• l’année dernière
Focus sur une entreprise iséroise championne du Made in France : Paraboot ! Ses chaussures sont iconiques au Japon, au point que la toute récente usine de Centr’Alp tourne à plein régime. Clémentine Colin Richard, dirigeante de la marque nous parle de son histoire, ses réussites, son actualité…
Mais aussi :
> Alain Denizot, président du directoire de la CERA nous explique comment et pourquoi compter autrement pour intégrer la RSE !
> La parole aux internautes où nos invités répondent à la question : Qu’est-ce qu’un trésor national ?
> dossier sur la santé du secteur de la construction immobilière, une filière pilier de l’économie avec un chiffre d’affaire de presque 400 milliards d’euros. Avec Gilles Trignat - PDG de Gilles Trignat Résidences et Christian Gardoni - Directeur général de Safilaf

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Transcription
00:00 Noriser Economie et Présence, partenaires des entreprises de votre territoire.
00:05 Acteurs et partenaires de l'économie régionale,
00:12 la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes vous présente Alpes Décideur.
00:15 Générique
00:17 ...
00:39 -Bonjour à tous et bienvenue dans Alpes Décideur,
00:42 le mensuel économique de Télé Grenoble,
00:44 le rendez-vous des chefs d'entreprise, des partenaires d'affaires
00:47 ou des curieux du monde économique.
00:49 Chaque mois, nous mettons en lumière les entreprises
00:52 qui font le dynamisme des Alpes.
00:54 A mes côtés, Alain Deniso.
00:56 -Bonjour. -Bonjour.
00:57 -Président du directoire de la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes.
01:01 Un peu d'émotion pour cette émission.
01:03 -On va parler de la performance extra-financière,
01:06 comment la valoriser, la promouvoir.
01:08 -Et la question de l'internaute ?
01:10 -La trésor nationale, qu'est-ce que c'est ?
01:13 -Ce sera dans la 2e partie de l'émission.
01:15 Dans notre dossier, le secteur de la construction immobilière.
01:18 C'est un pilier de l'économie et de la croissance,
01:21 avec un chiffre d'affaires en France de presque 400 milliards d'euros.
01:25 Comment se porte-t-il en ces périodes d'inflation ?
01:28 Et puis, focus sur une entreprise iséroise,
01:30 championne du "Made in France", Paraboot.
01:32 Ses chaussures font un malheur, notamment au Japon,
01:35 au point que toute la récente usine de Centrale tourne à plein régime.
01:39 Comment se crée un savoir-faire vieux de 115 ans,
01:42 sans cesse remis au goût du jour ?
01:44 Comment allier la tradition et la modernité ?
01:46 On a souvent évoqué la RSE,
01:53 la responsabilité sociétale des entreprises.
01:56 Mais comment ces entreprises peuvent-elles valoriser leurs actions
02:00 dans ce domaine ?
02:01 Pour définir leur valeur,
02:03 elles ne comptent plus uniquement sur l'analyse de leur activité
02:06 ou leur performance financière,
02:09 mais sur la recrutement,
02:10 s'adapter aux enjeux climatiques,
02:12 limiter leurs impacts sur l'environnement et la société.
02:15 Tout ça rentre en ligne de compte.
02:17 - Oui, tout à fait.
02:19 La RSE existe depuis assez longtemps.
02:21 Mais les transformations climatiques que l'on vit chaque jour
02:25 montrent qu'il y a la performance financière de l'entreprise
02:28 et une performance à côté,
02:30 qu'on appelle extra-financière,
02:32 qui peut jouer sur la vie de l'entreprise,
02:35 sa gouvernance, ses salariés,
02:37 mais qui joue aussi sur son empreinte sur l'environnement.
02:40 Einstein disait
02:41 "Ce qui compte ne peut pas toujours être compté."
02:44 Nous sommes rentrés dans un monde
02:46 où nous devons poser la performance financière,
02:49 qui est un métrique important,
02:51 car c'est celui de la pérennité à horizon constant,
02:54 mais aussi de sa performance au-delà de la finance.
02:57 Il y a de fait beaucoup d'initiatives
02:59 qui évoluent, qui s'accentuent,
03:01 pour faire en sorte de mesurer cette performance
03:05 qui s'inscrit soit dans les critères RSE,
03:07 soit dans les critères ESG,
03:09 environnement, social, gouvernance,
03:11 qui mesurent la pérennité, la durabilité de l'entreprise
03:15 dans des environnements fluctuants,
03:17 de crise, de transition, de transformation.
03:20 Nous avons dans notre pays peut-être une longueur d'avance
03:23 par rapport à certains pays européens,
03:26 car nous avons adopté pleinement la DPEF,
03:28 diagnostic de performance extra-financière,
03:31 qui est obligatoire depuis 2017
03:33 pour les entreprises de plus de 500 salariés,
03:36 et qui va devenir obligatoire
03:38 dès 2023 pour celles de plus de 250 salariés,
03:42 et qui va être remplacée par une nouvelle norme européenne
03:45 qui s'appelle dans le texte la CSRD,
03:49 mais qui a en fait l'impact de l'activité de l'entreprise
03:53 sur son environnement,
03:55 et qui va se déployer en 2024-2025.
03:59 L'objectif de la performance extra-financière,
04:02 c'est de mesurer ce qui ne se voit pas directement,
04:04 donc je le disais, environnement, sociétal, gouvernance,
04:07 et aujourd'hui, c'est beaucoup l'environnement et le climat
04:11 qui nous préoccupent.
04:12 Un des indicateurs de mesure de la DPEF,
04:14 c'est le bilan carbone.
04:16 Ce bilan carbone doit être réalisé dans les entreprises.
04:19 Il mesure l'empreinte carbone de l'entreprise
04:22 dans ses activités à plusieurs niveaux.
04:24 On parle de SCOP1, 2, 3.
04:26 Ce que génère comme gaz à effet de serre l'entreprise
04:30 dans son activité, par elle-même, c'est le SCOP1,
04:32 l'environnement plus réduit.
04:34 Le SCOP2, c'est le recours aux énergies
04:36 qui permet de fonctionner.
04:38 Le SCOP3, c'est les émissions de gaz à effet de serre
04:40 de ses parties prenantes.
04:42 Par exemple, pour mesurer l'empreinte à effet de serre
04:45 de nos clients, de l'activité bancaire,
04:48 c'est de mesurer aussi ce que vont dégager en CO2
04:52 les clients qui viennent nous voir.
04:55 Première partie, qui n'est pas très compliquée,
04:57 c'est l'empreinte à CO2, ce que les clients vont dégager
05:00 comme empreinte dans les financements.
05:03 C'est beaucoup plus compliqué.
05:04 -Le cadre réglementaire a considérablement évolué
05:07 et continue d'évoluer, notamment...
05:10 Il va falloir des explications.
05:11 La taxonomie verte et ce fameux CSRD dont vous nous parlez.
05:15 -Oui, alors...
05:16 Il faut casser un peu les mots,
05:18 casser ce qu'il y a derrière les mots.
05:20 La taxonomie verte, c'est un classement normatif,
05:24 qui supporte une norme,
05:26 de l'ensemble des activités des secteurs professionnels
05:29 sur une échelle qui va du vert clair
05:32 au brun foncé.
05:34 Le vert clair, c'est tout ce qui est...
05:36 Vertueux, par exemple, l'énergie hydroélectrique est vert clair.
05:40 Le brun foncé, ce sont les mines, l'extraction de charbon,
05:43 les énergies fossiles.
05:45 Entre les deux, on a toute une graduation.
05:47 Vert clair, vert un peu moins clair, vert foncé,
05:50 neutre, brun clair, brun un peu moins clair, brun foncé.
05:54 Donc, ça permet de classer les entreprises.
05:56 Et le sujet, notamment pour une banque,
05:58 mais globalement, le sujet,
06:00 c'est pas de bannir les entreprises brunes, bruns,
06:03 de l'activité, parce que c'est de l'emploi,
06:06 c'est de l'activité, c'est des services,
06:08 c'est de l'économie, c'est de les amener
06:11 sur un chemin de transition.
06:12 Et bien sûr, de favoriser, de valoriser
06:15 les entreprises qui sont plutôt dans le maître vert.
06:18 Donc, ça, c'est la taxonomie, l'arrière de la taxonomie.
06:21 Donc, on engage, pour appliquer cette taxonomie,
06:24 sur six critères.
