• l’année dernière
Images de Cynthia Bieux et Cedryll Grolez.
Montage et production : Cynthia Bieux
Transcription
00:00 [Musique]
00:29 Je ne fais que du film historique, peut-être parce que j'ai une profonde aversion pour le monde actuel.
00:35 Et comme je dis toujours pour rigoler, filmer quelqu'un qui rentre dans une boulangerie pour acheter une baguette, moi ça ne m'intéresse pas.
00:42 Je n'ai pas envie de sortir ma caméra pour faire ça.
00:44 Donc le costume, non seulement c'est une tranche d'histoire qui s'ouvre devant le spectateur, ce qui n'est quand même pas rien,
00:50 la beauté des costumes, un jeu d'acteur qui n'est pas celui de la banlieue, ce qui n'est pas rien,
00:57 et des sujets d'histoire qui sont étonnants, puisque l'histoire c'est une suite d'aventure.
01:04 Enfin je veux dire, on pourrait faire un film toutes les 5 secondes de ce qui a pu se passer en France.
01:09 Donc on peut imaginer quand c'est mondial, c'est inimaginable.
01:12 Et surtout on apprend, moi chaque film j'apprends énormément.
01:15 Je m'intéresse à des sujets, là par exemple, donc là on est sur le Moyen-Âge,
01:19 donc les femmes qui sont recluses de gré ou de force dans des reclusoirs, comme celui-là,
01:25 et ça c'est un sujet absolument passionnant.
01:28 Qu'est-ce qui a pu se passer dans leur tête, comment la société fonctionnait, etc.
01:31 Les contraintes de l'époque, les croyances de l'époque, les superstitions de l'époque, c'est inimaginable.
01:37 On ne faisait pas 3 mètres sans se dire "ouh là là, mais si je passe sous cet arbre, il va m'arriver ça,
01:42 ouh là là, si je fais ça, il va m'arriver ça", etc.
01:45 J'ai dans mes archives un dictionnaire des superstitions, mais c'est complètement dément.
01:50 Donc chaque film est une tranche d'histoire qui moi me passionne, et dans laquelle on retrouve l'être humain
01:57 non pas tel qu'il voudrait qu'on le croit qu'il soit, comme aujourd'hui, mais comme il s'est vraiment comporté.
02:04 Et c'est tout dans la nuance.
02:06 Aujourd'hui on est entouré de fauchetons, alors que là au moins l'histoire, quelque part, elle est moins menteuse,
02:12 parce qu'on se base sur des faits qui eux sont difficilement parfois discutables, comme l'esclavage, etc.
02:19 [Musique]
02:23 [Musique]
02:48 Déjà, bienvenue à la forteresse du dragon qui se situe au domaine du dragon, à Draguignan, dans le Var.
02:54 Donc nous avons une forteresse du Moyen-Âge, typée XIIIe siècle, qui est située juste au pied du château du dragon,
03:03 qui est aussi du XIIIe siècle.
03:05 On est là aujourd'hui pour un moment de partage, pour un moment d'amitié, pour un film.
03:12 C'est-à-dire qu'il y a notre ami Lionel Bémon qui va tourner son prochain film à la forteresse du dragon.
03:18 Il nous fait confiance justement pour pouvoir avoir des figurants, des rôles secondaires justement pour son prochain film,
03:24 qui va s'appeler "Enmurée vivante".
03:26 Donc on privilégiait les acteurs locaux, et on a l'actrice qu'on a utilisée, j'allais dire qu'on a employée, Morana.
03:35 J'ai déjà fait trois films avec elle, donc je sais qu'elle est vraiment à fond.
03:40 Et moi je veux absolument encourager les talents locaux, je le veux, donc je me bats pour qu'on essaye de trouver des acteurs.
03:48 Mais c'est pas toujours évident. Par contre quand on les trouve, ils sont incroyablement gentils et disponibles,
03:54 pour deux raisons. D'abord parce que ceux qui restent, c'est aussi des gens qui ont peut-être plus une conscience de ce que devrait être le métier.
