Daniel Kupferstein, réalisateur présente son dernier film "Béziers-l'Envers du décor".
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00:00 A 8h10, nous recevons le réalisateur documentariste Daniel Kupferstein pour son dernier long métrage diffusé ce soir au cinéma Comedia A7.
00:07 Ça s'appelle "Bézier, l'envers du décor clair".
00:10 Bonjour Daniel Kupferstein. Bonjour.
00:12 Long métrage, long, long, long métrage même, on va dire. Super long métrage, un film en deux parties, deux fois 90 minutes consacré effectivement à la gestion de la ville de Montpellier, de Bézier pardon, par Robert Ménard, à travers journal municipal.
00:27 C'est quoi l'intention de ce film ?
00:29 L'intention c'est d'essayer de, justement comme le titre l'indique, c'est essayer à partir de ce journal, qui on peut appeler ça un journal de propagande, exclusif, vis-à-vis de la mairie,
00:43 d'essayer de savoir ce qu'il y a derrière vraiment dans la réalité, enquête sur le terrain, enquête avec des gens qui connaissent, si par exemple il y a des gens à l'école, par exemple on va voir des syndicalistes, des gens dans la rue, des gens qui connaissent un petit peu la situation.
01:07 Alors vous dites que c'est un journal de propagande, mais enfin un journal municipal c'est rarement un journal d'opposition. En général c'est un peu la voix de son maître, quelle que soit la mairie d'ailleurs.
01:17 Oui absolument, mais là ça dépasse un peu les choses à mon avis, c'est-à-dire que c'est vraiment décortiqué par notamment un spécialiste de l'image, Alain Corco,
01:29 on voit par exemple les codes couleurs qui sont spécifiques, on voit la manière d'être présenté, on a une mise en page générale par rapport à ce journal.
01:42 Alors je ne sais pas si on peut voir des extraits, mais c'est extraordinaire.
01:46 Vous avez amené un de ses journaux ?
01:48 Oui, non je ne l'ai pas là.
01:50 C'est vrai que c'est une typographie très particulière, vous parlez d'Alain Corco, un journaliste spécialisé dans l'utilisation de l'image.
02:01 Vous décririez comment ce journal ?
02:04 C'est un journal qui est bien fait dans la mesure où il y a des gros titres, il y a des pavés, il le compare au journal détective.
02:15 Donc très trash.
02:20 Il y a des photos de lui par exemple sur une double page, et puis il y a des interviews par exemple, à chaque fois il y a des interviews de Robert Ménard,
02:30 alors qu'il est le directeur de la publication, ce qui est extraordinaire.
02:34 Il n'y a qu'un mot, il n'y a qu'un nom qui est dans ce journal, c'est Robert Ménard.
02:39 On ne connait pas les autres journalistes, c'est complètement non transparent au niveau de l'ours, on ne sait pas exactement comment ça se situe.
02:48 Et il n'y a qu'une personne qui est responsable de ce journal, c'est lui.
02:53 Malgré tout c'est vraiment un film à charge, c'est un film militant, d'ailleurs vous n'êtes pas journaliste, vous êtes documentariste.
03:00 Est-ce que vous avez sollicité Robert Ménard ?
03:03 Sur vos accusations qui sont nombreuses, on va en parler mais...
03:07 Oui en fait, d'abord je ne me définis pas comme un réalisateur militant, mais disons qu'on l'a sollicité, il n'a jamais voulu répondre,
03:17 la production lui a écrit "il n'y a jamais eu de réponse".
03:21 Et puis on l'a quand même filmé parce qu'il y avait des débats pour la candidature, la deuxième mandature de Robert Ménard.
03:29 On l'a filmé aussi dans une réunion avec son staff, etc.
03:34 Au conseil municipal aussi ?
03:35 Au conseil municipal, d'ailleurs c'est interdit maintenant, on ne sait pas pourquoi alors que partout c'est autorisé, chez lui il l'interdit.
03:45 Et puis surtout, il est omniprésent puisqu'on part de son journal, et c'est son journal à lui, donc c'est la voie qu'il développe, c'est sa ligne politique,
03:57 et il l'affirme. Par exemple quand il refuse les étrangers en faisant une propagande en disant "ils arrivent dans la ville en magouillant une photo d'un journaliste",
04:10 d'ailleurs il a perdu au niveau juridique par rapport à cette déformation, il s'est affiché en gros dans le journal à la une,
04:20 ensuite c'est relayé à travers des affichettes dans la rue et de publicité pour mener une campagne contre les migrants,
04:29 et tout ça c'est parce qu'il y avait 40 familles qui venaient à Béziers.
04:34 Donc on voit un petit peu des familles syriennes qui fuyaient la guerre, etc.
04:39 Je précise une chose pour ceux qui nous écoutent, ceux qui regardent France 3 Aux Amis ont les images du journal municipal,
04:47 pour se faire une idée des propos que vous avez mis.
04:50 - Et des extraits de votre documentaire. Finalement vous n'y allez pas de main forte quand même,
04:55 parce que Robert Menard vous le décrivez comme quelqu'un qui ment en fait, qui ment à travers ce journal,
05:00 sur la hausse des impôts, entre autres, sur l'agglomération d'avant...
05:07 - Par exemple, dans le débat avec le Midi Libre et votre radio, il dit ouvertement "j'ai développé le CCAS", etc.
