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00:00 [Musique]
00:18 Bonjour, son excellence monsieur l'ambassadeur, et merci d'avoir accepté l'invitation du
00:22 Majiba Club pour cette interview.
00:25 Alors, avant toute chose, j'aimerais un peu vous briefer sur la structure de cette interview.
00:31 Premièrement, j'aborderai des questions qui sont liées vraiment au Congo de manière
00:36 générale, parce que j'imagine bien que c'est sur ce sujet que vous êtes le plus
00:39 calé.
00:40 Et puis, dans un second temps, j'aborderai des questions à l'échelle africaine, disons,
00:44 où vous aurez l'opportunité de nous donner vos perspectives, ainsi que votre point de
00:49 vue sur le développement du continent africain.
00:51 Et puis encore, j'aimerais vous inviter à vous présenter pour que vous puissiez nous
00:55 faire part éventuellement de votre parcours, de votre expérience, mais aussi de votre
00:58 rôle aujourd'hui en tant qu'ambassadeur de la République du Congo ici à Bruxelles.
01:02 Merci, merci infiniment d'être venu.
01:05 Je suis Léon Raphaël Mokoko, ambassadeur extraordinaire et plein de potentiel de la
01:11 République du Congo, au royaume de Belgique, au royaume des Pays-Bas et aussi à Luxembourg.
01:18 Je suis également le représentant permanent de la République du Congo auprès de l'Union
01:22 européenne.
01:23 Alors, je suis à ce poste d'ambassadeur à Bruxelles depuis six ans maintenant.
01:29 Et avant cela, j'ai occupé plusieurs fonctions dans mon pays, à Brazzaville, des fonctions
01:37 de chef de service, de directeur, de directeur général.
01:41 J'ai été député élu, député national et j'ai été également membre du gouvernement,
01:49 notamment ministre au département de l'économie et du plan.
01:54 Et à suite de cela, j'ai été affecté à Bruxelles comme ambassadeur.
02:00 Il faut se dire que j'ai beaucoup travaillé sur les questions économiques et les questions
02:08 de développement, simplement parce que je suis économiste et j'ai beaucoup travaillé
02:14 sur les modèles économiques, sur la programmation économique, sur les investissements, aussi
02:20 sur les questions de développement, aussi bien dans mon pays, en Afrique centrale et
02:25 en Afrique du Congo.
02:27 Voilà, grosso modo, comment les choses se présentent.
02:30 Très bien, merci beaucoup.
02:31 Merci beaucoup pour cette introduction.
02:33 Alors, pour rentrer dans le vif du sujet, je vais vous poser la première question qui
02:38 est une question que beaucoup de personnes se posent, j'imagine.
02:41 Elle concerne l'exportation des matières premières parce qu'on sait que beaucoup
02:45 de pays africains sont spécialisés dans l'exportation des matières premières et
02:51 en particulier le Congo.
02:52 Si on prend par exemple le secteur pétrolier du Congo à Brazzaville, ça représente 60%
02:56 du PIB, 80% des exportations.
02:58 Et selon nous, la République du Congo se retrouve vulnérable justement aux fluctuations
03:03 des prix du baril du pétrole et on l'a vu notamment récemment en 2014, lorsqu'il
03:07 y a eu une baisse brutale des prix du pétrole, le Congo Brazzaville est entré en récession.
03:12 Alors, ma question est la suivante.
03:13 Quel est selon vous l'avenir d'une économie basée sur l'exportation des matières premières ?
03:17 Il n'y a aucun avenir, naturellement, parce que les fondements de l'économie, lorsqu'elle
03:24 est assujettie à l'exportation de ce type de produits primaires, évidemment, on est
03:32 sous le joug de la fluctuation des prix au plan mondial.
03:36 Et cette spéculation au plan mondial n'avantage que les importateurs, c'est-à-dire ceux
03:42 qui ensomment ces produits.
03:44 Et c'est là justement le fondement de la vulnérabilité de nos économies.
03:50 Dans tout état de cause, si les pays africains, si la République du Congo veut s'en sortir,
03:55 il s'agit non pas de continuer à développer ces formes de slogans, mais plutôt d'aller
04:03 dans la réalité de la transformation industrielle.
