À l’occasion du Space 2023, Sophie Tellier, ingénieure conseil au BTPL est revenue sur un voyage d’étude organisé en Suède. Avec des marges sur coût alimentaire intéressantes, et des systèmes favorisant le bien-être animal, le pays a de quoi inspirer les éleveurs français.
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00:00 (Musique)
00:10 Alors bonjour à tous, pour ce nouvel épisode je suis en compagnie de Sophie Tellier. Sophie bonjour !
00:15 Bonjour !
00:16 Alors tu es ingénieure conseille au BTPL et coordinatrice France du réseau EDF.
00:21 Alors c'est quoi un petit peu le réseau EDF pour éclairer un petit peu nos lecteurs ?
00:25 Donc le réseau EDF c'est European Dairy Farmers, c'est un réseau d'éleveurs laitiers européens
00:30 où notamment on va comparer les coûts de production sur la même méthode partout en Europe
00:36 avec un peu près une bonne cinquantaine d'éleveurs d'exploitation française au sein de ce réseau.
00:44 Alors vous faites chaque année des visites de fermes justement dans différents pays en Europe
00:48 et en juin dernier c'était en Suède.
00:50 Tout à fait.
00:51 Alors ça ressemble à quoi un peu l'agriculture en Suède ?
00:53 Déjà ça représente une grosse part du pays ou pas ?
00:56 Finalement l'agriculture en Suède, c'est finalement une petite partie du pays
01:01 parce qu'on a une surface agricole des terres arables en Suède qui sont moins de 20% de la surface du pays.
01:08 On a beaucoup de forêts et de lacs.
01:11 On a un contexte pédoclimatique qui est assez complexe et du coup on se retrouve avec des élevages laitiers
01:19 principalement basés à l'herbe, mais néanmoins assez productifs.
01:23 Les élevages que l'on a pu rencontrer, on est autour de 10 000 litres de lait par vache en conventionnel comme en bio,
01:30 comme en bio parce que le bio est une part importante du paysage laitier du pays
01:36 et avec des troupeaux de 100 vaches en moyenne.
01:39 Donc des troupeaux plutôt productifs, donc des rations plutôt en silage d'herbe ?
01:43 Des rations basées en silage d'herbe, corrigées avec de la céréale,
01:48 souvent autoproduites sur les exploitations avec des mélanges de céréales, de blé, d'orge, triticale, etc.
01:55 Et aussi une part de correction azotée.
01:57 Donc il y a une grosse part quand même de concentré, céréales ?
02:00 Oui, on monte à des 6-10 kilos de concentré dans les rations avec du coup des DAC,
02:07 beaucoup de DAC dans les exploitations qu'on a pu visiter et même des DAC en complément des robots de traite
02:12 parce qu'à de telles quantités de concentré par vache,
02:18 ils n'ont pas le temps de manger ça pendant leur passage au robot.
02:20 Donc c'est vraiment des rations qu'on n'a pas du tout chez nous.
02:24 Et donc, il n'y a pas de problème d'acidoses ou des choses comme ça ?
02:29 De ce qu'on a pu voir, ça a l'air de bien aller.
02:31 Il faut aussi savoir que la Suède, c'est un pays dont on vende souvent les mérites du côté du bien-être animal.
02:39 Bon, nous, avec le groupe d'éleveurs français, on s'est dit qu'on n'a quand même vraiment pas à rougir en France.
02:43 C'est assez satisfaisant.
02:46 Mais ils ont aussi une politique de soins vétérinaires assez stricte.
02:51 Les éleveurs n'ont pas du tout le droit de mettre de fer d'antibiotiques, de traitement antibiotique sur les vaches.
02:55 Ils doivent absolument passer par le vétérinaire.
02:58 Donc, on a très peu d'antibiotiques utilisés dans les fermes et c'est principalement pour le traitement des mammites,
03:04 en boiterie, etc. On n'intervient jamais. Il ne peut jamais y avoir de traitement antibiotique.
