Au marché du film de patrimoine dans le cadre du festival Lumière, Jenna Suru a reçu Patricia Barsanti présidente de la société cinématographique Lyre qui se donne pour mission de préserver et de faire connaître aux nouvelles générations des films du patrimoine cinématographique européen, tout particulièrement italien et français.
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00:00 Bonjour Patricia. Bonjour Jenna, bonjour tout le monde.
00:03 La société de production Lire et pas mal d'autres activités qui a fêté l'année dernière ses 70 ans
00:09 ainsi que Aoudren Rot. Bonjour. Bonjour à tous.
00:13 Donc Aoudren, vous avez commencé votre alternance chez Lire il y a un mois.
00:18 Qu'est-ce que ça fait d'être ici présent au Festival Lumière et plus spécifiquement sur le marché ?
00:22 Alors c'est assez impressionnant pour moi. C'est quelque chose que je dis beaucoup
00:27 mais je me sens quand même un petit peu à son dans une grande mare. Il y a beaucoup de gens très importants ici
00:32 et c'est aussi des gens qui ont travaillé sur beaucoup de projets que j'admire
00:36 et pour lesquels j'ai énormément de respect et c'est très bizarre en fait de voir aussi des gens
00:41 dont justement j'admire le travail et qui d'une certaine façon m'ont aussi tous influencé à venir
00:45 en fait finalement à terminer ici parce que c'est aussi ça qui m'a passionné pour les films de patrimoine
00:50 dont je fais un peu mon sujet de recherche cette année.
00:53 Enfin les festivals de films de patrimoine dont je fais mon sujet de recherche cette année.
00:57 Et non, c'est très intéressant. J'ai eu l'occasion donc ce matin au Carbone de présenter le film "La corruption" de Mauro Bolognini
01:06 qui est donc un projet de restauration qu'on a à coeur dans... enfin chez Lire. Et voilà.
01:13 Patricia, la transmission du cinéma de patrimoine aux jeunes générations, est-ce que c'est aussi ça votre vision pour Lire ?
01:22 Alors c'est complètement ma vision, c'est même mon souhait le plus important parce qu'on a tous biberonné aux différentes émissions de cinéma.
01:32 On est allé en salle avec nos parents, on a apprécié le cinéma qui à l'époque ne s'appelait pas de patrimoine
01:40 mais qui commençait déjà peut-être à dater un peu aussi.
01:43 Aujourd'hui on a plus de 100 ans de cinéma qui sont considérés du cinéma de patrimoine
01:49 et qui marquent une histoire, une histoire de société, une histoire de personnes, une histoire d'art.
01:56 Et c'est une passion vraiment de... quand on rencontre des jeunes dans la salle...
02:01 J'ai eu des expériences ici par exemple, si je peux quelques secondes vous la raconter.
02:06 C'était en 2018, je présentais "Paris est toujours Paris".
02:09 Alors personne ne connaît ce film et vous êtes tout à fait... c'est tout à fait normal.
02:14 Il est sorti en 51 en France, c'est une coproduction paritaire entre la France et l'Italie
02:20 qui raconte l'histoire d'un groupe d'italiens qui viennent voir un match de football à Paris
02:25 et puis qui voit beaucoup d'autres choses que le match de football.
02:28 Donc c'est une comédie à l'italienne de Luciano Emer.
02:32 Ce film n'avait quasiment pas eu de sortie en France parce que les parisiens et les français considéraient qu'ils connaissaient Paris.
02:39 Les italiens en revanche l'ont beaucoup apprécié et depuis 51-52 personne n'avait vu le film.
02:45 Et j'ai eu l'occasion grâce au fait que une des actrices du film, Hélène Rémy,
02:51 qui avait des bénévoles qui venaient la voir et qui voulaient lui faire voir le film,
02:58 on a eu l'occasion de lui faire revoir et de le restaurer.
03:02 Et donc suite à cette restauration, le Festival Lumière l'a présenté ici.
03:07 Le soir de cette présentation, je me dirige vers le Patet Bellecour.
03:11 Il était en salle 2, mon film, et j'arrive devant la salle et j'apprends que la salle d'à côté, c'était Jane Fonda qui présentait Barbarella.
03:19 Donc je me dis "prépare-toi, il n'y aura personne dans la salle, c'est évident.
03:23 Ce n'est pas grave, tu vas quand même parler de ce film, même s'il y a trois personnes, ce sera déjà génial qu'il y en ait trois."
03:28 Et j'arrive dans une salle qui devait faire 400 personnes.
03:32 On rentre par le haut, on descend cet escalier énorme qui longe tous les spectateurs,
03:37 et je me rends compte que la salle est pleine.
03:39 Donc j'ai commencé en disant "je pense que vous êtes peut-être trompés de film et que vous voulez aller dans la salle d'à côté."
03:44 Et en fait non, ils étaient tous venus voir Paris est toujours Paris, parce que ça c'est la magie de ce festival ici.
03:50 C'est que les gens ont une appétence, une envie, une curiosité pour tous les films, quels qu'ils soient, aussi inconnus soient-ils.
03:58 Et bon, alors Paris est toujours Paris, ça a été vraiment une très très belle aventure.
04:02 On avait même fait un crowdfunding pour pouvoir le restaurer.
04:05 Mais c'est un parmi tant d'autres, et chaque fois on vit une aventure merveilleuse,
04:09 parce que justement on est en contact avec le public, et que le public nous rend une restitution de bonheur d'avoir découvert.
04:19 Moi je pose toujours la question quand je présente en public, combien de personnes ont vu le film ?
04:24 Il n'y a jamais moins de 50% qui le découvrent en fait, ce qui est énorme,
04:28 parce que 50% de gens qui sont venus dans cette salle sans connaître le film, c'est magnifique.
