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Plus de six ans après sa promesse, Emmanuel Macron inaugure l'un de ses plus grands projets culturels. Il s'agira du "cœur battant de la francophonie", selon la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak.

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Transcription
00:00 La 2e raison, je l'évoquais, c'est que le français
00:03 est la langue de l'universalité, de la liberté.
00:08 Et dans le moment que nous vivons,
00:11 c'est sans doute plus qu'utile de le rappeler.
00:14 L'accent immortel de la langue française,
00:16 sa vibration la plus intime,
00:18 c'est sans doute la révolte de la pensée face à l'arbitraire,
00:23 l'effort d'une sensibilité vers l'idéal.
00:26 C'est d'avoir été la langue du doute cartésien,
00:30 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
00:33 de Jacques Husse,
00:35 d'avoir forgé le traité sur la tolérance
00:37 et le dernier jour d'un condamné.
00:39 Et il lui restera toujours quelque chose dans son architecture,
00:43 comme une facilité à offrir ses résonances à l'aveuve,
00:45 l'orphelin et l'opprimé,
00:47 une invitation à prêter ses échos
00:50 aux champs universels de la liberté.
00:53 En disant cela,
00:56 il ne faut pas avoir une seule seconde d'angélisme.
01:00 La propagation du français dans nos régions,
01:03 comme à travers le monde, dans nos colonies,
01:06 s'est faite aussi par la contrainte.
01:09 Son sacre s'est aussi fait contre ses valeurs.
01:13 Mais la grande force de ce auquel on a imposé cette langue,
01:18 ce fut d'adopter ses valeurs et de les y réinsuffler.
01:24 Ce fut souvent de prendre à leur compte
01:26 la langue des dominateurs
01:28 et la dominer à leur tour en la possédant
01:30 et la retourner en outil d'émancipation.
01:34 C'est la métaphore de Toussaint Louverture.
01:37 C'est lui le plus beau rapport à la langue et à la République.
01:41 Enfant de la colonisation et de l'esclavage,
01:44 émancipé par la République,
01:45 qui se retourne contre l'Empire
01:47 quand il veut revenir sur la colonisation,
01:49 lui qui reste fidèle à la vraie promesse
01:53 de la France et de la République.
01:56 Il est la métaphore de ce chemin de la langue
01:59 de la colonisation à la décolonisation.
02:02 Car en choisissant pour langue de leur création artistique
02:06 le français,
02:08 ils abolissaient et continuent d'abolir le rapport subi.
02:12 Ils la noblissaient, ils retournaient l'humiliation
02:15 en fierté.
02:18 C'est par Senghor, par Césaire, par Kateb Yassin,
02:21 Mariam Abba, Maryse Condé, tant d'autres,
02:24 qu'a été fondée la possibilité morale
02:28 de dissocier l'opprobre des colonies
02:30 et la beauté du français.
02:33 La langue française, cet outil merveilleux
02:36 dans les décombres de la colonisation,
02:39 ces mots sont de Senghor.
02:43 Et d'ailleurs, tous les grands discours de décolonisation
02:49 n'ont-ils pas été pensés, écrits et dits en français ?
02:54 Et la francophonie ne fut-elle pas cette organisation inédite,
02:59 défendant une langue,
03:01 la paix, la liberté, la démocratie et ses valeurs,
03:05 voulue par des présidents qui n'étaient pas français,
03:09 Bourguiba, Senghor, Yoris, Yannouk ?
03:12 Aventure d'émancipation par le français.
03:19 La plus vaste capitale francophone du monde aujourd'hui,
03:23 celle où le français compte le plus grand nombre de locuteurs
03:26 n'est pas Paris, mais Kinshasa.
03:29 Oui, le français nous élargit aux dimensions de l'histoire
03:33 et aux dimensions du monde.
03:35 Il n'appartient pas au seul français.
03:38 Notre langue compte plus de locuteurs en dehors
03:40 qu'en dedans de nos frontières.
03:42 Plus de 320 millions de femmes et d'hommes l'ont en partage.
03:47 Dans des dizaines et des dizaines de pays,
03:49 sur 5 continents, du Vanuatu à l'Acadie,
03:52 des bords de la Loire, aux fleuves Congo jusqu'au Mississippi.

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