• il y a 2 ans
Tous les mardis, de 17h à 17h30, LCP-Assemblée nationale prolonge la séance des Questions au Gouvernement en invitant des députés pour analyser les échanges intervenus dans l'hémicycle.

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Transcription
00:00 Et c'est la fin des questions au gouvernement.
00:03 Nouvelle formule, nous sommes en direct de l'Assemblée nationale,
00:06 de la salle des pas perdus à quelques mètres de l'hémicycle
00:09 où vient de s'achever cette séance.
00:11 On va y revenir avec Elsa Mondingava et Stéphanie Despierre
00:14 qui se trouvent en salle des quatre colonnes,
00:15 avec Marco Pommier également sur les marches du Palais Bourbon.
00:19 Cour d'honneur avec une ministration micro dans quelques instants.
00:22 Et avec moi, un face à face, Antoine Armand, bonjour.
00:25 - Bonjour. - Vous êtes député Renaissance de Haute-Savoie
00:28 et face à vous Elsa Faucillon, bonjour.
00:30 - Bonjour. - Et vous êtes député communiste des Hauts-de-Seine.
00:34 Stéphanie Despierre, on vous retrouve.
00:35 Vous avez suivi, vous, cette séance
00:37 depuis les tribunes de l'hémicycle de l'Assemblée nationale
00:40 et vous retenez la réponse du ministre de l'Intérieur
00:43 au drame de Crépolle qui s'est joué ce week-end
00:47 et où Thomas, 16 ans, a perdu la vie.
00:49 - Oui, alors c'était la troisième fois que le gouvernement
00:51 était interrogé sur ce drame de Crépolle.
00:55 Alors c'est Emmanuel Antoine, la députée des Républicains,
00:57 qui commence par rendre hommage à Thomas,
00:59 l'adolescent tué samedi soir, car c'était sur sa circonscription.
01:02 Tous les députés se lèvent et vous le voyez,
01:05 on applaudit pour rendre hommage à cet adolescent tué.
01:08 Et puis la députée demande de la fermeté au ministre de la Justice.
01:13 Eric Dupond-Moretti répond.
01:15 Il commence par souligner la mesure dont fait preuve
01:18 cette députée dans sa question.
01:20 Il vise en fait en creux le Rassemblement national
01:22 qui a posé une question sur le même sujet quelques minutes avant.
01:25 Et puis il dénonce les polémiques.
01:27 Il accuse en creux le RN de faire de la récupération.
01:30 Et à ce moment-là, ça déclenche un énorme broie
01:33 sur les bancs de l'extrême droite.
01:34 "C'est vous qui faites de la récupération", crie un député.
01:37 "Il n'était pas protégé, impuissant", crie le député Sébastien Chenu
01:42 au ministre de la Justice.
01:43 Et puis sur les bancs des Républicains,
01:44 on s'impatiente. "Répondez, répondez, que faites-vous ?"
01:47 Et ce qui provoque de nouvelles exclamations.
01:50 Eric Dupond-Moretti a du mal à finir sa réponse,
01:54 notamment quand il dit que la justice ne sera pas laxiste.
01:56 - Merci Stéphanie Desbières pour ce compte-rendu
02:00 de la séance de questions au gouvernement.
02:02 Nouvelle formule, une réaction de nos invités.
02:05 Antoine Armand, une séance plus courte qu'à l'habitude.
02:08 Et puis on se retrouvera demain pour une nouvelle séance.
02:11 Qu'est-ce que ça a changé finalement ?
02:13 - Ça donne sûrement un peu plus de rythme.
02:16 Et puis je pense que c'est un élément démocratique
02:18 de notre paysage institutionnel extrêmement important.
02:21 Vous savez que le Parlement contrôle l'action du gouvernement,
02:24 à la fois ses lois, mais aussi son action au quotidien.
02:26 Et donc je pense que c'est extrêmement important.
02:28 Sur des sujets très divers, vous voyez l'actualité,
02:30 elle est constituée de drames comme celui de Crépole,
02:33 mais aussi de la Journée internationale pour la violence contre les enfants,
02:37 de la Journée internationale pour le handicap.
