Le président des Restos du Cœur de la région lilloise, Patrick Banneux, était l'invité ce jeudi du 6-9 de France Bleu Nord
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00:00 - Bonjour Patrick Banneux. - Bonjour.
00:01 - Nous venons de recevoir ici à France Bleu Nord, comme tous les ans à la même époque,
00:04 le baromètre rodoxade, la générosité des Français.
00:08 Les dons, que ce soit aux associations ou aux ONG, ont baissé en moyenne l'an dernier de 9 euros par personne.
00:14 Ça c'est à l'échelle de la France et dans les Hauts-de-France, dans la région.
00:17 Nous sommes même en dessous de la moyenne nationale avec 152 euros par personne.
00:21 Vous l'avez constaté, dans votre antenne des restos, donc pour Lille, Douai, Les Web,
00:26 vous gérez environ 80 centres de distribution. - 83 centres, oui.
00:32 - Vous l'avez constaté, cette baisse de la "générosité" ?
00:35 - Dans notre région, pas franchement, je crois que les gens continuent à être très généreux.
00:39 C'est d'ailleurs pas forcément ceux qui seraient susceptibles
00:44 et qui auraient la possibilité de l'être beaucoup plus qu'ils le sont au quotidien.
00:48 Je le vois dans nos collectes. Nous avons deux temps de collecte,
00:52 l'un pour notre département et l'autre une collecte nationale les 3 et 4 mars que nous préparons.
00:59 Cela étant, la générosité c'est aussi passer du temps au service des autres
01:04 et je suis entouré avec bonheur de plus de 2000 bénévoles sur cette région lilloise.
01:13 Et donc je crois que les gens sont très solidaires dans notre région, on peut s'en féliciter.
01:18 - C'est ce que dit également ce baromètre, s'il y a une baisse des dons en numéraire,
01:23 il y a aussi d'autres moyens d'aider les associations en donnant du temps
01:26 ou alors du matériel, des denrées alimentaires,
01:28 comme on le fait notamment pour les Restos du Coeur.
01:30 Patrick Benoît, à la fin de l'été, le président national des Restos a créé une onde de choc,
01:34 on peut le dire comme ça, en disant que pour la première fois de leur histoire,
01:37 les Restos du Coeur allaient être obligés de refuser du monde.
01:39 Est-ce que cela va être le cas pour l'antenne que vous gérez vous ?
01:43 - D'abord, c'est vrai que nous faisons partie d'une association nationale
01:47 et je crois qu'il était important que Patrice Dourais signale auprès des pouvoirs publics,
01:52 auprès de l'opinion publique, que comme d'autres associations,
01:56 il y a une sorte de crise alimentaire qui est en France sourde
02:01 et qu'il faut prendre très au sérieux le fait que des millions de personnes,
02:06 on parle de 9 millions de pauvres, qu'il y a en tout cas des gens
02:10 qui ont du mal à se nourrir correctement tous les jours.
02:13 Cela étant, les mesures du National, si elles s'appliquent au niveau de chacun des centres,
02:19 ont bien évidemment à être rappelées.
02:22 Je crois qu'il faut toujours dire, d'abord, les Restaurants du Coeur,
02:27 c'est un accueil inconditionnel, on accueille tout le monde.
02:30 Reste que pour l'aide alimentaire, elle a toujours été faite sur la base d'un questionnaire,
02:37 tout le monde ne peut pas bénéficier de cette aide alimentaire,
02:40 elle est conditionnée bien évidemment aux revenus et à un barème que nous appliquons.
02:46 Alors, dire "nous allons devoir refuser", nous allons sans doute devoir peut-être
02:53 être un petit peu plus exigeants, puisque comme vous le disiez fort bien,
02:57 il y a moins de dons en termes de denrées alimentaires,
03:01 le Fonds européen d'aide aux plus démunis a légèrement baissé aussi,
03:06 et nous traversons une crise, parce qu'avec l'inflation,
03:10 lorsque, vous le savez, les restos achètent un repas sur trois,
03:14 et bien cet achat, il est pris aussi par l'inflation.
03:18 - 7h48, vous êtes sur France Bleu dans notre invité ce matin,
03:21 et Patrick Banneux, le Président des Restos du Coeur pour l'île d'Oué et les WEP.
03:25 - Vous venez de souligner, Patrick Banneux, ce principe de l'accueil inconditionnel,
03:29 mais quand le nombre de bénéficiaires augmente entre 14 et 18%,
03:34 ce que sont les chiffres pour votre antenne en particulier,
03:37 vous allez jouer sur quoi ? Sur le nombre de repas qui sont distribués à ces bénéficiaires ?
