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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 -C'est vrai, Simon.
00:00:02 -Nous sommes en direct.
00:00:03 Il est 19h.
00:00:05 Simon Guillet, on commence par vous.
00:00:08 -Bonsoir.
00:00:09 L'auteur présumé des coups de couteau
00:00:12 qui ont entraîné la mort de Thomas
00:00:14 fait partie des 7 personnes interpellées
00:00:17 dans les environs de Toulouse.
00:00:19 Cette adolescente de 16 ans a été tuée
00:00:22 dans la nuit de samedi à dimanche
00:00:24 lors d'une fête communale à Crépole.
00:00:27 Les Restos du Coeur lancent leur 39e campagne
00:00:30 de distribution alimentaire dans un contexte difficile
00:00:33 pour l'association.
00:00:35 Face aux difficultés financières, ils refusent des demandes.
00:00:39 Entre 5 et 10 % des personnes accueillies l'hiver dernier
00:00:42 se voient refuser l'aide alimentaire cette année,
00:00:46 annonce le président Patrice Douray.
00:00:49 41 ouvriers sont piégés depuis 10 jours dans un tunnel routier
00:00:53 qui s'est effondré.
00:00:55 -Les résidents vivants l'air épuisés et anxieux.
00:00:58 Les sauveteurs mobilisés sur place tentent de créer
00:01:01 un nouveau passage pour les libérer.
00:01:04 -Merci beaucoup, Simon Guilin.
00:01:06 Au sommaire, cette interpellation est 3 jours après l'attaque
00:01:11 de Crépole.
00:01:12 Plus les témoins s'expriment, plus leur témoignage est minimisé,
00:01:16 occulté, transformé par des médias et des politiques,
00:01:20 notamment de gauche comme Eric Recret de LFI,
00:01:24 qui qualifiait encore aujourd'hui de "ricks" ce qu'il s'est passé.
00:01:28 Sommes-nous toujours devant le syndrome Kevin et Matteo
00:01:31 ou les supporters anglais ?
00:01:33 "La douleur de vivre l'horreur et la douleur de ne pas être entendus",
00:01:38 l'édito de Mathieu Boquecote.
00:01:40 Au fil des témoignages, on a l'impression d'un village
00:01:44 loin de tout, pompiers, hôpital, force de l'ordre.
00:01:47 Certains disent que les gendarmes ont mis 2 heures à arriver
00:01:52 et que le jeune Thomas lui est mort dans l'ambulance
00:01:55 qui l'emmenait au centre hospitalier à 3/4 d'heure de route.
00:01:59 On connaissait les déserts médicaux.
00:02:02 Faut-il parler d'un désert sécuritaire français ?
00:02:06 Leur analyse.
00:02:07 Faut-il cultiver l'optimisme face à l'ensauvagement croissant
00:02:11 de nos villes et de nos campagnes ?
00:02:14 On a tous lu l'oeuvre de Voltaire, Candide ou l'optimisme.
00:02:18 "Le monde est constaté avec lui la réalité
00:02:21 et l'omniprésence du mal sur la terre."
00:02:24 Quelle attitude adopter face au mal, selon Voltaire ?
00:02:28 Voltaire qui naissait il y a 329 ans,
00:02:31 jour pour jour, le regard de Marc Menand.
00:02:34 Est-ce que le drame de Mourad est un fait divers
00:02:38 ou un fait de société ?
00:02:40 Alors que la gauche explique et démontre
00:02:43 que c'est un fait de société.
00:02:46 Le nid tel, c'est fait de société.
00:02:48 Les crimes les plus répétés,
00:02:50 lorsque la victime s'appelle Thomas O'Fayed.
00:02:54 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:02:56 Et puis la film "Napoléon" sort demain
00:02:59 face aux critiques françaises.
00:03:02 Le réalisateur Edley Scott estime
00:03:04 que les Français ne s'aiment pas eux-mêmes.
00:03:08 Vraiment ?
00:03:09 L'édito de Mathieu Beaucoup.
00:03:11 On commente, on décrypte, on analyse.
00:03:14 C'est maintenant.
00:03:16 ...
00:03:28 -Ravie de vous retrouver.
00:03:30 Vous êtes en forme d'un instant à l'autre.
00:03:33 On pourrait avoir Benhamin Netanyahou en direct
00:03:37 qui a réuni son cabinet de guerre
00:03:40 pour une éventuelle libération des otages.
00:03:43 Il a réuni son ministère de la Sécurité
00:03:46 et doit réunir son gouvernement d'un instant à l'autre.
00:03:50 S'il y a une prise de parole,
00:03:52 nous prendrons Benhamin Netanyahou en direct
00:03:56 après ce 46e jour de grève,
00:03:58 avec 237 personnes...
00:04:00 46e jour de guerre,
00:04:01 237 personnes prises en otages
00:04:04 et emmenées à Gaza durant l'attaque du Hamas,
00:04:08 dont 38 enfants.
00:04:09 Beaucoup de conditionnels sur des enfants et des femmes
00:04:14 qui seraient libérés d'abord.
00:04:16 Beaucoup de conditionnels sur un accord
00:04:19 qui pourrait avoir lieu dans les heures qui viennent.
00:04:23 Plusieurs personnes confirment l'accord.
00:04:26 On reste prudent, on reste attentif,
00:04:29 on reste sur nos gardes, on reste sur Face à l'info.
00:04:33 D'abord, avec vous, Mathieu Beaucoup,
00:04:36 qui n'a pas que intervenu sur les événements de Crépole.
00:04:40 Il a parlé de Rix, mais toute la journée,
00:04:43 on a encore entendu parler de Rix
00:04:46 en expliquant que de tels événements ne sont pas si fréquents.
00:04:51 Peut-on considérer que la gauche,
00:04:54 même le gouvernement,
00:04:56 avec les propos de Gérald Darmanin,
00:04:59 chercherait à relativiser l'événement ?
00:05:02 On a envie de dire, Mathieu Beaucoup,
00:05:05 que le gouvernement a dit qu'il ne faut pas extrapoler
00:05:09 comme le fait l'extrême droite.
00:05:12 Peut-on lui faire confiance ?
00:05:14 -Laissez-moi vous raconter l'histoire d'une invisibilisation,
00:05:18 d'une neutralisation, d'une mise à l'écart du réel
00:05:22 pour s'assurer que le grand récit médiatique dominant
00:05:26 domine et demeure.
00:05:27 Le point de départ, c'est l'histoire des mots.
00:05:31 L'histoire du monde hier, c'était le mot "Rix".
00:05:35 "Rix, Rix, Rix."
00:05:36 Quelques-uns disaient, "C'est le bon terme ?"
00:05:39 Mais plus on en doutait, plus le commun des mortels disait
00:05:43 "ce n'est pas le bon mot".
00:05:46 Plus les principales victimes disaient "ce n'est pas le bon mot".
00:05:50 Au même moment, le système répétait "Rix" encore plus fort.
00:05:54 C'était assez fascinant.
00:05:56 Ce matin, Eric Coquerel, de La France insoumise,
00:06:00 a dit qu'il refuse de terminer sauvagement.
00:06:03 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:05 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:08 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:10 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:12 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:14 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:16 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:19 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:21 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:23 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:25 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:27 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:30 Il a dit "Rix, Rix, Rix."
00:06:32 Le véritable enjeu de la journée,
00:06:34 il est haut, c'est celui de Mourad.
00:06:36 On comprend son récit,
00:06:38 qui n'était pas un détail, soit dit en passant, évidemment.
00:06:41 Là, aujourd'hui, un autre mot est apparu.
00:06:43 Un mot dont nous sommes familiers.
00:06:45 Parce que le mot "Rix" s'est passé, donc un deuxième s'ajoute,
00:06:47 et c'est le mot "fait-d'hiver".
00:06:49 Alors, si vous voulez avoir l'air très tragique,
00:06:52 vous dites "fait-d'hiver très très grave",
00:06:54 "fait-d'hiver abominable",
00:06:56 "fait-d'hiver absolument abominable".
00:06:58 Mais plus vous dites "fait-d'hiver" et plus vous en rajoutez,
00:07:01 plus c'est pour dépolitiser l'événement.
00:07:03 Plus c'est pour nous expliquer que ce qui s'est passé,
00:07:05 finalement, c'est plutôt mineur.
00:07:07 Et là, j'ai déjà eu l'occasion de faire cette démonstration,
00:07:09 mais je suis obligé d'y revenir un instant
00:07:11 pour voir comment le terme de "fait-d'hiver"
00:07:14 sert aujourd'hui plus que jamais à effacer la réalité.
00:07:18 Première étape, on l'a vu ces dernières années,
00:07:20 mais ça continue jusqu'à tout récemment.
00:07:22 Le concept de sentiment d'insécurité.
00:07:24 Alors là, est-ce qu'il y avait de l'insécurité en France?
00:07:27 Non, les Français étaient paranoïaques.
00:07:29 Les Français étaient fous.
00:07:31 Les Français croyaient qu'il y avait de l'insécurité,
00:07:33 mais c'est simplement parce qu'ils regardaient trop les séries américaines,
00:07:36 ou alors ils décidaient de prendre un "fait-d'hiver"
00:07:39 et de lui donner une importance considérable.
00:07:41 Mais la France allait bien.
00:07:43 La France n'était pas un coup de gorge.
00:07:45 On ne risquait rien en France.
00:07:47 Et on était en sécurité dans le métro,
00:07:50 on était en sécurité dans le 9-3,
00:07:52 on était en sécurité à Sarcelles, on était en sécurité partout.
00:07:54 Et pour penser le contraire, il fallait être probablement d'extrême droite.
00:07:56 Bon, ça, on le sait.
00:07:59 Le réel, et cela dit, têtue.
00:08:01 Alors, le réel s'est imposé.
00:08:03 Il n'était plus possible de parler simplement de sentiment d'insécurité
00:08:06 sans avoir l'air d'un parfait crétin.
00:08:08 Ou d'un parfait menteur.
00:08:10 Les menteurs sont rarement de purs crétins.
00:08:13 Les menteurs savent ce qu'ils font.
00:08:15 Les crétins, pas nécessairement.
00:08:17 Alors, on a dû imposer un autre terme.
00:08:19 Quel est l'autre terme? C'est le terme de "fait-d'hiver".
00:08:21 Pourquoi parle-t-on de "fait-d'hiver"?
00:08:24 Pour dire, on est obligé d'en parler.
00:08:26 Non, il n'y a pas moyen. On ne peut plus contourner,
00:08:28 on n'est pas autorisé. Donc, on va nommer les faits.
00:08:30 On va les nommer. Mais à condition,
00:08:32 on les nomme à condition d'expliquer qu'ils ne sont pas importants.
00:08:35 Donc, on dit "fait-d'hiver".
00:08:37 Quand on dit "fait-d'hiver", ça veut dire qu'il n'y a pas de signification politique,
00:08:39 il n'y a pas de signification sociologique.
00:08:41 C'est simplement le tragique et l'absurde de l'existence
00:08:43 qui se manifeste à nous.
00:08:46 Un fait-d'hiver comme un autre. Un fait-d'hiver qui ne veut rien dire.
00:08:48 C'est ça qu'on dit quand on dit "fait-d'hiver".
00:08:50 Quand on dit "fait-d'hiver", ça veut dire "oui, oui, pleurez, pleurez,
00:08:52 faites une marche blanche s'il le faut".
00:08:54 Mais sur le fond des choses, ça n'a rien à voir.
00:08:57 Circulez! Il n'y a rien à voir.
00:08:59 Les faits-d'hiver se multiplient.
