• l’année dernière
Cette semaine, la réalisatrice Valérie Simonet était de passage à Strasbourg à l’occasion de la signature de la charte « Ville à hauteur d’enfant ».

➡A travers son documentaire « Citizen kids », réalisé dans plusieurs villes du sud de la France et en Espagne, Valérie Simonet pose la question : que se passerait-il si nous donnions le pouvoir aux enfants de changer la ville ?
Un documentaire à retrouver en ligne jusqu’au 26 novembre https://stras.me/citizenkids
Interview
Transcription
00:00 C'est une ville dans laquelle un enfant va se sentir bien.
00:02 C'est une ville dans laquelle tout le monde va se sentir bien.
00:04 "Ville des enfants", c'est un livre qui a été écrit il y a plus de 20 ans par Francesco Tonucci.
00:10 En 2019, je découvre ce livre, je le lis, je le trouve limpide.
00:14 Je me dis "mais c'est formidable, il est plein de bon sens sur les enfants et la ville".
00:18 Et arrive 2020, le confinement qu'on a tous connu.
00:22 Je me retrouve avec mes deux enfants qui à l'époque ont 7 ans et 11 ans,
00:26 enfermés dans un appartement à Marseille de 50 mètres carrés.
00:29 On sort de temps en temps faire des explorations du quartier, un kilomètre, une heure.
00:33 Cette ville au printemps avec des coquelicots qui poussent partout,
00:37 des goélands qui flottent sur une piscine d'hôtel.
00:40 On vit des moments comme ça un peu d'ahurissement en se disant
00:43 "mais qu'est-ce que ce serait formidable une ville débarrassée de ses voitures".
00:46 Je fais le lien avec le livre de Tonucci et je me dis "je vais faire un film".
00:56 Les villes ont été créées pour un homme actif et en bonne santé.
01:02 Tous les autres, c'est-à-dire les femmes, c'est-à-dire les enfants,
01:05 c'est-à-dire les personnes handicapées, les personnes malades, les personnes âgées,
01:09 vont avoir des problèmes dans ces villes-là.
01:11 Il y a des tas de choses qui sont absolument insupportables dans la ville
01:14 et qu'on a appris à supporter par résignation, par habitude.
01:17 Un enfant vient nous mettre le doigt sur "mais pourquoi ça c'est comme ça".
01:20 Et l'état des lieux, je l'ai fait dans ma ville à Marseille
01:22 qui ne s'est jamais vraiment intéressée aux enfants et dans lequel il y a des pathologies urbaines.
01:26 Si on prend l'enfant comme étant notre petit Playmobil qu'on va balader comme ça dans la ville,
01:31 on va se rendre compte de tout ce qui dysfonctionne
01:33 et on va trouver comment améliorer la ville.
01:36 Une fois que j'ai eu l'idée de faire ce film,
01:45 j'ai cherché une municipalité qui faisait des tentatives de faire la ville avec les enfants.
01:50 Et donc j'en ai trouvé une juste à côté de Marseille qui est à Aix-en-Provence.
01:53 Là, on était sur un quartier de renouvellement urbain.
01:56 Ce qu'ils n'imaginaient pas, c'est que ça a fait évoluer leur façon de fabriquer ce petit bout de ville.
02:01 Une ville dans laquelle un enfant va se sentir bien,
02:04 c'est une ville dans laquelle tout le monde va se sentir bien.
02:06 C'est très difficile de recueillir la parole d'un enfant.
02:09 Déjà, une question fermée, il va vous dire oui ou non.
02:11 Puis, il faut être capable d'interpréter ce que disent les enfants,
02:14 de transformer ça en projet urbain.
02:16 Il y a tout un tas de professions, tout un champ de professions
02:19 qui peuvent être mises à contribution pour recueillir cette parole-là.
02:22 Ce n'est pas un travail d'amateur.
02:24 C'est la deuxième séance qu'on fait de Fresque ici, à Strasbourg.
02:34 J'ai été extrêmement heureuse de voir à quel point ça questionne les enfants.
02:38 C'est-à-dire qu'ils n'hésitent pas à prendre la parole
02:40 et à poser des questions que ce film fait naître.
02:43 Les enfants, c'est ce que je leur dis toujours.
02:45 Je leur dis que vous êtes des experts de ce que vous vivez au quotidien.
02:49 Ça les galvanise.
02:50 C'est-à-dire que les enfants, du coup, ils se disent
02:52 "Mais oui, on va nous donner le pouvoir, on va le prendre ce pouvoir-là".
02:55 [Musique]

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