02:39 Et donc c'est important que ces sujets soient abordés,
02:41 que le gouvernement puisse à la majorité, à l'opposition, rendre des comptes.
02:45 - Elsa Faucillon, qu'est-ce que vous avez pensé de cette séance ?
02:48 Un peu plus courte que d'habitude.
02:50 Et puis surtout, est-ce que vous trouvez qu'il y aura,
02:53 vous êtes dans l'opposition, pour l'opposition que vous êtes,
02:56 un meilleur contrôle du gouvernement avec une deuxième séance le mercredi ?
03:00 - Avec mon groupe, on était plutôt favorables à cette formule
03:03 que moi j'ai connue au précédent mandat,
03:04 puisqu'on avait aussi des questions au gouvernement deux jours par semaine.
03:08 Et je trouvais que les deux heures proposées,
03:10 comme dans la version précédente,
03:11 là, celle que nous éprouvions encore la semaine dernière,
03:14 allongeaient le rythme.
03:16 Après, la vraie question, je crois, c'est celle du rôle et du pouvoir du Parlement,
03:21 et celle aujourd'hui prise par le président de la République.
03:24 Et là, c'est pas l'heure en moins, l'heure en plus,
03:26 ou le mercredi, le mardi, qui malheureusement change les choses.
03:29 - Vous diriez un régime plus parlementaire.
03:31 - Exactement.
03:33 Et ça, ça se joue pas entre deux questions au gouvernement,
03:35 le mardi et le mercredi.
03:37 - L'absence de majorité absolue ne contribue pas à avoir plus de points au Parlement ?
03:42 - Moi, je trouve que le fait particulièrement marquant,
03:45 en tout cas aujourd'hui dans notre activité parlementaire,
03:47 c'est le rôle extrêmement prépondérant du président de la République,
03:50 et qui assèche même parfois le rôle du gouvernement en lui-même.
03:54 - Il faudrait supprimer le 49.3 pour vous ?
03:57 - Le 49.3, oui, et puis peut-être même le rôle de président de la République, carrément.
04:01 - A supprimer le rôle de président de la République ?
04:03 Bon, alors on n'y est pas tout à fait.
04:05 On va à présent passer à une autre actualité
04:08 à laquelle vous faisiez référence, Antoine Armand, il y a quelques instants.
04:12 C'est ce duoday, cette semaine réservée aux handicaps,
04:17 avec la ministre en charge des personnes handicapées, qui est Fadila Katabi,
04:22 qui se trouve au micro de Marco Pommier, Cour d'honneur.
04:26 - Oui, Brigitte Fadila Katabi, plus d'un million de personnes en situation de handicap
04:32 travaillent aujourd'hui en France,
04:33 mais l'objectif des 6% de travailleurs handicapés n'est pas encore atteint.
04:37 Pourquoi ? Est-ce que les mesures ne sont pas suffisantes aujourd'hui ?
04:40 - Tout à fait. En fait, il nous faut sensibiliser le monde économique,
04:44 les chefs d'entreprise pour les sensibiliser à cette question
04:49 qu'est l'emploi des personnes en situation de handicap.
04:51 Aujourd'hui, partout, il y a des problèmes de recrutement.
04:54 Or, les talents sont là.
04:56 Beaucoup de personnes en situation de handicap
04:57 ne demandent qu'à pouvoir exercer un métier dans différents secteurs.
05:02 Ça peut être, bien sûr, la restauration, l'hôtellerie, les services.
05:07 Partout, ils veulent pouvoir exercer ce métier.
05:10 - Que fait le gouvernement pour ça ?
05:12 - Nous avons fait en sorte de pouvoir renforcer l'accompagnement,
05:16 notamment dans l'élaboration du projet.
05:18 Nous mettons également les moyens en matière de formation
05:20 pour les faire monter en compétences
05:22 et répondre aux besoins des entreprises,
05:24 y compris aux besoins des collectivités territoriales.
