ELLE TUE LA FEMME DE SON AMANT _ ⚠️ Face au Crime _ Documentaire Crime District
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00:00 Nous sommes à Avignon, le 1er février 2016.
00:04 Aujourd'hui, il y a une affaire captivante devant les assises.
00:08 Dans le box des accusés, Jessy Travaglini.
00:12 Elle est accusée d'avoir étranglé Eloïse Bagnolini.
00:16 C'est la femme de son amant.
00:19 ...
00:22 Explosion.
00:25 ...
00:33 Au coeur de cette histoire trouble d'adultère qui passionne la presse,
00:37 il y a 3 personnages.
00:40 Jessy Travaglini, la maîtresse, âgée de 30 ans.
00:44 Elle a étranglé sa rivale Eloïse Bagnolini.
00:48 Car Jessy aimait en secret Alain Castel, le compagnon d'Eloïse.
00:52 C'est un crime passionnel, selon l'accusation.
00:56 Un couple illégitime, l'amour au bureau, un parfum d'érotisme,
01:00 le grand frisson de la transgression pour le public.
01:04 Voici l'homme, convoité par les 2 femmes.
01:08 Aujourd'hui, il est à la fois l'amant de l'accusé et le veuf de la victime.
01:12 Que va-t-il révéler au juré ?
01:16 En défense ou en partie civile, tous les avocats s'interrogent
01:20 sur cette tortueuse relation extra-conjugale à l'origine de l'assassinat.
01:24 Car ici, on s'apprête bel et bien à juger un assassinat
01:28 commis par une femme sur une autre femme.
01:32 C'est un crime, selon le code pénal, puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
01:36 Pour l'avocat de l'accusé, maître Louis-Alain Lemaire,
01:40 la tâche s'annonce très ardue.
01:44 Car si depuis le départ, sa cliente a reconnu
01:48 le crime, pour elle, il ne s'agit que d'un accident,
01:52 d'une simple altercation qui a mal tourné,
01:56 et absolument pas d'un assassinat.
02:00 "Vous pouvez vous asseoir."
02:04 Alors, confrontation qui aurait dégénéré entre 2 femmes amoureuses
02:08 du même homme, ou bien piège machiavélique de la part d'une maîtresse
02:12 qui voulait éliminer sa rivale ? Comment va se défendre l'accusé ?
02:16 A la première suspension d'audience, la mère d'Éloïse,
02:20 la victime, a déjà son opinion sur ce qui s'est passé.
02:24 "En regardant avec un peu de recul,
02:28 tout ce qui s'est passé, c'est juste monstreux.
02:32 Entre l'assassinat d'Éloïse, qui ne demandait rien,
02:36 elle ne demandait rien, elle demandait juste à vivre avec son fils, c'est tout.
02:40 C'était pas quelqu'un de compliqué, c'est juste qu'elle avait fondé une famille."
02:44 "Ca étonne bien évidemment la famille de la victime,
02:48 puisqu'il y a bien une des deux qui a été violente, et pour nous,
02:52 ce n'est pas Éloïse Bagnolini qui ne s'attendait absolument pas
02:56 à la venue de l'accusé à son domicile.
03:00 Donc si l'une des deux a fait preuve de violence, c'est certainement pas la victime,
03:04 mais bien la personne aujourd'hui qui est dans le boxe."
03:08 "Il y avait une véritable intention de tuer Éloïse Bagnolini."
03:12 "C'est totalement la défense de l'accusé, maître le maire."
03:16 "Ce qu'elle a fait est suffisamment grave, elle a enlevé la vie à quelqu'un,
03:20 mais il ne faut pas en rajouter en indiquant que c'est volontairement,
03:24 avec intention et maintenant avec préméditation, qu'elle aurait commis cet acte."
03:28 "Alors que s'est-il passé pour qu'une mère de famille en vienne
03:32 à étrangler à mort une autre maman ?"
03:36 "C'est ça."
03:40 Nous voici à Aubignan, c'est juste au pied du mont Ventoux,
03:44 à quelques kilomètres d'Avignon.
03:48 C'est une commune de 5000 habitants environ,
03:52 une bourgade très paisible où il fait bon vivre.
03:56 Et c'est ici, à la sortie du village, dans ce pavillon coquet
04:00 que vivent Éloïse et Alain ainsi que leur petit garçon de 5 ans.
04:04 "Ils étaient calmes, c'était des jeunes,
04:08 ils avaient pas 35 ans, ils avaient une vie tout à fait tranquille,
04:12 ils ne faisaient pas de bruit tous les deux."
04:16 Claude habite tout près du couple et il lui arrivait parfois de croiser Éloïse.
04:20 "Il est en voisine, je fais tout le temps le tour avec mon petit chat,
04:24 et puis la jeune femme Éloïse, je la voyais dans son jardin,
04:28 au bord de sa piscine, une jeune femme d'une trentaine d'années avec un enfant,
04:32 je la voyais souvent, c'était une jolie blondinette."
04:36 "Très belle femme, paisible, calme, très attachée à son petit,
04:40 attachée aussi à son mari, à sa famille."
04:44 "Une jeune femme que l'on a toujours décrite comme fragile,
04:48 assez timide, discrète, intelligente, très intelligente,
04:52 elle est diplômée, mais pas très téméraire,
04:56 elle est assez casanière, réservée."
05:00 La femme de son foyer qui va chercher tous les jours son petit garçon à l'école
05:04 vit donc avec Alain Castel.
05:08 C'est un cadre dynamique et admiré qui travaille au sein d'une multinationale spécialisée dans l'alimentaire,
05:12 plus précisément au service des ressources humaines.
05:16 Un chef d'équipe avec beaucoup de charisme.
05:20 "Alain Castel, c'est un ingénieur des arts et métiers,
05:24 qui travaille donc à la société Campbell,
05:28 c'est un homme qui a l'air assez sûr de lui,
05:32 qui avait une certaine aura à la société Campbell,
05:36 qui avait un poste important."
05:40 "Qui est respecté par le personnel, par ses collaborateurs,
05:44 on pense que c'est quelqu'un d'assez charmeur,
05:48 vis-à-vis de l'agente féminine."
