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SÉCURITÉ À LA CHASSE, UN DEVOIR DES CHASSEURS
Ce documentaire mesure l'ampleur du problème persistant des accidents de chasse, s'intéresse aux causes et propose des solutions pour les empêcher.

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Animaux
Transcription
00:00 ...
00:11 -Le directeur général de l'Office français de la biodiversité
00:15 a une définition sur les accidents.
00:17 Il dit que l'acceptabilité de la chasse
00:19 dans notre monde aujourd'hui passera par l'exemplarité
00:22 du comportement des chasseurs.
00:24 ...
00:31 Coup de feu
00:32 -Le trophée de quelque animal que ce soit,
00:35 même le plus beau, le plus gros, l'animal d'une vie,
00:39 ça remplacera jamais une vie humaine.
00:42 ...
00:44 -On s'aperçoit qu'on a eu beaucoup de chance,
00:47 parce qu'à quelques centimètres près, j'étais bon.
00:50 -C'est vrai que la proximité des habitations
00:52 aurait dû m'alerter.
00:55 ...
00:59 Coup de feu
01:00 -On se concentre uniquement sur le gibier
01:02 et on oublie tout l'environnement autour.
01:05 -Quand on appuie sur la détente, on peut courir vite,
01:08 on ne rattrapera jamais la balle.
01:10 -C'est pas une raquette de tennis.
01:12 ...
01:35 -Aujourd'hui, ça fait plus de 5 ans,
01:37 même si j'ai presque plus peur d'aller à la chasse,
01:40 néanmoins, je pense systématiquement à la sécurité.
01:43 ...
01:50 -La sécurité à la chasse, un devoir des chasseurs.
01:52 Pourquoi ce titre ?
01:53 Parce que vous allez voir qu'à travers les reportages,
01:57 à travers les témoignages qui vont vous être présentés,
02:00 vous allez constater que, finalement,
02:03 ce sont les chasseurs qui peuvent être à l'origine des accidents
02:06 et qu'ils ont toutes les cartes en main
02:09 pour faire en sorte de conserver cette activité comme un loisir
02:13 et ne pas la transformer en drame.
02:15 N'oubliez pas que derrière chaque accident,
02:18 il y a un auteur, il y a une victime,
02:21 il y a une famille de victimes, il y a une famille d'auteurs,
02:24 et pour les quatre, c'est un véritable drame.
02:26 L'objectif de ce film, qui se veut pédagogique,
02:29 c'est d'essayer de sensibiliser l'ensemble des chasseurs
02:32 sur le fait qu'ils peuvent collectivement
02:36 faire en sorte que la chasse reste un loisir.
02:39 On a aujourd'hui un recul de 20 ans
02:42 sur les accidents de chasse que nous suivons
02:45 et on s'aperçoit que les accidents ont réellement bien baissé.
02:48 Puisqu'il y a 20 ans, il y avait à peu près 200 accidents.
02:51 Aujourd'hui, on en a 80.
02:53 Alors 80, ce sera toujours beaucoup de trop.
02:55 Un accident étant un accident de trop,
02:57 90 % des victimes sont des chasseurs,
03:00 10 % sont des non-chasseurs.
03:02 Est-ce que les accidents sont évitables ?
03:05 En totalité, certainement que non.
03:07 Il y aura toujours une part d'accidents
03:08 qui sera liée à une chute, à une chute de l'arme,
03:11 parce qu'on est tous...
03:12 Ce qui peut arriver à tout le monde.
03:13 Par contre, il y a des faits qui sont complètement évitables.
03:16 Je dirais même que le monde de la chasse
03:17 aura intérêt à exclure les auteurs de certains accidents,
03:20 notamment des tirs sans identification.
03:22 C'est pas pardonnable du tout.
03:25 Donc, ces gens-là ne devraient plus chasser.
03:28 On ne se contente pas simplement de suivre l'évolution des accidents.
03:31 L'intérêt, c'est d'identifier, d'analyser tous les accidents,
03:34 pour pouvoir identifier
03:35 quelles sont les causes principales des accidents.
03:38 Je vais vous en citer quelques-unes.
03:39 Il y en a plein, mais les principales, c'est lesquelles ?
03:41 Dans le cadre de la chasse au Grand Jibier,
03:43 c'est le non-respect de l'angle des 30 degrés.
03:46 J'insiste bien sur cette nécessité, pour tous les postés,
03:50 de bien respecter l'angle des 30 degrés.
03:52 Autre cause d'accident aujourd'hui,
03:55 pour un accident sur trois, c'est pas rien,
03:57 c'est simplement le fait de manipuler correctement son arme.
04:01 Ça peut paraître étrange aujourd'hui de le dire,
04:03 mais un accident sur trois, les gens vont se blesser tout seuls,
04:06 sans aucun jibier.
04:07 Et puis, troisième cause d'accident,
04:09 ça va être le tir sans prendre en compte son environnement,
04:12 tiré à travers une haie, à hauteur d'homme.
04:15 Alors, il y a une quatrième cause d'accident,
04:17 et là, je peux vous dire que quand je reçois une fiche accident,
04:19 pour cette cause-là, ça me fâche profondément.
04:22 C'est les gens qui tirent sans identifier.
04:25 Donc voilà, on analyse tous les ans ces accidents.
04:28 À quoi ça sert, après ?
04:29 Ça sert à améliorer les formations,
04:31 parce que la base, aujourd'hui,
04:33 qui conforte la diminution des accidents en France,
04:38 c'est simplement de mieux former les chasseurs
04:40 pour qu'ils comprennent ce qu'ils doivent faire
04:43 pendant leur action de chasse.
04:45 Alors, les formations sont très importantes,
04:47 et il est aussi important d'y inclure un minimum de balistique,
04:49 parce que le point de départ des accidents,
04:51 ça reste un tir avec une arme.
04:53 ...
05:05 (Tir)
05:06 ...
05:09 -Voilà, donc là, je viens faire un tir au fusil calibre 12
05:12 avec une balle, donc sur un sanglier à 20 m,
05:15 sachant que j'étais en haut d'un mirador d'1,50 m,
05:18 donc l'arme se trouve à peu près à 3 m.
05:20 Je tire un sanglier à 20 m,
05:22 4 m plus loin, la balle, elle vient toucher le sol,
05:25 elle tape ici,
05:27 et 3 m plus loin, dans les plaques derrière,
05:29 on retrouve l'impact de la balle à 40 cm de haut.
05:33 En plus, on a un décalage de l'axe,
05:35 c'est-à-dire que l'alignement par rapport à l'axe de tir,
05:39 elle s'est déviée à peu près de 10-15 cm sur la gauche,
05:43 et on a même la bourre qu'on retrouve au pied de la plaque,
05:46 juste la bourre en plastique, qui a marqué la plaque
05:49 et qui a même fait un trou dans la plaque d'aggloméré
05:52 d'un centimètre.
05:53 Mais là, surtout, ce qu'il faut retenir,
05:55 c'est qu'en étant les pieds à 1,50 m de haut,
05:57 donc l'arme à 3 m, en tirant à 20 m,
05:59 donc on fait un tir vraiment fichant,
06:01 en conditions de sécurité pratiquement idéales,
06:04 malgré tout, notre balle est ricoche.
06:06 Donc là, on a une balle qui va être dangereuse
06:09 à plusieurs centaines de mètres plus loin.
06:11 ...
06:23 Donc là, j'ai refait le même tir que tout à l'heure,
06:25 sauf qu'au lieu d'être en haut du mirador, j'étais au sol.
06:28 La balle touche le sanglier au même endroit que tout à l'heure,
06:32 sauf que comme je suis au sol, le tir est moins fichant,
06:34 donc au lieu de toucher le sol 4 m derrière le sanglier,
06:37 elle touche le sol 6 m plus loin,
06:39 donc la capicie est ricoche.
06:41 Elle vient traverser là,
06:43 et là, en plus de passer droite, elle passe complètement en travers,
06:46 donc elle est complètement déstabilisée.
06:49 Et là, si on prend l'axe de ricochet,
06:50 on a une balle qui remonte,
06:52 donc si elle avait touché le sol au même endroit que tout à l'heure,
06:55 4 m derrière le sanglier, elle serait à la même hauteur que l'autre.
06:59 Et donc, même problème, elle est dangereuse à plusieurs centaines.
07:02 ...
07:16 Donc là, j'ai tiré dans le sanglier, la balle passe ici.
07:20 Donc, tir à 20 m du sol avec une carabine à verrou 7,64,
07:24 donc la balle tape dans le bas du sanglier,
07:27 elle ricoche ici,
07:29 et ensuite, 3 m plus loin,
07:31 on trouve les impacts, donc, vous voyez,
07:34 qui sont relativement écartés...
07:36 et qui s'écartent à peu près de 20 à 30 cm de l'axe.
07:42 C'est-à-dire que là, les impacts n'auraient pas dépassé
07:46 un angle de 30 degrés sur le côté.
