Cancer du poumon : l'importance d'une équipe pluridisciplinaire

  • l’année dernière
Dans le cancer du poumon, de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années tant en termes de traitements qu’en ce qui concerne le parcours de soins des patients. On en parle aujourd’hui avec un duo de soignants : le Pr Nicolas Girard, pneumologue et Claire Llambric, infirmière en pratique avancée.

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00:00 [Musique]
00:09 Dans le cancer du poumon, de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années,
00:14 tant en termes de traitement, que dans le parcours de soins des patients.
00:18 On en parle justement aujourd'hui avec un duo de soignants,
00:21 le professeur Nicolas Girard et Claire Lambrich, infirmière en pratiques avancées.
00:26 Bonjour à tous les deux.
00:28 Bonjour.
00:29 Alors pour commencer, professeur, comment annoncer un cancer du poumon,
00:33 qui sont quand même des cancers pas de très bon pronostic,
00:35 et rassurer finalement le patient ?
00:38 Finalement l'annonce, elle est le fruit d'un cheminement du patient,
00:42 de ses proches, autour de la question du diagnostic,
00:46 puisque souvent il y a une radio, un scanner qui a été fait,
00:50 qui montre une anomalie et d'emblée on va évoquer la possibilité d'un cancer du poumon,
00:55 puis après vient le temps de la biopsie,
00:56 et puis c'est lorsqu'on a le résultat de la biopsie
00:58 que là on a la confirmation du diagnostic.
01:00 Donc l'annonce, elle survient après déjà un parcours finalement,
01:04 où le patient, ses proches ont avancé dans le fait qu'il puisse s'agir d'un cancer du poumon,
01:12 et donc c'est plutôt même un soulagement dans le sens où on va proposer des solutions.
01:16 Non seulement on va affirmer le diagnostic,
01:18 et donc l'incertitude d'un seul coup elle disparaît,
01:22 et on propose d'emblée la stratégie de traitement.
01:25 Alors on a deux types de cancers du poumon,
01:27 ceux qui sont dits à petites cellules et ceux qui ne sont pas à petites cellules.
01:32 J'imagine que le parcours de soins est différent pour ces deux types de cancers ?
01:36 Oui et non.
01:38 Dans la majorité de cancers du poumon, qu'ils soient à petites cellules ou non à petites cellules aujourd'hui,
01:43 on va avoir recours à plusieurs modalités de traitement,
01:47 et pour la plupart des malades, on va se retrouver dans une situation
01:50 où on utilise des perfusions de médicaments contre le cancer,
01:54 essentiellement de la chimiothérapie, le traitement un peu historique des cancers,
01:57 mais surtout de l'immunothérapie qui est aujourd'hui la base de traitement des cancers du poumon,
02:02 qu'ils soient à petites cellules ou non à petites cellules,
02:04 qu'ils soient déjà avancés ou à un stade plus précoce,
02:08 notamment avant d'utiliser d'autres modalités de traitement,
02:11 traitement local, la chirurgie, opérer le cancer, ce qui est un objectif,
02:16 puisque c'est ça qui permet de guérir finalement le cancer du poumon,
02:21 ou de la radiothérapie dans d'autres situations.
02:24 – Alors Claire, je l'ai dit, vous êtes infirmière en pratiques avancées,
02:28 vous allez nous dire un petit peu en quoi c'est différent
02:31 d'un infirmier ou d'une infirmière classique,
02:33 et quel va être votre rôle dans ce parcours de soins ?
02:35 – Donc un infirmier ou infirmière de pratiques avancées,
02:38 c'est une personne qui est diplômée et qui a de fait le droit de prescription,
02:45 le droit de décision médicale, le droit de diagnostic qui est autorisé par la loi,
02:51 et ensuite recadré par un protocole d'organisation co-écrit avec l'équipe des oncologues.
02:58 – Et votre rôle du coup, ça va être de répondre aux questions ?
03:01 – Je vois les patients à la C2, c'est-à-dire que les patients voient le médecin à la première cure,
03:07 moi je les vois à la deuxième, troisième et quatrième cure,
03:10 puis ils revoient le médecin à la cinquième cure,
03:13 à l'occasion d'un scanner, d'une IRM ou d'une imagerie quelconque,
03:18 pour pouvoir valider le fait qu'on continue bien ce traitement ou bien qu'on change de traitement.
03:22 Ainsi, il y a une alternance entre la consultation médicale et les consultations d'IPA.
03:28 – Vous avez parlé de binôme de l'IPA, l'infirmière en pratiques avancées, avec le médecin,
03:35 mais il y a aussi toute une chaîne d'experts finalement, c'est une équipe pluridisciplinaire.
03:39 – Moi je préférerais même parler de trinôme, parce qu'il y a le patient,
03:42 et comme le dit le professeur Girard, effectivement,
03:46 la spécificité en tout cas à l'Institut Curie,
03:48 c'est d'avoir pu déployer de l'éducation thérapeutique
03:51 via la mise en place d'une unité transversale qui propose plusieurs ateliers.
03:56 Et les ateliers d'éducation permettent aux gens finalement de reprendre du pouvoir,
04:00 du pouvoir d'agir sur leur parcours, sur la prise de décision,
04:04 sur j'ai envie de dire presque la co-construction même des décisions en consultation.