05:52 Le vendredi 11 octobre 2013, alors qu'il est encore au travail,
05:56 l'homme reçoit un coup de fil assez singulier dans la matinée.
06:00 "L'école l'appelle pour lui dire de venir chercher son fils,
06:04 et notamment le fait qu'Éloïse ne serait pas allée
06:08 chercher l'enfant à la cantine.
06:12 Donc lui il se pose vraiment des questions à ce moment-là,
06:16 parce que ça ne correspond pas du tout au comportement d'Éloïse."
06:20 Trouvant cette situation très inhabituelle, le concubin d'Éloïse décide alors de rentrer chez lui.
06:24 Alain Castel est inquiet en fait, sa femme a disparu,
06:28 et sa voiture aussi.
06:32 "Et là il découvre la maison un petit peu chamboulée,
06:36 avec des brindilles d'herbe au sol, et des traces de sang proches de la salle de bain,
06:40 et c'est ça qui va commencer à lui faire comprendre
06:44 que le pire est peut-être arrivé.
06:48 Alors dans sa tête ça se mélange un petit peu, parce qu'il a été victime d'un cambriolage il y a quelques semaines auparavant,
06:52 et la première hypothèse c'est ça, un cambriolage qui a pu mal tourner."
06:56 Alain Castel prévient immédiatement la gendarmerie,
07:00 mais personne ne comprend la disparition subite d'Éloïse,
07:04 et la nuit tombe.
07:08 Le lendemain matin, toujours aucune nouvelle de la disparue.
07:16 Mais ce qu'ignorent les gendarmes, c'est que depuis la veille,
07:20 Claude, qui habite à une centaine de mètres du domicile du couple,
07:24 a remarqué quelque chose d'anormal, une voiture, mal garée, tout près de chez elle.
07:28 "J'ai trouvé bizarre qu'il y ait une voiture garée,
07:32 sans que mes voisins m'aient dit qu'ils prêtaient la maison, puisqu'on est dans une impasse.
07:36 Je suis allée me promener avec les chiens, je suis revenue, on est repassés,
07:40 la voiture n'avait pas bougé et la nuit tombait, donc j'ai trouvé bizarre."
07:44 "La voiture était là, à cet emplacement."
07:48 Cette voiture, c'est celle d'Éloïse Bagnolini,
07:52 que l'on cherche partout depuis 24 heures.
07:56 "Vers 10h, ça sonne à mon interphone, c'était la gendarmerie,
08:00 qui me dit "vous pouvez nous ouvrir", donc j'ouvre mon portail,
08:04 ils me demandent si j'ai remarqué la voiture là-bas, donc je leur dis oui,
08:08 je leur explique pour quelle raison, et je leur dis pourquoi,
08:12 il y a un souci, et ils me disent "oui, il y a un souci, mais on ne peut rien vous dire,
08:16 et je dis c'est grave, ils me disent oui c'est grave,
08:20 et moi j'ai eu comme un flash, je leur ai dit il y a un corps dans le coffre."
08:24 Malheureusement, l'intuition de Claude se révèle juste.
08:28 Les gendarmes ne sont pas venus par hasard, c'est la meurtrière qui vient d'avouer.
08:32 Elle s'appelle donc Jessie Travaglini,
08:36 elle a tué Éloïse, la femme de son amant.
08:40 Dans le village, où chaque jour, Éloïse Bagnolini venait chercher son fils,
08:44 c'est plus que la consternation, surtout lorsque le mobile du crime est dévoilé.
08:48 Un crime passionnel, commis par une autre mère de famille.
08:52 C'est une histoire d'adultère, on va dire,
08:56 avec une confrontation entre la légitime et la maîtresse.
09:00 En principe, c'est plutôt la femme trompée qui a envie de se venger,
09:04 et là, ça a été le contraire.
09:08 Des fois, les affaires de cul, en parlant franchement,
09:12 on règle les comptes, chacun parle de son côté.
09:16 Mais de là à tuer quelqu'un pour une affaire de meurtre,
09:20 c'est adultère, c'est tout complètement con.
09:24 Petit à petit, les détails du crime sont révélés au grand public,
09:28 dans la presse. Mais plus on dévoile l'enquête,
09:32 plus on s'interroge sur le pourquoi du passage à l'acte.
09:36 Comment Jessie, mère de famille, mariée, sans aucun passé judiciaire,
09:40 a-t-elle pu se métamorphoser en tueuse ?
09:44 Pour tenter de comprendre Jessie Travaglini,
09:58 il faut sans doute s'arrêter ici, à Antraig, sur la Sorgue.
10:02 C'est à une dizaine de kilomètres d'Avignon.
10:06 C'est durant l'été 2001, à l'adolescence, que cette jeune fille discrète et timide
10:10 a fait la connaissance d'un homme, Jean-François,
10:14 âgé de 21 ans. - Elle avait 16 ans.
10:18 La 1re fois qu'elle l'a vu, elle savait déjà qu'elle se marierait avec lui.
10:22 C'est la 1re chose qu'elle m'a dit. Elle m'a dit tous ses défauts.
10:26 Je lui ai dit que c'est mal barré. Elle m'a dit que c'était pour la vie.
10:30 - Et comme ils s'adorent, bien sûr, ils s'unissent
10:34 pour le meilleur et pour le pire. - C'est un joli couple.
10:38 Il s'aime, il n'y a aucun souci. - Après quelques années, le couple a un enfant,
10:42 un petit garçon, 5 ans avant le crime. - Elle m'avait dit qu'elle comptait en avoir d'autres,
10:47 que si ça tenait d'elle, elle voudrait faire une équipe de rugby complète.
10:51 - Une équipe de rugby ! Car dans la vie, l'ovalie, c'est la passion de Jean-François,
10:55 le mari de Jessie. L'homme passe le plus clair de son temps
10:59 sur les pelouses du centre sportif. Georges, qui s'occupe de l'entretien du stade,
11:03 comme les autres membres du club, en sait quelque chose.
11:07 - Il était capitaine, c'est un gars vol sur un terrain, ça.
11:11 Je lui ai envoyé jouer, c'est un bon joueur. - C'est un très, très bon joueur.
11:15 C'est un excellent entraîneur. La preuve, c'est qu'il entraîne cartes en train et que tout le monde le veut.