00:09:01 Les faits-d'hiver s'additionnent.
00:09:03 Les faits-d'hiver occupent tout le quotidien.
00:09:05 Donc là, on commence à devenir compliqué.
00:09:08 Les faits-d'hiver sont de plus en plus nombreux.
00:09:10 Normalement, un esprit sociologique minimal dirait
00:09:12 des tonnes de faits-d'hiver,
00:09:14 ça commence à faire un fait de société.
00:09:16 Ça commence à faire une tendance sociologique.
00:09:19 Ça commence même à faire un fait politique.
00:09:21 Certains ont cherché à nommer cette réalité.
00:09:23 C'est la tentative de Zemmour en la matière
00:09:25 qui a parlé de francocide.
00:09:27 Mais on lui avait dit "c'est un concept".
00:09:30 Et moi, j'avais été critique envers ce concept.
00:09:32 Je trouvais qu'il n'était pas adéquat.
00:09:34 Je le trouvais inadéquat sociologiquement.
00:09:36 Je note que ceux qui l'ont critiqué avaient normalement
00:09:38 un autre angle en disant "c'est un concept terrible,
00:09:41 d'extrême droite, haineux".
00:09:43 Parce que, vous savez, féminicide, ce n'est pas haineux.
00:09:45 Écocide, ce n'est pas haineux.
00:09:47 Mais francocide, ça, c'est haineux.
00:09:50 Sinon, vous serez d'extrême droite, vous aussi.
00:09:52 Alors, francocide, francocide, ça ne passait pas.
00:09:54 Donc là, comment nommer ces faits divers qui s'accumulent?
00:09:56 Ces faits divers qui coupent la gorge?
00:09:58 Ces faits divers qui coupent les doigts?
00:10:00 Ces faits divers qui sifflent les femmes dans le métro
00:10:03 et qui rendent le métro dangereux pour plusieurs d'entre elles?
00:10:05 Comment on les nomme?
00:10:07 Moi, je propose un concept, mais il y en a d'autres.
00:10:09 On pourrait parler de délinquance conquérante,
00:10:11 de délinquance d'occupation, de différents types
00:10:14 de délinquance d'occupation de territoire, évidemment.
00:10:16 Mais ce qui est certain, c'est que le système
00:10:18 que nous avons nommé politiquement,
00:10:20 ces faits divers qui s'accumulent et qui créent
00:10:22 non seulement un sentiment d'insécurité,
00:10:25 mais des territoires où il ne fait plus bon être français.
00:10:27 Alors, on touche à un autre mot de la journée.
00:10:29 Ce sont des mots qu'on connaît déjà, mais c'est l'autre mot
00:10:31 de la journée qui est très important.
00:10:33 C'est pas de récupération.
00:10:36 J'en ai déjà parlé, pas de récupération,
00:10:38 it's the new, pas d'amalgame.
00:10:40 Pas de récupération, c'est ne pensez pas politiquement
00:10:42 ce qui arrive, ne pensez pas sociologiquement
00:10:44 ce qui arrive, ne voyez pas dans ce fait divers
00:10:47 Et là, sur une autre chaîne info
00:10:49 que la politesse et la décence m'empêchent
00:10:51 de nommer, une journaliste
00:10:53 racontant les événements
00:10:55 nous dit, je la cite
00:10:58 parce que là, plusieurs personnes à droite
00:11:00 et à l'extrême droite, on dit, sont inquiétées
00:11:02 de ce qui s'est passé à Crépole.
00:11:04 Des gens un peu limités d'esprit qui s'inquiétaient
00:11:06 de ce qui se passait là-bas. Elle nous dit
00:11:09 « C'est la réaction désormais classique sur le réseau social
00:11:11 de la droite et de l'extrême droite.
00:11:13 On est dans une politisation de plus en plus
00:11:15 importante du fait divers. »
00:11:17 Alors là, la journaliste qui l'interview
00:11:20 de manière candide dit « Mais pourquoi la droite
00:11:22 et l'extrême droite s'intéressent-elles autant au fait divers ?
00:11:24 Que se passe-t-il ? Nous sommes perplexes. »
00:11:26 Réponse de la journaliste militante
00:11:28 « C'est parce qu'ils veulent créer l'image
00:11:31 artificielle qui ne veut rien dire
00:11:33 d'une France tranquille qui serait agressée
00:11:35 par une France conquérante, une France
00:11:37 plus agressive. »
00:11:39 Et vous savez, tout ça, en fait, serait
00:11:42 du pain béni, du pain béni
00:11:44 pour l'extrême droite, qui serait
00:11:46 la véritable menace à travers ça.
00:11:48 Donc on coupe des gorges, on coupe des doigts,
00:11:50 on poignarde au hasard. Pourquoi cibler
00:11:53 quelqu'un particulier et poignarder au hasard ?
00:11:55 C'est quand même plus généreux, on peut en donner davantage.
00:11:57 Dans cet état d'esprit, et rappelez-vous
00:11:59 Dominique Bernard soit-dit en passant,
00:12:01 chaque fois on dit « Tout ça fait le jeu de l'extrême droite. »
00:12:04 Donc vous serez poignardés aussi souvent qu'il le faut.
00:12:06 En dernière instance, le vrai danger, ce sont
00:12:08 des parlementaires installés à l'Assemblée nationale
00:12:10 qui respecteraient les règles, qui respectent les lois.
00:12:13 Eux seraient le vrai danger.
00:12:15 Pour analyser cette réalité, franchement, on a besoin
00:12:17 d'un bon dictionnaire pour décrypter le réel.
00:12:19 On aurait besoin d'un lexique.
00:12:21 - À quel lexique pensez-vous ? - Un lexique pour décrypter
00:12:23 tout simplement un langage qui ne sert plus à dire,
00:12:27 mais à masquer. Un langage qui sert
00:12:29 trop souvent à mentir.
00:12:31 Le mot mensonge, il est lourd, mais je le crois
00:12:33 pertinent là-dedans. Rix, je l'ai dit,
00:12:35 altercation, ça c'est un autre terme que j'apprécie
00:12:38 aujourd'hui de temps en temps. Vous savez quand quelqu'un
00:12:40 par exemple dans le métro va arriver, frappe un hôte,
00:12:42 reçoit un coup de poing sur la gueule, on nomme ça
00:12:44 pour éviter de nommer ça une agression, altercation.
00:12:46 Altercation, c'est amusant. Ou altercation avec
00:12:49 les forces de l'ordre. Donc vous avez des jeunes
00:12:51 qui insultent des policiers ou des gendarmes,
00:12:53 les policiers ou les gendarmes ne se laissent pas
00:12:55 insulter, on va nommer ça altercation.
00:12:57 Manière comme une autre de transférer la responsabilité
00:13:00 sur l'agressé.
00:13:02 D'autres termes.
00:13:04 Supporteur britannique, c'est un de nos préférés,
00:13:06 convenons-en. C'est presque un terme inaugural
00:13:08 pour nommer les choses... Les britanniques,
00:13:11 en effet, la diversité est une richesse.
00:13:13 Les supporters britanniques participent à la diversité
00:13:15 qui est une richesse. Tout comme Kevin et Mathéo,
00:13:17 les noms les plus fréquemment reconnus
00:13:19 lorsque nous parlons de problèmes de délinquance.
00:13:22 Kevin et Mathéo, c'est véritablement le nom
00:13:24 de la délinquance en France, osons le dire.
00:13:26 On ose le dire ici. Probablement aussi
00:13:28 François et Émile et Gaspard probablement.
00:13:30 Pas de récupération.
00:13:33 J'en ai dit un mot plus tôt.
00:13:35 Et j'ajoute que même des termes forts,
00:13:37 qui semblent forts, ensevagement et décivilisation,
00:13:39 je trouve participent à cette occultation.
00:13:41 Ensevagement, c'est comme si la société française,
00:13:44 par je ne sais quelle action négative
00:13:46 de la Providence, soudainement s'ensevagerait.
00:13:48 Y a-t-il des facteurs qui expliquent cet ensevagement?
00:13:50 Non, c'est une tendance lourde de la société
00:13:52 qui nous échappe, de même pour décivilisation.
00:13:55 Mais de temps en temps, il faut nommer la réalité.
00:13:57 Vous savez, la réalité brutale, pas agréable.
00:13:59 Je vais citer le Dauphiné libéré,
00:14:01 un des victimes, un des témoins,
00:14:03 qui dit, je cite,
00:14:06 il n'y a pas de raison de douter du témoignage,
00:14:08 il faut en douter, on nous le dira,
00:14:10 mais pour l'instant, ce n'est pas le cas.
00:14:12 C'était l'horreur, pour moi, c'était clairement un attentat.
00:14:14 Les agresseurs ont dit,
00:14:17 on est là pour planter des blancs.
00:14:19 Globalement, ça semble vouloir dire quelque chose.
00:14:21 Normalement, si vous voulez planter des blancs
00:14:23 avec un couteau, c'est que vous désignez
00:14:25 vous-même votre cible en termes ratio.
00:14:28 Vous le désignez vous-même en termes ethniques.
00:14:30 Donc vous-même, vous vous présentez,
00:14:32 dis-je, en termes ethniques et ratios,
00:14:34 si j'étais très audacieux
00:14:37 et que j'osais contredire Papendiaï,
00:14:39 notre ministre oublié,
00:14:41 j'oserais parler de racisme anti-blanc,
00:14:43 mais il me dirait que ce n'est pas possible
00:14:45 parce que ce n'est pas un concept scientifique
00:14:47 validé par les amis de M. Papendiaï.
00:14:50 - Revenons-y.
00:14:52 La famille de Thomas
00:14:54 jamais aurait
00:14:56 demandé
00:14:58 qu'on s'interdise de toute récupération de l'événement.
00:15:01 N'était-elle pas en droit de le faire ?
00:15:03 - Évidemment. - Je dis "aurait".
00:15:05 - Il y a peut-être des gens qui reprennent
00:15:07 au nom de la famille et après on se rend compte
00:15:09 que ce n'est pas forcément... - Le conditionnel
00:15:12 est plus que de rigueur dans les circonstances,
00:15:14 mais supposons qu'elle l'ait vraiment fait.
00:15:16 Le premier élément, c'est que c'est très délicat
00:15:18 et si la famille spontanément dit
00:15:20 "ça nous blesse tellement, on veut être à l'abri
00:15:23 du regard public", on peut entendre.
00:15:25 Mais j'ai tendance à voir autre chose là-dedans.
00:15:27 Quand il y a un événement tragique comme celui-là,
00:15:29 pensez à l'événement autour de Lola.
00:15:31 C'est un autre fête d'hiver dont on ne devait pas
00:15:34 être là, on ne peut pas être là.
00:15:36 C'est un autre événement. On l'avait dit sur la 5,
00:15:38 et sur la 5, c'est quand même des choses
00:15:40 qu'on doit écouter. C'est quand même
00:15:42 le conseil de l'autorité doctrinale française.
00:15:45 Alors on écoute la 5. Il dit "ce n'est pas un événement
00:15:47 politique, il n'y a aucune signification politique".
00:15:49 Quand un événement comme celui-là arrive,
00:15:51 on peut croire, là je suis au conditionnel,
00:15:53 que normalement les groupes de soutien,
00:15:56 les groupes de soutien psychologique,
00:15:58 les avocats qui se présentent pour aider la famille
00:16:00 disent "en gros voici les éléments de langage
00:16:02 que vous devez utiliser pour être correctement
00:16:04 entendu". Et la première chose que vous devez dire
00:16:07 c'est "ne souhaitez pas de récupération".
