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00:00 Il y a 40 ans, cette région était un désert.
00:05 Aujourd'hui, une immense métropole a vu le jour.
00:09 Et Dubaï n'a pas fini de grandir et d'étonner.
00:13 Quand je suis arrivé ici, rien de tout cela n'existait. C'était un immense désert.
00:18 Bâtir dans un endroit aussi inhospitalier est un défi.
00:28 Cet exploit a été rendu possible par des prouesses techniques.
00:33 Il suffit de visiter les coulisses de Dubaï pour révéler ses secrets
00:38 et montrer comment la technologie a permis de développer cette ville moderne au milieu du désert.
00:44 (Musique)
01:00 8 heures du matin. Le thermomètre affichera bientôt 40 degrés.
01:06 (Musique)
01:10 Les 2 millions d'habitants ne s'inquiètent pas de la chaleur.
01:15 Ils sont inconscients des efforts déployés pour faire fonctionner leur ville.
01:21 Le bâtiment le plus impressionnant est le Burj Khalifa.
01:27 Avec 828 mètres, c'est le plus haut gratte-ciel au monde.
01:32 (Musique)
01:42 Derrière les dévitrées se déploie sa structure interne où vivent et travaillent jusqu'à 35 000 personnes.
01:49 (Bruit de moteur)
01:55 Le gratte-ciel est l'équivalent d'une serre gigantesque.
01:58 Et pourtant, sa température interne est supportable.
02:02 Pour cela, ils consomment chaque jour 750 000 litres d'eau.
02:07 Tous les buildings de la ville ont des besoins similaires.
02:10 Le défi consiste donc à trouver des quantités d'eau très importantes dans un milieu aride.
02:16 (Musique)
02:22 Il n'y a pas de cours d'eau et presque aucune précipitation.
02:26 Pourtant, l'eau est partout.
02:29 (Bruit de moteur)
02:36 La réponse se trouve à 80 kilomètres à l'est, dans les monts Hajar.
02:41 La géologue Catherine Goudinof connaît bien la région.
02:44 Elle fait partie d'une équipe qui cartographie les Émirats Arabes Unis.
02:48 (Bruit de moteur)
02:54 On a couvert la majeure partie des Émirats, avec 30 000 points d'observation.
02:59 On est obligés d'aller partout.
03:02 On a parcouru tous les sentiers, sillonné presque tout le désert,
03:05 escaladé les crêtes des montagnes et arpenté les wadis.
03:09 On a donc traversé tout le pays.
03:12 (Bruit de moteur)
03:14 Au cours de cette étude, les scientifiques ont découvert des signes du passé des Émirats.
03:20 Ici, dans cette vallée profonde qu'on appelle un wadi, on voit des traces d'eau partout.
03:25 Le wadi est en forme de V.
03:28 Ça nous apprend qu'il a été creusé par un cours d'eau.
03:31 Et puis tout autour, on a des rochers usés.
03:34 Ils ont été lissés et érodés par l'eau.
03:38 (Bruit de moteur)
03:40 Il y a 2 millions d'années, cette région était très humide.
03:43 (Bruit de moteur)
03:47 A la place de la ville, il y avait des cours d'eau et une plaine verdoyante.
03:52 (Bruit de moteur)
03:56 Au fil du temps, les températures ont grimpé et les fleuves se sont asséchées.
04:01 Puis les déserts ont tout envahi.
04:04 Pourtant, l'eau n'a pas disparu.
04:06 Elle est en partie stockée dans le sous-sol.
04:09 (Bruit de moteur)
04:13 Aujourd'hui, elle est toujours sous la ville.
04:16 (Bruit de moteur)
04:22 Quand il y avait de l'eau dans les Wadi, elle coulait très vite.
04:26 Mais une fois dans le sous-sol, comme elle devait s'infiltrer entre les grains de sable et les cailloux,
04:31 elle s'écoulait plus lentement.
04:33 Et bien sûr, elle ne pouvait plus s'évaporer aussi facilement parce qu'elle n'était plus en surface.
04:39 L'eau peut rester là, dans le sol, pendant des millénaires.
04:42 Et c'est la première source d'eau de Dubaï.
04:45 (Bruit de moteur)
04:47 Cette nappe d'eau a alimenté la naissance de la ville au début des années 1970.
04:52 Mais elle ne suffit plus aujourd'hui.
04:54 (Bruit de moteur)
05:01 Dubaï a besoin d'usines de dessalement qui transforment l'eau de mer en eau douce.