05:17 Or une des premières mesures qu'il a faites, c'est de supprimer certaines subventions au CCAS, de diminuer sa subvention.
05:25 Donc d'emblée, il est comme ça, il affirme les choses, et nous simplement on a été voir en détail qu'est-ce qu'il y a vraiment,
05:36 et on a interrogé des gens qui connaissaient les dessous des cartes en fait.
05:41 - Il y a l'aspect politique aussi, très clairement, vous dites dans votre documentaire que Robert Menard est d'extrême droite,
05:49 et que toute sa politique est dictée par, si t'es idéologie là ?
05:54 - C'est un peu la conclusion du film, visiblement, quand par exemple, il parle du secrétaire Jean Moulin,
06:09 voilà par exemple, secrétaire Jean Moulin et de sa bibliothèque, et il cite, il est heureux de citer dans son journal,
06:16 tous les principaux écrivains d'extrême droite de l'époque, en disant, il a trouvé dans sa bibliothèque, du secrétaire Jean Moulin,
06:26 tous les brasillac, des morasses, etc. et il l'écrit comme ça dans son journal.
06:33 Autre chose, par exemple, la libération de Bézier, elle commence par une messe avec les drapeaux qui rentrent à l'intérieur de la messe,
06:50 enfin de l'église, etc. On est dans un autre univers là.
06:55 - Vous montrez tout cela, pourquoi ? Vous avez l'impression que ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
07:01 Il y a besoin de faire un film là-dessus ?
07:04 - Disons qu'on a besoin. Moi, je suis arrivé dans la région il y a une dizaine d'années,
07:10 et puis j'ai vu que Robert Ménard avait été élu maire de la ville, etc.
07:15 - Très bien élu pour le coup.
07:17 - Alors, justement, j'allais vous dire...
07:20 - Oui, je finis, je finis juste. Je suis arrivé, et donc c'est un ancien journaliste,
07:26 il a été un des fondateurs "Reporteurs sans frontières", et j'arrive dans ce conseil municipal,
07:31 et il attaque une journaliste, uniquement parce qu'elle a fait un reportage en disant que c'était une institut de la petite enfance dirigée par Boris Cyrulnik,
07:45 qui a donc un passé parce qu'il s'est enfant caché, juif, etc.
07:50 La directrice dit tout simplement "Vous comprenez, on ne reste pas abaisés à cause de ce passé, etc."
07:57 Et là-dessus, il attaque la journaliste, c'est-à-dire qu'il veut faire taire l'ensemble des voix dissonantes.
08:04 Donc, un ancien journaliste qui attaque une journaliste, alors...
08:09 C'est ça qui m'a...
08:14 Voilà, à cause de ça, j'ai eu envie de faire ce film.
08:18 Donc voilà, c'est ce que je cherche. Il y a une anomalie à ce niveau-là.
08:22 - Alors, on parlait de l'élection, vous oubliez de dire effectivement, on entend beaucoup de gens opposés à Robert Ménard,
08:30 commerçants, habitants, conseillers municipaux, etc.
08:35 Mais dans le film, on n'a pas ce chiffre qui est 68,75% ?
08:39 - Si, si, je suis désolé. Il y a une séance de l'élection en 2020, et on parle des 68%.
08:51 Et seulement, on précise que ça ne représente que 36% de l'ensemble des électeurs.
08:58 - Comment vous l'expliquez, ce chiffre ? 68, réélus à 470% ?
09:03 - Il y a plusieurs raisons. Déjà, c'est un journal qui est diffusé à 78 000 exemplaires dans tout le laglo.
09:10 Aujourd'hui, mais à l'époque, c'était 45 000.
09:14 Et c'était diffusé tous les 15 jours, donc c'est un vrai journal qui donne la ligne.
09:20 Et surtout, il y a eu 3 listes de gauche opposées à Robert Ménard,
09:26 qui n'incitent pas forcément les gens de gauche à s'unir et à mener un combat.
09:31 Plus de listes de droite. Et donc, du coup, ça aussi, c'est une explication.
09:36 Plus, je pense que les gens ne savent pas l'ensemble des problèmes qu'il y a dans cette ville.
09:42 Je pense sincèrement, on a passé le film à Béziers en avant-première,
09:49 dans une petite salle, parce qu'on ne pouvait pas avoir de salle de cinéma, évidemment.
09:53 Donc du coup, les gens de Béziers nous ont dit, il y a tout ça vraiment derrière.
10:00 Et là, il y a une découverte réellement de l'ampleur du phénomène.
10:04 - Et pourtant, j'imagine que les gens qui sont venus voir votre film sont plutôt des gens un peu au courant et militants.
10:10 - Absolument.
10:11 - Le film est... Oui, François, pardon.
10:13 - Diffusé ce soir en cinéma de 7.
10:15 - Diffusé ce soir à 7 au Cinéma Comedia en deux parties avec un débat.
10:20 Donc ça commence à 18h et puis vous êtes programmé également à Montpellier, au Diagonal, le 7 décembre.
10:26 - Oui, à 18h15.
10:27 - A 18h15. Merci Daniel Kupferstein.
10:31 Merci d'avoir été l'invité de France Bleu Héro ce matin.
10:34 Votre film, donc, Béziers, l'envers du décor.
10:36 - Merci.
10:37 Merci.