11:19 C'est un gars super. C'était un couple tout à fait normal.
11:23 - Elle venait l'épauler. - Bien sûr qu'elle venait. C'est quelqu'un qui était adorable.
11:32 Jessie pense avoir enfin trouvé un soutien auprès de son mari.
11:37 Mais en réalité, ce bonheur est un trompe-l'œil.
11:41 - Elle se dit, ça y est, je vais pouvoir un peu m'appuyer sur lui. J'ai eu l'épaule sur laquelle m'appuyer.
11:46 Et en réalité, c'est pas du tout ce qui se passe. Et c'est encore Jessie Travaglini
11:51 qui est dans l'obligation de tout prendre en charge, c'est-à-dire sa maison, la gestion de la maison, son enfant, son travail.
11:56 C'est après la naissance de leur fils que le couple commence à vaciller.
12:01 Jessie s'investit alors dans son nouveau job, dans la même société d'ailleurs que celle de son futur amant.
12:08 La jeune chargée des ressources humaines se fait tout de suite remarquer.
12:13 - Au sein de la société, on dira que c'est quelqu'un de dynamique, que c'est quelqu'un de passionné par son métier.
12:22 C'est quelqu'un qui essaie de faire bien, c'est quelqu'un qui essaie de réussir,
12:28 c'est quelqu'un qui veut monter en grade, qui souhaite toujours évoluer,
12:36 mais c'est quelqu'un que ses proches décrivent comme assez opportuniste, arriviste.
12:41 - Il y en a qui la supportent pas parce qu'elle s'habille de façon provocante, elle est assez sexy.
12:46 - Aguicheuse, provocatrice, séductrice, ne serait-ce que par sa tenue de vestimentaire.
12:53 De fait, la silhouette de cette blonde séduisante de 25 ans fait vite tourner la tête des hommes au sein de l'entreprise.
13:01 Après 10 ans d'une vie de couple qui ronronne, la jeune femme a en fait envie d'autre chose.
13:07 3 ans avant le crime, sexy Jessie tape dans l'œil de son supérieur Alain Castel.
13:14 - Ils travaillaient tous les deux sur le même palier, dans le même service puisqu'ils étaient aux ressources humaines tous deux.
13:21 Et monsieur, donc Alain Castel, se serait plusieurs fois confié à Jessie Travaglini sur ses problèmes de couple
13:28 parce que l'on sait qu'au début de leur relation, les deux traversaient une petite période de flottement avec leurs conjoints respectifs
13:37 et ils se seraient progressivement rapprochés.
13:43 - L'homme qu'elle trouve brillant, intelligent, diplômé, qui a une bonne position dans la société Campbell, va devenir cet homme qu'elle va admirer.
13:54 Elle rencontre enfin un homme qui va l'écouter, qui va la soutenir, qui va la conseiller, sur lequel elle va pouvoir s'appuyer, qui va lui demander des conseils.
14:08 Et un jour, la relation bascule. Alain Castel n'est plus seulement le mentor de Jessie.
14:16 - Et puis il y a eu une attirance physique incontestable.
14:20 L'ingénieur en fait ne peut plus résister au charme de la jeune femme. Alain et Jessie deviennent amants, en secret, au bureau.
14:29 - Un soir, alors qu'ils ont discuté pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, voire peut-être plusieurs mois, ça se termine effectivement par un bisou,
14:37 qui est apparemment le déclenchement de leur relation sexuelle.
14:43 Mais bien sûr, personne ne doit savoir, car les deux amants vivent en couple. Alain Castel décide donc d'instaurer certains interdits.
14:52 - Alain Castel est clair depuis le début. Il lui dit "moi je ne quitterai pas ma compagne, j'aime ma femme".
14:59 Ils avaient établi une charte selon laquelle c'était Jessie Travalini qui devait avoir l'initiative des rencontres.
15:08 Il ne s'agissait uniquement que de jeux sexuels, sans pénétration.
15:13 - Mon client impose des limites parce que la culpabilité est importante et parce qu'il veut donner l'impression de moins tromper son épouse.
15:22 - Ils ont des jeux sexuels qui d'après ce qu'on comprend vont assez loin sans aller jusqu'au bout, disent-ils.
15:31 Quel est le bout d'ailleurs dans ce genre de matière ? Il y a une relation tordue.
15:38 Pour ne pas être démasqué par leur conjoint, le parking de l'entreprise devient le théâtre de leurs ébats.
15:45 - C'est généralement la voiture, ça dure un quart d'heure. C'est difficile de résister à cette tentatrice, parce que c'est une tentatrice.
15:51 Alain Castel le confessera d'ailleurs plus tard, c'est Jessie qui l'ensorcelle.
15:56 - On a retrouvé dans son portable des photographies très sensuelles, plus que sensuelles. Il y a un expert qui a dit que c'était pornographique. Je ne trouve pas, mais c'est limite.
16:06 - On va trouver des sex toys dans son bureau.
16:09 - On a l'impression qu'elle a une sexualité débridée.
16:18 La relation va durer 3 ans. Selon l'amant, Jessie devient de plus en plus envahissante, étouffante même. Elle piste partout son amant, même en vacances.
16:32 - L'histoire du ski, moi je trouve ça incroyable. Ils vont au ski en famille et comme par hasard, les hasards sont merveilleux, ils se retrouvent à la même station de ski.
16:42 - C'est quand même rarissime de se retrouver exactement à la même station. Moi je trouve ça très douteux.
16:48 - Lorsqu'elle sait qu'il va dîner avec des clients ou des collègues, comme par hasard, elle va se retrouver dans un restaurant à côté ou sur une table à côté le soir.
16:56 - Elle se fait amie avec des relations du couple.
16:59 - Pour les avocats de la partie civile, un tel acharnement montre à quel point Jessie est éprise de son ingénieur.
17:07 - Je pense que Jessie Travaglini est éperdument amoureuse d'Alain Castel. On le sait parce que sa meilleure amie a été entendue et qu'elle l'a décrit comme éperdument attachée à cet homme.
17:19 - Elle est passionnée et quand on est passionné, on fait des trucs incroyables pour être avec l'autre. Parce qu'on a besoin de lui, on a besoin de le voir, on a besoin de le sentir, on a besoin de parler avec lui.
