• l’année dernière
Dans son livre-témoignage "Ne jamais baisser les bras", Daniel Pagliaro raconte son incroyable histoire personnelle, celle d’un père de famille italien de 36 ans qui mène une vie rangée et qui décide de s’enrôler dans la Légion étrangère pour donner un véritable sens à sa vie, à son existence. Un choix extrême non sans conséquences. Devenir légionnaire est un véritable parcours du combattant. C’est une sélection féroce qui nécessite une endurance physique et psychique hors norme pour prétendre porter le fameux képi blanc.
Dans cet entretien simple et sincère, Danilo Pagliaro raconte son parcours. Après son arrivée au centre de recrutement d’Aubagne, il quitte tout : sa famille mais aussi ses amis, son ancien travail et sa patrie. Il devient un légionnaire, un homme sans nom, qui débute sa carrière militaire pour servir la France sur tous les fronts et notamment en Afrique. Danilo Pagliaro évoque aussi le rapport de cette troupe d’élite avec l’Islam ou face à des missions dangereuses. Vingt années d’un engagement intense et un témoignage au plus près de la vérité.
L’ouvrage est complété par le récit de la bataille de Camerone :
"Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
abandonna ces soldats français
À Camerone le 30 avril 1863".
Honneur à la Légion !

Category

🗞
News
Transcription
00:00 C'est l'histoire d'un père de famille de 36 ans qui, en 1994, décide de s'enrôler
00:10 dans la Légion étrangère pour donner un nouveau sens à son existence.
00:15 Et c'est un témoignage passionnant sur ce prestigieux corps de la Légion étrangère
00:20 dans un ouvrage intitulé "Ne jamais baisser les bras".
00:24 Et ce légionnaire, cet homme dont je parle, cet homme sans nom, c'est Danilo Pagliaro
00:29 que je suis heureux de recevoir.
00:31 Bonjour Danilo Pagliaro.
00:32 Bonjour.
00:33 Merci d'être présent pour cet ouvrage édité aux éditions de Mareuil et que vous retrouvez
00:38 bien évidemment en vente sur la boutique TVL, sur le site TVL.fr.
00:42 Vous en avez maintenant l'habitude.
00:44 Mon introduction, Danilo Pagliaro, soulève déjà de multiples questions.
00:48 Et tout d'abord, j'ai dit un homme sans nom.
00:50 Vous appez Pagliaro, mais vous avez cessé de vous appez Pagliaro le jour de votre engagement
00:56 en 1994.
00:57 Vous avez cessé de vous appez Pagliaro, vous avez cessé d'être italien et vous
01:02 avez cessé d'être célibataire, marié.
01:05 Vous êtes devenu célibataire.
01:06 Oui.
01:07 C'est la procédure à la Légion.
01:10 Pour s'engager, il faut être célibataire.
01:12 Donc si on ne l'est pas, on peut le changer.
01:16 Il faut prendre une autre identité et donc on change de nom et pas forcément de nationalité.
01:26 Ça c'est la procédure normale d'engagement.
01:30 C'est-à-dire que quand vous êtes marié, puisque vous êtes marié, normalement vous
01:34 ne pouvez pas aller à la Légion Étrangère.
01:35 Non, on ne peut pas.
01:36 Il faut être célibataire.
01:37 Donc on décide que vous l'êtes.
01:40 Voilà.
01:41 Si vous êtes apte au service et que vous intéressez la Légion, il y a cette possibilité
01:49 de changer d'identité, donc de changer aussi de civilité.
01:53 Ça ne vous empêche pas de ne pas renier votre épouse et les enfants à ce moment-là.
01:58 Absolument pas.
01:59 Personne ne renie personne.
02:02 Cet engagement à la Légion Étrangère correspond pour vous.
02:06 Vous le dites dans l'ouvrage avec beaucoup de mots sincères et avec beaucoup de cœur.
