Marina Secall, Vice Présidente nationale de l'UFC Que Choisir Montpellier

  • l’année dernière
L'association UFC Que Choisir attaque l'état français pour "inaction" en matière d'inégalité d'accès aux soins.
Elle l'a officiellement annoncé hier.
L'association a donc décidé de déposer un recours devant le Conseil d'Etat pour dit-elle, "défendre le droit constitutionnel à la santé".
Elle dénonce notament le refus des autorités de réguler l'installation des médecins et invite les Français à signer une pétition.
Dans le même temps hier, les responsables d'UFC Que Choisir à Montpellier ont présenté eux la carte de la fracture sanitaire dans le département de l'Hérault.
On en parle ce matin avec Marina Secall, montpelliéraine et vice présidente nationale d'UFC, en charge des questions liées à la santé.

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Transcript
00:00 d'abord, puisque ancienne présidente de l'UFC Que Choisir à Montpellier
00:03 et désormais vice-présidente nationale chargée des questions de santé.
00:06 Bonjour Marina Sekal.
00:07 - Bonjour.
00:08 - Merci d'être venue nous rejoindre.
00:10 UFC Que Choisir qui a décidé d'attaquer un grand coup là,
00:13 en intentant une action contre l'État français,
00:17 enfin action pour inaction de l'État français,
00:21 inaction en termes d'inégalité d'accès aux choins.
00:25 - Tout à fait.
00:26 - Pourquoi est-ce que vous incitez à franchir cette, je dirais, pas cette barrière, mais cette étape là quelque part ?
00:32 - Parce qu'à un moment donné on se dit cela suffit.
00:35 Il y a une dizaine d'années que nous traitons ce sujet des déserts médicaux.
00:39 Nous avons été pionniers sur ce concept de déserts médicaux.
00:43 Nous avons alerté l'État à plusieurs reprises.
00:48 Et puis là, bon, on voit de plus en plus des députés quand même qui commencent à bouger,
00:53 qui suivent nos revendications.
00:56 Mais là on a décidé de déposer un recours en Conseil d'État
01:00 pour défendre tout simplement le droit constitutionnel à la santé.
01:04 - Qu'est-ce que vous pouvez en espérer concrètement ce recours ?
01:07 - Alors, ce que l'on fait également c'est mettre en ligne une pétition.
01:11 Nous invitons tous les citoyens à signer.
01:13 Et plus nous serons nombreux et plus nous allons pouvoir bouger.
01:18 Donc voilà, on fait vraiment le forcing au niveau du ministère de la Santé.
01:23 Et nous espérons que cette action aura les remontées nécessaires pour agir de façon réelle.
01:31 - Mais en fait, le Conseil d'État pourrait être en capacité de dire quoi ?
01:36 D'obliger l'État vraiment à s'emparer de ce dossier, c'est ça ?
01:39 - Bah écoutez, on l'espère.
01:40 On l'espère, c'est vraiment une inaction.
01:44 C'est un peu une politique de l'autruche depuis plusieurs années.
01:48 Donc voilà, c'est une réalité.
01:52 Sur Montpellier, on est peut-être moins concerné.
01:54 On a l'impression d'être moins concerné parce que nous avons un nombre de médecins importants.
02:00 Mais notre étude est vraiment particulière parce qu'on s'est attaqué, si vous voulez,
02:04 à quatre praticiens, c'est-à-dire le médecin généraliste et ensuite trois médecins spécialistes
02:11 qui ont un accès direct.
02:12 Les ophtalmologistes, les gynécologues et les pédiatres.
02:16 On a aussi étudié en fonction des territoires, de l'âge, de la population, de la démographie.
02:22 Alors, si on peut dire à Montpellier qu'il y a des médecins, seulement il y a la problématique
02:28 de l'accès financier.
02:30 Il y a l'accès géographique, mais il y a l'accès financier.
02:33 Et si vous prenez le tarif sécurité sociale, c'est-à-dire tout citoyen qui peut être
02:39 remboursé par la sécurité sociale, et bien là, c'est alarmant.
02:43 Parce que justement, il y a beaucoup de médecins qui pratiquent des dépassements d'honoraires.
02:48 - Oui.