05:27 - Il y a un événement cette semaine qui s'appelle le "Duo Day".
05:30 C'est un événement important.
05:32 Est-ce que vous pouvez expliquer à ceux qui nous écoutent
05:33 en quoi ça consiste et combien de personnes ça concerne ?
05:36 - C'est vraiment la 6e édition.
05:38 C'est un vrai succès.
05:39 Ça permet de former des duos.
05:42 Pour une personne en situation de handicap,
05:45 ça permet aussi de faire des rencontres,
05:47 de connaître un métier,
05:49 d'être complètement en immersion dans l'entreprise
05:51 ou dans une collectivité avec des professionnels.
05:53 Et pour les professionnels,
05:54 c'est aussi les sensibiliser à cette question du handicap.
05:57 Parfois, elles sont un peu réticentes, elles n'osent pas.
06:00 Et à travers cette journée,
06:02 c'est aussi connaître le monde du handicap,
06:05 un monde qui ne demande qu'à travailler.
06:07 - Ça concerne combien de personnes ?
06:09 - Ça concerne aujourd'hui le Duo Day,
06:11 c'est un vrai succès.
06:14 26 000 binômes qui sont formés pour ce jeudi.
06:18 C'est 27% de plus que l'année dernière.
06:21 Et puis l'an dernier, 23% des personnes
06:23 qui sont passées par le dispositif,
06:25 ça leur a permis de trouver soit un stage,
06:29 soit un CDD ou soit un CDI.
06:31 Donc c'est véritablement une réussite.
06:33 Donc j'invite tout le monde à se mobiliser autour de ce Duo Day.
06:37 - Merci beaucoup, Fadila Kadhapi.
06:38 On le rappelle, cette semaine, c'est la 27e édition
06:41 de la Semaine Européenne pour l'Emploi
06:43 des personnes en situation de handicap.
06:44 Merci à vous.
06:46 - Revenons sur ce Duo Day avec vous, Elsa Fossillon.
06:49 On voit bien 26 000 personnes qui y participent.
06:52 Et puis plus de 25 personnes qui ont été placées l'année dernière.
06:56 C'est une opportunité professionnelle,
06:58 ce n'est pas juste de la communication ?
07:00 - Je dois vous avouer que j'ai un peu ce regard-là
07:03 sur le Duo Day en lui-même.
07:06 Après, je pense que la sensibilisation, en réalité,
07:08 elle est importante et qu'il faut pouvoir la mener.
07:11 C'est aussi le rôle du gouvernement de pouvoir sensibiliser
07:14 à la question du handicap et du travail.
07:18 La seule chose, et là, il y a certainement
07:20 un point de désaccord important,
07:21 c'est que quand j'entends la ministre nous parler du fait
07:24 qu'il faut pouvoir répondre aux besoins des entreprises,
07:27 je crois que c'est peut-être prendre un peu le problème à l'envers.
07:30 C'est-à-dire que je considère aujourd'hui
07:32 qu'il y a besoin de regarder aussi les besoins spécifiques
07:36 de ces travailleurs et que c'est aussi au monde du travail
07:40 de s'adapter pour pouvoir accueillir et accueillir plus et mieux
07:44 de personnes en situation de handicap.
07:46 Et donc d'être en capacité de ne pas penser le travail
07:49 comme un valide, mais être en capacité de le penser aussi
07:52 avec la personne en situation de handicap.
07:55 Et ce qui est sûr, c'est que les logiques à l'oeuvre
07:57 dans beaucoup d'entreprises, pas toutes,
07:59 mais du tout-profit, par exemple, et de l'emploi à tout prix,
08:01 ne correspondent pas tout à fait à cette exigence d'accueil
08:05 de personnes à besoins particuliers.
08:08 - Antoine Armand, c'est intéressant.
08:10 Est-ce qu'effectivement, ce n'est pas à l'entreprise de s'adapter ?
08:13 On a entendu dans l'hémicycle Fadila Khatabi dire aussi
08:16 qu'il y a un besoin dans les métiers en tension.