02:11 À une période difficile, vous allez expliquer un choix extrême dans un moment qui est douloureux.
02:17 Vous dites même que vous étiez arrivé à un point de non-retour.
02:21 Vous étiez un aspirant au suicide.
02:22 Qu'est-ce qu'il se passait concrètement ?
02:23 Concrètement, je me suis retrouvé en France avec mon ex-femme.
02:29 Je me suis engagé.
02:32 La première année, le premier mois, tout s'est écroulé parce que j'ai divorcé.
02:39 Ma maman, elle est décédée et je me suis retrouvé… je n'avais plus rien.
02:46 À un moment donné de ma vie, si je pouvais penser à un chez-moi, vraiment le nid familial,
02:54 c'était les trois mètres carrés autour d'un lit et d'une armoire au premier étage
03:00 du cinquième escadron du premier régiment étranger de cavalerie.
03:03 Si j'avais eu une épaule sur laquelle pleurait quand ma maman est morte, c'était justement
03:11 l'épaule d'un légionnaire.
03:13 Si je recevais un cadeau pour Noël, c'était parce que mon capitaine m'offrait pour Noël
03:22 deux cadeaux, un du capitaine, un du colonel.
03:25 Pas à moi.
03:26 À la région, on fête le Noël ensemble et ça aussi, c'est notre façon de vivre.
03:30 Donc, à un moment donné de ma vie, je me suis trouvé en difficulté.
03:34 Et réellement, qu'est-ce que je serais devenu si je n'avais pas été à la région ?
03:41 Ce que je n'arrive pas à comprendre, Daniel Opa-Liaro, c'est que vous dites "j'étais
03:45 un aspirant au suicide" et le suicide pour vous, c'est de franchir la porte de la Légion
03:50 étrangère, c'est ça ?
03:51 Du tout, du tout, du tout.
03:52 Quand je me suis engagé, tout allait très très bien.
03:54 Après, toutes ces choses dont je viens de parler, se sont produites quand j'étais
04:03 à la région.
04:04 Et là, effectivement, ça n'allait pas bien.
04:05 Quand je dis "j'étais un aspirant au suicide", c'est que ça n'allait pas.
04:15 Pourquoi vous vous engagez à la Légion ?
04:18 C'est-à-dire que vous laissez quand même votre épouse et les deux enfants ?
04:21 On était d'accord.
04:23 Pourquoi je me suis engagé à la Légion ?
04:25 Tout simple, je suis italien.
04:27 J'avais marié cette fille française en France et on était partis habiter à Venise.
04:33 Je viens de Venise.
04:35 Là, on a habité pendant 11 ans.
04:38 L'Italie n'assurait pas du tout, du tout, du tout ce que la France pouvait assurer
04:43 à ses habitants.
04:46 Donc, comme on savait très bien comment ça s'est passé en France, puisque ma femme
04:55 était française, on a décidé de venir ici parce que le travail était plus simple à
05:01 rechercher, à trouver, parce qu'il y avait une autre assistance à la personne, assistance
05:06 sociale, assistance sanitaire.
05:08 Et donc, voilà pourquoi j'ai décidé de venir ici.
05:11 Une fois, pas pour la Légion, je ne savais même pas si la Légion existait ou pas.
05:15 Et une fois que j'étais là, que j'étais en France, j'ai toujours travaillé.
05:25 Je fais le paysan, je fais le machiniste dans une compagnie théâtrale, je fais le concierge
05:32 dans des hôtels.
05:33 Et à un moment donné, j'ai découvert qu'il y avait réellement, qu'il existait vraiment
05:39 cette Légion étrangère.
05:40 Et mon papa était militaire.
05:43 Moi, j'avais fait mon service militaire en Italie.
05:46 C'était un milieu que j'aime, que j'aimais et que j'aime.
05:50 Et donc, je me suis dit, tiens, pourquoi pas ? Surtout qu'en France, à la Légion,
05:58 on peut s'engager jusqu'à 40 ans.