17:31 - On a besoin d'être avec lui, de faire l'amour avec lui le plus souvent possible. On a besoin de le voir.
17:36 - Au bout de 3 ans, Alain Castel veut mettre un terme à cette liaison car il va quitter Ravignon avec femme et avec enfant.
17:45 - Il était question qu'il déménage, qu'il quitte la région pour aller s'installer en Bretagne avec son épouse et son enfant.
17:53 - Certainement en partie pour fuir cette tentatrice. Et le couple s'était remis dans un processus d'obtenir et d'avoir un second enfant.
18:04 - Jessie s'est-elle sentie trahie, abandonnée ? Est-ce le départ de son amant qui sera le déclencheur du crime ?
18:12 - Elle s'est fait un film en pensant que s'il n'y avait plus Marie-Val, la place était libre, tout simplement.
18:31 Vendredi 11 octobre 2013, à Aubignan. C'est une belle matinée d'automne. Eloïse rentre du supermarché. La mère de famille n'a pas une minute à perdre.
18:42 - Elle doit préparer à dîner, ses parents doivent passer, il faut garer la voiture et décharger les courses.
18:50 - Eloïse Bagnolini est seule chez elle, elle est dans sa cuisine, elle a déposé son fils à l'école tôt dans la matinée.
19:00 - Elle vient de rentrer chez elle quand Jessie Travaglini se présente à son domicile.
19:05 - Eloïse Bagnolini lui aurait dit qu'elle était au courant de sa relation avec son époux.
19:10 La discussion s'envenime très rapidement et les deux jeunes femmes en viennent aux mains.
19:17 - Eloïse aurait eu le dessus sur elle, elle l'aurait empoignée, fait basculer.
19:23 - À un moment donné, Jessie Travaglini se retrouve dos à la porte d'entrée et face à elle, il y a un couloir et elle le voit comme la seule échappatoire possible.
19:34 - Qu'elle fonce dans ce couloir, qu'elle essaie un petit peu toutes les poignées de porte, que toutes les portes sont fermées à clé et que seule la porte de la salle de bain est ouverte.
19:44 - Elle va se réfugier à l'intérieur.
19:48 - Elle aurait réussi à mettre Eloïse à terre à plat ventre, à la maintenir en se mettant à genoux sur elle.
19:56 - Elle se serait alors emparée d'une serviette qu'elle a placée autour de son cou, comme on fait, j'allais dire malheureusement, pour essorer un linge.
20:04 Jessie n'appelle ni la police, ni les secours. Au contraire, elle fait croire à une disparition volontaire d'Eloïse.
20:12 Elle prépare donc des valises qu'elle va installer dans le coffre de la voiture de la victime.
20:17 - Elle appelle l'école, se fait passer pour Eloïse Bagnolini, prétexte une panne et qu'on garde l'enfant à la cantine, le mari étant à déplacement et personne ne pouvant venir le chercher.
20:30 - Elle va ensuite utiliser le téléphone d'Eloïse Bagnolini pour envoyer des messages à Alain Castel en lui disant qu'elle se sent pas très bien, qu'elle a besoin de prendre le large, qu'elle a besoin de calme.
20:42 - Et elle gagne du temps, à mon sens, pour faire disparaître le corps.
20:47 Puis la tueuse cache le corps d'Eloïse.
20:54 - Jessie Travaglini a tiré le corps de la salle de bain jusqu'à l'extérieur de la maison. Le coffre de la voiture d'Eloïse Bagnolini était ouvert. Elle a fait basculer le corps dans le coffre de la voiture.
21:06 Jessie Travaglini quitte alors les lieux en empruntant le véhicule de celle qu'elle vient de tuer avec son cadavre dans le coffre.
21:14 Une voiture qu'elle ira garer dans un lotissement à 100 mètres à peine de la scène du crime.
21:23 La tueuse se débarrasse ensuite du téléphone d'Eloïse, de l'arme du crime, la serviette et aussi d'autres objets compromettants. Elle jette tout ça dans le Rhône.
21:33 Le soir, Jessie passe une soirée entre amis.
21:37 - Elle passe quand même une soirée que tout le monde décrira de normale. Certains diront qu'elle est un peu absente, mais on n'a pas quelqu'un qui est abattu, qui est terrorisé parce qu'elle sait depuis 12 heures que sa rivale n'est plus là et par sa faute.
21:54 Après une nuit de sommeil, Jessie prend la route.
21:58 - Dès le lendemain matin à 9h, Jessie Travalini se rend chez son père. Elle lui informe qu'elle a tué une femme et cette femme c'est Eloïse Bagnolini. Elle lui demande de l'aide.
22:09 - En gros c'est "Viens, je ne sais pas ce qui... J'ai été agressée, je n'ai fait que me défendre, que dois-je faire ?"
22:18 - Mon père, ne sachant pas quoi faire, a dit à ma soeur "Il faut appeler la police". On a mon cousin qui est officier de police judiciaire, donc mon père l'a appelé en lui expliquant.
22:30 - Il lui a dit "Bon, ben j'appelle les gendarmes, tu gardes Jessie avec toi et j'arrive".
22:35 Cindy apprend alors que sa soeur vient de tuer une autre femme par accident.
22:42 - Ma soeur avait eu une altercation, ça s'était mal terminé, la personne était décédée. Ça me paraît complètement impossible.
22:51 - Ça ne lui aurait même pas effleuré l'esprit, ne serait-ce que lever la main sur quelqu'un.
22:57 - Avoir des gestes envers une personne qui pourrait lui donner la mort, c'est invraisemblable.
23:02 Alertés, les gendarmes vont chercher Jessie Travalini, qu'ils placent en garde à vue.
23:07 Durant l'interrogatoire, la jeune femme répète qu'elle est absolument désolée, elle n'a jamais voulu en arriver là.
23:13 - Jessie Travalini a toujours soutenu depuis le départ qu'elle avait agi par légitime défense et que ce jour-là c'était soit elle, soit sa victime.
23:27 Jessie Travalini est mise en examen pour homicide volontaire et écrouée.
23:32 Mais rapidement les enquêteurs et la famille d'Éloïse s'interrogent sur la version de la jeune tueuse qui a agi avec un sang-froid stupéfiant.