06:26 On rentre un peu dans la technique.
06:28 Je vais citer les six critères, vous comprendrez mieux.
06:32 Six critères, c'est atténuation du changement climatique,
06:36 adaptation au changement climatique,
06:38 utilisation durable et protection des ressources aquatiques et maritimes,
06:42 transition vers une économie circulaire,
06:45 prévention et contrôle de la pollution,
06:47 et protection et restauration de la biodiversité des écosystèmes.
06:51 Et dans le cadre de cette taxonomie,
06:53 une entreprise doit à la fois être agissante positivement
06:56 avec un impact sur un de ces critères
06:59 et ne pas dégrader les cinq conditions.
07:01 Ça, c'est la règle du jeu européenne.
07:03 Et pour mesurer ça, mais aussi pour mesurer
07:05 ce qui n'est pas forcément mesurable,
07:07 l'Europe est en train de stabiliser une nouvelle réglementation
07:10 qui va venir en substitution de la DPRF.
07:13 Elle s'appelle la CSRD.
07:14 En français dans le texte, c'est la Directive
07:16 sur les rapports de développement durable des entreprises.
07:19 En fait, c'est la soutenabilité de l'entreprise
07:22 qui sera applicable sur l'exercice 2024, en 2025,
07:26 à tous les pays européens.
07:28 Ce n'était pas le cas pour la DPRF
07:30 parce qu'il y avait une transposition dans les lois nationales.
07:33 Donc, on va passer de 12 000 à 50 000 entreprises en France, notamment.
07:38 Périmètre élargi et une certification par un organisme tiers, un OTI,
07:43 qui va donner un niveau de validation supérieur
07:46 à ce qui se passait pour la DPRF,
07:48 un niveau de certification plus élevé.
07:50 Et donc, ça va introduire finalement un double comptage,
07:55 à la fois le comptage comptable financier
07:58 et puis un comptage extra-financier, mais qui est à bout de bras
08:01 puisque 2024, 2025, c'est absolument demain.
08:05 Et l'objectif, c'est de, bien sûr, mettre en mouvement les entreprises,
08:09 les banques aussi,
08:10 dans une vision où qu'est-ce que moi, dans mon activité,
08:15 je nuis ou je promeux aux dimensions RSE,
08:19 spécifiquement climatique et environnementale,
08:22 et comment mon activité est impactée
08:25 par les évolutions de ces dimensions-là.
08:27 Donc, ce qu'on appelle la double matérialité,
08:29 qui est importante à la fois dans l'action vis-à-vis des autres,
08:31 de l'environnement, mais aussi dans la pérennité de son entreprise
08:34 puisqu'en fait, on peut, en fonction des métiers,
08:37 subir ces évolutions.
08:38 - On voit quand même qu'il y a une standardisation des indicateurs.
08:41 C'est un peu l'objectif final. - Oui, tout à fait.
08:43 Alors, complexification, c'est toujours un peu le danger.
08:46 Les normes européennes sont toujours très exhaustives,
08:48 on va dire comme ça, donc forcément assez compliquées.
08:50 Le risque, c'est que l'on veuille aller sur quelque chose de trop complet,
08:53 mais qui, étant trop complet et trop complexe,
08:55 en étant trop complexe, puisse être différé.
08:57 Ça, c'est, je crois, un des grands risques de la transition aujourd'hui.
09:00 Moi, je suis plutôt partisan des petits pas
09:02 qui permettent de mettre tout le monde en mouvement
09:03 et donc d'assurer, on va dire, une intelligence transitionnelle.
09:07 - Bon, on a évoqué la mesure des critères extra-financiers.
09:10 Vous en avez parlé, son importance sur l'activité des financements.
09:13 On n'a pas parlé des placements.
09:15 - Alors, les placements, on va dire la sphère financière.
09:18 Alors, les placements, en fait, c'est compliqué de qualifier un placement
09:21 puisqu'en fait, les investisseurs professionnels
09:23 choisissent des sociétés,
09:26 ils choisissent des sociétés pour leur performance
09:28 et, en général, il y a une assez bonne corrélation
09:31 entre la performance d'une société,
09:33 mais également son respect de son environnement, en général.
09:37 C'est pas toujours vrai.
09:39 Donc, les structures dans lesquelles les fonds peuvent investir
09:45 sont classées.
09:46 Alors, en France, il y a une classification
09:47 qui s'appelle Article 8, Article 9, qui est assez souple.
09:50 Et l'AMF a développé quelque chose de plus global
09:53 sur la notion de "best in class".
09:55 Donc, il y a, on va dire, les meilleurs de la classe, "best in class",
09:57 qui sont, en fait, les meilleurs dans un peu dans tous les domaines,
09:59 ce qui est un domaine assez recherché.
10:01 Après, il y a la "best in class in universe",
10:03 qui est, en fait, dans un domaine d'activité.
10:05 Et puis, après, il y a le "best in effort",
10:07 c'est-à-dire ceux qui font le meilleur effort pour.
10:09 Donc, c'est toujours l'idée de mettre en mouvement.
10:12 Et côté... Donc, là, c'est côté des placements,
10:14 tant pour les particuliers, pour les entreprises.
10:16 Puis après, il y a le rôle des établissements bancaires.
10:19 Et là-dessus, la mission des banques est extrêmement claire,
10:21 elle a été fixée par la banque centrale européenne,
10:23 c'est d'accompagner les entreprises
10:25 dans leur transition environnementale,
10:27 sociétale et de gouvernance, mais surtout environnementale.
10:30 Et si l'expression est simple, l'art est plus compliqué,
10:33 parce que, de fait, je le disais en début d'interview,
10:37 une entreprise verte, c'est facile.
10:39 C'est-à-dire un champ de panneaux photovoltaïques, c'est facile,
10:42 une rénovation de centrales hydroélectriques, c'est facile.
10:44 Mais quand vous avez des transporteurs, par exemple,
10:46 comment s'assurer que le transporteur,
10:48 qui est une donnée vitale pour l'économie de notre pays,
10:52 devient de plus en plus vert, entre guillemets ?
10:54 C'est là le travail que nous avons lancé,
10:57 que nous devons faire pour comprendre le projet d'entreprise,
11:00 avoir un dialogue stratégique avec elle
11:01 et voir de quelle façon la transition se fait progressivement,
11:05 puisque, bien évidemment, tout ça ne pourra se faire que progressivement,
11:08 mais de façon volontariste.
11:09 Les petits pas volontaristes.
11:10 Et ce qui compte ne peut pas toujours être compté.
11:13 J'ai retenu cette citation d'Einstein.
11:15 Merci beaucoup, merci Alain, pour ce décryptage,
11:19 qui sera votre dernier, puisque je parlais d'une émotion.
11:22 Avec une certaine émotion, on peut dire.
11:23 C'est votre dernière émission, votre dernier Alpe d'Ecideur à nos côtés.
11:27 On aura passé plus de 40 émissions ensemble.
11:31 On aura l'occasion de faire un petit flashback.
11:33 Tout à l'heure, vous nous avez expliqué tant de notions.
11:35 La première chronique en décembre 2018, c'était sur l'open banking.
11:39 - Tout à fait. - Ouvrir les banques.
11:40 Et puis, il y a eu plein d'autres choses.
11:42 Les investissements responsables, l'Internet des objets.
11:45 Vous nous avez parlé de l'économie de montagne, l'économie du sport
11:47 et tant d'autres sujets avec passion et pédagogie.
11:50 Et très souvent, je voudrais le dire,
11:53 en connexion avec l'économie régionale.
11:55 Nous avons, en Isère, sur l'ensemble des Alpes
11:58 et sur la région ouverte en Alpes,
12:01 un territoire d'une densité économique, industrielle,
12:04 de services, d'innovation, de technologie
12:06 qui est absolument remarquable.
12:08 Et c'est vrai que l'intérêt d'animer avec vous cette chronique,
12:13 c'était aussi de découvrir ou de faire découvrir
12:16 ces grandes richesses dont j'ai quelques noms à l'esprit.
12:18 On va en reparler parce qu'on aura aussi de belles découvertes
12:21 à faire aujourd'hui.
12:22 En tout cas, merci pour ces chroniques
12:23 et ces décryptages très pédagogiques.
12:25 C'est que c'est top.
12:26 (Générique)
12:28 ---
12:31 -Le secteur de la construction immobilière,
12:35 un pilier de l'économie.