08:19 Est-ce que c'est facile pour une personne en situation de handicap
08:22 d'arriver comme ça dans une entreprise ou dans un restaurant
08:26 et de pouvoir aider dans des métiers en tension
08:28 où il faut réagir vite, être très réactif ?
08:32 - Je suis assez d'accord avec ce que vient de dire ma collègue.
08:35 Je ne crois pas que ça s'oppose à l'engagement
08:37 que prend la ministre Fadila Khatabi,
08:40 dont on connaît l'engagement sur le sujet,
08:41 sur la formation, sur l'accompagnement.
08:44 Parce que, bien sûr, les entreprises doivent faire
08:45 un pas supplémentaire.
08:47 Elles doivent mieux former, mieux adapter les postes de travail.
08:49 Il y a des obligations légales et il en faut sûrement d'autres
08:52 qui s'adaptent à la singularité de chacun.
08:54 Mais je crois que la force du Diodé, entre autres,
08:56 c'est la capacité à faire changer de regard individuellement.
09:00 Vous voyez, moi, je serai un des 26 000 binômes jeudi
09:03 et je ne doute pas que ça me fera changer de regard
09:05 sur les postes de travail de mes collaboratrices
09:08 et de mes collaborateurs.
09:09 Je ne doute pas que ça me permettra de faire évoluer mon regard
09:11 et qu'il y a ce que permet la loi, il y a ce qu'impose la loi.
09:14 Il y a aussi une question, surtout en matière de handicap,
09:16 de considération et donc de responsabilité individuelle.
09:19 - Alors, on va à présent passer à une autre question
09:23 au gouvernement et à la violence envers les élus.
09:27 Ça a été au coeur de cette séance parce qu'il y a en ce moment
09:29 le Congrès des maires de France
09:31 et c'est la députée Renaissance du Nord, Violette Spilbou,
09:34 qui a interpellé le ministre de l'Intérieur.
09:36 Je vous propose d'écouter la réponse faite par Gérald Darmanin.
09:40 - 7 menaces sur 10 sont le fait d'élus avec des administrés
09:47 et fort heureusement, essentiellement des outrages,
09:49 essentiellement des insultes, très peu de violence physique,
09:52 mais lorsqu'elles arrivent, elles sont évidemment extrêmement difficiles
09:55 et on l'a vu, bien évidemment, extrêmement grave.
09:58 3500 maires sont désormais dans le dispositif Alarmes élus.
10:02 Les 36.000 maires devraient y être avec les services de monsieur le garde des Sceaux.
10:06 Nous avons, avec monsieur le garde des Sceaux, apporté notre contribution
10:09 au travail qu'a fait l'Assemblée nationale et le Sénat
10:12 pour que ce soient les mêmes sanctions pour les dépositaires de l'autorité publique
10:15 et les élus de la République.
10:17 Le texte sera publié complètement au début de l'année 2024
10:20 pour que les tribunaux puissent condamner fermement les attaques contre les élus.
10:24 - Et nous accordons un droit de réponse à Violette Spilbou,
10:27 députée Renaissance du Nord, qui se trouve donc au côté d'Elsa Mondingava,
10:30 celle des 4 colonnes.
10:31 - Et oui, la violence contre les élus, vous la connaissez, vous l'avez vécue,
10:35 c'est un des sujets de ce congrès des maires.
10:37 Est-ce que pour vous, les réponses du gouvernement vont dans le bon sens ?
10:40 On annonce des mesures à la rentrée l'année prochaine.
10:43 - On a vraiment une mobilisation très forte de la majorité,
10:46 je dirais du gouvernement, mais aussi de l'ensemble des parlementaires.
10:49 Le gouvernement a déjà mis en place un numéro
10:52 qui va pouvoir être repéré dès l'appel au 17
10:55 et qui va permettre aux élus d'avoir une intervention plus rapide des forces de l'ordre.
10:59 Il y a aussi une action et un travail sur la protection des familles
11:03 avec des diagnostics sécurité dans les domiciles
11:06 des personnes qui sont particulièrement exposées.