07:48 Malgré tout, sur 4 000 tirs effectués depuis quelques années,
07:53 et sur plus de 1 000 éclats mesurés,
07:55 ça peut arriver qu'on ait des éclats,
07:58 puisque sur les mesures que j'ai prises, j'en avais 2 %,
08:01 qui se désaxaient de plus de 30 degrés par rapport aux tirs.
08:05 Donc là, on a 13 impacts qui ont traversé l'aggloméré d'un cm.
08:09 Voilà, donc là, je viens de refaire le même tir
08:18 avec la carabine 7,64, par contre, en haut du mirador,
08:21 toujours à une vingtaine de mètres du sanglier,
08:23 et on s'aperçoit que le résultat est pratiquement identique,
08:26 sauf que l'impact est plus près des plaques,
08:29 donc les ricochets sont plus bas,
08:31 mais là, on s'aperçoit qu'on a encore une dizaine d'éclats
08:35 qui ont traversé l'aggloméré d'un cm,
08:38 et donc, qu'on soit au sol, en haut du mirador,
08:40 on a vu tout à l'heure avec le fusil,
08:42 en gros, quel que soit le calibre,
08:44 quelle que soit l'arme lisse ou rayée,
08:46 au sol ou dans un mirador, tout ricoche,
08:49 et donc, l'important, c'est vraiment de respecter cet angle de 30 degrés,
08:52 parce qu'il y a vraiment un risque si on ne le respecte pas.
08:55 ...
09:02 (Bruit de tir)
09:03 ...
09:06 -Voilà, donc là, je viens d'effectuer un tir à 30 mètres
09:08 avec des chevrotines, 21 graines.
09:11 Donc là, les 21 graines sont dans la plaque.
09:14 On a une germe qui fait 1,20 m de diamètre.
09:18 Donc, la chevrotine a été interdite il y a une cinquantaine d'années
09:21 pour des raisons de sécurité
09:22 et parce qu'elle blessait énormément les animaux.
09:24 Aujourd'hui, certains responsables pensent que l'utilisation
09:27 de la chevrotine permettrait de diminuer les populations de sangliers.
09:30 Donc, à 30 m, on s'aperçoit que c'est complètement inenvisageable.
09:34 Vous avez des grains qui passeraient très haut,
09:38 donc qui seraient pas du tout fichants,
09:39 des grains qui passeraient dessous, devant, derrière,
09:42 même sur un animal de grande taille,
09:45 et donc qui ricocheraient et donc qui seraient dangereux.
09:48 Donc, 30 m, c'est niait, c'est vraiment trop loin pour tirer.
09:51 ...
09:54 Ici, à 15 m, la germe est plus regroupée.
09:57 On a une germe d'à peu près un bon 40 cm de diamètre.
10:01 Ici, si la germe est bien centrée dans l'animal,
10:04 ça va être mortel.
10:04 Si, par contre, la germe passe juste au-dessus,
10:06 juste derrière, juste devant, l'animal peut prendre quelques grains
10:09 et dans ce cas-là, il sera blessé.
10:11 Donc, 15 m, c'est vraiment la distance maximum
10:13 qu'il ne faut pas dépasser pour tirer la chevrotine.
10:16 Et maintenant, on va aller voir ce que ça donne en termes de ricochet.
10:19 ...
10:28 (Tir)
10:29 ...
10:32 Voilà, donc là, je viens de tirer sur un sanglier
10:34 qui était à 6 m de moi.
10:35 ...
10:37 On a 12 impacts ici, et on en a même 13,
10:41 14, 15, 16, 17, 18.
10:45 Voilà, donc on retrouve 18 graines derrière qui ont ricoché,
10:47 donc en tirant sur un animal à 6 m.
10:49 Donc, une chevrotine, comme les balles, ça ricoche,
10:53 et donc, il est important de respecter les mêmes règles de sécurité
10:56 avec les chevrotines qu'avec les balles,
10:58 et donc, impérativement, l'angle de 30 degrés,
11:00 voire un peu plus que 30 degrés,
11:02 parce que là, on a quand même des chevrotines
11:05 qui sont remontées relativement haut.
11:06 Je ne pensais pas que ça aurait dépassé un mètre de hauteur.
11:09 -Dans les Landes, on est les seuls territoires français
11:11 à pouvoir tirer à la chevrotine, hormis la Corse,
11:14 et donc, c'est vrai que c'est régulier,
11:16 les batus, où on utilise la chevrotine.
11:19 Donc là, c'était un matin sur une commune voisine.
11:23 On chassait dans les maïs.
11:24 Les sangliers faisaient beaucoup de dégâts sur les maïs.
11:26 Donc, le chef de batu nous donne ses consignes.
11:29 Donc, on a vraiment l'habitude,
11:31 parce que chaque batu, les consignes de sécurité sont répétées.
11:34 Donc, là, il s'agissait de tir à l'intérieur de la traque,
11:38 donc, évidemment, en respectant les angles de 30 degrés.
11:41 Pour ce faire, le chef de ligne nous a placés tous les 15,
11:44 on va dire entre 15 et 20 m,
11:46 pour que vraiment on soit serré, que l'angle soit assez serré aussi.
11:49 En l'occurrence, mon voisin était à 17 m.
11:51 Il y avait beaucoup de sangliers.
11:52 Les sangliers sortaient entre lui, moi.
11:55 On pouvait pas tirer à chaque fois,
11:56 parce que les conditions faisaient qu'on pouvait pas vraiment les tirer.
11:59 Jusqu'à ce que vienne ce sanglier,
12:01 que j'aperçois, on va dire, à une vingtaine de mètres,
12:03 qui m'arrive droit dessus.
12:05 J'étais positionné exactement comme ça.
12:07 Donc, ma copine était là exactement, assise sur son tabouret.
12:10 Le sanglier m'arrive à une dizaine de mètres,
12:13 donc, je l'épaule, j'attends vraiment qu'il soit à bonne distance,
12:15 parce qu'à la chevrotine, on respecte vraiment les distances.
12:17 Le chef de ligne a incité dessus, d'ailleurs,
12:19 de vraiment tirer entre, on va dire, entre 5 et 15 m maximum.
12:24 J'attends vraiment qu'il rentre dans mon angle.
12:26 J'appuie sur la queue de détente.
12:28 Le sanglier prend les chevrotines.
12:31 Il continue à avancer un petit peu.
12:33 Je relève mon fusil, puisqu'il rentre dans les 30 degrés.
12:37 Hors des 30 degrés, pardon.
12:40 Et là, j'assiste à la scène un peu ébahie.
12:42 Je vois mon voisin qui suit le sanglier,
12:45 et sans que je puisse comprendre, je me retrouve au sol,
12:48 et après ça, j'entends le coup de fusil.
12:50 Donc, au sol, je ne comprends pas ce qui m'arrive.
12:52 Je regarde mes jambes,
12:53 et là, je vois que je suis criblé de chevrotines, du sang.
12:56 C'était un tir direct.
12:57 Voilà, je pense qu'il a...
12:59 Le sanglier était... Il était touché, mais il continue à avancer un peu.
13:02 Et le réflexe de mon voisin, ça a été de le suivre.
13:05 Et je pense que quand il a lâché son coup de fusil,
13:08 le sanglier a commencé à s'écrouler.
13:09 Et c'est vrai que j'ai été tiré directement.
13:11 J'ai reçu 18 impacts dans les jambes.
13:13 J'ai eu beaucoup de chance,
13:14 parce que je n'ai vraiment aucun organe vital qui a été touché.
13:17 Mais ma copine, elle, a reçu un dans le mollet.
13:21 Sans gravité non plus.
13:22 On est vraiment miraculés, parce que, je vous dis,
13:25 à quelques centimètres, elle prenait tout dans le flanc,
13:27 et là, ça aurait été bien, bien, bien plus grave.
13:30 C'est vrai qu'il y a certains moments où la chevrotine est vraiment adaptée.
13:33 Je dis ça en tant que président de la chasse aussi,
13:35 puisque je suis président de Société de chasse.
13:37 Donc, c'est vrai qu'on a beaucoup de responsabilités
13:40 et qu'on veut limiter le risque, on va dire.
13:43 Mais il y a le côté aussi de la chevrotine
13:46 où les chasseurs ne se rendent pas compte
13:49 qu'ils devraient faire autant attention qu'avec des balles.
13:53 -Quand on est victime comme ça, d'un accident quand même dramatique,
13:57 qu'est-ce qui se passe ?
13:58 On en veut à la personne qui a commis l'erreur irréparable ?
14:03 -Je lui en veux, parce que ça n'aurait pas dû se passer.
14:06 C'est un tir direct, donc c'est une erreur humaine.
14:09 C'est un jeune chasseur,
14:11 c'est quelqu'un qui a été formé au permis de chasse,
14:13 qui connaît toutes les règles de sécurité.
14:15 Surtout, à l'endroit où on était, le président est très pointu.
14:18 Et donc, franchement, je lui en veux de ce côté-là,
14:21 parce que ça n'aurait pas dû arriver du tout.