04:06 Voilà le grand problème.
04:07 Donc, la transformation intérieure dans nos États doit constituer une espèce de rupture,
04:14 un cardigme entre ce que la colonisation nous a légué, parce qu'on était des colonies
04:22 de production de matières premières, les points d'ivoire, de l'or, du diamant, les
04:27 autres ressources minérales, dont l'économie coloniale en avait besoin.
04:33 Et nous avons continué avec ce schéma jusqu'à aujourd'hui.
04:36 Et très peu de transformation.
04:38 Et lorsqu'on a essayé de le faire, c'était sur des choses absolument triviales.
04:42 Et ce qu'il faut faire, ce qu'il faut commencer à faire, c'est cette transformation de manière
04:48 intégrée, c'est-à-dire que vous produisez du bois, il faut que vous ayez des équipements
04:54 ou de la machinerie nécessaire pour permettre, par exemple, une agglomération des moyens
05:00 communs pour que les ouvriers qui travaillent produisent la bonne matière, qu'elle soit
05:05 acceptée localement parce qu'elle est qualitative, qu'elle soit acceptée également par les
05:10 marchés extérieurs.
05:13 Vous allez regarder les chiffres du commerce extérieur, comment est-ce que nos pays importent
05:18 nos mobiliers, particulièrement du chine.
05:22 Avec quel bois ? La Chine importe du bois d'Europe, mais principalement d'Afrique.
05:28 Et quand il nous est retourné, ce n'est pas du bois, mais c'est plutôt les débuts de
05:32 bois, les poussières de bois, qui sont agglomérées et qui nous sont réexportées.
05:37 Alors qu'au plan local, nous aurions pu avoir nos minusiers à nous qualifiés, nos
05:43 chaffranthiers à nous qualifiés pour travailler sur la matière du bois.
05:47 Voilà quelques exemples que je voulais…
05:49 Mais justement, ce que je retiens de votre réponse, c'est que vous avez mis l'accent
05:54 aussi sur le processus d'industrialisation qui doit être mis en place, je pense.
05:58 Et quels éléments pourraient justement amener ce processus d'industrialisation-là ? Est-ce
06:03 que ce sont des nouvelles politiques qui doivent être mises en place pour justement pousser
06:07 les jeunes à se former, pousser les jeunes à faire des études d'ingénierie par exemple ?
06:11 Quels sont les éléments qui pourraient permettre de mettre ça en place ?
06:15 C'est d'abord une responsabilité publique, une responsabilité politique, parce que les
06:22 autorités doivent organiser la formation pour créer les niveaux de métiers pour lesquels
06:30 l'économie a besoin. Nous, nous avions des enseignants qui étaient européens.
06:37 Mais aujourd'hui, il y a presque plus d'européens. Mais est-ce que les enseignants sont de bonne qualité ?
06:45 Voilà le problème. Donc, il faut qu'il y ait l'enseignement fondamental, ça c'est
06:51 indéniable, mais il faut que nous poussons également les enseignements vers ce que l'économie
06:56 en a besoin. On forme les gens dans les sciences humaines, dans les sciences sociales, etc.
07:02 Mais on ne forme pas assez dans le domaine de l'ingénierie, quelle que soit la spécialité.
07:08 Et c'est vers là qu'il faut migrer. C'est une responsabilité publique dont les ressources
07:13 de l'État doivent être concentrées dans le renforcement des capacités humaines, de
07:19 façon à ce que les gens soient en mesure de se mettre au travail et de produire ce
07:24 dont la population a besoin, ce dont l'économie a besoin. Il faut commencer par là.
07:30 Mais justement, pour rebondir sur ce point, quand vous parlez de la pérennité de l'économie,
07:34 ne pensez-vous pas que ça passe aussi par une diversification de l'économie ?
07:37 C'est ça la diversification, effectivement. Parce que lorsque vous avez une production
07:42 agricole, vous avez la transformation. Ce qui veut dire que vous avez créé des chaînes
07:49 de valeurs qui concernent la production elle-même, qui concernent la conservation, qui concernent
07:59 l'exportation, le transport. Et tout cela, tout au long de cette production, vous avez
08:06 des chaînes de valeurs qui se constituent. Donc autant d'entreprises qui se constituent.