04:01 Et deuxièmement, je vais vous dire quelque chose qui va peut-être vous faire "sourire" entre guillemets,
04:07 c'est qu'ils ont conscience de l'énorme opportunité que représente un film comme ça.
04:11 Parce que 95% des acteurs qui se disent acteurs, c'est des gens qui font de la figuration.
04:16 Or moi je leur propose un vrai rôle, même au figurant.
04:20 Un figurant pour moi c'est pas une potiche, c'est un être humain, et je veux qu'il soit heureux de faire ce métier.
04:24 Donc il n'est pas du tout question de lui faire jouer quelque chose d'inutile.
04:28 Je fais tout pour encourager. Moi je veux que les gens soient fiers et heureux, c'est pas compliqué.
04:33 Et s'ils sont fiers et heureux, alors moi je suis fier et heureux.
04:36 J'avais déjà tourné deux films avec Lionel, et il m'a fait cette proposition d'Emmurée vivante.
04:43 Il m'en a parlé, j'ai été vraiment enthousiasmée par l'idée.
04:47 Donc on a commencé à travailler en janvier dessus, à mettre des idées, à travailler le personnage, les situations,
04:56 les autres personnages aussi qui interfèrent dans l'histoire, créer un univers.
05:01 Et puis ça s'est fait progressivement, j'ai eu la chance aussi qu'il m'associe à tout ce processus.
05:08 Et puis après on a commencé à tourner, et j'ai trouvé que c'était un projet absolument hors norme, incroyable.
05:18 Quelque chose que je n'avais jamais vu, et j'ai adoré donner vie à Brunilde,
05:26 à la voir grandir, et à voir que malgré toute cette souffrance, malgré tout ce qu'elle a pu subir,
05:36 il y avait quand même toujours cette petite lueur, cette petite combativité,
05:42 qui fait que c'est un personnage extrêmement attachant de bout en bout.
05:48 [Musique]
06:00 Donc il y a une scène à l'intérieur, deux juges, l'inquisiteur, le prince, et il y a une scène à l'extérieur, qui se passe ici.
06:07 Alors le garde dit "ce n'est sûrement pas ta tronche qui l'attire, mais plutôt le fumet de ton ragout".
06:13 Et tout le monde rigole, bien évidemment.
06:17 Alors lui il dit "veux-tu y goûter ?" Le cuisinier.
06:21 Et Brunil qui ne comprend pas, "c'est pas comme ça".
06:25 Donc le soldat s'approche d'elle et lui fait "mangez, mangez !"
06:29 Donc il dit "à l'auberge, ils servent une très bonne soupe, si tu peux payer".
06:34 Et hop, tout le monde se met à rigoler.
06:37 "Qu'est-ce qui t'attire ici ?" "Ce n'est sûrement pas ta tronche, mais bien plus sûrement le fumet de ta soupe."
06:44 Et là tout le monde rit. C'est censé être drôle, mais bien plus sûrement le fumet de ton ragout.
06:50 "Veux-tu y goûter ?" "Veux-tu y goûter ?"
06:53 "Euh, qu'est-ce qui t'amène ici ?"
06:56 "Qu'est-ce qui t'amène ici ?" "Attendez, ça c'est censé être archi bruyant."
07:02 [Rires]
07:06 "Tiens, qui voilà ?"
07:09 "La femme muette."
07:12 "La loupe sort du bois."
07:15 [Rires]
07:17 "Qu'est-ce qui t'amène ici ?"
07:20 "C'est sûrement pas ta tronche qui l'attire."
07:24 "Mais plutôt le fumet de ton ragout."
07:28 "Veux-tu y goûter ?"
07:33 "Mangez, mangez."
07:36 "Voilà, c'était très bien. Ça t'a l'air comme tu t'en aimes."
07:44 "Monsieur, pas voir ici, mais sire, les rapports du chirurgien concernant la femme Brunilde, a-t-elle été soumise à la question ?"
07:55 "Absolument, monseigneur."
07:57 "Répétition. Donc c'est le prince qui commence, on est d'accord, et après on rechaine sur elle. Donc on va voir ce que ça donne."
