Comment lutter contre les dépôts sauvages ?
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00:00 avec notre invité Zoom sur les solutions parce que dans le Val d'Oise, on mise carrément
00:05 sur les satellites pour venir à bout de ces décharges sauvages et c'est une première
00:10 en France.
00:11 Bonjour Achidada, vous êtes directeur de Val d'Oise Numérique, c'est vous qui pilotez
00:17 ce projet pour le département parce que ces dépôts sauvages dans le Val d'Oise, c'est
00:22 un véritable fléau, on le disait, est-ce que c'est un fléau qui empire ?
00:25 C'est un fléau qui empire notamment avec tous les travaux qu'il y a en Ile-de-France
00:32 autour du Grand Paris et avec les JO.
00:35 Le Val d'Oise par sa position géographique est à la frange de l'Ile-de-France et donc
00:39 c'est un lieu de passage avec notamment la France-Ilienne de beaucoup de camions qui
00:43 viennent faire des travaux et ensuite qui repartent et qui veulent repartir à vide
00:48 notamment dans les départements limitrophes d'où ils viennent.
00:50 Vous lancez cette expérimentation unique en France, on le disait, vous utilisez des
00:56 images satellites pour repérer les dépôts sauvages, expliquez-nous comment ça fonctionne.
01:01 Alors Val d'Oise Numérique a acheté la solution, mais je vais rendre à César ce
01:05 qui appartient à César, c'est l'entreprise, une start-up du Val d'Oise qui s'appelle
01:08 Dizitech, qui sont des astrophysiciens qui travaillent sur les exoplanètes, qui ont
01:12 eu l'idée de développer un algorithme, une intelligence artificielle comme on dit
01:16 aujourd'hui, qui analyse des photos satellites à haute définition, ce serait pas possible
01:21 sans la haute définition de ces photos, à 30 cm, et ces photos satellites sont produites
01:26 par une constellation de satellites d'Airbus qui s'appelle Pleiad, et Val d'Oise Numérique
01:32 en tant que collectivité a le droit d'avoir accès à ces photos à un prix très bas,
01:38 et donc on a fait l'acquisition, enfin les droits d'usage sur les photos, on les met
01:41 à disposition de la start-up qui ensuite fait tourner l'algorithme, et ils sont capables
01:48 ensuite de détecter par une des études notamment, on analyse les pixels des photos et on voit
01:53 les différents contrastes sur la photo, et ça permet d'identifier les dépôts sauvages
02:00 et les décharges illégales, faut pas oublier ça, parce qu'il y a des dépôts sauvages
02:04 par des gens qui jettent les choses, et puis il y a des gens qui organisent, qui sont des
02:09 réseaux mafieux, qui organisent des décharges illégales sur des terrains privés, et donc
02:13 ça permet d'avoir une cartographie exhaustive du nombre de dépôts, et l'intérêt c'est
02:17 que cet algorithme permet aussi d'évaluer le cubage, donc les mètres cubes, c'est la
02:22 seule solution qui permet de le faire, et donc on a une cartographie toutes les trois
02:26 semaines qui permet d'avoir le "weights" des dépôts sauvages, et donc c'est des
02:32 petites pastilles qui apparaissent sur un fond cartographique, et du coup ça permet
02:36 ensuite de faire le travail qu'on va expliquer un peu.
02:39 Donc vous pouvez détecter les dépôts quand ils sont tout petits et intervenir aussitôt,
02:44 c'est ça ?
02:45 Voilà, alors aussitôt avec Modulo, les deux semaines ou trois semaines qu'il faut
02:50 entre chaque prise, mais ça permet effectivement, dès lors que les photosatellites ont été
02:56 analysés, on est capable de répertorier des dépôts naissants, d'à peine un mètre
03:01 cube, 3 mètres cubes c'est un kangoo, et on voit l'évolution des dépôts, et plus
03:08 le dépôt est ramassé rapidement, moins il a de chances de prospérer, puisque le
03:13 déchet appelle le déchet.
03:15 Et il faut le dire et le répéter, ces dépôts sauvages polluent surtout, ils polluent tout
03:20 notre environnement, il ne suffit pas de nettoyer, il faut aussi dépolluer, donc quand vous
03:24 intervenez sur ces dépôts, est-ce que vous arrivez à dépolluer ?
03:28 Alors, nous, on est Valoises numériques, donc on fournit une solution innovante aux
03:33 collectivités, aussi aux forces de l'ordre, parce que cet outil qui est élaboré par
03:40 Design Tech avec les photos que nous fournit le CNES et l'IGN, les photos d'Airbus,
03:45 nous permet d'avoir cette cartographie.
