Dans la peau d'une femme qui rentre tard chez elle après une soirée... sous la forme d'une partie de jeu vidéo. | dG1fODZ0WVIxV2xweEU
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Short filmTranscript
00:00 [Musique]
00:11 [Musique]
00:37 [Bruits de la foule]
00:48 -Bonjour. -Bonjour, messieurs.
00:50 [Rires]
00:51 -Aller, revends. -C'était trop cool de te voir.
00:54 -Ouais, de nous. Ça a fait trop plaisir. -C'est bien, la fiche en fait.
00:56 -Bah oui, elle est claire. -Allez, rentre bien.
00:58 -Rentre bien. -Salut.
00:59 -Et tu m'envoies un message quand t'es rentrée, hein. -Oui.
01:01 [Bruits de la foule]
01:18 Je fais un pas dans la nuit, la soirée est finie.
01:22 Le soudain silence me hape dans un monde en discordance avec les bruits de fêtes qui résonnent dans ma tête.
01:29 Et alors que l'euphorie lentement se dérobe, la brise joueuse s'infiltre sous ma robe.
01:37 Sa caresse sur ma peau nue a comme l'air d'un rappel.
01:41 J'ai l'impression de l'entendre me susurrer à l'oreille.
01:45 Maintenant tes atouts sont tes plus grandes failles.
01:49 En proie à la nuit fauve, tu n'es plus que du bétail.
01:52 Mon sourire disparaît derrière un masque familier.
01:56 Je noircis mon regard et me durcis les traits.
01:59 Toute lueur de mon visage est aussitôt camouflée.
02:02 Je contrôle ma démarche, la rend neutre, enfin j'essaie.
02:05 J'hésite et puis je décide de passer par le boulevard même si c'est un détour.
02:09 C'est moins désert quand il est tard.
02:11 Je longe les murs au cas où je pourrais me fondre dans le décor.
02:14 Je scanne les alentours à l'affût des porcs.
02:17 Je sors les mains de mes poches, je lève la tête, je suis prête.
02:19 S'il y en a un qui me touche, je me battrai comme une bête.
02:23 T'avais dit de pas rentrer tard la nuit, de te faire accompagner s'il est plutôt mignon.
02:28 Ou au moins, je sais pas, t'aurais pu te payer un taxi.
02:31 Et qu'est-ce qui t'a pris de t'habiller si sexy ?
02:34 Y'en a un dans la rue qui va croire que c'est pour lui.
02:37 Pas très loin, occupant le même trottoir,
02:40 des mecs zonent comme des macs sur leur territoire.
02:43 N'y vaut pas traverser, j'serai encore plus remarquée.
02:46 J'enfouis l'appréhension au fond de mon être.
02:48 Je maintiens le cap, la même allure, je laisse rien paraître.
02:51 Et je prie pour passer inaperçu.
02:54 Mais parmi les maîtres des lieux, je suis l'intruse de la rue.
02:57 Mademoiselle, t'es jolie.
02:59 Ça y est, je m'engage sur le fil.
03:01 Merci.
03:03 Évacie dangereusement entre trop sèche et trop gentille.
03:06 Je garde la face lisse pour ne permettre aucune accroche.
03:09 L'examen se fait intégral à mesure que je m'approche.
03:12 Je passe devant eux, je regarde tout droit.
03:15 Je sens leurs yeux sans pudeur qui traînent sur moi.
03:18 M'enduisant de leurs désirs qui me pénètrent les porcs.
03:21 Je me crisse, pérésiste pour refluer de mon corps.
03:24 L'un d'eux me hait, je crois, je ne me retourne pas.
03:27 Je tends l'oreille. Est-ce qu'ils sont après moi ?
03:30 Je suis encore dans leur viseur, j'ose pas faire un geste.
03:33 Un seul mouvement de travers peut devenir un prétexte.
03:36 Je tourne au coin de la rue, échappant fin à leur vue.
03:39 Derrière moi, pas de bruit, je crois pas qu'ils m'aient suivi.
03:42 Maman t'avait dit de pas rentrer tard la nuit.
03:45 T'aurais pu m'accompagner s'il n'est plus de minuit.
03:48 Ou au moins, je sais pas, t'aurais pu te payer un taxi.
03:51 Et qu'est-ce qui t'a pris de t'habiller si sexy ?
03:54 Y'en a un dans la rue qui va croire que c'est pour lui.
03:57 En face d'une autre femme, brave la ville carnassière.
04:00 Je devine l'adrénaline, que réverbère sa chair.
04:03 Elle est trahie par ses talons qui claquent sur le béton.
04:06 Je me réjouis de ce son, c'est une présence amie dans mes environs.