02:49 Alors, on en parlait hier avec notre rédactrice en chef, Elisabeth Badigny, qui évoquait
02:52 la conférence de presse que vous avez tenue hier à l'UFC Que Choisir de Montpellier,
02:57 précisément pour présenter un peu la carte départementale de la désertification médicale.
03:02 Donc, il y a trois, quatre grandes lignes sur lesquelles je voudrais revenir avec vous,
03:06 Marina Sekal.
03:07 D'abord, il n'y a pas vraiment de surprise.
03:08 Le littoral n'est pas vraiment dépourvu.
03:11 - Oui, on peut lier Bézier, Cette et Gange en termes de généralistes, je pense.
03:14 Le problème, c'est que même quand il y a des médecins, ils refusent de prendre de
03:18 nouveaux patients.
03:19 Ils sont importants, ces généralistes à refuser de prendre de nouveaux patients.
03:22 - Tout à fait.
03:23 Donc, nous avons fait des...
03:24 Comment on appelle ça ? C'est-à-dire des patients...
03:28 - Témoins, tests ?
03:30 - Oui, mystères.
03:31 - Mystères, oui.
03:32 - Voilà.
03:33 Nous avons demandé à nos bénévoles de téléphoner à des médecins pour savoir s'ils pourraient
03:38 obtenir, être pris comme nouveaux patients.
03:41 Et là, il y a, au niveau national, c'est une cinquantaine de pourcents de personnes,
03:47 c'est-à-dire de médecins, qui ont refusé.
03:49 - 40% pour les rôles, je crois.
03:52 - Voilà, on en est à 40% chez nous.
03:55 Et ensuite, il y a aussi la problématique du temps d'attente pour les consultations.
04:00 Donc là, on en est à plus de 65 jours pour avoir une consultation chez un médecin.
04:08 - Alors, il n'y a pas que les généralistes que vous avez ciblés, les ophtalmos aussi.
04:13 Et alors, pour ce qui concerne les ophtalmos, votre association parle clairement de déserts
04:18 médicaux dans tout l'ouest du département et aussi dans les Hauts-Cantons.
04:23 - Tout à fait.
04:24 - Il n'y a pas d'ophtalmos ?
04:25 - Il n'y a pas d'ophtalmos.
04:26 Donc sur l'ensemble de l'héros, on est à 24% si on prend l'ensemble.
04:31 Mais c'est comme les gynécologues, il n'y en a pas.
04:34 C'est vraiment catastrophique.
04:35 Ensuite, on étudie par exemple les pédiatres, on le fait aussi en fonction du nombre d'enfants
04:40 qu'il y a sur un territoire.
04:41 C'est comme les femmes, on voit le nombre de femmes ayant besoin d'un gynécologue.
04:48 - Mais là aussi sur les pédiatres, alors là encore, Béziers, Sept, Montpellier, les
04:51 agglomérations s'en sortent plutôt bien.
04:53 Je crois que même en termes de taux de présence des pédiatres sur ces secteurs-là, on est
04:58 un petit peu au-dessus de la moyenne nationale.
05:00 Mais ça veut quand même dire qu'il y a un petit hérolté sur cinq qui vit dans un désert
05:05 médical dont les parents n'ont pas de pédiatre à proximité.
05:08 - Oui, tout à fait.
05:09 Et on prend, si vous voulez, une durée de 45 minutes.
05:14 On a des critères comme ça sur les déplacements.
05:18 C'est-à-dire que voilà, pour avoir un pédiatre, il faudrait être à plus d'une heure pour
05:23 trouver un pédiatre.
05:24 - Et puis sur les gynécos, vous l'évoquiez également tout à l'heure, alors hormis à
05:28 Gange où il y a une maternité, mais un peu partout ailleurs, il faut parfois attendre
05:33 des mois avant d'avoir un rendez-vous chez un gynéco.
05:36 - Tout à fait.
05:37 - Et ça, ça vaut dans tout le département.
05:39 - Dans tout le département.
05:40 - Bonsoir à Montpellier, à la Salvetà-sur-Agoutte, ou je ne sais pas, à Saint-Ponce-de-Tomière.
05:45 - Sur le territoire, nous sommes à 59,5% des héroltès.
05:49 - Et ça, vous avez fait comment pour le mesurer, pour l'évaluer exactement ?
