• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Une question de notre collègue François Piquemal.
00:02 Oui, bonjour M. Laporte.
00:04 Le 12 novembre 2022, vous étiez toujours président de la Fédération française de rugby.
00:13 C'est la première sélection de Bastien Chalureau.
00:16 Et vous savez qu'il y a eu beaucoup de bruit avant et un peu pendant la Coupe du Monde au sujet de sa sélection.
00:24 D'abord venus d'acteurs du rugby qui se sont émus du fait qu'il était sélectionné,
00:30 eu égard qu'il avait une procédure judiciaire en cours pour des faits de violence à caractère raciste.
00:38 L'appel a eu lieu récemment et bientôt le jugement sera rendu et on saura à quoi s'en tenir.
00:44 Mais ma question est comment se fait-il que le 22 novembre, lorsque M. Chalureau est sélectionné,
00:52 la Fédération française de rugby ne se dit pas que forcément ce cas va prêter à discussion ou à interrogation légitime
01:01 de la part d'un certain nombre d'observateurs rugbystiques ou médiatiques et qu'il y a des victimes potentielles qui existent aussi.
01:11 Avant-hier, il y avait le témoignage de M. Yannick Larguet, qui est une des personnes qui a déposé plainte contre M. Chalureau
01:19 et qui se considère comme victime de sa part. Pourquoi n'y a-t-il pas eu un dispositif de la Fédération française de rugby
01:28 pour expliquer la sélection du joueur, pour expliquer aussi dans quel contexte est-ce qu'il y a eu des discussions avec le joueur avant
01:37 pour l'intégrer, pour savoir ce qu'il en était de sa procédure, de son état d'esprit, mais aussi pour communiquer sur le fait que
01:43 c'était très important pour la Fédération française de lutter contre le racisme et peut-être l'intégrer ?
01:50 Alors lui, ni la caractérisation raciste de l'agression. C'est son droit. Il est présumé innocent à ce stade.
01:57 Mais montrer que la Fédération française est volontariste sur cette question-là. Et plus largement parce que tout à l'heure,
02:04 vous avez dit que c'est au club de prendre leurs responsabilités sur les questions de racisme. Et on est d'accord.
02:10 Et là-dessus, il faut quand même relever que le stade toulousain, à l'époque de l'histoire, a fait preuve vraiment de célérité et d'exemplarité
02:19 sur la manière dont il a géré l'affaire, du moins d'après les deux personnes qui ont été victimes des coups.
02:26 Mais au niveau de la Fédération française de rugby, quelles actions vous avez mises en place, sachant que si on fait une revue de presse,
02:33 on a fait cet exercice ne serait-ce que pour 2023 ? Il y a quasiment tous les week-ends des faits de racisme vis-à-vis de joueurs de rugby
02:42 qui viennent de supporters, sur le terrain ou alors vis-à-vis d'arbitres parfois. Et quelles grandes actions avez-vous mises en œuvre ?
02:51 Je vous répondrai, puisque vous avez soulevé ce problème durant la Coupe du monde. Pourquoi vous ne l'avez pas fait en novembre 2022, vous aussi ?
03:01 Je vais vous répondre simplement, parce que même si je suis Toulousain, j'ai un petit prisme pour le foot plus que pour le rugby.
03:07 Et donc je n'ai pas, et comme beaucoup de personnes, je pense, analysé le CV de chaque joueur de rugby sélectionné pour un test match,
03:17 je crois c'était contre l'Afrique du Sud, et leur passif, tout simplement. Et je pense qu'on est beaucoup dans ce cas.
03:24 Pour répondre à la question, vous en avez parlé, c'est la présomption d'innocence, c'est aussi simple que ça.
03:29 Quand Fabien Galtier a sélectionné M.Cherlureau, bien sûr que tout le monde était au courant de ce qui s'était passé.
03:36 Vous savez, le rugby c'est un microcosme. Et vous avez bien fait de dire que le Stade Toulousain, d'abord c'était une affaire, j'ai envie de dire,
03:45 pas interne, puisque les victimes ne jouaient pas au Stade Toulousain, mais de gens qui habitent au même endroit, des clubs voisins, etc.
03:51 Et je pense que le Stade Toulousain a bien fait, effectivement, de prendre la décision qu'il a prise à ce moment-là. C'est une certitude.