08:08 "Son frère ?"
08:09 "Comment cela ? Son frère ?"
08:11 "Un tout petit peu plus. Un tout petit peu plus prononcé."
08:14 "Sieurs témoignages dignes de foi nous montrent que ce Bertram Speyer avec qui elle vivait n'était pas le mari de cette femme."
08:26 "Ne serait pas, non ?"
08:27 "Non, n'était pas."
08:28 "N'était pas."
08:29 "Horrible. Faites attention."
08:32 "Cela est peut-être dangereux."
08:36 "Cela est peut-être dangereux."
08:37 "Allons, ne soyez pas stupides."
08:39 "Non, non, attends, elle n'a pas fini."
08:40 "Ah, tu as beaucoup."
08:41 "Elle a encore des choses à dire."
08:42 "Méfiez-vous."
08:43 "Méfiez-vous, elle doit dire aussi. Méfiez-vous."
08:44 "Partons, maman, partons. Ce n'est pas une comédie à encourager."
08:47 "Un instant, ma fille. Laisse-moi voir exactement de quoi il en retourne."
08:51 "Tout semble noir à l'intérieur."
08:55 "Jusque-là, on est clair."
08:57 "Vous plairait-il, jante dame, de pouvoir jouir de la vue d'une femme atteinte de phobie ?"
09:05 "Non."
09:07 "Pourquoi nous abaisserions-nous à cette idée ?"
09:10 "D'une telle pensée."
09:11 "D'une telle pensée."
09:12 "Non, pas de telle, une telle."
09:13 "De telle."
09:14 "Non, pourquoi nous abaisserions-nous à une telle pensée ?"
09:18 "Non, pourquoi nous abaisserions-nous à une telle pensée ?"
09:21 "Et pourquoi pas ?"
09:22 "Alors donc, on a eu la chance, comme tu le sais déjà, comme vous le savez déjà,
09:26 puisque vous étiez présent à la forteresse,
09:29 donc là, on a eu la chance de pouvoir installer sur Calien ce reste de décor
09:34 et autrement, on a aussi des choses dans la Siagne, dans la vallée de la Siagne,
09:39 on a aussi des scènes à tourner et surtout, ce qui est très important,
09:42 c'est toutes les scènes intérieures, c'est-à-dire celles qu'on ne montre jamais,
09:46 qui vont nous permettre de comprendre le cheminement de la vie,
09:50 qui vont nous permettre de comprendre le cheminement de l'actrice en muret vivante,
09:55 le mur est pas loin, il est juste là,
09:57 et donc de voir comment elle a pu descendre petit à petit
10:00 et ça, on va vraiment vivre au cœur de son intimité,
10:03 le fait qu'elle n'ait rien à manger, etc., qu'elle a froid,
10:06 on va vraiment être très très près et ça, ça va être le cœur du film.
10:09 Et ça, c'est des scènes qui peuvent être tournées n'importe où,
10:11 dans la mesure où elles sont à l'intérieur.
10:13 Et du coup, on a été obligé de fabriquer un certain nombre de décors pour ce film
10:17 et il faut imaginer que 15e siècle, aujourd'hui, c'est pas gagné.
10:22 Rien, rien ne ressemble au 15e siècle.
10:25 Les cultures, les arbres, les forêts, le reste, j'en parle pas.
10:29 Bien sûr, les villes ne sont pas du tout les mêmes.
10:31 On a été dans le centre de la France pour faire des images de villages,
10:35 des images avec des drones qui sont absolument sublimes,
10:37 avec le soleil qui se lève, etc., on voit les clochers des...
10:40 et un village qui est presque, j'ai bien dit presque,
10:43 médiéval avec pas de satellite, pas d'antenne, pas de...
10:48 Donc ce village s'appelle Colonge-la-Rouge
10:50 et il est connu comme étant l'un des chefs-d'œuvre encore actuel de villages.
10:55 Quand on est arrivé là-bas, on a dit "Waouh, là on fait un bond de 1000 ans en arrière".
10:59 Et ça, ça devient rarissime, plus que rarissime.
