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« L’amour, ce sont ceux qui en savent le moins qui en parlent le mieux. » Félix Radu est auteur et comédien. Pour Lou, il est venu nous parler d’amour.

Sa pièce Rose et Massimo se joue une dernière fois ce dimanche 12 novembre au Théâtre du petit Montparnasse. Vous pouvez aussi la retrouver aux Éditions Fayard !

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Transcription
00:00 Une histoire d'amour par définition, c'est dire "Oh, tiens, j'y avais pas pensé,
00:04 mais maintenant que c'est là, je ne peux plus m'en passer."
00:07 Donc l'amour, c'est une couleur qui n'existe pas encore dans ma vie
00:10 et qui manque à ma palette.
00:11 Voilà, c'est ça qu'il faut dire.
00:13 Salut Lou.
00:15 Hola, buenos dias Lou.
00:16 Y esto y feliz.
00:19 Salut Lou, je suis Félix Radu et aujourd'hui, je vais vous parler d'amour.
00:22 Je ne sais pas grand-chose de l'amour,
00:24 ou du moins j'en sais ce qu'un garçon de 20 ans peut en savoir.
00:26 Je me suis cassé deux, trois fois les dents.
00:29 J'ai beaucoup aimé.
00:30 C'est, je pense, un long apprentissage en fait,
00:32 de remettre la fiction là où elle doit être, au théâtre,
00:34 et d'admettre que la personne en face de toi,
00:36 tu vas l'aimer pour ce qu'elle est et non pas pour ce que tu projettes dessus.
00:38 Donc ouais, l'amour, ce sont ceux qui en savent le moins, qui en parlent le mieux.
00:42 T'as aimé à en crever toi ?
00:44 Ouais, bien sûr. Je ne suis pas mort du coup.
00:47 Ou alors on meurt toujours un petit peu.
00:48 L'amour, c'est sublime parce que ça tue, mais ça nous laisse envie.
00:51 Et quelque chose de ça, en fait, on est tous un peu des morts vivants.
00:53 Je pense qu'à chaque fois qu'on aime, on aime à en crever.
00:55 C'est la définition de l'amour d'ailleurs.
00:56 Nombreux de fois que je me suis dit "Putain, si elle s'en va,
01:00 qu'est-ce que je vais faire ? C'est toute ma vie qui s'arrête."
01:02 Et c'est un peu vrai d'ailleurs.
01:03 C'est comme si la vie prenait un autre chemin,
01:04 comme si elle avait pris un accident de voiture.
01:06 C'est intéressant parce qu'il y a plein de gens qui pensent qu'il faut survivre
01:08 ou faire quelque chose pour survivre à un chagrin d'amour ou aux grosses déceptions.
01:12 Je pense en réalité que cette vieille phrase qu'on comprend mal,
01:14 qui est de laisser faire le temps, elle est véridique.
01:17 C'est pas toi qui dois faire quelque chose, c'est le temps qui va le faire.
01:19 Toi, t'as juste à serrer les dents et attendre que ça passe.
01:21 On quitte jamais ce qu'on a vécu avec quelqu'un,
01:23 on quitte ce qu'on ne veut plus vivre ensuite.
01:26 Et les gens confondent.
01:27 Les gens, quand ils s'en vont, ils disent "Oui, mais j'ai tellement vécu de bonheur avec..."
01:29 Ouais, justement, justement.
01:30 Arrêter une histoire, c'est admettre qu'elle a été réussie.
01:32 Et pour réussir quelque chose, il faut savoir bien commencer,
01:35 savoir bien le continuer et savoir bien l'arrêter.
01:37 On ne peut pas faire une histoire d'amour tout seul.
01:39 Et la seule personne qu'on doit à jamais et pour toujours aimer, c'est soi-même.
01:42 Et on doit et on mérite de ne pas courir après quelqu'un qui s'en va.
01:46 Donc, se poser dans son canapé, grosse doudoune,
01:49 petite glace à gundas,
01:51 aux cookies là, les cookie doogs,
01:52 et petite série Netflix.
01:54 Voilà comment on se remet d'un chagrin d'amour.
01:56 -Pendant combien de temps ?
01:57 -Ouf, mon Dieu, le temps qu'il faudra.
01:58 La première fois que je suis tombé amoureux, j'avais 20 ans, c'était à Paris.
02:01 Et je me rappelle très bien parce que j'étais au théâtre,
02:03 elle était comédienne, donc j'étais dans le public.
02:05 Elle est montée sur le plateau et j'ai fait "Oh...
02:07 Mon Dieu, faites que cette femme soit célibataire
02:09 et faites qu'elle soit une femme dans ma vie un jour."
02:11 Elle s'appelle Clémentine, pour la nommer,
02:12 parce que ce serait malheureux qu'on la nomme pas.
02:14 Elle s'appelle Clémentine, c'est un joli prénom, en plus je l'aimais beaucoup.
02:16 On est sortis un an ensemble,
02:17 et elle me disait qu'elle avait peur de pas trouver de travail.
02:20 Elle m'a dit "Je ne correspond pas aux standards de beauté
02:21 qu'on cherche d'une femme aujourd'hui.
02:23 Je ne suis pas assez grande, je ne suis pas assez fine, je ne suis pas assez..."
02:25 Et j'ai dit "Mais t'es ouf de dire ça, en fait.
02:27 Pour moi, t'es plus qu'assez, en fait.
02:28 T'es même trop, tellement...
02:29 T'as de charme, tellement t'es belle, tellement t'es talentueuse."
02:32 Et j'ai dit "Moi, si le monde est trop idiot que pour pas te donner de travail, je vais t'en donner.
02:35 Et puis, s'il faut qu'il y ait un rôle à ta hauteur, moi je vais te l'écrire, il n'y a aucun problème."
02:38 Elle est repartie de chez moi, je pense, avec une sorte de petit sourire amusé,
02:42 en mode "Oui, bien sûr."
02:43 En fait, elle ne s'en est pas rendue compte,
02:44 mais moi, je me suis senti instruit d'une mission,
02:46 et j'ai passé une semaine dans mon lit à gratter.
02:49 Tous les jours, je m'endormais sur mon PC,
02:51 je me réveillais sur mon PC,
02:52 et j'ai écrit la pièce en une semaine.
02:54 Et j'ai apporté le texte, avec une rose dessus, un post-it.
02:57 Et sur le post-it, j'avais écrit "Cette pièce t'appartient, puisque c'est dans tes yeux que je l'ai trouvée."
03:01 Et je suis rentré chez moi.
03:02 Voilà comment est née Rosé Massimo.
03:04 Puis derrière, je lui ai promis au téléphone, je lui ai dit "Tu vas voir, on va la monter.
03:07 Je ne sais pas comment, je ne sais pas quand, mais on va la monter, je te jure sur ma vie que j'y arriverai."
03:10 Et de l'appeler sept ans plus tard, et de lui dire "Voilà, la parole est tenue, la pièce est montée, putain."
03:18 On a pleuré au téléphone tous les deux, comme deux enfants.
03:20 Puis c'était très intime, parce que ça correspond à plein de choses qui lui appartiennent et qui m'appartiennent.
03:25 J'ai mis son parfum dans la pièce, et des formulations qu'elle me disait, des formulations que je lui disais.
03:30 C'est presque un...
03:33 C'est très intime.
03:36 [musique]

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