12:36 Il représente près de 600 000 entreprises en France
12:39 pour un chiffre d'affaires de presque 400 milliards d'euros.
12:42 De près ou de loin, il cumule presque 2 millions d'emplois
12:45 dans le pays.
12:46 C'est dire son poids.
12:47 Et chacun connaît l'adage, "Quand le bâtiment va, tout va."
12:50 Alors, aujourd'hui, la filière est inquiète.
12:53 Première victime de la hausse des coûts des matières premières,
12:56 en particulier.
12:57 On fait le point avec deux invités.
12:59 Gilles Trignat, bonjour. -Bonjour.
13:00 -PDG de Gilles Trignat Résidence.
13:02 Et Christian Gardoni, bonjour. -Bonjour.
13:04 -Directeur général de Safilaf.
13:06 Un mot de présentation de chacune de vos deux structures.
13:09 -Safilaf, un acteur un peu particulier
13:12 dans le panorama des promoteurs locaux régionaux iserois,
13:16 puisque nous sommes une émanation de la fédération du BTP,
13:19 émanation du BTP de l'Iser,
13:21 et dont l'actionnaire principal reste,
13:23 après plus de 70 ans d'existence,
13:25 la fédération du BTP de l'Iser.
13:28 J'ai coutume de dire que notre particularité,
13:32 c'est qu'il n'y a aucun versement de dividendes aux actionnaires.
13:35 Alors, devant un banquier, je le précise,
13:38 puisque ça fait sens, j'ai tendance à dire
13:40 que nous faisons un exercice économique
13:42 avant de faire un strict exercice financier.
13:44 Voilà, c'est 34 collaborateurs.
13:46 -Nombre de logements créés ?
13:47 -De l'ordre de 400 à 450 par an.
13:50 Nous sommes montés jusqu'à 700,
13:51 mais nous redescendons sur 400, 450,
13:53 ce qui semble être la bonne valeur d'étiage.
13:55 -Sur une région un peu élargie, autour de Grenoble ?
13:58 -Historiquement, bien sûr, le bassin Grenoble,
14:00 et depuis quelques années, tout l'océan Alpin,
14:03 là où, bien sûr, les entreprises de l'Iser sont présentes,
14:05 sur des marchés isérois, bien sûr,
14:07 mais au Savoyard, Paygex, donc département de l'Ain.
14:11 -Gilles Trignan, même exercice.
14:13 Quelques chiffres et présentations de Gilles Trignan Résidence.
14:16 Tout le monde connaît.
14:17 -Gilles Trignan Résidence est une entreprise que j'ai créée
14:19 il y a 45 ans, maintenant.
14:22 C'est une entreprise familiale,
14:23 parce que j'ai initié une transmission familiale
14:26 à mes trois enfants à la fin de l'année dernière.
14:29 Donc, voilà, j'accompagne encore cette transmission,
14:32 parce que, quand on tombe dans le bâtiment en général,
14:34 on a du mal à en sortir, donc je vais les accompagner
14:37 le plus longtemps possible, j'espère,
14:38 tant qu'ils me supporteront.
14:40 Voilà, c'est une entreprise qui, historiquement,
14:43 on est basé à Mélan, historiquement,
14:45 on travaille plutôt sur la 1re, 2e couronne grenobloise.
14:47 On a quelques opérations en Savoie-Haute-Savoie,
14:50 puis quelques opérations un peu plus atypiques
14:51 plutôt par opportunité foncière sur d'autres territoires.
14:56 On en a fait une à l'arrière-pays de Toulonnet,
14:58 une dans le nord, à la Madeleine,
15:00 une en développement à la Marne-la-Vallée
15:02 et une à Argelès en développement également.
15:04 -Combien de logements par an, à peu près ?
15:06 -Disons, à peu près 300 logements, un peu moins cette année,
15:09 parce que crise oblige,
15:10 donc ça sera certainement un peu moins.
15:12 -On va en parler. Les carnets de commandes,
15:13 ils étaient assez bien garnis jusqu'en 2022.
15:18 Ça semble plus compliqué désormais, Gilles.
15:20 -Je pense que ce qui caractérise cette crise,
15:22 c'est que, contrairement à d'autres qu'on a déjà vécu,
15:24 quand on a quelques cheveux blancs,
15:26 c'est qu'elle est multifactorielle.
15:27 Elle a commencé en 2020 par une crise de l'offre,
15:29 suite aux élections municipales,
15:30 donc difficulté d'obtenir des autorisations de construire
15:33 suite aux changements électoraux, de manière générale,
15:36 et suite aussi à l'inapétence de nos concitoyens au logement.
15:42 Les élus locaux n'étant le reflet des citoyens,
15:45 forcément, difficulté d'obtenir des permis,
15:48 difficulté de les purger avec des recours multiples, etc.
15:51 Première crise. Deuxième crise,
15:53 crise des matériaux.
15:54 Avec la hausse des matériaux suite à la guerre en Ukraine,
15:57 il faut savoir que nos prix de revient ont monté
15:58 d'entre 25 et 30 %.
16:00 C'est considérable, et surtout,
16:02 quand les prix de revient montent de 30 % sur une période longue,
16:04 on arrive à les adopter, mais là, à les impacter,
16:07 c'était sur un an à peu près.
16:09 -C'est les marges qui ont été impactées ?
16:10 -Forcément, c'est une marge qui est impactée.
16:12 Ça veut dire des opérations qui ont été reportées
16:14 parce qu'il faut s'adapter, essayer de trouver des économies
16:16 pour que ça fonctionne.
16:17 Et puis, derrière, une crise, maintenant, de...
16:22 De vente, c'est un peu avec la hausse des taux,
16:24 ce qui nous pénalise.
16:25 La hausse des taux, forcément, c'est pas favorable.
16:26 On préfère un pointé à 2 % qu'un pointé à 4,5, c'est certain.
16:30 Mais malgré tout, ce qui nous pénalise le plus,
16:32 c'est l'accès de nos concitoyens au crédit.
16:35 C'est l'encadrement volontaire du crédit
16:38 qui pénalise beaucoup.
16:39 On a des clients qui, de notre point de vue, sont finançables,
16:42 mais qui trouvent pas...
16:44 Portes ouvertes pour leur financement.
16:46 Ça, c'est un vrai souci.
16:47 C'est vraiment ce qui nous pénalise.
16:49 -Carnet de commande, Christian ?
16:50 -Carnet de commande, alors, n'oublions jamais
16:52 que si l'on construit, c'est parce qu'il y a une demande,
16:54 parce qu'il y a un besoin de logement.
16:55 Ça, on a tendance à l'oublier, comme je constate souvent
16:58 qu'on oublie le fait démographique.
16:59 Nous sommes sur un département qui gagne en population.
17:02 Alors, je ne sais pas si c'est bien ou si c'est mal,
17:04 on le constate.
17:05 Donc, il y a une demande de logement,
17:06 et un besoin de logement, et un besoin à renouveler.
17:08 Avec une demande de la part de nos concitoyens,
17:11 d'aller sur des logements qui ont des qualités environnementales.
17:14 Nous entendions tout à l'heure, Alain, préciser
17:16 ce qu'étaient les exigences en matière environnementale.
17:17 Donc, un renouvellement de la demande de nos clients.
17:20 Et, effectivement, le meilleur des produits
17:23 pour répondre à ces demandes, pour avoir un certain nombre
17:25 de garanties, c'est quand même la construction neuve.
17:27 Donc, le besoin et la demande est là.
17:29 Maintenant, effectivement, on est confrontés,
17:31 comme l'a dit Gilles, à cette difficulté,
17:33 à la fois de rendre finançables nos clients,
17:37 et ça pose des questions, et on voit que c'est d'actualité,
17:40 c'est tant mieux, et puis derrière,
17:41 d'avoir un prix qui soit en adéquation
17:44 avec à la fois ces objectifs de qualité
17:47 que nous devons de nos clients,
17:48 et la capacité financière de nos clients.
17:50 Donc, les carnets de commandes sont là,
17:52 avec quand même des difficultés pour maîtriser
17:54 le coût global de nos opérations.
17:57 - C'est ça. C'est-à-dire que j'entends
17:58 qu'entre l'inflation, les normes environnementales,
18:01 les normes énergétiques, ça devient difficile
18:04 de tenir des prix facilement abordables.
18:07 C'est ce que j'entends.
18:08 - C'est effectivement une difficulté,
18:09 et c'est vrai que, nous, notre objectif en tant que promoteurs,
18:11 c'est que nos prix soient le plus bas possible
18:12 pour pouvoir satisfaire la plus large part de clients.
18:15 Et c'est vrai que cet exercice est de plus en plus compliqué.
18:18 C'est certain.
18:19 - Avec, effectivement, sans doute,
18:20 une espèce, un petit peu de fantasme
18:22 autour de ce qu'est la réalité d'un bilan de promoteur.
18:25 On voit très bien, aujourd'hui, Gilles l'a dit,
18:27 les marges se sont réduites.
18:29 Je rappelle que nous avons des marges attendues
18:30 par les banques, qui nous prêtent de l'argent,
18:32 c'est tout à fait normal,
18:33 qui nous attendent en retour à un exercice
18:34 qui soit à la hauteur de leur engagement financier.
18:38 On a tous fait des efforts au cours de ces dernières années
18:40 pour, justement, baisser, tenir, contenir nos bilans.
18:43 Aujourd'hui, on ne voit pas très bien où on peut...
18:45 - On ne peut plus gratter davantage.
18:46 - C'est ce que j'allais dire.
18:48 - Pour être... - Effectivement, on est...
18:49 - ...idéal. - Effectivement, très fins.
18:50 Et on ne peut pas baisser plus les honoraires,
18:52 et on ne peut pas entamer nos marges,
18:53 puisque derrière, c'est effectivement
18:54 nos organismes prêteurs qui vont nous dire
18:56 "Ettendez, c'est un peu sérieux dans la tenue de nos bilans."
18:59 Donc, on est dans un instant qui est compliqué
19:02 et dont on ne sortira pas seul, en tout cas, nous,
19:04 acteurs de la promotion, sans un accompagnement des banques,
19:07 sans un accompagnement des élus aussi,
19:09 parce qu'il y a sans doute un peu de manque de culture
19:12 de la part des élus en matière de construction.
19:14 Parler de la question environnementale
19:16 sans se poser la question de la densité
19:18 ou de l'intensité urbaine, comme on veut,
19:20 ce sera compliqué.
19:22 Donc, on voit très bien que la sortie de cette crise systémique
19:24 ou multi-critères, comme le disait Gilles,
19:26 passe par une mobilisation de tous les acteurs de la construction.
19:30 - Vous évoquiez les élus.
19:32 Alors, on sait que les promoteurs n'aiment pas trop
19:33 les années électorales.
19:34 Alors là, on est encore tranquille pour deux ans,
19:36 mais vous redoutez un peu cette perspective-là.
19:40 C'est-à-dire que là, même si l'économie globale repartait,
19:44 vous savez que dans deux ans,
19:45 il risque d'y avoir un nouveau tassement, c'est ça ?
19:47 - Je pense que le tassement, on l'a bien avant,
19:49 parce que, enfin, historiquement, ça a toujours été le cas.
19:53 Forcément, l'année électorale, il faut que tout soit terminé.
19:54 Il faut qu'on donne le dernier coup de balai,
19:55 que le gazon soit poussé, etc.
19:57 Donc, ça suppose...
19:58 Et étant donné l'inertie d'une opération de construction,
20:03 on commence à ressentir en ce moment
20:05 l'arrêt des projets et des démarrages de projets.
20:09 Ça, je crois que c'est sensible.
20:10 Je pense que moi, je voudrais simplement rajouter un mot
20:11 sur la crise, parce que la crise, effectivement,
20:14 bon, là, on est promoteurs, forcément, on est touchés,
20:16 on vend un peu moins, etc.
20:18 Mais je pense que plus globalement de cette crise-là,
20:20 je pense qu'il faut parler d'une crise de l'immobilier.
20:22 C'est-à-dire qu'on va vers, à mon sens,
20:25 vers un problème majeur d'accès des Français au logement.
20:28 On a asséché par les différentes mesures,
20:32 brièvement, les logements F&G qui sortent du parc,
20:35 l'arrêt du Pinel, donc arrêt de mise en place
20:37 de logements intermédiaires locatifs.
20:39 Il ne faut pas oublier que le Pinel, c'est des investisseurs,
20:41 mais c'est aussi des logements locatifs qui arrivent derrière,
20:42 à un prix de marché régulé.
20:45 Les promoteurs, il faut le savoir, construisent à peu près 65 %
20:47 des logements sociaux sur l'ISER.
20:50 C'est à peu près le même pourcentage en France.
20:52 Donc, ça veut dire que tout ça, nos opérations étant,
20:55 on va dire, à peu près en baisse de 30 à 40 %,
20:57 ça veut dire 40 % de logements sociaux en moins.
20:59 Et ça, à un moment donné, ça va être un vrai souci
21:01 pour accéder aux logements.
21:02 On voit qu'il y a une pression forte aujourd'hui,
21:04 très, très forte sur le marché locatif
21:05 et elle n'est pas prête de s'arrêter.
21:07 Je crois qu'on a enlevé 18 % du parc locatif national.
21:11 -Je laisserai Alain répondre sur la partie des prêts bancaires,
21:14 s'il souhaite répondre.
21:15 Juste une petite précision, c'est que quand on dit
21:18 que la construction s'essouffle, c'est toute une filière derrière.
21:22 Vous parliez du BTP qui, derrière, souffre.
21:25 -On le dit souvent, un logement produit,
21:27 c'est entre un et deux emplois directs et indirects de créer.
21:31 Aujourd'hui, c'est près de 30 000 entreprises en Isère
21:34 qui vivent de l'acte de construire.
21:37 Nous, on partage souvent avec Gilles,
21:39 au travers d'instances telles que la FPI.
21:42 Aujourd'hui, on est inquiets...
21:43 -Fédération des promoteurs immobiliers.
21:45 -Aujourd'hui, nous sommes inquiets pour le tissu,
21:46 le tissu économique local isérois.
21:48 Bien sûr, régional, mais d'abord isérois.
21:51 Aujourd'hui, les entreprises ont fait énormément d'efforts.
21:53 Elles continuent à faire des efforts,
21:55 mais l'exercice économique, aussi pour elles,
21:58 n'est pas inextensible.
21:59 On a un vrai souci.
22:01 La perte des entreprises, c'est la perte de l'expérience,
22:04 des savoir-faire, une histoire.
22:06 La nature au rendu vide.
22:07 Il y aura toujours une entreprise pour se créer.
22:09 Mais si nous perdons la qualité du tissu,
22:11 nous allons faire un pas en arrière pour tenir la qualité visée.
22:14 -J'ai les chiffres de l'INSEE pour le 2e trimestre.
22:17 Au 2e trimestre, au niveau départemental,
22:19 l'emploi salarié dans la construction
22:21 stagne ou chute dans l'ensemble des départements
22:23 et le Rhône-Élysée perd à eux deux 450 emplois
22:27 sur le 2e trimestre.
22:28 -Mauvais signe.
22:29 -Alain Mou ?
22:30 -Oui, je rejoins en disant que c'est une crise
22:33 qui est vraiment sur toute la chaîne.
22:35 Ça va du particulier qui vend son appartement ou sa maison,
22:38 qui a un prix à l'esprit, qui a 2 ans,
22:40 et un acheteur qui ne veut pas et ne peut pas,
22:43 jusqu'à la capacité à soutenir des programmes immobiliers
22:46 dans la promotion.
22:47 Ce qu'on a mal mesuré,
22:49 enfin, les professionnels l'avaient mesuré,
22:51 mais globalement, on l'a mal mesuré en macroéconomie,
22:53 c'est que les taux sont passés de 0 à 5 %, 4 %.
22:58 Et on ne peut pas considérer, passant de 0 à 5 %,
23:01 que ça n'a pas d'impact sur les grands équilibres économiques,
23:03 a fortiori sur l'immobilier,
23:04 qui est un processus de temps long.
23:07 Ça s'arrête, certes, lentement,
23:08 quoique là, ça s'arrête assez brutalement,
23:10 et c'est très long à redémarrer.
23:12 Nous, ce qu'on a vu en termes de banque
23:13 concernant les particuliers,
23:15 on a été très gênés par le taux de l'usure.
23:17 Voilà.
23:18 Nos autorités ont conservé trop longtemps un taux
23:22 qui faisait référence à des trimestres précédents,
23:24 dans un environnement qui explosait sur le taux d'intérêt,
23:26 puisqu'on est passé de 0 % à 4 %, quasiment en trois mois.
23:31 Moi, ce que je refais aujourd'hui dans la réglementation bancaire,
23:35 étant bientôt plus banquier, je peux le dire,
23:39 ce que faisaient les banques régionales,
23:41 et notamment la banque que je dirige,
23:43 nous faisions des prêts pour les primo-excédents à 30 ans.
23:46 Et aujourd'hui, on ne peut plus en faire.
23:49 Parce qu'en fait, le prêt pour un primo-excédent à 30 ans,
23:52 c'est un levier.
23:53 Ça lui permet de rentrer dans le parcours résidentiel.
23:56 Et bien évidemment, il ne va pas garder son prêt 30 ans.
23:58 Il va le garder 8, 10, 12, 13 ans.
24:00 Et là, on s'est retiré à plusieurs endroits des leviers
24:03 qui ne généraient pas spécialement de risques,
24:05 mais qui, aujourd'hui, gênent le marché.
24:07 Après, il y a le sujet de la promotion.
24:10 Je pense qu'il faudra effectivement
24:12 que les banques soient aux côtés des promoteurs,
24:14 non seulement pour les accompagner
24:16 dans la sortie de leur programme actuel,
24:19 mais aussi pour leur permettre de lancer de nouveaux programmes.
24:22 Parce que la promotion, je vais faire une analogie,
24:23 c'est comme le vélo.
24:25 Quand on ne pédale plus,
24:26 - On tombe.
24:27 - Si on pose ses pieds par terre, on tombe.
24:29 Je ne suis pas plus long.
24:30 - Merci, merci Alain. Merci Gilles Treignat.
24:31 Merci Christian Gartoni d'avoir été avec nous
24:34 pour évoquer la santé de ce marché de la construction.
24:37 Et vous le savez, Alpe Décideur vous donne la possibilité
24:45 de poser vos questions à notre expert.
24:47 Écrivez-nous alpedécideur@telegrenoble.net.
24:51 Aujourd'hui, Alain, une question d'Isabelle
24:53 qui veut savoir ce qu'on appelle un trésor national.
24:55 - Oui, alors un trésor national, c'est un trésor de la nation
24:59 dans le domaine culturel, artistique,
25:01 archéologique ou historique.
25:03 Et l'État s'est doté d'une réglementation
25:06 qui permet temporairement
25:08 de bloquer l'exportation d'un trésor national.
25:11 Pour faire en sorte que,
25:13 soit des musées nationaux ou municipaux,
25:16 soit des grands mécènes,
25:18 soit des plus petits mécènes, soit des entreprises
25:20 se mobilisent pour finalement acheter ce trésor national
25:24 à la place d'un investisseur étranger ou d'un amateur étranger.
25:27 Et les dispositifs qui ont été mis en place sont assez puissants
25:30 et permettent de faire travailler ensemble
25:32 des parties prenantes assez différentes.
25:34 J'ai l'exemple d'un tableau de Poussin qui est resté en France,
25:37 "Fuites vers l'Égypte",
25:38 qui a associé la région au Véron Alpes,
25:41 le musée des Beaux-Arts de Lyon, des entreprises mécènes,
25:45 pour permettre de rassembler les fonds
25:47 et de conserver ce trésor national,
25:49 qui est un extrêmement beau tableau
25:52 et chargé de toute l'oeuvre de Poussin, en France.
25:56 Et notamment pour les entreprises, ce que l'on sait peu,
25:58 c'est que si l'entreprise ou les entreprises,
26:01 ce ne sont jamais des choses que l'entreprise fait seule,
26:03 s'engage indéfiniment
26:06 à laisser ce trésor national dans un musée public,
26:09 elle peut déduire 90 % de son mécénat.
26:12 Donc c'est à la fois un engagement au service du collectif
26:15 et un engagement de l'État,
26:17 puisque la déduction de 90 % de l'investissement des impôts
26:21 pour ce mécénat est un engagement de l'État.
26:24 Donc on a un système qui est très solide en France
26:26 et qui vise à éviter l'exploitation sauvage de l'eau.
26:28 - Très vertueux. - Très vertueux.
26:30 Sur une liste de trésors nationaux qui doivent rester dans notre pays.
26:33 - Merci beaucoup, c'est clair. Merci, Alain.
26:35 Si vous voulez interroger notre expert, n'hésitez pas.
26:38 Écrivez-nous alpedecideur@telegrenog.net.
26:41 Il y en a eu en 42 émissions, des questions de l'Internet.
26:43 J'en ai relevé quelques-unes.
26:45 Le marketing conversationnel, on vous a interrogé sur le cashback,
26:48 sur la croissance organique ou encore, évidemment, sur les livrets d'épargne.
26:52 Avoir un savoir-faire est exceptionnel, le faire évoluer, indispensable.
27:01 Depuis 1908, les chaussures para-boots en ont fait du chemin.
27:05 C'est aujourd'hui la quatrième génération
27:07 qui préside au destiné de l'entreprise.
27:09 Une entreprise qui a conquis le Japon,
27:11 où son modèle iconique, la Mikael, fait des ravages.
27:14 Le succès est tel que la toute nouvelle usine de Centrale
27:17 doit renforcer les cadences.
27:19 Focus sur ce trésor du patrimoine industrialisé,
27:22 avec Clémentine Colin-Richard.
27:24 Bonjour. -Bonjour, Christophe.
27:26 Merci d'être avec nous.
27:27 Ça nous fait plaisir de retrouver votre entreprise et de prendre de ses nouvelles.
27:30 On s'était vus en 2014 dans l'émission économique.
27:34 Ça allait déjà pas mal, mais là, ça va vraiment très bien pour para-boots.
27:38 Alors, vous dirigez également 3C Conseil,
27:41 qui accompagne les dirigeants pour la réalisation opérationnelle de leurs projets.
27:44 Mais là, on va parler de para-boots, cette entreprise familiale.
27:48 Vous êtes la quatrième génération, je le disais.
27:50 C'est votre arrière-grand-père qui a fondé cette entreprise,
27:53 avec votre arrière-grand-mère.
27:55 Absolument, et on y tient.
27:57 C'était une femme déjà à l'époque.
27:59 On était dans les années 1900, au début du XXe siècle.
28:03 Une PME familiale spécialisée dans la fabrication
28:06 et la distribution de chaussures haut de gamme.
28:10 En effet, on y tient, cette histoire homme-femme.
28:14 Je pense que ça se retrouve à travers les générations.
28:17 La spécificité de notre entreprise, c'est d'avoir des chaussures qui sont cousues.
28:21 Alors, soit cousues norvégiennes, comme la La Mikkel,
28:24 qui est le modèle phare aujourd'hui.
28:25 On est vraiment le leader mondial, aujourd'hui, du cousu norvégien.
28:30 Mais aussi en cousu goudieur.
28:32 Donc, une autre expression un peu plus fine
28:34 qu'on réserve aux chaussures plutôt, je dirais, habillées.
28:37 Très connues, en particulier, dans le marché de l'homme.
28:40 Oui, parce que le cousu...
28:41 Toutes les chaussures ont une impression de couture,
28:44 mais c'est qu'une impression. Elles sont souvent collées.
28:46 Là, elles sont vraiment... Voilà, on voit bien le point de couture.
28:49 Voilà.
28:51 Enfin, toutes les chaussures qu'on fabrique, en tout cas, nous,
28:54 dans notre entreprise à Saint-Jean-de-Moran, ont deux coutures.
28:57 Alors, des fois, vous avez les deux apparentes,
28:58 c'est le cas du cousu norvégien,
29:00 ou vous n'en avez qu'une d'apparente, c'est le cas du cousu goudieur.
29:02 Mais il y en a deux, à la base.
29:03 Et en effet, c'est bien cousu
29:05 entre ce qu'on appelle le dessus de la chaussure et la semelle.
29:08 On va bien comprendre.
29:09 Vous allez montrer la Mikaël qui est devant vous.
29:12 Alors, ça, c'est le modèle iconique de chez Parabout.
29:14 C'est quoi ? C'est un tiers du chiffre d'affaires.
29:16 - Oui, alors... - 30 %.
29:19 - Non, il ne faut quand même pas exagérer,
29:21 mais il fait partie de ce qu'on appelle nos iconiques.
29:23 On en a comme ça, 5, 6,
29:25 enfin, un petit peu moins, en tout cas, qu'une dizaine,
29:27 et qui sont des modèles de l'époque.
29:29 Parce que le Mikaël, pour la petite histoire,
29:31 je l'avais sûrement racontée, parce qu'elle date quand même pas d'hier,
29:33 elle date de 1945, cette histoire,
29:35 qui est la naissance du modèle Mikaël,
29:37 mais qui est aussi la naissance de mon père, Michel.
29:39 Et Michel, ça ne sonnait pas anglo-saxon.
29:41 Il fallait que tout sonne anglo-saxon
29:43 pour, on va dire, les chaussures haut de gamme luxe de l'époque.
29:46 Donc, on l'a appelée Mikaël.
29:47 - Bon, alors, elle est quasiment restée la même.
29:50 Il y a quand même quelques petites adaptations
29:52 qui sont faites de temps en temps pour les rendre un peu plus mode, pour...
29:55 - Alors, les adaptations ne sont pas faites sur le patronage,
29:57 le style de modèle, mais sur les matières qu'on va utiliser.
30:00 En particulier, l'année dernière,
30:02 on a fait une version de la Mikaël qu'on a appelée Rework.
30:05 On parlait de RSE en préambule de cette émission.
30:07 Et en fait, c'était vraiment ça.
30:09 C'était pour donner une seconde vie
30:10 à des matières qu'on est obligés de laisser de côté
30:13 parce qu'elles ont des griffures, elles ont des imperfections.
30:15 Mais à côté de ça, qualitativement, elles sont parfaites.
30:19 Donc, on a créé un modèle qui s'appelait Rework.
30:21 On a utilisé ces matières, donc, en cuir,
30:23 pour le dessus de notre chaussure.
30:24 Et on a utilisé pour la semelle le caoutchouc,
30:27 mais avec 30 % de caoutchouc recyclé.
30:29 - Alors, vous parlez de la semelle, et on va bien comprendre.
30:31 Avec le reportage qu'on s'apprête à voir,
30:33 l'aventure Paraboot, je le disais, a débuté au début du XXe siècle
30:36 avec votre arrière-grand-père Rémi, fils de paysan,
30:39 qui est devenu ouvrier coupeur
30:41 et, du coup, qui a découvert ce monde de la chaussure.
30:46 On va comprendre avec ce reportage chez vous,
30:48 chez Paraboot, sur le site de Centrale.
30:50 Depuis 1908, la société Richard Ponvert
30:55 fabrique des chaussures, les Paraboot.
30:57 Cette entreprise familiale est née à Iseau,
31:00 là où a grandi Rémi Richard,
31:02 fondateur de l'entreprise.
31:04 - Rémi Richard, qui est un fils d'agriculteur,
31:08 décide, juste après la Première Guerre mondiale,
31:11 de partir aux Etats-Unis,
31:12 et il découvre l'utilisation du caoutchouc
31:15 pour protéger les semelles,
31:18 qui, à l'époque, étaient principalement des semelles en cuir
31:22 ou des semelles en bois.
31:23 - Il décide donc de fabriquer des semelles en caoutchouc,
31:26 ce qui fait rapidement la renommée de Paraboot.
31:29 - Au fil du temps, l'entreprise a créé des chaussures
31:34 pour les pilotes d'essai du Concorde.
31:36 Ça a pu être des chaussures pour des explorateurs
31:40 comme Paul-Émile Victor, pour des expéditions.
31:43 - En 1980, l'entreprise est en faillite,
31:46 mais la mode change et le modèle Michael est plébiscité.
31:49 La société se relève et se concentre désormais
31:52 sur les chaussures de ville.
31:54 Aujourd'hui, la marque iséroise garde la même recette.
31:57 Elle se veut être garante du fabriqué en France.
32:00 77 % de leur matière première provient d'entreprises françaises.
32:04 - On travaille avec des cuirs qui sont à la base des cuirs de veau,
32:09 qui ont l'avantage d'être les cuirs un petit peu les plus jolis.
32:14 Là, par exemple, vous avez ce cuir-là,
32:17 qui est le cuir qu'on utilise sur tous nos produits un peu iconiques.
32:21 C'est un cuir qu'on utilise chez Paraboot depuis plus de 80 ans.
32:24 - Les semelles en caoutchouc, l'ADN de la marque,
32:27 sont cuites à la manière d'un gaufrier.
32:30 Cousues sur la chaussure, elles sont facilement réparables.
32:33 Mais ce savoir-faire traditionnel doit s'adapter à son époque.
32:38 - Paraboot, depuis les 100 dernières années,
32:40 a toujours su innover grâce à l'utilisation
32:43 et la remise en question de ces matières premières,
32:46 s'adapter aux nouvelles normes qui évoluent tous les ans,
32:49 toujours essayer de répondre aux attentes du client,
32:51 des modèles plus souples, qui durent toujours plus longtemps,
32:55 qui sont plus ressemblables aussi,
32:57 et qui permettent aussi de s'adapter aux besoins
33:00 tels que des matières plus naturelles, plus végétales.
33:03 - En en prenant soin, ces modèles
33:05 peuvent atteindre 20 ans d'espérance de vie.
33:08 Déplacé à Saint-Jean-de-Moiran en 2017,
33:11 l'entreprise réalise la moitié de son chiffre d'affaires à l'étranger.
33:15 - Chiffre d'affaires pour 24 millions d'euros, je crois, en 2022.
33:20 150 salariés rien que sur le silt de Centrale.
33:23 120 000 paires de chaussures par an, c'est ça ?
33:26 - Oui, c'est la fabrication qu'on tend à tenir.
33:29 - On le disait dans le reportage,
33:31 des chaussures qui ont une durée de vie exceptionnelle
33:33 et qui sont réparables.
33:35 Ça aussi, en termes de RSE, c'est formidable.
33:36 - Oui, surtout avec l'enjeu d'aujourd'hui,
33:39 qui est la loi AJEC, et le bonus réparation
33:43 qu'a demandé au metteur en marché, comme Paraboot, de mettre en place
33:46 pour favoriser, en effet, cette réparation
33:49 de nos vêtements, de nos chaussures.
33:51 Mais nous, le modèle a été fondé comme ça, en fait.
33:54 Son éco-conception, comme je disais, mon arrière-grand-père,
33:56 c'était une chaussure pour une vie.
33:57 À l'époque, on changeait de chaussure
33:59 que quand vraiment on avait les doigts de pied
34:01 qui étaient trop à l'étroit dans sa chaussure.
34:03 Donc on a créé toutes sortes de systèmes
34:05 de par la matière première qu'il a utilisée,
34:07 mais aussi les techniques de fabrication
34:09 pour rendre ces chaussures réparables.
34:11 - Bon, alors, ça veut dire que sur le silt de Centrale,
34:13 il y a un atelier de réparation qui est créé.
34:15 - Absolument. On l'a même concrétisé,
34:18 parce qu'à un moment donné, on le faisait
34:19 en plus de la fabrication.
34:20 Il ne faut pas oublier que notre premier métier,
34:22 c'est de fabriquer des chaussures,
34:23 pas forcément de les réparer,
34:24 mais on avait beaucoup de demandes de réparation.
34:26 Donc là, maintenant, on a carrément,
34:28 dans l'atelier, créé une zone pour la réparation,
34:31 embauché quelqu'un qui est un compagnon du devoir
34:33 qui nous a rejoints pour tenir ce service.
34:35 Et pour mon plus grand plaisir, je vois arriver dans l'atelier
34:37 des machines que je n'ai jamais vues,
34:39 parce que ce sont des machines de réparation,
34:41 spécialisées vraiment pour ce métier-là.
34:43 - Alors, on voit des très belles images, là, des ateliers.
34:46 C'est un tout nouveau site
34:47 que vous avez intégré en 2019, je crois,
34:49 après être très longtemps resté à Iso, à Tulin.
34:53 Donc, vous avez intégré le site de Centrale.
34:55 Combien de références de chaussures,
34:58 hommes et femmes ?
34:59 Parce qu'il y a aussi, évidemment, eu toute l'aventure
35:01 des chaussures femmes qui sont arrivées après.
35:04 - Exactement. Alors, après, il y en a eu très tôt aussi,
35:07 mais c'est vrai que dans la notoriété de Paraboot,
35:10 on pense beaucoup plus chaussures hommes que chaussures femmes.
35:13 Après, dans les années 90, la femme est revenue
35:15 à travers ce qu'on a appelé le masculin féminin.
35:17 Dans nos collections, vous avez les mêmes modèles
35:20 qui sont déclinés pour la femme et pour l'homme.
35:22 Avant, on faisait des différenciations
35:24 sur les coloris ou sur les matières.
35:25 Je dirais maintenant même pas,
35:27 parce que des femmes nous ont demandé des versions hommes
35:29 et des hommes nous ont demandé des versions femmes.
35:31 Donc, on est vraiment dans plutôt des gammes unisex.
35:33 Et on y tient, parce que c'est vraiment notre gage de fabrication.
35:37 - Et il y a également des chaussures...
35:39 Alors, il y a des chaussures de sécurité,
35:41 Paraboot, pour les jardiniers, les bûcherons, que sais-je encore.
35:45 Il y a des bottes très spécifiques,
35:47 des bottes pour les motards de la police
35:49 et même des bottes pour les pilotes de chasse.
35:52 - Exactement.
35:53 Alors, ça, c'est quelque chose...
35:55 Pareil, depuis toujours, en fait, on a fait des chaussures de ville,
35:58 enfin, plutôt de campagne, qui ont atterri à la ville
36:01 avec la mode des années 90.
36:02 Mais on a fait surtout des chaussures dites professionnelles
36:05 pour une utilisation, en fait, professionnelle.
36:08 Donc, c'était autant le brodequin pour l'agriculteur,
36:11 pour le paysan, pour les métiers de bouche.
36:13 Ça a vraiment été notre corps de métier, au départ.
36:15 Et puis, après, pour tous ces métiers un peu, je dirais,
36:18 de l'extrême, et ça, c'est mon grand-père
36:20 qui s'est attelé à développer ça.
36:21 En plus, il avait une passion pour la montagne.
36:24 On est quand même au pied, ici, de la Chartreuse, du Vercors.
36:27 Il travaillait beaucoup avec les Alpes, la marque Galibier.
36:29 Donc, on vous révélera quelques surprises, j'espère,
36:32 à l'été 2025. Ca me donnera l'occasion de revenir,
36:35 peut-être vous en parler. - Je sens un nouveau modèle.
36:37 - Voilà. Et on était donc très connus,
36:39 des aventuriers, des Paul-Emmaud-Victor,
36:42 qui venaient de maison, et en fait, ils venaient,
36:44 ils demandaient à mon grand-père une chaussure
36:46 pour aller faire leur trek ou leur aventure,
36:49 et on développait ça pour eux.
36:50 Mais on avait aussi une notion de chaussure plus professionnelle
36:53 pour des sauts en parachute, pour de la moto,
36:56 et pour le rafale, en effet, nous sommes habilités d'assaut.
36:59 Et à chaque fois que nous vendons des rafales,
37:01 on n'en vend pas forcément beaucoup,
37:03 et par les temps qui courent, je ne sais pas si c'est bon,
37:06 mais nous vendons des chaussures avec.
37:08 - Un double zip, je crois, pour être enfilé rapidement.
37:11 - Oui. - Et puis, alors,
37:12 récemment, à l'Élysée, en juillet 2023,
37:15 en juillet dernier, vous avez été reçue à l'Élysée,
37:17 représentante l'ISER pour le salon du Made in France,
37:20 pour une grande exposition Made in France,
37:22 avec une chaussure très particulière,
37:25 sélectionnée pour la garde républicaine.
37:27 - Voilà, c'est celle que je vous ai apportée.
37:29 C'est ce qu'on appelle un grand cambre.
37:31 On a une seule pièce de cuir qui fait toute la chaussure,
37:34 et on a une particularité au niveau des savoir-faire,
37:37 c'est ce qu'on appelle le cambrage,
37:39 c'est la pièce qui est à plat, il faut la mettre en forme,
37:42 et ça, c'est tout un jeu de savoir-faire
37:44 qu'on maintient chez nous.
37:46 C'était pour nous, plein de belles occasions,
37:48 un, représenter l'ISER, mettre en avant nos savoir-faire,
37:51 présenter aussi, finalement, une corde de la société
37:54 qu'on connaît moins, c'est tout ce qu'on fait
37:57 pour la commande publique, on travaille déjà beaucoup
38:00 avec le gouvernement et ses ministères.
38:02 Vous avez parlé de la botte de moto et de gendarmerie,
38:05 donc pour la police et la gendarmerie,
38:07 qui est une botte de cavalier,
38:09 mais qui répond à toutes les exigences des normes de la moto,
38:12 c'est important, et qui est faite chez nous,
38:15 et là, c'est même un savoir-faire 100 % sur mesure,
38:18 et on a recréé un atelier
38:19 où on va travailler les formes du morceau de bois,
38:22 on va dire, jusqu'à la réalisation complète.
38:24 -Bon, alors, ça nous donne l'occasion de préciser
38:27 qu'il y a près de 150 opérations différentes
38:30 pour faire une chaussure, donc on voit bien le savoir-faire.
38:33 Je le disais, Parabout a quitté son site de Tulin,
38:36 son site d'iso, pour arriver à Saint-Jean-de-Moiran,
38:39 une entreprise en pleine mutation,
38:41 depuis, une entreprise qui passe une vitesse supérieure,
38:44 j'ai envie de dire,
38:46 notamment avec la montée en puissance du e-commerce
38:49 et avec son positionnement résolu à l'international.
38:52 -Alors, je dirais que depuis toujours,
38:55 on a en fait travaillé avec l'international.
38:57 Dans les années 80, c'est même l'international
39:00 qui nous a sauvés, puisque c'est les Italiens
39:02 qui sont venus nous chercher pour redémarrer la belle histoire
39:06 de Parabout que je peux vous conter.
39:08 Alors, nous, on aime pas trop dire "on change de vitesse",
39:11 en fait, on s'adapte, parce qu'on aime prendre du temps.
39:14 Ca fait 115 ans qu'on est là, et on tient à rester qui on est,
39:17 à passer les hauts et les bas de la même façon.
39:21 On est une entreprise familiale.
39:22 Par exemple, pendant la Covid, on a pu tenir ce pari,
39:25 on en est fiers de licencier aucun de nos salariés.
39:28 Ca, c'est vraiment un gage.
39:30 Quand vous allez trop haut, des fois, les chutes peuvent être
39:33 très intéressantes, et pour nous, on ne veut pas de ça,
39:36 parce que ça voudrait dire redimensionner l'atelier.
39:39 Si on veut le redimensionner vers le haut,
39:42 on ne veut pas le redimensionner vers le bas.
39:44 Mais c'est des vrais engagements qu'on prend.
39:47 On a réussi à embaucher 20 personnes sur cette année
39:50 pour monter tranquillement en bannir nos savoir-faire.
39:53 J'insiste sur le mot "tranquille", parce que c'est vrai que post-Covid,
39:57 je pense qu'on était tous un peu très perturbés.
39:59 Moi, j'aime trouver du positif dans chaque événement de la vie.
40:03 Autant l'export que la France se sont retrouvés alignés
40:06 dans une quête de sens, de valeur et de produits
40:09 qui les représentent.
40:10 La chance qu'on a eue, c'est que Paraboot cochait
40:13 toutes les cases et tous les marchés se sont remis
40:16 en croissance en même temps.
40:17 Le désavantage ou le revers de la médaille,
40:20 c'est qu'on ne pouvait pas forcément fabriquer,
40:23 on ne suivait pas, mais petit à petit, en tout cas,
40:26 on s'étoffe pour le faire,
40:28 même si, comme j'entendais mes prédécesseurs
40:31 dans le bâtiment le noter,
40:33 aujourd'hui, on sent un recul,
40:37 une petite pédale sur le frein, quand même.
40:39 Un petit tassement de la demande.
40:41 Mais ça va nous permettre de consolider nos bases,
40:44 donc c'est pas plus mal.
40:45 -J'aime bien les chiffres. Le marché à l'export, 55 %,
40:48 c'est ça ? -Oui.
40:50 -Dont une grande partie au Japon.
40:52 Il faut savoir qu'au Japon, la Mikael qu'on voit là,
40:54 c'est un produit iconique, c'est culte.
40:57 Vous avez vos boutiques au Japon qui sont à côté,
41:00 les plus grands du luxe,
41:01 on est sur les mêmes étagères au Japon.
41:04 -C'est assez incroyable.
41:05 On parle des boutiques en France.
41:07 Très tôt, dès les années 80, il y a eu des boutiques par about,
41:10 avec un nouveau concept, là aussi,
41:12 destiné à mettre en valeur le savoir-faire, la tradition.
41:16 -Exactement. Ça, c'est pareil.
41:17 C'est quelque chose qui est dans nos gènes depuis longtemps.
41:21 On fait des chaussures basées sur des savoir-faire.
41:24 L'argument de la mode, c'est vraiment un côté utilitaire,
41:27 mais marketingment, ça marche pas forcément toutes les années.
41:30 Là, on revient à cette quête de sens,
41:32 de savoir-faire, de comprendre comment sont fabriqués
41:35 les produits. Nous, on a eu à coeur,
41:38 à travers ce nouveau concept de magasin,
41:40 de mettre en avant ces savoir-faire,
41:42 ces authenticités, et de parler de matière,
41:44 de fabrication, de réalisation et de matière noble.
41:49 -C'est l'ADN de l'entreprise.
41:50 -C'est complètement l'ADN de l'entreprise.
41:53 C'est un plaisir de pouvoir la remettre en avant
41:56 et de l'expliquer. Au travers de l'expliquer à nos clients,
41:59 on va l'expliquer à nos salariés et à nos futurs salariés.
42:02 Il faut préparer demain et, comme vous l'avez compris,
42:05 un ouvrier qui arrive chez nous, pour qu'il soit opérationnel,
42:09 il lui faut une année, voire deux ans de formation.
42:11 -On va conclure sur la difficulté à trouver des compagnons.
42:15 Vous avez embauché une vingtaine de salariés ces derniers mois.
42:18 L'objectif, c'est de les garder,
42:20 car un savoir-faire comme le vôtre,
42:22 ça se transmet pas du jour au lendemain.
42:25 -On aimerait bien, mais ça marche pas.
42:27 Ca s'est transmis pendant longtemps oralement,
42:30 mais avec des gens qui faisaient 40 ans de maison.
42:32 C'est plus le cas. Il faut attirer les jeunes générations,
42:36 mais les moins jeunes aussi, et les fidéliser dans le temps.
42:39 Pour ça, on a essayé, je dirais,
42:41 de faire un bel ancrage sur notre territoire.
42:44 On se sentait impliqués, mais on avait besoin de le matérialiser.
42:47 On a ouvert nos portes aux écoles,
42:49 aux maisons de l'emploi, à tous les dispositifs.
42:52 On fait partie aussi des clubs des 100 000 entrepreneurs
42:55 engagés pour l'inclusion.
42:57 Pour nous, c'était très important de faire valoir ça.
43:00 Ca faisait partie de notre ADN.
43:02 A travers ça, on a réussi à faire une vingtaine d'embauches,
43:05 je le disais, sur l'année précédente,
43:07 et surtout, à voir que les gens restent.
43:10 Vous parliez de tradition et de modernité,
43:12 c'est exactement ça.
43:13 C'est le même savoir-faire, mais on innove pour les transmettre.
43:17 Aujourd'hui, on se met à faire des vidéos,
43:19 des choses interactives.
43:21 La dernière innovation qu'on a faite aussi,
43:23 c'est que si on avait pu proposer à nos salariés de bureau
43:26 d'avoir du télétravail, on ne pouvait pas le faire
43:29 pour les ateliers.
43:30 On a réussi à passer à la semaine des 4 jours.
43:33 Ca fait plus d'un an que c'est en place,
43:35 et je peux dire que ça roule.
43:37 -On travaille du lundi au jeudi.
43:39 On travaille 45 minutes de plus ?
43:41 -On est en 35 heures annualisées,
43:43 donc ça va dépendre du nombre de jours dans le calendrier,
43:46 mais ça fait 45 minutes de plus par jour.
43:49 -Pour les salariés, c'est autant de dépenses de garde d'enfants,
43:52 de transports en moins, et pour l'entreprise,
43:55 des gains en termes d'économie d'énergie.
43:57 -Ca, c'était pas calculé à l'époque,
43:59 puisqu'on l'avait fait pour le premier choc,
44:02 le boom pétrolier et les carburants,
44:04 mais dans la fin de l'été, début du printemps,
44:07 on a connu la crise énergétique, donc indirectement,
44:10 l'entreprise a pu économiser de ce côté-là.
44:12 -Bon, écoutez, voilà qui est très attractif.
44:15 Une belle entreprise familiale, 115 ans,
44:18 quatrième génération.
44:19 -Le nom de Paraboot, je trouve,
44:21 vous le savez mieux que moi, c'est un vrai actif,
44:24 c'est un nom superbe, je trouve, qui parle.
44:26 -On a du mal relié à la France.
44:28 -Sur les marchés internationaux, ça parle.
44:31 Comment on fait pour utiliser des Paraboot ?
44:33 -Comment on fait ? -Pour utiliser des Paraboot.
44:36 -Vraiment, marcher, marcher, marcher, marcher beaucoup.
44:39 -20 ans, ça a duré... -C'est le vieux dicton.
44:42 "Paraboot, la semelle qui use la route."
44:44 -Exactement. -C'est impossible.
44:46 -Il faut collectionner, en fait. -Ah oui, c'est ça.
44:49 Superbe idée. -Et on les répare,
44:51 c'est formidable. -C'est vraiment l'enjeu
44:53 pour nous et l'enjeu de demain pour notre planète.
44:56 -Merci, Clémadine Colaricha. C'est toujours un plaisir
44:59 de vous recevoir. On se revoit avant l'été prochain
45:02 pour le scoop. -On sait jamais.
45:04 Merci. -C'était notre dernière émission,
45:06 on semble. -Oui.
45:07 -42 émissions. -Comme vous le disiez,
45:10 une émotion certaine.
45:12 -Vous partez vers d'autres aventures.
45:14 Vous avez été un fidèle et précieux expert à mes côtés.
45:17 Merci infiniment.
45:18 On a accueilli très nombreux chefs d'entreprise ici.
45:21 C'était une très belle saga.
45:23 Regardez.
45:25 Musique jazz
45:26 ...
45:48 -Alain, pas mal d'entreprises, on le voit.
45:50 On va continuer à les regarder.
45:52 Les émissions spéciales à Mountain Planet,
45:55 on en a fait quelques-unes pour l'inauguration
45:57 du siège de la Caisse d'épargne,
45:59 à Alpecity.
46:00 Qu'est-ce que vous en retenez
46:02 de toutes ces rencontres ? -Déjà, la cravate a disparu.
46:06 -Ah oui. On a... -Pas pour moi.
46:07 Pas pour moi, pas pour vous, Christophe.
46:10 -Non, moi, je retiens ce que j'ai exprimé
46:12 en début d'émission.
46:14 C'est cette richesse de nos territoires
46:17 qui est extraordinaire.
46:19 Extraordinaire en termes industriels,
46:21 d'innovation, de services,
46:24 d'engagement, d'histoire familiale,
46:27 de courte histoire familiale, de longue histoire familiale.
46:30 Et puis des noms qui sont internationalement emblématiques.
46:33 Je prends par exemple un grand industriel de la région,
46:36 Poma. Poma, c'est... Voilà.
46:38 Dans la montagne, c'est une icône.
46:40 Un céniclone, comme par un bout de saison à la chaussure.
46:43 Ou Soitec, ou des noms comme ça qui traversent la planète.
46:47 Et j'étais heureux d'être, voilà,
46:49 partenaire de ces...
46:51 mises en valeur, méritées,
46:53 mille fois méritées, de ces belles entreprises
46:56 et de leurs dirigeants, bien sûr.
46:58 -Des passions qu'on aura partagées
47:00 pendant 43 émissions, précisément.
47:02 Merci infiniment. -Merci à vous.
47:04 -Tous nos voeux pour votre nouvelle vie,
47:07 celle qui s'ouvre devant vous.
47:08 On se reverra dans quelques mois pour présenter
47:11 un livre particulier, un Alpe d'Ecideur.
47:13 -J'ai entendu chuchoter.
47:15 -Ces rencontres seront avec plaisir.
47:17 Merci infiniment. Merci à tous de votre fidélité.
47:20 Au revoir et revoir Alpe d'Ecideur sur Télégrenoble.net.
47:23 A très vite.
47:24 (Générique)
47:26 ---
47:36 (Générique)
47:39 -C'était Alpe d'Ecideur avec la Caisse d'épargne Rhône-Alpes,
47:42 une banque commerciale, régionale et coopérative.
47:46 ---
47:48 -Noriser Economie et Présence,
47:50 partenaire des entreprises de votre territoire.
47:53 Sous-titrage Société Radio-Canada

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