11:04 Et en plus, on a été accueilli par des gens très gentils, le maire, etc.
11:08 [Musique]
11:12 [Musique]
11:15 [Musique]
11:18 [Musique]
11:23 [Musique]
11:28 [Musique]
11:33 [Musique]
11:43 Putain, elles sont passées où tes godasses ?
11:45 Qu'est-ce que tu veux, je les ai vendues pour aller au bordel.
11:48 [Rires]
11:49 La compagne, elle te suffit pas ?
11:51 Petits proches, mais pourquoi ils n'ont pas eu de descendance ensemble ?
11:57 Oui, enfin...
11:59 Son mari, son frère, peu nous importe.
12:04 Je vous propose plutôt, messire, de nous réjouir
12:08 d'avoir vaincu une nouvelle attaque du démon envers notre cité.
12:12 [Musique]
12:15 [Musique]
12:20 [Musique]
12:25 [Musique]
12:30 [Musique]
12:39 [Musique]
12:42 [Musique]
12:48 [Musique]
12:54 [Musique]
13:01 [Musique]
13:08 [Musique]
13:11 [Musique]
13:17 [Musique]
13:22 [Musique]
13:28 [Musique]
13:36 Ça tourne, on est parti.
13:38 Allons, ne sois pas stupide.
13:53 Aide-moi donc plutôt.
13:55 Partons, maman, partons.
13:59 Ce n'est pas ce que le comédien a encouragé.
14:01 Un instant, ma fille.
14:02 Laisse-moi voir de quoi il en retourne exactement.
14:05 Alors attendez, on voit ta mère qui s'énerve.
14:08 Tu vois où tu es, Nathalie ?
14:10 Tu as tué Ray au sol.
14:11 Lionel avait besoin d'une actrice de 15-16 ans pour une scène.
14:15 Et moi, je suis au lycée Jean Moulin
14:20 et je suis dans la spécialité théâtre.
14:23 Et mon prof de tir à l'arc, qui est à la forteresse du dragon,
14:28 savait que je faisais du théâtre et a été en contact avec Lionel.
14:32 Du coup, il a donné mon numéro à Lionel,
14:35 qui lui-même m'a ensuite appelé pour me proposer de participer au film.
14:40 C'est la première fois que je jouais dans un film et que je faisais ça.
14:45 Et je ne pensais pas que ça allait être aussi long,
14:49 les scènes dehors, parce qu'il y avait beaucoup de bruit parasite.
14:54 Donc on faisait beaucoup de pauses à cause des bruits.
14:57 On changeait beaucoup d'angles et de plans aussi.
15:01 Ce qui était très intéressant, parce que je ne pensais pas qu'on allait rejouer plusieurs fois
15:06 avec plein de plans différents, mais c'est très intéressant.
15:11 Et moi, je me suis bien amusée, surtout à la dernière scène, quand on s'est crié dessus.
15:16 Je t'interdis à l'avenir, tu m'entends ?
15:20 Je t'interdis de voler dans nos réserves pour nourrir cette créature du diable.
15:23 Que faites-vous, mère ? Du devoir de charité envers notre prochain !
15:26 Puis-tu le dessiner comme coupable ?
15:28 Cette femme est à l'endroit exact où Dieu a voulu qu'elle fût.
15:31 Et tu ne pourras rien y changer. Maintenant, ça suffit !
15:35 Il y en a une que j'ai beaucoup aimée, c'est la scène des coquelicots.
15:54 Son côté romantique, un petit peu hors du temps.
15:59 Son côté plein d'espoir.
16:02 Et une autre scène aussi que j'ai beaucoup aimée, tournée, c'est celle du suicide.
16:11 Enfin, la tentative de suicide.
16:14 Les plus dures ?
16:17 Celle du suicide a été quand même assez difficile,
16:21 parce qu'il y a quand même une partie émotion qui est extrêmement intense.
16:27 Il faut pouvoir la ressortir, et il faut pouvoir aussi être juste,
16:30 ne pas en faire trop, et aussi en faire suffisamment pour que ça passe à travers l'image, à travers l'écran.
