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00:00 7h46, vous écoutez France Bleu Isère, vous regardez France 3 Alpes.
00:03 Nous recevons l'invité du 6.9 France Bleu Isère qui répond à vos questions.
00:07 Théo H, on parle de lutte contre la pauvreté.
00:09 Oui, la pauvreté qui augmente en France et en Isère.
00:12 Le rapport du Secours catholique publié hier le montre bien.
00:15 1 million de personnes accueillies, les trois quarts en grande précarité.
00:18 Et l'Isère ne fait pas exception.
00:20 Bonjour Audrey Menghi.
00:21 Bonjour, merci de m'avoir invitée.
00:22 Merci d'être avec nous.
00:23 Déléguée du Secours catholique en Isère.
00:25 Alors l'INSEE estime que ce sont des niveaux de pauvreté pas atteints depuis 20 ans.
00:30 Est-ce que le constat est le même chez nous en Isère ?
00:33 Est-ce que vous le faites ce constat ?
00:34 Tout à fait, je crois que les chiffres de l'INSEE corroborent tout à fait ceux du Secours catholique.
00:39 La pauvreté s'aggrave.
00:40 Suite à la crise du Covid, les aides qui avaient été proposées se sont arrêtées.
00:46 Et d'année en année, on remarque une intensification de la pauvreté.
00:50 C'est-à-dire que les personnes...
00:51 Ce n'est pas une explosion mais une augmentation croissante régulière ?
00:56 Oui, c'est-à-dire que les personnes qui étaient déjà en situation de pauvreté sont de plus en plus pauvres.
01:01 Et il y a également de nouvelles personnes qui avant s'en sortaient et qui maintenant n'arrivent plus à faire face.
01:06 Quel public vous rencontrez ?
01:07 Vous aidez des femmes particulièrement qui sont plus concernées par la pauvreté que les hommes ?
01:13 Tout à fait.
01:13 Ce qu'on remarque, c'est que de plus en plus, les femmes sont les premières victimes de la pauvreté.
01:18 En tout cas, c'est la majorité des personnes qu'on retrouve et qu'on rencontre dans nos accueils.
01:22 Tout type de femmes, des femmes jeunes, des mamans avec des enfants qui souvent dorment à la rue,
01:27 de plus en plus, y compris des femmes âgées au minimum vieillesse qui n'arrivent pas à s'en sortir.
01:32 Des problèmes de logement, ça, vous constatez que ça s'accroît ?
01:36 Oui, c'est-à-dire qu'en 10 ans, sur Grenoble, on est passé d'un tiers de personnes en situation d'hébergement précaire
01:42 au deux tiers actuellement. Donc là, pour le coup, c'est fulgurant. Le problème du non-hébergement s'intensifie énormément en ce moment.
01:50 De plus en plus de gens dans la rue, de plus en plus de femmes aussi, vous le dites.
01:53 On va d'ailleurs au Standard de France Blue Isère avec Marion Bruna Mortier. Bonjour.
01:59 Bonjour.
02:00 Directrice de l'Action sociale et de la lutte contre la pauvreté au CCS de Grenoble.
02:05 Merci d'être avec nous. On va prendre un exemple avec vous ce matin, la domiciliation.
02:11 C'est un système qui permet aux personnes qui n'ont pas de logement fixe de disposer d'une adresse postale au CCS de Grenoble.
02:18 Et ce système, il est en forte hausse.
02:21 Oui, tout à fait. Alors c'est vrai qu'avant de rentrer vraiment sur la question de domiciliation,
02:27 je voudrais indiquer que c'est une des activités portées par les CCS, pas uniquement celui de Grenoble,
02:32 qui s'insère à Grenoble dans une action qui est très diversifiée en matière de lutte contre la pauvreté,
02:37 tant dans ses modalités d'intervention, aller vers, veille, aide financière, accompagnement ou hébergement,
02:42 que dans ses publics et bien sûr ses partenaires.
02:44 Mais un problème de logement qui est croissant, ça vous le voyez aussi avec la domiciliation.
02:48 Voilà, tout à fait. Donc c'est vrai que la domiciliation a toute son importance,
02:51 car elle permet d'ouvrir et de gérer une adresse administrative à tous les ménages isolés ou familles qui en sont privées.
02:57 C'est la première brique de l'accès au droit.
02:59 Tant que domiciliation, on ne peut pas accéder à avoir des documents d'état civil, un statut administratif,
03:04 des droits sociaux ou encore de s'inscrire dans une école.
