• l’année dernière
« Un soir, mon fils s’est réveillé d’un cauchemar et tombe droit dans le mien. » Rose est chanteuse, auteur et podcasteuse. Pour Lou, elle est venue témoigner de son passé d’addict et nous a transmis un message plein d’espoir.
La saison 2 de son podcast "Contre-Addictions" est désormais disponible. ️
Transcription
00:00 "Mon fils m'a sauvé la vie, mais je ne veux pas qu'il le sache,
00:05 parce que je trouve que c'est une lourde tâche,
00:07 une lourde responsabilité d'être là pour empêcher que ta mère ne meure."
00:12 Donc disons qu'il m'a donné de la vie.
00:16 Salut Lou, c'est Rose.
00:18 Je suis auteur, compositeur, interprète.
00:20 Je suis là pour vous parler de mon passé d'addict
00:22 et de vous dire surtout que c'est possible de s'en sortir.
00:25 J'ai commencé à boire mal très tôt.
00:27 Dès que j'ai bu, c'était pour être bourrée.
00:30 Et à partir du moment où j'ai commencé à boire,
00:32 je n'ai plus jamais su boire.
00:34 J'avais vraiment envie d'être là tout le temps,
00:36 de jamais quitter la fête.
00:38 Et j'ai découvert la cocaïne à 27 ans.
00:40 Ça m'a permis de tenir des soirées, de ne pas vomir.
00:44 En général, avant le concert, je buvais quelques verres,
00:48 je prenais quelques traits de cocaïne.
00:50 Sur scène, ça m'arrivait de redemander des verres à mon régisseur.
00:54 Si je sentais que j'étais trop ivre,
00:56 je pouvais tout à fait, pendant le rappel,
00:58 sortir et revenir en ayant pris de la cocaïne.
01:02 À partir du moment où on arrêtait la fête,
01:04 où on arrête de consommer, où on n'a plus rien,
01:07 le sachet est vide,
01:09 à partir de ce moment-là, c'est des jours de dépression.
01:12 Et le fait de se détruire te donne aussi des verres à moudre.
01:17 Je dis souvent ça, c'est vraiment ça.
01:19 J'écrivais souvent les lendemains de soirée,
01:21 quand on va très mal, on consomme, on va mal, on va mal, on consomme.
01:25 Et je ne sais plus si j'étais dépressive ou cocaïnomane,
01:29 mais tout ça était totalement mélangé.
01:31 Souvent, on voudrait qu'il y ait un déclic,
01:32 mais en fait, il y a plusieurs déclics.
01:34 Évidemment, il y a eu déjà le regard de mon fils.
01:40 Un jour, on était en train de faire la fête chez moi,
01:43 à 4h du matin ou 5h du matin,
01:45 il s'est réveillé, et dans mon livre Kérosène,
01:47 je dis, il s'est réveillé d'un cauchemar et tombe droit dans le mien.
01:49 J'ai compris que de toute façon, j'allais à ma perte
01:52 et qu'il pouvait surtout lui perdre sa mère.
01:58 Je dois dire que le dernier déclic, ça a été l'amour.
02:02 J'ai rencontré quelqu'un et j'ai eu envie que ça marche,
02:06 et je pense que c'était impossible.
02:10 C'était impossible en se droguant.
02:12 On fait du mal à soi, mais on fait beaucoup de mal autour de soi avec la drogue.
02:17 J'ai commencé à me soigner toute seule pendant trois ans,
02:20 et donc ça a tenu pendant quelques années.
02:23 Et je ne savais pas que c'était une maladie.
02:25 Je ne savais pas que si je reconsommais, je pouvais repartir comme avant.
02:29 J'ai repris un verre, deux verres, trois verres, et puis c'est reparti.
02:32 Et à ce moment-là, on est en plein Covid, je sombre.
02:36 Et je me connecte un jour sur une plateforme qui s'appelle Narcotic Anonyme,
02:41 et c'était des réunions en Zoom.
02:44 Et pour moi, là, c'était la découverte parce que je voyais des gens
02:47 qui me disaient, en fait, c'est possible,
02:49 tu n'as pas besoin d'aller chercher ton déclic, tu n'as pas besoin de te battre.
02:52 Au contraire, la guerre est finie.
02:55 La mauvaise nouvelle, c'est que tu as perdu la guerre,
02:57 mais la bonne, c'est que la guerre est finie.
02:59 L'addiction, c'est un rapport défaillant à l'amour, exactement.
03:02 Et c'est pour ça que les groupes de parole marchent si bien,
03:04 parce qu'on recrée des liens.
03:05 C'est la maladie du lien, en fait, la dépendance.
03:07 C'est la maladie du mensonge.
03:08 Je me rappelle une fois être en réunion et me dire,
03:10 de toute façon, là, je vais partir de là et je vais aller boire un verre.
03:13 Et à la fin de la réunion, quelqu'un a parlé et a dit,
03:17 j'ai de la chance, j'ai une maladie, mais elle se soigne avec de l'eau.
03:21 Et ce truc-là, je me rappelle que ça m'a fait un effet.
03:25 Et ça, c'est à chaque fois.
03:26 À chaque réunion, il y a une trentaine de partages.
03:28 Et à chaque fois, il y a des phrases qui font choc et qui vont dire,
03:30 ah non, mais c'est clair, en fait, comment faire pour ne pas boire ?
03:34 Il suffit de boire de l'eau à la place.
03:36 Et la première goutte du premier verre, ne jamais la toucher.
03:39 Si tu ne la prends pas, tout ira bien.
03:42 J'ai décidé de lancer un podcast qui s'appelle Contradictions.
03:45 C'est exactement le principe des groupes de parole.
03:49 C'est un addict qui aide un autre addict.
03:51 Joe Esta ou Frédéric Begbeder ou Carla Bruni
03:54 étaient OK pour venir dans mon podcast.
03:56 J'ai senti que c'était un média qui allait soigner, qui allait guérir.
04:02 Et il n'y a pas que des stars dans ce podcast.
04:05 Il y a aussi des philosophes, des spécialistes du cerveau,
04:07 des anonymes et énormément de solutions et de clés.
04:11 Voilà.
04:12 Voilà.
04:13 ♪ ♪ ♪

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