00:16:09 C'est le premier mot à dire pour que votre douleur
00:16:11 soit acceptée par le système et que ça ne vous revienne
00:16:13 pas au visage. Premier élément.
00:16:15 Donc est-ce que c'est imposé directement
00:16:18 par avocat, groupe militant, groupe associatif, avocat?
00:16:20 C'est possible. Ce n'est qu'une hypothèse.
00:16:22 L'autre hypothèse, c'est que le commun est mortel
00:16:24 a tellement intériorisé le discours public
00:16:26 dominant, vous savez, à se faire répéter des slogans
00:16:29 sans arrêt 24 heures par jour, de temps en temps
00:16:31 que ça rentre dans la tête des gens. Et ils ont compris
00:16:33 que s'ils ne veulent pas avoir de soucis davantage,
00:16:35 eh bien le pas de récupération est ce qu'ils doivent dire
00:16:37 pour être moralement acceptés dans les circonstances
00:16:40 et être acceptés par les médias.
00:16:42 Comme si ils avaient intériorisé les chaînes culturelles
00:16:44 et idéologiques. Chose certaine, quand les victimes
00:16:46 ou les proches des victimes ne respectent pas ça,
00:16:48 eh bien on est maltraité. Pensez à la veuve
00:16:51 Monguillo, Véronique Monguillo, qui a eu, elle,
00:16:53 le malheur d'être triste qu'on ait battu à mort son mari.
00:16:55 Non mais il faut vraiment manquer de coeur.
00:16:57 Il faut vraiment manquer de coeur.
00:17:00 Il faut vraiment manquer de coeur pour ne pas être capable
00:17:02 de pardonner là-dedans. Donc qu'est-ce qu'on a fait?
00:17:04 On l'a maltraité médiatiquement. Pensez à Patrick Jardin
00:17:06 qui avait perdu sa fille de mémoire au Bataclan.
00:17:08 On l'a traité de haineux, d'extrême droite infréquentable.
00:17:10 Mais quel manque de charité chrétienne
00:17:13 de ne pas pardonner aux gens qui ont tué sa fille.
00:17:15 Cet homme méritait de se faire diaboliser publiquement,
00:17:17 de voir sa réputation ruinée. Et on a travaillé à ça.
00:17:19 C'est tout à fait passionnant. Autrement dit,
00:17:21 si vous ne reprenez pas le discours attendu
00:17:24 du pas de récupération et au fond des choses,
00:17:26 on pardonne à ceux qui nous agressent, eh bien
00:17:28 n'acceptez pas ce discours, on vous le fera payer.
00:17:30 - Un tour de table avant de parler avec vous,
00:17:32 Dimitri, des déserts sécuritaires.
00:17:35 Est-ce que Crépol était dans un désert sécuritaire?
00:17:37 Est-ce qu'à voir ce décalage que vous venez de décrire
00:17:39 dans les médias, je commence par vous, Charlotte,
00:17:41 ce décalage entre ceux qui ont ressenti, ceux qui ont vu,
00:17:43 ceux qui ont vécu les témoins du drame de Crépol
00:17:46 et entendre ce qui se passe sur les plateaux télé,
00:17:48 est-ce que vous avez un peu de respect
00:17:50 pour les gens qui ont été victimes de ces décalages?
00:17:52 - Je pense que c'est un des grands défis
00:17:54 de la démocratie, c'est-à-dire que les gens
00:17:57 qui ont vu ce qui se passe sur les plateaux télé,
00:17:59 cette volonté, cette énergie, cette force,
00:18:01 cet acharnement à vouloir cacher le réel,
00:18:03 minimiser les faits,
00:18:05 est-ce que ça ne nourrit pas
00:18:08 un certain sentiment de vengeance?
00:18:10 Rappelons que sept personnes ont été interpellées
00:18:12 aujourd'hui, dont l'auteur des faits a priori.
00:18:14 - Il y a deux risques sur le terrain
00:18:16 que vous évoquez, il y a celui de la vengeance
00:18:19 qui est un sentiment évidemment naturel
00:18:21 qui normalement, précisément,
00:18:23 est une réaction de la population
00:18:25 qui normalement, précisément, est jugulée
00:18:27 par une justice qui passe correctement.
00:18:30 Précisément, l'enjeu, c'est de remplacer
00:18:32 la vengeance ou la volonté de vengeance
00:18:34 par la justice, c'est-à-dire quelque chose
00:18:36 d'équilibré pour punir les agresseurs.
00:18:38 Mais le vrai risque, c'est aussi
00:18:41 une société qui, de plus en plus,
00:18:43 va basculer dans l'autodéfense,
00:18:45 c'est-à-dire dans la prévoyance elle-même
00:18:47 de se défendre seule. Parce que moi, j'entends
00:18:49 tous les débats de "les gendarmes ont mis 2 heures à arriver",
00:18:52 mais on veut juste dans quel pays exactement?
00:18:54 L'alternative, c'est soit il y a un gendarme à chaque fois
00:18:56 qu'il y a une fête de village, soit il faut que les gens
00:18:58 soient armés pour être sûrs de passer une bonne soirée
00:19:00 et de voir leurs enfants rentrer.
00:19:03 Rien que ça, c'est forcément une question
00:19:05 qui devrait tous nous empêcher de dormir, en réalité.
00:19:07 On ne va pas se poser la question de savoir à combien de kilomètres
00:19:09 sont les gendarmes pour être sûrs que c'est normal
00:19:11 qu'une fête de village nous inquiète autant
00:19:14 sur le terrain sécuritaire. Donc rien que ça prouve bien
00:19:16 qu'il y a une question qui concerne évidemment
00:19:18 un ensauvagement massif.
00:19:20 Cette seule question le prouve.
00:19:23 - Marc Benham.
00:19:25 - Moi, ce que je trouve épouvantable,
00:19:27 c'est la manière dont, par exemple,
00:19:29 cet après-midi, on a El-Essi
00:19:31 qui intervient à l'Assemblée.
00:19:33 Et là, on est dans une sorte d'aveuglement réactueur.
00:19:38 Tout à l'heure, on va parler de Voltaire.
00:19:40 Et on est dans le fanatisme,
00:19:42 on est dans un dogmatisme.
00:19:44 On n'est plus dans la capacité, et c'est grave,
00:19:46 parce qu'on demande aux politiques d'être les "docteurs"
00:19:49 d'une analyse sociale capable de faire
00:19:51 une analyse sociale capable de poser le diagnostic
00:19:55 pour nous dire "voilà ce qui se passe"
00:19:57 et de le faire objectivement.
00:19:59 Pourquoi, à tout prix,
00:20:02 essayer de vouloir minimiser les difficultés d'assimilation
00:20:06 telles qu'elles existent aujourd'hui ?
00:20:08 C'est ça, le vrai, héritable racisme.
00:20:10 Ça veut dire quoi ?
00:20:12 Ça veut dire qu'apparemment, si on a une origine étrangère
00:20:15 d'une ou deux générations, on ne serait pas capable
00:20:17 de devenir français, on ne serait pas capable
00:20:19 d'être quelqu'un qui obéisse aux lois de la République.
00:20:21 C'est ça ce que nous dit LFI.
00:20:23 - Dimitri Pavlenko, lorsque LFI,
00:20:26 mais aussi la gauche,
00:20:28 mais aussi le procureur qui emploie le mot "Rix"
00:20:30 ou encore le gouvernement, Gérald Darmanin,
00:20:32 essaie d'atténuer les choses,
00:20:34 quel sentiment vous pensez que ça peut réveiller
00:20:39 ou induire chez justement tous ceux qui ont témoigné
00:20:43 dans les médias aujourd'hui ?
00:20:45 - Je pense qu'il y a ceux qui veulent minimiser
00:20:47 la politique, c'est le cas de la France insoumise
00:20:49 qui a cherché un dérivatif avec cette histoire de mourade.
00:20:52 Il y a des gens que la politisation effraie,
00:20:54 des gens qui n'ont pas envie de se mouiller
00:20:56 sur ce terrain-là parce qu'ils craignent,
00:20:58 ils savent très bien que ça va devenir un sujet politique
00:21:00 et qu'ils font comme si ça n'en était pas un,
00:21:03 qu'ils veulent rester, avoir conservé un regard
00:21:05 disons technique sur la situation.
00:21:07 Je pense que c'est le cas par exemple du procureur,
00:21:09 ça n'est pas son sujet, si vous voulez.
00:21:11 Après, il y a des gens qui ne voient pas forcément
00:21:14 cette dimension-là, et il y a des gens politiques
00:21:16 et il y a des gens politisés à qui ça va sauter aux yeux.
00:21:18 Mais vous savez, je pense qu'autant le discours
00:21:20 d'intimidation il va prendre sur une partie
00:21:22 de la population qui a un regard un peu distant
00:21:25 avec la situation, qui se dire "ouais quand même,
00:21:27 c'est grave ce qui s'est passé du côté de Crépole"
00:21:29 mais qui voit que c'est loin de leur vie à eux.
00:21:31 Et puis il y a des gens que ça va totalement insupporter,
00:21:33 des gens qui vont se dire, je pense que c'est les gens
00:21:36 qui regardent Face à l'Info parce qu'ils sont armés
00:21:38 maintenant intellectuellement face à ça,
00:21:40 face à cette tentative de dissimulation
00:21:42 de la politique, de dissimulation de la politique
00:21:45 face à cette tentative de dissimulation qu'on voit
00:21:47 par exemple à l'oeuvre dans l'emploi du mot "Rix"
00:21:49 quand il est totalement inadéquat.
00:21:51 - Alors on va continuer avec vous Dimitri sur ce sujet
00:21:55 puisqu'au fil des témoignages on a l'impression
00:21:57 d'un village Crépole loin de tout, loin des policiers,
00:22:02 pardon, gendarmes, forces de l'ordre, hôpital, pompiers.
00:22:07 Certains disent que les gendarmes ont mis,
00:22:09 on en parlait avec Charlotte Dornelas,
00:22:11 deux heures à arriver sur place.
00:22:13 Le jeune Thomas, lui, est mort sur la route
00:22:15 pour aller justement à l'hôpital qui se situe
00:22:19 à près de trois quarts d'heure de route.
00:22:21 On connaissait les déserts médicaux.
00:22:23 Est-ce qu'il faut parler là pour Crépole
00:22:25 d'un désert sécuritaire ?
00:22:27 - Oui. C'est pas la première fois qu'on entend parler
00:22:30 de désert sécuritaire français.
00:22:32 La première fois que j'en ai entendu parler
00:22:34 c'était il y a une dizaine d'années quand il y avait
00:22:36 à l'époque des regroupements de commissariats
00:22:38 qui s'opéraient au début du quinquennat de François Hollande
00:22:41 pour des questions de rigueur budgétaire,
00:22:43 et là il y avait des policiers, des syndicats qui disaient
00:22:45 "Attention, on va créer", donc en région parisienne,
00:22:47 "des déserts sécuritaires français en zone police".
00:22:51 Alors là Crépole, c'est une autre configuration,
00:22:53 c'est nord de la Drôme, on est à la campagne,
00:22:55 on n'est pas loin de la frontière administrative
00:22:58 avec le département voisin de l'Isère,
00:23:00 et c'est vrai que quand vous regardez les choses,
00:23:02 factuellement la présence de l'État,
00:23:04 elle est pour le moins diffuse, et notamment
00:23:06 la présence des forces de l'ordre.