03:08 Et effectivement, on note au CCS de Grenoble une augmentation plutôt importante,
03:13 puisqu'on a doublé depuis 2015 le nombre de boîtes aux lettres.
03:18 - D'accord. Vous en avez combien ? Vous en gérez combien aujourd'hui ?
03:21 - Alors on gère 3100 boîtes aux lettres, ce qui représente à peu près 4500 personnes ayant droit,
03:27 puisqu'on ouvre une boîte aux lettres par personne majeure.
03:29 Donc ça couvre aussi des ayant droit, des enfants.
03:32 Et en 2015, on avait 1550 boîtes aux lettres.
03:36 - D'accord, un doublement effectivement. Merci beaucoup.
03:40 - Ça représente à peu près 80 000 courriers gérés par an,
03:43 et 250 personnes qui se présentent chaque jour à l'accueil.
03:46 - On voit bien l'augmentation effectivement.
03:48 Merci beaucoup Marion Brunamortier d'avoir été ce matin avec nous,
03:52 directrice de l'Action sociale et de la lutte contre la pauvreté au CCS de Grenoble.
03:56 - Il est 7h50, vous écoutez France Bleu et Zer, et vous regardez France 3 Alpes.
04:00 Vous pouvez bien sûr nous appeler pour intervenir.
04:02 04 76 46 45 45, est-ce que vous jugez qu'on en fait assez pour lutter contre la pauvreté ?
04:07 Notre invité ce matin répond à vos questions, Théo H, justement avec Audrey Munguy, nous parlons de tout cela.
04:12 - Oui, déléguée du secours catholique en Isère, vous avez entendu Marion Brunamortier parler du logement.
04:18 C'est un problème effectivement croissant, un problème de l'hébergement d'urgence, mais pas que.
04:23 - Tout à fait, c'est-à-dire que c'est un problème complexe,
04:26 et la solution passe à la fois par l'augmentation des places d'hébergement d'urgence,
04:31 pour pouvoir mettre à l'abri toutes les personnes qui dorment dehors,
04:34 et madame Brunamortier l'a bien dit, c'est la concerne des femmes et des enfants,
04:38 parfois très jeunes, au secours catholique tous les matins à Grenoble,
04:41 il y a des enfants de moins de 3 ans qui ont passé la nuit dehors,
04:44 qui viennent pour se mettre à l'abri, tout simplement.
04:47 Mais cela passe aussi par augmenter une offre locative vraiment sociale,
04:53 pour que les personnes qui sont dans l'hébergement d'urgence actuellement,
04:56 puissent en sortir et faire de la place pour d'autres.
05:00 - Et il y a un problème de construction de logements neufs, de HLM, il en manque beaucoup,
05:03 et ça vous le constatez aussi, c'est des gens qui se retrouvent en grande précarité et que vous aidez.
05:08 - Tout à fait, on le constate aussi, et nous demandons à l'État de travailler sur des politiques structurelles importantes,
05:16 pour mettre des moyens sur une offre HLM très sociale,
05:20 afin de fluidifier le parcours vers un logement durable et pérenne pour toutes les personnes.
05:26 - Vous demandez des actions de l'État, j'aimerais justement vous faire entendre Olivier Véran,
05:30 porte-parole du gouvernement, Iserois, il était hier au micro de France Inter, écoutez.
05:34 - Nous avons toujours fait le choix de mettre en œuvre des politiques qui visent à réduire les inégalités.
05:38 Évidemment nous n'avons pas, et malheureusement nous n'avons pas, éradiqué la pauvreté,
05:42 personne ne l'a éradiqué dans le monde.
05:43 Ce que je peux vous dire, c'est qu'on se donne tous les moyens pour le faire,
05:46 et nous considérons que donner un emploi à chacun,
05:48 c'est la meilleure manière de sortir les gens de la misérité et de la pauvreté.
05:51 - Le gouvernement se donne tous les moyens pour éradiquer la pauvreté, dit Olivier Véran,
05:55 est-ce que vous êtes d'accord ? Est-ce que c'est l'impression que vous avez sur le terrain ?
05:58 - Écoutez, sur le terrain, nous ce qu'on constate c'est que la pauvreté s'aggrave,
06:03 que les personnes s'en sortent de moins en moins bien,
06:06 donc il faut évidemment redoubler d'efforts,
06:10 je pense que l'emploi, comme l'a dit M. Véran, c'est important,
06:16 les femmes, on en parlait tout à l'heure, sont souvent en emploi précaire,
06:20 elles doivent, parce qu'elles ont la charge de leurs enfants,
06:23 et qu'elles ne peuvent pas travailler à plein temps,
06:24 donc il faut absolument les soutenir pour qu'elles aient des revenus suffisants,
06:28 ça passe aussi par la revalorisation des minimas sociaux,
06:34 par l'extension du RSA, y compris aux jeunes.
