Haïm Korsia (grand rabbin de France): "Si on fait de la lutte contre l'antisémitisme une grande cause nationale, on arrivera à faire quelque chose"

425 personnes ont été interpellées pour commission d’actes antisémites ces dernières semaines, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Transcript

00:00 d'accord avec ça et je sais comment ça s'appelle, c'est ce que je demande depuis des années,

00:03 ça s'appelle "grande cause nationale". C'est simple, quand le président de la République,

00:08 Jacques Chirac, a dit "je ne supporte plus d'avoir 12 000 morts par an par accident de la route",

00:13 il en a fait une grande cause nationale, on a tous perdu des points, on a vraiment massacré ceux qui

00:18 dépassaient les vitesses, c'est-à-dire qu'on a saisi les véhicules, on a changé nos habitudes,

00:22 et on est passé, il y en a toujours trop, on est passé à 3 000 morts, ça veut dire qu'on a divisé

00:27 par 4 le chiffre. Si on fait de la lutte contre l'anthémitisme une grande cause nationale,

00:32 vraiment si on mobilise tout le monde, on arrive à faire quelque chose. Je voudrais juste,

00:35 si vous permettez, non pas pondérer, parce que vous avez éminemment raison, mais d'abord moi je

00:40 le verrai plutôt que 2012, je le verrai début des années 2000. Parce que là, on nous disait

00:46 clairement, moi je travaillais avec mon prédécesseur, on nous disait clairement "écoutez, n'en parlez pas

00:52 trop, ça risque de faire des répliques", parce que vous avez raison, on ne savait pas comment gérer

00:57 un anthémitisme de proximité, des banlieues, des gens qui vivaient tout le temps ensemble,

01:01 dans des quartiers, vraiment ensemble, et qui brusquement se dressaient les uns contre les

01:06 autres, c'est la première chose. La deuxième, j'ai reçu énormément de messages de soutien,

01:12 énormément, et tout le monde a reçu des messages de soutien, des catholiques, des protestants,

01:17 des musulmans, des athées, tout le monde. Des gens, je vous assure, qui me disent "s'il faut, je t'assure,

01:24 je viens, je garde les synagogues", de toutes les origines de la société, de partout. Les gens

01:30 aimeraient faire quelque chose. Et c'est une ultra minorité qu'on ne sait pas gérer parce qu'on ne sait

01:36 pas être assez ferme. Là maintenant, oui il faut l'éducation, mais sur la génération d'après,

01:41 mais la génération maintenant qui croit qu'elle peut tout faire, et qui se sent avalisée par un

01:45 discours politique, qui a une responsabilité énorme. Donc quand vous vous dites "je vais faire quelque

01:52 chose, un, je risque pas grand chose, deux, je sens bien que je suis soutenu par les gens qui vous

01:56 disent en plus "c'est ça la France", autrement dit "je vais taper des juifs et ça sera moi la France,

02:01 ce jour-là je serai le visage de la France", enfin je schématise, je dramatise comme vous voulez,

02:06 mais la réalité c'est ça, c'est que non seulement vous avez une désinhibition, dont vous rappeliez

02:10 que le président de la consistoire, il le dit, il a raison, il est avocat en plus, il le voit dans

02:15 les prétoires, mais en plus vous avez le sentiment d'être pour une certaine partie un héros, mais

02:22 pourquoi ne pas le faire ? Donc il faut qu'on casse ce schéma.