05:52 - Alors là, on prend, si vous voulez, on croise tous les critères, c'est-à-dire il
05:56 y a le territoire, le temps, la distance territoriale, et ce taux où on est à 59,5%, c'est que
06:07 là, on prend les médecins gynécologues qui pratiqueraient le tarif sécurité sociale.
06:14 Donc ce qui montre, c'est que la majorité des gynécologues sont hors tarif sécurité
06:21 sociale.
06:22 - Oui, parce que c'est ça, alors ça vaut pas que vous...
06:23 - C'est ça.
06:24 Il y a aussi l'accès financier.
06:25 On croise les deux.
06:26 On croise la distance, c'est-à-dire moins de 45 minutes, et l'accès financier, c'est-à-dire
06:35 un médecin de secteur 1.
06:36 - Là, vous ne parlez pas que des gynécologues obstétriciens, vous parlez des gynécologues
06:40 en général.
06:41 Je ne sais pas si toutes les femmes le savent, mais il y a de plus en plus les sages-femmes
06:45 qui prennent le relais, qui assurent le suivi et qui permettent de sauver la face un petit
06:50 peu.
06:51 - Oui, heureusement.
06:52 - Et les généralistes aussi, mais vous l'avez dit, il n'y en a pas assez.
06:56 - Heureusement.
06:57 - Et quelle que soit d'ailleurs la spécialité que l'on pratique, ou que vous avez étudiée,
07:02 vous dites d'une manière générale, de toute façon le problème ce sont les dépassements
07:05 d'un horaire aujourd'hui.
07:06 - Voilà.
07:07 - Donc l'accès aux soins n'est pas qu'en termes géographiques, il est aussi en termes
07:10 financiers.
07:11 - Financiers, c'est tout à fait ça.
07:12 Si vous voulez, nous on veut une santé pour tous.
07:14 C'est vraiment la volonté du FC que choisir.
07:17 Et l'on voit que plus vous avez de médecins hors facturation en sécurité sociale, les
07:25 autres s'alignent aussi en secteur 2, c'est-à-dire avec des dépassements d'honoraires.
07:30 Ça crée cette dynamique.
07:32 - Dernière chose, Marina Sekal, vous êtes vice-présidente désormais au niveau national
07:36 de toutes les questions liées à la santé.
07:38 Alors on vient de faire une photographie de notre département, évidemment, c'est ce
07:41 qui nous intéresse.
07:42 Mais comment vous placeriez le département de l'Hérault par rapport à d'autres départements
07:47 français sur ces questions ?
07:48 - Alors, on est un peu mieux que d'autres départements français, mais c'est quand
07:58 même une problématique assez généralisée.
08:00 Après je parle à la Creuse, après il y a vraiment une réalité de département très
08:07 très ruraux.
08:08 Sur l'Occitanie, on a quand même de grosses métropoles, donc forcément si on prend la
08:13 moyenne, c'est moins catastrophique que d'autres.
08:17 - Il y a pire ailleurs, mais il y a bien mieux aussi.
08:18 - Ah oui, tout à fait.
08:19 - Par exemple, vous habitez où en France ?
08:22 - Alors, l'île de France.
08:23 - L'île de France, évidemment.
08:24 - Voilà, les grosses régions.
08:26 - Merci Marina Sekal.
08:28 Cette pétition à laquelle vous demandez aux gens également de participer, on la trouve
08:32 en ligne sur le site de l'EFC QueChoisir.
08:34 - Oui, voilà, quechoisir.org.
08:35 Accès aux soins, j'accuse l'État.
08:38 C'est la pétition et vraiment nous remercions les signataires.
08:42 - Vous avez déjà les signataires ?
08:44 - Alors oui, puisqu'on l'a mis en ligne hier, mais honnêtement, je n'ai pas le chiffre
08:51 ce matin, je n'ai pas appelé la fédération.
08:54 - Bon, ça fait que commencer tout de suite.
08:56 - Voilà, ça a été lancé hier.
08:58 - Merci Marina Sekal, vice-présidente nationale de l'UFC QueChoisir, ancienne présidente
09:03 de l'UFC QueChoisir Montpellier.
09:05 - Merci de m'avoir invitée.
09:06 Vous pouvez réécouter à cette...

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