23:40 - Imaginons qu'elle ne soit pas venue pour tuer Éloïse Magnolini.
23:43 - Qu'elle la tue quand même, parce que ça on est sûr d'une chose, c'est qu'elle l'a tuée.
23:47 - Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle vérifie vraiment qu'elle est morte.
23:52 - Elle appelle les pompiers en urgence, un médecin, pour essayer de la sauver, puisqu'elle dit "je ne l'ai pas fait exprès", tout ce qu'elle a raconté.
24:01 - Elle se garde bien de faire ça.
24:03 - Pourquoi ne s'arrête-t-elle pas ? Pourquoi n'appelle-t-elle pas les secours lorsque Éloïse est en train de perdre souffle ?
24:10 - Si on a peur pour sa vie, on peut étrangler un moment, mais une fois que la personne commence à ne plus réagir, on s'arrête et on part.
24:16 - Autre problème, Jessy prétend avoir été contactée la veille par Éloïse pour qu'elle vienne chez elle.
24:24 - Il a été prouvé que ce coup de fil n'existait pas, mais de toute façon il ne pouvait pas exister, parce que ça n'a aucun sens.
24:30 - On ne voit pas cette jeune femme qui est calme, qui a une vie de famille apaisée, qui aime son mari, qui veut partir avec lui dans une autre région,
24:38 - qui veut encore avoir un deuxième enfant. On ne voit pas téléphoner en pleine nuit à ce qui serait sa rivale.
24:44 - Voilà, c'est ce qui nous choque, parce qu'Éloïse ne l'a pas invitée chez elle, et on n'invite pas d'ailleurs la maîtresse de son mari à son domicile.
24:52 - On l'invite encore moins lorsque l'on est en train de déballer les courses.
24:55 Autre interrogation, pourquoi donc en pleine nuit, Éloïse aurait-elle tenté de joindre Jessy ?
25:02 - Éloïse ne savait pas, à notre connaissance, que son mari l'a trompée.
25:07 Pour les enquêteurs, Jessy n'était donc pas invitée. Et si le rendez-vous n'existait pas, cela pourrait donc être un assassinat.
25:16 Un crime préparé longtemps à l'avance, et les enquêteurs dénichent des éléments manuscrits qui vont dans ce sens.
25:23 - Jessy décide de poser une journée complète de congé sur ce 11 octobre. Personne n'est informé qu'elle est en congé.
25:32 Une journée de RTT pour commettre un crime, et il n'y a plus trop blanc.
25:37 Un chockeur. Un appareil qui envoie en fait des décharges électriques.
25:43 Trois semaines avant le crime, Jessy est allée acheter cet objet un peu étrange en cachette à une heure de chez elle.
25:50 Elle l'avait en sa possession lorsqu'elle a rencontré Éloïse, et elle l'a également jeté dans le Rhône, avec la serviette de bain qui a servi à étrangler la victime.
26:00 Alors pourquoi n'a-t-elle rien dit là-dessus ? Et à quoi peut servir un tel appareil ? C'est la question que nous avons posée à cet armurier.
26:07 - Alors là, c'est ce qu'on appelle un chockeur ou un taser électrique. On appuie sur le bouton "ON", la petite lumière s'allume.
26:13 On peut aveugler la personne avec l'interrupteur qui est ici, puisque celui-ci est équipé d'une LED.
26:18 Et sinon, on appuie sur le bouton, et il y a un arc électrique qui va se produire entre les deux diodes, qui est un arc qui fait en plus beaucoup de bruit.
26:24 Ce sont des produits qui sont en vente libre. Et donc, ça choque, c'est le terme. Et donc, on est un peu pris de tétanis, de petite paralysie provisoire.
26:34 - C'est une arme. C'est une arme. Et on va avoir du mal à comprendre. Elle aura beaucoup de mal à expliquer les raisons pour lesquelles elle l'a achetée.
26:44 Pour les enquêteurs, Jessie n'a rien d'une mère de famille qui aurait tué accidentellement.
26:50 Aux yeux des gendarmes, l'aversion de la légitime défense ne tient plus.
26:55 - Ce qu'elle invente pour faire croire qu'elle a été agressée par la victime, il n'y a rien qui tient. Le coup de téléphone, l'horaire d'arrivée.
27:04 Tout ce qu'elle raconte est complètement impossible. Il y a des gens qui échafaudent des plans parce qu'ils croient que ça va marcher, sont sûrs que ça va marcher.
27:12 Comme elle pense qu'elle le tient, au moins sexuellement, voire peut-être un peu plus sentimentalement, elle pense qu'elle a du pouvoir sur lui.
27:20 Et elle pense qu'il faut abattre le seul obstacle qu'il y a entre elle et Alain. C'est un crime passionnel. Il faut qu'elle accepte de le dire, ça.
27:29 C'est un crime passionnel. Elle va tuer sa rivale.
27:32 (Générique)
27:43 - À la cour d'assises, toute la question maintenant est de savoir si l'accusé va passer ou non aux aveux.
27:50 Dans l'assistance, une femme attend cela avec beaucoup d'impatience. Une mère déchirée entre incompréhension, chagrin et besoin de vérité.
28:00 C'est Sophie, la maman d'Éloïse Bagnolini, la victime.
28:04 (Générique)
28:08 - Ça peut être qu'un assassinat. Elle pouvait pas se défendre. Elle était pas capable d'eux.
28:15 C'est pas que ce soit quelqu'un de pas dynamique, c'est pas la question. Je pense qu'elle s'y attendait pas.
28:23 C'est juste une horreur. Je me refis le film d'Éloïse attaquée. Je suffoque comme elle a dû suffoquer.
28:33 C'est juste monstrueux. Comme disait mon fils, non seulement elle a détruit la vie d'Éloïse, mais en plus, elle nous a détruits.
28:41 Parce que vous vous en mettez jamais. Jamais.
28:45 - Face à la mère de la victime, Jessie répète que c'est Éloïse qui l'a agressée en premier.
28:51 La mère écoute donc avec beaucoup d'attention ce que raconte l'accusée.
28:55 Mais plus l'audience avance, plus la thèse de l'assassinat est renforcée par les experts.