08:11 Et maintenant, il faut pérenniser le fonctionnement de toute cette économie à des politiques
08:20 publiques crédibles, c'est-à-dire les politiques fiscales adaptées, les politiques d'environnement
08:25 adaptées, les politiques de protection. Vous savez, l'économie, c'est la concurrence.
08:33 L'économie, c'est la protection de l'État des concurrences, donc des lois de marché.
08:40 Parce que si elles sont biaisées quelque part, il est clair qu'il y en a qui vont perdre.
08:44 Comment peuvent-elles être biaisées ? Vous avez ce qui est importé, on ne paye pas les
08:51 taxes, on ne paye ni douanières ni fiscales. Alors ce qui est produit sur place, vous payez
08:57 les taxes fiscales. Donc cette inégalité dans le traitement des différents opérateurs,
09:05 des différents entreprises, va biaiser et provoquer la mort des entreprises locales.
09:10 Donc il faut qu'il y ait un respect des lois de concurrence au niveau local, de façon
09:17 à ce que l'économie soit en mesure de continuer à croître.
09:22 Très bien. Mais justement, quels sont selon vous les secteurs à haut potentiel de l'économie
09:27 congolaise ? Alors, vous avez l'agriculture. Pourquoi l'agriculture ? Parce que la République
09:37 du Congo a des forêts, c'est vrai, a des savannes, a l'eau, donc des fleuves et des rivières,
09:45 l'hydrographie est dense et vous avez la côte maritime. Donc en prenant ces éléments
09:53 en ligne de compte, vous avez là toute votre vision pour fonder une économie ou l'économie
10:01 congolaise. Donc l'économie de l'agriculture, par la production, pour satisfaire les besoins
10:07 de consommation impérieurs, mais également pour transformer. Alors vous avez, bien sûr
10:14 le pétrole, il va finir, et puis le pétrole aujourd'hui est de plus en plus décrié,
10:21 du fait que cela touche les questions d'environnement. Et si vous voyez notre côte, elle est polluée
10:31 par cette production pétrolière et ça va, la conséquence immédiate, c'est que les
10:39 eaux alentour de pointes noires en font perdre toute vie hallutique. Et ça, c'est une difficulté.
10:49 Donc vous avez l'agriculture, vous avez la forêt, et puis vous avez les ressources
10:53 minérales. Je me dis que la transformation de ces ressources sera utile.
10:58 Très bien. Alors jusqu'ici, vous avez beaucoup parlé de transformation et récemment, il
11:03 y a eu une mesure très intéressante de la part du gouvernement zimbabween qui a interdit
11:09 l'exportation sous forme brûle du lithium provenant de son sol. Et donc en obligeant
11:13 les entreprises étrangères à s'installer sur le territoire zimbabween pour justement
11:16 apporter déjà des premières transformations avant de l'exporter. Et moi ma question,
11:21 c'est simplement que pensez-vous de ce genre d'initiative et pensez-vous que la République
11:24 du Congo devrait s'en inspirer ?
11:26 Mais justement, c'est de cela qu'il s'agit. Parce que lorsque une matière est straite
11:31 et qu'elle ne subit même pas les premières transformations, c'est-à-dire qu'elle
11:36 ne crée pas suffisamment de valeur ajoutée, elle ne crée pas suffisamment d'emplois.
11:42 La valeur ajoutée, c'est la richesse et l'emploi. Et donc là, la boucle économique
11:50 ne peut pas être bouclée. Parce que pourquoi une économie doit croître ? Pourquoi elle
11:57 augmente de valeur ? Elle augmente de valeur parce qu'on produit, on consomme et on produit.
12:07 Parce qu'on produit et lorsque c'est vendu, ça demande qu'on produise davantage. Et puisqu'il
12:14 faut produire davantage, donc il faut davantage d'emplois. Et ce qui arrive nouvellement
12:18 sur le marché de l'emploi et qui est en ressource, c'est qu'on consomme. Et puisqu'on consomme,
12:26 donc il faut produire à nouveau, encore un peu plus. Et parce que si on ne le fait pas,
12:32 et puisque le besoin de consommation est là, et puisqu'il n'y a pas de produit pour
12:37 consommer, qu'est-ce qu'on fait ? On importe. Alors pour ne pas importer, il faut augmenter
12:42 le produit national. Donc la production nationale, il faut l'augmenter pour satisfaire le besoin
12:47 nouveau qui est apparu. Et lorsque vous avez fait ça, la boucle économique est bouclée.