06:00 J'avais 36 ans.
06:02 Donc je me suis dit, tiens, il y a la possibilité de faire quelque chose que j'aime.
06:05 Et on va essayer.
06:10 J'en ai parlé avec ma femme, on était d'accord.
06:14 C'est elle qui m'a accompagné à Marseille pour le jour de l'engagement.
06:19 Alors, vous avez comme but de recommencer une nouvelle vie.
06:23 Mais tout au long du livre, et ça c'est important, vous mettez en garde le lecteur,
06:29 le téléspectateur.
06:30 La Légion n'est pas faite pour, dites-vous, les cas sociaux.
06:34 Elle n'est pas faite pour les mythomanes, pour les exaltés, pour les fanatiques de
06:37 la violence ou autres.
06:39 Et je vous cite, "C'est pas fait pour les voyeurs sans couilles."
06:42 C'est dans le bouquin.
06:43 Alors à cela, vous dites plusieurs fois, restez chez vous.
06:47 Restez chez vous.
06:48 Si, vous savez pourquoi ? Parce que depuis 7 ans, il y a 7 ans, j'ai écrit un premier
06:55 livre en Italie.
06:56 Et bien depuis 7 ans, il y a beaucoup, beaucoup, vraiment beaucoup de monde, des jeunes qui
07:02 m'appellent, qui m'écrivent pour savoir comment faire pour s'engager à la Légion
07:06 étrangère.
07:07 Et la première ou parmi les premières choses qu'on me demande c'est, est-ce que je peux
07:11 avoir l'ordinateur ? Est-ce que je peux téléphoner à la maison ? Combien je gagne ? Combien
07:15 de congés ? Combien de jours ? Les quartiers libres ? Donc j'ai dit, restez à la maison.
07:19 Ce n'est vraiment pas pour vous.
07:21 Ne menez pas, menez vos histoires, mes droits, mes droits, mes droits.
07:24 À la Légion, on a, on perd un peu d'élégance, mais on parle d'un soldat, on a un seul droit.
07:30 On s'engage et après, on ferme sa gueule et on exécute les ordres.
07:35 Du moins au début.
07:37 Après, on verra.
07:38 Mais ça, ça devrait être l'armée, à la base.
07:40 Alors, à votre époque, ça peut changer maintenant, mais à votre époque, pas si
07:45 loin, éloigné de cela quand même, en 94, devenir légionnaire, c'est quand même un
07:48 vrai parcours du combattant, ça le reste toujours.
07:51 C'est une sélection féroce quand même, qui nécessite une endurance physique et psychique
07:56 quand même, hors normes, pour prétendre avoir ce fameux képi blanc.
08:00 Vous ne pensez pas ça ? On a encore, je lis le livre, oui quand même, ce n'est pas pour
08:04 tout le monde.
08:05 Non, ce n'est pas, sûrement, ce n'est pas pour tout le monde.
08:08 Maintenant, on n'est pas des surhommes.
08:10 Enfin, pour s'engager, il faut faire des tests, des tests physiques.
08:17 Mais je veux dire, et là aussi, j'ai dit à beaucoup de gens, restez chez vous.
08:22 Dans quel sens ? Il faut pouvoir faire deux cordes de 5 mètres.
08:27 Il faut pouvoir faire 5 tractions, à la base, avec cette prise, une prise frontale.
08:33 Il faut pouvoir faire 30 ou 35 pompes sur les bras, autant sur les déflexions sur les
08:45 jambes, et une quarantaine, une cinquantaine d'abdominaux.
08:49 Si quelqu'un, un gars, un garçon, un jeune, normalement constitué, n'est pas en mesure
08:56 de faire ça, mais restez chez vous.
08:58 Ou du moins, allez où vous voulez, mais ne venez pas polluer la région étrangère.