00:23:09 Vous avez quatre petites brigades de gendarmerie
00:23:11 et regardez, j'ai passé beaucoup de temps à regarder ça,
00:23:13 les temps de trajet, la plus proche de ces brigades
00:23:15 de gendarmerie, c'est 20 minutes de route,
00:23:17 la plus éloignée c'est trois quarts d'heure,
00:23:20 et ce sont de petites brigades, on est sur des brigades
00:23:22 de l'ordre d'une dizaine d'hommes en moyenne,
00:23:24 autant vous dire qu'un samedi soir à deux heures du matin,
00:23:27 ils ne sont pas tous là, et si vous en avez deux
00:23:30 qui sont en patrouille dans une voiture à ce moment-là
00:23:33 et pas trop loin, c'est que vous avez du bol,
00:23:35 parce qu'ils peuvent être aussi à l'autre bout de leur territoire.
00:23:37 Et ces gendarmes, il faut voir qu'ils ont la charge
00:23:41 de territoires qui sont assez vastes, des communes en l'occurrence,
00:23:43 si on regarde autour de Crépole, des communes qui sont plus importantes,
00:23:46 où il y a des problèmes de sécurité plus lourds
00:23:48 qu'il n'y en a à Crépole, donc Crépole n'est pas un trou,
00:23:51 si vous voulez, dans le maillage territorial de la gendarmerie,
00:23:54 mais enfin, on est quand même sur un point lâche,
00:23:56 on est quand même sur une dent creuse, on est un peu loin de tout.
00:24:00 Et le cas du garçon, effectivement, c'est Saint-Vallier,
00:24:03 le centre hospitalier de Saint-Saint-Vallier est à trois quarts d'heure
00:24:06 de Crépole, celui de Romain-sur-Isère est à un peu plus de 25 minutes,
00:24:10 mais l'ambulance, elle doit partir, elle doit revenir.
00:24:12 Donc vous voyez, effectivement, le temps de trajet, ça compte.
00:24:15 Et alors, dans les nouvelles brigades de gendarmerie
00:24:17 qui ont été annoncées, rappelez-vous, par Emmanuel Macron,
00:24:20 on en a parlé sur le plateau de Facein Info début octobre,
00:24:22 vous en avez effectivement une qui est prévue pour le nord de Rome,
00:24:25 à Châteauneuf-de-Galore, donc les gens qui connaissent le coin
00:24:28 vont reconnaître, mais vous êtes quand même toujours
00:24:30 à 20 minutes de route de Crépole.
00:24:32 Vous voyez, c'est le temps de trajet minimum,
00:24:34 pour peu que les gendarmes soient disponibles,
00:24:36 et qu'il n'y ait rien d'autre à faire, ce qui est rarement le cas.
00:24:39 Et donc le maire du village de Châteauneuf-de-Galore
00:24:41 disait, à propos de l'arrivée de cette brigade,
00:24:43 d'une dizaine d'hommes, donc ce n'est pas non plus très important,
00:24:45 il disait "c'est l'affaire de mon mandat".
00:24:47 Vous voyez l'importance qu'il y mettait ?
00:24:50 Il était en train de dire "ça y est, l'État revient".
00:24:52 C'est vous dire le sentiment de délaissement
00:24:54 qu'on peut ressentir dans ces zones rurales,
00:24:56 où en fait il y avait la gendarmerie française,
00:24:58 vous savez, elle était connue pour son ancrage territorial,
00:25:01 pour sa proximité.
00:25:03 On ne dit pas la police d'ici les Moulinots,
00:25:07 on dit la police, mais on dit la gendarmerie de Châteauneuf,
00:25:10 on dit la gendarmerie de Haute-Rive, etc.
00:25:12 Vous voyez, c'est ça l'ancrage territorial de la gendarmerie.
00:25:16 Et le gendarme, c'est un peu le médecin généraliste
00:25:18 de la sécurité publique, il intervient sur à peu près
00:25:20 tous les types de sujets, les plus anecdotiques,
00:25:23 comme les plus importants, les conflits de voisinage,
00:25:25 comme les histoires de meurtre, vous voyez.
00:25:28 Et donc le gendarme craint et appréciez cette proximité.
00:25:32 Ce qu'on constate, c'est qu'elle s'est érodée
00:25:34 au fil des ans, pour tout un tas de raisons,
00:25:36 et les fermetures de brigades, évidemment, pèsent lourd dans l'affaire.
00:25:38 Rappelons quand même qu'on a 150 000 policiers en France,
00:25:42 contre 100 000 gendarmes, 100 000 gendarmes qui ont le charge
00:25:45 de couvrir 95 % du territoire français.
00:25:48 1 français sur 2 est en zone gendarmerie, voilà.
00:25:50 Et ceux-là, ils sont de plus en plus accaparés,
00:25:53 on le voit par le phénomène urbain, par le phénomène périurbain.
00:25:57 Donc finalement, ils se retrouvent avec des problématiques
00:25:59 d'aussi lourdes que celles de la police.
00:26:01 - On marque une pause, on revient sur ce sujet,
00:26:04 rappelons que 7 personnes ont été interpellées aujourd'hui
00:26:06 vers 14h dans le sud de Toulouse.
00:26:09 Il y a une course-ponsuite entre les gendarmes et les individus.
00:26:11 50 gendarmes du GIGN ont été mobilisés pour ces interpellations
00:26:15 après la mort du jeune Thomas.
00:26:17 On marque une pause, peut-être qu'on va voir aussi
00:26:20 si Benhamin Netanyahou s'exprime d'un instant à l'autre.
00:26:23 On suivra. À tout de suite.
00:26:26 - Retour sur le plateau de Face à l'info.
00:26:29 Dans un instant, avec Charlotte Dornelas,
00:26:31 on parlera de cette notion de fait divers à géométrie
00:26:34 et fait de société à géométrie variable,
00:26:36 avec notamment La Gauche et notamment LFI.
00:26:40 Avec vous, on parlera de l'anniversaire de la naissance de Voltaire.
00:26:43 Comment Voltaire voyait cette société du mal
00:26:46 et quels mots il mettait un peu sur le mal omniprésent dans la société.
00:26:51 On en parle dans un instant.
00:26:53 Napoléon, vous aurez peut-être un petit mot à dire sur Napoléon.
00:26:56 - J'oublie.
00:26:57 - Le film qui sort demain et Ridley Scott dit que les Français...
00:27:01 Il critique les Français.
00:27:02 On va voir un peu les Français qui critiquent Napoléon.
00:27:05 Dimitri, on revient avec vous sur Crépol.
00:27:10 Est-ce qu'il y avait là justement un désert sécuritaire ?
00:27:14 Les campagnes s'ouvriraient-elles de la comparaison avec les grandes villes
00:27:18 qui concentreraient les moyens de sécurité ?
00:27:20 - En tout cas, ce dont on se rend compte,
00:27:22 c'est que les gendarmes et les policiers, c'est pareil,
00:27:26 n'arrivent plus à atteindre n'importe quel point du territoire
00:27:29 avant un certain temps.
00:27:30 D'ailleurs, il y a deux ans, je me rappelle,
00:27:32 Gérald Darmanin avait proposé la création d'une phare,
00:27:34 une force d'appui rapide qui était censée 24h/24
00:27:38 pouvoir atteindre n'importe quel point du territoire
00:27:40 en l'espace d'un quart d'heure,
00:27:42 vous voyez, sur le modèle de la fameuse CRS 8.
00:27:44 Et on avait eu exactement la même réflexion, après Mohamed Merah,
00:27:47 à propos du RAID, des forces d'élite, en disant que c'est pareil,
00:27:50 on est des forces d'élite qui puissent intervenir
00:27:52 dans un délai maximum de 30 minutes/1 heure.
00:27:54 En tout cas, cette impression de délaissement
00:27:58 par rapport aux grandes villes qui capteraient les fonds,
00:28:01 et bien oui, effectivement, c'est ce qu'on pense à la campagne.
00:28:04 Je ne dis pas que c'est forcément vrai,
00:28:06 mais en tout cas, c'est vraiment ressenti de la sorte.
00:28:08 Alors qu'on assiste à deux phénomènes,
00:28:11 c'est ça qu'il faut bien comprendre.
00:28:13 Le premier phénomène, c'est que les campagnes,
00:28:15 on voit que leur profil délinquant et le niveau moyen de cette délinquance,
00:28:18 en un espace de temps extrêmement resserré,
00:28:21 on parla de 10 à 15 ans, en fait, pas beaucoup plus,
00:28:25 est en train de rattraper ce qu'on voit aujourd'hui dans les grandes villes.
00:28:29 Et on en a parlé d'ailleurs, quand les statistiques
00:28:31 du ministère de l'Intérieur et de la délinquance
00:28:33 étaient parues au début du mois d'octobre,
00:28:35 vous avez produit certains chiffres,
00:28:38 notamment les taux de coups et blessures volontaires par habitant.
00:28:41 On est sur des progressions à deux chiffres depuis deux ans,
00:28:43 au niveau en moyenne national.
00:28:45 On voit que l'écart entre les communes rurales et les grandes villes
00:28:50 est en train de se réduire.
00:28:53 Alors on n'y est pas tout à fait, c'est un rapport de 1 à 3,
00:28:55 c'est-à-dire que dans une grande ville,
00:28:57 vous avez 5,2 habitants qui aujourd'hui vont dans l'année
00:29:00 se prendre un coup dans le visage ou se faire tabasser sur 1 000.
00:29:03 Dans une commune rurale, on est à 2 sur 1 000.
00:29:07 Vous voyez, Crépole, là, va évidemment faire exploser
00:29:09 la moyenne du département de la Drôme.
00:29:11 Le second phénomène, et celui-là, on en parle souvent,
00:29:14 ça rejoint tout ce qu'on dit aujourd'hui même sur l'histoire de Crépole,
00:29:17 c'est la dissémination de la narco-délinquance
00:29:21 qui part des grandes villes et qui se diffuse vers les zones rurales,
00:29:25 qui essaiment, qui métastasent,
00:29:27 ces métaphores qui sont aujourd'hui avancées.
00:29:29 Vous avez l'exemple, par exemple, probante de la mairie de Saint-Jouard,
00:29:33 en Haute-Savoie, donc c'est une ville de 3 500 habitants,
00:29:37 dans une configuration géographique qui rappelle un petit peu
00:29:40 ce qu'on a à Crépole, à savoir que cette ville,
00:29:42 Crépole, 3 500 habitants, village, pardon, c'est pas tout à fait une ville,
00:29:46 on est entre Anmas et Cluz, donc deux villes moyennes,
00:29:49 et qu'est-ce qui se passe ? C'est qu'on a une délinquance prédatrice
00:29:54 qui arrive de ces villes-là et qui vient profiter du vide sécuritaire,
00:29:58 le vide sécuritaire devenant une oasis de criminalité.
00:30:01 Et donc le maire de Saint-Jouard, il racontait ça dans une tribune
00:30:04 il y a deux ans, mais je l'ai eu ce matin sur Europe 1,
00:30:06 il nous a confirmé que c'était toujours le cas,
00:30:09 ce sont des dealers albanais qui ont mis en selle
00:30:11 une petite délinquance de proximité, des jeunes qui étaient déjà sur place,
00:30:14 et qui ont commencé à prendre le contrôle de l'espace public.
00:30:17 Et voilà le phénomène en fait.
00:30:19 Et dans cette ville de Saint-Jouard, qu'est-ce qui se passe ?
00:30:22 Vous aviez une brigade de gendarmerie qui a été mutualisée
00:30:25 avec une autre brigade de gendarmerie voisine, résultat,
00:30:28 les gens aujourd'hui s'ils veulent porter plainte à Saint-Jouard,
00:30:31 ils doivent prendre la voiture. Qu'est-ce qu'ils font ?