11:09 Donc on sent une vraie volonté d'aller vite.
11:12 Il va falloir que les maires s'en saisissent et soient tous référencés.
11:15 Je crois que pour l'instant, il y en a 3 500 sur ce numéro d'urgence
11:18 et ça doit aller jusqu'à nos 36 000 maires.
11:21 Et puis, à l'Assemblée nationale et au Sénat, on a aussi des actions à engager.
11:25 Donc tout est en train de converger.
11:27 Au Sénat, il y a une proposition de loi sur notamment l'extension de la protection fonctionnelle
11:32 et des sanctions pénales qui a déjà été votée à l'unanimité le 10 octobre dernier
11:37 et qui arrivera chez nous à l'Assemblée nationale en janvier.
11:40 Et puis, avec mon collègue Sébastien Jumel,
11:43 on est en pleine mission sur les violences et le statut de l'élu.
11:46 On auditionne plein de maires qui ont eu des témoignages, des expériences
11:50 pour aboutir à une proposition de loi encore plus large sur les candidats et les familles.
11:54 Oui, parce qu'on connaissait cette expression "le maire qui a porté d'engueulades, porté de baffes"
11:58 mais maintenant c'est une triste réalité.
12:00 Les maires ont peur de ça. Il y en a beaucoup qui démissionnent ou qui ne veulent tout simplement pas candidater.
12:04 Il y a un vrai sentiment d'exposition aujourd'hui qui va bien plus largement
12:09 que dans les fonctions de maire envers les familles.
12:12 Notamment, on se souvient de Vincent Jambrain à la Haile-et-Rose
12:17 mais aussi de la maire de Ploogrestan en Bretagne
12:20 qui a vu les freins de sa voiture personnelle sectionnée.
12:22 Donc on a plein de témoignages assez terrifiants.
12:25 Et puis on a aussi le sujet de la haine en ligne, de la menace et des violences en ligne qui s'exposent.
12:30 Donc tout ça c'est assez nouveau.
12:32 Ce sont des phénomènes où on se rend compte qu'il faut mettre un rempart autour de ces maires.
12:36 Non pas les couper de la population mais en tout cas les protéger des violences.
12:39 Et vous espérez un large consensus ici à l'Assemblée ?
12:42 Je crois qu'on va y arriver avec mon collègue Sébastien Jumel en transpartisan.
12:45 Merci beaucoup. Merci Boulette Pibout.
12:47 Elsa Faucillon, effectivement il y a un consensus autour des aides qu'on peut apporter aux maires
12:52 qui aujourd'hui, on le sait, connaissent des violences de plus en plus importantes.
12:55 Plus 15% d'ailleurs cette année.
12:58 Il y a évidemment besoin de protéger les élus comme de protéger tous les citoyens en réalité des violences.
13:04 Mais ce qui est vrai c'est qu'il y a une recrudescence importante.
13:07 Elles sont évidemment inexcusables.
13:10 Il faut en revanche pouvoir, je crois, regarder dans quel contexte elles se situent.
13:14 Je pense que c'est assez important si on veut pouvoir lutter autrement qu'en protégeant les élus.
13:21 Ça veut dire quoi ? C'est la politique qui est menée qui à un moment peut donner cette violence ?
13:26 Non, ce que je crois c'est qu'il y a quelque chose dans la société.
13:29 Cette violence, elle ne s'exprime pas d'un coup.
13:31 Simplement parce que les individus naîtraient de manière spontanée, violent envers les élus.
13:36 Donc il y a besoin évidemment de regarder le contexte.
13:39 Il y a besoin de comprendre pourquoi cet étouffement démocratique, quelque part aujourd'hui,
13:45 peut se traduire chez certains par une violence inacceptable.
13:49 Et puis la deuxième chose, et je crois qu'elle est importante,
13:54 parce que dans le Congrès des maires il y a cette expression sur les questions de sécurité,
13:58 mais la plus grosse exigence dans le Congrès des maires,
14:02 c'est le besoin aussi que l'Etat soit au rendez-vous auprès des collectivités.
