La bande de 22H Max réagit à l'audition de l'humoriste devant la police judiciaire après sa plaisanterie sur Benjamin Netanyahu.
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00:00 Guillaume Meurice, humoriste de France Inter, entendu par la police aujourd'hui, le voilà.
00:06 C'est l'histoire d'un mec qui fait des blagues en 2023, c'est simplement le mot qu'il a posté.
00:10 Guillaume Meurice, entendu à la PJ après une plainte qui a donc été déposée par une association,
00:16 par une organisation juive européenne, plainte d'une organisation qui n'avait pas apprécié son humour
00:21 et ses blagues autour de Benyamin Netanyahou, qu'il avait comparé à un nazi sans prépuce.
00:25 Cette affaire interroge à la fois les limites de l'humour et la possibilité que l'humour a de véhiculer des idéologies.
00:32 Est-ce que Guillaume Meurice a dépassé les limites de la loi ? Je ne crois pas.
00:39 Est-ce qu'il véhicule au travers de ce propos une idéologie antisioniste ? Probablement.
00:45 Et alors ? C'est la possibilité que donne l'humour, c'est d'avancer des propos avec des formules qui peuvent parfois blesser ou déplaire,
00:56 et là on peut le comprendre.
00:57 Qu'est-ce que j'ai vu cet après-midi quand Guillaume Meurice a fait ce tweet ?
01:00 J'ai vu une réaction assez disproportionnée de ses défenseurs qui ont visé Gasparpousse en disant
01:07 "Regardez ce que Gasparpousse fait, pourquoi lui il n'est pas convoqué par la police ?"
01:11 Eh bien c'est la même chose. Gasparpousse, si vous préférez l'humour de Guillaume Meurice, évidemment vous n'allez pas énormément rire.
01:17 Sauf que le rire peut être sardonique. L'humour n'est pas seulement le rire justement.
01:23 Et je crois qu'il faut laisser la possibilité, tant qu'on ne dépasse pas les limites de la loi,
01:27 d'utiliser même un humour amer, un humour qui déplait et qui peut véhiculer une idéologie, peu importe si elle nous plaît ou elle ne nous plaît pas.
01:34 Qui prend ? Qui répond ?
01:35 Moi je suis assez d'accord avec ça. Je trouve ça complètement lunaire. Je suis très étonné que la préfecture de police ait convoqué Guillaume Meurice.
01:45 Ce n'est pas la préfecture de police, là c'est la PJ qui le convoque.
01:48 Pardon, la PJ, tout à fait. J'ai ma langue à fourcher parce que je voyais "PP" sur le truc.
01:54 J'étais là, genre oui c'est la préfecture de police, mais bien sûr c'est la PJ qui l'a convoqué.
01:59 Guillaume Meurice, c'est totalement hors de propos. Moi la question aussi c'est qui juge ?
02:04 Qui est juge de ce qu'un humoriste a le droit de dire ou de ne pas dire ?
02:08 Moi j'avais déjà été assez choqué que la direction de Radio France et de France Inter sanctionne Guillaume Meurice.
02:16 Parce que je me suis dit, mais au nom de quoi la direction sanctionne un discours qui est tenu par un humoriste sur son antenne ?
02:26 Moi je trouve que ça aurait pu être par exemple la SDJ, ça je comprends.
02:30 La société des journalistes de Radio France, j'aurais compris, eux ils peuvent dire "attention Guillaume Meurice, tu vas trop loin".
02:35 Ses collègues, je ne sais pas, dans une conférence de rédaction, dire "non mais Guillaume, là tu as fait n'importe quoi, pourquoi tu as fait cette blague ?"
02:41 Mais la direction, je trouve ça très problématique. Et là, qu'on judiciarise...
02:44 - Tu viens dans un commissariat, ouais ouais. - Non mais ça n'a aucun sens en fait.
02:46 Mais l'humour a toujours dérangé. Il fait toujours mal à une catégorie, c'est le propre de l'humour.
02:51 Moi par exemple, j'aime beaucoup Gaspard Proust, qui est pour moi un enfant de des proches, et des proches choqués.
02:56 - Pas moi. - Non mais tu as tout à fait le droit.
02:57 Mais je veux dire, justement, il y a pléthore, il y a une offre large, et chacun va y prendre...
03:01 Et effectivement, il faut faire attention que ça ne devienne pas "moi ça me blesse, demain il y a un truc sur les petits patrons, ça me blesse".
03:06 Alors je pars du principe qu'il doit être convoqué dans un commissariat et condamné.
03:09 Parce que dans ces cas-là, il n'y a plus d'humour.
03:10 Et l'antisémitisme est une cause importante, et on se souvient de Dieudonné, dont les spectacles avaient été interdits, notamment au théâtre de la Main d'Or,
03:17 pour des raisons d'antisémitisme, et d'appel à la haine du juif.
03:20 - Il y a toujours eu des propos élégationnistes. - Exactement.
03:22 - C'est autre chose. - C'est encore chaud, ouais.
03:23 Oui mais il se targuait du statut d'être un humoriste, et il disait "mais parce que je suis un humoriste, j'ai le droit d'aller sur scène", etc.
03:29 Mais là, ce n'est pas du tout le même registre et la même proportion.
03:31 Il y a quand même une forme de révisionnisme dans l'humour déplacé de Murray.
03:36 Ce qu'il nous dit, c'est l'histoire d'un mec qui fait des blagues, ce n'est pas une blague ce qu'il a fait.
03:39 C'est un abus de langage qui peut poser problème.
03:41 Je suis d'accord avec vous, globalement, il ne faut pas emmener ces débats devant la justice.
03:44 Les débats d'intellectuels, les débats d'humoristes, on doit les traiter par le combat sur le ring médiatique du débat public.
03:49 Quand on se défaut sur la justice, ça ne marche jamais.
03:52 Puis parfois la justice d'ailleurs, tant qu'elle rend des décisions, donne raison aux méchants.
03:56 Donc on se trouve bien démuni.
03:58 En revanche, attention, parce que quand on fait ce genre d'abus de langage,
04:01 on est d'ailleurs parfois dans l'insulte à la mémoire des morts aussi,
04:04 on touche à un domaine qui est la Shoah, qui est l'antisémitisme,
04:08 qui est hors du champ banal de l'humour et de l'opinion.
04:11 Parce que si on trouve que c'est formidable d'interdire le spectacle de Dieu Donné
04:15 et de l'envoyer devant les tribunaux, ce que j'ai pensé,
04:17 et j'ai pris parti pour Valls contre Dieu Donné à l'époque,
04:19 il ne faut pas être indulgent avec Guillaume Meurisse.
04:21 Manuel Valls était Dieu Donné.
04:23 Ce n'est quand même pas comparable.
04:25 Non, mais on est dans le même champ.
04:26 Après la gravité peut être différente.
04:28 Les dégrés sont différents.
04:29 Nazisme, antisémitisme, juif, tout ça, il faut manier ça comme de la nitro.
04:33 Il faut qu'on parle de chaque idéologique !