03:12 Et c'est vrai que nous, de ce qu'on a vu, alors oui, il y a quand même des fois,
03:19 on a pu voir des vaches peut-être moins en forme que d'autres, mais globalement,
03:22 c'est des systèmes qui tournent bien et de toute façon, avec des tels niveaux de production, il n'y a pas de souci.
03:28 En termes de ressources, du coup, si c'est des élevages basés sur l'herbe, il y a beaucoup de pâturage.
03:32 Et derrière, est-ce qu'il y a... Tout à l'heure, tu parlais du bio.
03:34 Est-ce que le bio représente une grosse part de l'élevage du pays ?
03:39 Donc oui, le bio est vraiment développé dans le pays.
03:44 Par contre, il est aussi en difficulté actuellement.
03:50 Et on a d'ailleurs pu voir des exploitations qui repassaient en conventionnel.
03:56 Au niveau du pâturage, le pâturage est obligatoire dans toutes les exploitations laitières,
04:00 en bio comme en conventionnel.
04:03 Alors, ça dépend de où on se trouve dans le pays, parce que c'est un pays qui est très étalé du nord sur un axe nord-sud.
04:10 Et donc, quand on est plutôt dans le nord du pays, on va être autour de 110 jours de pâturage obligatoire par an.
04:15 Quand on est dans le sud du pays, ça va jusqu'à 160, 180 jours pour des raisons d'ensoleillement, etc.
04:20 Et donc d'accès au pâturage qui ne démarre pas au même moment.
04:25 Alors, selon toi, du coup, et puis d'après le retour des éleveurs français qui étaient en visite,
04:29 est ce que c'est un modèle qui peut être transposable chez nous?
04:33 Alors, transposable, je ne sais pas.
04:35 On ne pense pas dans le sens où du coup, les exploitations qu'on a vues sont vraiment très spécialisées.
04:40 Et donc, ils produisent de l'herbe pour les vaches et des céréales pour les vaches.
04:44 C'est la différence de notre système français. On a aussi beaucoup de modèles de polyculture élevage.
04:50 Et donc, il y a toujours une question de voilà des ateliers culture de vente.
04:55 Est ce qu'on va prendre de la surface sur les cultures de vente ou au contraire,
04:59 on va intensifier les productions de surface fourragère pour libérer de la culture de vente?
05:03 Donc, c'est là où ça peut être un peu différent en France. Après, c'est vrai que c'est des modèles aujourd'hui qui se développent quand même en France.
05:08 Des systèmes à base d'ensilage d'herbe, de lyserne corrigé en énergie.
05:11 Alors, c'est vrai qu'on va quand même avoir du maïs épis plutôt en France parce qu'on peut le cultiver.
05:15 Le contexte climatique ne permet pas la culture du maïs en Suède, uniquement sur l'extrême bordure sud du pays.
05:21 Donc voilà, mais néanmoins, des systèmes intéressants avec des quantités de céréales qu'on n'a pas l'habitude de voir ni de conseiller en élevage laitier chez nous.
05:30 Oui, donc on n'a pas, comme tu disais tout à l'heure, on n'a pas à rougir.
05:33 Et finalement, notre système reste intéressant par rapport au leurre.
05:37 Et oui, on n'a vraiment pas à rougir non plus sur le côté bien-être animal.
05:40 Même moi, en partant, je découvrais ce pays.
05:43 Je pensais qu'on verrait des choses plus avancées en termes de bien-être animal.
05:48 Et finalement, finalement, non, je pense qu'on ne peut pas.
05:53 C'est sûrement sur la question des antibiotiques, sur le sanitaire ou oui, c'est sûrement des choses à faire.
05:58 Ils font sûrement beaucoup plus de préventif que nous encore en France.
06:03 Après, voilà sur le confort, le bien-être des animaux, que ce soit au niveau du couchage et autres.