14:24 -Qu'est-ce qui fait, à ton avis,
14:25 qu'un chasseur, à un moment donné,
14:27 est capable de provoquer un accident comme ça ?
14:30 -Je pense que c'est le fait qu'on se focalise sur le gibier.
14:36 On se concentre uniquement sur le gibier,
14:39 qui fait oublier l'environnement autour et qui cause le plus d'accidents.
14:42 -Donc, l'angle de 30 degrés, c'est vraiment fondamental.
14:44 C'est la cause de la grosse majorité d'accidents.
14:48 Par contre, il y a un effet que beaucoup de chasseurs ne soupçonnent pas,
14:52 c'est qu'ils ont beau matérialiser l'angle des 30 degrés,
14:56 mais quand une compagnie d'animaux arrive,
14:58 ils sont focalisés sur les animaux et ils vont oublier cet angle.
15:02 S'ils n'ont pas bien déterminé leur point de repère,
15:04 leur zone de tir,
15:06 et qu'ils ne pensent à épauler qu'à partir de cet angle de 30 degrés,
15:10 s'ils épaulent avant, ils ne verront plus l'angle.
15:13 C'est la cécité cognitive.
15:15 Ils vont perdre leur point de repère dans l'environnement.
15:18 Il se passe pareil au gibier.
15:19 Lorsqu'un chasseur va suivre un faisan ou une perlerie
15:23 qui ne vole pas très haut,
15:24 le voisin peut être en rouge de la tête au pied.
15:27 Une fois épaulés, ils vont viser l'animal,
15:29 ils vont perdre leur point de repère.
15:31 -D'ailleurs, à ce sujet, on va vous passer un petit film
15:34 de compter le nombre de sangliers
15:36 auquel le chasseur va tirer et s'il va le prélever ou pas.
15:39 ...
15:49 Je pense que pratiquement tout le monde a compté six sangliers,
15:52 ont vu que le chasseur prélevait le troisième.
15:55 Par contre, la majorité n'ont pas vu le ramasseur de champignons
15:58 derrière et qu'au moment du tir,
16:01 la casquette du tireur changeait de couleur.
16:03 Voilà, c'est ça qu'on appelle la cécité cognitive
16:06 et qui est responsable de bon nombre d'accidents
16:09 parce que les gens sont focalisés sur les animaux
16:12 et ne voient plus ce qui se passe autour.
16:14 -Entre un accident de voiture, un accident de chasse,
16:17 un accident domestique,
16:18 est-ce qu'il y a un dénominateur commun ?
16:21 -Alors, oui.
16:22 Oui, en fait, dans ma vision des choses,
16:25 un accident, finalement, c'est un processus,
16:28 un enchaînement de différentes phases
16:30 qui va conduire, dans notre cas, à un choc,
16:33 qui va conduire, dans votre cas, en fait,
16:35 à toucher une personne.
16:37 Et véritablement,
16:40 on part d'une situation, on va dire,
16:43 une situation tout à fait normale,
16:45 qui peut avoir conduit à de l'ennui,
16:47 on passe à une situation de risque.
16:51 Pour vous, la situation de risque,
16:53 à mon avis, c'est lorsque,
16:55 fait heureux, le gibier apparaît.
16:58 Cette situation à risque,
17:00 elle doit être gérée de façon réfléchie
17:03 avant de passer en mode réflexe et de passer au tir.
17:07 Et donc, cette difficulté
17:10 qui conduit souvent à agir avant d'avoir réfléchi,
17:14 parce qu'on valorise beaucoup trop l'action
17:17 et malheureusement, on regrette après
17:20 d'avoir oublié les règles, les basiques,
17:23 c'est quelque chose que l'on connaît bien.
17:25 On a beaucoup d'accidents.
17:26 Je vais prendre un exemple un peu basique.
17:29 On a une voiture qui roule sur une route entièrement dégagée,
17:32 au moins de son côté,
17:34 et puis, il mord un peu du côté droit
17:36 parce qu'on s'ennuie,
17:38 on est un petit peu distrait.
17:40 Voilà.
17:41 Et là, brutalement, alors que, sans raison,
17:44 il y a un coup de freinage brutal.
17:46 Pourquoi ? Il n'y a rien devant,
17:48 il suffit de redresser un peu la direction
17:51 et puis on revient.
17:53 Mais ce coup de freinage brutal,
17:55 c'est plus adhérent du côté gauche,
17:58 et là, on part à gauche,
17:59 et puis on se prend de plein fouet le camion qui vient en face,
18:02 on en voit beaucoup.
18:04 Et donc, on a agi de façon réflexe.
18:06 Sachez que le fonctionnement réflexe
18:08 qui permet d'éviter beaucoup d'accidents,
18:11 c'est la roulette russe.
18:12 Dans la boîte, on court-circuite le cerveau,
18:15 on agit directement,
18:17 et vous ne savez pas, finalement,
18:19 quelle réaction vous allez avoir en mode réflexe.
18:21 S'engager directement là-dedans, c'est très dangereux.
18:25 -Ca veut dire que l'accident, c'est un mécanisme inévitable ?
18:28 -Alors...
18:30 L'accident, c'est un mécanisme qui doit être évitable,
18:33 mais il ne l'est que s'il y a le passage en mode réfléchi.
18:37 En ce qui nous concerne, pour la sécurité routière,
18:41 la base de l'analyse,
18:43 on a commencé par étudier la sécurité passive, les chocs,
18:46 puis on a aidé le conducteur en mode réflexe
18:49 avec des systèmes anti-bloqueurs de frein,
18:52 contrôle de trajectoire, puis mode réfléchi.
18:55 On essaie de remonter progressivement dans le scénario.
18:58 Et maintenant, on ne s'intéresse pas seulement
19:01 au scénario accidentel.
19:03 On s'intéresse finalement aux accidents qui ont été évités.
19:07 Et on ne s'est d'ailleurs jamais autant intéressés
19:10 à la façon dont l'homme est capable de réagir en situation à risque
19:13 que depuis qu'on envisage de le remplacer par un automate,
19:17 car il faudrait bien qu'il soit capable de le faire.
19:20 Et effectivement, ce processus accidentel,
19:24 il est identique au processus d'un accident évité.
19:28 Ce qu'il y a dans un accident évité,
19:31 en fait, il est engagé de façon beaucoup plus réfléchie, posée.
19:36 Et je sais que vous avez des règles,
19:38 et ces règles sont simples à mémoriser.
19:40 Il suffit de passer dessus et de dire "non, là, je ne le fais pas".
19:49 Là, je vais vous montrer comment faire le mieux possible
19:52 son angle de 30 degrés.
19:53 Alors, déjà, les postés sont alignés
19:58 tous sur le fossé.
20:01 Les rabatteurs sont devant, ils vont pousser les animaux vers nous.
20:04 Et donc, on va tirer derrière.
20:06 Je vais bien repérer mes voisins
20:08 et me signaler également à mes voisins, qui me voient bien.
20:11 Et donc, l'angle de 30 degrés, c'est toujours 5 pas, 3 pas.
20:15 Ça, c'est très simple. 5 pas vers ce que l'on veut protéger,
20:18 et 3 pas en perpendiculaire vers sa zone de tir.
20:21 Par contre, il y a des situations, des fois,
20:23 où les 5 pas peuvent varier.
20:25 Par exemple, ici, mon voisin est ici, aligné sur le fossé,
20:29 mais j'ai un chemin de commune.
20:31 Et mon chef de ligne m'a indiqué que le chemin de commune y continuait
20:35 et qu'il tournait derrière les 3 chaînes, là, qui sont côte à côte.
20:40 Il tourne sur la gauche, donc à l'extérieur de ma zone de tir.
20:44 Donc, pour faire mon angle de 30 degrés,
20:46 je vais m'aligner avec ces 3 chaînes.
20:48 Donc, là, ce qui est important,
20:50 c'est que pour le responsable de chasse et le chef de ligne,
20:52 il soit bien au courant de la direction du chemin
20:55 pour pouvoir l'indiquer au posté.
20:56 Donc, je vais faire mes 5 pas en direction des 3 chaînes
21:00 que mon chef de ligne m'a indiqué.
21:02 Donc, mon voisin ne pourra pas tirer sur sa droite en regardant la battue,
21:07 et moi non plus, puisque le chemin de commune n'est pas suffisamment loin.
21:11 Donc, je fais bien en partant du mirador.
21:13 Donc, là, je vais considérer, je vais faire que 4 pas,
21:16 parce qu'en fait, l'échelle revient devant le mirador,
21:18 donc j'ai un pas entre moi et le centre du mirador.
21:21 Donc, je prends du pied de l'échelle, 4 pas.
21:24 Donc, là, c'est tout droit vers ce que l'on veut protéger.
21:29 Et ensuite, on fait bien un quart de tour.
21:32 Et à angle droit par rapport à mes 5 pas, je vais faire 3 pas.