04:10 On est vêtus d'indifférence mais elle me sent.
04:13 Ça me fait sourire car je sais qu'elle aussi en a conscience.
04:16 Et alors je réalise qu'on a chopé la même cadence.
04:19 Nos pieds battent sur le bitume, entraînés dans notre connivence.
04:22 La rue résonne à nous, au rythme de nos percussions.
04:25 À l'unisson, nous avançons comme des soeurs d'art en mouffront.
04:28 Et résolument, je me promets que si elle se trouve en danger, je viendrai la protéger.
04:35 Bizarrement, je suis rassurée par ce genre de pensée.
04:39 Soudain, le bifurque dans une ruelle, rompant notre lien.
04:42 Ébranlé, je veux lui dire "m'abandonne pas, reviens".
04:45 Mais mes jambes m'emmènent, déjà loin d'elle, sur mon chemin.
04:48 Je n'entends plus que mes pas, ouatés par la nuit dense.
04:54 Il sonne bien seul, ainsi étoffé de silence.
04:57 Je ressens un léger froid, mon vêtement laissant très l'air.
05:00 Je me répète ces mots, comme une prière.
05:03 C'est bon, pas de quoi flipper, j'ai plus tant que ça à marcher.
05:06 Y'a pas de raison qu'il y ait un problème, tout va bien se passer.
05:09 Maman t'avait dit de pas rentrer tard la nuit.
05:18 De te faire accompagner s'il est plus de nuit.
05:21 Ou au moins, je sais pas, t'aurais pu te payer un taxi.
05:24 Et qu'est-ce qui t'a pris de t'habiller si sexy ?
05:27 Y'a quelqu'un qui te suit, il croit peut-être que c'est pour lui.
05:30 Ils te racontent pas d'histoire, c'est sûrement un hasard.
05:33 Enfin c'est bizarre, pourquoi restent-ils sur le même trottoir ?
05:35 J'peux pas me retourner sans lui trahir ma peur.
05:38 Qui pourrait éveiller même un bon promeneur à son instinct de chasseur.
05:41 Ok, je jette un oeil discret dans le reflet d'une vitrine sur le côté.
05:45 Je vois rien avec sa capuche, l'image est comme brouillée.
05:48 Je fais quoi, je cours ?
05:50 Quand même, ça fait con de partir au quart de tour.
05:52 Mais c'est encore plus con si je meurs d'avoir eu peur d'avoir l'air con.
05:55 Enfin s'il me suit pour de vrai, il va me rattraper en deux ratés de cœur vu comme j'ai mal au pied.
05:59 Plus j'ai jamais été pendant une course.
06:00 J'crois qu'il s'est rapproché.
06:01 Bon, j'me retourne, j'lui fais face.
06:03 J'peux pas, j'ai pas l'audace.
06:05 J'vais juste un peu accélérer.
06:06 Ou plutôt ralentir, pour le laisser passer.
06:08 Le même rythme, j'garde le même rythme.
06:10 Ne laisse pas ton pas lui traduire ta crainte tacite.
06:13 Ta peur est l'étincelle pour le feu vert du prédateur.
06:16 Ta peur est la faille où s'engouffre l'agresseur.
06:18 J'entends un bruit, qu'est-ce qu'il fait ?
06:20 J'passe ma main dans mes cheveux au cas où lui viendrait l'idée de me les tirer.
06:22 J'me repasse comme je peux, c'que j'ai appris en self-défense.
06:25 C'est pas vrai, c'est pas en train de m'arriver.
06:26 Je suis sur ma clé tellement je la serre dans mon poids improvisé américain.
06:30 Dans mon dos, sa présence se densifie.
06:32 J'suis pas sûre de réussir, je vois son ombre s'agrandir.
06:35 La gueule ouverte, elle aine de mort et des ténèbres.
06:37 Il me dépasse sans s'arrêter.
06:54 Je tape le code, les mains encore tremblantes.
06:57 J'rentre chez moi, tout va bien.
06:59 En fait, je suis vivante.
07:01 L'ai-je croisé, ce violeur contre qui on m'a tant prévenu ?
07:04 Se cache-t-il parmi ces hommes que je vois dans la rue ?
07:07 Déjà à moitié endormi, je me glisse dans mon lit et je me dis...
07:11 J'aurais voulu être capable de marcher dans Paris,
07:17 simplement enivrée par le charme de la nuit,
07:20 sans me sentir obligée de me payer un taxi.
07:23 Et si j'ai envie de m'habiller sexy,
07:26 faut-il qu'il y en ait un dans la rue qui croit que c'est pour lui ?
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07:46 Merci à tous !
07:48 Merci.