00:30:33 Ils ne vont pas porter plainte. Pas de bras, pas de chocolat,
00:30:36 pas de plainte, pas de statistique de la délinquance.
00:30:39 Et le maire est en colère, parce qu'il pense que l'État privilégie
00:30:42 les villes où on est passées en l'espace de 40 ans,
00:30:45 de 170 zones d'éducation prioritaire à 1500 quartiers prioritaires
00:30:50 de la ville, fois 10 en l'espace de 40 ans.
00:30:54 Pour aller à l'appui de ça, j'ai retrouvé une note
00:30:56 de la Fondation Jean Jaurès rédigée par Jérôme Fourquet,
00:30:58 qui date de début 2022, ce n'est pas très vieux,
00:31:00 qui nous expliquait que la France compte 4000 points de deal.
00:31:03 Ces points de deal, vous les avez massivement dans les grandes villes
00:31:07 et dans toutes les zones périphériques,
00:31:09 mais aussi à la campagne ou dans des petites villes,
00:31:11 qui sont des zones de diffusion de cette délinquance
00:31:13 dans toutes les campagnes alentours.
00:31:15 Et il donnait l'exemple de la ville de Briançon, 11 000 habitants,
00:31:17 la présence du deal remonte à 2016-2017,
00:31:21 vous voyez, ce n'est pas si vieux que ça.
00:31:23 Premier tir de Kalash, décembre 2020,
00:31:25 et aujourd'hui, on est dans une situation où,
00:31:27 à chaque fois que la police intervient dans la Briançon,
00:31:29 dans les cités alentours, dans un point de deal,
00:31:32 vous avez des représailles violentes, à coup de véhicules incendiés,
00:31:34 de coups de feu, à chaque opération de police.
00:31:37 Et donc, c'est l'arrière-pays de Briançon
00:31:39 qui devient zone de stockage, qui devient zone de repli,
00:31:41 exactement comme une guérilla opère,
00:31:45 quand elle est efficace, elle a besoin d'une zone de repli.
00:31:47 Voilà ce que sont les campagnes françaises, aujourd'hui,
00:31:49 pour la narco-délinquance française.
00:31:51 Alors, ce n'est peut-être pas tout à fait ce qui s'est produit à Crépole,
00:31:53 mais tout ça participe de ce phénomène de délinquantisation,
00:31:57 pardonnez-moi le territoire un peu bizarre,
00:31:59 de l'ensemble du territoire français, y compris là où on ne connaissait pas
00:32:02 ces phénomènes il y a encore 15 ans.
00:32:04 - Qu'est-ce que ça vous évoque, Mathieu Boquecôté ?
00:32:07 - Je ne vais pas vous en parler d'y revenir, mais en ce moment,
00:32:09 on est devant nous, si on regarde un peu,
00:32:11 il y a un moment de déni, c'est-à-dire ce phénomène
00:32:13 que Dimitri a très bien identifié, décrit.
00:32:15 Là, sur d'autres chaînes, les journalistes
00:32:17 dont la principale fonction dans les circonstances consiste
00:32:20 à dire que ce qui arrive n'arrive pas,
00:32:22 nous expliquent que c'est encore...
00:32:24 ils nous refont le coup du sentiment d'insécurité.
00:32:26 C'est le sentiment d'insécurité des campagnes.
00:32:28 C'est pas vrai que ça allait bien auparavant.
00:32:31 Et quand on vous attaque aujourd'hui avec des raids,
00:32:33 des commandos, la narco-délinquance,
00:32:35 pourquoi vous inquiétez-vous, vous connaissez ça depuis toujours ?
00:32:37 Il y en a le commun et mortel qui dit, je m'excuse,
00:32:39 j'ai l'impression qu'il y a quand même quelque chose de neuf.
00:32:42 Quelque chose s'est passé depuis 15 ans, mais quoi ?
00:32:44 Si vous dites ça, vous êtes diabolisés.
00:32:46 Je trouve qu'il y a quelque chose là-dedans,
00:32:48 dans cette opération d'écran devant le réel,
00:32:50 qui est franchement dégoûtant.
00:32:53 - Merci pour votre regard. Merci beaucoup pour votre enquête,
00:32:55 Dimitri, très intéressant. Dans un instant,
00:32:57 Charlotte, on parlera avec vous de cette géométrie variable
00:32:59 entre fait divers et fait de sociétés concertant.
00:33:01 Juste avant, quel regard vous avez pour ce qui est de l'économie ?
00:33:04 Juste avant, quel regard pourrait nous conseiller Voltaire aujourd'hui ?
00:33:09 C'est l'anniversaire de sa naissance, 329 ans qu'est né Voltaire.
00:33:14 On connaît qu'en dit de l'optimisme,
00:33:16 faut-il avoir un éventuel optimisme, voire BA,
00:33:22 sur le mal qui ronge la société sous nos yeux ?
00:33:27 - C'est tout le thème de cet ouvrage,
00:33:29 à savoir la folie d'être dans un optimisme BA,
00:33:33 vouloir négliger pour le moins et occulter pour le mieux
00:33:38 une situation de se dire "mais tout ira bien".
00:33:42 C'est-à-dire qu'il a un maître philosophe qui lui enseigne qu'en dit de...
00:33:47 Il a la chance de naître en étant doté des meilleurs éléments
00:33:51 pour envisager une vie extrêmement positive
00:33:54 et son maître Pankroff lui dit "mais oui, l'optimisme".
00:33:58 Et dis-toi, mon garçon, qu'il n'y arrive pas,
00:34:01 c'est parce qu'il y a une sorte d'harmonie qui orchestre l'existence
00:34:05 et tu pourras toujours rejaillir, continuer à avoir confiance.
00:34:09 Alors là, je vais être abusif dans mon interprétation du texte,
00:34:13 "Aie confiance en ton étoile".
00:34:15 Et il se trouve que déjà, il est propulsé à la guerre,
00:34:18 et là, il découvre l'horreur, l'horreur absolue.
00:34:20 Et par hasard, il tombe sur son maître quelques temps plus tard.
00:34:24 Et ce maître a été victime de l'Inquisition, il est à moitié déchiqueté.
00:34:28 C'est tout juste, s'il n'est pas déjà ad patres,
00:34:32 il lui dit "mais alors maître ?" et le maître lui dit "mais...
00:34:36 Tu sais, il faut croire, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes".
00:34:42 Voilà, les petits malheurs de tout à chacun
00:34:45 permettent de faire émerger la grande harmonie du monde.
00:34:49 Voilà ce qu'il va essayer jusqu'au bout de lui faire croire.
00:34:54 Et de là, eh bien Voltaire tombe sur l'idée de fanatisme.
00:34:58 Comment on peut être imprégné de théories de dogmatisme
00:35:03 qui rendent l'individu complètement incapable de se gouverner ?
00:35:08 Alors c'est d'autant plus intéressant que...
00:35:10 On ne va pas raconter la vie de Voltaire, ce n'est pas le propos.
00:35:13 Mais Voltaire, c'est quand même l'homme qui très tôt se vote la liberté.
00:35:18 Déjà, il renie son milieu, il renie son père notaire,
00:35:22 il a tenté d'infiltrer le monde de l'aristocratie grâce à son esprit.
00:35:27 C'est un garçon, un voltigeur du verbe.
00:35:30 Il entourloupe les uns et les autres,
00:35:32 ce qui fait que là, il n'aurait jamais dû apparaître.
00:35:34 Il est invité, mais il découvre aussi l'injustice du monde.
00:35:38 Le jour où, rendant visite à Mademoiselle Lecouvreur,
00:35:42 dont on dit qu'elle a eu quelques gestes élégants pour lui,
00:35:45 n'allons point plus loin, ce n'était pas un grand amant.
00:35:48 Donc ça pourrait peut-être se situer simplement sur le platonique.
00:35:51 - C'est la question qu'on se posait.
00:35:53 - Lorsqu'il se présente dans la loge à la fin du spectacle,
00:35:59 il y a, rang en chabot, le chevalier qui est là.
00:36:02 Et le chevalier qui le regarde et qui le toise et qui lui dit alors
00:36:06 "Arouette, Voltaire, quel est votre nom ?"
00:36:09 Et là, Voltaire, cinglant, lui réplique
00:36:12 "Monsieur, je vous terminez votre nom, je commence le mien."
00:36:16 Là, forcément, il a sorti son épée
00:36:19 et Mademoiselle Lecouvreur choua au sol,
00:36:23 mimant le malaise pour éviter la rixe.
00:36:27 Car Mathieu était déjà là pour étudier la situation.
00:36:30 Et là, c'était vraiment une rixe.
00:36:33 Reste que plus tard, Rohan va faire tabasser Voltaire
00:36:38 qui, furieux, lui qui est un couard,
00:36:41 va tenter de se préparer à une agression contre Rohan
00:36:45 et Rohan prend la précaution de faire arrêter.
00:36:48 C'est comme ça qu'il se retrouve à la Bastille.
00:36:50 Mais cet homme va se battre constamment.
00:36:52 C'est pas un grand écrivain
00:36:54 si l'on regarde les 70 premières années de sa vie.
00:36:58 C'est vers la fin de son existence qu'il découvre...
00:37:02 Avant, c'est un venimeux, c'est la plume perverse
00:37:06 qui essaie de déplaire aux uns et aux autres, aux puissants.
00:37:11 Mais après, il est l'homme qui cherche à sauver
00:37:15 les victimes de tous les dogmatismes.
00:37:17 Entre autres, il y a l'affaire Calas,
00:37:19 l'affaire Calas, le père protestant
00:37:21 qui se retrouve accusé, condamné à mort
00:37:25 parce qu'il aurait tué son fils
00:37:28 qui a choisi le catholicisme.
00:37:31 Et il est condamné.
00:37:33 Voltaire sera dans une multisciplicité de lettres
00:37:40 pour faire reconnaître l'innocence de Calas.
00:37:44 Il y a Cervelle, il est à le chevalier de la barre.
00:37:47 Et puis, il faut s'arrêter, c'est sur Mahomet.
00:37:50 Un livre qui, aujourd'hui, peut quand même nous poser des questions.
00:37:54 C'est-à-dire qu'à son époque, il publie Mahomet,
00:37:57 il le fait jouer à l'île.
00:37:58 C'est vrai que c'est très mal interprété par les dévots,
00:38:00 mais les pièces de Molière l'étaient également.
00:38:03 Et que dit-il ?
00:38:05 Par exemple, il dit "En vain, la perfection humaine
00:38:09 se perfectionne par les philosophes
00:38:12 qui font tout du progrès en France."
00:38:16 En vain.
00:38:17 Et dans ce livre, il arrive à condamner
00:38:20 ceux qui, effectivement, représentent ce fanatisme
00:38:25 et cette religion venue d'ailleurs.
00:38:27 Alors, il dit, entre autres, il dit
00:38:30 "Haïssé, persécuté, percé que celui qui est assez téméraire
00:38:35 pour n'être pas de notre avis sur les mêmes choses indifférentes
00:38:40 que nous n'entendons pas."
00:38:41 Voilà ce qui est dans ce livre pour montrer comment,
00:38:45 eh bien, à travers Mahomet, on a l'exclusion de notre culture.
00:38:50 C'est ça, Voltaire.
00:38:52 Et c'est pour ça que, dans son esprit de tolérance,
00:38:54 on leur dit aussi "Voltaire, c'était l'homme contre la religion."
00:38:58 Non, Voltaire, c'est un déiste.
00:39:00 Il croit en Dieu, il reproche à la religion de s'éparpiller,
00:39:05 il met en cause toutes les rivalités religieuses
00:39:08 qui font que les hommes se détruisent entre eux.