09:05 Alors néanmoins, on découvre quand même, quand vous y arrivez, pour les aspirants,
09:12 toute une série de méthodes, de processus, de process, dirait-on maintenant, qui sont
09:17 quand même assez incroyables.
09:20 Par exemple, les aspirants se positionnent en trois rangées.
09:23 Il y a deux vents, c'est les bleus, puis les verts, puis les rouges, avec chacun des
09:29 contraintes particulières.
09:30 Ça, c'est au moment des corvées.
09:34 Des corvées qu'on crée à Aubagne.
09:38 C'est important, c'est la base.
09:41 Donc, les très très jeunes, on est à Aubagne, quand je parle de ces épisodes, parce qu'ils
09:52 se produisent trois fois par jour, tous les jours.
09:54 Donc, il faut nettoyer.
09:55 Dès là, il y a les plus jeunes, derrière les moins jeunes, et le dernier rang, ce qu'ils
10:04 doivent surveiller, en quelque sorte, ce sont ceux qui ont été choisis, qui ont passé
10:11 tous les tests, les examens, et qui sont en train de partir pour Castelnaudary.
10:16 Donc, ils seront engagés, et eux, ils surveillent.
10:20 Mais, je veux dire, la corvée, oui, c'est important.
10:24 C'est important, parce qu'il y en a quand même beaucoup qui désertent.
10:26 Si, mais pas à cause des corvées.
10:29 On revient.
10:30 Pourquoi il y a beaucoup de désertion ? Tout simplement parce que les gens, ils regardent
10:36 la télé, ils regardent les films de Rambo, ils jouent à la Playstation, et après,
10:44 ils pensent que c'est ça, la réalité des choses.
10:46 Non, la réalité des choses, ce n'est pas ça.
10:47 Donc, ils viennent, ils se rendent compte qu'on ne peut pas téléphoner quand on veut
10:52 à la maison, à la maman, qu'on ne peut pas, pendant les premiers mois, utiliser l'ordinateur,
10:59 qu'il y a une discipline, qu'on ne fait pas ce qu'on veut, et les gens désertent.
11:03 Et ça, c'est vraiment un problème.
11:05 Je suis italien, donc je connais ceux dont je parle.
11:11 Ça, c'est vraiment typiquement italien, dans les dernières années.
11:15 Mais vous dites que les Italiens se présentent moins bien que certaines autres nationalités.
11:21 C'est horrible.
11:22 C'est horrible.
11:23 Ah si, je l'apprends, je l'apprends, c'est cette responsabilité.
11:26 Car c'est la vérité.
11:28 Votre conquête, c'est celle du képi blanc ?
11:31 Oui.
11:32 Ça, c'est clair.
11:33 Et si vous vous rappelez que la discipline est au centre de tout, qu'aucune liberté
11:36 n'est autorisée, vous avez cette phrase, elle est importante, M.
11:40 Pagliaro, vous dites "Celui qui ne respecte pas un ordre, ne respecte pas la Légion".
11:44 Alors, vous prenez, alors dans l'ouvrage, et on le sait dans la réalité, régulièrement
11:49 des libertés avec le règlement, tout en sachant que ça peut vous coûter cher.
11:53 Je croyais que ne pas respecter la Légion, c'était pas...
11:56 Je ne comprends plus.
11:57 On est d'accord ? Vous avez bien dit "Je ne respecte pas le règlement, je respecte
12:05 toujours les ordres".
12:06 C'est quand même différent.
12:07 Les ordres, ce sont les ordres.
12:09 Après, le règlement, si, c'est quand même différent.
12:12 Le règlement, je ne sais pas, il ne faut pas...
12:14 – Il faut que je voie votre épouse en Italie, vous allez en Italie ?
12:20 – Elle était en France.
12:21 – Ah, c'est mieux.
12:22 – Peu importe.
12:23 – C'est mieux.