14:06 L'exigence par exemple que la dotation globale de fonctionnement, la DGF, soit hauteur d'inflation.
14:12 Et ça, ça fait partie des revendications qui sont portées de manière affirmée,
14:17 massive, par les maires de notre pays et qui restent sans réponse.
14:21 Je vois même qu'Emmanuel Macron n'a pas souhaité se rendre au Congrès des maires de France,
14:25 expliquant qu'il avait déjà dit plein de fois la même chose.
14:29 Pourquoi dit-il la même chose ? Peut-être simplement parce qu'il n'entend pas,
14:32 et qu'il ne cherche pas en tout cas à écouter ce que racontent les maires.
14:36 Je crois que ça dit quelque chose de ce problème démocratique auquel je faisais référence au début.
14:42 Il faut peut-être un peu plus d'écoute, de l'écoute aussi du Président de la République,
14:46 de l'écoute des demandes des maires.
14:48 C'est vrai que ça fait pas mal d'années qu'ils voient peut-être leur autonomie financière s'amoindrir.
14:54 Est-ce que ça peut faire partie aussi des problèmes ?
14:56 Sur la question des violences, je crois qu'il faut être à la hauteur des enjeux.
14:59 Vous ne pouvez pas, Madame, mettre sur le même plan l'étouffement démocratique que vous critiquez.
15:04 C'est votre droit le plus strict, et les personnes qui attaquent les élus.
15:07 Les maires de ma circonscription qui se font agresser parce qu'ils viennent dénoncer un rodéo urbain,
15:12 et qui se font taper dessus à coups de casque, les gens qui leur tapent dessus,
15:15 ce n'est pas l'étouffement démocratique.
15:17 Quand un maire se fait brûler sa maison, ce n'est pas l'étouffement démocratique.
15:20 Donc je pense qu'il faut quand même savoir...
15:22 Vous aurez noté que ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit, mais vous avez le droit, dans l'opposition à ce que je viens de dire, de transformer mon propos.
15:28 Non, parce que vous avez dit que l'étouffement démocratique conduisait à ces violences.
15:31 Non, je ne crois pas avoir dit ça, monsieur. En tout cas, je ne vous laisse pas le dire, mais si vous me permettez, dans ce cas-là, je réponds.
15:36 Non, mais tant mieux si ce n'est pas ce que vous dites.
15:37 Je pense que c'est important quand même, à mon avis pour vous, je suis sûre que vous êtes d'accord avec le fait que c'est important d'essayer de comprendre à un moment pourquoi nous en sommes là.
15:46 Donc je pense qu'il y a de multiples facteurs, ça c'est certain.
15:49 Mais regardons que les gens ne naissent pas spontanément en disant "je vais agresser mon élu".
15:53 Et donc il y a peut-être des raisons à comprendre si on veut vraiment s'y attaquer.
15:56 Non, mais il faut être lucide dans la société dans laquelle on vit et la violence exacerbée qui se déchaîne de manière aveugle.
16:03 Ensuite, sur la polémique un peu ridicule sur la présence du président de la République, le président de la République, il recevra des maires à l'Elysée.
16:11 Il ne sera pas au congrès des maires parce que figurez-vous, il est au G20, qui réunissent les 20 plus grandes puissances de la planète
16:16 avec des questions à l'agenda international qui sont, je crois, à la fois urgentes et à la fois qui nécessitent la présence du président de la République
16:23 qui s'engage en Ukraine pour arriver à permettre aux Ukrainiens de résister et puis au Proche-Orient pour arriver à une trêve humanitaire.
16:31 Donc il ne faut pas mélanger les sujets.
16:33 Ceci étant, et je vous rejoins, il y a dans les communes rurales, dans les plus grandes communes, une forme de détresse de nos élus
16:40 qui sont confrontés, oui, à une question de moyens parce que gérer une petite commune rurale seul ou avec quelques adjoints, c'est extrêmement délicat,
16:47 à une abondance de la réglementation qui vient parfois mettre des injonctions contradictoires, parfois de bonne volonté.