12:52 Là, l'économie est en bonne croissance, parce que cette croissance est une croissance
12:57 qui induit la production et l'emploi. Et donc une bonne augmentation de la valeur ajoutée.
13:04 S'il n'y a qu'une augmentation des ressources budgétaires, du fait de l'exportation du
13:10 pétrole brut, alors c'est de l'argent qui rentre dans les caisses d'État qui n'augmente
13:16 ni l'emploi, ni la production. C'est la production brute. Vous savez, le pétrole
13:24 est produit au large de la mer. Donc vous ne voyez pas la production. On charge les
13:28 bateaux et c'est parti. Donc vous avez l'argent pour régler les problèmes, mais il faut régler
13:34 les problèmes de la transformation industrielle, de la diversification de l'économie.
13:39 Donc vous avez une production agricole, vous avez une production minière, vous avez les
13:45 unités de transformation, de conservation, vous avez les moyens de transport, vous avez
13:55 les circuits pour la commercialisation, vous avez les circuits de l'exportation, et c'est
14:02 ça l'économie. Produire et vendre ce qui est brut, ce n'est pas ça l'économie.
14:08 Tout à fait. Merci encore pour cette réponse. Alors tout autre sujet. Dernièrement,
14:14 j'étais à Pointe-Nord et je voyais un peu partout des panneaux publicitaires parlant
14:19 du projet de la Zéléka. Au départ, je ne savais pas vraiment ce que c'était. Je pense
14:23 qu'aujourd'hui, c'est toujours un projet qui est méconnu du grand public. Alors est-ce
14:26 que vous pourriez nous parler un peu de ce projet-là et donner justement la position
14:29 de la République du Congo par rapport à ce projet ?
14:32 Donc ça, c'est une très belle question. D'abord, la faiblesse des économies africaines,
14:39 c'est le manque d'échange entre les pays. Le taux d'échange, c'est-à-dire le commerce
14:51 entre les pays africains, quand je dis région par région, je prends la région d'Afrique
14:57 centrale, ne dépasse pas les 8%. C'est relativement faible et c'est significatif de l'état
15:08 de sous-développement. La FIB de l'Ouest, qui est un peu plus avancée, le taux ne dépasse
15:16 pas les 18%. Alors la Zéléka, c'est effectivement l'occasion d'ouvrir les frontières, de faire
15:30 sauter les frontières douanières, que les échanges se fassent de manière libre et
15:36 aux consommateurs de consommer ce qui lui paraît le plus intéressant, c'est-à-dire
15:43 la relation de la qualité et le prix. Cette ouverture du marché commun africain est de
15:51 nature à booster la production, à inciter les gens à produire suivant les normes généralement
15:58 acceptées, à introduire la notion de métrologie dans le fonctionnement de notre production
16:04 parce que vous avez encore, à Pointe-Noire, ça doit se passer comme ça, on ne vend pas
16:11 et non par kilo. Donc il faut que cette notion de métrologie soit imbibée de cette notion
16:20 de façon à savoir si nous vendons plus cher ou moins cher et pourquoi. Parce qu'il faut
16:25 vendre moins cher par rapport aux autres pour être concurrentiel, non pas pour perdre de
16:30 l'argent pour en gagner davantage. Alors la Zélicap'h c'est l'occasion justement des pays
16:36 de pouvoir exporter au plan interne et que cette libre circulation crée de la valeur
16:44 ajoutée pour les pays qui travaillent. Alors notre pays a ratifié cet accord et donc j'espère
16:57 qu'on se prépare à améliorer les conditions de production et surtout la qualité pour
17:04 être compétitif sur le marché africain. Et ça c'est fondamental pour chacun des producteurs
17:10 puisque chacun est sûr de gagner de l'argent sur le marché africain.