05:06 (Bruit de moteur)
05:12 La mer circuler dans les canalisations urbaines, puis dans les grattes-ciels comme le Burj Khalifa,
05:16 est un défi pour les ingénieurs.
05:18 (Bruit de moteur)
05:24 John Svets supervise l'installation du système de plomberie dans de nombreuses tours.
05:28 (Bruit de moteur)
05:34 Si on pouvait visualiser l'infrastructure de distribution d'eau,
05:38 on verrait une myriade de tuyaux qui ressemblent à un plat de spaghetti.
05:44 L'eau est acheminée dans tous les coins et à tous les étages.
05:49 (Bruit de moteur)
05:54 Ce serait trop dangereux d'injecter l'eau jusqu'en haut d'un gratte-ciel comme le Burj Khalifa,
05:58 avec une seule pompe géante.
06:00 (Bruit de moteur)
06:05 Les tuyaux pourraient exploser sous l'effet de la pression.
06:09 (Bruit de moteur)
06:16 L'eau monte par paliers.
06:19 D'abord dans un premier réservoir, au 40ème étage.
06:22 (Bruit de moteur)
06:25 Ensuite, dans plusieurs bassins de 800 000 litres, jusqu'en haut du gratte-ciel.
06:30 (Bruit de moteur)
06:34 Puis, elle redescend dans les canalisations, sous l'effet de la gravité.
06:38 (Bruit de moteur)
06:45 C'est ainsi que 750 000 litres circulent chaque jour dans le Burj Khalifa.
06:50 (Bruit de moteur)
06:56 Ce principe est repris pour de nombreuses tours de la ville.
06:59 (Bruit de moteur)
07:04 En ce moment, les travaux s'achèvent sur la Princess Tower.
07:08 Avec 414 mètres et 101 étages, c'est le plus grand immeuble résidentiel au monde.
07:13 (Bruit de moteur)
07:20 Nous sommes devant le réservoir du 79ème étage.
07:24 Quand l'eau arrive à ce niveau, elle est déjà passée par trois paliers différents.
07:30 Ici, on a une capacité de 300 000 litres.
07:34 (Bruit de moteur)
07:38 Si on pouvait enlever tout ce qui recouvre l'infrastructure hydraulique de la ville,
07:43 on verrait qu'il faut un système gigantesque pour faire tourner une ville comme Dubaï.
07:48 (Bruit de moteur)
07:54 Il y a plus de 200 gratte-ciels à Dubaï.
07:57 (Bruit de moteur)
08:03 Ils sont parcourus par des milliers de kilomètres de canalisation.
08:07 Elles sont enfouies sous le sable, loin de la surface.
08:11 (Bruit de moteur)
08:16 Chaque habitant consomme 550 litres d'eau par jour.
08:20 (Bruit de moteur)
08:23 La majeure partie est destinée au système de climatisation.
08:27 (Bruit de moteur)
08:32 Dans un endroit comme Dubaï, la climatisation permet de faire descendre la température de 40 ou 45 degrés
08:39 à un niveau normal, agréable ou même plus sain.
08:43 C'est une nécessité absolue, on ne pourrait pas s'en passer.
08:47 Ces quatre tours géantes refroidissent de l'eau pour climatiser la Princess Tower.
08:52 (Bruit de moteur)
08:55 À leur capacité maximale, ces tours consomment environ 12 000 litres d'eau par jour.
09:01 Donc ça fait 500 litres par heure.
09:04 Ce système de refroidissement ne fonctionne que depuis quelques jours.
09:08 C'est pour ça que la température ambiante est encore assez élevée.
09:12 La Princess Tower est si haute qu'une fois le système branché,
09:16 il faut deux semaines pour que la température intérieure descende à 23 degrés
09:20 et que les résidents puissent s'installer.
09:23 (Bruit de moteur)
09:27 L'eau est une ressource vitale pour la ville et ses ingénieurs ont appris à la maîtriser.
09:32 L'autre défi technique est le sol sablonneux sur lequel il faut bâtir d'immenses gratte-ciels.
09:38 (Bruit de moteur)
09:45 La ruche Hexayède est une artère impressionnante.
09:49 (Musique)
09:52 Elle est bordée d'une cinquantaine de tours.
09:55 (Musique)
10:00 Chacune peut peser jusqu'à 250 000 tonnes.
10:04 (Musique)
10:09 Pourtant, le sous-sol est composé de sable et donc très instable.