21:36 Donc, là, dans cette zone-là,
21:44 c'est ma zone de 30 degrés qui va protéger le chemin de commune
21:49 et qui va protéger également mon voisin à ma droite.
21:53 Donc, là, je vais me mettre dos au mirador,
21:55 comme si j'étais au centre du mirador.
21:57 Tous mes voisins sont sur la même ligne,
22:00 et donc, je vais faire 5 pas.
22:02 Et donc, pareil, à angle droit, à 90 degrés,
22:11 mes 5 pas, je vais faire 3 pas.
22:14 Musique douce
22:16 ...
22:17 Donc, il est important de bien faire 5 pas, 3 pas.
22:21 Ce qui est important, c'est pas forcément
22:24 de faire des petits pas, des grands pas,
22:26 c'est que les 5 et les 3 soient de la même taille.
22:28 Donc, il faut faire des pas normaux, sans se forcer,
22:31 en plus grand ou en plus petit, mais que les 5 et les 3
22:34 soient de la même taille.
22:35 Et là, j'ai déterminé ma zone de tir pour protéger,
22:38 d'un côté, les voitures, le chemin de commune, mon voisin,
22:42 et de l'autre côté, toute la ligne des voisins.
22:44 Donc, ensuite, je vais monter dans mon mirador.
22:47 Et donc, là, j'ai ma zone de tir, qui est déterminée.
22:53 Toutes les manipulations, chargements, déchargements de l'arme,
22:56 je dois les faire dans ma zone de tir,
22:58 et je ne dois surtout pas épauler
23:00 tant que l'animal n'est pas rentré dans ma zone de tir.
23:03 Donc, je me fixe un repère visuel,
23:06 et tant que l'animal n'a pas franchi cet axe,
23:09 je ne vais pas épauler et je ne vais surtout pas tirer non plus avant.
23:13 -On a beaucoup, beaucoup parlé de l'angle de 30 degrés
23:17 et de son obligation de le respecter au moment du tir.
23:20 Alors là, j'insiste vraiment là-dessus,
23:22 parce que c'est la cause principale
23:24 des accidents de chasse au grand gibier,
23:27 le fait de tirer à l'intérieur de l'angle des 30 degrés.
23:30 On a ici une situation que l'on a reconstituée
23:32 pour montrer qu'il y a des zones dans lesquelles,
23:35 le gibier, s'il passe, on ne pourra pas le tirer
23:38 sans sécurité et rien, je dis bien rien,
23:40 ne peut justifier de tirer dans l'angle des 30 degrés.
23:43 Même un gros sanglier que vous n'aurez jamais l'occasion
23:46 de revoir à la chasse, il n'y a rien qui justifie
23:48 de le tirer et de mettre en danger directement son voisin.
23:51 Donc, pensez bien que l'angle des 30 degrés,
23:54 c'est vraiment fait pour préserver la vie des autres chasseurs,
23:58 la vie des non-chasseurs qui pourraient se promener,
24:01 mais aussi toutes les maisons et les voitures
24:03 qui pourraient se trouver dans votre environnement.
24:06 Ici, on a une très belle allée,
24:08 une allée qui fait 10 m de large,
24:10 on a deux postés à 50 m l'un de l'autre,
24:12 ça veut dire que là, il y a une zone de 20 m
24:15 entre les deux postes où les animaux ne peuvent pas être tirés
24:18 pour respecter l'angle des 30 degrés.
24:20 Si on voulait que tous les animaux soient tirés,
24:23 il faudrait que les postes soient maximum à 30 m l'un de l'autre
24:27 pour tirer tous les animaux en toute sécurité.
24:33 En réalité, on s'aperçoit que là, une situation comme ça,
24:36 tous les animaux qui traversent l'allée,
24:38 dans 90 % des cas, sont tirés par les deux personnes,
24:41 et donc l'angle de 30 degrés n'est pas respecté.
24:44 Le 9 décembre 2018,
24:51 lors d'une partie de chasse chez mon ami Hervé
24:53 sur la commune de Bétine,
24:55 un sanglier vient me sortir à une dizaine de mètres,
24:58 et là, bim, tout explose.
25:02 Je me rends compte que je prends une balle dans la main.
25:05 Voilà. Et après,
25:07 eh bien, tout s'enchaîne.
25:09 C'est-à-dire que d'une partie de chasse entre amis,
25:12 ça passe à une partie à l'hôpital.
25:15 Les soucis...
25:17 médicaux,
25:20 moraux,
25:22 judiciaires.
25:24 -L'erreur, elle est quand même incroyable.
25:26 C'est le non-respect d'une règle élémentaire de sécurité.
25:29 -C'est ça. Tire direct. Non-respect des angles.
25:32 C'est précisément ça.
25:34 Voilà. Donc...
25:37 On a tous, en tant que chasseurs, fait des...
25:41 des tirs, peut-être pas dans les 30 degrés,
25:43 mais 20, 25, voilà.
25:45 Là, c'est zéro. Zéro degré.
25:48 C'est un tir à plat, voilà, tout simplement.
25:50 On vous tire dessus.
25:52 -Et ça, c'est plus dur à accepter que...
25:56 -Oui, oui, c'est pas facile à accepter.
25:59 Ça, c'est évident.
26:00 Maintenant, c'est arrivé.
26:03 C'est arrivé par chance.
26:06 Ca n'était que la main,
26:07 même si ça reste quand même pas simple.
26:10 C'est douloureux, c'est des heures de rééducation,
26:13 c'est un an de rééducation,
26:14 et derrière, avec une mobilité de la main
26:18 qui est pas celle...
26:20 celle d'origine,
26:22 et peut-être avec des conséquences plus tard.
26:25 Voilà. Mais je dirais que...
26:27 c'est le moindre mal.
26:30 À 10 cm près, il se passait rien,
26:33 et à 20 cm près, c'était le drame.
26:35 Voilà.
26:36 Donc, vous partez une journée de chasse,
26:39 entre copains,
26:40 votre femme, votre fille,
26:43 elle vous retrouve morte le soir,
26:45 ouais, il y a mieux comme sensation.
26:47 Ca veut dire que...
26:49 quelque part,
26:52 le tir d'un animal peut entraîner la mort d'un animal,
26:55 mais pas qu'eux.
26:56 Voilà. S'il est pas bien respecté.
26:58 Et déjà, même en étant extrêmement bien respecté,
27:01 il y a toujours un risque d'accident de ricocher.
27:04 Mais alors là, c'est...
27:05 Là, quand on respecte pas, en plus, c'est...
27:09 Enfin, c'est dramatique.
27:10 -Quand une telle histoire arrive,
27:13 qu'est-ce qu'on a envie de dire aux autres chasseurs ?
27:17 -On a envie de dire que tout peut basculer à la chasse.
27:20 L'avis du tireur,
27:22 qui lui, elle, bascule parce que...
27:25 Voilà, vous venez de faire un acte...
27:27 Inqualifiable pour un chasseur.
27:30 L'avis de la victime,
27:33 qui est blessée ou, au pire, est bien morte.
27:38 Derrière tout ça, c'est des familles.
27:40 L'avis des organisateurs,
27:43 des copains de chasse,
27:45 parce que quand ils voient du sang sur autre chose qu'un animal,
27:49 c'est pas naturel. Pas la chasse.
27:52 -Quand on est organisateur,
27:54 comment on vit une histoire pareille ?
27:56 -Bah, comme il a dit, c'est-à-dire que la chasse, pour nous tous,
28:03 c'est une passion, un loisir,
28:06 et surtout un moment où on peut se réunir entre copains.
28:10 Et puis, d'un seul coup, c'est le drame.
28:13 Alors, le drame qu'il faut gérer à l'instant T,
28:16 parce qu'il y a tout ce qui se court à organiser,
28:21 enfin, à faire rapidement,
28:23 à emmener Arnaud à l'hôpital,
28:25 gérer l'arrivée de la famille à l'hôpital,
28:29 qui a été appelée, mais qui sait pas
28:31 dans quel état se trouve Arnaud.
28:34 Donc, ça, c'est pas simple.
28:36 Et puis, après, c'est dire comment on fait
28:40 pour que ça n'arrive plus, quoi.
28:42 On a un effort collectif à mener.
28:44 C'est-à-dire que, quand on part à la chasse,
28:47 on a tous à prendre conscience que, dans ce loisir qu'on a,
28:51 c'est avec une arme.
28:53 Donc, on se doit de dire, à ce moment-là,
28:55 d'être très rigoureux et attentif à ce qu'on fait,
28:58 parce qu'on a une arme mortelle.
29:00 -Qu'est-ce que ça change, quand on aime la chasse
29:03 et qu'on a vécu un drame pareil ?
29:05 -Beaucoup de choses.
29:07 Vous pratiquez plus la chasse de la même manière.
29:10 C'est-à-dire que vous avez cette réflexion de sécurité
29:14 en permanence, quand vous entendez les consignes,
29:17 quand vous voyez quelqu'un se poster,
29:19 quand vous voyez faire des angles qui ne sont pas conformes,
29:23 quand vous voyez une arme qui est fermée à côté de vous.