00:39:11 Mais il croit en un Dieu, il croit une sorte d'harmonie
00:39:15 il croit que l'être humain devrait être capable de régenter
00:39:19 une société portée par la tolérance, l'amour de l'autre.
00:39:24 Voilà ce qu'il dénonçait aujourd'hui.
00:39:26 Eh bien, on est confronté à ce qu'il mettait en avant,
00:39:29 à ce qu'il avait pressenti, et pour autant,
00:39:33 on continue de nier, exactement, pour reprendre sa phrase telle
00:39:37 que je l'ai lue, "On ne veut pas donc voir la perfection humaine
00:39:43 "qui se perfectionne par la philosophie qui fait tant de progrès en France."
00:39:47 Eh bien, on l'a oublié, la philosophie,
00:39:49 et en particulier du côté de nombreux politiques,
00:39:52 car à tout moment, on nie la réalité
00:39:55 et on voit des rixes là où il y a beaucoup plus que ça.
00:39:58 -Charlotte Dornelas, vous qui avez fait des études de philosophie,
00:40:02 est-ce que vous porteriez ce regard d'optimisme béat, candide,
00:40:08 positif sur les malheurs de notre société aujourd'hui, comme Voltaire ?
00:40:12 -Non, pour faire simple.
00:40:15 Je ne vois pas vraiment l'intérêt.
00:40:17 C'est-à-dire que ça dépend des métiers, ça dépend des choses,
00:40:21 mais dans la compréhension des choses,
00:40:23 je ne vois pas l'intérêt de vouloir être optimiste.
00:40:27 Soit la réalité vous donne des raisons de l'être,
00:40:30 soit elle ne vous en donne pas, en réalité.
00:40:33 -C'est là où le fanatisme devient à ce moment-là une interprétation,
00:40:36 l'optimisme devient l'interprétation de fanatisme.
00:40:39 L'idée la plus noble peut être toxique
00:40:42 si on en fait une sorte de vérité absolue.
00:40:45 -Merci beaucoup.
00:40:46 -Réussir à chercher la lumière, c'est autre chose.
00:40:48 -On est d'accord.
00:40:49 -Il y aura une marche blanche pour le jeune Thomas,
00:40:55 tué samedi soir lors de l'attaque à Crépol.
00:41:00 La marche aura lieu à Romand-sur-Isère.
00:41:03 C'est intéressant, on a parlé tout à l'heure de ce décalage
00:41:07 entre ce que dit le gouvernement, le procureur, les chaînes,
00:41:11 les médias, certains, pas tous, sur la réalité
00:41:14 et ce qui peut se passer sur les réseaux sociaux.
00:41:17 Tout le monde voit le visage de ceux qui ont attaqué,
00:41:20 comme par exemple un des membres de la bande qui s'exprime
00:41:23 sur les réseaux sociaux et qui dit "je vais vous dire la vérité,
00:41:27 "je m'en bats les C.O.U. et ça ne m'attriste pas,
00:41:31 "vous croyez que je vais chialer pour un mort ?
00:41:33 "Bande de tapettes", je ferme les guillemets.
00:41:36 Mais voilà ce qu'on voit aussi sur les réseaux sociaux
00:41:39 qui fait aussi que beaucoup de Français ne comprennent pas
00:41:42 ce décalage entre ce qu'on veut montrer et la réalité.
00:41:46 Hier, nous avons évoqué Charlotte Dornelas,
00:41:49 l'agression qu'a subie Mourad.
00:41:51 On était les premiers à en parler et certains ont voulu
00:41:54 s'emparer sans dire un mot sur ce qui passait de l'autre côté,
00:41:57 on va dire, à Crépol.
00:41:59 Plus encore, certains ont même expliqué que c'était le résultat
00:42:02 d'un discours, ce qui s'est passé avec Mourad,
00:42:05 d'une haine de société et donc un fait de société.
00:42:09 Comment percevoir cette lecture, rappelant que Mourad a été,
00:42:13 a eu un coup de cutter à la gorge par un septuagénaire
00:42:18 dans le Val-de-Marne ?
00:42:20 - Après s'être fait insulter, avec des propos clairement racistes,
00:42:23 indiscutablement racistes, je pense qu'il faut s'attarder
00:42:26 sur cette histoire pour justement déminer l'accusation
00:42:29 qui sert à éviter de parler de Crépol, en effet,
00:42:32 plus qu'à défendre Mourad, qui est une victime qui mérite,
00:42:36 comme toutes les autres, d'être défendue, et expliquer
00:42:38 pourquoi ça n'est pas la même chose aujourd'hui
00:42:41 dans la situation telle qu'on la décrit tous les jours.
00:42:44 D'abord, un sur l'agression subie elle-même, c'est-à-dire
00:42:47 le coup de cutter qu'a reçu Mourad.
00:42:49 Alors, malheureusement, Mourad fait partie de la litanie
00:42:52 incessante des personnes qui sont attaquées au couteau
00:42:55 ou là, en l'occurrence, au cutter, mais ça me semble assez comparable.
00:43:00 Ce sont des attaques qui sont devenues d'une banalité ahurissante.
00:43:05 C'est-à-dire que quand vous avez des organismes qui vous expliquent
00:43:07 qu'il y a en moyenne 120 attaques au couteau par jour,
00:43:09 je ne sais pas si on réalise bien ce que veut dire ce chiffre,
00:43:11 des attaques au couteau, pas un coup de poing qui part trop vite.
00:43:14 Déjà, pour avoir une attaque au couteau, ça veut dire que vous avez un couteau.
00:43:17 Déjà. Donc, c'est en effet l'agression elle-même.
00:43:21 Ce qui rend cette agression significative ou singulière,
00:43:24 ce sont les insultes racistes que profère cet homme de 70 ans,
00:43:29 75 ans selon les sources, qui agresse à ce moment-là Mourad.
00:43:37 Alors, ce qui relève du fait de société, finalement, dans cette histoire,
00:43:41 c'est en effet la violence complètement dingue qui se déchaîne
00:43:44 pour, on le comprend, une place de parking,
00:43:46 ce à quoi s'ajoutent les insultes racistes quand il vient vers Mourad, cet homme.
00:43:51 Mais si cette violence complètement dingue qui se déclare comme ça
00:43:56 pour une place de parking ou pour une cigarette ou pour un regard
00:43:59 ou pour tout ce que vous voudrez, on ne peut pas le voir simplement
00:44:02 quand la victime et l'agresseur sont bien distribués,
00:44:04 quand les rôles sont bien distribués.
00:44:06 Cette violence est précisément ce qui fait utiliser le mot "ensauvagement" à certains.
00:44:10 C'est-à-dire que quand vous ne vous comportez plus comme quelqu'un de civilisé,
00:44:13 c'est-à-dire que vous êtes capable d'attendre trois minutes,
00:44:15 quitte à le dire et à hausser un peu le ton parce que vous avez envie de passer,
00:44:17 et que vous sortez un couteau.
00:44:19 C'est clairement basculer de la civilisation à la sauvagerie, en fait, dans votre réaction.
00:44:23 Donc, soit on reconnaît qu'on a un gros problème de violence
00:44:25 et que c'est un fait de société,
00:44:27 ça ne nous intéresse que le discours idéologique qu'on peut en dire.
00:44:30 Et par ailleurs, pour que cette histoire
00:44:32 et pour que n'importe quelle histoire devienne un fait de société,
00:44:35 il faut, un, en effet, le discours, la répétition d'actes comparables,
00:44:41 la répétition de profils comparables,
00:44:43 que ce soit du côté de l'agresseur ou du côté de la victime,
00:44:45 et le nombre de faits qui s'ajoutent les uns aux autres.
00:44:49 Or, je suis quand même obligée de dire qu'il est rarissime
00:44:54 qu'un homme âgé, après avoir insulté avec des propos racistes,
00:44:58 s'attaque à un garçon dans la force de l'âge,
00:45:00 quelle que soit la distribution des rôles.
00:45:02 Dieu merci, c'est assez rare. C'est même rarissime.
00:45:05 Et je vais prendre un exemple pour prôner ma bonne foi dans cette affaire.
00:45:08 Lola. Lola qui nous a fait couler beaucoup d'encre à l'époque.
00:45:12 Lola seule, ce qui est arrivé, c'est-à-dire une gamine découpée,
00:45:17 retrouvée dans une malle par une femme,
00:45:20 en soi, ça pourrait être un fait divers, parce que ça n'arrive jamais.
00:45:23 Ce qui relevait du fait de société dans l'affaire de Lola,
00:45:27 c'est le fait que cette femme n'aurait pas dû être en France.
00:45:30 Ce n'est pas ce qui est arrivé à Lola particulièrement.
00:45:32 Ce qui a rendu les gens fous et qui a fait demander des comptes aux politiques,
00:45:36 c'est le profil de l'agresseur.
00:45:38 Non pas parce qu'elle était d'origine étrangère,
00:45:41 mais parce qu'elle aurait dû être à l'étranger.
00:45:43 C'est deux choses différentes, quand même.
00:45:45 Donc, en effet, il y a deux choses, là, en l'occurrence, différentes.
00:45:48 Et Mourad, dans toute la distribution de cette agression,
00:45:51 ne relève pas de quelque chose dont on entend parler matin, midi et soir,
00:45:55 dans l'actualité.
00:45:57 Mais le propre de l'idéologie, en effet,
00:46:00 c'est de ne voir que ce qui nous intéresse.
00:46:02 Donc, on voit une rigue sacré-poil,
00:46:04 c'est-à-dire une bataille décidée par deux personnes,
00:46:07 mais une attaque raciste significative d'un discours ambiant
00:46:10 dans l'agression de Mourad.
00:46:12 On peine à voir, dans un autre registre,
00:46:15 les agressions de policiers dans certains quartiers,
00:46:17 agressions régulières et meutes le soir,
00:46:20 etc., guetapens qui sont faits, je note, pour les policiers,
00:46:24 mais également pour les médecins et les pompiers.
00:46:27 Mais on ne veut voir qu'un problème systémique de violence policière,
00:46:31 notamment vis-à-vis de ces quartiers.
00:46:33 Là, encore une fois, on a un problème de distribution.
00:46:35 Et on voit un système de violence policière
00:46:38 dans le nombre de victimes,
00:46:40 notamment à l'issue des refus d'obtempérer,
00:46:42 qui sont analysées différemment selon les cas par la justice,
00:46:45 mais jamais dans le nombre de morts dix fois supérieur
00:46:49 dans la société elle-même par ces agresseurs.
00:46:53 On voit un système sexiste.
00:46:55 Je prends des exemples volontairement différents.
00:46:57 On voit un système sexiste sur la scène de Miss France
00:47:00 où, lorsqu'il y a des femmes qui arrivent à la fin du Tour de France,
00:47:04 vous savez, le psychodrame des femmes du Tour de France,
00:47:07 là, c'est le symbole d'un système sexiste.
00:47:10 Et on refuse, clairement, on invisibilise
00:47:13 toutes les questions de la femme dans certains quartiers,
00:47:16 on invisibilise même le témoignage de la sœur
00:47:20 de... vous savez, du terroriste d'Arras.
00:47:25 On nous explique quand même que c'est une gamine
00:47:27 qui est déscolarisée par son grand frère,
00:47:29 qui veut l'obliger à porter le voile.
00:47:31 Comme elle ne peut pas le porter à l'école, elle doit le porter à la maison.
00:47:33 A 11 ans. Et qu'elle est tapée par son frère
00:47:35 parce qu'elle ne veut pas embrasser l'islam tel que lui le pense,
00:47:38 c'est-à-dire un islamisme, en l'occurrence, terroriste.