16:53 C'est souvent de cela que les maires se plaignent.
16:55 Nous sommes aux comptables de cela, mais il y a une exaspération. C'est important.
16:59 Et puis il y a une crise de l'autorité. Moi, c'est ce que mes maires de Haute-Savoie me disent.
17:02 Il y a une crise de l'autorité à l'école, à la mairie, face aux forces de l'ordre.
17:06 Le gouvernement porte l'idée, portée par les sénateurs, de dire "s'attaquer à un maire, c'est comme s'attaquer aux forces de l'ordre, c'est mettre une limite".
17:13 C'est dire à un moment "stop".
17:15 On va à présent passer aux violences à l'encontre des enfants au lendemain du troisième comité interministériel à l'enfance.
17:22 La députée Perrine Goulet a interpellé le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal.
17:27 On va écouter la réponse du ministre de l'Education nationale.
17:33 Les vulnérabilités peuvent s'ajouter et malheureusement, on le voit, ce sont des enfants qui ont quatre fois plus de risques d'accumuler les retards en primaire,
17:40 quatre fois plus de risques de décrocher ensuite dans leur scolarité.
17:45 Et donc nous devons être encore plus impliqués, encore plus à leur côté pour leur permettre de réussir.
17:49 Puisque comme vous l'avez dit, ils ont le droit de réussir à l'école de la République.
17:52 Ils ont le droit de bâtir leur destin dans l'école de la République.
17:55 Ils ont le droit d'être ambitieux pour eux-mêmes et nous sommes ambitieux pour eux.
17:59 Et Perrine Goulet se trouve aux côtés de Stéphanie Despierre, députée à Modem de la Nièvre.
18:04 Est-ce que la réponse du ministre Gabriel Attal vous a satisfait ?
18:08 Alors oui, la réponse du ministre me satisfait.
18:10 Mais quand j'ai vu déjà qu'au moment de sa prise de fonction, il avait nommé quelqu'un dédié à la protection de l'enfance au ministère de l'Education nationale
18:19 et qu'hier, il y avait tout un pan et assez important sur l'engagement à l'éducation nationale auprès de la protection de l'enfance,
18:25 ça ne va que dans le bon sens.
18:27 Mettre un référent éducation nationale en face d'un référent à eux pour enfin discuter des orientations des enfants,
18:32 pour moi c'est une nécessité.
18:34 Aujourd'hui, c'est les éducateurs qui décident des orientations.
18:36 On voit bien que ce n'est pas leur rôle.
18:38 Donc mettre l'éducation nationale à ce niveau-là, c'est intéressant.
18:41 Permettre aussi à l'éducation nationale de comprendre qu'un enfant, on lui donne un papier le jour J, il ne peut pas le ramener à J+1.
18:46 C'est bête, mais on a besoin pour ces enfants-là aussi de pouvoir laisser un peu de temps.
18:51 Peut-être de ne pas toujours demander certains papiers pour des sorties scolaires quand on a quelque chose en début d'année.
18:56 On a vraiment besoin de faciliter la vie de ces enfants-là.
18:59 Et puis avoir un collectif autour de ces enfants, c'est vraiment ce qui est nécessaire.
19:05 Je l'ai fait remarquer dans ma question, la réussite scolaire de ces enfants-là n'est pas aujourd'hui au niveau.
19:12 Et c'est ces enfants-là à qui la République doit le plus, puisque c'est eux qui ont le moins.
19:17 Donc on a vraiment besoin d'une belle mobilisation éducation nationale.
19:20 Moi je crois beaucoup dans ce que fait Gabriel.
19:23 Et je vous dis, rien que le fait qu'il ait pris quelqu'un dédié pour la protection d'enfance, c'est intéressant.
19:28 Merci beaucoup.
19:30 Elsa Faucillon, il y aura une meilleure coordination des acteurs pour améliorer l'aide sociale à l'enfance et améliorer surtout le décrochage scolaire.
