigeait son livre
01:50 "Révolution" en 2016. La phrase s'y trouve dans le livre.
01:53 Elle est figuée en or suédois ou blanc.
01:56 Emmanuel Macron la répète dans des interviews,
01:59 comme en novembre 2016, dans de trop nombreuses villes.
02:02 "Faute d'avoir réalisé une vraie mixité sociale,
02:05 "on a de plus en plus de France qui vit côte à côte,
02:08 "et dont j'ai peur, si nous n'agissons pas,
02:10 "qu'elle soit demain face à face."
02:13 Emmanuel Macron s'engage à lutter contre tout ce qui fracture
02:16 le pays, le renferme et fait courir le risque d'une guerre civile.
02:20 -La prophétie de Gérard Collomb s'est-elle réalisée ?
02:23 -Elles sont nombreuses, elles ne datent pas d'aujourd'hui
02:26 ni d'hier. C'est une lecture simpliste
02:29 de résumer ça, un face-à-face entre deux camps qui s'affronteraient.
02:33 La société est plus morcelée, archipélisée,
02:35 pour reprendre un mot à la mode, développé par Jérôme Fourquet.
02:39 On l'a vu fracturer, la France 1, les Gilets jaunes,
02:42 le Covid, avec les vaccinés et les non-vaccinés.
02:45 Dans les quartiers, il y a des ruptures générationnelles,
02:49 entre les centres urbains et la France périphérique,
02:52 qui se sentent reléguées dans les banlieues,
02:55 entre ceux qui ont accès à la société de consommation.
02:58 Emmanuel Macron s'était dit qu'en effaçant
03:01 les clivages politiques et en mettant la priorité
03:04 sur le mal numéro un qui rongeait la France,
03:07 le chômage, il parviendrait à résoudre ces fractures-là.
03:10 Ces fractures sont plus profondes
03:12 et ça mérite un travail plus conséquent.
03:15 -Quand certains sont tentés d'aller faire des expéditions punitives,
03:19 c'est bien l'un des symboles que le face-à-face n'est pas loin.
03:24 -Mais on ne peut pas dire qu'il y a deux France.
03:27 Ils n'incarnent pas la France,
03:29 ils incarnent une partie d'une sensibilité,
03:31 l'ultra-droite, mais qui n'est pas majoritaire dans le pays.

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