04:34 Enfin moi voilà, c'est ce qui m'alimente en fait, c'est ce qui me donne envie de continuer.
04:40 C'est aussi le partage du cinéma français, et cette semaine au marché on a vu aussi pas mal d'exposants de toutes nationalités.
04:47 Est-ce que l'amitié internationale c'est important pour vous dans le cadre de votre travail tout au long de l'année ?
04:53 Alors oui bien sûr, en plus la société elle est née de la venue à Paris d'un Italien.
04:58 C'est une société qui travaille essentiellement sur des coproductions franco-italiennes, franco-espagnoles, franco-allemandes, enfin européennes.
05:07 Donc oui bien sûr l'international c'est très très important, c'est vraiment au cœur de mon métier,
05:13 et on travaille aujourd'hui en collaboration beaucoup avec des collègues qui sont dans d'autres pays sur des restaurations,
05:18 parce que notre souhait n'est pas de restaurer chacun dans notre coin, mais de faire en sorte qu'on puisse restaurer le plus de films possible.
05:25 Et donc on essaye de voir quels sont les projets des uns et des autres, et de combiner nos forces.
05:31 Donc oui ça marche beaucoup par l'international.
05:34 Et cette année c'est, on va dire d'une certaine manière, le nouveau cinéma allemand qui est mis à l'honneur avec Wim Wenders.
05:41 Est-ce que c'est un privilège pour vous de pouvoir côtoyer des visionnaires, des génies,
05:49 et de pouvoir aussi peut-être faire des rencontres pour plus de projets en 2024 ?
05:54 C'est une des grandes opportunités de ce festival.
05:58 Le marché en particulier fait avec le keynote de Claire Brunel et de Madame Wenders,
06:05 qui étaient à la Wenders, c'était passionnant de les entendre justement parler de leur fondation.
06:11 On a cette chance justement de pouvoir entendre et ensuite parler, échanger avec des professionnels de tous les horizons.
06:23 Il y a des personnes qui viennent du Japon, il y a des personnes qui viennent d'Afrique du Sud, d'Afrique noire.
06:32 Il y a des personnes...
06:35 C'était qui de Taiwan ? Je ne crois pas les avoir vues.
06:37 C'est juste là en fait. C'est le Taiwan Film Institute.
06:41 Il y a aussi la Korea Film Institute je crois, qui a présenté un film hier au Rivers One.
06:48 Et du coup c'est super intéressant aussi de voir qu'ils se font de plus en plus une place
06:53 et que le cinéma de patrimoine étranger commence vraiment aussi, donc même hors européen,
06:58 de commencer à se faire une place dans le cinéma français et découvrir aussi des super films qui sont très rares.
07:03 J'en parlais par exemple un tout petit peu avec le Taiwan Film Institute,
07:07 mais le Taiwou Pian qui est une sorte de genre taïwanais, je n'ai plus trop les dates dans lesquelles il est né,
07:14 mais moi c'est un genre que j'avais découvert sur Henry et qui est très beau,
07:18 mais dont on trouve très peu de traces finalement sur Internet et que je peux trouver très dommage.
07:23 Et je suis aussi là parce qu'il y a plein de choses qui me passionnent.
07:27 Et voilà, le cinéma de tout horizon, c'est aussi ça qu'on peut trouver au marché.
07:33 Et aussi trouver des partenaires financiers ?
07:36 Oui, du coup on a pu discuter un peu après la présentation au Carbon avec certaines personnes qui étaient intéressées.
07:48 Donc il y a eu Luxbox pour les ventes inter, t'intéressais peut-être par certains des projets qu'on pouvait vendre à l'international,
07:55 même si on n'a pas forcément tous les droits pour ça.
07:59 En fait, il y a beaucoup d'échanges qui se font, qui peuvent être des échanges d'un point de vue culturel aussi,
08:09 d'essayer de comprendre comment fonctionnent les différentes sociétés, suivant justement leur histoire,
08:15 le pays d'où elles sont basées.
08:19 C'est très intéressant de discuter avec des acheteurs japonais, avec des acheteurs latino-américains,
08:26 parce qu'on découvre aussi la manière dont d'autres personnes fonctionnent et ça donne des idées.
08:32 Ça donne des perspectives aussi peut-être, on se rend compte qu'on a appris récemment que la Cinémathèque suisse allait faire une rétrospective Mario Bava.
08:42 Nous avons un catalogue de films de Mario Bava qu'on a restauré.
08:47 Il y a des perspectives de travail avec la Cinémathèque suisse qui nous enchantent,
08:52 parce qu'ils font un boulot de patrimonial qui est merveilleux.
08:57 On a des rencontres qui peuvent ne rien donner, mais d'autres qui vont, de toute façon c'est toujours enrichissant.
09:04 Et c'est ça le propre de ce marché.
09:07 Moi j'en profite pour remercier Gérald et Juliette Rajon et Gérald Duchossois
09:13 qui sont les chevilles ouvrières et les penseurs et les inventeurs de ce marché,
09:19 avec Thierry Frémaux bien sûr, parce qu'ils font un travail exceptionnel depuis 11 ans.
09:25 Et ce marché est une vraie famille, une vraie réunion de famille, tout en restant, enfin tout en grandissant chaque année.
09:35 On est passé de quelques 40 personnes à des centaines,
09:41 et pourtant on a la même atmosphère d'échange et de rencontres, c'est très très agréable.
09:49 Je crois qu'on arrive toujours un peu fatigué parce que la rentrée a été toujours dense,
09:54 et on repart d'ici gonflé à bloc par de nouveaux projets, donc c'est merveilleux.
09:58 Merci à tous les deux, c'était pour la Radio du Cinéma.
10:01 Merci beaucoup Eugénie et merci à tous les auditeurs.
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