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Transcription
00:00 Bonjour à toutes les deux, Laetitia Casta et Vanessa Affilo.
00:02 Je suis très contente de vous recevoir pour parler du consentement.
00:05 Je vais m'adresser à vous, la réalisatrice, en premier.
00:08 Comment est-ce que vous avez réagi lorsque vos producteurs,
00:10 qui avaient produit votre premier film, "Gueule d'ange",
00:13 Marc Missonnier et Carole Lambert, vous ont proposé cette adaptation ?
00:16 Marc m'a appelée et m'a dit "il faut absolument qu'on se voit".
00:19 Il m'a pas dit d'abord de quoi il s'agissait.
00:20 Il m'a dit "j'ai lu un livre et j'ai trouvé qu'il y avait une résonance,
00:23 il y avait quelque chose qui pourrait se conjuguer avec toi
00:26 et avec tes émotions et ta sensibilité".
00:29 Il me dit "c'est le consentement".
00:31 J'ai commencé à le lire et je n'ai pas pu m'arrêter.
00:33 J'ai fermé le livre et j'étais évidemment en larmes et bouleversée.
00:37 Mais j'étais aussi animée par un sentiment d'impuissance
00:40 et de colère très très fort.
00:42 On rappelle que c'est une mère célibataire
00:44 qui, finalement, a accepté, a cautionné, presque,
00:48 cette relation de Gabriel Mazeneff avec sa fille de 14 ans,
00:51 Vanessa Springora.
00:53 Oui, en fait, à la lecture du scénario,
00:54 j'ai découvert vraiment, dans la profondeur de toute l'histoire,
00:59 j'avais entendu parler, à l'époque, de l'histoire
01:01 quand c'était sorti dans les médias.
01:03 Et je trouve que les journalistes, au moment de la sortie du bouquin,
01:06 se sont emparés de la mère.
01:08 Et ils ont porté un jugement très dur sur cette mère.
01:11 Et oui, très vite, je suis rentrée en empathie
01:13 parce que je trouve que l'autorité paternelle,
01:16 l'autorité masculine n'était pas là.
01:17 Le prédateur arrive...
01:18 - C'est ça, c'est la prise.
01:20 - ...et enrôle cette jeune fille contre la mère.
01:23 Puisque le père n'est pas présent, il prend cette place-là.
01:26 - Vanessa, arrête.
01:28 Lâche le sac, tu restes ici, tu n'iras nulle part.
01:30 Tu m'entends ? - Arrête !
01:33 - Il a 50 ans, t'en as 14 à peine.
01:35 - Il se sert de toi !
01:36 - Vanessa, vous ne la câblez jamais, cette mère.
01:38 Pourquoi est-ce que vous avez choisi Laetitia pour ce rôle ?
01:41 - Je cherchais une femme qui ait autant de détermination
01:45 et de force de caractère que Laetitia a.
01:48 C'est un personnage qui est quand même effectivement très complexe.
01:51 Moi, j'assume le cinéma pour aller fouiller la complexité humaine.
01:55 Ce n'est pas une histoire de l'excuser,
01:57 c'est une histoire de chercher à comprendre.
01:59 Ce que j'ai adoré quand j'ai rencontré Laetitia,
02:01 c'est qu'elle avait cette démarche d'essayer de comprendre
02:04 toute la fragilité de ce personnage.
02:06 Et il y a quelque chose qui m'impressionne beaucoup chez Laetitia,
02:10 c'est son intelligence émotionnelle.
02:13 C'est très rare.
02:14 Elle a une façon de regarder l'humanité,
02:18 d'observer, de chercher à comprendre.
02:20 Elle n'est pas du tout dans quelque chose de manichéen,
02:23 elle ne fait pas de raccourci émotionnel.
02:25 Elle a vraiment ce regard.
02:27 Pourquoi tu as fait ça ? C'est mon journal.
02:30 Tu me dégoutes. T'entends ? Tu me dégoutes.
02:33 J'ai peur pour toi.
02:34 C'est ma vie. Ça ne te regarde pas.
02:37 Mais maintenant, je vais devoir lui dire.
02:39 Je vais le dire à ton père et pour une fois, il sera d'accord avec moi.
02:43 Non, mais moi, je m'en fiche de lui maintenant.
02:45 Moi, je ne veux plus le voir, c'est fini.
02:47 De toute façon, moi, je n'ai plus de père, alors je peux perdre ma mère aussi.
02:50 Moi, ça ne me fait pas peur, ça.
02:51 Laetitia, vous êtes vous-même mère.
02:54 Comment est-ce que vous parlez du consentement ?
02:56 Comment est-ce que vous abordez ce thème avec vos enfants ?
02:58 Depuis...
03:00 très tôt, je ne les oblige pas déjà à embrasser petits
03:04 s'ils ne veulent pas embrasser.
03:06 Déjà, ce geste-là de dire "fais un bisou",
03:10 comme si ça devait être normal, non ?
03:12 Ils ont un corps, ils ont une pensée, ils ont un territoire.
03:16 Déjà, tout bébé, quoi.
03:20 Et puis, on parle de tout.
03:24 Et je leur ai toujours dit que, voilà,
03:28 le non, c'est non.
03:30 Merci beaucoup à toutes les deux.
03:32 Bravo pour ce film qui est nécessaire
03:34 et qu'il faut absolument découvrir au cinéma.
03:36 Sous-titrage ST' 501
03:38 [SILENCE]

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