06:07 Je ne pense pas qu'on ait à rougir.
06:08 Alors par contre, quelque chose qu'on peut on peut être un peu jaloux de sur les subventions pour le coup.
06:15 Oui, oui, la Suède n'est pas autosuffisante au niveau de sa production agricole.
06:20 Et on a vraiment une politique suédoise qui vise à encourager la production agricole locale et donc effectivement,
06:28 un niveau d'aide qui est de près du triple pour les exportations conventionnelles par rapport à l'exportation conventionnelle française.
06:36 Alors, c'est vrai que nous, dans le réseau EDF, on parle en euros par kilo de lait corrigé, corrigé par les taux.
06:42 Mais si on fait un petit amalgame avec ce qu'on a l'habitude de parler en France, on va être plutôt du coup à 4 euros les millilitres d'aide en France,
06:52 là où on sera à 9 euros en Suède, en conventionnel, où ils seront à 14 en bio.
06:58 D'accord, donc voilà un peu important.
07:01 Des aides qui permettent de couvrir des coûts de production plus élevés chez nous aussi.
07:04 Par contre, ils ont besoin effectivement de ce niveau d'aide parce que leurs coûts de production sont effectivement plus élevés.
07:11 Ils vont être un peu plus de 400 euros les millilitres.
07:13 Encore un si je fais l'amalgame avec notre façon de calculer, ils vont être à des prix d'équilibre autour de 400 euros les millilitres.
07:23 Là, on va être un petit peu inférieur en France, autour de 380 euros les millilitres.
07:28 Mais avec des prix du lait aussi qui sont plus.
07:31 Alors là, on parle des chiffres qu'on a étudié en 2023, donc qui correspondent à des comptables plutôt 2022 et du coup,
07:37 des prix du lait qui étaient montés plus fort aussi. Mais d'une manière générale, la Suède a toujours un prix du lait supérieur à ce qu'on peut avoir dans d'autres pays d'Europe.
07:44 Et du coup, sur cette sur cet exercice là, ils étaient à plus de 500, 510 euros les millilitres de prix du lait.
07:50 Donc, avec des soins de rentabilité à 400, il y a une belle marge. C'est certain.
07:57 Et plus globalement, du coup, vous visitez chaque année un pays différent dans tous les pays que vous avez visité depuis quelques années.
08:04 Est ce qu'il y a des enseignements de tirer de chez nos voisins parce que finalement, il y en a qui sont pas si loin que ça?
08:10 Est ce qu'il y a des idées à aller chercher à droite à gauche?
08:12 Alors, il y a toujours des idées à aller chercher. Alors, c'est vrai qu'on a rarement un système.
08:18 On n'a jamais un système qu'on peut transposer tel quel chez nous. Mais il y a toujours des choses à aller chercher.
08:23 Là, c'est vrai qu'en Suède, on aurait on espérait certainement plus cette partie manière animale.
08:28 Mais finalement, on a trouvé, on a eu plus d'idées du côté de la gestion de la main d'œuvre de ces équipes,
08:35 de ces réelles équipes de travail, des salariés avec des responsabilités, des salariés qui gèrent des alarmes robots, etc.
08:42 Et dans le management de ces ressources humaines, la gestion des protocoles, des tâches, etc.
08:50 Mais après, oui, il y a toujours à aller rechercher des idées ailleurs, que ce soit sur la technique,
08:56 sur aussi des réflexions stratégiques ou de gestion globale d'exploitation.
09:00 Et c'est toute la force de ce réseau, c'est d'être curieux, toujours curieux.
09:04 Justement, je te remercie pour ce premier retour.
09:06 Et puis, on va continuer à suivre un petit peu les aventures du réseau EDF et les enseignements qui en sont tirés.
09:12 Du coup, je vous invite à suivre d'autres articles à ce sujet sur WebAgri. Merci, Sophie.
09:16 Merci.
09:17 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]