• l’année dernière
Transcription
00:00 Pourquoi Hollywood aime autant l'histoire française ?
00:02 Napoléon, le biopic réalisé par le Britannique Ridley Scott,
00:05 mais co-produit aux Etats-Unis,
00:06 s'ajoute à la longue liste des films sur la vie de l'empereur des Français.
00:10 Et ce n'est pas le seul personnage à fasciner les productions américaines.
00:15 Marie-Antoinette, Jeanne d'Arc ou encore Émile Zola.
00:18 Hollywood se passionne depuis ses origines
00:20 pour les grandes figures historiques françaises.
00:22 Napoléon, c'est vraiment un des personnages
00:25 qui a été le plus représenté à l'écran,
00:27 selon les comptes qu'on peut faire depuis 1895,
00:31 on peut dire que c'est le numéro 1 des personnages biographiés en film.
00:36 Juste après, on trouve Jeanne d'Arc en France
00:39 ou bien Lincoln aux Etats-Unis.
00:40 Napoléon, c'est un puits d'inspiration pour les réalisateurs
00:43 puisqu'il a de multiples facettes.
00:45 Ils peuvent à la fois piocher dans l'histoire de l'homme d'Etat,
00:48 du stratège militaire, de l'amant, du dictateur, de l'enfant des Lumières.
00:51 Dans son biopic, Ridley Scott revient sur ses origines et son ascension.
00:55 Il s'attache aussi à la relation qu'il a entretenue avec Joséphine de Beauharnais.
00:58 Mais derrière le destin de l'homme,
01:00 Napoléon incarne plus largement un héritage européen fantasmé
01:03 pour la jeune nation qui a déclaré son indépendance en 1776.
01:07 Ça veut dire que dans l'esprit, on va dire clairement raciste,
01:10 de la conquête des Etats-Unis où on va éliminer les peuples autochtones,
01:14 eh bien, il n'y a pas d'histoire antérieure.
01:16 Donc où elle se trouve l'histoire ?
01:17 Elle se trouve en Europe.
01:18 Et donc, l'histoire européenne semble raconter l'histoire des origines
01:23 des Américains, dans le sens où ce sont ceux qui viennent d'Europe,
01:26 qui ont développé la puissance économique américaine.
01:29 Si les productions américaines s'intéressent autant
01:32 aux grands personnages historiques français,
01:33 c'est aussi parce que ce sont des modèles de gouvernement.
01:36 Dès les origines d'Hollywood dans les années 1910,
01:39 le cinéma classique cherche à donner une orientation morale aux images à l'écran.
01:42 Les spectateurs, ils savent qu'à la fin, il y aura une morale
01:45 qui leur permettra de savoir comment gouverner leur vie,
01:49 comment être les plus aptes à faire de leur vie quelque chose de bénéfique,
01:54 dans un sens très très précis, qui est celui du capitalisme américain.
01:58 Le Napoléon de Ridley Scott participe du narratif autour du self-made man.
02:02 Sur l'affiche du film, il est présenté comme un homme parti de rien qui a tout conquis.
02:07 Je ne suis pas fait comme les autres hommes.
02:09 Le genre biopic se développe dans les années 30
02:11 grâce à une grande société de production, la Warner.
02:13 La Grande Dépression frappe les Etats-Unis,
02:15 le président Roosevelt tente de relancer l'économie.
02:18 La Warner, avec un grand cinéaste qui s'appelle William Dieterle,
02:22 va produire de très nombreux films de biopics,
02:25 avec le même acteur qui va jouer des rôles complètement différents, Paul Mooney.
02:29 On va avoir "La vie d'Emile Zola",
02:31 qui est en fait un film contre le nazisme et contre l'antisémitisme.
02:35 Il y a Zola lui-même.
02:37 C'est un joke.
02:38 Les biopics vont se développer dans un esprit d'aider le peuple américain.
02:42 Et ça, ça marche très très bien.
02:44 Avec son Napoléon, Ridley Scott s'inscrit dans cette tradition
02:47 hollywoodienne du biopic.
02:48 Les choix dans le récit et à l'image sont plutôt consensuels.
02:52 Le blockbuster doit s'exporter dans les salles du monde entier,
02:55 dans le but de conquérir les marchés étrangers.
02:57 Il ne fait pas un montage extravagant,
03:01 il ne fait pas des prises de vue qui vont surprendre,
03:04 qui vont être complètement en désaccord ou pouvoir choquer des personnes.
03:08 Les productions sont tellement énormes, avec tellement d'argent qui est mis dedans,
03:12 qu'il faut que ça plaise à tout le monde.
03:14 Les réalisateurs qui produisent des films à Hollywood
03:16 sur des personnages de l'histoire française ont un point commun,
03:19 un rapport parfois ambigu à l'histoire.
03:21 Si ces blockbusters ne sont pas dénués d'erreurs historiques,
03:24 comme par exemple le coup de canon sur les pyramides de Gizé,
03:27 les réalisateurs s'en défendent.
03:28 Dans la promotion des films, ils se targuent d'être accompagnés d'historiens
03:32 et d'avoir tout lu sur le personnage qu'ils portent à l'écran.
03:35 C'est très classique à Hollywood depuis 1916 et le film de Griffith "Intolérance",
03:40 qui est un film qui dénonce l'intolérance à travers les âges.
03:43 Pour ce film, il y avait, je ne sais plus combien de mètres linéaires,
03:46 de livres sur Babylone, sur la France à l'époque de la Saint-Barthélemy.
03:52 Dans les années 1960, le réalisateur américain Stanley Kubrick
03:55 avait annoncé travailler sur un biopic de Napoléon.
03:58 Complètement fasciné par sa vie, il avait accumulé de nombreuses archives,
04:02 se renseignait constamment auprès d'historiens sur tout un tas de détails historiques.
04:06 Le projet n'a jamais vu le jour à cause d'un budget pharaonique,
04:09 mais le scénario était écrit.
04:11 Il a d'ailleurs inspiré Ridley Scott pour son film
04:13 et va même être adapté dans une miniserie préparée par un autre réalisateur américain,
04:18 Steven Spielberg.
04:19 S'emparer du personnage de Napoléon, c'est un peu un passage obligé à Hollywood.
04:24 Sous-titrage Société Radio-Canada
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04:30 [Musique]

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