29:01 - Elle dit qu'elle vient au rendez-vous directement avec sa voiture. C'est pas vrai. On trouve des relais ailleurs.
29:06 Elle a attendu. Elle s'est coincée au carrefour Rossy où elle a attendu pendant au moins une demi-heure avant de se décider à y aller.
29:13 Elle y va à un moment où il est exclu qu'Éloïse lui ait donné rendez-vous.
29:17 Donc elle a préparé quelque chose. Même si c'est pas des grands préparatifs, elle y est pas allée par hasard.
29:24 - La déposition du médecin légiste est accablante pour l'accusée.
29:28 Car l'expert explique qu'il faut un certain temps pour étrangler à mort une personne.
29:34 - Vous ne pouvez pas aujourd'hui me soutenir que vous avez peur.
29:40 C'est la raison pour laquelle vous étranglez pendant au moins 5 longues minutes une personne qui est allongée sur le ventre, qui ne peut plus vous faire de mal.
29:49 Au lieu de partir, au lieu d'appeler les secours, vous continuez. Cette version ne tient pas une seconde.
29:54 Malgré certaines expertises qui contredisent l'accusée, Jessy s'accroche à sa version du drame accidentel.
30:02 C'est une attitude qui exaspère les partis civils.
30:05 A la suspension d'audience, la maman d'Éloïse est dégoûtée par un tel déni.
30:10 - On a en face de nous quelqu'un qui malheureusement n'a pas de contradicteur. Parce qu'à mon grand désespoir, Éloïse n'est plus là.
30:16 Mais globalement, il n'y a que sa vérité. Et Éloïse n'est pas là pour témoigner. C'est juste monstrueux.
30:22 De ce qu'on en a pu voir, c'est un tissu de mensonge. C'est réellement un tissu de mensonge.
30:29 Jessy Travaglini est accusée de mentir dès qu'elle ouvre la bouche.
30:35 Pourtant, lors des débats, l'un des éléments clés de l'accusation qui démontrerait l'assassinat s'effondre comme un château de cartes.
30:43 C'est le choqueur, présenté par certaines parties civiles comme une arme achetée par l'assassin avant le crime pour neutraliser la victime.
30:52 Mais en fait, ce n'est pas le cas.
30:54 Je voudrais bien qu'on me sorte une décision d'une cour d'assises ayant condamné quelqu'un pour assassinat sans arme.
31:00 Je voudrais bien voir, parce que ça, c'est quand même extraordinaire.
31:03 Elle est arrivée, les mains dans les poches. Il y a ce fameux choqueur, mais qui n'est pas du tout une arme.
31:07 Les tales, il n'y a rien du tout. Donc, elle arrive, les mains dans les poches et on la poursuit pour assassinat.
31:12 La défense peut se réjouir, car il y a un autre point en faveur de l'accusée.
31:18 Jessy n'a jamais fait preuve de violence avant le crime.
31:22 Ce n'est pas une personne qui aime les conflits. Au contraire, elle les fuit.
31:27 Dès qu'elle voit qu'il y a des gens qui se disputent, elle ne le supporte pas.
31:31 Ou elle essaie d'arranger, de tempérer les choses.
31:34 Je ne peux même pas imaginer qu'on peut torsader une serviette comme elle l'aurait fait.
31:40 Je pense vraiment que c'est vraiment la peur qui a pu lui faire faire un geste pareil.
31:44 Et très sincèrement, à mon avis, elle a simplement voulu la neutraliser.
31:48 Et attendre qu'elle arrête de se débattre pour calmer le jeu et pour que les choses puissent revenir dans l'ordre et qu'elle puisse vraiment discuter.
31:56 La défense semble alors gagner des points.
31:59 Mais elle va surtout sidérer le public et les jurés, car les défenseurs de l'accusée, tels des illusionnistes, escamotent le mobile du crime.
32:08 Ce n'est pas un crime passionnel. Si c'était un crime passionnel, elle l'aurait dit.
32:13 Ce n'est pas du tout un crime passionnel. Ce sont des violences qui, malheureusement, se sont mal terminées et sont débouchées sur ce que nous connaissons malheureusement.
32:21 Mais ce n'est pas un crime passionnel. Si c'était un crime passionnel, elle serait allée volontairement pour aller éliminer sa rivale, la femme de son amant.
32:29 Or, ce n'est pas le cas, puisque lui a dit qu'il ne quitterait jamais sa femme et qu'il ne voudrait jamais vivre avec elle.
32:34 Et elle avait dit, compte tenu de sa façon de vivre, je ne veux pas vivre avec lui non plus, bien entendu.
32:38 Donc, ce n'est pas un crime passionnel.
32:40 Dans son box, Jessie enfonce le clou. Pour elle, ce serait une erreur de chercher du sentiment entre les deux amants.
32:48 Quand elle me parlait de lui, elle avait plus un sourire, mais plus joueur d'une expérience.
32:56 Mais elle ne m'a jamais dit qu'elle était amoureuse de cet homme.
33:00 Puisque je vous dis, elle me disait qu'elle avait trouvé un équilibre avec lui, justement.
33:03 Mais sur ce côté où ils discutaient beaucoup, où ça complétait ce qui lui manquait dans sa vie de couple, tout simplement.
33:09 Parce qu'à ce moment-là, ils étaient dans une période de bataille avec son mari.
33:13 Certes, ça a duré plusieurs années, mais pour moi, ça ne veut rien dire.
33:18 Pas de crime d'amour, le pari est risqué.
33:21 Car l'accusé est poursuivi tout de même pour assassinat et s'est puni de la perpétuité.
33:26 Alors que si c'est passionnel, c'est très différent.
33:29 Actuellement, un crime passionnel bien défendu, bien plaidé, bien expliqué, devant une cour d'assises un petit peu complaisante,
33:36 c'est 15 ans de réclusion criminelle.
33:38 Mais alors, pourquoi Jessie choisit-elle de prendre tous les risques ?
33:43 Cet homme a peut-être la réponse.
33:46 Lorsque les jurés vont l'entendre déposer dans un instant, il risque d'être sacrément surpris.
33:52 Car ce témoin va dévoiler à la cour que ce n'est pas la première fois que Jessie rencontre l'épouse de son amant.