03:47 Ensuite, c'est au travail des intercommunalités, du maire qui a le pouvoir de police, de certaines
03:53 brigades de l'environnement qui sont mises en place comme celle du département.
03:57 D'intervenir.
03:58 D'intervenir, et effectivement, plus le dépôt est retiré tôt, moins il a le temps
04:02 de polluer en profondeur le sol, parce que quand un dépôt est là très longtemps,
04:06 il pollue le sol en profondeur, donc vous ne pouvez plus vous contenter de l'enlever.
04:09 Il y a beaucoup de déchets toxiques qu'on retrouve sur ces dépôts.
04:13 Exactement, c'est-à-dire que, par exemple, vous avez d'abord un dépôt classique avec
04:18 du carton, enfin du placo, etc. et puis quelqu'un vient poser un peu d'amiante, vous avez
04:23 des vieilles dalles avec de l'amiante.
04:25 Dès lors que le dépôt est totalement contaminé par de l'amiante, même si c'est en très
04:29 petite quantité, vous ne savez pas comment ça s'est diffusé, donc vous ne pouvez plus
04:32 l'enlever très facilement.
04:34 C'est pour ça qu'il faut agir au plus vite.
04:36 Alors, cette solution d'intelligence artificielle ne vient pas remplacer l'humain, elle vient
04:40 l'accompagner, l'aider, mais l'idée c'est d'intervenir au plus tôt en donnant tous
04:45 les outils de décision aux élus et aux forces de police.
04:48 Rachid Haddad, nous sommes avec un autre élu ce matin, que vous connaissez bien.
04:53 Nous sommes en ligne avec le maire de Carrière-Soupoissy dans les Yvelines.
04:57 Edhiaïde, bonjour.
04:58 Edhiaïde - Bonjour.
04:59 Vous êtes maire écologiste, nous sommes heureux d'être avec vous ce matin parce
05:03 que vous nous prouvez qu'il y a de l'espoir.
05:04 Oui, on peut venir à bout de ces dépôts sauvages.
05:08 Vous avez nettoyé 200 000 tonnes d'immondices à Carrière-Soupoissy, c'était la plus
05:13 grande décharge sauvage à ciel ouvert en France.
05:17 Nettoyage grâce à l'engagement de beaucoup d'acteurs, les collectivités, la région,
05:21 l'Etat, le département.
05:22 Mais à quel prix, Edhiaïde ? On parle de 3 millions d'euros, c'est ça ?
05:26 Edhiaïde - Oui, c'est surtout une célébrité dont la ville de Carrière-Soupoissy se serait
05:30 bien passée.
05:31 Effectivement, le nettoiement de cette large plaine de Carrière-Soupoissy a été rendu
05:36 possible par une mobilisation de tous les acteurs.
05:39 D'abord les citoyens qui ont créé cette alerte et ensuite le département des Yvelines
05:45 et l'Etat qui ont mobilisé près de 2 millions d'euros pour un traitement sur place des
05:49 déchets et une évacuation ensuite.
05:51 Et cet espace aujourd'hui est totalement sécurisé, surveillé en permanence et pour une grande
05:57 partie désormais grillagé.
06:00 Et nous sommes maintenant sur le ton de cette reconquête de cette plaine et de savoir quel
06:04 avenir on peut donner à ce bel espace.
06:06 Saskia - C'est toute la question aujourd'hui, qu'allez-vous faire de cette plaine maraîchère
06:10 pour éviter que ça ne se retransforme en décharge sauvage ?
06:14 Edhiaïde - Il faut donner un usage à ces grands espaces naturels vides.
06:18 C'est-à-dire qu'il faut pétonner ou urbaniser.
06:21 Il faut leur donner une vocation, une destination.
06:23 On a décidé nous à Carrière de faire de la plaine maraîchère une opportunité écologique
06:28 concertée.
06:29 On a créé une commission extra-municipale, on a rendu un rapport.
06:32 12 propositions d'aménagement, d'orientation ont été soumises à consultation.
06:38 6 ressortent de la consultation et désormais cette contribution est entre les mains de
06:44 tous les acteurs, départements, l'Etat, les établissements publics d'aménagement pour
06:48 définir une belle opportunité dans une ville qui a besoin...
06:52 Saskia de Ville - Vous n'avez pas tranché encore sur ce que vous allez faire de cette
06:58 plaine maraîchère ? Parmi les propositions par exemple, je cite, il y a une forêt, une
07:02 zone de promenade, un centre pour les vélos, un parc canin ?
