Stéphane Manigold, restaurateur, est l'invité de Première édition sur BFMTV.
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00:00 - Écoutez, d'abord, permettez-moi de dire que c'est une victoire.
00:02 Une victoire pour les consommateurs,
00:04 parce que nous avions, nous restaurateurs, besoin de regagner la confiance et le cœur des consommateurs.
00:10 Il y a une forme de méfiance qui s'est installée entre la cuisine micro-ondes, les pièges à touristes.
00:16 Eh bien là, c'est une victoire à la fois pour le consommateur, pour les artisans-restaurateurs.
00:22 C'est la France qui se lève tôt, parce qu'on l'oublie,
00:24 mais quand vous venez déjeuner à 12h ou 12h30, c'est la France qui se lève tôt qui était derrière.
00:29 Eh bien, le consommateur aujourd'hui ne savait pas si c'était au fond la France qui se lève tôt,
00:33 qui a cuisiné le plat à 12h, ou si c'est la France du micro-ondes qui vient de tourner trois minutes avant.
00:38 Ça, c'est fini.
00:39 Et donc, je suis heureux également, et c'est une victoire pour nos agriculteurs français,
00:44 puisque nous faisons, quand on fait du maison, on fait rayonner l'agriculture française,
00:48 l'agriculture de proximité, nos éleveurs, nos éleveurs de volaille notamment,
00:52 qui sont attaqués de toutes parts, que ce soit par rapport à la grippe aviaire,
00:55 ou certains chefs qui en font même la promotion d'aiguillettes veganes industrielles
00:59 qu'il faudrait cuisiner dans nos assiettes.
01:01 Ceci est juste insupportable.
01:03 Il doit y avoir de la transparence.
01:04 Moi, je suis très heureux qu'Olivier Grégoire ait eu le courage, contre vents et marées,
01:09 non pas des vrais artisans et des agriculteurs, mais contre vents et marées,
01:13 d'avoir eu le courage d'annoncer...
01:14 - Mais pardon Stéphane, je vous repose la question.
01:16 Est-ce que vraiment les restaurateurs vont jouer le jeu ?
01:18 Dans le cas de ce restaurateur qui cuisine à 80% du fait maison,
01:21 est-ce que sur les 10% de produits qui restent, il osera,
01:24 enfin, est-ce qu'il sera obligé de mettre la petite étoile à côté du plat
01:28 qui ne sera pas fait maison pour dire "attention, ça c'est du surgelé"
01:31 ou "ça c'est acheté chez Métro" ?
01:31 - Vous avez raison et maintenant, c'est le travail législatif qui commence.
01:35 Guillaume Casvariant, qui est le président de la commission ECO,
01:37 est en charge de cette PPL.
01:40 Il a commencé ses travaux pour justement voir les modalités d'application.
01:44 Je vous donne un exemple, en Italie, qui a mis en place ce système depuis 2016.
01:48 C'est un délit pénal de le faire et c'est 2500 euros d'amende par produit.
01:54 Vous vous rendez compte que vous n'allez pas prendre le risque.
01:58 Mais je vais vous prendre deux exemples si vous me permettez encore.
02:01 Le premier, c'est "tout ne peut pas être fait maison".
02:04 Moi, je considère que oui, certains restaurants ne peuvent pas tout faire maison.
02:08 Et vous avez dans Paris, par exemple, des glaces qui ne sont pas faites maison,
02:12 qui viennent de chez Bertillon, du bac à glace, et c'est clairement affiché.
02:15 Est-ce que pour autant, le consommateur n'y va pas ? Non.
02:18 Le consommateur a juste besoin de savoir si c'est une glace Bertillon,
02:21 une glace du bac à glace ou une glace de chez Alain Ducasse, pour citer trois marques,
02:24 ou si c'est une glace industrielle avec de E de partout,
02:27 qui va lui donner des problèmes digestifs,
02:29 des problèmes maladies cardiovasculaires, d'obésité, etc.
02:32 Il y a la question de "qu'est-ce que c'est fait maison, Stéphane ?"
02:34 Si on prend quelques exemples.
02:36 Un produit congelé à l'intérieur, c'est fait maison ou c'est pas fait maison ?
02:40 Je vais vous donner la définition.
02:42 Je suis l'auteur de cette proposition.
02:44 C'est pas parfois fait maison.
02:45 On se trouve que quand même, parfois, cette expression "fait maison",
02:48 elle est un petit peu partout.
02:49 Mais vous avez raison, le consommateur n'y croit plus.
02:52 Je vais prendre l'exemple du moelleux au chocolat.
02:54 Ce fameux moelleux au chocolat dont vous rêvez, j'imagine, à l'instant,
02:58 mais un vrai fait maison.
02:59 Eh bien moi, si j'ai envie, ce que font malheureusement un certain nombre de mes confrères,
03:04 si j'ai envie de le... Je l'achète tout fait,
03:07 je le cuit neuf minutes dans un four traditionnel que vous imaginez bien,
03:11 je rajoute de la crème anglaise, que je ne fais même pas,
03:14 un peu de sucre, une feuille de menthe, et c'est fait maison.
03:17 Ce n'est plus possible.
03:18 Eh bien, que va dire le texte demain ?
03:20 Et je compte sur Guillaume Casbarian, je l'ai fait, la proposition.
03:23 C'est de partir du principe qu'un produit brut,
03:25 qui n'est pas transformé sur place de façon artisanale,
03:28 doit faire l'objet d'une déclaration auprès du consommateur.