33:59 Il le sait très bien, lui aussi a eu une liaison avec Jessie dans la même société.
34:07 Cet homme est la coqueluche de la société, il sera décrit comme ça, comme le bel âtre, pour en parler ainsi, de la société.
34:14 Toutes les femmes en sont plus ou moins folles.
34:17 Elle va chercher à l'avoir, elle va l'avoir.
34:19 Et ce quelqu'un est venu témoigner, il y a des choses très proches de ce qui nous occupe,
34:26 avec des relations sexuelles qui ne sont pas allées au bout non plus.
34:29 Pareil. Donc c'est bizarre. Et on retrouve ça dans les deux cas.
34:34 Comme dans l'affaire avec Héloïse, Jessie va rencontrer l'épouse trompée.
34:39 La seule différence, cette fois-ci l'entrevue se déroule dans un café.
34:43 Et le discours que va tenir la maîtresse semble totalement surréaliste.
34:48 Elle est arrivée très sûre d'elle, tout de suite.
34:51 Jessie Travellini lui a indiqué de toute façon, tu n'aimes pas ton mari comme tu devrais l'aimer, moi je l'aime plus que toi.
34:59 Tu ne sais pas tout en occuper, moi je le comprends, toi tu ne le comprends pas.
35:03 D'un air de dire, il va te quitter pour moi.
35:05 L'épouse a pris ça pour un affront assez important, elle a été assez décontenancée,
35:14 dans la mesure où elle ne s'imaginait pas que la maîtresse qui rencontrait l'épouse allait lui dire "mais c'est moi qui vais gagner".
35:22 Elle rencontre une femme qui est bien plus mature, qui a de la répartie, qui ne donnera pas plus d'importance à ses propos.
35:31 Ça se termine bien, puisque Jessie Travellini n'aura plus de relation avec ce monsieur,
35:37 et que la dame qui est forte lui a bien fait comprendre.
35:40 Une autre rencontre maîtresse-épouse trompée, sans aucune violence donc.
35:45 Pour la défense, ce précédent démontre que Jessie peut briser les ménages,
35:50 mais ce n'est pas un assassin qui supprime les femmes de ses amants.
35:55 Reste à entendre le témoin crucial, Alain Castel, à la fois veuf et amant.
36:02 Pour lui, cette affaire est une déflagration.
36:05 À la barre, d'ailleurs, il n'accable pas sa maîtresse, il aimait sa compagne,
36:09 mais n'aurait à l'entendre du moins pas su ou pu résister à la tentatrice.
36:14 Mais l'amant dit-il toute la vérité sur la nature de la liaison et sur sa personnalité ?
36:19 C'était un séducteur, on est bien d'accord.
36:23 Il a eu quelques autres aventures, en plus de Jessie Travaglini, bien sûr.
36:28 Au sein même de la société ?
36:30 Avec une personne de la société, oui.
36:32 Séducteur, monsieur l'ingénieur, et donc pas forcément aux ordres d'une blonde émoustillante, comme il le jure.
36:40 Il prétend que c'est Jessie Travaglini qui venait constamment le relancer, il a même dit "elle était collante".
36:47 Oui, sauf que l'un des chefs, l'un des superhérarchiques de tout ce beau monde à la société Campbell
36:54 est venu dire à la barre de la cour qu'il voyait très souvent Alain Castel venir dans le bureau de Jessie Travaglini,
37:00 avec laquelle il parlait pendant de très très longues minutes.
37:03 Bon, donc c'est pas Jessie Travaglini là qui était collante, c'est plutôt Alain Castel qui venait la voir à son bureau.
37:10 Quelques semaines avant le drame, Alain Castel invitait encore sa maîtresse à son propre domicile.
37:16 Je crois qu'on ne peut pas non plus dire qu'il était harcelé, s'il l'avait été, il n'était pas obligé de l'inviter chez lui.
37:22 Pour l'avocat de la défense, Alain Castel ne serait donc pas une innocente victime.
37:29 Et ce serait lui, et non pas Jessie, qui aurait joué avec les nerfs de sa partenaire jusqu'à la faire craquer.
37:38 Je reproche Alain Castel d'avoir créé, d'avoir mis Jessie Travaglini dans l'état psychologique et sexuel dans lequel on la trouve dans le cadre de ce dossier.
37:54 Mais c'est vrai que cette façon de jouer ce jeu de "on va jusqu'au partenon mais aux portes du partenon on reste dehors",
38:03 c'est évidemment pas facile et peut-être que ça a entretenu et ça a développé une attirance ou une excitation encore,
38:16 ou un intérêt encore plus grand de la part de Jessie Travaglini pour Alain Castel.
38:20 Lui, il a toujours tenu un petit peu à distance tout en en profitant. Mais c'est pervers.
38:24 Conclusion, les jurés auraient tort de penser, comme la presse d'ailleurs, que l'affaire se résume à un torri de plan sexe orchestré par une aguicheuse.
38:34 Castel, il est très gêné. Il ne peut pas dire qu'il aimait cette femme parce qu'il est responsable quelque part, de manière très éloignée bien sûr.
38:42 Moi je n'ai jamais dit qu'il était responsable de la mort de sa femme. Mais enfin bon, il est très gêné.
38:47 Donc il a tout intérêt à dire qu'il ne l'aimait pas, qu'il avait des relations éloignées avec elle, etc. Moi je crois que ce n'est pas vrai.
38:53 Nous sommes sceptiques sur la nature de leurs relations. Nous avons d'énormes doutes parce que l'on sait qu'ils se sont vus quand même très régulièrement et pendant trois années.
39:05 Il faut qu'ils arrêtent de nous raconter des sournettes.
39:17 Tel est le paradoxe de ce procès. Tout le monde reste persuadé qu'il s'agit d'un crime passionnel.
39:23 Mais à l'audience, du côté des deux amants, Motus est bouche cousue sur la passion.
39:28 Pour Jessie, qui adore son mari, Alain ne serait qu'une aventure sans lendemain.
39:33 Et pour Alain, qui a perdu Héloïse, la femme de sa vie, Jessie ne serait qu'une passade.
39:38 Mais s'il ne s'agit que d'amourette sans intérêt, pourquoi un assassinat aussi barbare ?