06:36 - Vous demandez à ce que les minimas sociaux soient indexés sur le SMIC,
06:40 le gouvernement l'a indexé sur l'inflation, c'est pas suffisant ?
06:43 - Non, c'est pas suffisant, on voit que le pouvoir d'achat des personnes
06:47 qui sont en minima sociaux baisse, donc ce n'est pas suffisant,
06:50 parce qu'il y a un an de décalage entre les deux,
06:52 donc là, les chiffres de l'INSEE datent de 2021,
06:55 nos chiffres datent de l'année dernière,
06:57 et on voit que maintenant, 95% des personnes qui viennent dans nos accueils
07:02 sont sous le seuil de pauvreté, donc ce n'est absolument pas suffisant.
07:05 - Vous parliez des femmes, il y a aussi les étudiants qui sont en difficulté,
07:09 notamment à Grenoble, j'accueille d'ailleurs Charline Hassen,
07:12 bonjour Madame Hassen. - Bonjour Théo.
07:15 - Chargée de coordination à l'association 1KBA pour un étudiant,
07:18 vous lancez un appel à solidarité à Grenoble,
07:21 vous recherchez des parrains et des marraines pour des étudiants,
07:24 expliquez-nous en quoi ça consiste ?
07:27 - Oui, tout à fait, en cette rentrée universitaire,
07:29 on a fait face à un très grand nombre d'inscriptions de la part des étudiants,
07:33 notre association a pour but de lutter contre la précarité étudiante,
07:37 alimentaire et sociale, en proposant du parrainage solidaire de proximité,
07:41 donc concrètement on met en lien dans la même ville,
07:43 un parrain, une marraine ou une famille,
07:45 avec un étudiant ou une étudiante en difficulté,
07:48 le but c'est de lui apporter du soutien
07:50 et de lui permettre de vivre plus sereinement ses études,
07:52 donc les parrains et marraines s'engagent sur l'année universitaire avec du lien social,
07:56 donc être là en soutien moral, partager des activités,
07:59 faire découvrir la ville, discuter autour d'un café,
08:01 peut-être aider sur des démarches, et de l'aide alimentaire,
08:04 donc offrir des courses en fonction des besoins de l'étudiant,
08:06 des possibilités du parrain et de la marraine,
08:09 mais ça peut aussi passer par une invitation à déjeuner,
08:11 cuisiner ensemble, préparer un plat maison.
08:13 - Et vous avez beaucoup de demandes sur Grenoble ?
08:15 Vous sentez qu'il y a un besoin ?
08:17 - Tout à fait, on a actuellement une quinzaine d'étudiants
08:19 qui sont en attente d'un parrain ou une marraine qui pourrait les soutenir,
08:22 donc c'est pourquoi aujourd'hui on lance cet appel
08:24 pour les citoyens et les citoyennes grenoblois,
08:27 mais aussi sur Saint-Martin d'Air,
08:28 là où il y a évidemment l'université, exactement.
08:31 - Et on mettra vos coordonnées aussi sur France Bleu Isère.
08:34 Merci beaucoup Charline Hassen de nous avoir appelé à l'association Incaba
08:38 pour un étudiant.
08:39 Vous cherchez, vous aussi Audrey Amenghi au Secours catholique,
08:43 vous cherchez des bénévoles ?
08:45 - Tout à fait, le Secours catholique en Isère,
08:47 c'est 700 bénévoles qui accueillent chaque année environ 5000 ménages
08:52 et nous cherchons des bénévoles pour pouvoir étendre nos actions,
08:55 accueillir plus de personnes,
08:57 faire face à cette pauvreté qui s'intensifie
09:01 et nous cherchons également toujours des donateurs.
09:03 J'en profite pour remercier les 6300 donateurs iséraux
09:07 qui nous soutiennent chaque année
09:09 et c'est grâce à eux que nous pouvons collectivement essayer
09:12 de construire une société plus juste et plus fraternelle.
09:14 - Et l'appel est lancé, on espère qu'il sera suivi.
09:16 On mettra aussi vos coordonnées sur francebleu.fr.
09:19 Merci beaucoup Audrey Amenghi d'avoir été notre invitée ce matin,
09:22 déléguée du Secours catholique en Isère.
09:24 Belle journée, merci.
09:25 écouter cet échange sur le site internet de France Bleu Iserne.