29:27 C'est-à-dire que, tout ça, vous ne pensez plus qu'à ça.
29:30 Aujourd'hui, ça fait plus de cinq ans,
29:32 même si, aujourd'hui, j'ai presque plus peur d'aller à la chasse,
29:36 néanmoins, je pense systématiquement à la sécurité.
29:39 Musique douce
29:41 ...
29:43 -Là, on est sur une superallée qui a fait 6 m de large.
29:47 Mais si, dans la zone derrière, on ne voit rien,
29:50 le tireur a 9 m de chaque côté de lui pour pouvoir tirer.
29:53 D'où l'importance pour les présidents de chasse,
29:56 quand on met un poste.
29:57 C'est important de se mettre dans la situation du tireur
30:00 où il a une zone derrière,
30:02 d'où l'intérêt d'aménager, de faire des moustaches.
30:05 Des fois, pas forcément se mettre sur une allée,
30:08 mais avancer dans le bois, reculer dans des futés,
30:11 où là, on a des zones de tir beaucoup plus ouvertes,
30:14 quelle que soit la largeur de l'allée.
30:16 Musique douce
30:18 -Enlever les genets, là ? -Oui, après,
30:20 il y a les genets que ça ouvre. -OK.
30:23 ...
30:28 -Là, c'est pas mal. -C'est bon, là ?
30:30 -Moi, en tant que garde particulier,
30:32 je veux un maximum de sécurité.
30:35 C'est-à-dire que le posteur est à son poste,
30:38 ne bouge pas de son poste,
30:40 et on fait des zones de tir en dehors de l'angle de 30 degrés
30:43 avec des moustaches de tir
30:45 pour pouvoir ouvrir un petit peu le champ.
30:49 Il y a plus de résultats au tir
30:51 et la personne est plus concentrée.
30:54 C'est emmener le posteur à respecter sa zone de tir,
30:57 et c'est le seul endroit où il peut tirer.
30:59 Il faut absolument qu'il nous fasse confiance,
31:02 parce que souvent, il y a des angles qui sont pas à 30 degrés,
31:05 mais plus refermés.
31:06 C'est parce que nous, on connaît l'environnement,
31:09 on connaît la propriété, il y a une maison,
31:11 il y a un chemin de commune.
31:13 Il faut pas qu'il se mette à 30 degrés par rapport à ses voisins.
31:16 C'est ce qu'on a fait qui est le plus valable,
31:19 parce qu'on connaît le territoire.
31:21 Voilà un autre type d'aménagement de poste.
31:30 C'est pas très compliqué.
31:31 Le poste est rentré un peu dans la bâtisse,
31:34 qui permet d'ouvrir la zone de tir.
31:37 Et en entretien, c'est assez facile.
31:40 Quand je fais les allées, je passe un coup de broyeur
31:43 jusque devant le poste, et voilà.
31:45 C'est assez simple d'entretien.
31:47 L'avantage de ce coup de broyeur, c'est que ça délimite la zone de tir.
31:51 Les gens ne peuvent pas aller plus loin que ce qu'il faut.
31:55 ...
32:10 -C'est bon ? -Oui, c'est bon.
32:11 Impeccable.
32:12 Donc voilà l'exemple type d'une ligne de tir
32:18 faite dans un bois,
32:21 dans des pins.
32:23 On met quelqu'un au prochain poste,
32:26 on mesure l'angle des 30 degrés,
32:29 qui est matérialisé par un point rouge.
32:31 C'est assez facile, c'est quand même des pins,
32:34 c'est clair, là, ça va assez vite.
32:37 Mais il faut être au moins trois personnes.
32:39 En plus de ce poste-là,
32:42 ça sert un peu quand même à deux fonctions.
32:45 Il y a un chemin de commune devant nous,
32:48 que l'on voit pas là,
32:49 mais on est vraiment à l'extérieur de la bâtue
32:53 et on tire à l'opposé du chemin de commune.
32:55 Donc la sécurité est aussi bien pour les passants
32:59 comme pour le reste de la chasse.
33:01 C'est notre rôle de favoriser la sécurité.
33:04 Il faut que les chasseurs comprennent
33:07 que la sécurité, c'est très, très important.
33:09 L'aménagement contribue totalement à tout ça.
33:12 -Les aménagements de territoire, ça représente beaucoup de travail.
33:16 Il y a quelques heures passées sur le terrain,
33:18 mais je pense qu'après, pour le fonctionnement de la chasse,
33:21 on a eu des chances de gagner, de sécurité énormément.
33:24 Et ça reste notre devoir, je pense,
33:27 en tant qu'organisateur de chasse,
33:29 pour avoir quelque chose de concret
33:31 et où la journée se passera bien sur tout ça.
33:34 Donc une personne qui connaît pas le territoire qui arrive,
33:37 je pense qu'elle va se trouver beaucoup plus à l'aise
33:39 le fait de se retrouver sur un poste aménagé.
33:42 Elle aura eu les consignes du chef de ligne
33:44 et je pense que ça se passera beaucoup mieux.
33:47 -Ce matin, on a vu un exemple d'aménagement
33:49 avec un garde particulier sur une propriété,
33:51 mais c'est tout à fait transposable
33:53 sur n'importe quelle société de chasse.
33:56 Quand une société de chasse communale ou une ACCA
33:58 organise une bâtie aux sangliers qui a 25, 30, 40 postés,
34:02 ils font la même journée pour matérialiser les postes,
34:05 les angles, et puis ça ira deux fois plus vite
34:07 que sur une propriété où il y a un seul salarié qui le fait.
34:11 Là, c'est des bénévoles.
34:12 Et puis, ça fait...
34:13 Il faut le prendre comme une journée de chasse,
34:16 on fait une journée d'entretien,
34:18 une journée mise en place des postes
34:20 avec un casse-route le midi et on fait une journée de chasse.
34:23 -J'ai en charge la gestion synergétique
34:29 d'un certain nombre de territoires
34:31 au sein de l'Office français de la biodiversité.
34:34 Parmi les responsabilités qui me sont assignées
34:36 dans la gestion de ces territoires,
34:38 j'ai en charge l'organisation des bâtues,
34:41 notamment sur ce site historique, le site de Saint-Menoy,
34:44 qui se trouve dans le département des Yvelines,
34:47 et qui est un site en zone périurbaine,
34:50 à 40 km de Paris.
34:52 Domaine de Saint-Benoît est donc un laboratoire intéressant
34:56 qui permet, d'une part, de mesurer la fréquentation excessive
35:01 des gens en périphérie des espaces naturels
35:03 et donc de trouver des solutions
35:05 pour limiter le risque d'accident lors de l'organisation des chasses.
35:10 Vous avez ici un exemple d'une bâtue
35:13 que nous sommes en train de faire évoluer,
35:15 où nous avions une ligne de tir
35:18 qui était positionnée sur la lisière de la forêt,
35:21 avec une zone de tir, donc à l'extérieur de l'enceinte,
35:25 dans cette plaine.
35:27 Mais ça présentait au moins deux inconvénients.
35:30 Premier inconvénient, il y a un chemin communal
35:33 juste derrière la limite forestière que vous voyez,
35:36 qui n'est pas visible par le chasseur,
35:38 même si on lui explique et qu'on lui donne pour consigne
35:42 de prendre en compte ce danger,
35:44 pour autant, il y a quand même un chemin communal
35:47 où il y a une circulation d'usagers de la nature
35:51 sur ce chemin, juste derrière.
35:53 Deuxième inconvénient, le champ visuel
35:56 qui est extrêmement large dans cette plaine.
35:58 Donc, encore une fois, même si nous donnons comme consigne
36:02 de limiter la distance de tir,
36:03 même si nous matérialisons la distance de tir
36:07 entre 30 et 50 mètres,
36:09 en demandant, en exigeant au chasseur
36:12 de ne pas tirer au-delà de cette limite-là,
36:14 le chasseur va être tenté, parce qu'il voit bien l'animal,
36:18 parce qu'il se trouve dans une situation, je dirais, de battue,
36:22 où le gibier est souvent forcé,
36:24 il sort à grande vitesse de la lisière du bois
36:27 pour traverser cette plaine le plus rapidement possible.
36:30 Et donc, on met le chasseur
36:33 en situation inconfortable et accidentogène.
36:38 Et donc, pour toutes ces raisons,
36:41 nous avons décidé de faire évoluer cette ligne de chasse
36:45 en expérimentant des postes en tracafu.
36:48 Alors, nous voici ici
36:51 sur un poste typique, classique de tracafu,
36:56 où le chasseur est situé sur un poste isolé,
37:00 ici sur une échelle haute, ça peut être sur un mirador,
37:04 et en l'espèce, à l'intérieur de l'enceinte.
37:08 Ce poste présente plusieurs avantages pour le chasseur.
37:11 Il permet de tirer à très courte distance.