04:10 Et donc on est comme une passerelle ou comme une plateforme
04:13 qui permet aux gens de s'orienter selon leurs besoins.
04:16 – Alors professeur, on a beaucoup parlé justement des soins de support,
04:20 ces soins de support qui se sont beaucoup développés au cours des dernières années,
04:24 est-ce qu'ils sont devenus aussi essentiels à l'accompagnement des patients
04:28 que peuvent l'être les révolutions thérapeutiques ?
04:30 – Ils le sont, c'est d'ailleurs démontré de façon très claire,
04:34 que ça améliore finalement non seulement la qualité globale de la prise en charge,
04:38 mais aussi la probabilité finalement de guérir du cancer,
04:43 de façon très claire.
04:43 C'est vraiment un réseau de possibilités, on ne travaille pas tout seul,
04:48 il y a effectivement des interactions qui sont autour de chaque patient,
04:52 non seulement avec le patient mais avec l'ensemble des acteurs,
04:55 que ce soit les psychologues, les spécialistes de la douleur,
04:58 ça peut être aussi des spécialistes d'organes,
05:01 par exemple neurologues ou des rheumatologues en cas de problématiques spécifiques.
05:05 Donc il y a vraiment tout ce champ de possibilités autour du patient
05:09 pour personnaliser la prise en charge
05:11 et puis justement optimiser chaque aspect finalement des symptômes
05:16 que va présenter le patient et ça dès le début de la prise en charge.
05:19 – Alors vous restez avec moi encore tous les deux, je vous remercie.
05:21 On va passer aux questions des internautes immédiatement.
05:24 Alors vous allez pouvoir me répondre tous les deux,
05:26 est-ce qu'on peut choisir son hôpital, sa clinique de suivi ?
05:30 – C'est une bonne question, en France en tout cas il y a une liberté
05:34 dans le choix du lieu de sa prise en charge, dans le choix de son médecin,
05:38 ça fait partie de l'organisation de notre système de santé.
05:42 Les prises en charge après peuvent être différentes
05:44 en fonction du type d'établissement,
05:46 en fonction de la distance par rapport à son lieu de résidence,
05:51 mais oui cette liberté me paraît fondamentale.
05:53 – Essentielle.
05:55 Alors vous en avez beaucoup parlé en disant aujourd'hui,
05:57 voilà, on a les immunothérapies, en quoi est-ce une révolution professeur ?
06:02 – L'immunothérapie c'est un ensemble de médicaments,
06:06 mais tel qu'on l'utilise aujourd'hui, notamment dans le cancer du poumon,
06:10 ce sont des médicaments qui réapprennent au système immunitaire,
06:13 aux défenses propres du patient,
06:16 à reconnaître les cellules cancéreuses et à les détruire.
06:19 Donc c'est un petit peu comme un vaccin,
06:22 qu'il faudrait réinjecter régulièrement.
06:24 Une fois qu'on a appris à reconnaître les cellules cancéreuses
06:28 et à les détruire, non seulement c'est efficace,
06:30 c'est quelque chose de plus naturel qu'une chimiothérapie
06:33 qui va être très dans l'agression de la cellule cancéreuse,
06:36 mais aussi du reste de l'organisme, d'où les toxicités.
06:40 Donc on a des médicaments qui sont moins toxiques,
06:42 ils peuvent donc être donnés au long cours,
06:44 et puis surtout qui ont un effet rémanent dans le temps.
06:47 Et ce que l'on voit, c'est qu'on peut arrêter l'immunothérapie,
06:50 et c'est ce qu'on fait au bout d'un certain temps,
06:52 et le système immunitaire du patient, les défenses du patient ont pris le relais,
06:57 et donc la lésion ne revient pas ou reste contrôlée.
07:00 L'immunothérapie s'intègre à tous les stades de la maladie,
07:03 une majorité de patients la reçoivent aujourd'hui,
07:05 et ça a complètement changé l'évolution des cancers du poumon.
07:10 Après, les traitements à l'hôpital puissent continuer de bénéficier
07:13 de ces fameux soins de support dont on a beaucoup parlé, Claire.
07:16 Oui, si on prend l'exemple d'un suivi en psycho-oncologie,
07:20 évidemment qu'il va y avoir une possibilité de continuer.
07:24 Vous évoquez le terme de rémission,
07:26 la rémission en médecine n'est pas la guérison,
07:28 donc quand on est en rémission, on fait encore partie de l'établissement,
07:32 on est encore considéré comme patient dit actif du système,
07:37 et donc on peut avoir comme interlocuteur des gens de l'hôpital et de ces soins de support.
07:43 Ce qui est important là-dedans, c'est de comprendre que l'idée,
07:47 c'est l'autonomisation des gens qui puissent retourner chez eux,
07:51 éviter l'hospitalocentrisme et retrouver des connexions
07:56 par des soins de support ou des étayages plutôt dans la cité
08:00 pour qu'ils rétablissent une vie avec la maladie plutôt normale pour eux.
08:05 Absolument, merci infiniment Claire. Merci Professeur Girard.
08:09 Merci à vous tous de nous avoir suivis
08:11 et je vous dis à très vite pour de nouvelles expertises santé.
08:15 Pour mieux comprendre et agir face au cancer du poumon,
08:17 participez aux journées d'information Cap Poumon, organisées par MSD.
08:21 Cap Poumon, participez aux journées d'information Cap Poumon, organisées par MSD.

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