03:57 Après, il y a, comme je vous le disais, la présomption d'innocence. On ne peut pas dire qu'on ne va pas sélectionner les garçons.
04:02 Imaginez-vous qu'il n'y ait rien à la sortie. Je crois qu'encore une fois... Ou alors il faut supprimer la présomption d'innocence.
04:09 On la supprime et on ne parle de plus rien. À ce moment-là, dès qu'il y a une clé d'action, on peut... Voilà, OK, il ne peut pas jouer.
04:14 C'est en ce sens, encore une fois. Et puis, je suis comme vous. Vous savez, quand Fabien a sélectionné M.Cherlureau,
04:22 d'abord, moi j'étais en Nouvelle-Zélande et j'étais aux phases finales de la Coupe du Monde féminine.
04:27 Donc je n'étais pas en France tout le mois de novembre. Je n'ai pas vu de match. J'avais entendu parler du cas Cherlureau.
04:32 Il faut dire les choses comme elles sont, mais pas dans les détails. Certainement pas.
04:36 Et qu'encore une fois, la présomption d'innocence fait que tant qu'il n'est pas condamné, tant qu'il n'a pas d'interdiction de jouer pour l'équipe de France,
04:44 c'est difficile. C'est difficile pour un sélectionneur de dire « on ne va pas le prendre ». Voilà.
04:48 Et quant à tout ce qu'on a mis en place, je crois que vous en avez déjà parlé avec Laurent Gabagnini, on est une fédération, j'ai envie de dire modèle,
04:56 exemplaire, ce serait prétentieux, mais modèle en termes de tout ce qu'on a bâti, que ce soit la C3PR, etc.
05:04 Avec Laëtitia Pachou, l'élu en charge de tout ce qui est violence sexuelle et autres. On est une fédération exemplaire.
05:15 Tout le monde nous le dit. La preuve, c'est quand on a créé la CADET, vous savez ce que c'est la CADET, la Commission Anti-Discrimination, Égalité et Traitement,
05:21 on est la seule fédération, on l'a remis en place. Alors oui, je l'ai mis en place parce que j'ai été confronté à un cas comme ça,
05:28 à un cas d'une fille qui est venue me voir, un étranger qui me dit « on m'interdit de jouer au rugby ». Mais pourquoi ?
05:34 On m'interdit de jouer au rugby pour telle et telle et telle raison. Et effectivement, Wall Rugby, dont j'étais membre, disait « interdiction de jouer » pour l'étranger.
05:44 Interdiction. Et moi, ça m'a heurté parce que quand je le regardais, je me disais « oui, mais pourquoi ? ».
05:52 Et donc, je me suis appuyé sur J.Bemol qui est un docteur en sciences, je ne sais pas si vous le connaissez, un docteur en sciences des sports à Montpellier,
05:59 qui est lui-même transgenre, donc il connaît parfaitement le truc. Il m'a dit « Bernard, ce n'est pas possible, on ne peut pas interdire, etc. »
06:04 Et j'ai dit « mais comment on fait ? » Moi, j'étais démuni, je n'avais pas les compétences pour créer la CADET.
06:09 Et il m'a dit « voilà ce qu'il faut faire, ça, ça, ça ». J'ai dit « mais il faut que tu le fasses toi ».
06:13 Moi, je n'ai personne en fédération qui est capable, mieux que toi, de créer cette entité. Et donc, il a créé la CADET.
06:21 Et quand je vois qu'aujourd'hui, toutes les fédérations nous le reprennent, quand je vois qu'on a donné l'autorisation à cette personne de jouer,
06:29 au début, il y avait trois transgenres. Aujourd'hui, il y en a, si je dis une multitude, ce serait exagéré, mais il y en a beaucoup plus.
06:37 Parce qu'ils ont senti que voilà, et je suis fier de ça. Et surtout, je suis fier du travail réalisé par J-Bemol avec cette CADET.
06:43 Vous savez, quand on fait un tournoi inclusif durant la Coupe du Monde avec des équipes qui viennent du monde entier,
06:49 rugby Ismail Prat, ça s'appelait, c'est nous qui l'avons initié. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On fait le maximum.
06:54 Je peux vous garantir que la Fédération française de rugby, que ce soit en termes de lutte contre le racisme, de lutte contre l'homophobie, etc., on a fait beaucoup.

Recommandations