12:24 – Mais c'est vrai, ça aussi, on ne peut pas, si on est sous anonymat, il faut rester
12:30 en France.
12:31 On ne peut pas sortir du pays.
12:33 On ne peut pas avoir un véhicule.
12:35 C'est vrai que moi j'avais caché le véhicule, je ne me souviens même plus où.
12:41 Et c'est vrai que pendant mes congés, mes permissions, souvent, je disais, j'ai marqué
12:52 Montpellier, après je partais à Venise.
12:54 – Celui qui ne respecte pas les ordres ne peut pas aller en région.
12:58 – Ça c'est différent, vous voyez, c'est un autre état d'esprit.
13:01 Il faut être dedans pour le comprendre.
13:05 Parce qu'à la région, les ordres, ce sont les ordres.
13:07 Ça c'est le règlement.
13:09 C'est quand même un peu différent.
13:10 Donc chez nous, c'est pas vu, pas pris.
13:12 Donc tu veux le faire, tu le fais.
13:14 On est un quartier consigné, tu fais le mieux pour aller en ville.
13:19 Pas vu, pas pris.
13:20 Par contre, c'est là que c'est bien.
13:25 Vu, pris, puni.
13:27 Après, on ne peut pas dire "je ne savais pas, je ne connaissais pas,
13:30 mais je suis italien, français, anglais, je suis blanc, je suis noir,
13:35 je suis…", peu importe.
13:38 Vu, pris, puni.
13:41 On est libre, on peut choisir.
13:44 – C'est clair.
13:45 Vous retracez l'histoire de la Légion étrangère,
13:46 et là, au détour d'une page, vous écrivez aussi
13:48 "Nous ne sommes pas une armée d'aventuriers",
13:50 ça bien sûr, lâché dans la nature.
13:52 "Nous sommes fidèles à la France et nous obéissons aux ordres du gouvernement".
13:58 Ça n'a pas toujours été le cas non plus, je suis désolé.
14:00 Pas vu, pas pris, mais pas vu, vu en 1940 et vu en 1961,
14:04 où on ne suit pas les ordres du gouvernement.
14:06 – Ça, c'est provocatoire.
14:10 Non, sérieusement, non.
14:13 – C'est un jeu de chansons, en 1940.
14:14 – Sérieusement, on est en 1940, je le disais pour rigoler,
14:17 mais je disais "mais ça, c'est absolument de la mauvaise foi",
14:20 parce que alors, Degaule, le grand Charles Degaule,
14:25 il était le premier de je ne sais pas quoi, il n'a pas obéi aux ordres.
14:29 En 1940, la France a quand même rendu les armes avec Pétain.
14:37 Et il y a eu quelqu'un d'autre qui s'appelle Charles Degaule,
14:39 qui est parti en Angleterre et qui a dit "allez, on va continuer".
14:43 La Légion, on ne va pas lui réprocher non plus
14:46 d'avoir participé à la libération de la France.
14:50 La Légion, elle a combattu.
14:51 On devrait plutôt parler d'héros au même titre
14:56 que le commando Hubert qui est parti d'Angleterre pour combattre.
15:02 La Légion a toujours combattu.
15:04 – La Légion s'est engagée avec Degaule contre le nazisme en 1961.
15:07 C'est Degaule qui décide de rendre les armes en Algérie et la Légion ?
15:11 – Non, justement, là, alors, merci, parce que ça, on va remettre les choses…
15:16 Il faut faire attention au mot.
15:18 C'est important.
15:20 Ce n'est pas la Légion, c'est faux.
15:23 Ça, c'est vraiment… Je ne parle pas par rapport à vous,
15:26 mais quelqu'un qui vraiment dise ça,
15:28 ou c'est de la mauvaise foi, ou c'est ne pas connaître l'histoire,
15:32 ou c'est je ne sais pas quoi, c'est complètement faux.
15:35 La Légion n'a absolument rien fait.