07:05 Edhiaïde - Alors il y a effectivement des petits espaces boisés, il y a la possibilité
07:10 de sanctuariser cette plaine, de la transformer pourquoi pas en prairie fleurie.
07:17 Il y a l'idée d'une fabrique 21 du vélo, il y a la possibilité d'en faire un puits
07:21 carbone.
07:22 Vous avez 6 grosses orientations en lien avec les objectifs du développement dural qui
07:26 sont aujourd'hui formulés et nous engageons maintenant les démarches avec les parties
07:32 prônantes pour définir des projets qui nous tiennent à cœur parce qu'ils ont fait l'objet
07:36 d'une consultation citoyenne.
07:38 Saskia de Ville - Et on aura la réponse quand ?
07:39 Edhiaïde - Au courant 2024, nous souhaitons que cela soit rendu possible.
07:44 L'idée c'est qu'avant 2026, d'ici moins de 2 ans, nous ayons des premiers projets
07:50 qui émergent.
07:51 Saskia de Ville - Edhiaïde, maire de Carrière-Soupoissy, notre invitée ce matin avec Rachid Haddad,
07:57 le directeur de Valdoise Numérique.
07:58 Rachid Haddad - 0142 30 10, c'est vous alors, qu'en pensez-vous ? Comment lutter contre
08:02 ces dépôts sauvages, contre ces malotrus, ces entreprises qui jettent leurs déchets
08:06 n'importe où ? Vous êtes nombreux à réagir.
08:08 Arringis, Anne, bonjour !
08:09 Anne - Oui, bonjour ! Donc moi, finalement, j'ai la chance d'habiter un petit village
08:16 qui s'appelle Arringis.
08:17 Donc il y a plus de 30 ans que j'habite là.
08:20 Et en fait, quand je suis arrivée, c'est vrai qu'il y avait beaucoup de dépôts sauvages.
08:23 Et notamment, il y avait un grand champ où il y avait beaucoup de carcasses de voitures,
08:29 des voitures.
08:30 Donc effectivement, à ce jour, je peux dire qu'on a une mère qui est vraiment sensationnelle,
08:38 qui lutte énormément par rapport à ça.
08:41 Parce que je rejoins ce qu'a dit le maire avant.
08:44 Nous, chez nous, ça y est, c'est acté.
08:46 Tout ce qui est pour les vélos, les promenades, beaucoup d'arbres routiers vont être plantés.
08:53 Et tout a été nettoyé.
08:55 Et je peux vous dire que même nous, quand on se promène, aussitôt si on voit quelque
09:00 chose, on signale.
09:01 S'il y a quelqu'un qui laisse ses sacs de poubelle comme ça, nous, on est derrière.
09:06 On leur dit.
09:09 Et en fait, on est très précautionnés de notre village à tout niveau.
09:13 Vous ramassez même les déchets deux fois par an.
09:16 Il paraît que vous faites un grand nettoyage à Rungis avec d'autres habitants.
09:20 Avec une association qui s'appelle L'Ardenne Défense de la Nature.
09:25 Deux fois par an, voire même trois fois, on enfile les bottes, on nous donne des gants.
09:31 Et pour cliner un petit peu tout l'environnement.
09:34 Merci à Rungis, Anne.
09:35 On va prendre Sarah qui est avec nous à Saint-Brice-sous-Forest.
09:37 Si on peut la voir Sarah dans un instant, on va l'appeler.
09:40 Parce qu'elle va nous raconter sa journée d'hier.
09:42 Sarah, bonjour.
09:43 Allo, bonjour.
09:44 Moi, de mon côté, chez moi, j'habite dans le Val d'Oise, à Saint-Brice.
09:50 Et tout le temps, nous, on habite une alépiéta.
09:54 Mais il y a un genre de petit pont au bout d'un moment.
09:57 Et à chaque fois, tous les jours, on voit des déchets sauvages.
10:01 Et c'est des déchets ménagères.
10:03 Et ce n'est même pas des dépôts de bâtiments, franchement.
10:07 Et quand on voit les sacs, même pas des sacs, des fois, tout est par terre, comme
10:14 ça, éparpillé.
10:15 Franchement, c'est pas tout le temps.
10:18 C'est rageant.
10:19 C'est compliqué.
10:20 On se dit, on jette nos poubelles.
10:22 Pourquoi tout le monde ne peut pas le faire ? La poubelle est juste à deux minutes à
10:26 plier.
10:27 C'est ça, ces sacs poubelles qui sont insupportables.
10:29 Et quand tout est effrosé, quand tout est ouvert, c'est tout de suite beaucoup plus
10:32 compliqué.
10:33 Merci Sarah.
10:34 Rachid Haddad, directeur de Valdoise Numérique.
10:37 On en vient à la question des sanctions qu'on n'a pas encore évoquées.
10:42 Et elle est importante, cette question des sanctions.
10:44 Est-ce qu'elles sont suffisantes pour dissuader les pollueurs ? 1500 euros l'amende pour
10:50 un particulier, 75 000 euros pour une entreprise.
10:53 J'ai envie de dire qu'elles ne sont pas suffisantes.
10:56 Mais en plus, la démarche judiciaire est très compliquée, puisque avant de qualifier
11:06 un dépôt sauvage et trouver un auteur, il faut quand même identifier la chaîne.
11:10 Et ce n'est pas évident.
11:11 C'est le flagrant délit de manière générale, ou les enquêtes de police très fine ou de
11:16 gendarmes qui vont fouiller dans les dépôts pour identifier.
11:20 Est-ce que les images satellites peuvent vous aider ?
11:23 Les images satellites ne permettent pas d'identifier les personnes, bien entendu.
11:27 Elles permettent d'identifier les lieux.
11:29 Et ensuite, sur ces spots-là, les gendarmes qui ont la connaissance d'un dépôt naissant
11:35 peuvent mettre une planque.
11:37 Nous, on peut mettre aussi des caméras itinérantes qui permettent alors d'identifier les malfaisants
11:43 qui font ces dépôts-là.
11:45 On va en parler de ces malfaisants quand même, parce qu'il y a Martine qui est agacée.
11:49 Bonjour Martine.
11:50 Martine au 01-42-30-10-10.
11:51 Martine, elle pense que ça va augmenter toute cette histoire.
11:56 Bonjour Martine.
11:57 Oui, bonjour.
11:58 Non, ce n'est pas ça.
11:59 C'est que moi, je reviens de province.
12:00 J'ai de la famille en Dordogne où ils ont mis en place un système où les gens, effectivement,
12:04 ont des cartes et ont un nombre de passages dans l'année pour déposer leur poubelle.
12:10 Mais moi, je vois là, en pleine campagne, des fois c'est à un kilomètre.
12:14 Et quand il y a des personnes âgées qui ne conduisent pas, je ne comprends pas ce nouveau
12:20 système.
12:21 C'est-à-dire que les éboueurs ne passent plus, il n'y a plus personne.
12:23 Alors qu'on fasse payer des ordures, perso, ça je peux comprendre.
12:26 Mais cette méthode, je pense, va favoriser les…
12:31 Oui, les dépôts sauvages un peu partout.
12:34 Les dépôts sauvages, oui, oui.
12:35 Ça ne va pas nous aider, oui, effectivement.
12:37 Je ne comprends pas ces nouveaux systèmes qui sont mis en place dans beaucoup de provinces.
12:41 Parce que ce n'est pas pratique.
12:44 Moi, j'ai une tante qui a plus de 80 ans.
12:46 Il faut qu'elle prenne sa voiture pour aller porter sa poubelle.
12:49 Moi, je ne vois pas où il a intérêt.
12:51 Merci Martine d'avoir décroché votre téléphone ce matin.
12:54 Ça fait écho aussi à ces personnes, les professionnels du bâtiment aussi, qui font
12:59 le choix de ne pas aller dans les déchetteries et qui déposent un peu tout dans les fossés.
13:02 Parce qu'ils doivent payer trop cher, disent-ils, pour déposer leur gravin.
13:06 Payer trop cher, mais ils refacturent à leurs clients.
13:09 Donc à un moment donné, ils encaissent.
13:10 Quand vous prenez un artisan qui vient refaire une salle de bain, il récupère les gravins.
13:15 Il facture 2000 euros à la personne.
13:18 L'enlèvement.
13:19 L'enlèvement.
13:20 Qui pense que ça va être retraité.
13:21 Lui, il empoche et ensuite il dépose.
13:23 Donc je pense par exemple que l'artisan devrait être payé lorsqu'il est capable
13:29 de produire un certificat de conformité.
13:32 Comme quoi il a bien déposé les déchets et ne pas se faire payer par avance.
13:36 Quand il ramène.
13:37 Quand il ramène.
13:38 Ce serait une des solutions.
13:40 Pour éviter que ne se reforment ces dépôts sauvages.
13:44 Merci beaucoup Rachid Atta d'avoir été avec nous.
13:47 Merci aussi à Edi Haït, le maire de Carrière-Soupoissy d'avoir éclairé le débat.
13:53 Et merci à vous tous qui nous avez appelés au 01 42 30 10 10.