00:47:41 Mais ce témoignage...
00:47:43 On est capable de faire n'importe quel témoignage
00:47:46 d'une hôtesse autour de France,
00:47:48 le symbole d'un système sexiste, et ça, on n'en parle pas.
00:47:52 Ça n'existe pas.
00:47:53 C'est impossible de le penser, même dans l'espace médiatique.
00:47:56 Donc vous voyez bien qu'il y a une distribution de la volonté.
00:47:59 Quand on dit "c'est un système",
00:48:01 c'est ce qu'on appelle un fait de société.
00:48:03 Quand ça devient systémique,
00:48:05 c'est-à-dire que ça arrive régulièrement,
00:48:07 eh bien, on veut systématiquement le voir dans un sens,
00:48:10 c'est-à-dire que si plusieurs témoignages de violences sexuelles
00:48:15 dessinent une société sexiste,
00:48:17 si plusieurs témoignages de contrôle d'identité
00:48:21 faits sur des profils issus de l'immigration
00:48:24 dessinent une société raciste,
00:48:26 alors la question est la suivante.
00:48:28 Que dessine la litanie des faits suivants ?
00:48:30 Des morts par dizaines agressées gratuitement
00:48:33 par des profils souvent issus de l'immigration,
00:48:36 des tirs réguliers d'armes pour conquérir ou défendre un point de deal,
00:48:40 des émeutes régulières,
00:48:42 des quartiers dont fuient certains habitants,
00:48:44 des témoignages d'habitants qui fuient certains quartiers
00:48:46 parce qu'ils ne peuvent pas y vivre,
00:48:48 des professions qui exercent leur droit de retrait
00:48:50 dans ces mêmes quartiers,
00:48:51 des femmes qui n'ont plus le droit de se déplacer seules
00:48:53 quand leur entreprise est installée dans ces mêmes quartiers.
00:48:58 On a eu des témoignages de femmes qui sont obligées
00:49:00 d'être accompagnées par des hommes de leur entreprise
00:49:02 parce que les quartiers sont dangereux,
00:49:04 des pompiers qui ne peuvent plus se déplacer ou intervenir
00:49:06 dans ces mêmes quartiers sans la police.
00:49:09 Que dessine cette litanie ?
00:49:11 Ça ne dessine pas un système.
00:49:13 Ça ne dessine pas un système,
00:49:14 alors que quelques témoignages nous dessinent, eux, un système.
00:49:17 Donc là, il y a clairement une volonté extrêmement malhonnête,
00:49:20 mais c'est toujours la même histoire.
00:49:22 Si la victime correspond au récit d'une majorité occidentale
00:49:26 opprimante sur une minorité sexuelle, ethnique ou religieuse,
00:49:29 c'est un système.
00:49:31 Si c'est l'inverse, peu importe la répétition des actes,
00:49:35 c'est un fait divers dans le meilleur des cas
00:49:37 et du pain béni pour l'extrême droite,
00:49:39 comme l'a expliqué une chaîne concurrente.
00:49:41 Alors là, on est carrément au summum de la malhonnêteté.
00:49:44 Et il y a aussi, au milieu de tout ça, une lâcheté ahurissante,
00:49:47 notamment dans la classe politique.
00:49:49 Et là, je reprendrai simplement la phrase de la maman d'Enzo,
00:49:53 vous savez, qui avait été poignardée cet été, mortellement lui aussi,
00:49:56 et qui s'était posé la question de savoir pourquoi
00:49:59 le président de la République et les gens autour de lui
00:50:01 n'intervenaient pas.
00:50:02 Elle avait dit "Est-ce que c'est simplement parce que nous ne faisons pas des meutes
00:50:05 et que nous ne venons pas de certains quartiers ?"
00:50:07 Je laisse cette phrase en suspension pour que personne ne l'oublie
00:50:09 parce que je pense qu'elle correspond exactement
00:50:10 à ce qui se passe aussi à Crépolle aujourd'hui.
00:50:12 - Est-ce qu'il est possible, à l'inverse, Charlotte Dornelas,
00:50:17 qu'un fait de société devra être un fait de société
00:50:20 dans ce qui s'est passé à Crépolle
00:50:22 et que certains n'arrivent justement pas à voir ?
00:50:25 - Alors oui, parce que la violence dont sont capables
00:50:27 certains jeunes de citer,
00:50:29 et là ce sont les témoignages qui le montrent
00:50:31 et les vidéos qui le montrent,
00:50:32 en bande, notamment, est proprement hallucinante.
00:50:37 Ce sont des rixes, de vrais rixes, qui arrivent parfois,
00:50:39 vous savez ces fameuses rixes entre bandes
00:50:41 où ils sont prêts à se tuer à 13 ans.
00:50:43 Donc c'est quand même le témoignage d'une violence
00:50:45 et d'une capacité de violence complètement dingue.
00:50:47 Des coups de couteau, en effet, pour une cigarette, un regard,
00:50:49 une remarque, on l'a dit,
00:50:51 des tirs les uns sur les autres.
00:50:52 La fameuse... parce qu'on parle des morts dans le règlement de comptes,
00:50:55 mais on ne parle pas de cette jambisation,
00:50:57 vous savez, dont parlent de plus en plus les policiers.
00:50:58 C'est-à-dire que vous tirez dans les jambes des gamins
00:51:00 qui font le chouf sur les points de dille,
00:51:03 10, 11, 12, 13 ans, et vous leur tirez dans les jambes
00:51:04 pour leur expliquer que, attention, il y a quand même un chef
00:51:06 et qu'on a intérêt à lui obéir.
00:51:08 Ce sont des agressions sordides en bande
00:51:10 que l'on découvre parfois et dont on parle parfois
00:51:13 quand une vidéo sort et que l'on a des images
00:51:16 qui nous sidèrent absolument tous.
00:51:18 Donc là, il y a une forme de suite logique, on va dire,
00:51:20 dans le déchaînement de la violence.
00:51:22 Et on pourrait citer tous ces noms qu'on a tendance à oublier,
00:51:25 ces marins qui défendaient un couple agressé,
00:51:27 Adrien qui meurt à la sortie d'une boîte de nuit
00:51:30 parce qu'il était là à la sortie de cette boîte de nuit,
00:51:33 c'est Jérémy qui rentrait déjà d'une fête de village
00:51:35 il y a de longues années déjà et qui rencontre une bande
00:51:37 qui le poignarde, on pourrait nommer en effet le petit Fayed
00:51:40 qui se prend une balle perdue à 10 ans
00:51:42 par des trafiquants de drogue.
00:51:44 Et là, tout ce qui compose ce qui s'est passé à Crépole
00:51:48 relève en effet d'un fait de société.
00:51:51 Peut-être que dans la forme, nous sommes passés un cran
00:51:53 au-dessus du fait de société et ça pourrait dessiner
00:51:55 le fait de société demain.
00:51:56 Et franchement, je ne le souhaite vraiment pas pour le pays.
00:51:59 Parce que, et là je ne vais pas reciter le Dauphiné libéré,
00:52:02 mais on a d'un côté des témoins qui nous disent
00:52:05 qu'ils voulaient planter du blanc,
00:52:07 on a une vidéo où ils parlent eux-mêmes de "Gouère"
00:52:09 qui est une manière d'appeler les blancs,
00:52:11 et on a le procureur qui entre peut-être plusieurs précautions
00:52:15 nous dit, il réfute l'idée d'une logique de territoire,
00:52:19 mais il nous dit, il parle lui-même d'une expédition programmée.
00:52:22 Une expédition programmée ?
00:52:25 Mais c'est-à-dire quoi ? Il l'avait préparée ?
00:52:27 Un procureur en général, ça ne parle pas comme ça,
00:52:30 ça ne parle pas plus vite que les informations qu'il a.
00:52:33 J'aimerais bien qu'on s'attarde là-dessus,
00:52:34 parce qu'une expédition programmée pour aller tuer du blanc
00:52:37 ou des gens qui sont dans une fête de village,
00:52:39 là on bascule vraiment dans autre chose.
00:52:42 Donc en effet, là il y a un récit qui dessine
00:52:44 une forme de fait de société dans l'ultra-violence
00:52:46 et dans la répétition des profils,
00:52:48 notamment issus de l'immigration, dans cette ultra-violence,
00:52:51 et on a peut-être passé un cran au-dessus du fait de société,
00:52:53 parce que si vraiment c'est ça l'histoire qui s'est passée à Crépole,
00:52:57 alors Dieu merci, c'est un cas singulier,
00:53:01 mais il ne faudrait pas que ça se répète
00:53:03 et que ça devienne précisément un fait de société,
00:53:05 donc il faut réagir très vite.
00:53:06 Et pour réagir, il faut commencer par voir ce qui se passe.
00:53:08 Pour nous, le cas par exemple de ce qui s'est passé sur CNews ce matin
00:53:14 avec Jean-Marc Morandini, qui a dû faire quelqu'un,
00:53:19 un chroniqueur, un invité politique communiste,
00:53:23 libérer le plateau parce qu'il a accusé la traitée de raciste,
00:53:27 raciste pourquoi ? Sans raison valable,
00:53:30 alors que Jean-Marc Morandini a demandé pourquoi,
00:53:33 quelles sont les raisons, il n'a pas donné des raisons.
00:53:36 Cela dit, il en a voulu à Jean-Marc Morandini
00:53:39 parce qu'il n'a pas voulu parler de Rix.
00:53:42 Comment expliquer, Charlotte Dornelas,
00:53:45 que beaucoup peinent à qualifier correctement
00:53:47 ce qui s'est passé, voire même contestent cette lecture-là ?
00:53:51 Déjà, il y a deux choses, ça me fait réagir,
00:53:53 parce qu'il ne voulait pas utiliser le mot Rix.
00:53:55 Je voudrais dire à tous ces gens qui ne veulent pas utiliser le mot Rix
00:53:58 que les premiers qui refusent qu'on utilise le mot Rix
00:54:00 parce qu'ils disent que ce n'est pas du tout ce qui s'est passé,
00:54:02 ce sont les victimes là-bas.
00:54:03 Je veux bien vivre dans une société où on me dit
00:54:05 "on vous croit, on vous croit, on vous croit",
00:54:06 sauf quand ce sont les victimes de ces agressions-là
00:54:08 qui sont mortelles, au passage, je précise.
00:54:11 Que la justice ne croit pas sur parole des victimes, c'est normal.
00:54:14 Pour n'importe quelle victime, c'est normal.
00:54:16 Que la société toute entière choisisse les victimes qu'elle croit
00:54:19 et celles qu'elle ne croit jamais,
00:54:21 alors qu'elle répète systématiquement la même histoire,
00:54:24 ça rend fou, là vraiment ça rend fou et ça met en colère même.
00:54:28 Parce que là on parle de personnes qui ont perdu des gamins,
00:54:31 qui ont perdu leur copain à la sortie d'une fête.
00:54:34 Donc là, c'est plus possible d'invisibiliser un témoignage
00:54:36 ou de décider que celui-là ne compte pas alors qu'il se répète.
00:54:39 Et par ailleurs, je pense qu'il y a de la lâcheté, on l'a dit,
00:54:42 de l'idéologie, on l'a dit.
00:54:44 Je pense qu'aussi il y a de l'orgueil.
00:54:45 Parce qu'à force, ces histoires-là rendent réel
00:54:49 le scénario qu'avaient été imaginé dans les pires cauchemars de certains
00:54:53 qui ont systématiquement été renvoyés à l'extrême droite
00:54:56 pour avoir imaginé ou prévenu de ce scénario qui risquait d'arriver.