19:39 Est-ce que vous avez l'impression que les moyens sont là, en tout cas, l'ambition est là et que c'est à la hauteur du drame que vivent ces enfants ?
19:47 Je vais vous dire, franchement, le chantier de travail sur l'aide sociale à l'enfance est énorme.
19:55 Il est énorme, je pense qu'on en a pour plusieurs années encore, d'autant que du retard, je le dis, a été pris.
20:01 Perrine Goulet a beaucoup travaillé au précédent mandat sur cette question.
20:05 Elle a même eu, elle, des déceptions, alors qu'elle appartenait à la majorité, sur des choses qu'elle-même avait engagées et que nous avions, y compris dans l'opposition, parfois soutenues.
20:14 On se souvient du projet de loi de Madame Bourguignon, ministre à l'époque, qui, pareil, avait créé beaucoup d'attentes pour, finalement, que ce soit déçu.
20:22 Aujourd'hui, il y a un vrai dysfonctionnement dans l'aide sociale à l'enfance.
20:27 Par tous les bouts, on se rend compte que les départements ont des politiques extrêmement hétérogènes sur l'aide sociale à l'enfance.
20:34 Moi, je crois qu'il y a besoin que l'Etat se réengage de manière très forte, à la fois en termes de moyens, mais de logiques aussi qui sont à l'oeuvre.
20:42 Tant mieux s'il y a des améliorations qui sont faites via des référents.
20:47 Mais j'ai entendu également Elisabeth Borne hier, et franchement, je vous le dis, les mesures annoncées me semblent des mesurettes par rapport au chantier et par rapport à l'importance.
20:57 Je rappelle que les enfants qui sont à la protection de l'enfance, pour beaucoup, à la fois ont subi des violences, mais vont en subir à la suite de leur parcours,
21:08 parce qu'il y a des sorties sèches à 18 ans, une fois sorties de l'aide sociale à l'enfance, que tous les atouts ne leur ont pas été donnés,
21:15 que parfois ils ont reçu des violences, y compris lors de leur protection, et qu'on voit qu'une personne sur quatre finit à la rue, qu'il y a des addictions, etc.
21:26 C'est dire l'importance politique et de l'accompagnement à mener.
21:31 Donc, toute chose à prendre, évidemment, est la bienvenue, mais ne prenons pas de retard sur ce chantier si énorme pour l'avenir des enfants sous protection de l'enfance.
21:42 Antoine Armand, on a l'impression qu'on va de déception en déception et que ce n'est pas à la hauteur, finalement.
21:48 Face aux drames individuels répétés que sont les violences faites aux enfants, on a toujours envie de faire plus, et c'est parfaitement normal.
21:57 Je ne polimiquerai pas là-dessus parce que je rejoins ce que dit ma collègue.
22:01 Je pense que ce qu'on essaye de faire ici, d'une certaine manière, c'est protéger les enfants qu'on n'a pas su protéger la première fois.
22:09 Protéger les enfants qui auraient dû être protégés de leurs parents, de leurs proches, des professeurs, de leur environnement,
22:16 qui leur a fait subir une attaque qu'ils n'auraient pas dû subir et qui, vous l'avez très bien dit, a des conséquences ensuite pour tout le reste de leur vie.
22:25 Ouvrir les yeux, ce n'est pas seulement ouvrir les yeux sur la violence, c'est ouvrir les yeux sur tout le reste.
22:29 J'en discutais avec des agents de mon département en Haute-Savoie.
22:33 Quand je vois que pour des raisons administratives, vous avez des enfants placés qui ne peuvent pas aller en colonie de vacances,
22:38 qui ne peuvent pas aller en centre aéré, on se pince.
22:41 Donc oui, dit comme ça, c'est peu de choses, mais c'est aussi beaucoup de commencer à s'attaquer à ce problème-là par tous les bouts,
22:48 sans laisser de traces, sans laisser de freins administratifs qui viendraient aggraver et créer des doubles, des triples peines qui sont insupportables.
22:55 Voilà donc pour ce compte rendu des questions au gouvernement.

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