15:39 Elle aurait été dissoute.
15:42 Une unité de la Légion, un régiment de la Légion,
15:47 le premier REP, le premier Régiment étranger de parachutistes
15:51 qui était en Algérie, lui, oui, bien sûr, la réalité, elle est là.
15:56 Il faut toujours admettre la réalité, même si c'est contre nous.
16:01 Mais ce n'est pas la Légion, c'est le premier REP
16:05 qui, effectivement, a participé à ça.
16:08 À savoir que, au bout de quelques jours, quand le POUCH, il a échoué,
16:15 le REP a été dissous, mais ses officiers, ça a été le carnage.
16:20 Les hommes, les légionnaires, eux, ils n'avaient aucune faute.
16:24 Ils ont suivi leur commandement.
16:28 Mais je ne suis pas en train d'excuser qui que ce soit
16:31 quand je dis qu'ils n'avaient aucune faute.
16:33 Mais ce n'est pas du tout la Légion.
16:36 En effet, l'unité qui a commis cet acte a été dissoute.
16:43 Et elle ne pourra jamais à la Légion ou dans l'armée française,
16:47 il n'y aura plus un premier REP.
16:49 Nous avons les parachutistes, nous avons le deuxième REP.
16:53 Et la Légion, toute la Légion l'a payé, ça.
16:55 Parce que depuis 61, elle a été interdite de français liser
16:59 pendant le 14 juillet.
17:01 C'est grâce au saut sur Colvésie, en 78,
17:06 que la Légion a été réadmise à participer aux célébrations
17:11 de la fête nationale.
17:13 Mais c'est absolument faux, c'est pas juste.
17:18 Mais combien de milliers de régionnaires
17:20 ont donné leur sang pour ce pays magnifique ?
17:24 Bien sûr, on ne veut pas être insensés.
17:26 Personne ne nous a appelés, personne ne nous demande,
17:29 personne ne nous veut.
17:30 On est des volontaires, c'est très bien.
17:32 Mais de là à dire qu'à un moment donné de l'histoire de la Légion,
17:37 la Légion ait en quelque sorte trahi son engagement vis-à-vis de la France,
17:43 mais c'est faux.
17:44 – Non, et puis je veux dire l'honneur de ce plan.
17:46 – C'est complètement faux.
17:47 – Je veux dire l'honneur comme en 40.
17:48 Le métier de légionnaire, c'est de faire la guerre, le combat.
17:51 C'est la finalité et vous êtes intervenu sur nombreux terrains d'opération.
17:55 Et quelle mission vous a le plus marqué ?
17:58 – Je pense la première.
18:01 Je ne sais pas, on ne peut...
18:04 En 96, j'ai été avec le 5e escadron à République Centrafricaine.
18:12 On était parti pour une tournante et au bout de quelques jours,
18:16 ça va très vite en Afrique, pour nous ça a tourné en opération.
18:21 Parce qu'il y a la moitié des forces armées centrafricaines
18:28 qui s'est révoltée contre Angéfélix Patassé.
18:32 Et il y a eu une sorte de guerre civile.
18:34 Nous étions sur place, il a fallu faire quelque chose.
18:38 C'est la première fois, ça a été la première fois pour moi.
18:43 Donc peut-être que, probablement...
18:47 – Vous étiez beaucoup en Afrique notamment ?
18:49 – Oui, beaucoup. En Côte d'Ivoire en 2004,
18:53 on a fait une intervention avec mon capitaine,
18:57 dont je ne ferai pas le nom de l'époque,
18:59 maintenant il est colonel, voire général.
19:03 Dans une orphelinat, ça marque.
19:10 Ce ne sont pas les... On ne peut pas imaginer.
19:13 Souvent quand je fais des présentations, des dédicaces,
19:16 on me dit "oui je comprends", non vous ne comprenez pas.