03:41 - Oui, hélas oui. Je crois d'abord que le préalable, c'est de rappeler que les Restos du Coeur,
03:46 ce sont des lieux où on accueille, c'est des lieux où l'on accompagne,
03:51 et j'ai cette petite formule en disant "on marche sur deux jambes",
03:55 à la fois l'aide alimentaire et puis l'aide à la personne.
03:58 Nous accueillons des personnes pour pouvoir bien les orienter,
04:01 pour pouvoir leur donner peut-être un petit peu plus le sens de leur droit,
04:06 leur donner la possibilité d'avoir un accès à la culture, à la santé.
04:10 Pour ce qui est de l'aide alimentaire, oui, c'est vrai que ces dernières années,
04:13 on est passé de neuf repas à sept repas, et sans doute que de sept repas à six, à cinq,
04:20 on va devoir nous organiser dans une économie du partage,
04:25 où chacun qui en a besoin doit pouvoir être accueilli et recevoir les paniers repas,
04:30 dont il a besoin. N'oubliez pas que les Restos du Coeur,
04:34 c'est distribuer des paniers repas qui soient équilibrés,
04:37 avec une nourriture qui soit suffisante.
04:40 - Vous la constatez tous les jours dans vos centres,
04:43 alors pas forcément en voyant le nombre de bénéficiaires augmenter,
04:47 mais en voyant le degré de précarité de plus en plus fort,
04:52 parce que l'inflation, vous l'avez souligné, nous touche tous,
04:55 mais d'autant plus ceux qui étaient déjà dans une situation précaire.
04:58 - Oui, tout à fait. Je crois qu'en accompagnant les personnes,
05:01 on se rend compte qu'il y a une petite partie de nos concitoyens
05:04 qui sont quand même un peu désocialisés, qui se sentent isolés,
05:09 qui se sentent un peu loin de notre société,
05:12 et les raccrocher à notre société, à se vivre ensemble, est nécessaire.
05:19 C'est pour ça que nous essayons avec beaucoup de convivialité
05:22 de passer un petit peu de temps avec ceux qui en ont besoin.
05:25 - C'est l'aide alimentaire, c'est aussi les restos chauds sur l'île.
05:28 170 à 180 repas sont donnés tous les soirs à des gens qui sont sans domicile fixe.
05:35 Nous avons aussi deux maraudes qui vont vers les personnes qui sont à la rue.
05:40 C'est vraiment la raison d'être des restos.
05:43 - Et toutes ces activités, autant les paniers repas, les maraudes,
05:48 mais aussi ce que vous décriviez tout à l'heure, l'accompagnement social,
05:51 les sorties loisirs, l'accompagnement personnalisé,
05:53 tout ça n'est pas remis en cause par la situation actuelle ?
05:56 Vous allez pouvoir continuer à le faire ?
05:58 - Oui, je crois que le partenariat avec les institutions publiques,
06:03 c'est le cas de l'État, de la région, du département, de la MEL ici,
06:08 et bien évidemment des communes, pour que les locaux soient accueillants,
06:12 pour que le transport des marchandises entre notre entrepôt de Waterloo
06:16 et les 65 communes qui accueillent des centres,
06:20 tout ce partenariat va se renforcer.
06:24 Je crois que nous ne sommes pas les seuls conscients des difficultés
06:27 des gens qui sont autour de nous, de nos voisins, de nos amis,
06:32 et donc moi j'ai bon espoir que cette 39e campagne,
06:36 qui vous le savez va être lancée à Lille,
06:38 puisque l'Assemblée Générale Statutaire des Restaurants du Cœur,
06:42 Association Nationale, va se tenir pour la première fois à Lille.
06:47 J'ai bon espoir que cette campagne sera formidable de solidarité.
06:51 - Et pour donner une idée de l'importance des Restos du Cœur,
06:54 ici dans le secteur Lille, doué les WEP, l'antenne que vous dirigez,
06:58 je donnerai ce chiffre pour terminer, 20 millions de repas, services,
07:01 et ce à quoi vous vous attendez pour la campagne d'hiver cette année ?
07:05 - Oui, on risque sur les Hauts-de-France, oui tout à fait,
07:07 nous avons nous-mêmes sur la région lilloise distribué 4 millions de repas,
07:11 et il ne faut pas l'oublier, les chiffres parlent,
07:13 mais derrière les chiffres il y a des réalités sociales.
07:16 L'année dernière c'était 146 millions au niveau national,
07:19 on avoisine les 172 millions de repas, 172 millions de repas,
07:24 pour les Restos du Cœur au niveau national.
07:26 - Merci beaucoup Patrick Banneux, président des Restos du Cœur,
07:29 l'antenne de Lille, des WEP, et de douée la région lilloise,
07:33 comme vous le dites, c'est une des antennes qui compose les Restos du Cœur dans les Hauts-de-France.
07:37 Bonne journée ! - Merci à vous.