François Guggenheim, Délégué Régional du Crif en Touraine
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00:00 On va revenir ce matin sur ces actes antisémites qui atteignent des records en France, plus de 1000 en un mois.
00:05 On en parle ce matin avec notre invité, c'est le délégué régional du CRIF.
00:08 François Guggenheim, bonjour.
00:10 Bonjour.
00:11 À la base, cette marche parisienne qui est prévue dimanche contre l'antisémitisme,
00:16 elle se voulait un grand rassemblement du pays.
00:18 Finalement, ça tourne véritablement au règlement de compte politique.
00:22 Ça vous désole ? Ça vous met en colère ?
00:25 Oui, oui.
00:26 Parce que, comme très souvent, il y a des récupérations politiques qui me dépassent.
00:34 On se rend compte que sur une initiative qui me semble parfaitement saine,
00:39 des finalement deux représentants des deux chambres, le Parlement et le Sénat,
00:46 qui dans un premier temps ont fait un appel aux citoyens et à aucun autre parti.
00:56 Cet appel aux citoyens est aujourd'hui quelque peu manipulé par des partis politiques
01:05 parce que c'est la France.
01:07 Alors c'est peut-être le prix de notre démocratie.
01:09 Peut-être.
01:10 Vous dites c'est la France.
01:11 C'est la France qui est toujours compliquée quand on peut être simple.
01:15 Quand on appelle un chat un chat.
01:18 Les deux élus, les deux présidents de chambre ont appelé les citoyens.
01:23 Ils n'ont pas appelé quelqu'un d'autre.
01:25 Mais eux-mêmes sont tombés dans le piège ensuite.
01:27 Puisqu'ils ont un petit peu rétro-pédalé en disant
01:29 "je ne veux pas manifester à côté d'un tel ou d'un tel".
01:33 Moi je dis, je suis simple.
01:35 Nous sommes en France.
01:37 Nous sommes 65 ou 70 millions de Français qui sont appelés par le numéro 2 de l'État.
01:44 Le président du Sénat c'est le numéro 2 de l'État.
01:47 La présidente de l'Assemblée Nationale ça doit être le numéro 3, peut-être.
01:51 Peu importe.
01:52 Par de grands responsables politiques.
01:54 Ils appellent les citoyens.
01:56 Et derrière, pour des querelles qui nous dépassent
02:01 et qui ne sont pas dans le sujet, on dévie.
02:04 On ne parle pas d'antisémitisme.
02:06 Mais on parle de tel ou tel parti qui a eu tel ou tel comportement que je condamne.
02:12 – Je le rappelle, c'est la présence notamment du Rassemblement National
02:15 qui fait débat dans ce cortège-là.
02:18 Votre président, le président Ducriff, lui, regrette la présence aussi
02:22 de ce RN parmi les membres de cette manifestation dimanche à Paris.
02:27 Vous êtes aussi de ce même avis ?
02:30 – Je ne sais pas s'il le regrette.
02:32 Il dit que nous sommes en démocratie
02:35 et que dans une démocratie tout le monde peut défiler.
02:38 Il regrette qu'un parti qui a eu des propos antisémites
02:43 de par son ancien président ne constate pas,
02:47 ne reconnaît pas aujourd'hui ses propos anciens.
02:51 C'est la vérité.
02:52 Mais moi, je ne suis pas dans ce débat-là.
02:55 Je ne suis pas dans ce débat.
02:57 L'appel est à tous les Français.
02:59 – Vous partagez l'avis de Serge Kersfeld quand même
03:02 sur le fait qu'il se réjouit de la venue du RN
03:06 dans le sens où pour lui c'est un grand parti issu de l'extrême droite
03:09 qui abandonne donc avec cela l'antisémitisme ?
03:12 – Je vous dirais que je serais content
03:16 si dimanche il y ait un maximum de monde,
03:21 quelle que soit leur casquette.
03:23 Moi, je pense que je souhaiterais,
03:27 je pense que je n'aurais pas raison,
03:31 qu'il n'y ait aucun calico,
03:33 qu'il n'y ait aucun panneau de quelque parti que ce soit.
03:37 C'est un appel aux citoyens.
03:39 Je me souviens, le slogan qu'ont choisi
03:42 les deux présidents des chambres,
03:44 c'est "pour la République et contre l'antisémitisme, marchons".
03:50 Il n'y a pas d'appel à des partis politiques,
03:53 on est au-delà, l'antisémitisme est quelque chose en France
03:58 de très ancien, il évolue dans le temps
04:01 et il est capital pour les Juifs
04:05 que la population non-juive défile, manifeste,
04:12 pour dire "nous ne sommes pas d'accord".
04:14 Ce qu'ils pensent par ailleurs sur la politique intérieure
04:17 n'est pas le sujet de dimanche.
04:19 C'est un autre débat, on peut en discuter.
04:21 - On revient sur ce contexte-là,
04:22 effectivement, de ces actes antisémites
04:23 qui atteignent des records depuis un mois en France.
04:25 Est-ce que la communauté juive, chez nous, en Touraine,
04:27 se sent, on peut dire, épargnée,
04:29 comme on a pu l'entendre jusqu'à maintenant ?
04:32 - Épargnée, vous savez, on fait partie d'un pays.
04:34 Alors après, vous avez des petites villes,
04:37 des villes moyennes.
04:39 En Touraine, nous ne sommes pas nombreux.
04:42 Il n'y a pas beaucoup de Juifs en Touraine.
04:45 Nous ne sommes pas nombreux en France non plus.
04:48 Ne nous trompons pas.
04:50 Mais ce que l'on constate, c'est qu'à ce jour,
04:53 1 159 actes antisémites en un mois.
04:58 C'est-à-dire, alors, le débat, c'est deux fois, trois fois
05:02 ce qu'il y a eu lieu en 2022.
05:05 Un peu moins qu'en 2021.
05:07 Parce qu'en 2021, il y en avait un petit peu moins.
05:10 Ce sont des comptes macabres.
05:12 Moi, je peux en faire un autre.
05:14 Si on dit trois fois, ça veut dire 36 fois en réalité.
05:16 Parce que si ces actes antisémites continuent
05:19 12 fois, 3, ça fait 36.
05:22 Donc, on est dans une vague très importante
05:26 de l'évolution de l'antisémitisme
05:28 qu'il faut absolument arrêter.
05:31 - François Gueuneim, merci beaucoup d'être intervenu
05:34 sur France Betourenne ce matin.
05:36 On comprend bien.
05:37 A manifester dimanche à Tours pour cette mobilisation,
05:39 cette manifestation silencieuse,
05:42 avec de l'union et sans parler des classes politiques.
05:45 Ça vous ferait ça le message ?
05:47 - Absolument.
05:48 Je suis très heureux que ce soit la LICRA qui l'organise,
05:50 c'est-à-dire une association non-juive
05:52 qui appelle toute la population, tous les citoyens
05:55 à manifester contre l'antisémitisme.
05:57 - Merci à vous.
05:58 - Merci.
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