00:55:00 Donc là, évidemment, il faut se dédire un petit peu
00:55:03 quand on est dans un certain camp politique
00:55:05 ou qu'on est dans un certain...
00:55:07 Oui, dans ces gens qui ne voulaient pas voir le face à face qu'il y a arrivé.
00:55:10 Quand vous êtes devant le face à face et qu'en plus il est sanglant
00:55:12 et qu'il fait mourir des gamins de 15 ans,
00:55:14 il faut avoir beaucoup d'humilité pour se dire
00:55:16 qu'on s'est vraiment trompé puisque c'est exactement ce qui est en train d'arriver
00:55:19 et qu'il faut peut-être maintenant se réveiller
00:55:21 pour empêcher que ça arrive maintenant.
00:55:22 Donc vous avez la négation, l'utilisation, parce qu'on a parlé du terme RICS,
00:55:25 mais dans la dépêche de l'AFP, il y avait aussi une dizaine de trouble-faites.
00:55:29 De trouble-faites.
00:55:31 Je ne sais pas si on réalise bien les mots qui sont utilisés.
00:55:33 Je veux bien que l'AFP nous donne des cours de journalisme
00:55:35 et d'objectivité toute la journée, mais ça ne s'appelle pas des trouble-faites.
00:55:38 Alors là, pour le coup, c'est une question de dictionnaire.
00:55:40 Donc en effet, 50 ans d'aveuglement qui ont poussé les gens
00:55:43 à renvoyer à l'extrême droite tous ceux qui avaient peur
00:55:45 soit de ce qui allait arriver, de ce qui pouvait arriver
00:55:48 ou de ce qui arrivait très clairement,
00:55:50 eh bien ça donne aujourd'hui une impossibilité finalement.
00:55:53 On a l'impression que certains n'arrivent plus à voir la réalité
00:55:56 à force de l'avoir niée.
00:55:58 - On va continuer certainement à en parler demain.
00:56:01 Marc, maintenant, demain, je vous donne la parole sur Napoléon.
00:56:04 Vous voulez bien que je vous donne la parole à ma thyrocratie ?
00:56:06 Puisque demain, c'est le livre "Les grands destins"
00:56:09 où on parle de Bonaparte.
00:56:11 Et ce qui est intéressant, et ça peut faire le lien aussi
00:56:14 avec ce qu'on s'est dit aussi ce soir avec Charlotte Dornelas,
00:56:16 aussi Ridley Scott l'affirme "les Français ne s'aiment plus".
00:56:20 Je dis bien que ça peut faire le lien parce que si les Français s'aimaient,
00:56:23 ça se reconnaîtrait déjà la réalité.
00:56:26 Beaucoup de questions.
00:56:28 Il le dit à la manière d'une riposte dans le cadre de la critique
00:56:31 qui accompagne la sortie de son film consacré à Napoléon.
00:56:35 Et vous avez envie de réagir justement.
00:56:37 Les Français s'aiment-ils ?
00:56:38 - Je trouve que c'est une formule qui est facilement utilisée
00:56:40 pour culpabiliser les Français.
00:56:42 Si au moins vous vous aimiez, vous auriez moins de problèmes.
00:56:46 Et je pense que c'est beaucoup plus compliqué.
00:56:49 On a parlé il y a quelques semaines, rappelez-vous,
00:56:51 de ces Français qui fuient la France
00:56:53 non pas parce qu'ils détestent la France
00:56:55 mais parce qu'ils ne reconnaissent plus leur pays
00:56:58 et s'y sentent étrangers.
00:57:00 Je crois que le véritable enjeu, il est là,
00:57:02 ce n'est pas que les Français ne s'aiment plus,
00:57:04 c'est qu'ils n'aiment plus ce qu'on a fait de la France.
00:57:07 Je donne quelques exemples ici et là,
00:57:09 puis je vais dans l'actualité longue.
00:57:11 Si vous voulez aller visiter par exemple la Basilique Saint-Denis.
00:57:13 - Rappelons qu'on voit ici la fiche du film qui sort demain.
00:57:16 C'est le réalisateur du film qui dit que les Français ne s'aiment plus.
00:57:19 - Si on veut visiter, on est attaché à l'histoire longue
00:57:22 des rois de France, la Basilique Saint-Denis.
00:57:24 Ce n'est pas très loin, on peut aller la visiter.
00:57:26 Mais il faut simplement changer de pays, culturellement.
00:57:28 Lorsqu'on y va, on va voir les origines de la France
00:57:32 sont désormais culturellement dans un pays étranger,
00:57:36 symboliquement étranger, bien évidemment.
00:57:38 Ensuite, de l'un même esprit,
00:57:40 un sentiment d'impuissance.
00:57:42 Pourquoi les Français n'aiment pas ce qu'on fait de la France?
00:57:44 Tous les sondages le disent.
00:57:46 À 70 %, autour de ça,
00:57:48 ils voudraient une autre politique d'immigration,
00:57:50 une toute autre politique d'immigration.
00:57:52 Le régime politique, essentiellement,
00:57:54 travaille à neutraliser la volonté des Français
00:57:56 en les culpabilisant de vouloir ce qu'ils veulent.
00:57:59 On explique aux Français,
00:58:01 et ça c'est particulier, le rapport au passé du pays.
00:58:03 Vous savez, quand on est lituanien, norvégien ou d'autres pays comme ça,
00:58:07 on ne porte pas nécessairement le sentiment
00:58:09 d'une histoire nationale qui nous a placés au sommet du monde.
00:58:11 Le drame de la France, évidemment,
00:58:13 c'est qu'elle a porté le sentiment d'être au cœur du monde
00:58:15 et aujourd'hui, elle a l'impression d'avoir chuté.
00:58:17 Probablement, elle n'est plus la puissance dominante de notre temps,
00:58:21 il y a des Américains, il y en a d'autres.
00:58:23 Mais, cela dit, avoir connu un tel sentiment de puissance
00:58:25 et aujourd'hui, être dans l'impuissance, pratique,
00:58:28 et avoir toujours l'impression qu'on ne sera jamais
00:58:30 à la hauteur de sa propre histoire,
00:58:32 d'autant que plusieurs disent qu'elle ne vaut pas la peine d'être poursuivie.
00:58:34 Parce que votre seul destin, c'est de devenir une province ou un under européen,
00:58:37 dans de telles circonstances, il est normal qu'on n'aime pas
00:58:40 ce qu'on fasse de son pays lorsqu'on le prive de son existence politique.
00:58:43 Autre exemple, la gloire de la France ne serait qu'un passé, finalement.
00:58:47 Pensez à Houellebecq, qui a vu beaucoup de choses quand même
00:58:49 dans la carte et le territoire.
00:58:51 Il dit, quel est le destin de l'Europe et notamment de la France?
00:58:53 C'est d'être le musée, finalement, le grand Disney World
00:58:55 de la planète entière qui viendrait visiter aujourd'hui
00:58:58 ce qui a été un grand continent, un grand pays,
00:59:00 qui a décidé de ne plus l'être.
00:59:02 Ce n'est peut-être pas sans lien, soit dit en passant,
00:59:04 avec l'autre livre de Houellebecq, "Soumission",
00:59:06 où une nation à ce point terrifiée à l'idée de se redresser elle-même
00:59:09 préfère se confier au conquérant,
00:59:11 ce que nous raconte à tout de moins Houellebecq dans ce livre.
00:59:13 Napoléon, tant qu'à en parler un instant.
00:59:15 Rappelez-vous, il y a 20 ans, il y avait autour de 20 ans,
00:59:20 est-ce qu'on doit célébrer ou non Austerlitz?
00:59:22 Et là, non, pas Austerlitz.
00:59:24 Austerlitz, parce que Napoléon avait rétabli l'esclavage,
00:59:27 restauré l'esclavage, et dès lors, on ne saurait célébrer Napoléon.
00:59:31 Il y avait un très bon texte à l'époque, je m'en souviens,
00:59:33 un commentaire qui disait "le soleil couchant d'Austerlitz".
00:59:36 Globalement, on n'est pas capable de célébrer nos gloires.
00:59:38 Mais au même moment, la France célébrait Waterloo,
00:59:40 ce qui est quand même une drôle d'idée.
00:59:42 Donc, on ne célèbre pas nos gloires et on célèbre nos défaites.
00:59:44 C'est une drôle de psychologie.
00:59:46 Les seuls éléments qu'on retient en fait de l'histoire nationale,
00:59:49 Vichy, la colonisation diabolisée et la traite négrière.
00:59:52 Et donc, de ce point de vue, je comprends les Français
00:59:55 de ne pas aimer ce qu'on fait de leur pays.
00:59:57 Et j'ajouterais qu'ils sont d'autant plus tristes
01:00:00 que leur pays ne parvient même plus à le nommer.
01:00:02 La France ne parvient plus à se nommer France.
01:00:04 - 10 secondes pour terminer.
01:00:06 Qu'est-ce que vous entendez parler ?
01:00:07 La France n'arrive plus à se nommer France.
01:00:08 - Parce qu'on a décidé de nommer France République.
01:00:10 République, République, République.
01:00:11 C'est très bien la République.
01:00:12 On aime tous la République.
01:00:13 Mais le fait est qu'à un moment donné,
01:00:14 le propre de la France,
01:00:15 ce n'est pas simplement la République en tant que telle.
01:00:17 Et je note une chose.
01:00:18 Quand on veut nommer culturellement la France,
01:00:20 certains osent le faire à condition que ça ne ressemble plus à la France.
01:00:23 On va dire, quelle est la musique préférée des Français ?
01:00:25 C'est le rap.
01:00:26 Quel est le pain préféré des Français ?
01:00:27 C'est le couscous.
01:00:28 Et ainsi de suite.
01:00:29 Je n'ai rien contre le rap.
01:00:31 Je n'ai rien contre le couscous.
01:00:33 Ça, c'est vrai.
01:00:34 Mais ce qui est certain,
01:00:35 c'est que si on disait la musique préférée des Français,
01:00:37 que l'on nommait les grandes figures de la chanson française,
01:00:39 le plat préféré, les marques de la cuisine française,
01:00:42 on dirait, là, vous êtes dans le racisme.
01:00:44 Probablement le racisme gastronomique, on vous reconnaît bien.
01:00:47 Un pays qui est incapable de se nommer,
01:00:48 qui ne se nomme que par un régime politique
01:00:50 qui est partagé par tant d'autres pays,
01:00:52 qui, lorsque il veut nommer sa culture,
01:00:54 ne parvient que à nommer une culture symboliquement
01:00:57 ou d'origine étrangère,
01:00:58 je comprends qu'un pays qui était condamné à ce discours,
01:01:01 on a l'impression qu'il ne s'aime plus.
01:01:02 Peut-être voudrait-il s'aimer pour peu
01:01:04 que ses élites cessent de le détester.
01:01:06 - Et pensez à ce petit garçon que j'ai rencontré
01:01:10 qui s'appelle Ethan.
01:01:11 Il a 12 ans.
01:01:12 Il n'a pas le pantrin de De Gaulle dans sa chambre.
01:01:14 Il n'a pas le pantrin d'Emmanuel Macron dans sa chambre.
01:01:17 Il a le pantrin de Napoléon.
01:01:19 Il est métis.
01:01:20 Et c'est très intéressant de voir
01:01:22 qu'il y a des jeunes qui reprennent le flambeau de Napoléon.
01:01:25 Excellente suite d'opéra.
01:01:26 On y revient tout de suite.
01:01:27 Pascal Propoler, Dépend 2.
01:01:29 ♪ ♪ ♪

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