19:20 Mais je ne me mets absolument pas sur un plan de supériorité,
19:25 absolument pas. Il faut y être.
19:29 Quand on voit vraiment des gamins au sol,
19:32 le sol il y a de tout, et enfin...
19:35 Ça aussi ça peut marquer.
19:38 – Bien sûr.
19:39 La Légion aujourd'hui en 2023, ce n'est pas seulement des combats,
19:42 ces deux décennies, la Légion a changé d'une façon incroyable,
19:47 et c'est là que je ne vous suis plus encore.
19:50 Parce que d'un côté vous dites "la Légion commence à vaciller,
19:53 à faiblir, baisse de la discipline, baisse de l'autorité".
19:57 Alors quelques pages plus loin, vous dites "mais j'ai la conviction intime
20:00 que la Légion doit changer encore en s'adaptant au temps et à la société".
20:04 À la société Wack alors, non ?
20:05 – Bien sûr, mais là aussi il faut faire une...
20:09 Il faut quand même préciser... – C'est encore la mauvaise foi ?
20:10 – Non, il n'y a pas... Les mots, les mots c'est important.
20:14 Donc oui, la Légion par rapport à il y a 30 ans,
20:19 quand je me suis engagé, elle a changé.
20:21 La discipline n'est plus la même, mais elle ne peut plus être la même
20:26 car la société a changé, car l'opinion publique ne pourrait pas accepter ça.
20:34 La façon de gérer la discipline à l'intérieur a changé.
20:38 Je ne suis ni pour ni contre, et c'est tout l'intérêt de ce livre.
20:44 Je donne des faits.
20:45 Là-dedans il y a 200 pages de "je, je, je".
20:48 J'ai vu, j'ai fait, j'ai subi.
20:50 Le sujet ce n'est pas moi, c'est la Légion,
20:53 mais je veux apporter un témoignage direct.
20:56 C'est pour ça que je ne dis pas "j'ai entendu que".
20:59 Je dis "oui, j'étais là et j'ai entendu", ou "j'ai vu", ou "j'ai fait".
21:03 Donc les choses ont changé.
21:05 Maintenant, ça c'est une chose, la discipline interne.
21:12 Maintenant il faut dire que la société a changé,
21:14 donc la Légion telle qu'elle est, forcément elle doit changer.
21:20 – Et les femmes à la Légion ?
21:21 – Voilà, regardez, il y a 30 ans, il n'y avait pratiquement pas de femmes à l'armée.
21:25 Ça commençait.
21:27 À la Légion, il n'y en a pas.
21:28 Pour toutes les raisons, les meilleures ou les pires, peu importe.
21:32 Justement, je ne suis pas là en train de faire l'avocat pour ou contre.
21:37 Les faits, il n'y a pas de femmes.
21:40 Il faudrait que ça change.
21:42 Dans un an, 10 ans, 30 ans, mais ça va changer.
21:46 Il y a 30 ans, l'homosexualité,
21:49 ce sont vraiment les grands problèmes de notre société, pas que française.
21:54 En Italie, c'est exactement la même chose, l'homosexualité,
21:56 il y a 30 ans dans les armées.
21:59 Moi, j'ai fait mon service militaire en 77.
22:04 Je sais, ça ne me rajeunit pas, mais bon, c'est comme ça.
22:07 À l'an, même s'il y avait des femmes,
22:11 il n'y avait pas de femmes dans l'armée il y a 50 ans,
22:14 mais dans certains endroits, il y avait des femmes.
22:16 On ne pouvait pas dire "je fais quelque chose avec là" et donner le galon.
22:22 On aurait été puni, le crime, le délit, aurait été l'homosexualité,
22:27 même si c'était une femme.
22:30 Donc, heureusement, ça a changé, cet état d'esprit.
22:35 Ce qui est sûr, c'est que les femmes ne sont pas à la région.
22:38 Ce qui est sûr, c'est que l'homosexualité existe.