37:14 Ce poste est situé sur une coulée de fuite des animaux
37:17 qui se débine tout doucement
37:19 et qui permet au chasseur d'assurer non seulement un tir à courte distance,
37:23 un tir fichant, puisque le poste est en hauteur,
37:26 mais également sur des animaux qui sont au petit trot,
37:30 et non pas en pleine course.
37:31 Donc, ça améliore l'efficacité dans l'identification de l'animal,
37:37 mais également dans le placement de la balle.
37:41 Ça permet de placer une balle judicieusement sur l'animal.
37:46 Un autre avantage que présente ce type de poste
37:48 est de diminuer le nombre de balles.
37:50 Effectivement, le nombre de balles moyennes
37:53 pour tuer un animal en battu
37:56 est situé entre 7 et 9 balles pour un animal.
38:00 La tracafu, en tout cas, sur le site expérimental de Saint-Benoît,
38:03 nous permet de descendre à 2 balles pour le prélèvement d'un animal.
38:07 Moins de balles tirées, moins de risques d'accident.
38:10 Ces techniques de tracafu sont largement utilisées auprès des archers
38:15 qui utilisent cette méthode depuis de nombreuses années.
38:18 La tracafu n'est pas la recette miracle
38:21 à mettre en œuvre sur l'intégralité des territoires.
38:25 Mais par contre, c'est un outil qui peut permettre de s'adapter
38:29 à des contextes périurbains ou pas.
38:32 Vous pouvez avoir des territoires qui ne sont pas périurbains
38:35 et qui sont extrêmement compliqués à chasser.
38:37 La tracafu peut répondre à certaines situations
38:41 et permettre aux chasseurs de s'adapter.
38:43 L'essentiel, vraiment,
38:45 lorsqu'on adapte ces modes de chasse au contexte,
38:48 c'est vraiment une connaissance précise de son territoire
38:51 et de son utilisation par les animaux.
38:54 De bien prendre en compte les spécificités de son territoire,
38:58 le relief, le contexte,
38:59 et surtout la nécessité aux chasseurs de s'adapter
39:03 au contexte périchérique et au contexte global
39:07 de son territoire de chasse.
39:08 Au travers du réseau sécurité à la chasse de l'OFB,
39:15 on a mis en évidence qu'un accident sur deux
39:17 était lié à une mauvaise manipulation des armes.
39:19 L'objectif de cette séquence, c'est de vous expliquer
39:21 qu'il y a des gestes techniques qui optimisent les règles de sécurité
39:25 que nous avons mises en place
39:26 avec les fédérations départementales des chasseurs
39:29 aujourd'hui, les nouveaux chasseurs ont cette chance d'être formés.
39:33 L'objectif, c'est d'expliquer aux anciens chasseurs
39:36 comment mieux manipuler les armes.
39:38 On voit trop souvent ce genre de fermeture à la chasse,
39:41 avec souvent associé au doigt sur la queue de détente.
39:44 Inutile de vous dire que les deux cumulés,
39:46 une arme à hauteur d'un avec un doigt sur la queue de détente,
39:49 c'est extrêmement dangereux.
39:50 On voit aussi ça, un fusil que l'on va fermer très près des pieds
39:54 avec le doigt sur la queue de détente.
39:56 Et là, c'est ce qu'on appelle les auto-accidents,
39:58 les coups de fusil qui partent dans les pieds,
40:00 les gens qui se blessent tout seuls.
40:02 Les manipulations qu'on a mises en place, elles sont très simples.
40:05 Elles consistent, pour éviter ce basculement d'armes
40:09 du haut vers le bas ou trop près des pieds,
40:11 c'est de changer l'axe de rotation du canon,
40:14 de partir d'un fusil superposé, de le retrouver en juxtaposé,
40:18 toujours dans une zone de manipulation.
40:20 Et si cette zone est sécurisée, que je m'en suis assuré,
40:23 il suffit de basculer le fusil sur le côté
40:26 et de fermer comme ceci,
40:28 ce qui permet d'avoir une rotation des canons
40:32 toujours vers le sol, loin des pieds,
40:34 sans risque d'avoir un coup de fusil qui part
40:36 à hauteur d'un ou dans les pieds.
40:37 L'ouverture se fait toujours de la même façon,
40:39 en insistant bien sur le fait que les doigts
40:42 sont toujours derrière le pontet
40:43 pour éviter d'appuyer sur la queue de détente.
40:46 Donc, dans certaines circonstances,
40:49 on est amené à se déplacer avec une arme chargée pour chasser.
40:53 La bonne manipulation et le bon port de l'arme,
40:55 c'est toujours tenu à deux mains,
40:58 tous les doigts derrière le pontet,
40:59 jamais ici, jamais comme cela,
41:01 comme et là, si on le voit régulièrement à la chasse,
41:04 et toujours les canons franchement dirigés vers le ciel,
41:07 et non pas comme on le voit parfois,
41:09 comme ceci.
41:11 Ça peut être extrêmement dangereux.
41:12 Inutile de vous dire que quand on balaye tout le monde,
41:15 en plus avec le doigt sur la queue de détente, très dangereux,
41:18 il n'y a pas besoin d'avoir le doigt sur la queue de détente
41:21 pour que le coup parte.
41:22 Il suffit d'accrocher un vêtement pour que le coup parte.
41:25 On a pu faire en sorte de voir des chasseurs
41:28 se déplacer comme ceci.
41:29 Pourquoi ? Parce qu'en se déplaçant,
41:32 vous avez des chiens qui passent à côté,
41:34 vous avez les pieds des autres chasseurs
41:36 et vous avez vos propres pieds,
41:37 avec le risque de voir un coup de fusil partir.
41:40 Donc la bonne position pour se déplacer
41:42 avec une arme chargée,
41:43 c'est toujours canon franchement vers le ciel.
41:46 Maintenant, la seule possibilité en termes de sécurité
41:49 quand on a à se baisser ou à rencontrer quelqu'un,
41:51 c'est de sécuriser son arme.
41:53 Et sécuriser son arme, c'est quoi ?
41:55 C'est de l'ouvrir dans une zone de manipulation
41:58 qu'on a bien vérifiée,
41:59 l'ouvrir complètement, enlever les cartouches,
42:03 et une arme qui est sécurisée,
42:04 c'est une arme qui est ouverte et non approvisionnée.
42:08 Ce que l'on ne veut pas voir non plus,
42:10 c'est ce genre de choses qui arrivent aussi encore aujourd'hui.
42:14 Les chasseurs qui vont poser leur arme comme ça
42:17 pour refaire leur lacer, enlever un caillou dans la botte,
42:21 là, inutile de vous dire qu'un chien qui passe
42:23 et qui fait tomber le fusil,
42:24 poum, extrêmement dangereux.
42:26 Donc, jamais une arme fermée posée,
42:31 toujours une arme sécurisée, c'est-à-dire ouverte, sans cartouches,
42:35 que l'on va poser sur l'arbre comme ça.
42:38 Et moi, en tant que chasseur, quand j'arrive à côté,
42:40 je vois que l'arme est sécurisée, je me sens beaucoup plus à l'aise.
42:43 Voilà pour le fusil basculant.
42:46 Je vous propose maintenant de voir la manipulation
42:49 du fusil semi-automatique.
42:52 Ce que l'on voit à la chasse aujourd'hui avec le fusil semi-automatique,
42:55 c'est ce genre de manipulation.
42:57 Canon à l'horizontale, avec bien entendu le risque de voir le coup partir,
43:02 ou une autre manipulation comme ceci, ou bien celle-ci,
43:07 avec le risque d'avoir un coup de fusil qui part dans les pieds.
43:10 L'idée de la manipulation que l'on vous montre,
43:13 c'est de faire en sorte qu'une arme se tient toujours à deux mains.
43:17 Je suis obligé de libérer ma main pour manipuler.
43:19 Je vais créer un deuxième appui au-dessus de ma cuisse,
43:22 ce qui permet d'avoir le canon bien dirigé vers le ciel
43:25 et de pouvoir ensuite manipuler correctement mon arme
43:29 pour la provisionner
43:31 sans aucun danger,
43:35 en conservant le canon bien vers le ciel.
43:38 Je viens de charger mon arme.
43:44 Et voilà, je me retrouve avec mon arme semi-automatique
43:46 qui n'a jamais, jamais, jamais été dirigée à hauteur d'homme
43:50 ni près des pieds, toujours vers le ciel.
43:52 Position de déplacement,
43:54 exactement comme le fusil basculant, canon vers le ciel.
43:58 Et pour décharger mon arme,
43:59 je vérifie qu'il n'y a personne dans ma zone de manipulation.
44:02 Je libère ma main droite pour pouvoir appuyer sur la culasse
44:08 et je vais pouvoir décharger mon arme,
44:11 toujours le canon bien vers le ciel.
44:14 Je viens de finir toutes mes manipulations avec cette arme semi-automatique
44:17 pour m'assurer que mon arme est vraiment sécurisée,
44:20 toujours dans ma zone de manipulation.