17:13 Désormais je vais passer au dernier volet de notre interview qui est donc les questions
17:18 portées à l'échelle de l'Afrique. Alors ma première question concerne l'investissement
17:23 en Afrique. J'aimerais savoir comment percevez-vous l'investissement massif des entreprises chinoises
17:28 en Afrique et pensez-vous que les relations commerciales chinois-africaines seront plus
17:32 à l'avantage ou au désavantage des économies africaines ?
17:35 Lorsque la Chine a commencé à développer cette politique d'investissement massif en
17:40 Afrique, ça a été à la gloire de tous les États parce que c'était la création des
17:47 infrastructures routières, ferroviaires, la construction des bâtiments, et ainsi de
17:53 suite. Alors très vite on a été confronté à un premier problème sur la qualité des
17:58 travaux. Alors certaines politiques ont été revues pour dire voilà il faut que les comptoirs
18:04 soient mieux étudiés. Et deuxièmement, on a eu une deuxième difficulté, effectivement
18:10 celle de la gestion de ces projets. Je prends la ligne de chemin de fer qui part de Addis
18:19 Ababa jusqu'à la confine de la mer, à Samara. Et troisièmement, le problème de remboursement
18:33 parce que tout de suite les États africains sont arrivés à un hyper endettement et n'ont
18:39 plus les moyens de rembourser. Et la Chine, elle, elle est bloquée par le fait qu'elle
18:45 ne négocie pas sa dette, il faut la rembourser. Si vous ne la remboursez pas, ils vous prennent
18:51 partout le territoire. Comme ils l'ont fait au Ceylon, ils ont pris le port du Ceylon
18:57 qui est un temps pour nous profond pour 99 ans. Même si aujourd'hui ils ont dû reculer
19:04 parce que c'était des choses pas acceptables. C'était ça. Alors voilà l'investissement
19:10 chinois parce que lorsqu'il est déployé, les études ne sont pas totalement solides
19:17 pour pouvoir soutenir les montants qu'ils mettent. Mais eux, ils savent pourquoi ils
19:22 le font. Parce que si vous ne remboursez pas, évidemment, ils doivent accrocher quelque
19:27 chose pour être sûrs qu'ils seront remboursés à un moment donné ou à l'autre. Voilà
19:30 le problème du chinois. Aujourd'hui, ça va plus lentement et il y a une chute spectaculaire
19:36 de cet investissement. Dans le cadre de la République du Congo, au cours des six dernières
19:42 années, l'investissement chinois est quasiment nul. Parce qu'il y a des problèmes dans
19:48 le remboursement, mais pas que. Il y a aussi les questions de traitement comme on le fait
19:54 généralement avec le club de Londres, le club de Paris, où lorsqu'on arrive à rembourser
19:58 une dette, on fait un rationnement. Donc on prend la dette, on la remet dans la patte,
20:03 ensuite on fait l'accordéon, c'est-à-dire une période plus longue, même si on va
20:08 payer un peu plus d'intérêt, avec des échéances plus douces à la dimension des
20:13 capacités du pays pour que les échéances soient assurées effectivement. Ce que la
20:19 Chine n'a jamais voulu. Et même au niveau de la Banque mondiale du fonds monétaire,
20:23 on a appelé la Chine à participer à ces grandes réunions où on parle des questions
20:28 de financement au plan mondial, aussi des questions de traitement de la dette. Parce
20:33 que beaucoup de pays aujourd'hui africains vont arriver à une situation où ils ne seront
20:39 plus en mesure de rembourser la dette chinoise. Ça a été le cas de la République du Congo,
20:43 c'est le cas de certains autres pays comme la Guinée, comme le Mali, qui sont, je ne
20:50 dirai pas ce qui se passe, mais comme le Mali et bien d'autres qui ont du mal, comme
20:55 les Zimbabwe d'ailleurs, qui ont du mal à rembourser la dette chinoise. Et c'est peut-être
21:00 ce qui explique en partie la baisse des interventions de la Chine, qui aujourd'hui oriente sa politique
21:07 beaucoup plus vers la route de la soie pour développer des investissements dans les grands
21:12 pays comme l'Italie, qui adhère à cette politique. Donc, le problème de la Chine,
21:17 voilà là où nous en sommes. Très bien. Et puis, ma dernière question concerne un
21:23 peu les enfants de l'Europe ou les personnes, donc, membres des différentes diasporas africaines.