22:42 Elle a toujours existé, mais maintenant,
22:44 il y a des droits qui sont reconnus aux homosexuels.
22:52 Je répète, je ne suis ni pour ni contre,
22:54 mais maintenant, il faut que la région s'adapte,
22:56 car la région est un corps d'armée des forces armées françaises.
22:59 Et il y a des lois de la République qui disent "c'est comme ça, comme ça, comme ça".
23:05 Et il faudrait respecter.
23:07 Nous, nous avons déjà des couples homosexuels mariés à la région.
23:11 Et ça, c'est un changement majeur qui s'est produit.
23:18 Dans les armées, spécialement, je pense, dans la région,
23:22 vous voyez l'image du légionnaire ?
23:26 La grosse, brute, méchante, agressive.
23:32 Il y a des hommes qui sont mariés ensemble.
23:35 Et il faudra continuer comme ça,
23:39 parce que sinon, la région disparaîtra.
23:42 Forcément, il faut se tenir au pas avec les temps.
23:46 – Vous n'avez jamais baissé les bras, on pourrait encore parler,
23:48 il y a beaucoup de choses, notamment, vous évoquez le rapport de la région avec l'islam.
23:53 Vous relatez le journée du 13 juillet 2013 à la veille de la fête nationale,
23:56 quand une compagnie entière, 2e REP,
23:59 est décorée pour son comportement héroïque au Mali.
24:03 Et pendant ce temps-là, et au même moment,
24:05 il y a des acceptations de l'islamisme extrémiste absolument incongrues.
24:13 Il faut vraiment lire l'ouvrage, parce que ne jamais baisser les bras,
24:17 c'est quand même le sens de votre engagement.
24:20 C'est la philosophie aussi qui se traduit par "legio patria nostra",
24:23 la Légion, c'est notre patrie.
24:26 Et cette patrie-là, vous l'avez quittée en 2018, au bout de 20 ans ?
24:33 Ou est-ce que vous avez continué, ou continuez toujours à être légionnaire ?
24:36 Est-ce qu'on reste légionnaire ? J'ai l'impression.
24:40 – Mais si on reste légionnaire, moi je fais 23 ans et demi de service.
24:45 Mais je répète, ce que la France m'a donné, ce que la Légion m'a donné,
24:53 personne ne me l'avait donné.
24:55 Donc on ne peut pas effacer 23 ans.
24:58 Vous savez, j'avais 15-16 ans de service et je demandais la nationalité française.
25:04 Pas avant. Pourquoi ? Parce que je ne voulais pas, absolument pas,
25:08 qu'on puisse dire "tu t'es engagé pour la nationalité".
25:11 Je suis italien, je n'ai pas besoin de la nationalité française
25:15 pour vivre en France. J'ai le même droit que vous.
25:18 Enfin, je n'aurais pas pu devenir président, mais ce n'est pas mon projet.
25:21 Donc ce n'est pas pour ça que j'ai demandé la nationalité.
25:27 Mais je voulais vraiment avoir, je ne sais même pas comment le dire,
25:33 l'immense honneur, privilège de pouvoir dire "je suis français".
25:43 Et donc, si je quittais la Légion en institution,
25:47 la Légion, ce sera jusqu'à la fin et même au-delà.
25:49 La Légion et la France avec.
25:51 Merci Danilo Pagliaro.
25:53 Je vous invite à retrouver beaucoup d'autres choses dans "Ne jamais baisser les bras"
25:57 et notamment un récit sur la bataille célèbre de Cameroun.
26:00 "Ils furent ici moins de 60 opposés à toute une armée.
26:03 Sa masse s'écrasa.
26:05 La vie, plutôt que le courage, abandonna ses soldats français."
26:09 Voilà. Merci pour cet hymne à la Légion, pour cet honneur à la Légion.
26:13 Merci à vous.
26:14 Merci à vous.
26:15 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
26:18 Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations