La fin du Miracle Allemand
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00:00 Il fut une époque, il n'y a pas si longtemps, où l'Allemagne se dressait fière et grandiose au cœur de l'Europe,
00:07 comme une terre de génie.
00:09 D'Einstein à Eisenberg, de Marlène Dietrich à Beethoven, de Nietzsche à Nina Hagen,
00:15 c'est aussi la patrie d'autres noms devenus tout aussi célèbres dans le monde entier.
00:19 Ils s'appellent Volkswagen, Siemens, BASF, Bayer, Allianz, Bosch ou Daimler,
00:26 et depuis les années 70, ils sont devenus les meilleurs ambassadeurs de l'Allemagne à l'étranger.
00:31 Au cours de son histoire, même la plus récente, à chaque fois que les circonstances l'ont mis à genoux,
00:36 l'Allemagne a trouvé les ressources pour se relever.
00:39 La plus célèbre, c'est le fameux modèle allemand avec lequel elle a donné une belle leçon économique au reste du monde.
00:45 Grâce à lui, l'Allemagne, défaite et brisée, a changé de statut sur l'échiquier international.
00:50 Elle s'est hissée au sommet de l'Europe, elle est devenue le partenaire européen numéro 1 des Etats-Unis,
00:56 puis de la Russie, puis de la Chine, se positionnant comme leader mondial au cœur de notre bon vieux continent.
01:02 Pendant des années, l'Allemagne fut à l'Europe ce que la Chine a été pour le reste du monde, un moteur.
01:07 C'est pourquoi on n'a pas hésité à parler de "Wir schanzen wunder",
01:11 ou pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Goethe, de "miracle économique".
01:15 Mais depuis 2020, rien ne va plus. Covid, pénurie, crise énergétique,
01:20 les fondamentaux du pays n'ont pas résisté à l'enchaînement de crises.
01:23 Ils se sont finalement effondrés dès le début de la guerre en Ukraine,
01:26 alors que le pays se débattait avec un déficit budgétaire historique inédit depuis 1995, et depuis c'est la récession.
01:34 Pour les observateurs, la réaction de l'économie allemande prouve qu'en réalité,
01:38 le légendaire modèle allemand ne serait pas si solide que ça.
01:41 Il craque sous le poids des tensions internationales à l'Est,
01:45 et des choix politiques en matière de relations étrangères ou d'énergie.
01:49 Aujourd'hui, je vous invite à visiter avec moi le pays aux mille villages,
01:52 pour essayer de comprendre comment il est passé de ça, à ça.
01:56 Et nous verrons ensuite quelles solutions s'offrent à lui pour essayer une nouvelle fois de se tirer d'un bien mauvais pas.
02:02 S'agissant du leader économique européen, et comme nous sommes sur MoneyRadar,
02:05 nous irons aussi jeter un coup d'œil sur les marchés pour savoir comment peuvent évoluer les valeurs allemandes,
02:10 et si ça vaut le coup d'y investir quelques euros.
02:12 Mais juste avant de partir pour un voyage qui sent bon le houblon, le malt et la sève de pain,
02:16 n'oubliez pas que si vous aimez notre chaîne et que vous avez envie de nous donner un petit coup de main,
02:20 c'est facile et gratuit, il suffit de vous abonner.
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02:37 Je vous ai mis le lien pour vous inscrire dans le descriptif.
02:40 Merci mille fois à toutes et à tous, et soyez les bienvenus sur MoneyRadar.
02:44 Je vous en parlais au printemps, ici même.
02:57 L'Allemagne est entrée en récession en début d'année, et elle va y rester un petit moment.
03:01 Son économie s'est contractée de 0,5% au dernier trimestre de 2022,
03:06 puis elle a encore fondu de 0,3% au premier trimestre de 2023.
03:10 Avec une belle bulle cet été, 0% de croissance selon les chiffres provisoires,
03:15 le rebond tant attendu ne s'est pas montré, et les perspectives de la Bundesbank,
03:20 la banque centrale allemande, pour cette année complète n'invite pas à la fête.
03:24 De -0,2% à -0,4%, c'est aussi à peu de choses près ce qu'attendent les autres observateurs,
03:31 comme le FMI, qui parie pile au milieu sur 0,3% contre un très optimiste +0,3% au printemps dernier.
03:39 Alors que se passe-t-il ? Pourquoi l'économie allemande s'est-elle grippée ?
03:43 D'abord, il y a eu la crise sanitaire et ses conséquences sur les chaînes d'approvisionnement.
03:47 La production industrielle a reculé et reste faible, et il n'y en a pas qu'elle.
03:51 Face aux menaces de récession et de ralentissement global de l'activité économique mondiale,
03:56 les demandes extérieures reculent aussi, principalement en provenance de la Chine, des Etats-Unis et de la France,
04:01 ce qui affecte les exportations, et les exportations, c'est l'un des carburants historiques de l'Allemagne.
04:07 Ensuite, la politique monétaire de la BCE a fait exploser les coûts des financements
04:11 qui pèsent sur les investissements et sur la construction.
04:14 Mais ce qui coûte le plus cher à tout le pays, c'est l'énergie.
04:17 Même si les prix ont baissé, ils maintiennent l'inflation à des niveaux trop douloureux pour les Allemands, 6,1% en août.
04:23 La consommation intérieure reste le seul soutien du pays,
04:26 alors pour éviter que le pouvoir d'achat ne fonde trop vite sous la chaleur torride d'un indice des prix au zenith,
04:31 les salaires ont augmenté, de 5,5% dans le public et jusqu'à 12% dans le privé,
04:36 et le marché du travail se porte bien.
04:38 C'est déjà ça, parce que pour le reste, le plus dur est à venir.
04:41 La fin du miracle allemand est désormais annoncée partout, et pour bien se faire une idée de ce que ça veut dire,
04:45 allons voir d'abord comment ça a commencé.
04:48 Le XXe siècle a été tumultueux pour nos voisins d'Outre-Rhin,
04:52 mais il commence et il finit bien.
04:54 A l'aube des années 1900, le pays est déjà une des principales puissances économiques mondiales,
04:58 déjà très industrialisé, c'est un leader dans les domaines de l'ingénierie,
05:02 de la chimie, de la métallurgie et de la production automobile.
05:06 Mais après la première guerre mondiale, le traité de Versailles qui scelle la paix en Europe
05:10 va imposer des sanctions économiques et politiques très strictes,
05:14 qui vont ensuite contribuer à l'instabilité du pays jusqu'au milieu des années 1920.
05:18 Obligé de se démilitariser, l'Allemagne doit payer d'énormes réparations de guerre
05:22 et céder une partie de son territoire.
05:24 L'Alsace et la Lorraine reviennent à la France, et une partie de la Prusse est abandonnée à la Pologne.
05:29 Ses colonies africaines au Togo, au Cameroun, en Tanzanie, dans l'actuel Namibie, au Ghana
05:34 ou encore au Burundi ont été redistribuées aux pays vainqueurs.
05:38 Toutes ces sanctions ont exacerbé les difficultés économiques
05:41 et suscité une intense frustration dans la population,
05:44 qui va un peu plus tard favoriser la montée du nationalisme.
05:47 Rien ne va parvenir à stabiliser l'Allemagne avant 1925.
05:50 Entre temps, une crise historique d'hyperinflation a obligé le gouvernement
05:54 à changer de monnaie pour le "Reitenmark",
05:57 une devise adossée à des actifs réels, comme de l'or ou des ressources naturelles,
06:01 puis pour le "Deutschmark".
06:03 Mais c'est surtout au sortir de la Deuxième Guerre
06:05 que la belliqueuse Allemagne va entamer un virage à 180 degrés, forcé par la paix.
06:10 Évidemment, comme presque la moitié du continent,
06:12 le pays est en ruine et s'en trouve profondément affaibli.
06:15 La démobilisation et la dissolution de l'armée ont jeté des millions de bras
06:19 sur un marché du travail sinistré, où aucune usine ne tourne plus.
06:23 Il est en plus occupé par la coalition alliée,
06:26 qui a déjà entrepris de démembrer ces industries pièce par pièce.
06:30 En juillet 1945 à Potsdam, les vainqueurs,
06:33 États-Unis, Grande-Bretagne, France et URSS,
06:36 se sont partagés les territoires restants.
06:38 Une décision qui aboutira finalement à la séparation pure et simple du pays
06:42 en deux moitiés au début de la guerre froide,
06:44 avec à l'ouest la République fédérale d'Allemagne, contrôlée par les alliés,
06:48 et à l'est la bien mal nommée République démocratique d'Allemagne,
06:52 sous surveillance soviétique.
06:54 La capitale, Berlin, située côté est, est découpée en quatre parties,
06:58 une pour chaque vainqueur, créant une enclave occidentale au cœur de la zone soviétique.
07:03 Sous des influences opposées, les deux nouvelles nations
07:05 ne vont pas se développer de la même façon.
07:08 À l'ouest, on bénéficie des largesses du plan Marshall,
07:11 de sa manne de dollars américains, de savoirs échangés
07:14 et de matériel performant pour reconstruire,
07:16 pendant qu'à l'est, derrière le sinistre rideau de fer,
07:19 le régime stalinien s'oppose de plus en plus aux visions du monde occidental
07:23 et freine toute ambition.
07:25 Côté ouest, on peut enfin rassembler ses forces et se relever,
07:29 avec des réformes, des idées et des projets techniques plein la tête,
07:32 qui vont mener la RFA directement du statut de pays en ruine
07:35 à celui de miraculée officielle.
07:37 Dans les années 50, elle opère alors un redressement spectaculaire.
07:41 Pour réaliser une telle prouesse, elle s'est appuyée sur 4 axes majeurs
07:44 qui vont définir pour longtemps, "Elfamos" au modèle allemand,
07:47 l'industrialisation massive, la formation, la politique étrangère et l'énergie.
07:53 Les investissements sont tous orientés vers l'industrie.
07:56 Pour les faire tourner, le gouvernement met l'accent sur l'éducation
07:59 et forme une main d'œuvre hautement qualifiée,
08:01 capable de répondre à n'importe quel besoin.
08:03 Enfin, pour assurer les débouchés, il imagine d'importantes réformes
08:06 en matière de politique étrangère et se rapproche de ses grands industriels
08:09 pour faciliter leurs échanges.
08:11 Après des décennies de tensions avec le reste de l'Europe,
08:14 cette fois, l'Allemagne veut s'intégrer pour développer son commerce extérieur.
08:18 Dès 1945, la RFA intègre les membres fondateurs de l'ONU
08:22 et elle signe aussi pour l'OTAN en 1949.
08:25 En 1951, elle s'allie avec la France, la Belgique, l'Italie,
08:29 le Luxembourg et les Pays-Bas et signe le Traité de Paris
08:32 qui fonde la Communauté Européenne pour le Charbon et l'Acier.
08:35 Puis elle rejoint le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale l'année suivante.
08:40 Quand la CECA glisse vers la CE en 1957, le fameux Traité de Rome,
08:45 elle est encore là, elle assiste aussi à la naissance de l'Union Européenne en 1992
08:49 et à celle de l'Organisation Mondiale du Commerce en 1995.
08:53 À ce moment-là, le pays est réunifié.
08:56 Le mur de Berlin est tombé et le régime soviétique s'est effondré.
08:59 De nouvelles nations se sont alors élevées à l'Est
09:02 et elle a autant de nouveaux partenaires potentiels pour cette Allemagne à nouveau elle-même.
09:06 Elle poursuit son intense politique étrangère
09:09 et l'excédent de sa balance commerciale n'en finira plus de grimper.
09:12 Les produits allemands envahissent l'Europe et le reste du monde
09:15 en imposant la "Deutsche Qualität" comme un nouveau standard d'excellence.
09:19 Mais rien de tout ça n'aurait été possible sans les intenses efforts déployés
09:22 pour s'offrir l'accès à des sources d'énergie fiables et bon marché,
09:26 les gisements de charbon de la Ruhr ou de la Saar,
09:29 et le gaz naturel.
09:31 En 1995, ils représentent 85% du mix énergétique allemand.
09:35 Dix ans plus tard, les énergies fossiles ne représentent plus que 63 à 65%
09:39 et polent surtout par l'arrivée du nucléaire
09:42 qui compte déjà pour 30% de l'électricité consommée.
09:45 Puis vient 2011, souvenez-vous, l'accident de Fukushima.
09:49 Comme la France, l'Allemagne va prendre peur
09:52 et faire le choix d'abandonner ses centrales atomiques
09:55 pour développer les énergies renouvelables, éoliennes, solaires et hydrauliques.
09:58 C'est l'Energiewende, une décision critiquée aujourd'hui mais qui porte ses fruits.
10:02 L'industrie allemande décarbonée, c'est un rêve que poursuit l'Allemagne
10:05 depuis le début du siècle.
10:07 Et comme la France a choisi le nucléaire,
10:09 l'Allemagne a choisi la facilité du gaz naturel pour assurer sa transition.
10:12 En 2015, le mix énergétique allemand ne comprend plus que 44% de fossiles,
10:16 15% d'atomiques et 32% d'énergie verte.
10:20 Et tout se passe bien.
10:22 L'Allemagne est alors la première puissance européenne
10:24 et la quatrième puissance économique mondiale.
10:26 Elle s'est remise de la crise financière,
10:28 sa croissance est modérée mais stable.
10:30 Sa dette est raisonnable, autour de 70% de son PIB,
10:33 et elle accumule les excédents budgétaires
10:35 pendant que la balance commerciale remplit les caisses,
10:37 grâce au succès de ses grosses mécaniques
10:39 et de ses berlines de luxe à l'étranger.
10:42 L'automobile, c'est un tiers de l'activité allemande
10:45 et les exportations, c'est la moitié des revenus de l'Allemagne.
10:47 Le pays est alors leader du marché automobile européen,
10:50 troisième plus gros vendeur de voitures au monde.
10:53 Ses engins mécaniques, mais aussi ses médicaments
10:55 et ses produits plastiques et chimiques
10:57 sont expédiés aux quatre coins de la planète,
10:59 principalement vers les États-Unis, la France,
11:01 le Royaume-Uni et les Pays-Bas,
11:03 qui représentent à eux quatre un tiers des exportations allemandes.
11:07 Ces marchés sont dynamiques et attirent les capitaux étrangers en masse.
11:10 Le DAX, l'indice boursier composé des 30 plus grosses capitalisations allemandes à l'époque,
11:15 frôle les 12 000 points, c'est-à-dire 50% de plus
11:18 que son dernier record juste avant la crise financière de 2008.
11:22 Côté importation, les partenariats sont fructueux,
11:24 avec la Chine premier fournisseur de produits manufacturés
11:27 et avec la Russie, qui approvisionne 46% du gaz consommé par le pays.
11:32 Et voilà où nous en sommes quand le premier porteur du coronavirus
11:35 pose le pied sur le sol allemand.
11:38 Comme partout, le Covid va obliger l'économie à freiner un grand coup,
11:41 mais le modèle allemand franchit cette épreuve haut la main,
11:43 jusque dans ses services de santé.
11:45 Le choc sera de courte durée.
11:47 À partir de février, la bourse plonge de 52% avant de rebondir, dès le mois suivant.
11:52 On tente d'effacer les souvenirs de la fièvre
11:54 en reprenant progressivement des activités normales,
11:56 et en décembre 2020, les investisseurs ont déjà tout oublié.
12:00 Le pays fait partie des meilleurs élèves,
12:02 avec un recul de 3,7% de son PIB au plus fort de la crise,
12:06 mais elle va quand même laisser des traces,
12:08 et elle ne fait que marquer le début d'une longue suite de calamités.
12:11 Dès 2021, la reprise est timide.
12:14 L'industrie est perturbée par les pénuries
12:16 qui obligent les chaînes de fabrication à rester à l'arrêt.
12:18 La Chine, son plus gros fournisseur,
12:20 fait face à la résurgence du virus,
12:22 et les marchandises qui arrivent à sortir de ses usines
12:24 restent bloquées sur les quais,
12:26 dans l'attente d'une petite place sur un bateau.
12:29 Pire encore, pour la première fois depuis la réunification,
12:32 le budget fédéral est en déficit,
12:34 et on parle d'un très gros déficit,
12:36 de l'ordre de 4,3% du PIB.
12:39 C'est que pour soutenir son économie pendant la pandémie,
12:41 Berlin a employé les grands moyens
12:43 et déployé un plan de l'équivalent de 8% du PIB national en deux ans,
12:48 notamment pour plafonner le prix de l'énergie
12:50 et maintenir la compétitivité des produits allemands à l'étranger.
12:53 Et c'est dans ce contexte déjà tendu
12:56 que la crise du gaz éclate.
12:59 Quand Vladimir Poutine a décidé de mener son opération spéciale en Ukraine,
13:03 il s'est attiré les foudres des pays occidentaux,
13:05 rassemblés sous la bannière de l'OTAN,
13:07 qui ont rapidement répondu par une rafale de sanctions économiques.
13:11 La plus problématique, l'embargo sur les énergies fossiles,
13:14 qui a mis en lumière la forte dépendance européenne aux ressources russes,
13:17 et provoquait une crise énergétique majeure l'hiver dernier.
13:20 Le but de cette mesure était d'isoler l'agresseur
13:23 et de l'empêcher de tirer des revenus de la vente de ses hydrocarbures
13:26 pour financer sa guerre.
13:28 Logique. Mais l'idée n'a pas plus à l'Allemagne.
13:31 Et on la comprend maintenant quand on sait qu'elle a bâti son modèle économique
13:34 en grande partie sur le gaz russe.
13:36 Depuis la chute de l'URSS, elle a déployé de gros efforts
13:39 et a investi massivement pour assurer la stabilité de sa source russe.
13:43 Elle a par exemple participé à la construction des deux gazoducs
13:46 qui relient l'Europe à la Russie, Brotherhood et Yamal,
13:49 le premier à traverser l'Ukraine, l'autre qui passe par la Pologne.
13:53 Pour limiter les risques en cas de conflit,
13:55 les deux partenaires ont prévu deux autres gazoducs
13:57 qui passent sous la mer Baltique et les relient en direct.
14:00 Les désormais célèbres Nord Stream 1, mis en service en 2011,
14:03 et Nord Stream 2, achevés en 2021 et sabotés en septembre 2022.
14:08 Pas de chance pour l'Allemagne, le gaz russe,
14:10 c'est 46% de sa consommation totale de gaz,
14:13 qui compte toujours pour un peu moins de la moitié du mix énergétique du pays,
14:17 et du jour au lendemain, où presque, les robinets sont coupés.
14:20 S'approvisionner en énergie devient alors une urgence absolue au Conseil des ministres.
14:25 On demande aux Allemands de réduire leur consommation
14:27 pendant qu'une solution de remplacement se met en place,
14:29 avec l'achat de GNL issu des schistes américains,
14:32 du gaz naturel liquéfié, plus facile à transporter,
14:35 mais qui a besoin d'infrastructures spécifiques pour pouvoir être distribué.
14:39 On verra plus tard, pour le bilan carbone de l'opération,
14:41 le temps de construire des terminaux spéciaux,
14:43 la France accepte de fournir du gaz à sa voisine, en échange d'électricité.
14:47 Rappelez-vous, à ce moment-là, nos centrales étaient à l'arrêt,
14:50 et l'hiver à nos portes, il nous fallait un plan B en cas de surchauffe de la demande.
14:54 Finalement, l'Allemagne a traversé la crise énergétique grâce aux subventions de l'État,
14:58 mais elle n'a plus du tout le même visage.
15:00 Oui, il y a du gaz, sans compter qu'il n'y a ni soleil ni vent
15:04 pour faire tourner les centrales alternatives,
15:06 mais ce gaz est plus cher que le gaz russe,
15:08 et le gouvernement allemand ne va pas pouvoir maintenir son bouclier énergétique indéfiniment,
15:12 certainement pas à ce prix.
15:14 Alors, si on récapitule rapidement, à ce stade, nous obtenons
15:17 une demande mondiale en baisse, avec les menaces de récession et l'inflation,
15:20 ce qui va pénaliser les exportations, le pilier numéro 1,
15:23 l'inflation qui pèse lourd sur la compétitivité des produits allemands à l'étranger,
15:27 le remplacement d'une dépendance au gaz russe pas cher
15:30 pour une autre GPL américain plus cher, dans un mix énergétique inadapté,
15:35 notre pilier numéro 2 qui pourrait faire exploser le coût de la transition énergétique,
15:40 et les blocages qui persistent sur les chaînes d'approvisionnement,
15:43 en particulier dans l'automobile, qui a souffert de la pénurie de semi-conducteurs en 2021,
15:47 et qui ne laisse aucune chance à la croissance cette année.
15:50 Nous avons là deux des quatre piliers du miracle allemand qui flanchent,
15:53 et on n'imagine pas un moteur d'Audi RS3 tourné avec seulement deux pistons.
15:57 Alors, que va-t-il se passer pour l'Allemagne ?
15:59 Vous l'avez compris, il ne s'agit pas seulement de faire face à des difficultés ponctuelles,
16:02 ça c'est ce qu'on dit à son banquier à chaque fois qu'il faut faire réparer la Mercedes.
16:06 La structure entière qui a fait la puissance allemande nous montre aujourd'hui ses limites,
16:10 en particulier ses choix en matière d'énergie.
16:12 D'abord, choisir une ressource étrangère pour appuyer la transition énergétique se révèle bien peu adaptée.
16:18 Même si la position du gouvernement en matière de nucléaire est en train de changer,
16:22 le gaz devrait conserver son statut de pivot de l'Energiewende,
16:26 et le plus gros dossier de Berlin en ce moment est de diversifier ses sources
16:29 pour continuer à faire tourner ses machines à des prix raisonnables,
16:32 tout en sachant que jamais le pays n'obtiendra les tarifs russes.
16:35 Le gouvernement va aussi devoir jongler finement pour limiter la pression des augmentations de salaires
16:39 sur les entreprises allemandes, grosses pourvoyeuses d'inflation.
16:43 Avec la hausse des taux, le coût des crédits est devenu problématique pour l'investissement.
16:48 Des entreprises comme l'achat immobilier et le marché du logement tremblent lui aussi.
16:52 Dans le neuf, les permis de construire ont reculé de 31% en juillet 2023 comparé à 2022.
16:58 Dans ces conditions, on comprend pourquoi les prévisions d'activité restent prudentes,
17:01 0% de croissance avec 5,3% d'inflation en 2023,
17:05 et 1,1% de croissance avec 2,1% d'inflation pour 2024.
17:10 Il n'y a donc pas d'embellie prévue avant au moins 2025,
17:13 sauf si la fin de la guerre arrivait plus tôt.
17:16 Même si le pays se dit prêt à se passer de charbon et de gaz russe dès 2024,
17:20 à Berlin, on n'attend qu'une chose, la signature d'un armistice qui lèverait les sanctions
17:24 et permettrait de reprendre rapidement les livraisons.
17:27 Cependant, les gaz américains et Qatari remplacent le gaz russe dans les cuves,
17:31 et les centrales nucléaires qui devaient être fermées au printemps dernier tournent toujours.
17:35 Alors qu'est-ce qu'on fait, nous, petits investisseurs, maintenant qu'on a toutes ces informations ?
17:40 On en profite pour chercher les sociétés allemandes prometteuses et les inclure dans notre portefeuille,
17:44 mais pas n'importe comment.
17:46 Comme dans toute période de crise, il y a des affaires à faire,
17:48 mais il faut être sélectif et passer un peu plus de temps que d'habitude à faire des recherches.
17:53 Oui, l'Allemagne va briller moins fort au centre du continent pendant quelques temps,
17:57 mais tous les secteurs ne vont pas pour autant plonger dans les limbes de l'économie.
18:01 D'accord, l'Allemagne est experte dans les moteurs à combustion,
18:03 et elle doit affronter la concurrence électrique,
18:06 sans compter que le secteur tourne en permanence sous la menace de nouvelles pénuries.
18:10 D'accord, sur les chantiers du monde, les gros engins allemands se heurtent de plus en plus
18:13 aux machines chinoises, moins chères et vite livrées.
18:16 Mais l'énergie et la transition énergétique, l'électronique, l'électrotechnique,
18:20 l'avionique, la chimie et les laboratoires vont bénéficier d'importantes mesures de soutien gouvernementales.
18:25 Il faudrait donc commencer à chercher par là.
18:28 Comme d'habitude, je n'ai pas besoin de vous rappeler que si une crise est souvent synonyme
18:31 de foire aux bonnes affaires sur les marchés boursiers, c'est aussi un phénomène imprévisible.
18:35 Soyez donc toujours très prudent, et n'oubliez pas qu'investir dans des actions
18:39 implique un risque important de perte en capital, quel que soit le secteur ou la région.
18:43 Faites-vous accompagner par un expert avant de vous lancer, c'est plus sage.
18:46 Si vous avez envie d'en savoir un peu plus sur les projets allemands, n'hésitez pas à aller voir
18:50 ou revoir la vidéo que nous y avons consacrée au printemps.
18:53 Je vous mets tous les liens dans l'descriptif et au passage, si vous avez aimé celle-là,
18:57 pensez à cliquer sur j'aime et à la partager.
18:59 Quant à moi, j'espère que vous avez passé un bon moment et je vous remercie au nom de toute l'équipe
19:03 pour votre fidélité. Je vous dis à très vite pour un prochain sujet.
19:06 Prenez soin de vous, c'était Moni Radar.
19:09 !