10:13 (Musique)
10:25 La principale difficulté est de stabiliser les édifices.
10:29 (Bruit de moteur)
10:34 Nars Nars connaît bien le problème et sa solution.
10:38 Il la met en pratique pour son nouveau projet, la tour Bourgeside Boulevard Tower.
10:45 C'est le dernier plan qu'on a.
10:49 Quand je suis arrivé ici, rien de tout cela n'existait.
10:52 C'était un immense désert.
10:55 Pour se déplacer, il fallait prendre un 4x4.
10:58 Et aujourd'hui, regardez, c'est l'une des villes les plus modernes et luxueuses du monde.
11:06 Ce gratte-ciel de près de 200 m sera un géant d'acier et de béton.
11:12 Ce bâtiment pèse environ 100 000 tonnes.
11:16 C'est énorme.
11:18 Et il faut des fondations très solides pour supporter et répartir cette charge.
11:22 (Musique)
11:25 Pour que les fondations soient solides, elles doivent s'ancrer dans une roche dure.
11:29 (Bruit de moteur)
11:35 Dans les mots-ajarres, Catherine Goodenough a étudié les origines du socle rocheux de la ville.
11:43 Ces montagnes sont très importantes pour Dubaï parce que c'est de là que vient le sous-sol de la ville.
11:51 Ces rochers se sont formés il y a environ 95 millions d'années.
11:56 A l'époque, ils étaient au fond de l'océan.
11:59 Ensuite, les forces tectoniques ont comprimé le sol et les ont poussés vers le haut pour former le bord du continent.
12:07 (Bruit de moteur)
12:12 Il y a 30 millions d'années, 2 plaques continentales se sont heurtées.
12:17 Elles ont créé les mots-ajarres qui culminent à 3000 mètres.
12:21 (Bruit de moteur)
12:32 Au fil du temps, l'eau qui s'écoulait des sommets a arraché des rochers sur les flancs pour les emporter en aval
12:38 où ils se sont accumulés sous la forme de cailloux.
12:41 (Bruit de moteur)
12:50 On voit la composition du sol là où on a creusé la roche pour faire des routes.
12:55 Ce qu'on a ici ressemble à une couche de gravats.
12:58 Elle est composée de gros cailloux comme celui-ci.
13:01 Comme ils ont une forme arrondie, je sais qu'ils ont été apportés par des fleuves.
13:06 Ensuite, de l'eau s'est écoulée au milieu des gravats et elle a déposé des minéraux carbonatés.
13:12 C'est cette partie blanche qu'on voit là.
13:15 Et ces minéraux ont formé un ciment.
13:18 (Bruit de moteur)
13:21 Les petits rochers se sont retrouvés emprisonnés dans le minerai.
13:24 (Bruit de moteur)
13:27 Aujourd'hui, ce socle solide est enterré sous 40 mètres de sable.
13:32 Cela rend les constructions très difficiles à Dubaï.
13:37 Dans d'autres pays, le socle rocheux est tout près de la surface.
13:41 Donc on n'a que quelques mètres à creuser pour faire les fondations nécessaires pour soutenir un gratte-ciel.
13:47 (Bruit de moteur)
13:50 Mais voilà ce qu'on doit prendre en compte quand on fait nos plans.
13:55 Il y a ce sable qui peut être friable ou bien cimenté.
13:59 Et on a ce type de sol jusqu'à 25 ou 30 mètres de profondeur.
14:04 Pour atteindre la roche, des trous sont percés dans le sable.
14:09 (Bruit de moteur)
14:16 Puis ils sont remplis d'argile pour les empêcher de s'effondrer.
14:20 (Bruit de moteur)
14:23 Ensuite, on y plonge des armatures en acier et on injecte du béton.
14:28 (Bruit de moteur)
14:31 On crée ainsi des colonnes rigides.
14:35 (Bruit de moteur)
14:37 À Manhattan, ce type de bâtiment n'a besoin que de quelques colonnes.
14:41 À Dubaï, il en faut 250.
14:45 (Bruit de moteur)
14:47 C'est ce qu'on appelle des fondations profondes par pieux.
14:51 (Bruit de moteur)
14:53 Elles sont le secret des gratte-ciels de Dubaï.
14:57 (Bruit de moteur)
15:04 Si on pouvait voir ce qui se cache sous la surface,
15:08 on verrait une véritable forêt de béton avec d'immenses piliers d'un mètre de large.