44:22 Je vais venir vérifier qu'il n'y a aucune cartouche dans le magasin
44:27 et aucune cartouche dans la chambre.
44:30 Toutes ces manipulations qu'on vient de voir,
44:31 elles sont valables pour toutes les armes avec un canon fixe.
44:36 C'est-à-dire que c'est valable pour les armes semi-automatiques
44:40 à canon lisse, comme pour toutes les carabines de chasse.
44:43 Cette arme semi-automatique, on peut aussi visuellement
44:46 mieux montrer qu'elle est sécurisée par l'utilisation
44:48 de ce qu'on appelle un témoin de chambre vide,
44:51 qui a cet avantage d'avoir une partie qui va venir s'insérer dans la chambre.
44:55 En la mettant comme ça,
44:57 je m'assure qu'il n'y a pas du tout de cartouche dans la chambre.
45:01 Je peux donc avoir une arme sécurisée et leur montrer à tout le monde,
45:05 c'est très visuel, avec ce témoin de chambre vide.
45:08 Alors la bretelle, c'est une circonstance identifiée
45:16 comme particulièrement accidentogène tous les ans,
45:19 avec des auto-accidents, voire même des accidents mortels.
45:22 Vous voyez la situation qu'on rencontre classiquement à la chasse.
45:26 Une arme fermée, chargée, tenue à la bretelle, très dangereuse,
45:29 parce qu'à tout moment, la queue d'étente peut être prise ici,
45:32 le coup peut partir.
45:34 La précipitation au moment où le gibier décolle
45:36 fait qu'on va attraper le fusil n'importe comment
45:38 et le diriger dans toutes les directions.
45:41 Une bretelle, ça n'est rien d'autre qu'un bout de cuir ou de tissu,
45:45 ça peut casser.
45:46 L'arme tombant comme ça, ça peut être extrêmement dangereux.
45:50 Donc la situation de la bretelle,
45:52 elle est à proscrire pendant l'action de chasse
45:55 et le port d'une arme à la bretelle ne peut s'entendre
45:59 au niveau du réseau sécurité à la chasse
46:01 que comme un accessoire de chasse qui permet de se déplacer
46:05 avec une arme qui est sécurisée, ouverte et non approvisionnée,
46:09 en tenant l'arme comme ceci.
46:11 Et les déplacements ici peuvent se faire sans aucun problème
46:15 et dès lors qu'on est en action de chasse,
46:17 qu'on va approvisionner son arme,
46:19 la première des choses à faire, ça va être de retirer...
46:22 la bretelle et à partir de là, je vais pouvoir approvisionner
46:30 et partir à la chasse, sachant qu'une arme,
46:34 ça ne se tient qu'à aller charger, qu'à demain,
46:36 qu'à non vers le ciel.
46:38 ...
46:50 Voilà, donc là, je viens de faire tomber le fusil volontairement
46:53 avec des cartouches neutralisées, elles sont vides,
46:56 il n'y a que la morse,
46:58 pour voir si...
47:00 Ça peut arriver que le coup parte tout seul,
47:03 pour démontrer aussi que très souvent,
47:05 c'est quand même les doigts qui sont sur la queue de détente.
47:08 Ça peut souvent partir tout seul d'une arme qui tombe,
47:10 mais c'est souvent quand la personne, le chasseur, trébuche,
47:13 il va serrer son arme, s'il y a le doigt sur le pontet,
47:16 en serrant, il vient sur la queue de détente
47:18 et le coup peut partir.
47:20 Donc, que ce soit ça ou l'arme portée à la bretelle,
47:23 d'où l'intérêt en action de chasse, l'arme, elle est fermée,
47:26 chargée et tenue à deux mains avec tous les doigts derrière le pontet,
47:30 ou alors, elle est ouverte et complètement déchargée,
47:33 et là, l'arme est neutralisée et il n'y a plus aucun danger.
47:36 Donc, le coup peut partir tout seul,
47:38 mais plus sur des armes mal entretenues.
47:40 Donc, une arme très bien entretenue, révisée régulièrement par un armurier,
47:43 il y a quand même moins de risques et c'est une garantie supplémentaire
47:46 pour limiter les risques d'accident.
47:48 -Donc, depuis 20 ans, on répertorie les accidents,
47:50 mais depuis quelques années,
47:52 l'OFB répertorie aussi ce que l'on appelle les incidents.
47:56 Alors, attention, il ne faut pas croire
47:58 qu'un incident, c'est quelque chose d'anodin, bien au contraire.
48:00 Un incident, c'est une balle qui va finir dans une maison
48:05 sans blesser quelqu'un, qui va finir dans une voiture sans blesser quelqu'un,
48:08 mais c'est traumatisant, et j'insiste bien là-dessus
48:11 pour dire que c'est traumatisant pour les victimes.
48:13 Et cette évolution, aujourd'hui, elle est contraire à celle des accidents.
48:18 Depuis quelques années, on voit que les incidents augmentent un petit peu.
48:22 Cette année, ils ont bien diminué, tant mieux,
48:24 mais on travaille non pas que sur les accidents,
48:27 mais on travaille également en formation sur les incidents,
48:30 parce qu'un incident, c'est un accident qui n'est pas arrivé,
48:33 mais qui aurait pu arriver.
48:35 -Je rentrais chez moi après une journée de travail.
48:38 Il était 14h, et je me suis, comme toujours,
48:41 assis sur mon canapé, je me suis détendu,
48:44 comme je le fais tous les jours,
48:45 et là, tout d'un coup, j'ai entendu deux bruits stridents.
48:48 J'ai cru que c'était l'orage, je me suis mis debout,
48:51 et c'est le deuxième bruit strident que je me suis aperçu,
48:53 que j'avais des trous dans ma baie vitrée,
48:54 que c'était des balles qui passaient près de moi.
48:56 Donc, réflexe, je me suis jeté au sol,
48:59 j'ai rampé jusqu'au téléphone, et j'ai appelé la gendarmerie
49:02 pour dire qu'il y avait un problème,
49:03 les chasseurs, parce que j'entendais le bruit,
49:05 ont tiré chez moi.
49:06 Qu'est-ce que je fais ?
49:08 Là, les gendarmes m'ont demandé de sortir,
49:10 d'essayer de les prévenir d'arrêter, ce que j'ai fait.
49:13 J'ai été devant chez moi,
49:15 et devant le champ qui est devant chez moi,
49:16 j'ai fait les grands gestes,
49:18 et là, personne n'a répondu.
49:20 Enfin, il y a bien quelqu'un qui m'a vu,
49:21 mais il a dû croire que je disais bonjour.
49:23 Et ils ont continué à tirer. J'ai été obligé de me cacher
49:25 et d'attendre que la gendarmerie arrive.
49:27 -Ce jour-là, effectivement,
49:29 c'est une battue de sangliers difficile à réaliser,
49:34 parce que le lieu n'est pas propice
49:36 à une bonne réalisation de battue,
49:38 mais avec des gens sérieux, la chose était possible,
49:41 parce que c'était quand même la troisième fois
49:43 qu'on allait sur ce troupeau
49:45 qui commence à embêter tout le voisinage,
49:47 puisque nous avons eu des plaintes de personnes
49:50 qui ont eu les jardins défoncés.
49:52 Le nombre d'animaux repérés était conséquent,
49:55 donc on s'est dit, on va enfin réussir quelque chose.
49:58 -Et tout ça faisant, la pression monte sur les tireurs,
50:02 la ligne de tir est formée,
50:05 les animaux sortent.
50:07 Malheureusement, dans cette ligne de tir,
50:09 apparemment, les carabines auraient tiré
50:14 dans la maison de monsieur *** et y logé plusieurs balles.
50:17 Donc, résultat, c'est que je suis considéré maintenant
50:22 comme le responsable de cet acte de chasse,
50:25 n'ayant pas, dans la précipitation,
50:28 donné les consignes, les dits consignes obligatoires.
50:31 Je ne m'explique moi non plus toujours pas comment se fait-il
50:35 que les consignes n'aient pas été données.
50:37 J'attribue ça au stress du sanglier,
50:42 parce que c'est une chasse particulière,
50:44 extrêmement complexe, où tout le monde doit jouer le jeu,
50:47 et c'est extrêmement compliqué.
50:48 Il s'avère que le vrai danger,
50:52 il est dans la responsabilité de celui qui a l'arme à feu,
50:56 à mon avis, qui ne respecte pas le paysage,
51:00 les maisons et les voies de contournement, les routes,
51:05 et tous les points qui doivent être absolument mentionnés
51:08 lorsqu'on fait une battue en périurbain.
51:13 -Quand on vit un drame comme ça, André,
51:16 ça change sa façon de voir les choses ?
51:21 -Disons qu'on s'aperçoit qu'on a eu beaucoup de chance,
51:25 parce qu'à quelques centimètres près, j'étais bon.
51:28 Je me la prenais par rapport à l'axe en pleine tête.
51:31 Donc j'ai dû changer la perception,
51:35 mais c'est surtout pour ma femme que ça a beaucoup changé.