39:43 La vérité sur l'affaire risque de passer à la trappe.
39:46 Ce qui s'est passé dans la villa d'Alain Castel, vous ne le saurez jamais, et moi non plus.
39:52 Malgré tout, il faut punir. C'est à l'accusation de parler.
39:56 Pour l'avocat général, Jessie Travaglini a commis un assassinat.
40:00 Son réquisitoire est carré. Il a l'intelligence de ne jamais parler de morale.
40:06 Mais la peine réclamée par le magistrat est très lourde. 30 ans de réclusion criminelle.
40:11 Après le réquisitoire, Cindy, la sœur de l'accusé, est très remontée, exaspérée par ce qu'elle vient d'entendre.
40:18 Son avocat essaye de l'apaiser.
40:21 Tout à l'heure, ce sera le verdict. Est-ce que vous comprendrez si jamais les jurés suivent les réquisitions, c'est-à-dire 30 ans ?
40:28 Non, je ne le comprendrai pas du tout.
40:31 Je pense que nos avocats ont été suffisamment clairs et ont bien expliqué les choses.
40:37 Ils ont bien rétabli la vérité et si les jurés partent sur ce chemin-là, ils se trompent complètement.
40:44 Votre sœur, c'est tout sauf une criminelle ?
40:47 C'est certain. C'est mon père qui l'a dit et je confirme et je suis complètement d'accord.
40:52 Cindy fait encore confiance à sa sœur.
40:55 Mais du côté des victimes, plus personne n'accorde le moindre crédit à la version de Jessie.
41:00 Elle ne respecte pas la famille d'un victime, elle ne respecte pas sa propre famille, elle ne respecte pas la société.
41:05 Il n'y a aucun remords lorsque vous adoptez cette attitude.
41:08 Et malheureusement, face à une attitude aussi mutée que celle de Jessie Dorellini,
41:13 qui s'est enfermée dans ce mensonge depuis deux ans et demi,
41:16 il n'y a que la sévérité qui peut être requise par le monsieur l'avocat général.
41:24 L'avocat général dit même que le mobile, ce n'est pas tellement intéressant.
41:27 Parce que comme elle n'en donne pas, on est obligé, nous, d'improviser, de broder sur un mobile, mais elle ne le fournit pas.
41:33 À partir du moment où elle adopte ce système de défense,
41:36 elle se met dans une position à permettre à l'avocat général de monter les réquisitions et aux jurés de le suivre.
41:42 Alors que vont faire les jurés ?
41:45 C'est à eux désormais de trancher dans cette affaire illisible où chacun dit tout et son contraire.
41:53 Durant des heures, les deux clans attendent.
41:57 D'un côté, la famille de la victime et un peu plus loin, la famille de l'accusé.
42:03 Il est minuit passé quand tout le monde est invité à regagner la salle d'audience.
42:21 Pour entendre sa sentence, l'accusé s'est levé. C'est l'heure du verdict.
42:27 Un verdict qui fait pleurer la mère d'Éloïse. Elle s'effondre après trois jours de débat.
42:34 La maman de la victime écoeurait par les réponses de l'accusé sur la mort de sa fille.
42:39 C'était un bloc. Un bloc qui contestait même les preuves les plus évidentes.
42:48 C'est des trucs qui sont incompréhensibles. C'est des comportements que je ne peux pas comprendre.
42:53 Le verdict non plus, on ne peut pas le comprendre.
42:56 On réclame des explications au juriste, à l'avocat général, car le jugement en fait est alambiqué.
43:02 D'abord, les jurés ont décidé que Gécy Travaglini n'était pas un assassin, qu'elle n'avait pas préparé son crime.
43:11 Mais ils l'ont tout de même condamné pour meurtre au maximum, c'est-à-dire à 30 ans de réclusion criminelle.
43:17 La sœur de l'accusé, Cindy, a les larmes aux yeux. Hors d'elle, elle quitte la salle immédiatement.
43:28 Quant aux avocats, ils essayent d'expliquer l'incompréhensible.
43:38 Il y a une dureté, d'ailleurs, à la peine qui a été prononcée, qui est un peu inattendue.
43:43 Juridiquement, ils donnent raison à la thèse de la défense qui consistait à enlever la préméditation.
43:50 Ils l'enlèvent, donc ils suppriment, mais ils mettent le maximum de la peine accessible pour l'homicide.
43:56 C'est le maximum, là. On est au plein. On ne peut pas aller plus haut.
43:59 Ça fait longtemps que vous fréquentez des cours d'assises. Est-ce que vous avez déjà vu ça ?
44:02 Jamais.
44:03 Le mari de Gécy ainsi que ses parents partent sans un mot. La mère a du mal à marcher.
44:11 Du côté de la partie civile, on tente de trouver une explication à ces 30 années de prison.
44:16 Si elle avait dit au jury, à nous, au parti civil, que c'est un crime passionnel, qu'elle aimait Alain Camus...
44:25 Alors arrêtez, s'il vous plaît.
44:27 Ça, je savais que j'allais avoir un problème avec...
44:29 Mais bien sûr, c'est normal. Je vous ai entendu tout à l'heure. Même à moi, vous me l'avez dit que 30 ans, c'était trop.
44:34 Alors ne mentez pas.
44:35 Je suis en train de dire la même chose. Je suis en train de dire la même chose, madame.
44:40 Quittez la salle et ça ira aussi bien.
44:42 Gécy Travaglini a annoncé son intention de faire appel.
44:49 Pour l'avocat de la Défense, cette affaire singulière n'aura pas seulement détruit la vie d'Éloïse Bagnolini.
44:56 C'est un drame humain pour... Moi, je le dis franchement parce que je suis très attaché pour ces deux petits-enfants.
45:03 L'un comme l'autre.
45:04 L'un ne verra plus jamais sa maman et l'autre, l'avoir dans un parloir une demi-heure par...
45:10 Tous les 15 euros par semaine.
45:12 Voilà. C'est terrible à ce niveau-là.
45:14 Voilà. Comme quoi le jeu des adultes, c'est les enfants qui en supportent les conséquences.
45:19 [Musique]
45:32 *Bruit de moteur*
45:34 *bruit de moteur*