15:14 Sous cette tour, il y en a 250 et ils descendent entre 36 et 40 mètres de profondeur.
15:22 Pour un gratte-ciel comme le Burscheid Boulevard, il faut 75 000 tonnes de béton.
15:28 Et pour prendre, il doit refroidir, ce qui est quasi impossible dans un désert.
15:33 - Il faut imaginer qu'en été, la température extérieure peut atteindre une cinquantaine de degrés.
15:39 Il fait très chaud.
15:42 Disons qu'on se met au travail le matin.
15:45 On arrive au pic de température vers le milieu de la journée,
15:48 et à ce moment-là, le béton ne séchera pas bien.
15:51 Il y aura de grandes fissures et il sera inutilisable.
15:55 Voilà pourquoi le béton est coulé pendant la nuit, quand il fait relativement plus frais.
16:00 (Bruit de moteur)
16:10 Depuis les années 1990, les ingénieurs ont bâti une forêt de piliers sous la ville.
16:17 Elle s'étend le long de la route Cheikh Zayed.
16:20 (Bruit de moteur)
16:31 Ces piliers sont indispensables pour bâtir des gratte-ciels.
16:35 (Bruit de moteur)
16:43 Il faut à la fois ancrer les bâtiments dans le sable et les protéger du vent du désert.
16:49 (Bruit de moteur)
16:54 Dubaï est connu pour son extravagance.
16:57 C'est un endroit qui attire les gens riches et célèbres.
17:04 Le Bourj Al Arab est un palace sept étoiles, et c'est l'un des plus chers au monde.
17:09 (Bruit de moteur)
17:16 Les clients arrivent souvent par le toit, en hélicoptère.
17:20 (Bruit de moteur)
17:26 Le vent peut souffler très fort, et l'atterrissage est toujours une manœuvre difficile, même pour des pilotes expérimentés.
17:32 (Bruit de moteur)
17:35 On est à une distance de 800 mètres et à 90 mètres au-dessus de la zone d'atterrissage.
17:40 Il y a du vent.
17:43 D'abord, on descend. J'augmente la puissance.
17:48 On va avoir quelques secousses.
17:53 On a du vent qui souffle des deux côtés.
17:56 Ces deux courants convergent, ce qui donne un peu de turbulence.
18:01 On approche tout doucement. On est dans notre trajectoire de vol.
18:05 Ça bouge juste un peu.
18:08 (Bruit de moteur)
18:17 J'espère que tout s'est bien passé. Les turbulences ont été limitées.
18:22 Bienvenue à l'hôtel.
18:25 Aujourd'hui, le vent soufflait à 75 km/h.
18:30 Il lui arrive d'atteindre 130 km/h.
18:35 Les bâtiments doivent rester stables en toutes circonstances.
18:41 (Bruit de moteur)
18:49 Les ingénieurs font des tests en soufflerie pour simuler des tempêtes de sable et évaluer la résistance de leur projet.
18:56 - Est-ce que cette poutre est correctement installée ?
19:01 Tom Bellwright doit tester le revêtement des gratte-ciels.
19:07 Un ancien moteur d'avion reproduit la puissance du vent.
19:12 - Pour le test d'aujourd'hui, on va recréer tout ce que la nature peut faire subir à un bâtiment.
19:18 S'il y a une faille, on pourra la localiser et voir comment ça s'est produit.
19:23 (Bruit de moteur)
19:30 - Quand on sera à pleine puissance, la soufflerie va générer 145 km/h.
19:36 L'équipe propulse aussi de l'eau sur les surfaces pour faire apparaître la moindre fissure.
19:42 Si de l'eau est détectée à l'intérieur, ce sera la démonstration d'une erreur dans la conception de la tour.
19:49 (Bruit de moteur)
19:54 - Qu'est-ce que ça donne ? OK, ça a l'air bon. Très bien.
20:01 Ce test dynamique est très efficace parce qu'il est représentatif des conditions météoréelles.
20:07 C'est le genre de force auxquelles les bâtiments doivent résister.
20:12 Il faut protéger l'extérieur d'un édifice, mais aussi l'intérieur.
20:19 Des innovations techniques sont cachées sous la surface du bourge à l'arabe.
20:24 (Bruit de vent)
20:28 Le vent qui souffle dans le golfe est si violent qu'il peut faire ployer ou briser le noyau central en béton situé au centre du gratte-ciel.
20:37 Le bourge à l'arabe est équipé d'une charpente en acier fixée à une colonne vertébrale.
20:46 C'est son exosquelette.
20:51 La force du vent est répartie dans toute la structure et le noyau en béton est ainsi stabilisé.
21:00 A l'intérieur du squelette, il y a des amortisseurs de choc qui résistent au vent et réduisent les mouvements du bâtiment.
21:10 (Bruit de vent)
21:21 Dans le désert, le vent n'est pas la seule menace. Il faut aussi se méfier du sable.
21:29 Une violente tempête de sable peut se lever à tout moment.
21:36 Dubaï se retrouve alors aux prises avec des tonnes de sable tourbillonnant.
21:46 La ville peut être paralysée plusieurs jours.
21:56 Il n'y a plus que quelques mètres de visibilité.
22:00 Tout ce qui n'est pas attaché s'envole. Les gouttières sont bouchées, la circulation à l'arrêt et des avions cloués au sol.
22:16 Le sable est très exposé parce que la ville est implantée au bord du désert Roubalcali, la plus grande étendue de sable au monde.
22:28 C'est un environnement difficile, surtout en cas de tempête.
22:33 Il n'y a plus aucune visibilité et quand on roule dans les dunes, on a besoin de voir où on va.
22:40 Les scientifiques de Catherine Goudinof ont arpenté le désert pour le cartographier et elle connaît maintenant la technique pour rouler dans le sable.
22:52 Si je ne dégonflais pas les pneus, je risquerais vraiment de me retrouver en sablé.
22:57 C'est encore plus excitant de rouler dans le désert qu'à travers la montagne. C'est vraiment rock'n'roll.
23:04 J'arrive tout en haut de la dune et je passe la crête.
23:09 Je ne peux pas laisser la voiture avancer toute seule.
23:12 Ça ne sert à rien de freiner parce que sinon on s'enfonce dans le sable et là ça peut se compliquer très rapidement.
23:21 Pour rouler dans les dunes, il faut savoir appréhender le relief.
23:25 Je vais accélérer un peu pour essayer de monter sur cette portion de sable mou.
23:29 Ça permet de comprendre comment le vent interagit avec le sable.
23:35 Les dunes sont comme des énigmes à déchiffrer. Elles contiennent beaucoup d'informations.
23:40 En regardant celle-ci, je vois que le vent arrive par le côté où la pente est faible et soulève les grains de sable.
23:48 Ensuite, il retombe du côté le plus incliné.
23:52 Il y a pas mal de vent aujourd'hui mais la plus grande partie du sable roule sur la surface des dunes.
24:01 Quand le vent se renforce, il soulève des grains plus lourds.
24:07 En retombant, ils font s'envoler des particules de poussière.
24:14 Elles remontent dans l'air et forment des nuages denses.
24:20 Quand ils arrivent sur la ville, ils perturbent son fonctionnement.
24:26 Les équipes chargées de l'entretien et de la sécurité des bâtiments sont sur le pied de guerre.
24:32 Les tempêtes de sable se forment à l'intérieur des terres et ensuite on voit un immense nuage qui avance sur nous.
24:38 Il a l'air de transporter tout le désert.
24:41 Il s'abat sur le bourge à l'arabe à une vitesse de 30 ou 35 km/h.
24:46 Tout est couvert de poussière. Tout est sale.
24:52 Quatre fois par an, armés de jets très puissants, une équipe de nettoyage descend le long de la façade.
25:00 C'est une opération à haut risque parce que ces agents d'entretien dépendent des cordes et des harnais qu'ils portent.
25:12 Le vent complique encore l'opération.
25:20 En ce moment, il souffle à près de 20 km/h. On est presque à la limite en matière de sécurité.
25:26 S'il augmentait encore, il faudrait tout arrêter et faire redescendre notre équipe.
25:31 Il faut 14 nuits pour nettoyer tout le sable qui recouvre le gratte-ciel.
25:43 A Dubaï, les ingénieurs ont appris à composer avec le vent.
25:49 Ils adaptent la forme des bâtiments pour qu'ils puissent résister aux pires tempêtes de sable.
26:00 La ville a été bâtie grâce au revenu de l'exploitation du pétrole.
26:13 Le pétrole est un des plus gros gaz à effet de serre.
26:18 Le golfe Persique est la région du monde où les gisements sont les plus importants.
26:25 Son extraction pose de nombreux problèmes techniques.
26:30 Le long des côtes, le fond de l'eau est à plus de 50 mètres de profondeur.
26:42 Il faut traverser 4000 mètres de sable et de roche pour parvenir aux gisements.
26:48 L'industrie ne recule devant rien pour atteindre ses précieux gisements.
27:07 A 20 km de la ville, des ouvriers construisent des installations adaptées au golfe Persique.
27:13 Une plateforme auto-élévatrice va bientôt être inaugurée.
27:19 Ce type de plateforme est conçu spécialement pour la région du golfe Persique,
27:31 où l'eau peut se trouver jusqu'à 60 mètres de profondeur.
27:36 Là, on est presque prêt.
27:39 La plateforme auto-élévatrice est mobile et peut chercher le pétrole très loin.
27:45 - Mise en route, mise en route !
27:51 Une plateforme classique reste toujours au même endroit.
27:58 Ses fondations sont fixées au fond de l'eau.
28:04 Au besoin, celle-ci peut se déplacer et s'implanter sur un nouveau site.
28:10 Elle est posée sur de larges piliers qui répartissent son poids.
28:21 Ils la maintiennent en place pendant que des foreuses percent le sol.
28:30 - C'est une des jambes de la plateforme.
28:34 Elle est composée de 72 tonnes d'acier.
28:38 Au total, il y a 27 jambes sur cette installation.
28:42 Ces crémaillères portent toute la plateforme, soit 11 000 tonnes.
28:47 Les travaux de construction ont duré un an et demi.
28:51 Les pétroliers ont fait un effort pour la construction de la plateforme.
28:56 - Une plateforme comme celle-là coûte 165 millions de dollars.
29:01 Et un millier de personnes peuvent y travailler simultanément.
29:06 Un tel investissement est justifié par les bénéfices attendus.
29:11 Le sous-sol du golfe Persique contient la majeure partie des réserves pétrolières de la planète.
29:22 Cette concentration s'explique par son passé géologique.
29:27 Pour en savoir plus, il faut faire 25 km au nord de la ville.
29:38 - C'est une portion de la côte encore intacte.
29:42 On voit bien quels endroits étaient immergés à marée haute.
29:47 En se retirant, l'eau a laissé des algues un peu partout dans ce lagon.
29:52 - On voit beaucoup de dépôts organiques très sombres là où la marée s'est avancée.
29:57 C'est ce que je voulais vous montrer.
30:01 C'est incroyable. On dirait presque du vieux cuir.
30:14 - En fait, ce sont des organismes vivants. Du moins, ce qu'il en reste.
30:19 Les ancêtres de ces micro-organismes ont fabriqué du pétrole.
30:24 Il y a 200 millions d'années, la région était au fond de l'océan.
30:41 L'eau chaude et peu profonde grouillait de micro-organismes.
30:45 Au fil du temps, leurs cadavres ont recouvert le sol.
30:49 Ensuite, des sédiments se sont accumulés par-dessus.
30:56 Cela a accru la pression et la chaleur.
31:00 Les matières organiques décomposées ont ainsi donné naissance au pétrole.
31:07 Il est resté dans le sol jusqu'à ce que des fissures se forment dans la roche.
31:11 Il s'est ensuite déplacé pour former de grandes poches souterraines.
31:16 La richesse de Dubaï repose sur cet événement géologique.
31:24 La nouvelle plateforme auto-élévatrice est prête à entrer en action.
31:34 Mais avant d'y entrer, il faut la transférer sur une barge.
31:38 Beaucoup de gens nous regardent et c'est une opération très sensible.
31:44 Il faut qu'on respecte la date de mise en service.
31:48 La marée haute ne dure que 80 minutes et il faut que tout se passe pendant ce laps de temps.
31:59 C'est la première fois qu'on teste cette barge et je ne veux pas être pris par le temps.
32:04 En ce moment, tout le monde surveille ces rampes qui bougent un peu à cause des vagues.
32:11 À mesure que la plateforme glisse sur la barge, son poids la fait pencher.
32:17 Maintenant, la barge commence à s'enfoncer d'un côté.
32:22 On va aller voir comment ça se passe à la proue parce que le poids est transféré sur la barge
32:26 et elle va avoir tendance à s'incliner vers l'avant.
32:29 Tout se passe très bien. Le balastage a été bien fait, la charge est bien répartie. C'est parfait.
32:35 L'opération s'est achevée dans les temps.
32:40 Dans quelques semaines, la plateforme pourra participer à la prospection pétrolière dans le Golfe
32:45 et donc contribuer à l'expansion de la ville.
32:48 Elle va partir dans le Golfe Persique. On a déjà choisi son premier emplacement.
32:53 Elle entrera en action presque immédiatement.
32:56 Les plateformes pompent chaque jour plus de 50 000 barils de pétrole autour de Dubaï.
33:02 Elles rapportent environ 1 milliard d'euros par an à la ville.
33:21 Son essor économique est basé sur cette ressource naturelle.
33:24 Dubaï attire de plus en plus de personnes, mais manque d'espace.
33:31 Pour continuer à se développer et offrir des services haut de gamme,
33:39 elle doit proposer des biens immobiliers sur le front de mer.
33:48 La Palme Jumeirah est un archipel artificiel en forme de palmier géant.
33:52 C'est une prouesse technique.
34:02 Si on vide l'océan, on visualise mieux l'ampleur du chantier.
34:16 L'archipel fait l'équivalent de 800 terrains de football.
34:19 Il est situé à l'intérieur d'une ceinture constituée de 7 millions de tonnes de roches.
34:25 94 millions de tonnes de sable ont été déversées pour servir de base à 5 000 nouveaux logements.
34:34 Akhil Kazim a vu cet archipel sortir de l'eau.
34:45 Cela répondait à un besoin très précis.
34:48 A l'époque, Dubaï avait un littoral très restreint,
34:51 avec peu d'espace pour des propriétés de luxe avec vue sur l'océan.
34:55 On a rallongé notre littoral de 70 km.
34:59 C'est très bien conçu parce qu'on a une grande circonférence.
35:02 L'île est très belle vue d'en haut, mais aussi du sol, grâce à la forme des feuilles.
35:08 Chacune est bordée par deux rangées d'habitations, une dans un sens et une dans l'autre.
35:14 Gagner de l'espace sur la mer permet de surmonter un obstacle géologique.
35:18 Certaines villes côtières ont l'avantage d'avoir des rives très découpées, et donc plus longues.
35:26 Celle de Dubaï est courte, car elle est rectiligne.
35:33 Pourtant, cela n'a pas toujours été le cas.
35:38 Il y a 6000 ans, le littoral était très différent.
35:41 Les nombreuses baies ont été peu à peu ensablées à cause du vent et des courants marins.
35:50 Elles se sont refermées et ont disparu, ne laissant que la côte actuelle.
36:02 Les îles artificielles sont la meilleure solution pour gagner des terres.
36:06 Pour les construire, il faut une machine spéciale, appelée drague suceuse à désagrégateur.
36:17 En une semaine, elle peut aspirer au fond de l'eau 70 000 tonnes de sable et de terre.
36:27 Son secret est une tête de coupe très puissante.
36:30 La tête de coupe est munie de dents pivotantes.
36:34 Il s'agit de pylons qui fracturent le matériau.
36:37 On doit forer dans la roche et le sable.
36:40 A l'intérieur de la tête de coupe se trouve une pompe qui aspire tout ce qui a été cassé par la tête.
36:47 Mieux vaut ne pas tomber dedans.
36:51 Pour construire un archipel à partir de rien, il a fallu de nombreuses dragues et déplacer plus de 150 millions de tonnes de sable.
36:58 Les navires du chantier ont été dirigés par des satellites.
37:05 Ils ont déversé leur cargaison de sable jusqu'à ce qu'elle soit à l'intérieur de la tête de coupe.
37:13 Le sable est encore plus dur que la terre.
37:17 Ils ont déversé leur cargaison de sable jusqu'à ce que la forme d'un palmier dépasse de la surface de l'eau.
37:24 Pour finir, les bords des feuilles ont été lissés.
37:31 Ensuite, les ouvriers ont pu construire des bâtiments.
37:40 [Musique]
37:51 Ces terrains et ces propriétés se vendent à prix d'or.
37:54 Cette villa est unique parce qu'elle offre un panorama à 275 degrés sur la mer.
38:08 Son propriétaire a payé très cher pour vivre à cet endroit.
38:11 Le prix de ce terrain tourne autour de 35 millions d'euros.
38:14 Donc c'est forcément quelqu'un pour qui l'argent n'est pas un problème.
38:19 En empiétant sur la mer, Dubaï a modifié les contours mais aussi l'écologie de son littoral.
38:27 Les travaux ont déplacé plus de 600 millions de tonnes de sable.