16:37 Il y a aussi la scène où les gardes viennent m'attaquer.
16:43 Les gardes sous viennent m'attaquer.
16:46 C'est une scène extrêmement physique. J'ai eu des partenaires incroyables,
16:52 et c'était une scène très forte à jouer.
17:15 On a mis aussi un voyage dans le temps,
17:20 dans cette forteresse, la forteresse du dragon,
17:22 c'est un film qui a été réalisé,
17:25 le modèle de film qui s'appelle "Rendurée vivante",
17:28 qui a démarré dans les années 2000.
17:30 Et là, on est à la rentrière, et je vais vous dire que j'ai même pas vu le film.
17:35 Le fait de laisser un peu les acteurs incarner le personnage,
17:39 est-ce que ça ne provoque pas des modifications,
17:42 dans la trame du scénario, sur le tournage en lui-même ?
17:46 C'est là où, avec le temps, j'ai découvert deux choses.
17:51 D'abord, les acteurs sont un peu comme des enfants.
17:54 Ils ont absolument besoin d'être rassurés.
17:57 Si jamais ils sentent que le réalisateur a un biais, j'ai doute.
18:01 C'est la catastrophe.
18:03 Donc moi, je suis vraiment le capitaine de l'avion,
18:05 je tiens fidèlement à ce que l'on appelle ça,
18:09 le "governage", le "governer", pour avancer.
18:12 Donc ça veut dire que les acteurs ont une marge de manœuvre, effectivement,
18:16 mais qui est bien entendu limitée.
18:18 On ne va pas non plus leur demander de réécrire l'histoire.
18:21 Mais des fois, on me dit que ça serait peut-être mieux
18:24 si tu jouais cette scène comme ça, et l'acteur te dit
18:27 "Oui, mais si il pleuvait, ça serait plus dramatique."
18:30 Alors tu dis "Oui, parce que ça ne contrarie pas la scène."
18:33 Mais il est évident qu'il y a des fois où les acteurs me disent
18:36 "Ca serait génial ça." Non, non, ça, c'est pas génial.
18:39 Je ne vois pas le personnage, j'ai tout fait à ça.
18:41 Et le plus grave, c'est quand ils se lancent dans le texte.
18:44 Parce que le texte, c'est une science.
18:46 Et quand les acteurs te disent "Ah bah tiens, on pourrait peut-être remplacer ce nom par celui-là."
18:50 90% des temps, je dis "Non, non, ce n'est pas l'acteur,
18:53 il ne dit pas ça, le rôle ne dit pas ça."
18:56 En général, ils ne s'effachent absolument pas.
18:58 Mais on a quand même besoin, effectivement, comme vous le savez,
19:01 c'est un problème étrange, à la mesure où on a l'air filmage d'un manœuvre,
19:04 mais en réel, en fait, c'est très étrange.
19:06 Donc l'acteur s'avance un petit peu,
19:08 il me dit "Non, non, non" et puis il s'avance à nouveau,
19:10 c'est important.
19:12 Mais en général, quand un acteur a vraiment une conscience,
19:14 il va proposer des choses qui vont faire avancer le scénario, bien évidemment.
19:19 Et quand je travaille sur un nouveau film, il est prêt à 80%.
19:23 Donc il y a 20% de marge quand même,
19:25 où je me dis "Bah là, je ne sais pas."
19:27 Et j'ai le courage de dire aux acteurs "Bah là, je ne sais pas comment on filme ça,
19:31 je ne sais pas ce qu'il va se passer."
19:33 C'est une très bonne idée.
19:35 Ce que propose Lionel, pour un acteur,
19:40 c'est un travail vraiment incroyable,
19:45 parce qu'on a vraiment l'impression de faire notre métier,
19:48 c'est-à-dire de faire de la création.
19:51 On part de rien, d'une idée,
19:54 on la creuse, on cherche,
19:57 Lionel a cette gentillesse et cette courtoisie
20:00 de nous associer au projet.
20:02 Et c'est vraiment un partenariat.
20:05 On essaie d'arriver à une certaine véracité,
20:08 à une certaine vérité,
20:10 aussi à une certaine honnêteté artistique.
20:13 Humainement, et j'insiste,
20:16 arriver à un tel niveau d'intimité entre les acteurs et les réalisateurs,
20:22 c'est quelque chose de...
20:23 Nous ne serons pas contre la rareté extraordinaire.
20:26 On vit dans un monde où tout le monde a peur de tout le monde,
20:29 où tout le monde se méfie de tout le monde, etc.
20:31 Il ne va pas se mettre tout nu devant n'importe qui, etc.
20:34 ou dévoiler une partie de son âme.
20:36 Et quand on arrive à cette fusion avec les acteurs,
20:41 c'est-à-dire que...
20:42 Moana n'a pas peur de moi, moi je n'ai pas peur d'elle,
20:45 je n'ai pas peur de lui dire "Tiens, mets-toi toute nue dans un bassin,
20:49 mets-toi 10 kilos de terre sur le visage, etc."
20:53 Et l'acteur le fait,
20:55 parce qu'il est absolument persuadé
20:57 que c'est humainement et artistiquement valable.
21:02 Alors du coup, qu'est-ce que vous avez pensé du film ?
21:09 Beaucoup de bien.
21:12 Après, moi je connais Lionel depuis pas mal de temps,
21:15 j'ai tourné un tas de films avec lui,
21:18 et je trouve que c'est de mieux en mieux.
21:20 Aucun reproche à faire.
21:23 En plus, il s'en est bien sorti avec les petits problèmes techniques qu'il y a eu.
21:27 Voilà, et que ça continue.
21:30 Globalement, je trouve que les acteurs ont bien joué,
21:33 que le scénario était assez construit.
21:36 Sinon, dans le reste, peut-être 2-3 petits défauts qui sont encore corrigeables,
21:42 avec le montage et les musiques,
21:44 qui ne sont pas bien équilibrés, je trouve,
21:46 ou alors qui n'éritent pas assez l'action.
21:48 Mais sinon, je pense que c'est globalement bien fait,
21:51 et en plus de ça, le scénario a été bien écrit et bien pensé.
21:54 Je trouve ça intéressant,
21:56 c'est une mentalité qui change de la société actuelle.
21:59 Ça a un rapport avec les femmes intéressants aussi,
22:03 par rapport à l'image des femmes,
22:04 je pense qu'elles sont mises en valeur dans ce film.
22:06 Je pense que c'est ce qu'il faut, par rapport à aujourd'hui.
22:11 Les femmes sont plus émigrées.
22:14 Et dans ce film, c'est vraiment l'image de la femme qui est mise en valeur.
22:20 Ce que j'ai à rajouter, c'est que,
22:22 d'abord, j'ai une immense chance de travailler avec Lionel et Claudia aussi,
22:28 parce que j'aime beaucoup, vraiment beaucoup, les films qui tournent.
22:34 C'est rare d'avoir une telle qualité pour les personnages,
22:39 pour les images, pour les lieux choisis, les costumes.
22:42 C'est vraiment très très bien.
22:45 Et puis je voulais aussi défendre Brunilde,
22:49 parce qu'elle est représentante d'une partie de la population,
22:55 la partie féminine, qui a eu beaucoup à souffrir.
22:58 Et j'aime beaucoup son parcours,
23:01 parce que jusqu'au bout, elle va essayer de se battre
23:04 contre beaucoup d'éléments contraires.
23:07 Elle ne va peut-être pas pouvoir gagner,
23:09 mais ce que j'aime, c'est son caractère combatif, malgré tout.
23:14 Et je pense aussi que ce genre de film devrait être davantage tourné, diffusé,
23:21 parce que ça montre une très très belle image de la femme.
23:26 [Musique]
23:30 [Musique]
23:34 [Musique]
23:37 [Musique]
23:45 [Musique]
23:53 [Musique]
24:02 [Musique]
24:05 [Musique]
24:11 [Musique]
24:17 [Clic]
24:27 [SILENCE]