51:37 Même si elle n'était pas là, là où la balle est passée,
51:40 c'était elle qui était morte.
51:41 Donc ça l'a beaucoup marqué.
51:43 -Michel, quand on commet une telle erreur,
51:47 ce qu'on appelle un incident, puisque là,
51:49 Dieu soit loué, il n'y a eu aucun dégât corporel,
51:52 quelle analyse on peut avoir ?
51:54 -J'estime que j'ai subi un échec terrible.
51:56 C'est triste à dire, parce qu'il y a 30 ans,
51:59 je suis président d'une société, j'ai été 20 ans secrétaire,
52:02 j'ai 60 ans de chasse derrière moi,
52:04 il ne m'était jamais arrivé quoi que ce soit comme incident.
52:07 Je n'avais pas imaginé le danger potentiel que ça représente.
52:11 En tout cas, pas suffisamment.
52:13 En résumé, la désorganisation,
52:17 parce que c'était trop rapide,
52:19 manque de...
52:21 de réflexion.
52:23 Les gens qui sont conviés dans ces battues-là,
52:26 on les connaît pas bien,
52:27 et ça, c'est un gros handicap.
52:30 Ensuite, le lieu.
52:32 Il est évident que le lieu fait tout.
52:34 C'est vrai que la proximité des habitations
52:37 aurait dû m'alerter,
52:40 et je devais faire un refoulement de ces animaux, éventuellement,
52:44 mais ne pas les tirer.
52:45 Ca n'arrive pas qu'aux autres.
52:47 Attention.
52:48 Les conséquences derrière, vous les assumez ou pas,
52:53 mais en tous les cas, vous traînez quelque chose
52:55 qui vous lâche plus.
52:58 Ca peut arriver, et ça arrivera malheureusement,
53:02 et ça peut arriver à n'importe quel responsable,
53:04 et c'est très regrettable.
53:06 -Alors, suite à une pétition déposée sur le site Internet du Sénat,
53:11 d'un collectif nommé "Un jour un chasseur",
53:15 le Sénat a décidé de commander une mission d'information
53:18 et de contrôle aux sénateurs,
53:21 et j'ai été élue présidente de cette mission d'information.
53:24 Le sujet de cette mission était réellement la sécurité à la chasse,
53:28 d'aboutir à l'arrivée à des préconisations
53:31 pour améliorer aujourd'hui la sécurité de la chasse
53:34 et la sécurité aussi pour tous les usagers de la nature
53:38 qui partagent l'espace aujourd'hui avec les chasseurs.
53:40 Alors, nous avons fait un travail sur huit mois,
53:43 un travail intense où nous avons auditionné plus de 175 personnes.
53:48 Nous avons aussi fait cinq déplacements,
53:50 et au bout de tous ces travaux d'enquête et d'analyse,
53:54 nous avons rendu un rapport de 180 pages, un gros rapport,
53:58 et nous avons fait 30 préconisations,
54:00 dont les plus marquantes sont aujourd'hui
54:03 l'obligation de formation des chefs de battue.
54:07 Nous avons repris en cela les bonnes pratiques
54:09 des fédérations de chasse, notamment celle des Hautes-Pyrénées,
54:12 qui a mis en place l'obligation de formation des chefs de battue.
54:16 Nous avons aussi souhaité, suite au constat
54:19 que 80 % des accidents de chasse
54:22 étaient dus à un défaut de respect des règles élémentaires de sécurité.
54:27 Nous avons souhaité que ces règles élémentaires soient écrites
54:31 et harmonisées au niveau national, notamment l'angle des 30 degrés
54:35 sur les schémas synergétiques départementaux.
54:38 Et puis, bien sûr, celle qui a été le plus reprise à tort, à mon avis,
54:42 par la presse lors de cette mission, c'est l'alcool à la chasse.
54:47 Nous nous sommes rendus compte qu'il n'y existait pas
54:50 de délit d'alcoolémie à la chasse,
54:52 dont nous avons préféré l'inscrire et le graver dans le marbre,
54:56 parce que même si aujourd'hui on sait très bien
54:59 qu'il y a énormément d'efforts qui ont été faits en la matière,
55:02 au moins que ce soit écrit et qu'il n'y ait pas de problème avec les gens
55:06 et qu'on sache aujourd'hui qu'il existe un délit d'alcoolémie à la chasse
55:09 et que les chasseurs ne chasseront pas en état d'ébriété.
55:13 Voilà un peu les trois plus emblématiques propositions
55:16 que nous avons faites sur les 30 que nous avons retenues.
55:20 Ce rapport a été remis à la ministre de l'Environnement, Bérangère Couillard,
55:25 qui a décidé de reprendre une grande partie de nos propositions
55:29 dans son plan chasse au mois de janvier dernier.
55:32 Et puis mon collègue rapporteur Patrick Chaise,
55:35 sénateur de l'Ain, a déposé une proposition de loi
55:38 que j'ai co-signée, que nous examinerons très certainement
55:41 dans le courant de l'année 2024.
55:43 Aujourd'hui la chasse est importante pour nos territoires,
55:47 elle est essentielle, mais il ne faut pas oublier
55:49 qu'aujourd'hui détenir une arme c'est aussi assumer un danger.
55:55 Et il faut vraiment promouvoir aujourd'hui une culture du risque.
55:59 Il faut, même si le risque zéro n'existe pas,
56:02 il faut tendre vers ce risque zéro et systématiquement avoir à l'esprit
56:07 que lorsqu'on détient une arme, ce n'est pas neutre
56:09 et on peut être aujourd'hui entouré de promeneurs ou de vététistes
56:14 dans un environnement où tout le monde doit cohabiter.
56:18 -En termes de formation, on aura beau faire n'importe quelle formation
56:21 et toutes les formations qu'on veut,
56:23 on aura gagné le jour où chaque chasseur,
56:26 chaque personne qui a une arme dans les mains,
56:29 aura conscience que son arme devient dangereuse
56:32 à partir du moment où il met une balle dedans,
56:34 parce qu'il y a des accidents aussi aux petits gibiers,
56:37 autant petits gibiers, pratiquement.
56:39 On aura gagné à partir du moment où chaque personne qui détient une arme
56:43 est consciente que cette arme devient dangereuse
56:46 à partir du moment où il la charge.
56:48 -La chasse d'aujourd'hui ne ressemble pas à la chasse d'il y a 30 ans.
56:51 La société a évolué.
56:53 Les modes de chasse doivent évoluer avec la société.
56:56 On a de plus en plus de chasse en périurbain,
56:59 ça veut dire avec beaucoup d'habitations, beaucoup de promeneurs.
57:03 Le partage de la nature est beaucoup plus important
57:06 aujourd'hui qu'il y a 30 ans.
57:08 Le mot d'ordre, ce serait de dire que l'ensemble des chasseurs,
57:12 l'ensemble du monde de la chasse, doit prendre conscience de cette évolution
57:16 et évoluer en même temps que la société.
57:20 Et donc, il faut s'adapter.
57:22 Il faut aujourd'hui que les chasseurs,
57:25 même s'ils ont 40 ans de chasse derrière eux,
57:27 soient capables de se remettre en cause,
57:29 de dire que ce que je faisais n'est peut-être plus bon aujourd'hui,
57:33 mais j'ai voulu.
57:34 Il faut que les organisateurs de chasse
57:37 soient plus rigoureux dans l'organisation.
57:39 Une chasse, ça ne s'improvise pas.
57:41 Une chasse, ça se prépare.
57:43 Et donc, voilà, l'objectif, c'est aujourd'hui de vous dire,
57:47 nous, on vous accompagne pour améliorer les méthodes de chasse
57:51 et on sera toujours derrière vous
57:53 parce que notre objectif,
57:55 qui est commun avec l'ensemble du monde de la chasse,
57:58 c'est de tendre vers le zéro accident et le zéro incident
58:00 qu'il ne faut pas oublier.
58:02 Évidemment, on a effectivement le devoir et l'obligation
58:06 d'être exemplaires dans la pratique de la chasse vis-à-vis de la sécurité,
58:10 pour nous-mêmes, mais comme pour les autres usagers.
58:12 La marge de progression a été importante depuis 30 ans.
58:15 Il est évident qu'on se rapproche, je dirais,
58:18 de chiffres qui sont aujourd'hui des petits chiffres,
58:20 toujours très médiatisés, je l'entends,
58:23 et c'est pas pour autant que quand il y a un drame,
58:25 que ce n'est pas un drame.
58:26 Donc on a encore une marge de manoeuvre,
58:29 je le dis, c'est important, on doit être exemplaires,
58:32 exemplaires de prudence, exemplaires de sécurité.
58:34 Et j'aime le dire souvent aussi,
58:36 ne pas tirer est aussi un acte de chasse, ne l'oublions jamais.
58:39 -Ayez confiance en vous, justement, sur votre capacité
58:48 à éviter l'accident,
58:51 en réfléchissant avant d'agir.
58:53 ...
59:19 ...

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