38:32 [Musique]
38:40 Les nouvelles îles accueillent des milliers d'habitants supplémentaires.
38:43 [Musique]
38:49 D'autres sont en projet.
38:50 Au final, le littoral devrait être sept fois plus long qu'à l'origine.
38:54 [Musique]
39:06 Les dragues ont totalement modifié la géographie de la côte.
39:09 Mais la nature commence à contre-attaquer.
39:11 Le vent et les courants risquent de repousser le sable vers la mer.
39:16 [Musique]
39:22 Les ingénieurs doivent prendre en compte cette menace.
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39:31 À 4 kilomètres larges, des plongeurs se dirigent vers le nouveau projet pharaonique de la ville.
39:36 [Musique]
39:39 Les World Islands sont un archipel en forme de mapmonde.
39:43 [Musique]
39:50 Il va falloir protéger les îles des forces de la nature.
39:53 [Musique]
39:57 Un brise-lames a déjà été construit pour arrêter les vagues.
40:00 C'est un mur de rochers qui empêchera l'érosion des îles.
40:03 [Musique]
40:06 Les ingénieurs ont aussi aménagé le fond de l'eau.
40:09 [Musique]
40:11 - On utilise un GPS pour trouver l'emplacement exact parce qu'on ne l'a pas noté sur des cartes marines.
40:16 Ça doit rester un secret pour l'instant.
40:19 Il s'agit d'un projet particulièrement ambitieux.
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40:28 - C'est là ?
40:29 Bien.
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40:36 Il y a 4 ans, des plongeurs ont découvert un immense récif corallien,
40:40 ce qui est très rare dans la région.
40:42 Il était juste à l'entrée d'un port et les coraux étaient en train de mourir.
40:47 L'équipe s'est alors lancée dans une opération inédite.
40:50 Elle a décidé de les déplacer à côté du brise-lames.
40:54 - On n'avait aucune garantie de réussite.
40:59 Le corail de ce récif est ce qu'on appelle un corail encroutant.
41:03 Il est dur et s'accroche très fermement aux rochers.
41:06 Les techniques de transplantation traditionnelles auraient échoué.
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41:12 Ce récif contenait 22 000 colonies de coraux.
41:15 S'ils avaient été arrachés à leurs rochers, près d'un tiers seraient morts.
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41:26 Les ingénieurs ont donc opté pour une technique totalement nouvelle.
41:29 Percer des trous dans le récif, les remplir de colle non toxique et y insérer des tiges métalliques.
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41:40 Ensuite, ils sont passés au déménagement.
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41:47 Une grue a soulevé les rochers et les a attachés à une barge.
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41:57 Puis, ils ont été transportés 15 kilomètres plus loin.
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42:11 Plus d'un millier de rochers de plusieurs tonnes ont ainsi été déplacés.
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42:21 Pour finir, ils ont été déposés près du nouveau brise-lames.
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42:33 Ils ont été répartis sur l'équivalent de dix terrains de football
42:36 pour que les coraux aient de meilleures chances de survie et que le récif continue à grandir.
42:41 Aujourd'hui, les plongeurs vont évaluer l'état de conservation du corail.
42:46 - Prêt ? - Prêt ? - Ok.
42:50 La mer est très agitée.
42:54 Les tourbillons qu'on voit aujourd'hui sont la raison pour laquelle on a mis le récif ici.
42:59 Il sert de protection aux îles qui ont été créées derrière le brise-lames.
43:03 Pour ce premier recensement, plus de 90% des coraux sont encore vivants.
43:07 C'est un excellent résultat.
43:10 Ils sont en train de remonter.
43:17 Alors ?
43:21 - Ils sont en très bonne santé. - Parfait. Le récif joue son rôle.
43:25 Maintenant, le corail renforce la protection apportée par le brise-lames qu'on a construit pour les îles.
43:31 Il remplit donc sa fonction sur le plan technique, mais aussi écologique,
43:35 parce qu'il favorise la croissance d'un deuxième brise-lames naturel.
43:39 Le transfert du récif a été une opération coûteuse, mais au final, il sera bénéfique pour la ville.
43:47 Dubaï existe grâce à ce type d'innovation.
43:55 Elles sont cachées sous ses pieds, protègent son littoral, pompent le pétrole dans le sous-sol,
44:02 fixent ses gratte-ciels dans le sable et font circuler de l'eau jusqu'en haut des tours.
44:07 Grâce à elles, une ville impressionnante a surgi des dunes du désert.
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44:59 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org