21:31 Quel est selon vous le rôle qui peut être joué par les diasporas africaines afin de
21:35 contribuer au développement économique du continent africain?
21:38 Alors, beaucoup, beaucoup. Leur apport peut être déterminant à plusieurs égards. Parce
21:47 qu'ils bénéficient aujourd'hui des possibilités de financement. Ils ont été formés dans
21:55 les écoles. Ils développent l'expérience par rapport à ce qu'ils ont fait et par
22:04 rapport à là où ils travaillent. Et donc, ils peuvent apporter beaucoup. Nous avons
22:09 examiné cette question à un moment donné. On s'est aperçu qu'il était difficile
22:14 à eux de faire un bac dans le pays parce qu'ils ne trouvaient pas les conditions requises
22:24 pour s'installer, même provisoirement. Pour plusieurs raisons. Nous avons des problèmes
22:30 d'approvisionnement réguliers en eau, en électricité. L'hôpital n'est pas au
22:34 point. L'école s'attitume. Rien que pour cela, ils se disent, bon, pour les vacances
22:40 ça peut aller, mais pour développer une activité, c'est compliqué. Sans oublier
22:46 que les États africains sont traversés par un phénomène congraineux qui s'appelle
22:51 la corruption. C'est-à-dire que vous n'avez pas le même traitement dans l'organisation
22:57 de vos affaires. Vous avez ceux qui payent les impôts et ceux qui n'en payent pas.
23:03 Et à cela s'ajoute le harcèlement fiscal ou parafiscal ou extrafiscal, simplement à
23:10 cause de cette question de corruption. Et ça, justement, c'est le problème. C'est
23:16 notre problème. Ce n'est pas les prises légales d'intérêt. Pas du tout. Ce n'est
23:24 pas ça qui nous préoccupe. C'est plutôt la corruption active. C'est ça. Et ça,
23:30 c'est un mal qu'il faut absolument éradiquer parce que sinon, il sera difficile pour nous
23:35 de pouvoir bénéficier de l'appui de la diaspora. On organise au niveau des ACP, Afrique
23:43 Caraïbe Pacifique, le CGCI à Bruxelles. Moi, je suis membre du comité des ambassadeurs
23:51 des ACP. Nous avons organisé un symposium sur la diaspora. Comment capitaliser l'efficacité
24:04 de la diaspora pour faire retourner dans nos pays les capitaux, aussi bien techniques,
24:13 c'est-à-dire la tête, et financiers, c'est-à-dire l'argent, pour servir d'investissement
24:19 en Afrique. Et dernièrement, c'est courant le mois d'avril qu'il y a eu un forum mondial
24:34 au Nigeria sur la question parce que le Nigeria refile à son pays, la diaspora nigerienne
24:41 refile à son pays 20 milliards d'euros chaque année. Vous avez vu aussi qu'au niveau européen,
24:51 il y a des autorités politiques qui ont voulu commencer à taxer les transferts vers l'Afrique
24:58 parce qu'ils pensaient que ça n'était trop, cet argent pouvait servir à être investi
25:02 en Europe. Donc c'est ça. Le rôle peut être déterminant si seulement les conditions
25:09 de base sont préparées pour recevoir cette diaspora pour qu'elle investisse de manière
25:13 saine et crée les entreprises. Ce serait déterminant.
25:17 Très bien, merci beaucoup. Merci beaucoup pour cette réponse, pour
25:22 ces réponses, pour cet entretien, Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur. Merci encore une fois
25:26 d'avoir accepté l'invitation du Madiba Club et d'avoir donné de votre temps pour répondre
25:31 à nos questions et au plaisir de refaire d'autres projets avec vous. Merci beaucoup.
25:37 C'est un plaisir de partager et je vous remercie de votre dynamisme et aussi de vos capacités
25:44 et vos qualités de recherche pour voir un peu plus loin et être un peu plus efficace
25:49 que nous parce que notre génération, peut-être que nous avons échoué à la mission essentielle
25:57 de guider les choses dans les pays, dans les régions, dans le monde. En tout cas, merci
26:02 à vous et félicitations.
26:04 Merci.
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