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Personnes
Transcription
00:00 Avant d'arriver sur les réseaux sociaux, je pensais à me tuer.
00:02 Je vais vous parler de suicide en buvant mon cappuccino dans ma tasse Reine des Neiges.
00:05 Je viens de me rendre compte que mon pull est à l'envers.
00:06 Je m'excuse d'avance parce que cette vidéo est difficile à faire pour moi, même si on dirait pas.
00:10 C'est un peu mes défenses, on va dire.
00:11 Ça sera du one shot.
00:12 Pour moi, c'est ce que je voulais mettre fin à mes jours, tout simplement en arrêtant de prendre ça.
00:15 D'ailleurs, il faut que je le prenne.
00:17 Attendez.
00:17 Dégueulasse.
00:20 Arrêter de prendre son traitement, c'est ce qu'on appelle un suicide long.
00:22 C'est volontairement arrêter son traitement et attendre que le sida se développe et en mourir.
00:29 À ce moment-là, ça faisait déjà 10 ans que je vivais avec le VIH.
00:32 Je sais, c'est rien comparé à des personnes qui le sont depuis 20 ans ou plus, depuis 30 ans.
00:35 Des personnes qui ont connu l'AZT ou une époque où il n'y avait pas les traitements.
00:38 Pour une fois, je vais vraiment vous parler là de ce qui s'est passé dans ma tête.
00:41 Et je pense dans la tête de beaucoup de gens.
00:43 Ça a été 10 ans de solitude.
00:45 Il faut savoir que tout ce que je sais aujourd'hui sur le VIH, c'est grâce à vous, à mes abonnés,
00:49 qui m'ont permis de me poser des questions et aussi de me donner des réponses.
00:51 Mais il y a 3 ans, je ne savais même pas que je pouvais faire des enfants.
00:53 D'ailleurs, je n'ai pas fait d'enfants parce que mes médecins ne m'ont jamais expliqué que c'était possible.
00:56 Alors que pourtant, ils savaient que j'en voulais.
00:58 On m'avait fait flipper avec les surinfections.
01:00 J'avais attendu 6 ans pour qu'on me dise que je n'allais pas mourir.
01:02 Et encore depuis 4 ans, en fait, on était très flous.
01:04 Et on disait simplement qu'il fallait que je fasse gaffe, mais je ne comprenais pas vraiment.
01:07 Je voyais bien que j'allais bien, mais j'avais l'impression que la société me renvoyait,
01:09 que j'étais sale et que c'était extrêmement grave ce que j'avais.
01:12 J'avais vécu aussi la perte de la quasi-totalité de mes amis. J'ai heureusement gardé mes 2 meilleurs amis.
01:18 Mais surtout, 10 ans d'insultes, de menaces de mort, de peur que les gens se mettent en tête
01:22 qu'ils peuvent porter plainte contre moi pour tentative de meurtre ou empoisonnement.
01:25 Je parle de 4 personnes qui ont pété les plombs.
01:27 Oui, une personne a voulu porter plainte contre moi pour tentative de meurtre
01:29 parce que j'avais pris un café avec lui et il ne savait pas que j'avais le VIH.
01:32 Sans parler des 3 ans de maltraitance proctologique que j'ai eues avec la co-infection,
01:35 qui se rajoutait déjà à de l'homophobie, ça commençait vraiment à faire beaucoup.
01:39 Pourquoi est-ce que je vous dis tout ça ?
01:40 Parce que j'ai eu un commentaire ce matin qui disait que ma communication était dangereuse
01:44 parce qu'elle minimisait les gens qui mourraient du sida.
01:46 Désolé d'être un petit peu concerné.
01:48 Et oui, ça m'a blessé.
01:49 Parce que je sais que si j'avais pas eu les réseaux, possiblement que je...
01:53 Eh, ça vient !
01:55 Cappuccino, renne-nenne.
01:56 Je sais que si j'aurais pas eu les réseaux, je sais pas si je serais vivant aujourd'hui
01:59 et que j'essaierais simplement de donner toutes les informations que j'aurais aimé avoir
02:02 en essayant de donner toute la joie de vivre qu'on a pu me retirer pendant 10 ans.
02:05 Pour moi, c'est important de parler du VIH en disant qu'on a le droit de vivre, on a le droit d'être heureux.
02:09 Sans oublier que si je fais tout ça, c'est bien évidemment parce que je sais que c'est juste...
02:13 Parce que c'est juste horrible, en fait, ce qu'on vit.
02:15 Mais ce qu'on vit, c'est pas à cause du VIH, ce qu'on vit, c'est à cause du comportement des gens.
02:18 Voilà, ça va mieux, c'est sorti.
02:20 Bon, je vous fais des bisous et puis je me remets en mode de...
02:22 Oui, ma défense, c'est l'humour.
02:24 Vous savez très bien que généralement, plus on a d'humour, plus c'est que ça a été la merde.
02:28 Ridicule j'ai pleuré avec mon cul à l'envers quoi...